Sommaire Expo / Page suivante / Page précédente

 

Le Rythme d'Auxerre
___________________
 
   C’était un soir et Robert Vassas m’apprit le rythme d’Auxerre :
les maisons qui savent ne pas se prolonger, tout simplement
parce que les autres les serrent et qu’elles ne peuvent que
monter vers le ciel.
 
  Robert Vassas avait sa barbe en avant, sa gauloise aux lèvres
et il souriait. Ce qu’il m’enseignait, jamais je ne l’ai oublié. 
  Il m’apprenait une ville et il m’apprenait que chaque ville avait
son rythme, sa respiration propre.
 
  Je devais respecter le rythme d’Auxerre. C’est très difficile, 
parce que cette affaire de rythme, peu la comprennent. Si on 
déplace une quille, si l’on change une façade, si on autorise une
construction qui ne répond pas à l’allure générale de la ville, 
tout s’effondre - le rythme et la beauté.
 
  Comment maintenir la beauté ? Peut-on faire des choses aussi
belles que ceux qui construisirent Auxerre, dans les incendies,
les destructions, siècle après siècle, sans plan d’occupation des
sols, sans interdit, avec seulement la joie de l’instant, du verre
porté à ses lèvres, de la lune contemplée sur le toit ?
 
Je ne le sais. Que ce regard sur les maisons à pans de bois
donne aux Auxerrois le sentiment d’être les héritiés d’une oeuvre
unique et l’envie - pourquoi pas ? - de la continuer.
Jean - Pierre  Soisson