Mémoires |
SOMMAIRE
Louis LATOUR, Les lampes à huile antiques d’Auterive (Haute-Garonne)
L’étude des lampes à huile d’Auterive montre la romanisation rapide de la basse vallée de l’Ariège du Ier siècle avant J.-C. au premier siècle de notre ère. Alors que les couches gauloises du second Âge du Fer renferment encore des lampes d’origine campanienne ou de tradition grecque et leurs imitations locales ou régionales, les couches plus récentes révèlent un afflux de lampes italiques où dominent les décors de tradition romaine illustrant la mythologie et les scènes populaires des jeux de cirque. Les lampes à têtes d’oiseaux subsistent encore, plus rares, ainsi que les lampes à anses rubanées et à bec pourvu d’un canal, mais les lampes à bec triangulaire, sans canal et sans anses, deviennent le type le plus fréquent, caractéristique de la première moitié du Ier siècle de notre ère.
Vincent GENEVIÈVE, Les monnaies des établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane. I. Le trésor d’antoniniani dit de Bergès II et les autres trésors monétaires de la fin du IIIe siècle ap. J.-C.
Des quatre trésors monétaires exhumés durant les dix dernières années du XIXe siècle sur le territoire des communes de Martres-Tolosane et de Cazères (Haute-Garonne), aucun ne le fut par Léon Joulin en personne. Tous sont issus de trouvailles fortuites, réalisées lors de travaux agricoles alors que le savant travaillait dans la région. Fort heureusement, ces découvertes rapidement dispersées ont été consignées dans son volumineux mémoire, publié en 1901, sur les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane. Dans ce premier article, consacré aux monnaies découvertes par Léon Joulin durant ces années, nous analyserons à nouveau les nombreuses publications qui concernent ces quatre trésors monétaires de la fin du IIIe siècle en nous appuyant notamment sur un manuscrit rédigé par Michel Labrousse en 1948. Cette étude portera plus particulièrement sur le trésor dit Bergès II dont plusieurs centaines de monnaies ont été retrouvées dans le médaillier du musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse.
Valérie ROUSSET, L’église Saint-Martin à Mayrinhac-Le-Francal (Rocamadour, Lot)
Le petit bourg de Mayrinhac-Le-Francal s’est développé autour d’un petit prieuré bénédictin de l’abbaye de Tulle (en Corrèze) sur la voie de pèlerinage reliant la vallée de la Dordogne à Rocamadour. Il ne subsiste de cet ensemble monastique que l’église Saint-Martin, haut et étroit vaisseau de pierre adoptant un plan en « double boîte », dont les murs conservent les traces de multiples phases de construction. Un premier état, daté de la première moitié du XIe siècle, est illustré par le chœur quadrangulaire et la première travée de la nef. Il est caractérisé par d’étroites fenêtres construites en claveaux de travertin et par des contreforts semi-cylindriques uniques dans le Midi. À une phase de construction du XIIe siècle succède durant la guerre de Cent Ans une nouvelle campagne de travaux ayant pour objectif de fortifier l’église qui sera dotée dans la seconde moitié du XVe-début XVIe siècle d’une citerne intérieure motivant alors la surélévation du niveau de sol de la nef.
Virginie CZERNIAK, Jean-Marc STOUFFS, Myriam TESSARIOL, Floréal DANIEL, Les figures peintes et la polychromie du portail occidental de la cathédrale Saint-Étienne de Cahors : une étude pluridisciplinaire
La cathédrale Saint-Étienne de Cahors a conservé d’infimes témoignages de son décor peint extérieur et de la polychromie de son portail principal, vraisemblablement réalisé à la fin du XIIIe siècle. Ces éléments ont pu être comparés aux peintures médiévales conservées à l’intérieur de l’édifice au revers du massif occidental, mais cette mise en parallèle méritait d’être confortée par de plus amples investigations, en raison de la lisibilité relative de ces peintures extérieures. Des prélèvements et des analyses physico-chimiques ont donc été réalisés, et les résultats obtenus permettent d’avoir une connaissance plus complète du précieux decorum extérieur de l’une des grandes cathédrales du Midi, un aperçu auquel l’histoire de l’art seule ne pouvait accéder que partiellement.
Gilles SÉRAPHIN, Le château médiéval de Blanquefort-sur-Briolance
Le château de Blanquefort, situé en Agenais, résulte de la recomposition au XIXe siècle d’éléments apparemment disparates des XIIIe et XVe siècles. Le castrum qui l’a précédé apparaît dans la documentation dans la première moitié du XIIIe siècle ; il est vraisemblable qu’il ait été fondé par les seigneurs voisins de Fumel sur l’ancienne paroisse Notre-Dame de Veyrines, en liaison avec un prieuré de la Sauve-Majeure. L’analyse de l’édifice montre que sur les ruines des constructions (maisons de milites ?) qui voisinaient la turris primitive fut établie une seconde turris à l’époque (milieu du XIIIe siècle) où les Fumel furent contraints de partager la seigneurie avec un second lignage, les Pujols. Restés seuls maîtres des lieux, les Pujols réunifièrent le site à partir de la fin du XIIIe siècle. À la fin du XVe siècle, Bérenger de Roquefeuil (alias Pujols) entreprit la modernisation de l’ensemble en ajoutant notamment des logis flanqués par une tour militaire. Ce chantier sera vite interrompu au profit de celui de Bonaguil, situé quelques kilomètres plus à l’ouest. Du XIIIe siècle subsistent notamment les vestiges des deux tours maîtresses et des bâtiments qui les voisinaient, d’une courtine merlonnée, d’un logis avec tour adossée et d’un corps de garde. La mieux conservée des deux tours maîtresses présente une architecture archaïque (fenêtres) qui l’a fait passer pour un ouvrage « roman ». La tour militaire du XVe siècle présente une mixité intéressante d’équipements défensifs, résidentiels et domestiques qui conduisent à s’interroger sur les concepts typologiques.
Lisa BARBER et Michèle PRADALIER-SCHLUMBERGER, Notre-Dame du Clocher et le clocher de Noguès à Lescure (Ariège)
Le clocher de Noguès se dresse encore à côté de l’église en ruine de Notre-Dame du Clocher, connue à l’origine sous le nom de Notre-Dame Descoemps. Ce qu’on peut connaître de l’histoire de cette église réside dans les quelques documents qui subsistent pour les origines, en particulier une Bulle papale datée de 1195, dans les registres notariaux du XVIe siècle, les visites épiscopales du XVIIIe siècle et les registres municipaux du XIXe siècle. L’architecture de l’église et de la tour clocher surtout est ici analysée, révélant une histoire compliquée de la construction est des restaurations à différentes périodes.
Pascal JULIEN, Gervais Drouet et le retable majeur de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse (1662-1667) : l’honneur d’un sculpteur
« Gervais Drouet, inventeur de cet autel, na faict de ces mains que le lapidement de St Estienne. 1670 ». Gravée sur une large plaque de marbre noir, cette étonnante inscription est apposée, bien en vue, au bas de l’immense retable majeur de la cathédrale de Toulouse. Dans le domaine de l’art sacré, rares sont les œuvres portant signature de leur auteur, sinon, parfois, au revers d’une statue ou sous l’apprêt d’une dorure, en toute discrétion et parfaite humilité. En ce sens, il n’existe rien d’équivalent à l’ostentatoire revendication du sculpteur Gervais Drouet.
Nombre de documents permettent de retracer les circonstances et les diverses phases de la construction de cet imposant ensemble, voulu par les chanoines de la cathédrale pour dépasser en splendeur tout autre retable de la région. Ils confièrent cette surenchère décorative à un artiste au talent déjà très affirmé. Héritier des sculpteurs de retable de l’ouest de la France, formé à Rome auprès des plus grands maîtres de son temps mais aussi riche d’une profonde inventivité, Gervais Drouet sut allier l’ampleur monumentale, la sophistication des décors et la recherche des mises en scène. Et si son ombrageuse fierté l’incita à défendre son honneur par l’écrit, c’est bien parce qu’il l’avait mise en jeu dans l’exceptionnelle ambition de son art, dans l’un des plus beaux retables du XVIIe siècle, arc de triomphe de la sculpture.
Jeanne BAYLE, L’ancien archevêché de Toulouse jusqu’à Mgr Colbert
L’ancien archevêché de Toulouse, devenu préfecture, paraît homogène et semble remonter au temps de Mgr Colbert à l’extrême fin du XVIIe siècle. Mais il conserve des traces importantes des palais précédents. On ignore tout des bâtiments du XIIIe siècle, à l’exception de la chapelle dont on connaît le carrelage. Les constructions du XVe siècle ont imposé leur présence. Leur sont dus le plan d’une grande partie de l’aile gauche, l’élévation des murs de cette même aile au rez-de-chaussée et au premier étage et l’emplacement de l’aile sur jardin. Les agrandissements du cardinal François de Joyeuse à la fin du XVIe siècle ne sont plus visibles, mais la régularisation de la façade sur jardin de l’aile gauche par Charles de Montchal annonce les travaux analogues de Mgr Colbert dans la cour d’honneur.
Georges COSTA, Travaux d’art aux Jacobins de Toulouse sous le règne de Louis XIII
Le couvent des Jacobins a connu, sous le règne de Louis XIII, une activité artistique traduisant le renouveau de la dévotion favorisé par le retour à l’observation de la règle. Parmi les ouvrages les plus notables qui furent commandés alors, figure le retable de l’autel majeur dans le chœur des religieux, œuvre du sculpteur Antoine Morizot pour la boiserie, avec un tableau peint par Jacques de la Carrière (1611). Le second chantier concerne la construction, en 1615, de la chapelle du Rosaire, qui reçut un riche décor où intervinrent, pour le retable, le menuisier Louis Behorry et le sculpteur Artus Legoust, et pour ses tableaux le peintre Jean de Salinge (1618). Ce décor, couvrant le mur du fond, fut doré et peint par Bernard Saint-Gaudens (1621). Enfin on ne saurait passer sous silence, bien que plus tardives, les peintures du dôme, commandées au peintre Paul Romiguières (1656). Mais le chantier le plus prestigieux fut celui du nouveau mausolée construit pour recevoir les reliques de saint Thomas d’Aquin, conservées dans une châsse due à l’orfèvre parisien Jean II de Laon (1619-1621). Le monument, imaginé par deux convers du couvent, les frères Claude Borrey et Jean Raymond Renard, était remarquable par son plan, ses dimensions, ses sculptures et ses marbres. Il fut inauguré en 1628. Parmi d’autres travaux, on peut citer la reconstruction de la chapelle de la confrérie des marchands, dite aussi chapelle des Trois Rois, qui ouvrait sur le petit cloître. Elle était ornée d’un remarquable plafond à caissons, comportant soixante quatre portraits des rois de France et de personnages tirés de l’histoire sacrée, peints par Gabriel Rivet (1623).
Jean-Claude BOYER, Un « May » en Gascogne : l'Assomption d'Antoine Coypel, de Notre-Dame de Paris à Mirande
L’église paroissiale Notre-Dame de Mirande (Gers) conserve une grande Assomption, (classée MH en 1981) restée jusqu’ici anonyme. La toile, qui provient de l’ancienne abbaye de Berdoues où elle se trouvait à la Révolution, fut acquise par la municipalité en 1806, avec l’ensemble de son autel. Un document des Archives Nationales (publié en annexe) confirme cette provenance et montre que l’oeuvre était alors attribuée – sans fondement – à Rubens. En réalité son style désigne une œuvre de jeunesse du parisien Antoine Coypel (1661-1722). Plus précisément, il s’agit de son May de 1680, pour lequel deux dessins préparatoires (l’un à l’Ashmolean Museum d’Oxford, l‘autre récemment passé en vente publique) ont pu être repérés. Dans sa très brillante carrière, la commande de l’Assomption marquait une étape dont l’importance fut immédiatement soulignée par le Mercure galant. Mais dans la célèbre série des Mays, offerts de 1630 à 1707 à Notre-Dame de Paris par les orfèvres de la capitale puis dispersés à la Révolution, le tableau aujourd’hui à Mirande est à part : créé à un moment de crise, il semble en effet probable qu’il ne fut jamais mis en place dans la cathédrale. Les circonstances de son arrivée à Berdoues sont inconnues. On peut seulement attirer l’attention sur la visite qu’y fit en 1743 Nicolas-Philibert Guyot, abbé de sa maison-mère (Morimond, au diocèse de Langres), qui passe pour avoir été actif amateur d’art.
Bulletin de l’année académique 2006-2007
Les procès-verbaux des séances de la Société rendent compte de ses différentes activités, reproduisant en particulier les discussions qui suivent les communications, que celles-ci soient publiées ou non dans les Mémoires. On y trouvera aussi des informations sur des fouilles archéologiques, des restaurations en cours ou des découvertes diverses à Toulouse et dans la région ainsi que des comptes rendus et des notes variées : La collégiale Saint-Étienne de Capestang, un chantier exceptionnel de la première moitié du XIVe siècle ; Remarques sur le thème de l’Ascension à la porte Miégeville ; Le rayonnement de Saint-Sernin de Toulouse à travers les associations de prière au Moyen Âge ; Gervais Drouet et le retable majeur de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse (1662-1667) : l’honneur d’un sculpteur ; L’église de Baccarrisse (commune de Gazax-Baccarrisse, Gers)…
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