Mémoires de la Société |
SOMMAIRE
Jean-Marc LUCE, La péplophore du Musée Fenaille à Rodez : une statuette grecque en bronze de style sévère
Le musée Fenaille à Rodez conserve une statuette féminine en bronze inédite, mise au jour en Grèce où elle a été acquise, peut-être même découverte, par le Général Higonet, lors de lexpédition de Morée en 1828-1829. Lobjet provient du sanctuaire de Déméter et Korè à Eleusis. Il sagit dun support sur lequel reposait un objet non identifié. La forme de lattache sur la tête de la jeune femme interdit de voir dans la statuette un pied de miroir. Luvre, de style sévère, date probablement des années 480 av. J.-C. Elle appartient à un groupe que les divers spécialistes ont tenté de situer géographiquement. Les attributions divergent assez fortement. Lauteur souligne ici la forte ressemblance entre la statuette de Rodez et la protomé de lhydrie inv. 26.50 conservée au Metropolitain Museum à New York. Or ce récipient porte une inscription précisant quil constituait le prix dune épreuve aux concours de lHéraion dArgos. Lattribution du groupe à Argos paraît alors la plus vraisemblable.
Éric MORVILLEZ, Nouvelles recherches sur larchitecture de la villa de Montmaurin (Haute-Garonne) à la lumière des carnets de Georges Fouet
Des recherches effectuées à partir des archives
des fouilles de Montmaurin ont permis dapporter un nouvel éclairage sur trois
points concernant larchitecture de la villa. Le premier concerne le triconque. Les
croquis de Georges Fouet permettent de distinguer à cet endroit au moins trois phases
successives dans la construction : une pièce trèflée puis une abside intermédiaire,
sous lhémicycle, puis enfin le portique en hémicycle que lon peut voir
actuellement. En second lieu, lexistence des escaliers, donnant accès aux salles
dominant la seconde cour, nest pas certaine. Le lien entre ces dernières pièces et
la salle terminée en abside, aujourdhui très restaurée, semble improbable. Enfin,
létude des croquis de fouille permet de mieux comprendre la restauration de la
colonnade de la cour des thermes et son ordre « pseudo-toscan ».
Les dessins sembleraient attester, comme les clichés de létat
avant restauration, de la liaison entre certains éléments découverts, mais se posent
plusieurs questions : absence de base sur le parapet pour les colonnes, insuffisance des
diamètres des chapiteaux par rapport aux fûts, rôle exact des « tailloirs »
Céline PIOT, La villa de Lamolie à Astaffort (Lot-et-Garonne) : un domaine rural antique dAquitaine méridionale
Grâce à des ramassages au sol et une photographie aérienne, on sait que le site de Lamolie à Astaffort correspond à une grande villa gallo-romaine denviron 1 ha, située dans la basse vallée du Gers. Les nombreux objets découverts, essentiellement des céramiques, permettent de dater loccupation de cet établissement rural du tout début du Ier siècle au VIIe siècle ap. J.-C., et de replacer le gisement dans son environnement archéologique ainsi quau sein des échanges commerciaux effectués pendant lAntiquité.
Valérie YVONNET-NOUVIALE, À propos de neuf chapiteaux de Saint-Caprais dAgen : influences croisées, Toulouse et Moissac
La cathédrale Saint-Caprais dAgen comporte un vaste ensemble de chapiteaux. Ils peuvent être répartis en deux groupes selon quils possèdent un épannelage cubique ou dérivé du corinthien. Dans cette seconde catégorie, neuf uvres présentent des liens avec la sculpture de Saint-Sernin de Toulouse. Les chapiteaux à décor végétal reprennent essentiellement des motifs employés dans les parties hautes de la basilique toulousaine. Il ne sagit toutefois pas de copies serviles mais plutôt dinterprétations des modèles toulousains. En outre, certains chapiteaux historiés ainsi quun tailloir figuré sont en relation avec la sculpture du cloître de Moissac. Il convient donc détudier les hypothèses qui peuvent expliquer cette double influence, toulousaine et moissagaise, sur le chantier de Saint-Caprais, et, de là, proposer une chronologie relative mettant en résonance les trois édifices.
Olivier TESTARD, La vieille nef de la cathédrale de Toulouse et ses origines méridionales
Lexamen archéologique de la vieille nef de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse permet de distinguer les différentes étapes de sa construction dans ses états romans puis gothiques. Cette analyse établit que la nef unique du début du XIIIe siècle est le résultat dun seul parti architectural et que son édification montre une grande maîtrise des techniques de construction et de lorganisation du chantier. Son étude sous le prisme des influences issues du contexte méridional, notamment du voûtement en berceau des nefs uniques de la deuxième moitié du XIIe siècle, en particulier à Saint-Pons-de-Thomières, donne des indications sur lorigine de larchitecture gothique méridionale à Toulouse. Cette dernière procède de la nef unique romane et du berceau brisé. Le contrebutement de la poussée continue des berceaux laisse entre les contreforts une zone fragile qui nécessite une maçonnerie de bonne qualité, ou lépaulement par des bas-côtés ou des tribunes. Dans les nefs uniques, les arcs latéraux internes ont un rôle darcs de décharge conduisant une partie des efforts vers les contreforts. À Toulouse, ces arcs deviennent des formerets. Ils permettent de réaliser la voûte avant de terminer les fenêtres. Les croisées dogives sont rendues nécessaires pour faciliter le couvrement dune portée de près de vingt mètres en dégageant des lunettes imposées par ladoption de fenêtres à lancettes étroites mais hautes. Le bombement de ces voûtes nest pas une maladresse mais résulte de la volonté dadapter les ogives au rôle de support de la toiture, traditionnel dans le Midi.
Chantal FRAÏSSE, Les bâtiments conventuels de lancienne abbaye Saint-Pierre de Moissac
À travers observations archéologiques et documents darchives est menée une étude du plan de lancienne abbaye et de son évolution depuis le Haut Moyen Âge jusquà lépoque contemporaine où le passage de la voie ferrée a définitivement rompu lunité spatiale du monastère. Si de nombreux bâtiments ont été profondément modifiés et ont changé de fonction, ils nont pas disparu aussi totalement quon pouvait le croire. Ainsi à loccasion de travaux récents les quartiers nord ont-ils révélé des vestiges qui permettent de faire des hypothèses sur laspect médiéval de leurs élévations.
Patrice CABAU, Les évêques de Toulouse (IIIe-XIVe siècles) et les lieux de leur sépulture
De sa fondation, peu avant le milieu du troisième siècle, à son érection en métropole, au début du quatorzième siècle, lÉglise de Toulouse a été gouvernée par une longue succession dévêques, dont le souvenir sest lentement effacé : sépultures dispersées en divers lieux, absence de liste épiscopale ancienne. Telle quelle est connue aujourdhui, la série des évêques résulte dinvestigations érudites menées pour lessentiel aux treizième, quatorzième, dix-septième et dix-huitième siècles. La présente étude se fonde sur le bilan de ces travaux, la critique de leurs sources et la recherche de nouveaux documents pour proposer une liste épiscopale révisée ; celle-ci reste lacunaire et sa chronologie demeure parfois incertaine. Quant au lieu de la sépulture des évêques de Toulouse, il apparaît que, initialement établi à la basilique Saint-Sernin, il ne commence à se fixer à la cathédrale Saint-Étienne quà la fin du treizième siècle.
Marie-Laure FRONTON-WESSEL, Le plafond peint de la GrandChambre de la Cour dAppel de Toulouse
La GrandChambre de la Cour dAppel de Toulouse a révélé en 1997, à loccasion de sondages effectués en vue de sa restauration, un plafond peint qui semble contemporain de la construction de cette salle, terminée en 1492. Cet ensemble est à ce jour lunique témoignage dun plafond peint médiéval à Toulouse. Les sondages ont montré un décor homogène, à liconographie variée, et dont les caractéristiques stylistiques sont celles de beaucoup dautres plafonds peints de la même période dans le Midi de la France. Couvrant une salle dimportance, tant par sa taille que par sa fonction, il se démarque pourtant des autres ensembles par sa structure, particulièrement complexe, davantage encore que par son décor. Exemple unique mais qui sintègre dans un courant plus large, ce décor ne peut rester plus longtemps dissimulé : il mérite dêtre entièrement dégagé et présenté au public.
Louis LATOUR, Recherches campanaires : la cloche ancienne dAuterive et la cloche disparue de Beaumont-sur-Lèze
Léglise Saint-Paul dAuterive possède
une cloche ancienne remarquable par son épigraphie et les scènes figurées qui la
décorent. Linscription Mentem sanctam, spontaneam honorem deo et patrie
liberationem, JHS XPS, se retrouve sur un grand nombre de cloches, en particulier
dans les régions montagneuses, et a pour origine la légende de sainte Agathe qui aurait
protégé Catane des laves de lEtna. Les cartouches historiés qui
laccompagnent représentent des scènes bibliques, sans ordre apparent, ayant pour
but la sacralisation du bronze et la consécration de la cloche au service de Dieu.
La cloche de Beaumont-sur-Lèze était ornée des mêmes scènes ; son
inscription XPS vincit, XPS regnat, XPS imperat, XPS ab omni malo nos defendat
est aussi une invocation pour que le Christ nous délivre du péché et nous protège des
fléaux naturels.
Les deux cloches, vraisemblablement fondues par le même atelier,
peuvent être datées du début du XVe siècle.
Bruno TOLLON, « Dame Tholose », une allégorie politique de la Renaissance
En 1544, les Capitouls de Toulouse commandent au sculpteur Jean Rancy une figure représentant « Dame Tholose » pour remplacer la girouette de la Tour des archives. (Le bronze, coulé en 1550, y reste jusquen 1832 où, assortie de nouveaux attributs, la sculpture coiffe la colonne de la place Dupuy.) Larticle examine dans quelles conditions a pu être conçu le premier bronze allégorique représentant une cité qui renouait par là avec le passé glorieux et lépithète reprise par les humanistes de « Palladia Tolosa ».
Georges BACCRABÈRE, Céramique toulousaine des XVIe-XVIIe siècles dans lancien quartier des Pénitents-Blancs à Toulouse
Une fosse daisance mise au jour au nord-est de la cité, contre la Promenade-des-Capitouls, a livré de la céramique des XVIe-XVIIe siècles. Cette poterie se compose de vases de type fermé à liquide et des contenants culinaires. Ces derniers présentent des marmites et des coquemars. Ceux-là livrent surtout des pichets. À la vaisselle aux formes ouvertes correspond la céramique commune, comprenant des bassins, et de la poterie polychrome avec des assiettes et des coupes à décor sgraffité. La céramique à pâte blanche et décor peint comprend essentiellement des assiettes et des écuelles. La fosse présente enfin des contenants ayant trait à lhygiène et au bien-être familial : albarelles, porte-dîner, réchaud, pot daisance, tirelire, et de la verrerie.
Marie-Luce PUJALTE, Les maîtres duvre du XVIIIe siècle toulousain : leurs rôles et leurs prérogatives
Au XVIIIe siècle, le
rôle de larchitecte à Toulouse et ses prérogatives restent encore flous dans les
projets de reconstruction dordre privé. Dans lhabitat populaire au schéma
simple et répétitif, restreint par un parcellaire étroit, la maîtrise
duvre est le plus souvent confiée au maçon, homme de terrain, issu du milieu
des artisans. À linverse, dans lhabitat noble, domaine de lérudition,
les plans sont réalisés en majorité par un expert au savoir académique et apte à
concevoir des modèles savants. Deux personnalités de la communauté artistique
toulousaine semblent avoir marqué par les nombreuses commandes quils reçurent la
construction privée du XVIIIe siècle : Guillaume Cammas,
peintre et architecte de la Ville, et Maduron, directeur des travaux publics de la Ville,
ont su donné une interprétation très locale du classicisme français tout en conservant
une architecture de briques traditionnelle.
Les recherches dattribution recouvrent encore un large domaine à
exploiter mais il semble dores et déjà que les artistes étrangers à la sphère
toulousaine éprouvèrent des difficultés à simplanter dans la ville,
laristocratie parlementaire, lélite qui donne le ton, sadressant plus
spontanément aux tenants de la tradition.
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