Mémoires de la Société
Archéologique du Midi de la France



Tome LIV (1994)

SOMMAIRE

 

Jean CATALO, Laurent LLECH, Patrick MASSAN, André IPIENS, Le forum de Rodez, premiers résultats

Une importante opération archéologique préventive au centre de la ville de Rodez (Aveyron) a permis la découverte d'une grande partie du forum de la cité antique. Implanté sur une première trame de l'époque augustéenne, cet ensemble monumental a été fondé entre 60 et 80 après J.-C. Un temple y occupe le centre d'une place bordée d'un large double portique et de petites boutiques donnant sur une rue latérale. Les premiers résultats issus de la fouille présentent ici son évolution et son contexte urbain jusqu'à sa destruction à la fin du VIe siècle.

Jean-Luc BOUDARTCHOUK, Le locus de la première sépulture de l'évêque Saturnin de Toulouse : un état de la question

Le texte de la Passio relatant le martyre de l'évêque de Toulouse Saturnin en 250, sans doute écrit au début du Ve siècle, mentionne le lieu de son inhumation, demeuré inchangé même après la découverte de son corps au VIe siècle par l'évêque Hilaire. Celui-ci fit édifier, selon la Passio, un premier lieu de culte à proximité de la tombe sainte. Les reliques de Saturnin seront ensuite translatées dans un nouvel édifice par l'évêque Éxupère. Aucune source ne fournit de localisation explicite de ce premier lieu de culte, toutefois leur lecture attentive complétée par quelques données archéologiques et historiques permettent de situer la basilicula d'Hilaire à proximité immédiate de ce qui deviendra l'église romane Saint-Sernin, et non à l'emplacement de l'église du Taur.

Quitterie CAZES, La cathédrale Saint-Étienne de Toulouse à l'époque romane

La cathédrale Saint-Étienne de Toulouse est formée de deux parties principales : une nef de la première moitié du XIIIe siècle et un choeur commencé peu après 1270, témoins d'un projet inachevé. Les constructions gothiques ont pris appui par endroit sur les maçonneries de l'édifice qui les a précédé. Ces vestiges, ici analysés, conduisent à proposer un plan qui demeure hypothétique mais qui semble lié aux autres réalisations de l'évêque Isarn (cloître, bâtiments communs des chanoines), et une datation de la fin du XIe et du début du XIIe siècle.

Louis LATOUR, Le Castrum d’Auterive. Ses origines, son histoire, ses fortifications

La " rive haute " de l'Ariège fut, à partir de l'Antiquité, une zone de défense attestée par la toponymie et l'archéologie. Au XIe siècle, un premier castrum fut construit sur le site de " La Motte ", près de la très ancienne église Saint-Paul. Au XIIe siècle, l'appui et la protection des comtes de Foix et de Toulouse permirent aux seigneurs d'Auterive la création d'un nouveau castrum sur un site plus vaste et mieux défendu. De nombreux documents permettent de suivre l'histoire des fortifications de la ville dont subsistent encore d'importants vestiges.

Bernard MONTAGNES O.P. Le couvent des prêcheurs de Fanjeaux

La littérature concernant les monuments dominicains de Fanjeaux appelle une révision critique à partir des sources d'archives encore jamais exploitées, que ce soit pour distinguer la chapelle Saint-Dominique, destinée à rappeler le miracle du feu, de l'église conventuelle dédiée à Notre-Dame, postérieure à la création du couvent des Prêcheurs, ou que ce soit pour dater la construction de chacun des deux édifices. Il reste cependant à confronter les données des archives avec celles de l'architecture, du moins celle de l'église Notre-Dame (puisque la chapelle Saint-Dominique a disparu dans le premier tiers du XIXe siècle).

Pascal JULIEN, La Vierge de Pitié et le retable majeur de la chapelle Notre-Dame d'Alet

La chapelle Notre-Dame d'Alet possède un retable du XVIIe siècle dans un exceptionnel état de conservation, qui fut réalisé par deux sculpteurs toulousains, Thibaud Mestrier et Antoine Guépin. Au centre de ce décor, une Vierge de Pitié présente une iconographie singulière. Des documents inédits permettent de retracer l'historique de cette oeuvre et d'en expliquer la signification. La Vierge, qui montre le Christ crucifié, souffre elle-même le martyre. C'est une image de rédemption, où Passion et Compassion sont mêlées pour le salut des hommes. Son origine iconographique remonte à la Renaissance italienne et son explication théologique est à rechercher dans les méditations mystiques des théologiens des ordres mendiants.

Jean COPPOLANI, Le " Projet de Ville " pour Toulouse et la sauvegarde du passé

Après avoir paru pendant tout un siècle comme la " capitale du vandalisme ", Toulouse ou du moins ses dirigeants ont pris au milieu du XXe siècle conscience de la valeur de leur patrimoine historique et de la nécessité de le sauvegarder. Le " Projet de Ville " élaboré en 1992 revient fréquemment sur cette idée et sur les moyens de la réaliser. L'appareil réglementaire : classement d'édifices, secteur sauvegardé - le plus vaste de France -, inventaire des constructions non classées mais intéressantes, disposition du P.O.S. (Plan d'occupation des Sols), est largement suffisant... Restent les moyens et la volonté des responsables. La multiplicité des décideurs : municipalité, service des Monuments historiques, architectes du Secteur Sauvegardé, ne facilite pas l'élaboration d'une politique cohérente. Les contradictions dans le ravalement des façades anciennes (brique apparente ou enduit ?) comme les atteintes portées récemment à des édifices théoriquement protégés, parfois même par les services censés veiller à leur conservation, montrent qu'il faut rester vigilants.