Mémoires de la Société |
SOMMAIRE
Vincent GENEVIÈVE, Une fraction du trésor découvert en 1894 à Tournefeuille retrouvée dans le médaillier du musée Saint-Raymond à Toulouse
Découvert en 1894, le trésor monétaire de Tournefeuille fut, semble-t-il, rapidement dispersé entre ses inventeurs. La trouvaille n’était jusqu’à présent connue que par l’examen de quelques pièces et un bref compte rendu présenté par Emmanuel Delorme à la Société Archéologique. Alors qu’aucune monnaie de ce trésor ne nous était parvenue, quelques recherches autour d’une notice conservée dans le cahier personnel d’Ernest Roschach ont permis d’identifier, dans le médaillier du musée Saint-Raymond, quarante-cinq exemplaires sur les cinquante et un acquis par le conservateur en mars 1894. L’étude des informations fournies par les deux érudits toulousains permet de mieux cerner le lieu de découverte du dépôt et de proposer une datation pour son enfouissement.
Chantal FRAÏSSE, Quelques observations sur le scriptorium de Moissac au début du XIIe siècle
Les deux ou trois premières décennies du XIIe siècle sont la période la plus active de l’atelier de scribes de l’ancienne abbaye Saint-Pierre. L’examen détaillé d’une vingtaine de manuscrits réalisés, copie et enluminure, par un même groupe de copistes permet de mieux comprendre le fonctionnement du scriptorium, le rapport entre les scribes et les peintres de lettres ornées, la relation des scribes et enlumineurs entre eux, la relation entre l’écrit et les images. Deux personnalités de peintre se dégagent nettement du lot et leur manière ne cesse d’être reprise avec plus ou moins de bonheur par une quasi-dizaine d’enlumineurs qui travaillent à leurs côtés. Ces peintres de talent étaient sans doute également, et surtout, des scribes car la copie des textes paraît bien être la préoccupation principale du scriptorium. Ce scriptorium n’apparaît pas comme une structure rigidement hiérarchisée où la fonction de scribe et celle de peintre sont nettement spécialisées mais au contraire comme une équipe dont les membres échangent motifs, style et techniques dans une certaine liberté, même s’ils savent reconnaître le talent d’un des leurs, qu’ils s’efforcent d’égaler.
Laurent MACÉ, Pouvoir comtal et autonomie consulaire à Toulouse : analyse d'une miniature du XIIIe siècle
Les deux miniatures qui ornent la première page des cartulaires du bourg et de la cité de Toulouse sont des œuvres de grande qualité. Au-delà des considérations esthétiques, c'est la représentation du pouvoir au sein de la ville, notamment dans le I initial du cartulaire de la cité qui retient ici toute l'attention. Trois personnages sont en relation directe avec un document écrit qui apparaît comme étant le sujet principal retenu par les commanditaires. Le rapport entre la charte et la miniature qui l'illustre, la structure interne de la composition, le contexte toulousain permettent d’y reconnaître le comte, son viguier et probablement un consul.
Jean-Michel GARRIC et Henri PRADALIER, Une découverte récente : les pavements gothiques du palais de la Berbie à Albi
À la fin de l’année 2000, un pavement de terre cuite estampée et glaçurée fut découvert dans un excellent état de conservation dans l’ancienne turris édifiée par l’évêque Durand de Beaucaire avant 1254. Les vestiges d’un second carrelage sont apparus en même temps dans la courtine construite par Bernard de Combret avant 1271. S’y ajoute un troisième pavement situé au-dessus de la chapelle Notre-Dame, connu depuis le XIXe siècle mais resté inédit. Cet ensemble, datable vers 1300, enrichit les connaissances sur une technique importée du nord de la France après 1270 et peu documentée dans le Midi car limitée, semble-t-il, à des édifices prestigieux. Il offre aussi l’occasion de se pencher sur les aménagements réalisés par Bernard de Castanet à la fin du XIIIe siècle.
Valérie ROUSSET, Deux maisons jumelles médiévales à Mayrinhac-Le-Francal (Lot), et autres exemples en milieu rural
Les deux maisons médiévales constituent un exemple de logis à modules répétitifs, de structure « élémentaire » de plan massé, composés d’une pièce en rez-de-chaussée destinée à une remise ou à un atelier, et d’une salle à l’étage, de 20 m² de superficie seulement, dans laquelle sont rassemblés l’évier, les éléments de rangement et un espace réservé au mobilier de chauffage et de cuisson (la présence d’un foyer n’étant pas attestée). D’autres demeures jumelles de ce petit bourg ecclésiastique et de hameaux lotois et aveyronnais permettent de dégager des programmes constructifs correspondant à des contextes sociaux et économiques spécifiques, liés au regroupement de l’habitat dans les campagnes.
Jean CATALO, Le couvent médiéval des Cordeliers de Castres (Tarn)
La fouille de la place de la 32e division d’infanterie a permis la découverte d’une partie du premier couvent des Cordeliers. Installés en 1229, les Franciscains établissent leur couvent à l’extérieur de l’enceinte. Le plan de l’aile septentrionale de ces constructions a pu être restitué avec le mur occidental de l’église, la salle capitulaire et les autres bâtiments placés le long de la galerie du cloître. Un cimetière s’était développé autour du chevet de l’église. L’ensemble était ceint d’un fossé délimité par un mur d’escarpe.
Lors de la construction d’un nouveau rempart en 1373-1380, le couvent se retrouve à l’intérieur de la ville. Cette intégration provoque un changement d’organisation du cimetière et permet l’extension des bâtiments vers le nord jusqu’à leur destruction complète en 1563. Les 125 sépultures traitées pendant la durée de la fouille ont livré les restes d’au moins 134 individus appartenant pour l’essentiel au cimetière. Cet échantillonnage offre une image inédite de la population castraise à la fin du Moyen Âge, dans le cadre très particulier d’un couvent d’un ordre mendiant, en rapport étroit avec la pratique testamentaire.
Marc SALVAN-GUILLOTIN, Les peintures de l’église Notre-Dame de Sescas de Bourisp (Hautes-Pyrénées)
Située dans la vallée d’Aure, l’église a reçu un vaste programme peint à la fin du Moyen Âge. L’intégralité de l’espace intérieur a en effet été ornée en 1589-1592 par Ramond Sabatier, peintre ayant également œuvré dans bon nombre d’édifices de la région. L’intérêt majeur de ce décor, hormis ses qualités esthétiques, réside dans sa cohérence iconographique. La plupart des thèmes chers à cette époque charnière ont en effet été rassemblés de manière à former un ensemble à la fois didactique et témoin de la piété du temps. Son étude prouve à quel point les églises des hautes vallées pyrénéennes étaient alors considérées comme le centre de la vie villageoise, et comment tous les efforts de la communauté visaient à la mise en place de décors prestigieux. Des corrélations à la fois stylistiques et iconographiques avec d’autres cycles prouvent par ailleurs que cet ensemble peint est totalement inscrit dans son contexte régional.
Georges BACCRABÈRE, Réchauds toulousains des XVIe-XVIIIe siècles
Ces réchauds de table portatifs servaient à réchauffer les aliments, les plats étant posés sur la coupe supérieure du réchaud qui contenait la braise. Ils possèdent des anses latérales et un pied généralement évasé.
La série présentée est constituée de pièces recueillies à Toulouse à l’occasion de travaux entre 1960 et 1973. Elle comprend des réchauds de la seconde moitié ou de la fin du XVIe siècle, du début ou de la première moitié du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle. Les datations proposées reposent sur l’évolution des formes et des décors et sur les autres céramiques et les monnaies qui les accompagnaient.
Nicole ANDRIEU, L’église de Montesquieu-Volvestre au XIXe siècle : le rôle de la Fabrique
Au début de l’année 2001, des travaux prévus dans la sacristie ont nécessité de vider entièrement les lieux pour mettre à l’abri meubles et objets. L’inventaire complet réalisé à cette occasion a permis de retrouver trois registres manuscrits correspondant à deux cahiers de délibérations du Conseil de Fabrique, couvrant à peu de choses près la période concordataire, du 14 septembre 1804 au 30 avril 1905, et un livre de délibérations du Bureau des Marguilliers, pour une période plus restreinte allant de 1833 à 1885.
Ces documents, outre qu’ils renseignent sur les acquisitions d’objets d’orfèvrerie ou d’ornements sacerdotaux, témoignent des grandes difficultés rencontrées par les paroisses pour passer de la gestion d’Ancien Régime à la gestion concordataire.
Louis PEYRUSSE, Un projet d’Henri Labrouste pour l’église Saint-Aubin de Toulouse (1844)
Henri Labrouste a concouru en 1844 pour la construction de l’église Saint-Aubin, concours très tendu où le Conseil des Bâtiments civils imposa un choix éclectique calamiteux contre la volonté toulousaine éprise de modernité. Labrouste échoua. Les dessins jamais reproduits avant 2002 n’ont guère été regardés. Or il s’agit d’un modèle d’église très original : un édifice à plan centré avec une courte nef, coiffé d’une coupole rappelant la tradition toscane. Dans la querelle des styles si vive alors, le projet offre un jalon important : Labrouste réinscrit dans la création l’obligation de réfléchir sur les modèles de la Renaissance, avec un plan et des formes très en avance en 1844.
Bulletin de l’année académique 2001-2002
Les procès-verbaux des séances de la Société rendent compte de ses différentes activités, reproduisant en particulier les discussions qui suivent les communications, que celles-ci soient publiées ou non dans les Mémoires. On y trouvera aussi des informations sur des fouilles archéologiques, des restaurations en cours ou des découvertes diverses à Toulouse et dans la région ainsi que des compte rendus et des notes variées : Un ostensoir du XVIIe siècle trouvé à Montesquieu-Volvestre ; une tête d’évêque retrouvée en remploi à Cahors ; Les couvents des Dominicains et des Franciscains à Rieux-Volvestre ; L’or de Tolosa ; un document de la fabrique de faïence Fouque et Arnoux ; François-Martin Lebrun, 1799-1845. Architecte théoricien du béton ; Architecture civile médiévale à Lauzerte ; Les maisons médiévales de Puycelsi ; Une scène de guérison sur un chapiteau roman en provenance de Sainte-Foy de Conques ; Le souvenir de l’édifice antique de la Daurade à travers légendes et traditions médiévales ; Les débuts de l’architecture gothique en Gascogne centrale ; Les peintures murales de la maison Lobios à Moissac ; La restauration des peintures murales de l’église de La Masse ; La restauration de La Visitation à la cathédrale de Cahors ; La tour de Palmata à Gaillac ; deux anges adorateurs du maître-autel de l’église Saint-Jacques de Montauban…
Les marbres de Caunes. Marbriers et sculpteurs aux XVIIe et XVIIIe siècles. Journée d’étude à Auterive (Haute-Garonne).
Après la présentation des autels du XVIIIe siècle de l’église Saint-Paul d’Auterive, l’après-midi a été consacrée à des communications suivies de discussions : Jean-Louis BONNET, L’exploitation des marbres de Caunes et de Félines en Minervois (XVIIe siècle) ; Jean-Claude FAU, Les anges adorateurs de Saint-Jacques, à Montauban ; Pascal JULIEN, Extraction et transport des marbres royaux pyrénéens ; Bruno TOLLON, Commande et processus de création.
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