Mémoires
de la Société Archéologique
du Midi de la France

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     Tome LXIV (2004)

SOMMAIRE

 

Georges BACCRABÈRE, Fosse gallo-romaine au sud de la rue des Pénitents-Blancs (quartier Saint-Georges) à Toulouse

Lors travaux effectués en mars 1973, une fosse a pu être fouillée par J.-P. Claria, qui y recueillit un ensemble de débris antiques, du Haut et du Bas-Empire.
            La céramique du Haut-Empire comprend des sigillées (un bol, un pot, des restes de mortiers et une assiette) auxquels s’ajoutent un morceau de disque de lampe, un pichet, un fragment de tirelire. Un fond de bassin, un fragment de plat, une grande terrine, une coupe, des restes de pots, de cruches et d’amphores appartiennent au Bas-Empire.
            Il semble que la zone du quartier Saint-Georges était alors utilisée comme un dépotoir à l’intérieur des murs de la cité.

Olivier TESTARD, La porte Miégeville de Saint-Sernin de Toulouse : proposition d’analyse iconographique

Les clefs de la simonie, du nicolaïsme et des hérésies habituellement utilisées ne permettent pas d’ouvrir complètement la signification du portail, et de comprendre le rôle d’un programme iconographique conçu pour être présenté au public. Le passage en revue du potentiel de signification de chacune des figures et des comparaisons avec des portails voisins, dont Moissac, permettent de reconstituer la signification globale du portail, et de dégager quelques règles qui ont permis d’élaborer un tel programme. On peut retrouver des équivalents dans la technique du sermon et la mnémotechnique. Autour du tympan de l’Ascension est développée une réflexion ecclésiologique qui vient à l’appui à la réforme grégorienne et de l’institution canoniale.

 

Christophe BALAGNA, À la redécouverte d’un important édifice médiéval de Gascogne centrale : l’ancienne abbaye de La Case-Dieu (Gers)

L’ancienne abbaye des Prémontrés de La Case-Dieu compte parmi les principales communautés monastiques de Gascogne au Moyen Âge. En dépit d’une histoire mal connue et de la disparition complète des bâtiments religieux, il est désormais possible, grâce à la redécouverte d’éléments sculptés disséminés aux alentours, de mieux apprécier l’évolution de l’architecture et du décor de l’église abbatiale et du cloître médiévaux. Il apparaît alors que celle-ci fut sans doute construite dans la deuxième moitié du XIIe siècle et les premières années du XIIIe siècle, suivant le modèle de certaines abbayes cisterciennes de Gascogne, comme par exemple celle de Flaran. Quant au cloître, les quelques bases et chapiteaux subsistant témoignent d’une construction à la fin du XIIIe siècle et au début du siècle suivant, caractéristique du style gothique qui se diffuse alors très largement dans tout le Midi de la France.

 

Adeline BÉA, L’église paroissiale Notre-Dame de l’Assomption de Fanjeaux : de nouveaux éléments sur un chantier de la fin du XIIIe siècle 

Si l’église paroissiale de Fanjeaux est une église gothique bien datée grâce au texte de la pierre de fondation, la lecture du contrat préalable à sa construction permet de mettre en lumière des éléments nouveaux. L’évolution des formes et du décor est lisible au fur et à mesure de l’avancée du chantier et l’église paraît incarner, dans le troisième quart du XIIIe siècle, le point de rencontre des influences du Haut-Languedoc et du Bas-Languedoc, au moment où l’architecture religieuse affirme ses caractères propres. Plus encore, son étude permet de discerner la définition de certains principes architecturaux et le mouvement de standardisation qui ont eu lieu au cours de la première moitié du XIVe siècle dans les anciens pays du Bas-Languedoc. 

 

Patrice CABAU, Laurent MACÉ, Dominique WATIN-GRANDCHAMP, Deux inscriptions du cloître de l’ancienne Maison de l’Hôpital Saint-Jean de Jérusalem à Toulouse (XIIIe siècle)

En 1997, l’exploration d’un espace condamné au XVIIe siècle à proximité du grand escalier de l’Hôtel des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem a fait découvrir deux nouveaux enfeus adossés au mur nord de l’ancienne église Saint-Rémi et révélé deux inscriptions insolites. La première, placée à côté de l’entrée de l’église, est gravée sur marbre. Elle publie le résumé d’une énigmatique charte de donation concédée aux Hospitaliers, en 1216, par un certain Pierre Nègre, qui apparaît comme le « cordonnier de Saint-Jean ». La seconde, placée au fond d’un enfeu, est exceptionnellement peinte sur marbre ; elle est malheureusement très dégradée. Il s’agit de l’épitaphe d’un chevalier appartenant à une famille très liée à l’Ordre de Saint-Jean. Ce personnage peut être très vraisemblablement identifié comme étant le Pierre de Toulouse qui fut viguier du comte Raymond VII de 1235 à 1243 et qui mourut entre 1251 et 1257.

 

Sandrine CONAN, La Casa Julia à Perpignan : un exemple de demeure patricienne, XIVe-XVe siècles

Sise 2 rue des Fabriques d’en Nabot, dans le quartier historique de la paroisse Saint-Jean à Perpignan, la Casa Julia qui porte aujourd’hui le nom d’une famille bourgeoise perpignanaise, propriétaire du XIXe siècle au début du XXe, est attribuée à un pareur de drap, un certain Joseph Nebot ou Nabot, selon une tradition qui se base semble-t-il, en l’absence de texte, sur la toponymie locale.
            Intégrées dans un vaste ensemble, dont le fonds n’est achevé qu’au début du XXe siècle, les parties médiévales n’en restent pas moins lisibles. Avec ses deux corps organisés autour d’une cour et dominés par une tour angulaire, il s’agit là d’un exemple traditionnel de demeure patricienne méditerranéenne. Organe majeur de la distribution, la cour conserve ses galeries superposées qui desservent au premier étage une grande salle, aux dimensions exceptionnelles, couverte d’un plafond peint partiellement conservé. De moindres dimensions, le corps arrière comporte, à l’instar du corps principal, trois niveaux, dont le dernier était couvert par une charpente apparente.

 

François BORDES, Une perception de l’espace urbain : cortèges officiels et processions générales à Toulouse du XIVe au XVIe siècle

L’étude des parcours de processions ou d’entrées de personnages importants au bas Moyen Âge et à la Renaissance permet d’appréhender l’appropriation de l’espace public par la communauté et ses représentants. Les différents trajets de la procession du Corpus Domini, en particulier, mettent en lumière un certain nombre de lieux symboliques de Toulouse (l’église du Taur, la basilique Saint-Sernin et la cathédrale Saint-Étienne), qui renvoient à l’histoire de ses origines chrétiennes et qui apparaissent comme autant de marqueurs de son identité religieuse collective. En suivant leur double circumambulation dans le Bourg et la Cité, on redécouvre également une ville comme fossilisée dans une configuration bien antérieure, qui correspond peut-être à celle de l’époque des comtes (XIIe siècle). Au contraire, l’entrée des rois ou des grands officiers emprunte des parcours linéaires traversant la ville de part en part comme pour mieux en prendre possession. Les portes des murailles (en particulier celle d’Arnaud-Bernard) en marquent le départ et l’ancien château comtal, devenu palais royal, en est souvent le terme ou du moins l’une des étapes incontournables. Tous ces parcours renvoient à l’histoire de la naissance de Toulouse autour de ses deux noyaux primitifs qui se trouvent ainsi symboliquement réunis. Empruntant pour la plupart l’ancien cardo maximus d’époque romaine, ils montrent aussi la permanence d’une voirie antique encore extrêmement vivante. 

 

Bernard MONTAGNES O. P., Maurice PRIN, Le tombeau des martyrs d’Avignonet aux Jacobins de Toulouse

Lors de la reconnaissance en 1690 des reliques des dominicains massacrés à Avignonet en 1242, les trois tombeaux étaient disposés dans l’église des fidèles (nef de droite), dans la chapelle de la sixième travée dite chapelle de saint Hyacinthe, anciennement de saint Nicolas. La tradition ancienne du couvent tenait que les trois tombeaux avaient été placés là en 1383. Cet emplacement était le troisième lieu d’ensevelissement des martyrs.
            Après l’ensevelissement immédiat dans le chœur des Frères, c’est-à-dire dans la nef de gauche, à gauche de l’autel, du côté de l’Évangile, l’agrandissement de l’église entre 1245 et 1252 entraîna le déplacement des tombeaux dans la chapelle de la sixième travée, dite de saint Érasme ou du Crucifix. Or la construction, achevée en 1374, du mausolée de saint Thomas d’Aquin, quasiment devant la chapelle Saint-Érasme, ne pouvait qu’éclipser la dévotion aux reliques des martyrs. En 1383, déplacer leurs tombeaux, dans la même travée de l’église, de la chapelle Saint-Érasme à la chapelle symétrique Saint-Nicolas, sans rien ôter à la gloire de saint Thomas d’Aquin, exaltait les bienheureux martyrs.
            Dans les années 1860, la reprise du procès en reconnaissance de culte des martyrs d’Avignonet ramena l’attention sur les vestiges archéologiques, sur les sources historiques et sur les reliques vénérables. L’iconographie, en particulier par le talent du peintre dominicain Jean-Baptiste Besson, se mit au service de la dévotion aux bienheureux martyrs.

 

Georges COSTA, La chapelle Notre-Dame du Rosaire aux Jacobins de Toulouse, une œuvre de Pierre Levesville

L’histoire de la construction de la chapelle d’axe de l’église est liée à la dévotion à la Vierge et au développement de la pratique du Rosaire. On sait que déjà dédiée à la Vierge, elle fut d’abord construite comme les autres à l’alignement des contreforts qui la cantonnaient. Elle porta ensuite le vocable de Notre-Dame de Grâces avant d’être définitivement désignée sous le titre de Notre-Dame du chapelet ou du Rosaire. La confrérie du Rosaire avait été établie dans le couvent de Toulouse en 1492 et c’est en raison de la progression de la dévotion que la chapelle fut reconstruite à deux occasions. Elle le fut une première fois en 1527, par le maître maçon toulousain Michel Colin, mais il ne reste de cet ouvrage que la voûte en étoile lancée entre les contreforts. 
            Après les années troublées des guerres civiles de la seconde moitié du XVIe siècle, la réforme du couvent entreprise par le Père Sébastien Michaelis, fondateur de la « Congrégation réformée occitaine », permit un retour à la stricte observance de la règle et donna une forte impulsion à la pratique des exercices du rosaire. Dès 1609, on avait délibéré de reconstruire la chapelle pour l’adapter aux nouvelles pratiques de dévotion. Mais ce n’est qu’en 1615 qu’on fit appel à l’architecte Pierre Levesville, qui donna les plans et dirigea la construction de la chapelle de plan carré actuelle, couverte d’une voûte en arc de cloître surhaussé dont la couverture de briques taillées forme le dôme à quatre pans. 

 

Yves et Marie-Françoise CRANGA, Le parc à fabriques du château de Pompignan : une illustration de l’art des jardins dans le Midi de la France 

L’intérêt sans cesse croissant pour l’art des jardins a permis la découverte ou la redécouverte de jardins dignes d’intérêt, qu’il soit botanique, historique ou paysager. Le parc oublié du château de Pompignan, dans le Tarn-et-Garonne, porte la marque d’une grande histoire dont témoignent encore quelques vestiges architecturaux. Un ensemble de dessins exécutés au début du XIXe siècle permet d’inscrire le parc à fabriques représenté dans le renouveau de l’art des jardins initié au milieu du XVIIIe siècle. S’agit-il de l’œuvre à part entière de Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, le marquis poète dont la vie se confond avec cette retraite champêtre ? Ou bien Jean Georges Louis Marie, son fils, s’est-il inscrit dans une logique de continuité historique, par devoir de mémoire ou par conformité à la mode du temps ? Toujours est-il que le parc de Pompignan est le précieux témoignage provincial d’un art abouti.

 

Jean-Michel LASSURE, L’atelier de potiers Laffont à Cox (Haute-Garonne) 

Au terme de recherches portant sur plusieurs ateliers de potiers de Cox datant de la seconde moitié du XIXe siècle et ayant conservé leur installation de cuisson, il est possible d’établir que, le plus souvent, une construction à usage artisanal a été accolée à une maison préexistante ou édifiée à l’écart. Les locaux à usage artisanal de la « poterie » Laffont ont par contre été construits en même temps et rationnellement disposés en fonction des étapes successives de la fabrication. L’eau de la toiture était recueillie dans une mare où était puisé le liquide nécessaire au travail de l’argile. À proximité de l’appartement, un puits fournissait l’eau nécessaire aux besoins domestiques.
            Le four de l’atelier Laffont montre de grandes similitudes avec ceux des autres ateliers étudiés en ce qui concerne son implantation dans l’angle formé par deux murs en terre banchée, son orientation nord-sud, et son plan. Ces caractéristiques et des dimensions très voisines laissent supposer que, comme toutes les installations de cuisson qui lui sont contemporaines, il est l’œuvre d’un artisan spécialisé.

 

Bulletin de l’année académique 2003-2004

Les procès-verbaux des séances de la Société rendent compte de ses différentes activités, reproduisant en particulier les discussions qui suivent les communications, que celles-ci soient publiées ou non dans les Mémoires. On y trouvera aussi des informations sur des fouilles archéologiques, des restaurations en cours ou des découvertes diverses à Toulouse et dans la région ainsi que des comptes rendus et des notes variées : Le tronc de la Confrérie des Corps-Saints à Saint-Sernin de Toulouse ; Fontaines de Toulouse ; Le chapitre de la cathédrale d’Auch au XIIIe siècle ; le récent retour des éléments sculptés du cloître de Berdoues (Gers) ; Une peinture murale civile gothique de Villefranche-de-Rouergue ; Guillaume de La Perrière et la publication des Annales de Foix en 1539 ; La restauration des peintures murales du XIVe siècle de l’église du Taur à Toulouse ; Les clochers « limousins » : origine, filiation et signification liturgique ; Guillaume de La Perrière (1499-1554). Un humaniste à l’étude du politique ; Importations d’amphores dans le sud-ouest de la Gaule au Bas-Empire et pendant l’Antiquité tardive ; La cloche ancienne de Lherm (Haute-Garonne) ; bibliographie de John Hine Mundy ; La multipropriété à Cahors au Moyen Âge ; Le devenir de l’hôpital Gérard-Marchant… 

 


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