LA VILLA DE LAMOLIE À ASTAFFORT (LOT-ET-GARONNE)

UN DOMAINE RURAL ANTIQUE D’AQUITAINE MÉRIDIONALE

 

par Céline Piot*

 

 

 

 

Au fil des recherches menées sur le site de Lamolie à Astaffort (Lot-et-Garonne) (fig. 1), l’idée d’un bilan est apparue utile afin de mieux faire connaître ce gisement, d’avoir dans le même article les synthèses sur tout le matériel archéologique récolté et, par extension, de replacer Lamolie dans son contexte pour mieux en percevoir l’étendue et l’importance.

Le mobilier publié est essentiellement issu de divers ramassages de surface menés par l’exploitant actuel au cours de différents labours qui ont creusé des sillons profonds propices à la mise au jour des objets (fig. 2). Quelques autres pièces ont été trouvées fortuitement par des promeneurs ou l’ancien propriétaire. La masse d’objets récoltés est importante pour des ramassages. Est à notre disposition, en effet, du mobilier céramique (95 N.M.I.), métallique (4), du verre (2), des monnaies (7), des échantillons de marbre de différentes couleurs (17 N.M.I.) et d’autres mobiliers plus divers. Le nombre d’objets montre donc déjà, à lui seul, l’importance du site. La photographie aérienne la confirme en permettant d’en préciser l’étendue et d’identifier la structure présentée.

Nous pouvons donc affirmer, sans peine, que nous avons affaire, avec celles de Grands-Fonds à Castelculier et de Sainte-Radegonde à Bon-Encontre (Lot-et-Garonne), à une grande villa de la Civitas Nitiobrogum. Elle méritait bien que nous nous intéressions à elle et que nous nous attachions à publier tout le mobilier connu à ce jour, même s’il ne résulte pas de fouilles, car son étude permet d’écrire une nouvelle page de l’histoire du nord de la Lomagne ainsi que l’occupation antique de ce secteur et de voir l’organisation de cet espace rural.

 

A – Le cadre de l’étude

 

I – L’historique des recherches

 

Au tout début du siècle, G. Tholin émet l’hypothèse d’une occupation antique à Lamolie, en raison de l’hydronyme Fondragon qui lui paraît applicable à un grand propriétaire.

Le site n’est réellement reconnu que lors d’une promenade, en janvier 1986, par J.-F. Grattieri qui en pressent l’importance. Les objets ramassés par ce dernier font déjà de Lamolie un grand gisement rural. Mais c’est A. Beyneix, en 1986 toujours, qui perçoit l’étendue du site avec ses propres découvertes, complétées par les ramassages de surface menés par l’exploitant après différents labours les années suivantes. Viennent ensuite une série d’articles ponctuels sur une partie du mobilier de Lamolie et quelques récentes découvertes de surface enrichissent cette étude.

 

II – Le cadre géographique

 

Le gisement de Lamolie est situé dans la basse vallée du Gers, au sud-ouest et en contrebas du village actuel d’Astaffort (fig. 1-2). Il est limité au nord et à l’est par un modeste ruisseau, le Fondragon, ainsi qu’à l’ouest par le Gers, malgré le risque grand d’inondations de cette dernière rivière, comme l’a écrit, au VIe siècle ap. J.-C., le poète Fortunat dans l’ode qu’il lui a consacrée. Les terres y sont fertiles, les sols riches et variés comme le rapportent Strabon et Fortunat.

 

III – L’environnement historique et archéologique

 

1 – L’occupation de la basse vallée du Gers

 

Toute la vallée du Gers est occupée à l’époque gallo-romaine. 40 sites, de types d’exploitation différents, existent dans l’environnement de Lamolie car une villa ne s’inscrit jamais seule dans le paysage (fig. 3). Ainsi, autour de l’établissement de Lamolie, on rencontre, dans la commune d’Astaffort, 25 gisements dont une typologie fine est encore difficile à dresser, mais, hormis la petite villa de La Joannenque, il s’agit surtout de fermes et de nécropoles. La commune de Sempesserre, au sud de Lamolie, est tout aussi riche en lieux et en trouvailles avec 15 sites.

 

2 – Le problème de la voie romaine

 

La séduisante hypothèse d’une route romaine doublant la Peyrigne, sur laquelle elle devait s'embrancher à quelques kilomètres au sud de Moirax, a, ici, son importance : encore faudrait-il que l'origine romaine fût assurée et son parcours reconnu au nord d'Astaffort, ce qui est loin d’être le cas. Elle nous intéresse car, si elle était attestée, elle passerait bien à Lamolie : pour atteindre Lectoure depuis Agen, on pouvait suivre la Peyrigne, ou une autre route, bien droite, de direction nord-sud, qui est située légèrement à l’ouest de Sempesserre et qui n’a été reconnue qu’entre Astaffort et Lectoure.

 

3 – La frontière entre la Civitas Nitiobrogum et la Civitas Lactoratium

 

L’utilisation de dates basses pour identifier un territoire antique n’est pas un principe très sûr, mais il ressort que le diocèse de Lectoure n’a jamais atteint la Garonne. Une borne probable a été fournie avec la mise en évidence, sur la Baïse, d’un siège de doyenné au toponyme évocateur de Lahitte. Le compte des subsides de 1326 fait apparaître que Lahitte, qui dépendait du Filobon, marquait une frontière au sud de laquelle les paroisses appartenaient au Filobon et au Fimarcon, deux archiprêtrés de l’évêché de Condom : il paraît plausible d’identifier la frontière antique entre Nitiobroges et Lactorates à cette limite. D’autre part, le toponyme Marquehaut, synonyme d’une limite, est situé juste au sud de Lamolie, entre Sempesserre et Lectoure. Lamolie fait donc partie de la Civitas Nitiobrogum puisque ce domaine est situé sur le territoire subgaronnais, frontalier avec la Civitas Lactoratium, qu’Auguste, en 16-13 av. J.-C., a rattaché aux Nitiobroges.

 

B – L’étude du site de Lamolie

 

I – La structure

 

Pour qu’un site trouvé en prospection corresponde à une villa, il faut que la zone de collecte du matériel couvre au moins un demi-hectare et que dans le mobilier il y ait des matériaux de décoration (mosaïque, enduits peints et/ou marbres), des éléments architectoniques et de la céramique sigillée. Avec les ramassages seulement, Lamolie répond déjà à cette définition. La photographie aérienne vient, d’autre part, confirmer la structure du site : nous avons bien affaire à une villa, ce que laissait envisager l’hydronyme Fondragon, issu de la racine latine fundus.

Caractérisée par un ensemble architectural associant une ou deux cours fermées, une maison d’habitation et des dépendances à vocation agricole et artisanale, les villae constituent dans les campagnes, après la Conquête, le symbole de la civilisation gallo-romaine. Elles commandent un domaine, le fundus, qui aurait été divisé en deux parties : l’une réservée à l’exploitation directe, régie par le maître du domaine agricole et travaillée par ses esclaves, l’autre divisée en parcelles confiées à des paysans, plus ou moins dépendants, qui cultivent les terres et vivent dans des bâtiments isolés.

 

1 – L’étendue

 

Par l’étude du reste du tracé que propose la vue aérienne (fig. 4), on a calculé que la villa de Lamolie, d’orientation ouest-est, mesure 80 x 40 m environ. Comme on pouvait s’y attendre, l’édifice a été reconnu sur la zone de ramassage des objets qui s’étend sur 325 x 200 m (fig. 2). Même si la photographie aérienne apporte un bon aperçu de la disposition des pièces et l’assurance de la nature du site, elle ne donne pas cependant toute la longueur du bâtiment : des traces au nord-est de la villa partent en forme de triangle et sont visibles en pointillé. La différence de cultures exploitées en est peut-être la responsable, mais on peut aussi imaginer que Lamolie ait possédé d’autres structures en bois, ou bien que cette partie de la villa ait été plus ou moins détruite. Les dimensions de l’établissement doivent donc aller jusqu’à 150 x 80 m. Il est plus difficile de saisir l’étendue du fundus. En prenant pour limite nord la villa de La Joannenque et pour limite sud celle de A Pareillac-A Tey, on arrive à un domaine de 1500-1600 ha. Ce calcul est très schématique et approximatif. Toutefois, l’étendue du territoire de Lamolie, si elle est confirmée, ne semble pas atypique dans le contexte aquitain, ni même par rapport au reste du monde romain.

 

2 – Une villa de type méditerranéen

 

Le plan est conforme à celui de la plupart des villae du sud de la Gaule, avec une cour intérieure entourée d’une galerie couverte desservant les nombreuses pièces de la partie résidentielle. Il est difficile de se rendre compte des différents états chronologiques, mais avec le mobilier découvert, on peut imaginer que Lamolie a été un petit établissement aux Ier-IIe siècles et qu’il est devenu une grande villa au Bas-Empire.

 

II – Le mobilier archéologique découvert

 

1 – La céramique

 

a – La céramique sigillée sud-gauloise

 

Le petit lot de céramiques sigillées sud-gauloises des Ier-IIe siècles ap. J.-C. est composé de 6 formes lisses et de 5 formes moulées : un fragment de bord d’une coupelle Drag. 35 (60-80 ap. J.-C.), un morceau d’une assiette Drag. 19 (20-30 ap. J.-C.), un fragment de panse et de fond d’une coupelle Drag. 22-23 (60-80 ap. J.-C.), un tesson de lèvre d’un petit pichet (70-90 ap. J.-C.), un fragment d’une coupelle à rapprocher du type Martin 1986, n° 8, lequel préfigure la silhouette du Drag. 46 (80-100 ap. J.-C.), un morceau de bord d’une assiette Drag. 51 (100-175 ap. J.-C.), un fragment de bord d’un Drag. 29a, à plage externe lisse (20-40 ap. J.-C.), la frise supérieure et la partie médiane moulurée d’un Drag. 29b décoré d’une palissade faisant alterner des feuilles composites allongées avec des lignes cordées verticales (60-80 ap. J.-C.), un fragment de panse d’un Déch. 67 orné notamment d’un petit oiseau, à tête réflexe, tourné vers la gauche (60-80 ap. J.-C.), une panse d’un Drag. 29a composée de deux plages décoratives séparées par une rangée de perles (40-50 ap. J.-C.) et un fond d’un Drag. 37 décoré de panneaux séparés par des lignes tremblées, avec juxtaposition de cercles (80-100 ap. J.-C.). Seul le Drag. 35 vient de La Graufesenque ; tous les autres vases ont été fabriqués à Montans.

 

b – La céramique sigillée tardive

 

Lamolie a livré un important ensemble homogène (40 objets N.M.I., de forme archéologique complète) de céramiques sigillées tardives fabriquées à Lectoure au IVe siècle ap. J.-C., imitant la sigillée claire D. La pâte est de couleur rouge-orangé et présente un dégraissant constitué de petits grains blancs ou marron foncé. Parmi ces pièces, ont été reconnus un plat à marli Rigoir 1, une coupe carénée proche de la forme Santrot 162 ou Rigoir 16, une petite coupe carénée Santrot 140 (ou Rigoir 6 ?), un mortier Santrot 209 ou Rigoir 29, une assiette ou un plat à lèvre à bandeau plat externe Santrot 61 ou Rigoir 4, une coupe hémisphérique à lèvre arrondie Santrot 163 ou Drag. 44 et deux mortiers à large bandeau vertical dérivés du Drag. 45. Les deux mortiers portent un décor de mufle de lion en guise de déversoir, ornement très courant en Gaule, sans doute inspiré des productions des ateliers du Centre. Les contours du premier lion sont bien nets (fig. 5), alors que ceux du second sont empâtés, résultant certainement d’un surmoulage (fig. 6).

 

c – La céramique commune gallo-romaine

 

17 éléments sont les plus représentatifs. La majorité de la céramique commune est postérieure au IIIe siècle ; seules deux pièces sont antérieures. Un col de cruche à une anse, datant du premier quart du Ier siècle ap. J.-C., est proche de la forme Santrot 429. La lèvre " en amande " est formée par une gorge interne qui permet probablement l’encastrement d’un bouchon dans le goulot. La pâte est fine bien qu’assez fortement dégraissée de fin quartz blanc ou brun et riche en grosses paillettes de mica. Cette production est courante en Aquitaine. Une autre cruche du Ier siècle, cette fois de couleur orange, a été découverte, pour laquelle ont été conservés l’anse à trois sillons et le départ du col. Trois fonds oranges appartiennent à des vases du IIIe siècle. Les autres fragments datent tous du IVe siècle : ont été découverts une assiette marron-orangé, trois tessons de terrines à bord rentrant de couleur beige et trois morceaux de grands vases noirs possédant un dégraissant très grossier à l’intérieur. Parmi ces trois derniers éléments, l’un correspond à une grande terrine, un autre à une assiette plate avec perforation de la pâte et le dernier à une cruche légèrement tréflée avec départ de lissages verticaux. Enfin, on compte cinq lampes à huile. Une, très frustre et sans décor, est quasi-entière. Elle possède une pâte grossière de couleur orange-marron, une anse de préhension pleine et un médaillon circulaire. La tâche noire témoigne d’une longue utilisation. De production locale, elle date des IVe-Ve siècles et ressemble à des lampes trouvées sur les villae de Montmaurin et de Séviac à Montréal-du-Gers. Deux autres anses arrière et un bec avec cette même pâte ont été trouvés ainsi qu’une anse pleine décorée possédant une pâte plus rouge et plus brillante. Ces éléments sont aussi de facture indigène.

 

d – La céramique à paroi fine

 

Un seul petit tesson a été découvert. Sa pâte permet de dire, toutefois, qu’il a été produit dans l’atelier de Galane à Lombez (Gers) fonctionnant de 40 à 90 ap. J.-C..

 

e – Les amphores

 

Lamolie a livré 19 amphores (N.M.I.). Les premières arrivées sur le site, à savoir six Dressel 1, dont la fabrication s’échelonne entre 140-130 et 30-20 av. J.-C., viennent d’Italie. Ce lot d’amphores vinaires est composé d’une anse et d’une lèvre de Dressel 1A, datée de 80-70 av. J.-C., ainsi que de deux bords et de trois anses de Dressel 1B. La lèvre de la Dressel 1B à pâte beige-rosé porte en son milieu le timbre A’NT’. Cette marque, renvoyant sans doute à Antiocus ou à Antiorot, est diffusée en Gaule au Ier siècle av. J.-C. Les amphores hispaniques sont faiblement représentées : n’ont été découverts qu’un bandeau d’amphore vinaire Pascual 1, à pâte rose très clair avec de rares inclusions blanches, produite en Tarraconaise, de 40-30 av. J.-C. à la fin du Ier siècle ap. J.-C., et trois fragments de Dressel 20 qui attestent la commercialisation, entre 20 av. J.-C. et le IIIe siècle ap. J.-C., de l’huile d’olive de qualité de Bétique, en l’occurrence une lèvre de couleur rose clair, légèrement micacée, caractéristique des années 150-180 ap. J.-C., et deux anses dont la pâte est différente de celle de la lèvre (beige foncé). L’une d’entre elle est poinçonnée du timbre P. M. H. POR, composé d’un tria nomina (P.M.H.) qui donne le nom d’une famille, celle de P(ublii) M(…) H(e…), et d’un additif (POR pour Portus) qui renvoie à un lieu de dépôt contrôlé par le fisc. Cette marque est originaire de La Catria sur le Guadalquivir et date du IIe siècle. Quatre voire six amphores sont d’origine gauloise. Une lèvre de couleur rouge et un pied à fond plat, dont la pâte est plus violacée, appartiennent au type Gauloise 3 produit pendant le Ier siècle. Deux lèvres triangulaires et très horizontales, à pâte orange vif, font penser à des imitations régionales de Gauloise 5 datées de 50 à 170 ap. J.-C. Deux lèvres semblent se classer dans la forme des amphores à salaison, appelée Dressel 9 similis-Paunier 435, fabriquée dans la région lyonnaise au Ier siècle ap. J.-C., mais nous n’en sommes pas sûre. Une lèvre et un pied entrent dans la catégorie des amphores africaines spatheia, longilignes, très étroites et caractéristiques du Ve siècle. Enfin, nous n’avons pas réussi à identifier un pied, de couleur rouge, car nous ne l’avons pas vu, ni une lèvre d’amphore, à pâte beige-gris, qui ne correspond, apparemment, à aucun type connu.

 

f – Autre mobilier céramique gallo-romain

 

Les éléments les plus nombreux et les plus fréquemment ramassés sont les tegulae. Deux poids de tisserand, en forme de tronc de cône, ont également été découverts : un des pesons est légèrement tronqué dans sa partie supérieure, l’autre est entier. Des carreaux de pilettes d’hypocauste ont été trouvés par l’exploitant actuel, mais ce dernier les a réutilisés pour le pavement d’un chemin. Notons encore de nombreux bouts de bobines de cloisons d’hypocauste. Enfin, d’après la description qu’il en a fait, on peut penser que l’ancien propriétaire a ramassé un élément d’antéfixe, mais comme l’objet a été perdu, il est difficile d’en préciser la nature.

 

g – La céramique mérovingienne

 

Un fragment de lèvre d’une coupelle de couleur beige-orangé a été récolté. Sa pâte siliceuse, très cuite, possède un macro-dégraissant assez grossier réparti de façon irrégulière. Le lissage est donc sommaire et rapide ce qui donne l’impression d’une fabrication peu soignée, comme c’est le cas de certaines productions du Sud-Ouest de la Gaule pendant les VIe et VIIe siècles.

 

2 – Le mobilier métallique

 

a – Le bracelet en bronze

 

Constitué d’une simple bande de bronze dont une extrémité est percée d’un trou, l’autre recourbée en crochet, ce bracelet constitue un modèle très simple dont l’intérêt réside essentiellement dans le traitement décoratif (fig. 7) : entre deux registres constitués de doubles hachures obliques aux extrémités, la partie centrale porte un décor complexe faisant intervenir des hachures transversales, des motifs en chevrons et des petits cercles pointés. Ce type de bracelet est connu dans le reste de l’empire romain. Il a été individualisé par plusieurs auteurs (type 8b de Keller, E de Clarke, 3b de Tendille, 13 de Riha) et peut être daté des années 340-400 de notre ère.

 

b – Le pendant phallique en bronze

 

Un pendant uniface en bronze coulé, partiellement conservé, a également été découvert (fig. 8) et se rattache à la catégorie des pendants phalliques représentant deux membres symétriques de part et d'autre de parties génitales masculines au repos, le tout étant suspendu par un anneau qui est ici brisé. Ces artefacts, nombreux dans les provinces occidentales, ont été reconnus comme appartenant à des harnais. Ces lourds objets, suspendus à une ou deux sangles de cuir ne constituaient pas des amulettes personnelles, mais jouaient le rôle de lest. Le pendant de Lamolie offre une représentation phallique, qui, malgré son caractère inhabituel, ne semble pas se rattacher à une veine comique et dont on ne connaît à ce jour, sauf erreur, aucun autre exemple.

 

c – Autre mobilier métallique

 

S’ajoutent à ces deux intéressantes pièces métalliques un anneau, un morceau de contre-plaque de jambière et des fiches en fer, aujourd’hui perdues, qui permettaient de fixer les plaques au mur.

 

3 – Le verre

 

Le matériel en verre est très peu représenté, mais classique aux trouvailles sur villa : ont été découverts une anse de bouteille à panse prismatique de section rectangulaire, de couleur verte, datant des Ier-IIe siècles, et un petit tesson de couleur bleue.

 

4 – Le marbre

 

La villa a livré 17 morceaux de marbre, dont six sont moulurés. Les éléments les plus intéressants sont une partie de corniche de pilastre et un fragment de colonne. Beaucoup de ces bouts de marbre, ceux de couleur vert veiné notamment, viennent de Sainte-Marie-de-Campan ; ceux à tendance grise sont originaires de Saint-Béat.

 

5 – Autre mobilier

 

N’oublions pas les petits morceaux d’enduits peints, de 1 à 2 cm2 et de couleur ocre et rouge, ainsi que trois gros blocs de calcaire taillés de 60 cm2.

 

6 – Les monnaies

 

Lamolie a livré sept monnaies en bronze, néanmoins très usées, toutes de la première moitié du IVe siècle (de Constantin Ier, Constantin II César et Constant) : elles sont comprises entre 310 et 348 (avec une majorité dans la période 330-337). Les droits et les revers de ces monnaies sont tout à fait caractéristiques des émissions monétaires constantiniennes.

 

III – La chronologie

 

1 – La date de l’installation

 

Si l’époque de l’abandon de la villa semble facile à repérer, celle de son installation est en revanche beaucoup plus délicate à déterminer. En effet, les fragments d’amphores Dressel 1 permettent-ils de supposer une implantation précoce de la villa ou appartiennent-ils plutôt au domaine du résiduel ? Trois hypothèses se présentent. La première s’appuie simplement sur la chronologie des six Dressel 1 découvertes et montre de ce fait que la villa est réellement ancienne, son installation datant alors du Ier siècle av. J.-C. La deuxième théorie prend en compte la réutilisation des amphores : les Gallo-Romains ont établi une villa plutôt à partir des Ier-IIe siècles ap. J.-C., comme un peu partout en Gaule, et ont réutilisé les Dressel 1 à des fins diverses, ce qui expliquerait leur présence sur le site. Nous pouvons encore envisager l’installation d’un domaine rural pendant le Haut-Empire sur l’emplacement d’un ancien site gaulois du Ier siècle av. J.-C.. Mais, pour l’heure, dans l’aire environnante, seule l’épée de schéma laténien (IIIe-Ier siècles av. J.-C.) trouvée à Tambouret à Sempesserre (Gers) montre une fréquentation ancienne du secteur. La présence de Dressel 1 n’est donc pas suffisante pour donner la date précise de la construction de Lamolie, mais celle des sigillées montanaises précoces et de la cruche à une anse en céramique commune permet au moins d’affirmer que le début de l’implantation humaine sur ce site n’est pas postérieur aux années 20-30 de notre ère. La relative précocité de la création de cet établissement rural n’est, finalement, pas pour nous surprendre. Des dates de fondation analogues ont en effet été obtenues pour certains domaines agricoles de l’Agenais antique ou de la Gascogne gersoise.

 

2 – La phase d’expansion, puis d’abandon

 

Si des objets prouvent que Lamolie est habitée au moins dès le Haut-Empire, la quasi totalité du mobilier montre que l’occupation la plus forte date de l’Antiquité Tardive, ce qui montre une extension de l’établissement au IVe siècle, fait classique pour une villa. Tout cela prouve bien la stabilité des centres de peuplement durant toute l’Antiquité et confirme la tranquillité de l’Aquitaine, célébrée par Ausone au IVe siècle.

En revanche, l’absence de céramique estampée, comme sur beaucoup d’autres sites, doit indiquer qu’à la fin du IVe et au Ve siècle, une modification importante s’est faite dans les structures agraires. D’ailleurs, dans le Sud-Ouest de la Gaule, mis à part Séviac à Montréal-du-Gers, on ne trouve plus d’amphores du VIe siècle dans les villae. Comme la propriété de la terre s’est concentrée en peu de mains, on peut imaginer que le propriétaire de plusieurs domaines n’aurait vécu que sur l’un d’entre eux et n’aurait donc occupé que la villa située sur celui-ci, laissant à l’abandon ou à la jouissance de ses régisseurs les villae de ses autres domaines.

Comme de nombreuses villae, souvent transformées en nécropoles, Lamolie est réoccupé à l’époque mérovingienne : une coupelle l’atteste. On ne sait pas en quoi Lamolie a été réutilisé, mais ce fragment de céramique montre la pérennité du site.

 

C – La vie quotidienne à Lamolie

 

I – Le cadre de vie

 

Des prospections seules ne permettent pas d’analyser l’architecture de cette villa, mais la présence de nombreux morceaux de marbre en donne néanmoins un aperçu. Ce matériau, qui arrivait des Pyrénées par plaques lisses et qui était travaillé sur place, a été utilisé pour encadrer certaines portes et les façades des pièces de réception (plinthes, bordures moulurées) ou pour façonner des placages, des colonnes et des chapiteaux de pilastres. Les blocs de calcaire ont pu servir de marches d’escalier ou de supports de colonnes.

Le calcaire apparaît peu (trois blocs) et la présence de marbres pyrénéens témoigne de la prédilection du propriétaire de Lamolie pour ce matériau ; ces deux éléments sont déjà des indicateurs quant à la richesse de ce notable car l’on sait que le marbre se trouve au moins dès les villae de qualité moyenne. Les enduits peints montrent aussi la richesse de la villa et les pilettes ainsi que les bobines de cloison sont les signes de l’existence d’au moins un hypocauste. On peut imaginer qu’il y avait sans doute des thermes.

 

II – Les activités

 

1 – Les activités agricoles

 

Les céréales ont longtemps été le joyau du Bassin aquitain vanté, au début du Ier siècle ap. J.-C., par Strabon qui souligne notamment l’excellence du sol du territoire des Auscii. Déjà, au Ier siècle av. J.-C., Cicéron et César ont rappelé la qualité du blé gaulois. On ne voit pas pourquoi il n’en serait pas de même pendant l’Antiquité Tardive d’autant que Salvien précise que l’Aquitaine est un pays planté d’arbres fruitiers et couverts de moissons ondoyantes. Au VIe siècle, Fortunat signale que lors des crues du Gers, " les blés nagent et les moissons roulent dans l’eau ". Les sols sont essentiellement favorables au blé, à l’orge et au froment. Chacun a dû compléter son alimentation avec les nombreux fruits et légumes, produits d’une polyculture vivrière.

Quant à la culture de la vigne, on ne sait pas à quel moment exact elle s’est implantée sur les terres gersoises. Plusieurs types de documentation, cependant, sont à notre disposition. Les textes antiques indiquent que la viticulture s’est installée en Aquitaine au Ier siècle de notre ère, plus précisément entre 50 av. J.-C. et 70 ap. J.-C. car, si César ne mentionne pas la vigne en Celtique et si Strabon affirme qu’elle ne pousse pas dans la Celtique océanique, en revanche, dans les années 70 ap. J.-C., Pline l’Ancien et Columelle notent la remarquable adaptation du plant Biturica à un climat non méditerranéen, voire froid et humide. Au Bas-Empire, des auteurs parlent de leurs vignes situées en Aquitaine. La production d’amphores dans le Sud-Ouest, d’abord d’imitations de récipients connus, puis du type aquitain, ne peut que s’accorder avec l’existence de ce vignoble, le besoin de conserver et de transporter le vin de la région se faisant sentir fortement. On retrouve d’ailleurs, à Lamolie, deux imitations de Gauloises 5. La viticulture en Lomagne a dû au moins fournir à la consommation locale, liée au faible nombre d’importations d’amphores vinaires dans les campagnes lectouroises.

Dans les activités agricoles, l’élevage a occupé aussi une place non négligeable. Les vestiges osseux de villae du nord du Lot-et-Garonne ont montré la prédilection pour la consommation, et donc l’élevage, du porc. Sont également consommés bœufs, poulets et moutons. On pouvait pêcher aussi dans le Gers tout proche des poissons et notamment le saumon de rivière, préféré, en Aquitaine, à tous les saumons de mer, comme nous l’apprend Pline l’Ancien.

 

2 – Les activités artisanales

 

À Lamolie, on a récolté deux poids de tisserand. Leur présence à Lamolie atteste la production de toiles et vêtements, qui servaient pour une large part à l’utilisation locale. Presque tous les habitats ruraux du Sud-Ouest de la Gaule ont livré des poids de tisserand. Ce type de matériel montre que des vêtements simples ont été fabriqués en utilisant les ressources du pays dans chaque maison et que cette activité n’est pas du ressort exclusif du centre d’exploitation. En effet, même si Lamolie, importante structure centralisante dans le fundus, a livré deux pesons, Goudail, ferme proche de Lamolie en fournit deux également.

Les céramiques communes gallo-romaines témoignent de la persistance des traditions indigènes. On sait qu’au Ier siècle av. J.-C., de nombreux fours de potiers ont existé dans les petites villes de la région, comme Agen, Aiguillon, Lagruère, Sos-en-Albret et Lectoure. On peut penser que ces productions se sont poursuivies durant toute l’époque romaine, pour les besoins d’une population locale essentiellement modeste ; c’est le cas pour Agen et Lectoure notamment auxquels il faut ajouter les fours d’Eauze, d’Auch et de Sainte-Bazeille qui commencent à fonctionner pendant le Haut-Empire. Ces petits centres de fabrication sont-ils restés dans la périphérie des agglomérations ? La découverte de fours de potiers dans la villa gallo-romaine de Géou à Labastide-d’Armagnac (Landes) et dans celle de Bernadet à Lavardac (Lot-et-Garonne) permet de supposer que certaines grandes villae possédaient leur propre production. En est-il de même pour Lamolie ?

 

3 – Le commerce du Ier au Ve siècle ap. J.-C.

 

a – Les produits communs dans le Sud-Ouest de la Gaule

 

Les céramiques sigillées des ateliers de Montans et/ou de La Graufesenque ont inondé le Sud-Ouest de la Gaule essentiellement de 15-20 à la première moitié du IIe siècle. La répartition des ateliers s’organise autour de ces deux centres majeurs qui ont fourni, avec Banassac, les 9/10e du marché. Lamolie entre donc dans cette diffusion massive d’un produit de semi-luxe, comme aussi une dizaine de sites l’environnant. À Lamolie, malgré son caractère modeste, le lot de vases sigillés permet de constater une concentration assez marquée des formes produites du règne de Néron à la fin de la période flavienne et de voir la primauté des vases montanais (91 %) sur ceux de La Graufesenque (9 %), qui est, d’ailleurs, tout à fait conforme à ce que l’on observe en moyenne Garonne et plus généralement dans tout le Sud-Ouest de la Gaule.

Ce qu’il ressort de diverses prospections, c’est qu’il y a peu de vin italien dans les campagnes lectouroises. Les amphores vinaires italiques jalonnent toute la vallée de la Garonne, mais pour le secteur situé au sud de ce fleuve, il faut descendre jusque chez les Auscii pour en trouver en quantité non négligeable. Lamolie, avec ses six exemplaires, vient donc combler, avec aussi le site de Tambouret à Sempesserre, un vide, tout relatif, entre la région d’Agen, très riche en Dressel 1, et Lectoure. Les Dressel 1 transportaient du vin qui venait de la côte tyrrhénienne de l’Italie (Étrurie, Latium et Campanie). Il pouvait s’agir de rouges ordinaires ou de vins blancs doux et sucrés. Par l’étude de la pâte, on sait que certaines Dressel 1 découvertes à Lamolie viennent des régions proches du Vésuve. Cette alimentation en amphores italiques à Lamolie s’insère donc dans le grand mouvement d’importations qui se développe depuis la Méditerranée.

Paradoxalement, alors que les Pascual 1 abondent dans tout le Sud-Ouest et plus particulièrement dans les départements des Landes, de la Gironde et du Lot-et-Garonne, elles ne sont pas très nombreuses dans celui du Gers. Elles sont donc rarissimes dans la vallée du Gers et plus encore dans le Lectourois. Lamolie est par conséquent un point supplémentaire dans la diffusion du vin catalan, bien que la villa n’ait livré qu’un tesson de ce type d’amphore, comme aussi le site tout proche de Laplume, au nord d’Astaffort. Aux crus hispaniques, leur préférait-on le vin italien ou la production d’un vin régional ou local suffisait-elle ? Il est difficile de répondre à cette question d’autant que l’on voit qu’au moment où le vignoble aquitain s’agrandit, on achète pourtant à Lamolie et dans son environnement du vin rhodien et africain. Mais il a déjà été démontré que l’apparition d’amphores vinaires aquitaines dans le courant du Ier siècle correspond corrélativement à la baisse des amphores à vin d’origine espagnole ce qui traduit l’apparition et le développement du vignoble régional, à moins qu’il ne faille lier ce petit nombre de Pascual 1 au faible développement de la villa à cette époque car ces amphores sont un peu plus nombreuses ailleurs. Néanmoins, peu de villae du Sud-Ouest de la Gaule fournissent des Pascual 1, et, quand c’est le cas, en très faible proportion.

Plus nombreuses dans les villes, les amphores Dressel 20 ont aussi été découvertes sur les villae, car leur propriétaire est désireux d’imiter les modes de Rome. Mais, peu d’huile est importée à Astaffort (trois tessons de Dressel 20), ce qui concorde avec le reste du Sud-Ouest. L’huile peut servir à la consommation, bien que les campagnes aient été plus réfractaires aux modes culinaires romains que les villes, mais aussi pour l’utilisation des lampes et lors des bains dans les thermes.

Le marbre pyrénéen connaît une forte diffusion, d’une part, principalement au sud de la Garonne (Lamolie s’inscrit dans ce courant) et, d’autre part, dans les vallées de la Garonne et de ses affluents. Une telle répartition peut s’expliquer par la plus forte ruralité des élites sud-garonnaises et par le matériau qui impose, à cause de son poids, un transport par voie d’eau pour la plupart.

La majorité des vases en verre découverts dans le Sud-Ouest a un caractère local, ce qui doit être le cas des deux échantillons de Lamolie. Dans la région, des fours de verriers n’ont été fouillés qu’à Saintes pour le Haut-Empire, mais d’autres devaient exister un peu partout et alimenter les sites ruraux.

 

b – Les produits plus rares dans le Sud-Ouest de la Gaule

 

On découvre la céramique à paroi fine de Galane, néanmoins en petite quantité (comme c’est le cas à Lamolie), dans la moitié est de la Novempopulanie ainsi que plus rarement sur des sites des vallées de la Garonne et du Lot.

Même si le contenu de ces amphores a pu varier (vin, huile, garum, voire olives), on s’accorde à dire que les spatheia ont plutôt transporté du vin à une époque où l’Afrique connaît un regain d’activités et prend le relais des autres régions de l’Empire. Le Sud-Ouest de la Gaule n’a pas acheté massivement le type spatheion, mais on le retrouve, tout de même, sur neuf autres gisements, à la fois en contexte rural et en milieu urbain.

Dans le Sud-Ouest, mis à part Lectoure, Éauze, Montans et Toulouse ont aussi fabriqué de la tardo-sigillée. La répartition de la sigillée tardive lectouroise est essentiellement concentrée dans la vallée du Gers et Astaffort représente le point le plus septentrional. La diffusion est donc, pour l’heure, plutôt bien localisée, l’aire de circulation rayonnant au nord et au sud-est de Lectoure.

 

 

Conclusion

 

Avec près de 150 objets recueillis lors de ramassages, Lamolie représente un site archéologique de grande importance. Si certains points sont encore dans l’ombre, comme la période IIe-IIIe siècles et la superficie totale, il est un fait acquis que cette villa existe au moins dès le Haut-Empire (certainement depuis les années 20-30 ap. J.-C.) et qu’elle connaît une phase d’expansion, puis sans doute un agrandissement, au IVe siècle. D’après l’étude des mosaïques, on sait que la prospérité du Bas-Empire est réelle dans le Sud-Ouest de la Gaule. Mais il faut noter une modification dans les structures agraires à la fin du IVe et au début du Ve siècle.

Le fait d’avoir maintenant publié le tracé des bâtiments et tout le matériel découvert jusqu’à aujourd’hui constitue une première base de données pour Lamolie avant d’envisager une opération de terrain de plus grande envergure qui permettrait de pouvoir " comparer le comparable ". En effet, les hypothèses sur le commerce des divers mobiliers, sans être totalement bouleversées, seraient indéniablement complétées car on ne peut pas rapprocher les conclusions sur les objets de Lamolie trouvés par hasard avec celles portant sur du matériel recueilli en stratigraphie. On peut déjà remarquer, toutefois, que Lamolie s’inscrit bien dans les courants commerciaux antiques de l’Aquitaine méridionale.

Ce qui est aussi intéressant à Lamolie, c’est la fréquence dans la découverte du mobilier : les objets étudiés ici résultent essentiellement d’une promenade et d’un gros ramassage en 1986 ainsi que de quelques récentes vérifications. La concentration en si peu de " prospections " invite à penser que le sous-sol de Lamolie réserve encore du matériel. Il est en effet surprenant de ne pas avoir découvert de mosaïques. Une villa de la sorte, qui a donné d’autres matériaux de décoration (enduits peints, marbre), des éléments architectoniques et une grande quantité de céramiques, ne peut qu’avoir ses sols pavés de mosaïques. Il est facile de supposer que les murs et les sols sont enfouis à une profondeur importante et, par conséquent, encore protégés. Ce n’est, effectivement, que lors des labours les plus profonds, dus à un changement de cultures par le nouveau propriétaire, que le mobilier a regorgé. Depuis, les labours soulèvent peu de terre et, donc, presque plus rien ne sort du sous-sol de Lamolie. Combien reste-t-il de matériel enfoui ? La réponse ne pourra venir que d’une fouille complète de la villa.

 

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* Communication présentée le 6 avril 1999, cf. infra " Bulletin de l’année académique 1998-1999 ", p.

Avec la participation de Michel Feugère, Chercheur au C.N.R.S. (U.M.R. 154, Lattes), 38 rue Lafayette, 34530 Montagnac (mobilier métallique), Jean-François Grattieri, Architecte, 2 rue Saint-Félix, 47220 Astaffort (plan), Jacques Lapart, Professeur d’Histoire-Géographie, 8 impasse Pierre Cadéac, 32000 Auch (sigillée tardive), et Thierry Martin, Chercheur associé (U.M.R. 5608 du C.N.R.S., Toulouse), 4 boulevard de la Mairie, 81200 Aussillon. (sigillée du Haut-Empire).

Nous tenons à remercier MM. Alain Beyneix (pour nous avoir laissé travailler sur ce mobilier), Georges Lasserre (qui nous a communiqué des informations inédites) et Mme Catherine Petit-Aupert (pour nous avoir donné la photographie aérienne du site).

G. Tholin, Abrégé sur l’histoire des communes du département de Lot-et-Garonne, Auch, 1900, p. 26-27.

A. Beyneix, Inventaire archéologique de la commune d’Astaffort (Lot-et-Garonne), Rapport pour le Service Régional d’Archéologie d’Aquitaine, 1989 (dactylographié, inédit).

A. Beyneix, C. Piot, " Approche de la circulation des amphores sur un domaine rural antique d’Aquitaine méridionale : le site de Lamolie à Astaffort (Lot-et-Garonne) ", dans Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l’Albret, 17, 1995, p. 4-11 ; J. Lapart, C. Piot, La sigillée tardive découverte en Aquitaine méridionale : approche de la circulation de la céramique lectouroise (premier état), à paraître ; Th. Martin, C. Piot, Les céramiques sigillées montanaises découvertes sur la villa de Lamolie à Astaffort (Lot-et-Garonne), à paraître.

Fortunat, De Egircio flumine, XXI (trad. L. Couture, dans Revue d’Aquitaine, I, 1857, p. 217-220).

Strabon, Geographica, IV, 1-2 (éd. F. Lasserre, Paris, 1966).

Fortunat, XXI.

G. Lasserre, " Anciennes routes et voies de communication entre Agen et Lectoure : essai de reconstitution ", dans Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l’Albret, 20, 1998, p. 72-79, principalement p. 74.

La Peyrigne est mentionnée dans L’Itinéraire d’Antonin et dans la Table de Peutinger.

De grosses dalles, aujourd’hui recouvertes par la D. 248, étaient encore visibles il y a une vingtaine d’années.

J. Clémens, " Lomagne, Condomois et Agenais d’après la vie de Saint Antoine de Lialores ", dans Bulletin du Gers, 82e année, 1981, p. 252-261, principalement p. 261 et n. 28.

B. Fages, L. Maurin, Nitiobroges, dans Inscriptions Latines d’Aquitaine (suppl. à la Revue de l’Agenais, CXVIII), 1, 1991, p. 16-17.

C. Petit, " La prospection archéologique dans la vallée de l’Arrats (Gers et Tarn-et-Garonne) : approche d’un espace rural de l’Aquitaine méridionale ", dans Aquitania, 7, 1989, p. 53-79, principalement p. 59.

Le toponyme Grands-Fonds à Castelculier possède la même racine et renvoie aussi à une villa.

Petit, 1989, op. cit., p. 64 : les fermes ont un caractère satellite.

La taille des domaines est égale à 600 ou 700 ha en Périgord, à 1000 ha en Rouergue, peut varier entre 350 et 1400 ha dans la vallée de l’Arrats et entre 240 et 1600 ha dans l’Entre-Deux-Mers. Évaluée à 262 ha, Ausone qualifie sa propriété bazadaise de petit domaine (Ausone, Domestica, I).

Th. Martin, " Les ateliers du sud de la France : Montans, Crambade, Saint-Sauveur, Valéry ", dans C. Bémont, J.-P. Jacob (dir.), La terre sigillée gallo-romaine. Lieux de production du Haut-Empire : implantations, produits, relations (Documents d’Archéologie Française, 6), Paris, 1986, p. 57-84, principalement p. 63, fig. 5, n°8.

Le registre du haut est occupé par un pseudo-rinceau agrémenté d’amphores stylisées ; celui du bas porte une suite d’arcatures et de colonnettes avec, au-dessous, un personnage debout, à la silhouette disproportionnée, et marchant à gauche (peut-être une représentation d’Hercule).

Nous préférons utiliser le terme " sigillée tardive " ou " tardo-sigillée " pour identifier ce type de production des IIIe-IVe siècles qui imitent les sigillées africaines ou proche-orientales et réservons à ces dernières l’attribution de " sigillées claires ".

Ce mode de décoration se retrouve dans de nombreux ateliers (Lectoure, Argonne, Jaulges-Villiers-Vineux, peut-être Montans) et sur beaucoup de sites dont Montmaurin, Tasque, Castelculier (du IIIe siècle), Bon-Encontre (du IIIe siècle), Agen (du IIe siècle)...

Notamment à Bordeaux et à Saintes (D. Barraud, La céramique commune gallo-romaine, dans D. Barraud et alii, " Le site de La France. Origines et évolution de Bordeaux antique ", dans Aquitania, 6, 1988, p. 3-59, principalement p. 36-38 : p. 37 et p. 38, fig. 46, n° 16).

J. Lapart, La céramique et le petit matériel, dans E. Monturet, H. Rivière (dir.), Les thermes sud de la villa de Séviac (Aquitania, suppl. 2), 1987, p. 231-244, principalement p. 236. En région Rhône-Alpes, des lampes analogues sont datées du Ve siècle.

P. Mesplé, " L’atelier de potier gallo-romain de Galane à Lombez (Gers) ", dans Gallia, XV, 1957, 1, p. 41-72 et Gallia, XXIV, 1966, 1, p. 161-188.

Deux nouvelles amphores ont été découvertes depuis l’article paru en 1995 (Beyneix, Piot, 1995, op. cit.), à savoir une Gauloise 5 régionale et une de forme indéterminée.

C. Piot, " Au dossier des marques sur amphores découvertes en Lot-et-Garonne : les estampilles sur amphores vinaires ", dans Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l’Albret, 21, 1999, p. 1-21, principalement p. 1 et fig. 2, 3 et 20.

Martial, XII, 98, 1 ; Pline, XV, 8.

Classification des lèvres dans : S. Martin-Kilcher, Die Römischen Amphoren aus Augst und Kaiser-Augst, 1 : Die südspanischen Ölamphoren (Gruppe 1), dans Forschugen in Augst, Band, 7, Augst, 1987.

150 surnoms commencent par un H. Mais comme l’estampille a été aussi découverte sous la forme P. M. ‘HE’ POR, on sait que ce surnom débute par HE.

J. Baudoux, Les amphores du nord-est de la Gaule (territoire français). Contribution à l’histoire de l’économie provinciale sous l’Empire romain (Documents d’Archéologie Française, 52), Paris, 1996, p. 95.

G. Amar, B. Liou, " Les estampilles sur amphores du golfe de Fos ", dans Archaeonautica, 4, 1984, p. 145-211, principalement p. 175, n°182.

Baudoux, 1996, op. cit., p. 100.

Aucune découverte de four ou de dépotoir contenant des ratés de cuisson n’a permis de situer exactement l’atelier (ou les ateliers) ayant produit les amphores aquitaines. Il semble néanmoins qu’il y ait un centre de production à ou autour de Bordeaux, à Périgueux, peut-être à Ribagnac (Dordogne), peut-être aussi sur le site du Carmel à Agen (Lot-et-Garonne).

Notamment en Aveyron et en Languedoc oriental : J.-L. Boudartchouk, L. Llech, " Évolution de la céramique de la fin du IIIe siècle au VIIe siècle sur le forum de Rodez ", dans Vivre en Rouergue-Cahiers d’Archéologie Aveyronnaise, 7, 1993, p. 150-168, principalement p. 159.

D’une longueur actuelle de 59 mm et d’une hauteur actuelle de 51,5 mm.

Grâce aux agrafes caractéristiques des lanières de cuir qui y sont parfois conservées.

Ch. Landes, Verres gallo-romains (Bulletin du Musée Carnavalet, 36e), 1983, n°1-2, p. 45-53.

C. Costedoat, " Les marbres pyrénéens de l’Antiquité : éléments d’enquête pour de nouvelles recherches ", dans Aquitania, 6, 1988, p. 197-204.

G. Depeyrot, Le Bas-Empire romain. Économie et numismatique (284-491), Paris, p. 63 et p. 75.

Les tessons ont pu être réutilisés dans les fondations ou les amphores entières comme conteneurs d’autres denrées, telles les céréales.

Comme c’est le cas pour celles de Frans à Saint-Clar (Gers), Touron à Saint-Sauvy (Gers) et de Campfarous à Saint-Saturnin-de-Lenne (Aveyron).

En Lot-et-Garonne, sur 89 villae connues, 86 sont occupées à partir des Ier-IIe siècles (B. Fages, Le Lot-et-Garonne (Carte Archéologique de la Gaule, 47), Académie des Belles Lettres, Paris, 1995, p. 64).

Comme la villa de Sainte-Radegonde à Bon-Encontre (Lot-et-Garonne) et celle des Clapiès à Rodelle (Aveyron).

A. Beyneix, " Un élément d’épée de schéma laténien à Sempesserre (Gers) ", dans Actes des XIe et XVIe Journées des Archéologues Gersois (Condom, 1983, Masseube, 1994), Auch, 1995, p. 16-18.

Le développement des campagnes du pays de Serres, à l’époque gallo-romaine, se fait à partir des années 40-50 (C. Chabrié, M. Daynès, " Approche de la diffusion de la sigillée de Montans en milieu rural : l’exemple de la région de Sainte-Livrade-sur-Lot (Lot-et-Garonne) ", dans Documents de Céramologie Montanaise, 1, 1997, p. 13-34, principalement p. 16) ; la villa de Petit-Saubat à Lamontjoie est occupée dès l’époque augustéenne, celles d’Anzas à Sainte-Colombe-de-Duras et de Véziac à Barbaste le sont dans la première moitié du Ier siècle (Fages, 1995, op. cit., p. 64.)

Petit, 1989, op. cit., p. 68 : entre autres, la villa de Las Bruches à Lussan (Gers) qui date de l’époque augustéenne.

En Lot-et-Garonne, 83 villae sur les 89 recensées sont toujours occupées au IVe siècle (Fages, 1995, op. cit., p. 65).

Citons également Sidoine Apollinaire qui, dans une lettre adressée à son ami Pontius Leontius, vers 465, décrit le château des Pontii, à Bourg-sur-Gironde, comme étant un magnifique palais rural (Carmina, XXII).

À Séviac, il s’agit d’un pied d’une Keay 62 (amphore africaine).

Ch. Higounet, Bordeaux pendant le Haut Moyen-Âge, Bordeaux, 1963, p. 210-211.

À l’instar d’une quinzaine d’autres en Lot-et-Garonne (Fages, 1995, op. cit., p. 64).

Strabon, IV, 2, 1.

Cicéron, Pro Fonteio, fragments 12 et VI, 13 (éd. A. Boulanger, Paris, 1929, rééd. 1973).

César, De Bello Gallico, VIII, 32 (éd. L.A. Constans, Paris, 1927).

Salvien, De gubernatione Dei, VII, 2, 8.

Fortunat, XXI.

Petit, 1989, op. cit., p. 56 et p. 67 ; Ph. Marinval, " Des grains et des galettes des âges du fer en Agenais (Lot-et-Garonne) ", dans Catalogue d’Exposition du Musée des Beaux-Arts d’Agen (1992) : Les Celtes, la Garonne et les pays aquitains. L’âge du fer dans le Sud-Ouest de la France (du VIIIe au Ier siècle av. J.-C.), Agen, 1992, p. 40-41.

Étude sur des débris végétaux de Révenac au Mas-d’Agenais notamment (Fages, 1995, op. cit., p. 67).

Strabon, II, 1, 16.

Pline l’Ancien, Historiae Naturae, XIV, 27-31 (éd. J. André, Paris, 1958).

Columelle, De Re Rustica, III, 2, 19-24.

Paulin de Pella, qui parle, en 414, des maladie et des travaux de ses vignes, avait plusieurs domaines en Aquitaine (dans C. Jullian, Histoire de la Gaule, Paris, 1906-1926, 8 vol. : V, p. 190) ; au Ve siècle encore, à propos des régions aquitaines qu’il compare à " une image du Paradis ", Salvien vante un pays chargé de vignes (VII, 2, 8).

Pline l’Ancien, IX, XVIII, 68.

Le même phénomène se remarque dans la vallée de l’Arrats puisque le petit établissement d’En Sérillès à Saint-Antonin fournit ce type de matériel comme les villae et les fermes qui l’entourent (Petit, 1989, op. cit., p. 67).

J. Clémens, M. Seurin, J.-P. Bost, M. Boye, A. Jérebzoff, P. Debord, " Fours de potiers découverts à Labastide-d’Armagnac (Landes) ", dans Bulletin de la Société de Borda, 102, 1987, p. 21-32.

J. Coupry, " Informations archéologiques, Circonscription d’Aquitaine ", dans Gallia, XVII, 1959, p. 365-403, principalement p. 367.

Petit, 1989, op. cit., p. 68.

Auch, En Merle et Le Notaire à Ansan, La Garenne à Augnax. Pour le Lectourois : Lectoure et la villa de Frans à Saint-Clar.

Même si on les trouve en quantité moindre que les Dressel 1. Aucun site n’en livre une centaine ni même une cinquantaine, comme c’est le cas d’Agen, d’Aiguillon et de Mouliets-et-Villemartin par exemple pour les Dressel 1 : Aiguillon et Laplume n’ont fourni qu’une seule Pascual 1, Mézin cinq (où elles représentent malgré tout 25% du matériel amphorique) et le Mas-d’Agenais six.

Où elles ne sont attestées qu’à Auch, Vic-Fezensac, Avezan et à Monferran Savès.

À Astaffort et à Auch.

Ph. Jacques, " Laplume, évolution d’un village médiéval ", dans Documents d’Archéologie Lot-et-Garonnaise, 3, 1996, p. 55-76, principalement p. 56.

À Astaffort (Goudail) et Auch.

Spatheia à Astaffort (Lamolie), Lectoure et Auch.

Elles forment 68% des amphores découvertes au Bialé à Lescar, 30% à Lyon, 23% aux Allées de Tourny à Bordeaux et 18% à Saintes.

Hormis Lamolie, il faut noter seulement celles du Clos du Chardonnet à Plassac (quatre amphores), de Nontronneau à Lussas-et-Nontronneau (un conteneur) et de Bois de Péchauriol à Archignac (une amphore).

Pour la villa du Taros, D. Ferry a calculé qu’une Dressel 20 n’arrive que tous les 50 ans : D. Ferry, " L’huile de Bétique à Auch ", dans Actes des XIIIe et XIVe Journées des Archéologues Gersois (Montaut-les-Créneaux, 1991, Montréal-du-Gers, 1992), Auch, 1993, p. 14-23, principalement p. 15.

A. Hochuli-Gysel, " Verres romains trouvés en Gironde ", dans Aquitania, 8, 1990, p. 121-134, principalement p. 122 : par exemple, certains verres de Lormont ont été produits à Saintes.

L’artisanat verrier est attesté à Bordeaux pour les Ve-VIe siècles : A. Hochuli-Gysel, " Les verreries du Sud-Ouest de la Gaule, IVe-VIe siècles ", dans Actes du IIIe Colloque Aquitania et des XVIe Journées d’Archéologie Mérovingienne : La civilisation de l’Antiquité Tardive dans le Sud-Ouest de la Gaule (L. Maurin, J.-M. Pailler, dir.) (Toulouse, 1995) (Aquitania, 14), Bordeaux, 1996, p. 231-236, principalement p. 235.

Dans les villes d’Auch, Lectoure, Toulouse, Saint-Bertrand-de-Comminges, Cazère, Sos-en-Albret, dans les villae de Peyrens à Tasque, Séviac à Montréal-du-Gers, Cauze à Avezan, Taros et Mounon à Castelnau-Barbarens et sur le site de Castéra à Lagraulet-du-Gers.

Sur le site de Saint-Côme à Aiguillon, de Saint-Martin au Mas-d’Agenais et d’Eysses à Villeneuve-sur-Lot.

Dans les villae de Saint-Georges-de-Montagne à Montagne et de Séviac à Montréal-du-Gers, dans la ville d’Auch, le quartier d’Eysses à Villeneuve-sur-Lot, le site Place des Grands Hommes à Bordeaux ainsi que dans les nécropoles de Saint-Gény de Lectoure, de Saint-Seurin et de Saint-Christoly à Bordeaux et celle de Libourne.

Toutefois, il doit exister d’autres ateliers à diffusion locale, non encore décelés.

Un seul site n’appartient pas à ce courant : Saint-Clar dans la vallée de l’Arrats (inédit : information donnée par J. Lapart).

Hormis Lectoure, on a trouvé des vases à Beauregard à Saint-Mézard, Tambouret à Sempesserre, aux Juncasses à Urdens et à Saint-Clar.