L'une des planches publiés dans la Revue
général de l'architecture.
L'hôpital en cours de construction.
Vue aérienne montrant l'ensemble de l'hôpital.
Plan du site, état actuel : en bleu, les bâtiments à démolir.
Plan du site tel qu'il se présentera après les démolitions de tous les
bâtiments des malades de l'hôpital du XIXe siècle. |
LASILE DE
BRAQUEVILLE
Architecte : Jacques,
Jean Esquié, avant-projet 1850 ; construction 1852-1864.
C'est le seul édifice du XIXe
siècle de Haute-Garonne qui ait une telle importance historique, artistique et
patrimoniale :
Deuxième prix, en 1867 à
lExposition Universelle de Paris, pour larchitecte et son chef
duvre
En 1865 et 1866, lasile à
peine achevé fut érigé en modèle international par la célèbre Revue Générale de
larchitecture et des Travaux publics, la plus importante du XIX e siècle,
vendue dans de très nombreux pays, en Europe comme en dehors delle, qui lui
réserva un nombre considérable de planches.
Dominique Esquirol, père de
l'hôpital psychiatrique français, qui fit voter la loi de 1838 obligeant chaque
département à se doter d'un hôpital spécialisé, était né à Toulouse. L'hôpital
psychiatrique de Toulouse a été réalisé selon les directives dun de ses
disciples, le psychiatre Gérard Marchant, et lui est dédié.
État actuel : exceptionnellement
satisfaisant, seuls deux pavillons et les doubles galeries centrales furent rasés pour
permettre la circulation automobile peu après la dernière guerre. Lexplosion du 21
septembre 2001 a détruit des bâtiments du XXe siècle mais pas ceux du XIXe siècle dont
seuls les faux plafonds, vitres, etc. ont été abîmés, pas les maçonneries. Les
toitures ont été soulevées par le souffle de lexplosion et, par une négligence
coupable, la chapelle, en particulier, na plus de toit depuis trois ans et personne
na songé à la bâcher. Que sont devenues aujourdhui les peintures de
Denuelle ?
Analyse architecturale
Lasile est structuré par un axe
principal de symétrie reliant lentrée, la cour dhonneur de
ladministration, la chapelle, larrondi des services généraux, le château
deau. De part et dautre se développent les deux sections affectées aux deux
sexes. Chacune comprend sept pavillons établis sur deux lignes liés par des galeries
couvertes à ladministration, améliorations inventées par laliéniste
Brière de Boismont. Recommandée par Esquirol mais généralement abandonnée pour son
coût, la séparation thérapeutique absolue des quatorze quartiers a ici été obtenue.
Ce beau plan symétrique et
hiérarchisé, parangon de rationalisme, fut allié à des façades colorées dune
grande qualité architecturale. Les deux bâtiments de ladministration relèvent des
classicismes français et italiens avec leur double hauteur darcades en plein cintre
et leur composition en cinq parties dont trois avant-corps abritant les principaux
éléments de la circulation. Classiques aussi les arcades en plein cintre qui les relient
tandis que la chapelle romano-gothique a reçu un décor peint du célèbre parisien
Alexandre Denuelle. Les pavillons des malades et leurs jardins à langlaise
relèvent du vocabulaire pittoresque. Ce modèle déclectisme recèle quelques
formes toulousaines telles que les " mirandes ", le souvenir du plan
des Jacobins de Toulouse pour la chapelle. Les matériaux locaux très économiques et
très colorés -la brique " foraine " de grand format et de tonalité
rose-orangé, les tuiles creuses caractérisent cet exceptionnel ensemble architectural
toulousain.
Létablissement fut dédié à
laliéniste Toulousain J.-E.-D. Esquirol qui en inspira la réalisation. Son
portrait, un médaillon, domine larc dentrée à la cour dhonneur.
Odile Foucaud
Maître de conférences dHistoire de lArt moderne
à lUniversité de Montpellier
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