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Mémoires de la Société
Archéologique du Midi de la France



Tome LXI (2001)


SOMMAIRE

 

Henri MOLET, Autour du Bazacle : la Garonne et les vestiges antiques

    Après l’analyse de la topographie et de l’aspect de fleuve pendant la période antique à hauteur du seuil du Bazacle, ce sont les restes de la chaussée et les fluctuations de sa fréquentation qui sont examinés, puis l’édifice antique du Bazacle dont les ruines furent mises au jour par la rupture de la tête de digue lors de la crue de 1613. Les témoignages directs ou indirects permettent d’en préciser la localisation et de suivre les récupérations de matériaux qui aboutissent à sa disparition presque totale dès 1621. À partir des indices fournis par les différents auteurs, par l’archéologie et quelques règles architecturales romaines, il est néanmoins possible d’en imaginer au moins l’apparence.

 

Gabriel MANIÈRE, Archéologie des Petites Pyrénées. Ausseing, Roquefort, Belbèze, Cassagne. Le temple gallo-romain de Belbèze-Pédégas

    La découverte en 1962 du menhir de Balesta et du sanctuaire rupestre qui l’entoure dans la commune de Roquefort, celle aussi, sur le même domaine, d’ateliers de taille d’époque acheuléenne puis de vestiges gallo-romains, ont attiré l’attention de l’auteur sur cette partie des Petites Pyrénées où il découvrait les importantes carrières de Belbèze et la preuve de leur exploitation dès l’époque gallo-romaine.
    Peu après, les recherches sur le site ont permis d’y retrouver les vestiges d’un sanctuaire gallo-romain avec son temple et une piscine alimentée par une source de sommet. De conception romaine, le temple et son agencement ont cependant conservé des caractères indigènes à la fois dans les nombreux autels votifs et dans les objets cultuels. À la fin du IVe siècle, il paraît avoir subi le sort des temples païens détruits en exécution des édits impériaux. Les fouilles du sanctuaire ont apporté la preuve de l’existence d’un lieu de pèlerinage antique.
    À proximité et en contrebas, le site de Junac a reçu un nouveau sanctuaire, paléochrétien, où ont été retrouvés des sarcophages en calcaire local à couvercles à quatre versants. L’ensemble du site témoigne du caractère religieux qui s’y est attaché depuis la préhistoire et s’y est pérennisé avec évidence jusqu’à la fin du Moyen Âge.

 

Patrice CABAU, Opusculum de passione ac translatione sancti Saturnini, episcopi Tolosanae ciuitatis et martyris (édition et traduction provisoires)

    L’Opuscule de la passion et de la translation de saint Saturnin, évêque de la cité de Toulouse et martyr est l’un des monuments les plus vénérables de l’histoire de la Gaule chrétienne. Probablement élaboré sous sa forme achevée dans la deuxième décennie du cinquième siècle, ce texte fondamental servit à la composition des offices constituant la base du culte du martyr. Connu notamment de Sidoine Apollinaire, de Venance Fortunat et de Grégoire de Tours, l’Opuscule eut une diffusion rapide et large, prolongée de la fin du neuvième siècle au début du seizième par la rédaction de diverses versions amplifiées plus ou moins fabuleuses. On trouvera ici une édition nouvelle de ce petit ouvrage, établie d’après une version transcrite au onzième siècle dans le scriptorium de l’abbaye de Moissac, ainsi qu’un essai de traduction.

 

Jean-Luc BOUDARTCHOUK, « VBI ALMA - », à propos d’une inscription en partie inédite provenant de la mosaïque paléochrétienne de l’église de la Daurade (Toulouse)

    Lors de la destruction de l'église de la Daurade au XVIIIe siècle fut recueilli un fragment d'inscription sur mosaïque appartenant au programme iconographique de la fin de l'Antiquité (Ve siècle). Il s'agit du début d'une phrase : « VBI ALMA [---] », comme le montrent les transcriptions quasiment contemporaines (trois copies) du « manuscrit Malliot ». Seul un fragment de cette mosaïque, avec le premier mot de cette inscription, nous est parvenu. Cet article tente de restituer la signification du second mot, ALMA[---], dont on ne sait véritablement s'il est tronqué ou non. Trois hypothèses sont envisagées, les deux premières en relation avec un aspect du culte marial (alma ou almah), la troisième restituant un nom propre : Almachius. Or, ce nom rare est notamment porté par un personnage toulousain que la Vie médiévale du martyr Antonin dit « de Pamiers » fait vivre au temps de Théodoric et mourir « au Capitole », alors que, par ailleurs, la Daurade est considérée à la fin du XVe siècle par Nicolas Bertrand comme un temple de « Jupiter altitonnant ».

 

Olivier TESTARD, Réflexions sur la signification de la façade occidentale de la cathédrale de Toulouse

    Cette étude tente de tirer quelques conséquences de la réévaluation des savoir-faire techniques du maître d’œuvre du début du XIIIe siècle. Il s’agit essentiellement d’explorer le caractère intentionnel de dispositions architecturales choisies uniquement afin de produire du sens. Il faut alors englober dans l’analyse des détails considérés habituellement comme seulement décoratifs. En s’appuyant sur une lecture mystique de la rose occidentale qui utilise les symboliques du cercle, de la lumière et des nombres pour représenter une théophanie, il est possible de lire l’ensemble de la façade, à la suite de quelques façades méridionales, comme un portail monumental. La composition devient représentative d’une pensée qui s’ancre dans la différenciation des exégèses littérale et spirituelle de la Bible pour privilégier l’abstraction de la seconde. Le dispositif ainsi créé, associé à une nef unique d’une ampleur exceptionnelle, vise à mettre en scène, à l’extérieur, la doctrine du Saint-Siège relayée par l’évêque cistercien, et, à l’intérieur, une préfiguration du face-à-face promis aux élus.

 

Christophe BALAGNA, Le fonds lapidaire du Musée des Beaux-Arts de Mirande

    Le fonds lapidaire du Musée des Beaux-Arts de Mirande comporte une trentaine de pièces intéressantes. Parmi celles-ci, on note la présence d’éléments d’époque romane qu’il faut sans doute attribuer à l’ancienne abbaye cistercienne de Berdoues, située tout près de Mirande. Les autres pièces, les plus nombreuses, datent probablement de la première moitié du XIVe siècle. En effet, par leur structure, leur mouluration et leur décor, elles se rattachent aux productions contemporaines, visibles dans tout le Midi. Il s’agit donc probablement de pièces appartenant à l’ancien couvent des Cordeliers de Mirande, présentant de nombreuses similitudes avec l’établissement des Frères mineurs de la cité archiépiscopale d’Auch.

 

Jean-Michel GARRIC et Henri PRADALIER, Une découverte récente : les pavements gothiques du palais de la Berbie à Albi

    À la fin de l’année 2000, un pavement de terre cuite estampée et glaçurée fut découvert dans un excellent état de conservation dans l’ancienne turris édifiée par l’évêque Durand de Beaucaire avant 1254. Les vestiges d’un second carrelage sont apparus en même temps dans la courtine construite par Bernard de Combret avant 1271. S’y ajoute un troisième pavement situé au-dessus de la chapelle Notre-Dame, connu depuis le XIXe siècle mais resté inédit. Cet ensemble, datable vers 1300, enrichit les connaissances sur une technique importée du nord de la France après 1270 et peu documentée dans le Midi car limitée, semble-t-il, à des édifices prestigieux. Il offre aussi l’occasion de se pencher sur les aménagements réalisés par Bernard de Castanet à la fin du XIIIe siècle.

 

François BORDES, Sur un feuillet « américain » des Annales de Toulouse (1371-1372 et 1372-1373)

    La Pierpont Morgan Library de New York conserve un des feuillets médiévaux des fameuses Annales manuscrites de Toulouse. Sauvé des destructions révolutionnaires, il offre la relation des élections de 1371-1372 et 1372-1373. Il comporte également les « portraits » des consuls de chacune de ces années, qui nous fournissent de précieuses données sur l’évolution de l’art de l’enluminure à Toulouse au XIVe siècle. La représentation des membres du chapitre de la ville pour 1371-1372, au décor d’une richesse étonnante, est actuellement le seul exemple connu de ce type dans les collections toulousaines. 

 

Georges COSTA, Jacques Lemercier et la construction du Pont Neuf de Toulouse

    Après les dommages causés par la crue de mai 1613, le sieur de Bellebat et Jacques Le Mercier furent désignés pour examiner le chantier du pont Neuf de Toulouse. Leur rapport fit apparaître que le projet entrepris par l’architecte Pierre Souffron présentait trois inconvénients : la raideur de rampe d’accès, sa largeur excessive prévue pour trois voies et deux rangs de maisons, et ses ornements superflus. Des deux propositions faites par Le Mercier pour y remédier, le Conseil du roi, le 30 septembre 1614, choisit la plus économique qui réduisait la largeur du pont « semblable au pont neuf de Paris », en renonçant à y construire des maisons. Le contrat de l’ouvrage fut passé le 31 mars 1615 à un consortium d’entrepreneurs parisiens.
    Les travaux commencèrent par la reconstruction de la 6e pile (octobre 1615-fin avril 1616) et continuèrent par la construction des quatre premières arches (1617-1618). La découverte d’une fente à la 5e pile en février 1619 ralentit les travaux, car la Commission de l’œuvre s’opposait à la démolition de l’arche construite jadis par Souffron. Le chantier reprit en juin 1625, en menant à la fois la réparation de la 5e pile, la démolition de l’arche de Souffron et la construction des trois dernières arches (1626-1628). En 1632, le pont était pratiquement terminé. Prêts à partir, les entrepreneurs confièrent l’achèvement de l’arc de triomphe et des pavillons à l’un d’entre eux, Jean Caillon, qui sur les directives des Commissaires de l’œuvre, fit couvrir les pavillons d’une toiture en ardoise, dans les années 1634-1635.
    Le pont de Toulouse, occupe une place importante dans l’histoire des ponts en France, mais aussi dans la carrière de Jacques Le Mercier.

 

Georges BACCRABÈRE, La céramique du XVIIe siècle dans la Grande-rue Saint-Michel à Toulouse

    En 1991, des travaux de terrassement ont mis au jour deux cavités sur deux sites de la Grande-rue Saint-Michel. Elles ont livré de la céramique culinaire, de la poterie à décor peint et deux statuettes moulées. La poterie ordinaire comprend des marmites, des couvercles, des lèchefrites, des pots à cuire les châtaignes ainsi qu’un bassin, un pichet et des restes de dournes. La céramique à décor peint comprend un réchaud, des écuelles et des plats. La poterie plastique est représentée par deux statuettes figurant une Piétà et une Vierge à l’Enfant. Les deux sites témoignent de l’expansion de la ville à l’époque moderne au sud de la cité antique. 

 

Fabienne SARTRE, La sculpture toulousaine dans la première moitié du XVIIIe siècle

    Par sa formation, ses références et la maîtrise technique de ses projets, le sculpteur du roi Marc Arcis a dominé le foyer artistique toulousain au cours des premières décennies du XVIIIe siècle. Il transmit certaines de ces qualités à ses disciples, Pierre Lucas, Hardy, Parant, ou ses fils Antoine et Marc II Arcis. La cité compta d’autres artisans dont l’activité, moins polyvalente, fut particulièrement desservie par la conjoncture économique et l’évolution des commandes. Prolongeant le savoir-faire des ateliers de sculpteurs sur bois, adaptant maladroitement les modèles contemporains, ces praticiens furent fréquemment gênés par la corporation des menuisiers, avant de réagir en rejoignant la Société des Beaux-Arts ou en recherchant une autre forme d’association, inspirée par l’Académie de Saint-Luc. Après le décès de Marc Arcis, le travail de la terre cuite, exploité par la dynastie des Lucas, a permis de prolonger la force passée de la sculpture toulousaine.

 

Marie-Luce PUJALTE, Deux éléments nouveaux dans la biographie de François Cammas

    Théoricien accompli de la communauté artistique toulousaine, François Cammas a laissé de son activité professorale un témoignage unique à travers un Cours d’architecture militaire et civile qui rend compte à la fois du progrès de la théorie architecturale au XVIIIe siècle et de la régénération des arts en cette fin de siècle, en choisissant comme fondement essentiel de sa réflexion le Cours d’architecture de Jacques François Blondel. Parallèlement, il s’avère désormais qu’il fut envoyé en mission en Hollande, à la demande des États de Languedoc, pour y étudier les systèmes liés aux questions d’hydraulique et de façon plus générale de conquête de la mer sur la terre. Ces deux documents inédits ont ainsi permis d’une part de confirmer la renommée pédagogique du professeur Cammas et d’autre part, de le découvrir en tant qu’homme de terrain et ingénieur, en dehors de ses compétences reconnues de peintre, architecte et dessinateur.

 

Bulletin de l’année académique 2000-2001

    Les procès-verbaux des séances de la Société rendent compte de ses différentes activités, reproduisant en particulier les discussions qui suivent les communications, que celles-ci soient publiées ou non dans les Mémoires. On y trouvera aussi des informations sur des fouilles archéologiques, des restaurations en cours ou des découvertes diverses à Toulouse et dans la région ainsi que des compte rendus et des notes variées : « l’hostellerie du Lion d’or » à Graulhet (Tarn), Vieille-Toulouse, découverte d’un fossé défensif et d’un puits à amphores, Un relief de Bacchus en marbre mis au jour à Valentine, Riches comme Crésus ? Toulouse, 1000 ans de monnaies, Balcon, prestige et sociabilité à Toulouse au XVIIe siècle, Les « lacs sacrés » des Tectosages ont-ils jamais existé ?, Étude archéologique de la maison n° 15 de la rue Croix-Baragnon à Toulouse, la restauration des peintures murales de Notre-Dame-du-Taur à Toulouse, « Notre Dame de Grasse » et un dessin ancien conservé à Stockholm, De saint Saturnin à Saint-Sernin, Autour du corps de l’évêque Saturnin de Toulouse : nouvelles considérations, sondages archéologiques sur le site de la villa de Chiragan, Les fouilles archéologiques de l’extension de la Fondation Bemberg, Hôtel d'Assézat 5 rue de l'Écharpe Toulouse, un nouveau plan de la basilique Saint-Sernin de Toulouse…

 

Jubilé de Jean Coppolani, Directeur honoraire de la Société

 


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