SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE

DU MIDI DE LA FRANCE

 

BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
2008-2009

 

Depuis 1989, les comptes rendus des séances sont publiés dans le Bulletin annexé au volume de Mémoires de l'année, et sont  disponibles en version électronique. Voir les sommaires des Mémoires.

Version de pré-publication


SÉANCE DU 7 OCTOBRE 2008

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Cazes, Labrousse, Napoléone, Pousthomis-Dalle, MM. Bordes, Catalo, Garland, le Père Montagnes, Peyrusse, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Barber, Félix, Fournié, Friquart, Fronton-Wessel, Haruna-Czaplicki, Jiménez, Krispin, MM. Barber, Burroni, Le Pottier, Loppe, Mange, Mattalia, Stouffs, Surmonne, membres correspondants;
Excusés : Mme Andrieu, MM. Boudartchouk, Corrochano, Molet, Pradalier.
Invitée : Mlle Laporte.

La Présidente déclare ouverte l’année académique 2008-2009 et présente le calendrier en invitant les membres qui le souhaiteraient à s’inscrire pour une communication dans les créneaux encore libres. Elle ajoute que la séance prévue le 18 novembre au Musée Saint-Raymond pour la visite de l’exposition Marbres, hommes et dieux : vestiges antiques des Pyrénées centrales, a été déplacée au 25 novembre en raison des disponibilités de M. Robert Sablayrolles.

Cette année commence alors que la Société Archéologique du Midi de la France est en deuil de trois de ses membres, disparus pendant l’été : Gabriel Manière qui suivait avec attention nos travaux malgré son âge avancé nous a quitté ; Jeanne Bayle est décédée deux mois après avoir été opérée ; Jean Rocacher s’est noyé sur la plage de Sète un jour de mer très mauvaise.

La Présidente donne la parole à Louis Latour pour l’éloge funèbre de Gabriel Manière :

Gabriel MANIÈRE
1909-2008

Notre ami Gabriel Manière s’est éteint à Cazères, au mois de juin, à l’âge de 98 ans.
            C’est un chercheur infatigable qui nous a quittés après avoir défriché de très nombreux sites antiques et médiévaux du Volvestre et du Comminges.
            Son activité s’est exercée d’abord dans sa ville natale, Cazères, et dans ses annexes Saint-Cizy et Saint-Vincent de Couladère. Aidé de son épouse et d’une solide équipe d’archéologues amateurs, Gabriel Manière a parcouru la région, inventorié et fouillé de nombreux sites, et relevé avec précision les voies antiques qui les reliaient.
            L’importante bibliographie que nous avons établie – sans doute encore incomplète – témoigne de cette activité inlassable : soixante-six publications parues essentiellement dans la Revue de Comminges, nos Mémoires, Gallia, Pallas et Ogam-tradition celtique.
            Ses fouilles et ses études principales ont concerné surtout les sites d’Aquae Siccae à Saint-Cizy et de Saint-Vincent de Couladère, à Cazères. Ses découvertes les plus importantes furent sans doute les fonts baptismaux de Cazères et de Salles-sur-Garonne, et le temple antique des carrières souterraines de Belbèze-en-Comminges. Mais, au-delà de ces études majeures, les récits des découvertes fortuites et les descriptions des objets recueillis émaillent depuis un demi-siècle les chroniques de la Revue de Comminges et révèlent l’étendue de la colonisation antique dans le sud de notre département.

Gabriel Manière appartenait à cette génération d’archéologues amateurs qui, dans la continuité des pionniers du XIXe siècle, se dévouaient corps et esprit à la recherche et à la fouille des sites antiques, maniant la pioche et la pelle qu’ils délaissaient ensuite pour l’étude et la recherche livresque, compensant le manque de formation initiale par une insatiable curiosité et un effort intense d’analyse et de synthèse. Il vouait une admiration sans borne à Michel Labrousse qui assumait à lui seul toutes les tâches de la Circonscription dévolues aujourd’hui au Service régional de l’archéologie, le S.R.A. Il évoquait avec nostalgie l’époque des chercheurs passionnés et brocardait parfois les archéologues modernes qui accumulent graphiques, statistiques et rapports de laboratoires…

Gabriel Manière était aussi un humaniste, à tous les sens du terme. Nourri de culture latine, il a passé les derniers mois de sa vie à relire ses auteurs anciens favoris, puis à méditer sur les fins dernières. Humaniste, il l’était aussi en ce sens que « rien de ce qui était humain ne lui était étranger ». L’amitié était pour lui quelque chose d’essentiel ; ses prospections dans le Volvestre et le Comminges avaient multiplié les contacts et les amitiés : à Cazères, bien sûr, mais aussi à Martres, Boussens, Saint-Martory, Lavelanet… et dans de nombreux petits villages. Ses amis s’adressaient souvent à lui pour lui demander articles ou causeries sur l’histoire antique et médiévale de leurs petites communes. Gabriel Manière hochait un peu la tête mais répondait toujours favorablement à ces fréquentes requêtes.

Touché par l’âge et par la maladie, il ne pouvait plus venir à nos séances mais, au cours de nos longues conversations téléphoniques, il me rappelait son amitié pour notre Société et pour ses membres, en particulier les plus anciens, ne manquant aucune occasion de nous redire son amicale fidélité et son soutien à notre travail de mémoire et de recherche. Ses nombreuses publications et les diapositives de ses fouilles de Belbèze qu’il nous a données récemment, nous aideront à conserver vivant le souvenir de cet archéologue infatigable et de cet ami fidèle.

 

La Présidente remercie Louis Latour pour ce portrait très chaleureux de notre confrère disparu, puis elle évoque la mémoire de Jeanne Bayle :

Hommage à Jeanne Bayle

Née en 1920, originaire de Bourgogne, Jeanne Bayle fit des études de Lettres Classiques à la Sorbonne, avant d’entrer à l’École des Chartes, dont elle sortit en 1942, après avoir fait une thèse sur les églises romanes à vaisseau central et collatéraux éclairés, à travers le cas de Saint-Étienne de Nevers. Elle suivit ensuite les cours de l’École du Louvre où elle soutint en 1947 une thèse sur la sculpture romane en Côte-d’Or, thèse qui lui permettra d’être jusqu’à son mariage chargée de mission au département des sculptures du Louvre où elle nouera de solides amitiés. Mariée, Jeanne Bayle renonce alors à toute activité professionnelle, pour suivre son mari dans ses différents postes et élever ses deux enfants, mais utilise désormais sa formation de chartiste pour se consacrer à la recherche. Son insatiable curiosité la même dans différents fonds d’archives, dans la Creuse, le Finistère, l’Ariège, la Haute-Garonne enfin au cours des dernières années. Mieux encore, et c’est admirable, sans l’appui rassurant d’une structure universitaire ou administrative, ou d’une équipe de recherche, elle publie inlassablement le résultat de ses recherches, dans les domaines les plus variés. Sa production scientifique éclectique, compte aussi bien les tapisseries d’Aubusson que les terres cuites de Carpaux du Musée de Guéret, les vieilles halles de Quimper, l’abbaye de Boulbonne, l’église de Lézat, Saint-Volusien de Foix, l’archéologie des cantons de Varilhes, de La Bastide-de-Sérou.

La bibliographie de Jeanne Bayle est abondante, trois ouvrages ou participations à des ouvrages : en 1956, avec son amie Michèle Beaulieu, un livre sur Le costume en Bourgogne de Philippe le Hardi à Charles le Téméraire, un Catalogue sommaire des sculptures du Musée de Guéret en 1976, et Varilhes, histoire d’un village ariégeois, paru en 1989, Varilhes, le village de son mari où elle aimait à revenir et à passer l’été et où elle repose à présent.
            On compte une soixantaine d’articles, parus dans les Congrès archéologiques de France, la Bibliothèque de l’École des Chartes, le Bulletin des Musées de France ou le Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques. Jeanne Bayle a également fait profiter de ses recherches les nombreuses sociétés savantes dont elle a été membre : trois articles dans les Mémoires de la Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, deux articles au Bulletin de la Société archéologique du Finistère, dix-sept au Bulletin de la Société ariégeoise des sciences arts et lettres dont elle était secrétaire, huit à L’Auta. Entrée à la S.A.M.F. en 2002, membre titulaire depuis l’hiver dernier, elle nous a fait bénéficier de ses recherches en publiant des articles très importants, fondamentaux pour les chercheurs futurs. Elle aimait les recherches de pure érudition, comme sa mise au point sur le château de Mazerette (M.S.A.M.F. 2006), ou le dernier article qu’elle donna aux Amis des Archives de la Haute-Garonne, paru en juin 2008, Vente d’une plantation à Saint-Domingue en 1784. Elle avait surtout le goût des vastes entreprises, des grands sujets qui l’occupaient plusieurs années de suite et l’amenaient à des inventaires d’archives exhaustifs, ces archives qu’elle aimait tant, en particulier celles des notaires, et au milieu desquelles elle passait ses journées. Ce fut, en 2003, Les livres liturgiques de Philippe de Lévis, évêque de Mirepoix de 1497 à 1537, en 2005 Les peintres-verriers toulousains au XVIe siècle. Après la mort de son mari en 2005, elle se remit courageusement au travail et décida d’explorer un domaine méconnu, celui des menuisiers toulousains au XVIIIe siècle. Elle nous donna un aperçu de la qualité de ses découvertes l’hiver dernier avec une petite intervention au pied levé sur un menuisier toulousain du XVIIIe siècle, Bertrand Trille. Comme toujours, Jeanne Bayle nous livrait un nom d’artisan et un milieu familial, mais elle cherchait et elle trouvait aussi les œuvres, ces émouvantes chaises de capitouls retrouvées au Musée Paul-Dupuy. Elle avait programmé une communication pour l’hiver prochain sur Les artisans du meuble et le mobilier à Toulouse au XVIIIe siècle, la recherche terminée, « si je vais bien » écrivait-elle, le temps de se remettre de la lourde opération de juin dont elle ne s’est pas remise. Jeanne Bayle, toujours présente à nos séances, toujours curieuse et passionnée par tous les sujets, jusqu’à cette ultime séance de juin dernier où elle est encore venue, malgré la douleur, nous manquera terriblement.

 

Henri Pradalier ne pouvant être parmi nous ce soir, l’éloge de Jean Rocacher est reporté à la prochaine séance.

Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 10 juin 2008, qui est adopté à l’unanimité.
            La Présidente souhaite la bienvenue à Frédéric Loppe, pour la première fois présent parmi nous.
            La correspondance manuscrite comprend une lettre de M. René Souriac, Président de la Société des Études du Comminges, qui annonce, en le regrettant, le retard pris par la publication des numéros de l’année 2008 de la Revue de Comminges. Des solutions sont envisagées pour garantir la pérennité de la revue et retrouver une parution régulière.
            Au courrier également divers programmes culturels, des annonces d’expositions et de colloques, et le bulletin de souscription de l’ouvrage tant attendu de Quitterie et Daniel Cazes, La basilique Saint-Sernin de Toulouse. De Saturnin au chef-d'œuvre de l'art roman, publié par les Éditions Odyssée.

Michelle Fournié offre pour notre bibliothèque le volume qu’elle a édité avec Daniel Le Blévec, L’archevêché de Narbonne au Moyen Âge, CNRS-Université de Toulouse-Le Mirail, 2008, 215 p.

La Présidente présente à la Compagnie notre invitée de ce soir, Mlle Laporte, qui travaille sur le même thème que Frédéric Loppe, auquel Michèle Pradalier-Schlumberger donne la parole pour une communication sur les Forts villageois en Toulousain et Montalbanais : quelques exemples de construction, d’aménagement et de mise en défense (vers 1366-vers 1469).

La Présidente remercie Frédéric Loppe pour cette communication sur un sujet très neuf, et d’avoir su décrire de manière aussi concrète et vivante l’aspect de ces « parets ». Faut-il penser que tous ces lotissements n’étaient que des refuges provisoires ? Frédéric Loppe s’appuie sur les textes qui font état de l’insécurité due à la guerre, et de la nécessité de construire des refuges qui permettent de mettre à l’abri, en cas de besoin et temporairement, denrées agricoles, bétail et gens. Frédéric Loppe explique comment le guet est organisé, parfois sur ces distances importantes, pour signaler le danger et avoir le temps de se mettre à l’abri. L’un des problèmes rencontrés, et que ceux qui se voient imposer le guet et la garde des fortifications rechignent à prendre leur tour, ce qui leur vaut des amendes.
            Maurice Scellès fait remarquer que Castelginest et le nouveau quartier de Fronton ne paraissent pas à première vue relever de préoccupations semblables, et que d’ailleurs les parcelles du quartier neuf de Fronton ont des dimensions comparables à celles du reste du village. Frédéric Loppe dit qu’il s’agit en effet de deux solutions très différentes, mais que les textes confirment que l’on a bien affaire à Fronton à une occupation temporaire.
            Bernadette Suau rappelle que Fronton appartient aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, dont les grands prieurs délaissent dès le XIIIe siècle leur résidence toulousaine pour le château de Fronton, qui sera d’ailleurs entièrement brûlé pendant la guerre de Religion. En 1399, le grand prieur est Raymond de Lescure, qui a guerroyé contre les Turcs, et les Hospitaliers en général sont des gens de guerre. En revanche, Castelginest relève du chapitre de Saint-Sernin. Observe-t-on des différences entre ces forts construits par des commanditaires aussi différents ? Frédéric Loppe admet que ce point serait intéressant à examiner.
            Louis Latour soulève des questions de terminologie en notant que le mot « réduit » désigne a priori un fort de dimensions limitées. De fait, les solutions varient, et à Mauvesin, c’est l’église qui sert de refuge pour les semences, mais, à Auterive, le mot « fort » désigne parfois tout aussi bien les fortifications urbaines.
            Répondant à une nouvelle question de Bernadette Suau, Frédéric Loppe précise que les compoix n’ont pas été dépouillés.
            Louis Peyrusse demande s’il faut considérer que la construction en pisé est d’un coût moindre. Frédéric Loppe dit que c’est en effet le cas, en théorie. On a en effet l’impression que la construction en terre est moins chère, mais on a un exemple à Castelnaudary, où les paradiers n’ont pas été retenus parce que la construction en pierre était meilleur marché. Il semble que l’emploi de la terre soit surtout conditionné par l’absence de pierre sur place. Maurice Scellès y ajoute la rapidité de mise en œuvre, et Frédéric Loppe souligne qu’elle ne requiert qu’une main-d’œuvre peu qualifiée placée sous la direction d’un homme de métier.
            Louis Peyrusse relève encore le caractère symbolique que ces forts semblent avoir. Leur réédification ou leur réaménagement pendant les guerres de Religion ne peut guère avoir de valeur militaire. S’agit-il donc de véritables fortifications ou de simples symboles ? Frédéric Loppe considère qu’ils pouvaient permettre de résister à un coup de main et offrir une protection contre une petite bande. La population vit dans une crainte permanente pendant la guerre de Cent ans, et on ressent la nécessité de mettre à l’abri les récoltes, le plus souvent. Les textes citent en tout cas les bandes armées et les Anglais.
            Pour Quitterie Cazes, il faut sans doute faire la différence entre Clermont-le-Fort et sa porte monumentale et un simple enclos. Puis elle observe qu’il serait intéressant que les plans des agglomérations, s’ils devaient être publiés, portent les courbes de niveau.
            Interrogé sur les clefs de ces enceintes, Frédéric Loppe confirme qu’elles sont mentionnées par les textes.
            Guy Ahlsell de Toulza voudrait savoir si ces refuges ont été efficaces. Frédéric Loppe indique que les textes du Moyen Âge ne rapportent pas d’épisodes guerriers. Les seuls témoignages que nous avons datent des guerres de Religion. Puis comme Guy Ahlsell de Toulza demande des précisions sur la hauteur des enceinte, Frédéric Loppe dit qu’en comptant le solin, la paroi, le parapet et le hourdage, la hauteur peut être estimée de 8 à 10 m, ce qui est une hauteur minimale pour la défense. Guy Ahlsell de Toulza note que dans le cas de Bonneville, les maisons sont appuyées sur l’enceinte, ce que confirme Frédéric Loppe qui ajoute qu’il n’a aucune mention d’ouverture, pas même d’archère, dans le mur de défense. Maurice Scellès rappelle les questions que soulèvent les enceintes constituées de maisons jointives, où interviennent donc de nombreux propriétaires.

Au titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza informe la Compagnie que le château de Reynerie a été une première fois mis en vente au mois de juin dernier. La Mairie de Toulouse s’est portée acquéreur pour 850 000 € mais une surenchère de 10 % a été faite. Une nouvelle vente aux enchères aura lieu le 23 octobre. Le Maire a déclaré qu’il souhaitait acheter le château dans le cadre d’un grand projet social pour Le Mirail ; la Ville possède déjà 4 des 5 hectares du parc, qui est d’ailleurs remarquablement respecté. La question du mobilier est en suspens : rappelons qu’il s’agit du mobilier d’origine réalisé pour Guillaume Dubarry. Ce serait le lieu idéal pour un musée du XVIIIe siècle, et Guy Ahlsell de Toulza y a conduit Jean Penent pour envisager des projets possibles.

La Présidente annonce que l’ordre du jour de la prochaine séance comprendra l’élection d’un membre correspondant, avec la candidature de M. Pierre Carcy, dont le rapporteur sera Anne-Laure Napoléone.

 

SÉANCE DU 21 OCTOBRE 2008

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mme Napoléone, MM. Bordes, le Père Montagnes, M. Peyrusse, Pradalier, Roquebert, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Barber, de Barrau, Haruna-Czaplicki, Krispin, MM. Barber, Le Pottier, Stouffs, Surmonne, membres correspondants.
Excusés : MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mme Balty, MM. Balty, Garland, Lapart.

La Présidente ouvre la séance et donne la parole à Henri Pradalier pour un

HOMMAGE À JEAN ROCACHER

L’été 2008 a été marqué en Méditerranée par la mort de plusieurs baigneurs, événement rare. Nous avons le regret de compter parmi ces victimes notre confrère Mgr Jean Rocacher, mort accidentellement à Sète alors qu’il se baignait avec des amis sur les conseils de son médecin qui lui avait recommandé, après une alerte cardiaque, d’avoir une activité physique plus soutenue. Poussé par la houle sur des rochers, il est mort à 80 ans, un âge qu’il était loin de porter.

Né en 1928 à Tulle, Jean Rocacher fit sa scolarité au Petit Séminaire Toulouse. Entré au Grand Séminaire de la rue des Teinturiers, il fut ordonné prêtre, à la cathédrale Saint-Étienne le 29 juin 1953. Envoyé par le Cardinal Saliège à Strasbourg parfaire ses études de droit canonique et de théologie, il en revint diplômé de théologie.
            Pendant sa vie, il sut combiner sa vie de prêtre avec celle d’un d’intellectuel averti. C’est ainsi qu’il assuma l'aumônerie du Lycée Raymond Naves à Croix Daurade, la tâche de responsable éducatif à l'École Saint-Joseph et le vicariat de plusieurs paroisses.
            Dans notre société, c’est en tant qu’historien de l’art que nous l’avons connu, fréquenté et apprécié. Il avait en effet entrepris des études d’histoire de l’art à partir de 1967 en suivant le séminaire de Marcel Durliat où beaucoup d’entre nous l’ont rencontré. Il faisait partie de la trilogie des trois abbés qui venaient régulièrement à ce séminaire : les abbés Cabanot, Carail et Rocacher.
            Sa passion pour l’histoire de l’art puis pour la défense du patrimoine, bien réelle, déboucha sur la rédaction d’une thèse consacrée aux sanctuaires de Rocamadour qui fait encore aujourd’hui autorité, puis sur une considérable quantité de publications dont certaines consacrées à Rocamadour. Je pense en particulier à l’ouvrage sur Les restaurations des sanctuaires de Rocamadour à l’époque de Louis-Philippe et de Napoléon III et à Rocamadour et son pèlerinage. Étude historique et archéologique. Dans la liste des ouvrages qu’il a écrits on retiendra un livre sur Saint-Bertrand-de-Comminges. Saint-Just de Valcabrère et l’ouvrage co-rédigé avec Maurice Prin sur Le Château Narbonnais. Le Parlement et le Palais de Justice de Toulouse.
   
         On ajoutera à cette liste les 10 plaquettes de la collection Découvrir Toulouse, aujourd’hui épuisées, qui décrivent les différents quartiers de la ville en y inventoriant les principaux monuments, sorte de reprise du Chalande Les Rues de Toulouse, mise à la portée de tous dans une édition allégée et pratique à manier.
            Outre deux ouvrages consacrés l’un à La basilique Saint-Nazaire et Saint-Celse, ancienne cathédrale de Carcassonne, l’autre aux Jacobins de Toulouse sous le titre Les Jacobins et les maisons dominicaines de Toulouse, on signalera deux titres sur Saint-Sernin.

Cet édifice, dans lequel il exerça la charge vicaire pendant un an, fut d’ailleurs au cœur de ses préoccupations lors du projet de dérestauration entrepris dans les années 90 du xxe siècle. Il fut le fer de lance de l’opposition farouche à un projet qu’il réprouvait au nom de la conservation des formes données au monument par les restaurateurs du xixe siècle, craignant, à juste titre, qu’un prétendu retour à l’aspect antérieur aux restaurations, n’aboutisse à la création d’un Saint-Sernin nouveau qui n’avait jamais existé. Ce qui advint, consacrant une défaite dont il gardait un souvenir d’autant plus amer que toutes ses craintes avaient été justifiées.
            Sa passion pour la défense du patrimoine s’exerça dans un autre domaine : la commission d’art sacré. Il eut à ce titre la double tâche de repérer les trésors de toute sorte que recelaient les églises du diocèse de Toulouse et de sensibiliser le clergé de la Haute-Garonne à la qualité, l’importance et surtout la protection de celles-ci. Ce souci le poussa à créer une association, l’AREC, qui eut pour but de publier, canton par canton, un inventaire des églises. Plusieurs livres, dont deux de sa plume, ont été publiés dans ce cadre et l’impulsion qu’il donna à cette entreprise se poursuit aujourd’hui à travers l’activité éditrice de cette association.

À ces nombreuses activités s’ajouta un enseignement des plus apprécié, pendant 20 ans, à l’Institut Catholique où il professa non seulement l'histoire de l'Art mais aussi l'Art sacré. Ses cours étaient illustrés par des voyages qu’il organisait et dirigeait, voyages qui regroupèrent autour de lui de fervents adeptes auxquels il fit découvrir à la lumière de sa science l’importance et la grandeur du patrimoine médiéval de toutes les rives de la Méditerranée.
            Il était normal, dans ces conditions, qu’il participât à l’action scientifique menée par diverses associations toulousaines. C’est ainsi qu’il entra en 1983 à la Société archéologique du Midi de la France où il fut élu membre titulaire dès l’année suivante. Il en suivait régulièrement les séances jusqu’à 19 h 00, moment où il se retirait, tenu par une règle de vie stricte qui l’amenait à rentrer chez lui, Rue Sainte-Anne pour le repas du soir, suivi d’un prompt coucher car c’était un « lève-tôt ». Il était aussi membre de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres et vice-président des Toulousains de Toulouse dont il était un membre assidu et l’auteur apprécié de nombreux articles dans les colonnes de L’Auta.
            Sa double carrière d’ecclésiastique et de lettré lui valut d’être nominé Prélat d'Honneur de sa Sainteté avec le titre de Monseigneur dont il ne tira jamais quelque gloire que ce soit, ne changeant en rien son comportement vis-à-vis de ceux qui le côtoyaient.

Il laisse derrière lui le souvenir d’un prêtre et d’un savant calme et discret qui ne s’éloigna jamais d’une activité intellectuelle soutenue et d’une action efficace sur le terrain. Je sais que pour tous ceux qui sont ici, c’est un confrère qu’ils perdent et pour quelques-uns, un véritable ami.

Henri Pradalier

La Présidente remercie Henri Pradalier pour cet hommage chaleureux rendu à notre confrère disparu. Elle indique par ailleurs que Françoise Merlet-Bagnéris nous signale qu’elle possède un texte « que Jean Rocacher rédigé à l’usage de sa famille et dont il [lui] avait donné un exemplaire dactylographié : ce texte raconte ses souvenirs d’enfance, essentiellement dans le cadre du Toulouse d’avant la guerre et durant celle-ci ; il faut, vous vous en doutez, retrouver ce qui le concerne à travers les lignes (mais il y est bien présent), car il ne s’agit nullement d’une biographie, mais d’un parcours d’un Toulousain de Toulouse, qui voit changer le monde de sa vie quotidienne, autour de lui, si vite qu’il veut le figer sur papier ; ce parcours a été rédigé pour être lu en dehors du cadre familial. » Notre consœur nous propose de disposer d’un exemplaire pour notre bibliothèque, en prenant contact sans tarder avec le secrétariat du Recteur de l’Institut catholique auquel elle a remis son exemplaire. La Compagnie accepte volontiers la proposition.

Le Secrétaire général donne lecture des procès-verbaux des 21 juin et 7 octobre 2008, qui sont adoptés après quelques corrections.

La Présidente annonce que la date de la séance publique est définitivement fixée au 21 mars 2009.

Puis elle rappelle que l’inauguration de l’exposition Une guerre, deux regards, que les Archives municipales de Toulouse consacrent à la guerre de 1914-1918, aura lieu le 7 novembre à 18 heures.

Louis Latour signale que M. Adrien Volat a fait tirer 12 exemplaires de son travail sur le culte de saint Saturnin, dont un avait été donné à Jean Rocacher à notre intention. Louis Peyrusse se chargera d’aller le chercher à l’archevêché où il se trouve actuellement.

L’ordre du jour appelle l’examen de la candidature au titre de membre correspondant présentée par M. Pierre Carcy. Le rapport d’Anne-Laure Napoléone entendu, on procède au vote : M. Pierre Carcy est élu membre correspondant de notre Société.

La parole est à Lisa Barber pour une communication sur Des dalles funéraires gravées à l’effigie du défunt.

La Présidente félicite Lisa Barber pour cette communication très complète, qui comble de ce fait un vide dans notre connaissance de l’art funéraire du Moyen Âge dans le Midi, qui a incontestablement souffert du jugement porté par Émile Mâle. L’autre intérêt de cette communication est de mettre en lumière le sort tragique, aujourd’hui encore, de nombre de ces dalles gravées, maintenues dans le sol en des lieux de passage des fidèles et des visiteurs comme le montre l’exemple de la cathédrale d’Albi. La Présidente note encore que nombre de ces dalles et plaques étaient polychromes. Lisa Barber souhaiterait que les traces de pigments qui en subsistent puissent être analysées.
            La Présidente relève encore qu’est sans doute fausse l’impression d’un art du tombeau en cuivre qui serait du nord de la France : de tels tombeaux existaient dans le Midi mais eux aussi ont été fondus, comme en témoignent le sort de ceux de la cathédrale de Narbonne tandis que le tombeau de Bertrand de l’Isle-Jourdain a disparu lors de l’incendie de la cathédrale à Toulouse. Lisa Barber et la Présidente ne peuvent que déplorer l’absence de dessins pour les œuvres du Midi dans la collection Gaignières, qui auraient pu garder la trace de tombeaux disparus.
            Daniel Cazes remercie Lisa Barber pour cet exposé tout à fait passionnant, sur un sujet qui l’a beaucoup intéressé à une époque de sa vie professionnelle, alors que le corpus faisait défaut autant que les essais de synthèse. Daniel Cazes souligne que notre consœur s’inscrit dans une grande tradition anglaise, illustrée par de très nombreux auteurs dont un très célèbre, puisqu’il s’agit de Lawrence d’Arabie, qui a laissé à la bibliothèque d’Oxford de très nombreux relevés. Lisa Barber pense qu’il faudrait relancer ces études qui datent du XIXe siècle.
            Daniel Cazes déclare souscrire entièrement aux conclusions de Lisa Barber : il faudrait un travail d’équipe. Parmi les causes de disparition figure la réfection des sols, provoquant par exemple la disparition de la dalle gravée de Foulque dans l’église de Granselve et d’autres qui se trouvaient dans le chœur. Une piste à suivre dans ce cas précis serait celle d’un moulin et de sa chaussée qui auraient été reconstruits avec des dalles du pavement de Grandselve, et où l’on pouvait effectivement repéré des dalles de marbre il y a une trentaine d’années.
            Daniel Cazes a également été très intéressé par les aspects techniques : il faudrait pouvoir connaître les procédés de fabrication des mastics et leur coloris, et les émaux qui étaient probablement utilisés. L’emploi du marbre mérite aussi l’attention : il faudrait savoir si l’apparition de ces dalles, plus tardive dans le Midi, n’a pas été favorisée par la ré-exploitation des marbres de Saint-Béat, ce dont témoignent les chapiteaux et colonnes produits en grand nombre. Sur certains sites, on remploie des marbres romains, comme c’est souvent le cas à Toulouse. Lisa Barber cite également une dalle conservée au musée de Carcassonne, qui a été retaillée dans un couvercle de sarcophage.
            Après s’être associé aux compliments de Daniel Cazes, Louis Peyrusse se demande si les dalles uniquement gravées placées dans le sol ne répondaient pas à une obsolescence programmée, ayant vocation à être usées par le passage.
            Louis Latour relève que ces monuments ont été très diversement considérés depuis le début du XIXe siècle. Il en veut pour preuve le tombeau de Sicard de Miremont, transporté dans l’église de La Grâce-Dieu alors que celui de son épouse Honor de Durfort a servi longtemps d’abreuvoir avant d’être placé sur le parvis de l’église de Miremont, puis restauré mais laissé dehors sans aucune protection.
            Jean Catalo fait remarquer que le corpus des dalles gravées pourrait être enrichi par la consultation des archives archéologiques. Des fragments de dalles inconnues ont été mis au jour à Toulouse, et nombre de dalles en place restent encore à découvrir. À propos de la dalle de Jean dit L’évêque, aujourd’hui dans les collections du Musée des Augustins et provenant de l’église Saint-Michel, les fouilles récentes réalisées pour la station de métro du Palais de justice ont mis au jour, dans la première travée, d’autres dalles montrant que le pavement de l’église comportait des sépultures sous dalles restées en place depuis la construction de l’église dans les années 1340 ; en outre, plusieurs individus pouvaient être inhumés sous la même dalle.
            Jean Catalo rappelle par ailleurs qu’à côté des dalles placées dans le sol existaient des plaques encastrées dans les murs de clôture, ce qui est attesté pour le cimetière Saint-Michel. Il y avait donc deux façons de signaler une tombe à la même période.
            Henri Pradalier voudrait apporter deux précisions. Il rappelle tout d’abord que les textes témoignent de la volonté de certains évêques d’être enterrés, par humilité, en un lieu de passage des fidèles. Il indique par ailleurs qu’une étudiante en maîtrise a retrouvé dans les réserves du musée d’Auch la moitié supérieure de la dalle de Jean de Biron.

La Présidente donne à la parole à Giles Barber pour une communication sur Le monument Bergès au cimetière de Terre-Cabade à Toulouse.

La Présidente remercie Giles Barber pour cette belle étude très documentée, qui permet de reconstituer l’historique et la gestation du monument. Mais combien de regrets en constatant  son état actuel ! Le défaut de mesures de conservation est évident et on ne pourrait que souhaiter son classement au titre des Monuments historiques.
            François Bordes dit que la question a souvent été évoquée. Maurice Scellès fait part de son expérience lors de l’étude du cimetière de Cahors menée par le Service de l’Inventaire. Si les cimetières sont des propriétés communales, les tombes relèvent de la propriété privée et leur entretien incombe donc aux héritiers. En outre, la loi concernant la durée des concessions a été modifiée, avec en particulier la fin des concessions perpétuelles, et elle a autorisé les reprises des concessions quand les tombes n’étaient plus entretenues. De fait, deux logiques s’affrontent souvent : celle de la conservation de tombeaux dont l’intérêt en tant qu’objets de mémoire et de patrimoine est de plus en plus reconnu, et la logique gestionnaire qui est demandée aux services de l’état civil, impliquant la récupération des concessions en déshérence qui peuvent ainsi être revendues.
            Jean Le Pottier ajoute que la Conservation régionale des Monuments historiques a toujours des réticences quand il s’agit de toucher aux propriétés des mairies. Daniel Cazes rappelle que de grands cimetières comme le Père-Lachaise sont pourtant reconnus comme des ensembles patrimoniaux de première importance. Il ajoute que la reprise implique la démolition des monuments funéraires, qui ne sont cependant pas perdus pour tout le monde, mais se retrouvent sur le marché de la brocante et des antiquités. Puis Daniel Cazes prend l’exemple du cimetière de Roquefort-sur-Garonne, où une tradition de tailleurs de pierre a maintenu des tombeaux à l’antique, formant un ensemble qui mériterait sans aucun doute d’être classé Monument historique ; sinon, tout aura disparu dans vingt ou trente ans.
            Répondant à une question de Maurice Scellès, Giles Barber avoue ne pas savoir quel est le statut juridique des tombes en Angleterre, ni comment est traitée leur éventuelle conservation en tant que monument historique. Sans doute la propriété des tombeaux est-elle aux héritiers. Il a cependant à l’esprit de nombreuses tombes en pierre gravées du XVIe siècle, dont personne en particulier ne s’occupe mais que l’on conserve quand même.

 

SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 2008

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Cazes, Napoléone, Pousthomis-Dalle, Watin-Grandchamp, MM. Catalo, Peyrusse, membres titulaires ; Mmes Barber, Bellin, Friquart, Galés, Haruna-Czaplicki, Krispin, Ugaglia, Viers, MM. Barber, Carcy, Laurière, Macé, Mange, Stouffs, Surmonne, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty, Labrousse, MM. Balty, Corrochano, Garland.
Invitées : Mmes Lassure, Latour.

La Compagnie se retrouve au Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, où elle est accueillie à 17 heures par Daniel Cazes, conservateur en chef du musée.

L’exposition Marbres, Hommes et Dieux : vestiges antiques des Pyrénées centrales devrait tout particulièrement intéresser notre Société, si l’on se souvient que certains membres, comme Alexandre Du Mège, ont recherché, sauvé et collectionné les autels votifs antiques, dont un nombre important se trouve aujourd’hui dans les collections du musée de Toulouse.
            Cette exposition a pour point de départ la volonté de poursuivre la réalisation des catalogues des collections du musée, dont la série s’enrichit désormais du Catalogue raisonné des autels votifs établi par Laëtitia Rodriguez, titulaire d’un master en Sciences de l’Antiquité, et Robert Sablayrolles, professeur d’Histoire antique à l’Université de Toulouse-Le Mirail, un catalogue magnifique qui fera date.
            Daniel Cazes cède alors la parole à M. Robert Sablayrolles, Mlle Laëtitia Rodriguez et Mme Claudine Jacquet, assistante de conservation au musée Saint-Raymond et commissaire de l’exposition, qui, à tour de rôle, présentent les différentes sections et les œuvres exposées.

La Présidente les remercie tous trois de nous avoir fait partager leurs recherches tout au long de la visite de cette exposition qui renouvelle sur bien des points notre connaissance des autels votifs pyrénéens et des populations qui les ont produits. Des feuilles votives en argent ont-elles été retrouvées dans les Pyrénées ? M. Robert Sablayrolles indique que la seule feuille découverte dans la région, à Saint-Bertrand-de-Comminges, est en or, mais que des feuilles d’argent sont connues dans d’autres parties de l’Empire, en Bretagne par exemple.
            Comme M. Robert Sablayrolles a évoqué les atteintes à l’ordre du monde que pouvaient représenter une carrière entaillant une montagne ou un pont lancé sur une rivière, Maurice Scellès voudrait savoir s’il subsiste des marques propitiatoires liées à des ponts romains. M. Robert Sablayrolles cite un pont de Rome. Maurice Scellès se demande alors s’il faut faire un parallèle avec les chapelles dédiées à la Vierge que l’on trouve souvent sur les ponts du Moyen Âge. Robert Sablayrolles en doute et Michèle Pradalier-Schlumberger pense que ces chapelles ont surtout pour fonction de protéger l’ouvrage.

 

SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 2008

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Cazes, Napoléone, le Père Montagnes, M. Catalo, membres titulaires ; Mmes Haruna-Czaplicki, Jaoul, MM. Carcy, Pousthomis, Surmonne, membres correspondants.
Invités : MM. Roland Chabbert, Georges Cugulières.

La Présidente ouvre la séance à 17 heures. Elle commence par déclarer que si l’assistance est ce soir peu nombreuse, c’est en raison de la proximité de la réunion de la semaine précédente. Puis elle félicite notre consœur Quitterie Cazes, qui vient de soutenir brillamment samedi dernier à l’Université de Paris-IV son habilitation à diriger des recherches (H.D.R.), ce qui lui ouvre la voie du professorat. Elle accueille ensuite Pierre Carcy, récemment élu au titre de membre correspondant, qui prend séance ce soir. Elle présente enfin notre invité : M. Roland Chabbert, conservateur du patrimoine et chef du Service de la connaissance du patrimoine de la Région Midi-Pyrénées.

Le Secrétaire général procède à la lecture du procès-verbal de la séance du 21 octobre 2008 et du compte rendu de la visite du 25 novembre 2008, qui sont adoptés.

La Présidente analyse la correspondance reçue, qui comprend diverses invitations ou annonces : conférence de Sophie Cassagne-Brouquet sur « Avignon au temps des papes du Bas-Limousin », prévue pour le 4 décembre 2008 au lycée Pierre-d’Aragon de Muret, « Journées régionales de la Justice », organisées par la Cour d’appel de Toulouse les 5 et 6 décembre, séance publique de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, qui se tiendra le 7 décembre, 59e Congrès des Sociétés savantes de la Fédération historique de Midi-Pyrénées, consacré au thème « Vivre et mourir en temps de guerre de la préhistoire à nos jours : Quercy et régions voisines », qui aura lieu à Cahors du 19 au 21 juin 2009.

Notre Bibliothèque s’enrichit de plusieurs ouvrages, dont les deux premiers sont offerts par nos confrères :
            - Quitterie Cazes et Daniel Cazes (textes), Michel Escourbiac (photographies), Saint-Sernin de Toulouse, De Saturnin au chef-d’œuvre de l’art roman, Éditions Odyssée, Blagnac, 2008, 350 p. ;
            - Françoise Galés, Jacques Frayssenge, Laurent Nicolas, Millau sous l’Ancien Régime, série « Parcours du Patrimoine », n° 334, Ville de Millau éditeur, s.d. [2008], 72 p. ;
            - Matthieu Poux (dir.), Sur les traces de César, Militaria tardo-républicains en contexte gaulois, Actes de la table ronde de Bibracte, 17 octobre 2002, collection « Bibracte », n° 14, 2008, 464 p. ;
            - Shun Nakayama, La politique patrimoniale de la Société archéologique du Midi de France sous la première moitié de la Troisième République : entre régionalisme et patriotisme, mémoire de « master 2 » en Histoire contemporaine présenté à l’Université de Toulouse-Le Mirail sous la direction de Patrick Cabanel, septembre 2008, 289 p.

La Compagnie entend la communication du jour, intitulée Défense du château de Lacroix-Falgarde.

Après la présentation de ce dossier très fourni, qui retrace les étapes d’un véritable désastre, la Présidente se dit navrée.
            On voudrait en savoir davantage sur le rôle qu’a eu dans cette affaire l’Architecte en Chef des Monuments historiques, puisque l’édifice a le statut de monument classé. Selon le secrétariat de M. Bernard Voinchet, l’Architecte n’est pas intervenu sur le château de Lacroix-Falgarde. Un membre précise que M. Voinchet n’a réalisé qu’une « étude ». Les projets d’aménagement ont été le fait de M. Axel Letellier, projets « hallucinants », dont le premier fut rejeté.
            L’organisation du chantier est jugée « très bizarre ». Il est répondu que tout paraît « bizarre » dans cette affaire, entre autres le fait que le dossier de l’opération conservé dans les archives du Service départemental de l’Architecture et du Patrimoine (S.D.A.P.) soit « difficilement accessible ».
            On s’interroge sur la responsabilité des Services culturels de l’État, mais la puissance publique a eu peu à intervenir ou contrôler, étant donné que l’opération se faisait sans sa participation financière. On apprend cependant qu’a été finalement obtenue une intention de programmation budgétaire de travaux d’office destinés à assurer le clos et le couvert de l’édifice, travaux qui devraient intervenir en 2009. On signale en outre que les papiers peints panoramiques du début du XIXe siècle visibles au premier étage du château, qui étaient encore en place en février 2008 et pour lesquels une protection particulière avait été demandée, ont disparu avant la fin de l’été suivant.
            Plusieurs membres dénoncent dans l’affaire du château de Lacroix-Falgarde un détournement de la loi grâce à un « architecte alibi », qui paraît agir en toute impunité. On y voit le cas limite et exemplaire d’une escroquerie impliquant des intérêts financiers particuliers, des architectes du patrimoine et les Services de l’État, peu ou prou liés par une complicité active ou passive ; en l’espèce, la malhonnêteté le dispute à l’incompétence.
            Un membre élargit la réflexion en posant la question : « Qu’est-ce aujourd’hui qu’un Monument historique ? ». Et de rappeler l’opération immobilière qui, il y a quelques années, a dénaturé la maison gothique du n° 15 de la rue Croix-Baragnon à Toulouse. Est cependant cité, avec le cas de la Casa Julia de Perpignan, l’exemple d’un Architecte des Bâtiments de France « qui a fait son boulot ».

Pour finir, l’assemblée se préoccupe du sort de l’Hôtel du Vieux-Raisin, dont le réaménagement se déroule dans des conditions similaires à celui du château de Lacroix-Falgarde, et sous la caution du même architecte.

 

SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 2008

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-archiviste, M. Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes, Napoléone, Pousthomis-Dalle, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Catalo, Lassure, le Père Montagnes, M. Peyrusse, membres titulaires ; Mmes Andrieu, Barber, Félix, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jiménez, Krispin, MM. Barber, Carcy, Mange, Mattalia, Molet, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Friquart, Jaoul, MM. Boudartchouk, Garland, Lapart, Pradalier, Tollon.
Invités : M. Georges Cugulières, M. Pierre Vidal.

 

La Présidente ouvre la séance à 17 h en présentant à la Compagnie notre invité de ce soir, M. Pierre Vidal, auteur d’une thèse sur le Grand prieuré de Saint-Jean de Jérusalem et à ce titre tout particulièrement intéressé par la communication de ce soir.
            La correspondance imprimée ne comprend que le programme de la Bibliothèque municipale de Toulouse et le numéro 32, d’octobre 2008, des Carnets de Jarnac. Nous avons en revanche reçu de nombreux livres.
            C’est tout d’abord François Bordes qui offre à notre Société le premier volume d’une nouvelle collection des Archives municipales, les Sources de l’histoire de Toulouse, par notre confrère Laurent Macé, Catalogue raimondain (1112-1229). Actes des comtes de Toulouse, ducs de Narbonne et marquis de Provence, 2008, 437 p.
            Louis Latour offre toute une série d’ouvrages et de mémoires universitaires sur l’Antiquité, dont plusieurs titres sur les amphores et les lampes. La Bibliothécaire-archiviste explique qu’elle a choisi de ne pas dissocier le fonds dont les ouvrages ont été enregistrés sous la cote LT pour « Latour ».
            Nous est également parvenue la suite de la série d’Archéologia et des Dossiers de l’archéologie donnée par Mme Jaqueline Carrabia.

La parole est à Bernadette Suau pour une communication sur La maison du temple de Toulouse.

La Présidente remercie Bernadette Suau en la félicitant pour ce travail pionnier tout à fait passionnant. Bernadette Suau convient que sa démarche puisse surprendre, car il n’est pas très habituel de traiter d’édifices médiévaux en utilisant presque exclusivement des documents modernes, mais il lui a été donné à plusieurs reprises d’utiliser une telle méthode d’analyse régressive.
            Comme la Présidente voudrait savoir s’il subsiste aujourd’hui des vestiges de la chapelle, Dominique Watin-Grandchamp indique que les murs en ont sans doute été réutilisés, comme d’ailleurs le mur de clôture ou une partie des maçonneries de la pseudo-tour ; leurs tracés peuvent être suivis sur les plans successifs depuis le relevé de Souffron jusqu’au plan cadastral actuel. Bernadette Suau ajoute que le bâtiment désigné comme grange sur le plan de Souffron est devenu la chapelle de la Visitation, en ayant été un peu allongé. En commentant les photographies des façades sur la rue de la Dalbade, Bernadette Suau explique que celle du n° 13, bâtie sur l’emplacement du cimetière, est encore suivie d’une cour, tandis que le n° 15 correspond à l’emplacement du logement du chapelain.
            Jean Catalo l’ayant interrogée sur l’achat de jardins en 1287, Bernadette Suau précise que c’est un passage public qui est vendu par le viguier, qui sera ensuite transformé en jardin, ce que confirme Henri Molet. Ce dernier se dit sceptique quant à l’hypothèse d’une première maison du Temple à l’angle de la Dalbade. Bernadette Suau dit n’avoir pas de certitude absolue, mais un faisceau convergent d’arguments. En 1154, le texte fait état d’un casal situé in honore militie templi qui ne peut être la maison brûlée en 1217. Dominique Watin-Grandchamp ajoute que le passage est mitoyen entre la maison du Temple et la Dalbade. Laurent Macé cite l’accord passé en 1184 entre les Hospitaliers de Saint-Jean et le Temple, après lequel les templiers disparaissent du moulon de Saint-Jean : la seconde maison du Temple doit donc en effet être construite dans les années 1180 près de la Garonne où, précise Henri Molet, le Temple possède une trentaine de parcelles près de la Garonne dans les années 1154-1190.
            À une question de Laurent Macé, Bernadette Suau répond que l’incendie de la maison du Temple en 1217 est sans doute accidentel.
            Maurice Scellès voudrait avoir des précisions sur l’organisation de l’hôpital au début du XVIe siècle. Bernadette Suau énumère d’après les documents la salle des malades, ouverte par quatre fenêtres, devenue grange sur le plan de Souffron, la chapelle et le logement attenant du chapelain, le logement de l’hospitalière et une remise contenant du foin et du grain ; pas de cuisine, mais la salle des malades était équipée d’une grande cheminée.
            Henri Molet souligne l’intérêt archéologique que pourrait présenter le mur de clôture. Dominique Watin-Grandchamp reprend alors l’explication du triangle objet du litige parfaitement figuré sur le plan de Souffron. Elle rappelle que le texte dit clairement que la maison de Masuyer est construite sur le rempart alors que celle du commandeur ne l’est pas. Elle note par ailleurs que le mur présente un retour biais, conforme à l’orientation de certains tracés parcellaires dans l’îlot. Après avoir dit qu’il ne fallait pas se laisser abuser par les couleurs du plan, Olivier Testard fait remarquer que le mur épais se poursuit dans le triangle.

L’ordre du jour appelle les questions diverses. En raison de l’heure avancée, Nicole Andrieu propose de reporter à une prochaine séance la présentation des objets qu’elle avait prévue, pour s’attacher à une actualité plus immédiate. Le voleur spécialisé dans les angelots d’autel, dont ceux de Rabastens retrouvés après son arrestation l’an dernier, sera jugé avant la fin de l’année. Or à la veille du procès, de nombreux objets non pas été réclamés faute d’avoir été reconnus, et le juge aurait l’intention de les attribuer aux domaines pour être vendus. Il s’agit pourtant à l’évidence d’objets relevant de façon quasi-certaine de la propriété publique, et les Conservateurs des Antiquités et Objets d’Art du Tarn, du Tarn-et-Garonne et de la Haute-Garonne ont donc décidé d’adresser un courrier à ce sujet au procureur. Nicole Andrieu se propose de communiquer les photographies des objets non encore identifiés à tous les membres qui disposent d’une adresse de courrier électronique. Le Secrétaire général offre de les mettre en ligne sur notre site Internet. Quitterie Cazes se demande s’il ne faudrait pas les publier dans les journaux locaux, mais Nicole Andrieu soulève les complications que présentent les multiples éditions départementales alors que l’aire concernée par les vols est très large.  
            Pierre Carcy fait remarquer que le fait de se porter partie civile permettrait de gagner un peu de temps. Nicole Andrieu précise que les mairies qui ont subi des vols et l’État vont se porter partie civile, en raison en particulier des frais importants qu’entraîne la remise en place sur les autels des anges dérobés. Nicole Andrieu et Guy Ahlsell de Toulza explique les dégradations provoquées par l’arrachage des reliefs et la difficulté de la restauration.
            Répondant à Guy Ahlsell de Toulza, Nicole Andrieu confirme que la personne arrêtée l’an dernier n’est pas un receleur, mais bien le voleur, qui a d’ailleurs était pris en flagrant délit. Guy Ahlsell de Toulza s’étonne de la date fixée pour l’audience, le 31 décembre, qui risque de peser sur la qualité des débats. Pour lui il est important que les parties civiles soient physiquement présentes au procès. Nicole Andrieu dit que le conservateur du patrimoine chargé des objets à la Conservation régionale des Monuments historiques a prévu de s’y rendre.

 

SÉANCE DU 6 JANVIER 2009

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Cazes, Napoléone, Pousthomis-Dalle, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, M. Peyrusse, membres titulaires ; Mmes Fournié, Haruna-Czaplicki, M. Surmonne, membres correspondants.
Excusés : MM. Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mme Barber, Jaoul, MM. Barber, Lapart, Pradalier.

 

La Présidente ouvre la séance en souhaitant à tous une bonne et heureuse année 2009.

Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 16 décembre, qui est adopté après quelques précisions demandées par Bernadette Suau.
            La correspondance manuscrite comprend l’accusé de réception de notre demande de subvention à la Mairie de Toulouse. Le Trésorier explique qu’en raison d’une procédure simplifiée mise en place par la Mairie de Toulouse, il lui faudra remplir l’année prochaine un dossier de demande de subvention de 27 pages qui remplacera la simple lettre qu’il faisait jusque là.

La Présidente présente l’ouvrage de notre confrère Maurice Greslé-Bouignol, Regard albigeois sur un type de croix paradoxal, s.l. n.d., Archives et patrimoine, 80 p.
            Guy Ahlsell de Toulza signale à la Compagnie la réédition par Capitole info, en un recueil, des Petites histoires de Toulouse : les Jacobins, Montaudran, le pont Neuf, Godolin…, comprenant des notices d’édifices toulousains bien illustrées, pour lesquels les membres de notre Société ont souvent été mis à contribution. Quitterie Cazes y voit un remarquable moyen de diffusion des travaux scientifiques ; elle précise que le tirage est de 270 000 exemplaires.

 

La parole est au Père Bernard Montagnes pour une communication sur Le crucifix dit « de saint Dominique » à Saint-Sernin de Toulouse.

La Présidente remercie le Père Montagnes pour cette communication très érudite qui fait le point sur un objet particulièrement problématique. Écartant une datation du XVe siècle, elle considère qu’il s’agit d’un beau crucifix du XIVe siècle, qui autorise des comparaisons avec celui de Labastide-de-Sérou et qui n’est pas très éloigné du Dévot Christ de Perpignan. Mais il ne peut être question d’une œuvre du début du XIIIe siècle. On peut cependant se demander si la traverse n’a pas été refaite et si la croix ne pouvait avoir à l’origine une forme en Y. Reste la question des pointes de flèche fichées dans le bois de la croix.
            Michelle Fournié dit avoir été très intéressée par la communication de notre confrère. L’hypothèse d’un faux fabriqué dans le contexte des guerres de Religion s’impose, mais il faudrait peut-être poursuivre également la recherche en direction des Christ miraculeux dont on connaît plusieurs exemple à Toulouse à la fin du XVe et au début du XVIe siècle, au moment donc où se développerait la légende du crucifix de saint Dominique. Michelle Fournié croit se rappeler qu’un des ces crucifix miraculeux se trouvait dans l’église Saint-Jacques de Muret, et elle cite encore un oratoire dédié au saint Crucifix à Cordes. Tout en rappelant que la dévotion au saint Crucifix est universelle, Bernard Montagnes juge intéressante la suggestion d’un rapprochement avec les Christ miraculeux.
            Louis Peyrusse a été ébloui par la démonstration du surgissement d’un crucifix criblé de flèches au moment des guerres de Religion et il voudrait savoir si l’on en connaît d’autres exemples. Le Père Montagne n’en connaît pas de semblable, ce qui explique que Michaelis propose de rapprocher le crucifix de saint Dominique du labarum constantinien qui échappait aux lances.
            Daniel Cazes s’intéresse à l’écriteau appliqué sur le pied du crucifix, qui reproduit un extrait d’une charte authentifiant le crucifix, charte réputée avoir été découverte à Montpellier en 1647 ; le texte rédigé en langue d’oc fait état de la présence à Muret de saint Dominique avec le crucifix aux côtés de Simon de Montfort et de ses maréchaux. Le Père Montagnes indique que Percin donne également Montpellier comme provenance de ce texte.
            Après avoir indiqué que le Musée Saint-Raymond en a fait faire de très bonnes photographies (il fait circuler un cliché de face et un du revers), Daniel Cazes confirme que le crucifix n’a jamais été vraiment étudié. Il est ainsi impossible d’assurer que le Christ et la croix sont contemporains. La restauration réalisée par Mainponte en 1960 paraît aujourd’hui extrêmement regrettable, les pointes de flèche ayant été enlevées et le crucifix très repeint. Louis Peyrusse rappelle que la restauration a été effectuée sous le contrôle des Monuments historiques en vue de l’exposition de Montauban de 1961. Bernadette Suau se demande si une dérestauration ne devrait pas être envisagée, et remarque par ailleurs que le perizonium paraît ancien.
            À la demande du Père Montagnes, la Présidente accepte volontiers de mettre par écrit ses observations sur le crucifix.

Au titre des questions diverses, Maurice Scellès présente le dossier qui nous a été adressé par les Amis du Vieux Caussade sur l’aménagement du site du château.

Maurice Scellès expose tout d’abord l’historique de l’affaire. L’Association des Amis du Vieux Caussade a très tôt attiré l’attention sur l’intérêt archéologique du site, où avait été reconnu l’emplacement du château de Caussade. Plus récemment son action a permis de conserver une partie des maçonneries de l’édifice médiéval, alors qu’était démoli l’immeuble moderne dans lequel elles subsistaient. Le dossier très documenté et argumenté explique pourquoi l’Association, qui s’était opposée à la démolition de l’immeuble en préconisant sa réhabilitation, s’oppose aujourd’hui à la construction d’un nouvel immeuble sur son emplacement : non seulement le mur du château n’est pas réellement mis en valeur par le projet actuel, mais surtout l’architecture sera en rupture avec l’église et les maisons voisines. Après étude des différentes solutions envisageables, l’Association propose d’aménager une place qui trouverait parfaitement sa fonction à l’échelle des quartiers anciens et de la ville.
            La discussion fait ressortir qu’il s’agit d’abord d’un problème archéologique et d’urbanisme. Les points de vue divergent sur le traitement des vestiges et les choix architecturaux qui pourraient être envisagés. Des réserves sont également exprimées quant au bien-fondé d’une intervention de notre Société sur une politique d’aménagement urbain, alors que pour d’autres membres la Société Archéologique est libre de se prononcer sur toute question mettant en cause la conservation et la mise en valeur du patrimoine. Une étude sur l’aménagement de la place serait nécessaire. Surtout notre Société se doit d’interpeller les services compétents afin de s’assurer que des fouilles archéologiques seront réalisées sur le site. La Présidente fera les courriers nécessaires.

 

SÉANCE DU 20 JANVIER 2009

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mme Napoléone, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Andrieu-Hautreux, Barber, de Barrau, Haruna-Czaplicki, Jiménez, MM. Burroni, Carcy, Laurière, Mange, Stouffs, Surmonne, membres correspondants.
Excusés : M. Scellès, Secrétaire général, Mmes Cazes, Félix-Kerbrat, MM. Barber, Bordes, Capus.

La parole est au Secrétaire-adjoint pour la lecture du procès-verbal de la séance du 2 décembre 2008, qui est adopté après amendement.
            La Présidente transmet à la Compagnie les bons vœux de M. Pierre Cohen, député et maire de Toulouse. Puis elle présente diverses annonces reçues au courrier : 
            - parution de l’ouvrage de notre consœur Marie-Geneviève Colin, Christianisation et peuplement des campagnes entre Garonne et Pyrénées. IVe-Xe siècles, supplément n° 5 à Archéologie du Midi médiéval, env. 280 p. ;
            - exposition présentée par la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine de Toulouse du 20 janvier au 7 mars 2009 : « Une bibliothèque imaginaire du XVe siècle. Les livres favoris des lecteurs de la fin du Moyen Âge » ;
            - colloque international organisé les 22, 23 et 24 janvier 2009 à la Maison de la Recherche de l’Université de Toulouse-Le Mirail : « René d’Anjou, écrivain et mécène (1409-1480 » ;
            - « Journées culturelles 2009 » à tenir les 14 février, 16 mai et 17 octobre à l’abbaye de Lagrasse (Aude) à l’occasion du « 700e anniversaire de la fin de l’abbatiat d’Auger de Gogenx (1280-1309) » ;
            - colloque organisé les 19, 20 et 21 mars 2009 à Limoges (Haute-Vienne) par la DRAC du Limousin : « La cathédrale de Limoges et les cathédrales gothiques du Midi ».

Michèle Pradalier-Schlumberger fait ensuite circuler deux ouvrages destinés à notre Bibliothèque :
            - Raymond Laurière, Les églises à chevet plat et à angles arrondis en Rouergue, 2e édition revue et augmentée, Sauvegarde du Rouergue, Millau, 2008, 134 p. (don de l’auteur) ;
            - Michel Biaugeaud, La Haute Vallée du Ger. Couledoux, Ger de Boutx du XVIIe au XXe siècle, Saint-Gaudens, 2008, 460 p. (don de Martine Rieg).

Le Père Montagnes annonce le décès de José Barès, membre correspondant de notre Société depuis 1971.

La Compagnie se constitue ensuite en Assemblée générale annuelle. 
            La Présidente présente le rapport moral pour l’année 2008. Puis elle donne la parole à Jacques Surmonne, qui fait le point sur l’avancement du projet d’informatisation du fichier de notre Bibliothèque : l’essentiel des données (11 000 fiches) a été converti et pourra être mis en ligne via le système utilisé par les bibliothèques de la Ville de Toulouse.
            Le Trésorier présente ensuite le rapport financier pour l’exercice 2008. Mme Pradalier-Schlumberger remercie Guy Ahlsell de Toulza de son administration judicieuse des avoirs de la Société. Quitus est unanimement donné au Trésorier pour sa bonne gestion.
            Les élections statutaires portent cette année sur les fonctions de Directeur, Trésorier et Secrétaire-adjoint. En l’absence de toute nouvelle candidature, les sortants se représentent. À l’unanimité des suffrages (sauf voix des intéressés), Daniel Cazes, Guy Ahlsell de Toulza et Patrice Cabau sont reconduits dans leur poste respectif.
            

La parole est à Raymond Laurière pour la communication du jour, intitulée Les peintures murales du château de Graves (commune de Villefranche-de-Rouergue, Aveyron).

La Présidente remercie notre confrère pour sa présentation, fondée sur un « sauvetage par l’image » de peintures maintenant très dégradées, puis elle fait appel aux remarques et questions de l’assemblée.
            Louis Latour signale que le thème du rideau peut être associé à la mort du Christ, ainsi que le lui ont montré des recherches en relation avec une peinture d’Auterive. Louis Peyrusse s’intéresse à la logique iconographique et envisage un ordre des thèmes pouvant faire se succéder la Flagellation, le Portement de Croix, la Crucifixion, la Descente de Croix, la Véronique. Il estime ensuite que les peintres auxquels Jean Imbert Dardenne a fait appel étaient « moins bons » que les sculpteurs qu’il a employés. Concernant la cohérence du programme, Michèle Pradalier-Schlumberger note qu’une scène de l’Épiphanie n’aurait pas sa place dans l’hypothèse retenue quant au cycle iconographique.
            Bruno Tollon fait remarquer qu’il n’est pas habituel de placer une chapelle en rez-de-chaussée et à proximité de la cuisine. Quant au décor peint, il souligne l’importance du trait dans le travail, avant de s’interroger sur la technique utilisée (« fresque » ?).
            Pierre Carcy suggère de faire appel aux spécialistes des Services patrimoniaux qui réalisent un inventaire des peintures murales, afin de pouvoir disposer d’un relevé précis sur transparents.
            Jean-Marc Stouffs précise que le procédé utilisé est très probablement la peinture à la détrempe, puis il déplore les conditions dans lesquelles le décor de la voûte a été dégagé.
            Louis Peyrusse trouve minuscule cet espace compris dans la base d’une tour, ce qui le fait penser à un oratoire plutôt qu’à une chapelle.
            Guy Ahlsell de Toulza confirme que la voûte est consacrée à la Passion, avec la figuration de ses instruments ; revenant ensuite sur la scène du rideau, il évoque la possibilité d’une représentation de l’Incrédulité de Thomas.

Au titre des questions diverses, M. de Toulza donne sur le château de Reynerie des informations qu’il se propose de développer et d’illustrer lors de notre prochaine séance.

 

SÉANCE DU 3 FÉVRIER 2009

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Cazes, Napoléone, Pousthomis-Dalle, MM. Bordes, Boudartchouk, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Pradalier, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Barber, Béa, Fournié, Friquart, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Krispin, Viers, MM. Barber, Burroni, Carcy, Le Pottier, Mange, Mattalia, Pousthomis, membres correspondants.
Excusés : Mmes Félix-Kerbrat, MM. Capus, Garland, Lapart.
Invitées : Mmes Diane Joy, Sonia Servant.

La Présidente donne la parole au Secrétaire général pour la lecture du procès-verbal de la séance du 2 janvier 2009, qui est adopté à l’unanimité. Le Père Montagnes indique que grâce au très bon cliché fourni par Daniel Cazes, il sera en mesure de compléter sa communication avec un paragraphe sur le texte de l’écriteau fixé à la croix.
            Le Secrétaire-adjoint donne ensuite lecture du procès-verbal de la séance du 20 janvier, qui est adopté après une correction demandée par la Présidente.

La Présidente présente deux ouvrages offerts à notre Société :

- Une bibliothèque imaginaire du XVe siècle. Les livres favoris des lecteurs de la fin du Moyen Âge, Toulouse, Bibliothèque d’étude du patrimoine - Université de Toulouse-Le Mirail, 2008, 72 p. (don de Hiromi Haruna-Czaplicki) ;
            - Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane). I.5 Les portraits romains : la Tétrarchie, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 2009, 152 p. (don de Daniel Cazes).

Daniel Cazes tient, en toute modestie, à signaler à la Compagnie que ce catalogue est un petit évènement qu’il convient de souligner. On se souvient de la communication faite ici même l’année dernière par Jean-Charles Balty : notre confrère reprend l’argumentation qu’il nous avait exposée et qui, en dépit des points d’interrogation obligés, constitue une démonstration qui ne demande qu’à être amplifiée : les ensembles sculptés de la villa de Chiragan sont indéniablement en relation avec l’empereur Maximien Hercule et ses successeurs, et ne peuvent être envisagés en dehors d’un site officiel. Daniel Cazes engage ceux qui seraient disponibles à cette date, à venir assister à la conférence que donnera Jean-Charles Balty le 19 février prochain.

L’ordre du jour appelle l’examen de la candidature au titre de membre correspondant de M. Roland Chabbert. Le rapport de Maurice Scellès entendu, on procède au vote : M. Roland Chabbert est élu membre correspondant de notre Société.
            La Bibliothécaire-archiviste se saisit de l’occasion pour rappeler aux rapporteurs de veiller à lui remettre les dossiers de candidature à fin d’archivage.

La Présidente annonce que nous avons reçu trois mémoires présentés à notre concours annuel. Louis Peyrusse, Michèle Pradalier-Schlumberger et François Bordes en seront les rapporteurs.

La parole est à Anne-Laure Napoléone, Pierre Carcy et Laure Krispin pour une communication intitulée Façades à pan-de-bois de la fin du Moyen Âge à Toulouse : l’exemple du n° 7 de la rue Saint-Rome.

La Présidente les félicite tous trois pour ce travail mené en équipe, qui nous révèle un groupe de maisons de la fin du XVe siècle, voire plus anciennes. Il a bien sûr été amplement question des bois, ce qui ne manquera pas de susciter de nombreuses questions. Pour ce qui est de la brique, observe-t-on des différences de format dans le hourdis du n° 7 rue Saint-Rome ? Pierre Carcy explique que les différences sont dues aux briques remployées, à l’état de morceaux, alors que le liant à la terre uniformise le tout.
            Comme Louis Peyrusse l’interroge sur l’histoire sociale du n° 7 rue Saint-Rome, Anne-Laure Napoléone dit que la recherche reste à faire pour cette maison. Louis Peyrusse voudrait encore savoir si l’on a une idée des fermetures du rez-de-chaussée. Anne-Laure Napoléone et Pierre Carcy font état des encoches qui ont été observées, alors que le n° 1 rue des Changes présente des feuillures intérieures ; en revanche aucune trace de gond n’a été relevée.
            Olivier Testard s’intéresse aux causes de l’affaissement de la façade. Pour Pierre Carcy, c’est certainement l’affaissement du sol qui est en cause, l’incendie survenu à l’étage ayant par ailleurs pu un peu affaiblir des bois très tendus.
            Guy Ahlsell de Toulza signale que la voûte d’ogives de la rue des Marchands appartient à l’immeuble voisin et non pas à la maison à façade en pan-de-bois. Anne-Laure Napoléone fait cependant observer que sur les cadastres anciens les deux parties constituent une seule parcelle. Concernant la maison de la rue des Filatiers, Guy Ahlsell de Toulza rappelle que lors de l’enlèvement de l’enduit de la façade a été mis au jour le hourdis de briques soigneusement jointoyées et qui étaient donc visibles. Il signale en outre que des travaux sont prévus au rez-de-chaussée, et qu’il serait souhaitable d’en profiter pour l’étudier. Pierre Carcy conseille de saisir le Service régional de l’archéologie.
            Bernadette Suau relève que les analyses de laboratoire ont été fréquemment mentionnées, avec de fréquentes déceptions quant à la dendrochronologie, mais peu les sources archivistiques, pourtant nombreuses pour la fin du Moyen Âge. Il serait étonnant de ne pas y trouver des contrats de construction, mais cela suppose bien sûr des chercheurs qui connaissent bien le latin. Pierre Carcy fait observer que les textes retrouvés ne correspondent pas toujours à des façades conservées. Anne-Laure Napoléone ajoute que des recherches dans les archives sont en cours.

Puisque la dendrochronologie a été largement évoquée, Maurice Scellès tient à rappeler les origines et les objectifs du programme actuellement réalisé en Midi-Pyrénées, programme dont il assume la responsabilité, hier dans le cadre de la D.R.A.C. et aujourd’hui dans celui du Service de la connaissance du patrimoine de la Région. Une première présentation en a d’ailleurs été faite ici même l’année dernière. Maurice Scellès est parfaitement d’accord avec Pierre Carcy pour considérer que les analyses des bois ne doivent pas se limiter aux seules questions de datation, mais prendre en compte autant que faire se peut, outre l’identification des essences et leurs utilisations, les lieux d’approvisionnement, les variations climatiques locales, etc. L’objectif principal du programme en cours est de constituer une base de données publique de dendrochronologie, qui sera mise en ligne sur Internet, les données des mesures faites par les laboratoires et leurs interprétations étant corrélées aux notices d’œuvres. La publication des données et des protocoles doit permettre un meilleur contrôle, et mieux garantir la fiabilité des résultats mis à disposition des archéologues, alors que les écarts constatés lors de datations successives par des laboratoires différents, sans possibilité de vérification, finissaient par mettre en doute l’utilité de telles analyses.
            Bernard Pousthomis abonde dans ce sens en ajoutant que la défiance gagne les analyses de carbone 14, et il rappelle les phénoménales erreurs de datation des bois à Hossegor. Un membre ajoute que les architectes acceptent habituellement sans autre examen les datations rendues sur les édifices protégés au titre des Monuments historiques.

Quitterie Cazes exprime son admiration devant le travail réalisé. Sans doute les recherches en archives seraient précieuses, mais on sait combien il est difficile de retrouver dans les registres des notaires la maison que l’on étudie. Par ailleurs, elle voudrait savoir si, au XVIIIe siècle, la réglementation municipale interdit les encorbellements. François Bordes explique que la réglementation se met en place à Toulouse à partir des années 1480. Depuis la fin du XVIe siècle, des autorisations de construire sont délivrées : leur dépouillement apporteraient sans doute de nombreuses informations. Bruno Tollon rappelle que les textes réglementaires sont connus et publiés : à partir de l’entrée de François Ier, ils imposent le reculement des façades en encorbellement et interdisent de construire en pan-de-bois.
            Pierre Carcy croit se souvenir que la rue Perchepinte se trouve sur le trajet des parcours royaux dans Toulouse, ce que confirme Bruno Tollon.
            Après Quitterie Cazes, Michelle Fournié appelle de ses vœux une meilleure collaboration entre les chercheurs qui travaillent sur les édifices et ceux qui dépouillent les archives. On connaît les recherches de Véronique Lamazou-Duplan et leur intérêt pour la connaissance de la maison et de son mobilier. Sophie Cassagnes, qui a entrepris un travail sur le livre et sa fabrication à Toulouse, dépouille également les registres notariaux.
            Jean Le Pottier dit que les Archives départementales se mettront bien évidemment volontiers à la disposition des chercheurs pour favoriser les contacts et envisager les modalités de la mise en place d’une base de données. Il rappelle par ailleurs que le fonds des Trésoriers de France, certes pas très bien classé, est susceptible de contenir des informations sur les constructions.

 

Au titre des questions diverses, on attire l’attention de la Compagnie sur :

Le bassin des Ladres d’Ax-les-Thermes, une destruction autorisée…

Le récent « démontage » du bassin des Ladres nécessite d’être porté à la connaissance de la compagnie car il a été autorisé par le Service régional de l’archéologie, et quel accord…

Situé à proximité de l’hôpital d’origine médiévale et en contrebas de deux sources thermales (dites « des canons » et « du rossignol »), le bassin est vaste de 14 m x 11 m pour une profondeur de 1,20 m. Trois à quatre marches sur chacun des côtés permettent d’y descendre.
La pratique du thermalisme est attestée à Ax dès la fin du XIIIe tel que le souligne le balnea magnis dont il est fait mention dans les registres d’Inquisition de Jacques Fournier et Geoffroy d’Ablis, et que l’on peut probablement associer au bassin des Ladres (cette appellation reste tardive). Il reste donc d’après les chercheurs, un témoin exceptionnel du thermalisme médiéval. À ce titre, il est inscrit à l’inventaire des Monuments historiques en 1979.

En 2006, le Service régional de l’archéologie a connaissance d’un projet de réfection du bassin nécessitant un démontage complet, ces travaux ayant été jugés nécessaires pour pallier des problèmes de prolifération d’algues (1). En conséquence, la Direction régionale des affaires culturelles demande la réalisation de sondages archéologiques pour reconnaître et dater les structures, identifier les éventuels niveaux archéologiques ainsi qu’évaluer la cohérence de l’ensemble architectural. Quatre sondages sont ainsi réalisés en novembre 2006 par Pierrick Stéphant (bureau d’études archéologiques Hadès), un sur chaque côté du bassin, et Hélène Teisseire est associée à l’étude pour établir le contexte historique et faire une recollection de la documentation iconographique. Cette intervention fait l’objet d’un rapport de 75 pages remis au S.R.A. en février 2007.

Bien qu’ayant connu de nombreuses réfections, l’ouvrage apparaît homogène, l’agencement des emmarchements est identique sur les quatre côtés (2) et l’ensemble est daté de la 2e moitié ou de la fin du XIIIe siècle par le mobilier piégé, à l’exception de la 4e marche issue d’un rehaussement du XVIIe siècle. Le pavement du fond du bassin paraît également d’origine dans sa majorité. Les sondages ont en outre révélé du mobilier antique (Ier siècle av. J.-C. au Ier siècle ap. J.-C.) en position secondaire (contenu dans les remblais de fondation ?), du bois laissant supposer une possible structure en bois sous un des emmarchements inférieurs et la présence de vestiges de bâti antérieur au XVIIe siècle sur deux faces (bâti médiéval qui enclavait le bassin ?).

À partir de ces données, il apparaissait impératif que, si des travaux étaient réalisés dans le bassin, l’intervention d’un archéologue s’imposait. Cela ne faisait d’ailleurs aucun doute pour la Mairie d’Ax-les-Thermes qui, au début de l’été 2008, informe B. Pousthomis du démarrage du chantier pour l’automne.

Septembre passe, octobre passe, rien. Devant ce silence, en novembre, B. Pousthomis s’enquiert d’informations auprès du S.R.A., qui lui précise que « Le Service n’a pas jugé utile qu’il y ait une opération archéologique en accompagnement des travaux sur le bassin » et que de toute façon les travaux sont à cette date quasiment achevés…
Parallèlement, Hélène Teisseire, apprenant en septembre le démarrage imminent des travaux, alerte par plusieurs courriels le S.R.A. qui ne répond pas. Les travaux sont engagés et, afin de collecter tout de même quelques informations, elle prend l’initiative d’un suivi photographique des terrassements et obtient également l’accord de la municipalité pour que les terres extraites soient entreposées à la déchetterie d’Ax, terres qu’elle « fouille » les week-end. Ces déblais contiennent – en vrac bien entendu – des pièces de bois ainsi qu’un important mobilier médiéval et antique

Voilà comment ont été perdues à peu près toutes informations sur le plus grand, et peut-être le plus complet des bassins de thermalisme médiéval connu. On ne pourra plus répondre aux questions qui se posaient sur cet ouvrage et qui avaient été clairement énoncées dans le rapport de P. Stéphant, à savoir :
- la topographie antérieure au bassin (décaissement ou remblaiement ?) ;
- la nature et l’importance des travaux préparatoires de la plateforme de fondation (semble-t-il en blocs morainiques) ;
- des précisions complémentaires sur l’occupation antique du secteur ;
- l’étude du dispositif complexe d’adduction et d’évacuation des eaux ;
- la fonction des pièces de bois mises au jour : platelage, canalisations, batardeau ?
- la nature et la date des constructions adjacentes (médiévales ?) entrevues aux abords.

1. Il n’est pas de notre compétence de nous prononcer sur le bien-fondé de cette réfection.
2. - 1er degré : paroi du bassin et sa margelle ; - 2e degré : banquette ; - 3e degré : emmarchement d’accès ; - 4e degré : rehaussement du XVIIe siècle.

Maurice Scellès s’étonne que le bassin ait été entièrement démonté, et il s’interroge tout autant sur l’intérêt du remontage d’une construction qui n’est donc plus du XIIIe siècle. L’argument principal semble être touristique…
            Pierre Carcy indique qu’il y a nécessairement eu un maître d’œuvre d’opération, et que les travaux ont, normalement, fait l’objet d’une étude et d’un projet, et qu’ils ont été consignés dans un document d’attachement.
            Au sujet de ces bassins et de la continuité de leur utilisation de l’Antiquité au Moyen Âge, Daniel Cazes signale l’étude comparative sur toute l’Europe publiée par Eugène Guitard.

 

La Société est par ailleurs informée que la mairie de Grenade a lancé une consultation pour la restauration de la halle : une affaire à suivre.

 

SÉANCE DU 24 FÉVRIER 2009

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Bordes, Peyrusse, Testard, membres titulaires ; Mmes Barber, de Barrau, Galés, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Krispin, MM. Burroni, Carcy, Mange, Mattalia, Surmonne, membres correspondants.
Excusés : MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier ; Mme Cazes, MM. Garland, Pradalier, membres titulaires.
Invités : Mme Diane Joy, M. Antoine de Barrau.

 

La Présidente ouvre la séance à 17 heures. La parole est immédiatement au Secrétaire général pour la lecture du procès-verbal de la séance du 3 février 2009, qui est adopté à l’unanimité. En marge de ce compte rendu, un membre critique le traitement réservé au n° 7 de la rue Saint-Rome, dont la façade a été badigeonnée en orange, « cadeau de Noël » de l’Architecte des Bâtiments de France. On signale par ailleurs un cas unique à Toulouse de façade ayant conservé un pan de bois en encorbellement ; l’immeuble, dont l’ancienneté lui est apparue en visitant l’intérieur, est situé près de la place Arnaud-Bernard, dans la rue de la Verge-d’Or.

L’ordre du jour appelle les rapports sur le concours ; cette année, c’est le Prix de Clausade qu’il s’agit d’attribuer. Louis Peyrusse présente son rapport sur le mémoire présenté par M. Shun Nakayama :

M. Shun Nakayama, doctorant de l’Université de Kyoto, présente au concours de notre Société un mémoire intitulé La politique patrimoniale de la Société Archéologique du Midi de la France sous la première moitié de la Troisième République : entre régionalisme et patriotisme. Réalisé dans le cadre d’un master 2, préparé sous la direction de Patrick Cabanel, il a été jugé de manière très favorable par MM. Duluq et Zytricki. Il s’agissait de vérifier à travers cet exercice si le candidat était capable de maîtriser une impressionnante documentation et de rédiger en français. C’est bien le cas, et on ne peut que saluer l’importance du travail accompli.
            Le plan adopté est sans surprise. L’auteur balaie d’abord les problèmes d’historiographie : il a bien lu et réfléchi à partir de bases sûres, sur les problèmes d’histoire culturelle, du régionalisme dans la nation, des politiques culturelles et des sociétés savantes (qui connaissent alors leur âge d’or). Dans la première partie, l’historien concentre son attention sur la Société Archéologique : structure, activité (avec une analyse des Mémoires), financement… Il trace les portraits de trois personnalités importantes d’alors : l’abbé Carrière, Jules de Lahondès, Émile Cartailhac.
            Dans la deuxième partie, M. Nakayama précise le rôle joué par notre Compagnie dans les classements des monuments, en particulier après la première loi sur les Monuments historiques de 1887. L’expertise est attendue par les autorités (gouvernement, préfet) et par les archéologues parisiens (mais cela ne veut pas dire que la Société ait été entendue). Il analyse quelques cas à Toulouse : les vestiges de l’église des Cordeliers, les Jacobins, l’organisation du musée Saint-Raymond.
            Dans la troisième partie, l’auteur s’essaye à une problématique qui situe notre Société « entre régionalisme et patriotisme ». Il analyse ainsi le rôle du félibrige, l’impact des congrès régionalistes, la part faite à la grande et à la petite patrie. Il s’interroge même sur l’idée coloniale, notre Société ayant été accueillante aux sociétés archéologiques créées en Afrique du Nord. Il conclut logiquement que la Société Archéologique du Midi de la France n’a pas été régionaliste (au sens politique du terme), qu’elle s’est montrée raisonnablement patriote, et n’est pas allée au-delà des échanges avec les sociétés « coloniales ». Le dernier chapitre s’intéresse à la mémoire de notre Société (une identité multiple) en particulier à la perception de la Croisade des Albigeois et la notion d’École toulousaine.
            De copieuses annexes, une importante bibliographie ajoutent 66 pages aux 218 de l’étude.

Le mémoire n’est certes pas exempt de tout défaut. Les réserves tiennent pour une grande part au fait que M. Shun Nakayama découvre son objet d’étude, infiniment complexe et peu évident pour un étranger. Le travail est cependant d’une exceptionnelle ampleur : de vastes recherches, un soin manifeste pour tout replacer dans le cadre de l’histoire administrative et politique et dans celui de l’histoire culturelle. Ce premier essai est en tout cas de très bon augure pour la thèse à venir dont les analyses sauront être plus sophistiquées.
            M. Shun Nakayama mérite attention et encouragement. Je propose que notre Société lui attribue un Prix spécial de la Société Archéologique du Midi de la France, accompagné d'une médaille d'argent.

Louis PEYRUSSE

François Bordes et Michèle Pradalier-Schlumberger présentent ensuite leurs rapports respectifs sur les deux autres travaux présentés :
           - Cyril Daydé, Un unicum inédit : la Repetitio de inquisitione hereticorum de l’historiographe toulousain Nicolas Bertrand (Toulouse, 1512), mémoire de master II en Histoire présenté à l’Université de Toulouse-Le Mirail en 2007 ;
            - Maritchu Etcheverry, Sainte-Engrâce et son rayonnement sur les églises romanes en Haute-Soule, mémoire de master I présenté à l’Université de Pau et des pays de l’Adour en 2006.

À la suite de ces comptes rendus, il est proposé de réserver le Prix de Clausade et d’attribuer à M. Shun Nakayama le Prix spécial de la Société, accompagné d'une médaille d’argent et d'un chèque de 350 euros.

Il est ensuite question de décerner, à l’occasion de la prochaine séance publique de notre Société, une récompense à M. Étienne Dedieu, maire de Saint-Lizier, pour son engagement en faveur du patrimoine. Dominique Watin-Grandchamp et Lisa Barber signalent la compétence de cet élu, membre de la C.R.P.S., pour le montage de dossiers administrativement et juridiquement complexes, et saluent son courage face aux intérêts financiers ou politiques. La Compagnie, soucieuse de soutenir l’action exemplaire de M. Dedieu, décide de lui attribuer une médaille d’argent.

L’ordre du jour appelle ensuite deux communications courtes.

 La première intervention, présentée par Dominique Watin-Grandchamp et Christian Mange, concerne L’église de Saint-Paul-Cap-de-Joux.

 La Présidente remercie les deux intervenants pour un exposé qui souligne la multiplicité des références architecturales et la qualité du décor pictural d’un édifice vraiment intéressant, puis elle demande à quel moment de la carrière de Bernard Bénézet se situe le chantier de Saint-Paul-Cap-de-Joux. M. Mange répond que la carrière de l’artiste s’est déroulée de 1860 à sa mort en 1897 ; sa participation aux travaux de Saint-Paul eut lieu en 1878, et il possédait à cette date une maîtrise parfaite de la peinture murale. M. Mange relève d’ailleurs le caractère collectif de la réalisation de l’ensemble peint, œuvre d’une équipe d’artistes travaillant ensemble.
            Mme Watin-Grandchamp ayant indiqué qu’elle a obtenu une mesure de protection pour le décor porté, M. Carcy désire savoir laquelle. Mme Watin-Grandchamp précise : inscription en totalité.
            M. Peyrusse juge que l’église de Saint-Paul-Cap-de-Joux est un bon exemple de néo-roman, avec tout l’éclectisme du XIXe siècle. Notamment, la présence de deux absides sur la façade occidentale apparaît comme un « unicum ». Quant à la sacristie juxtaposée à l’édifice, sa conception est nettement inspirée d’une châsse-reliquaire. Mme Watin-Grandchamp fait observer que cette remarque est plus pertinente encore dans le cas de la sacristie, complètement achevée, de l’église de Ponsan-Soubiran. Au sujet de la contribution de Bernard Bénézet, M. Peyrusse note qu’elle s’inscrit dans les productions de la deuxième génération des préraphaélites ; il relève que les scènes que le peintre a réalisées sont concentrées dans la zone du chœur, et il estime qu’elles doivent être mises au nombre de ses chefs-d’œuvre.
            Bernadette Suau l’ayant interrogé à propos du commanditaire du décor peint, M. Mange répond que celui-ci n’est pas connu, mais il ajoute que les artistes faisaient des propositions.
            La discussion porte ensuite sur le tympan du portail, dont il est difficile de s’assurer qu’il s’agit d’une sculpture sur pierre ou d’un moulage, d’un ouvrage spécialement exécuté pour cet emplacement ou bien d’une pièce rapportée (soutenue par un rail de fer !) ; le relief ne figure pas, comme on l’a prétendu, « sainte Germaine de Pibrac », mais le Bon Pasteur. Concernant le chapiteau simple qui reproduit en partie le décor d’un chapiteau double du cloître de la Daurade, la question se pose de savoir si le modèle a été l’œuvre originale ou un moulage de Virebent. Gabriel Burroni déclare qu’il serait utile de procéder à une comparaison précise.

 La seconde contribution, due à Caroline de Barrau, s’intitule La cathédrale de Rodez : nouvelles découvertes archéologiques.

 La Présidente remercie notre consœur, qu’elle félicite pour avoir suivi les fouilles pendant plusieurs années et pour l’énorme travail de reconstitution opéré à partir de milliers de débris de sculptures. Mme de Barrau précise qu’elle ne nous a présenté qu’un quart des fragments retrouvés.
            M. Carcy demande si l’on a conservé un élément de bouton en ivoire ou en os (?) qui paraît correspondre à la boutonnière du costume d’une statue de personnage féminin. Mme de Barrau répond par l’affirmative ; elle ajoute qu’il faudrait procéder à une restauration des morceaux les plus intéressants.
            M. Peyrusse se déclare ébloui par la richesse de la sculpture de la cathédrale de Rodez. Sans doute conviendrait-il d’associer aux rapprochements faits avec la production toulousaine des références à celles d’Albi, de Monestiès... Mme de Barrau dit que, dans le cadre de sa thèse, elle est en train d’explorer ces diverses pistes, puis qu’elle s’intéresse en particulier à l’intervention du sculpteur Jacques Morel.
            Concernant le portail méridional, M. Peyrusse le trouve tout à fait original, parce qu’il fait penser à une chapelle. M. Scellès s’enquiert de la position des personnages entourant le Tombeau. Mme de Barrau précise que ceux-ci, notamment la sainte Femme, ne sont figurés qu’en buste.

 

SÉANCE DU 10 MARS 2009

Présents : M. Cabau, Secrétaire-adjoint, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mme Napoléone, MM. Bordes, Catalo, Peyrusse, membres titulaires ; Mmes Czerniak, Haruna-Czaplicki, MM. Carcy, Stouffs, Veyssière, membres correspondants.
Excusés : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général ; MM. Boudartchouk, Tollon, membres titulaires.

Le Secrétaire-adjoint ouvre la séance en priant la Compagnie d’excuser l’absence de notre Présidente, retenue par des obligations familiales, et celles du Directeur, du Trésorier et du Secrétaire général.

 La parole est immédiatement donnée à Valérie Rousset pour une communication sur L’église Saint-Pierre de Gluges (Martel), située sur la Dordogne, dans le département du Lot. Cette communication est le résultat d’un travail que Valérie Rousset a réalisé avec la collaboration d’Anne-Marie Pêcheur et Jean-Pierre Girault.

 Le Secrétaire-adjoint remercie Valérie Rousset d’avoir présenté un édifice qui révèle une architecture originale, mais dont la datation reste problématique : un des deux chapiteaux ornant l’arc d’entrée du chœur serait du milieu ou de la seconde moitié du XIe siècle alors que les modillons extérieurs et l’édifice datent certainement du XIIe. Ce chapiteau pourrait être, répond Mme Rousset, un chapiteau de remploi, d’autant que sa base est légèrement en retrait. M. Cabau s’interroge aussi sur le fait que la litre funéraire tracée sur le mur du chœur date du XVIIIe siècle, alors que le retable qui la recouvre remonterait au siècle précédent. Mme. Rousset reconnaît que cela peut surprendre mais suppose, et Louis Peyrusse partage son avis, que le retable du XVIIe siècle, aujourd’hui complètement dépecé et connu que par des photos anciennes, n’est peut-être pas d’origine et a pu n’être mis en place qu’après la Révolution.
            Patrice Cabau évoque ensuite la corniche présente sur le mur extérieur sud, mutilée vers l’Ouest par les travaux qui, dans le prolongement du presbytère, ont transformé la dernière travée de la nef en pièces d’habitation ; la corniche, surmontant des modillons qui offrent une sculpture de qualité, s’interrompt inexplicablement vers l’Est. Valérie Rousset répond que l’interruption à ce niveau doit s’expliquer par la présence d’un pignon disparu. Pour M. Cabau, le chevet, construit dans un appareil présentant certes des variations, apparaît homogène et ancien.
            M. Peyrusse se demande si des éléments de cette église, aujourd’hui désaffectée, ont été réemployés dans la nouvelle église construite au XIXe siècle. Mme Rousset pense que certains panneaux de bois sculptés, peut-être par l’atelier Tournier (?), qui a beaucoup travaillé en Quercy, dont celui qui évoque sainte Madeleine, proviennent de cette première église. Bernadette Suau cherche à savoir si les visites pastorales de l’époque moderne apportent des renseignements sur les cultes qui existaient dans cette église. Comme ce chapitre a été traité par Anne-Marie Pêcheur, Mme Rousset préfère ne pas se prononcer.
            M. Peyrusse trouve étonnant que cet édifice ait pu, en 1913, être classé parmi les Monuments historiques, si l’on tient compte des transformations désastreuses qui, à la fin du siècle précédent, l’ont complètement défigurée (cuisine, ouvertures à l’Ouest) et voudrait savoir qui est à l’origine d’une telle initiative. Pierre Carcy conseille de consulter le dossier de protection, conservé à Paris, qui permettrait peut-être de répondre à cette question.
            S’agit-il vraiment d’un édifice exceptionnel, demande alors Patrice Cabau ? Malgré son état de délabrement, accentué par les fouilles sauvages qui l’on complètement éventré, Mme Rousset pense que oui, ne serait-ce que par la qualité de son décor sculpté qui évoque l’atelier de Souillac. Cependant Louis Peyrusse estime que les deux chapiteaux de Gluges, même celui qui révèle une sculpture de meilleure qualité, pourraient dater du XIIe siècle, l’art de l’entrelacs s’étant longtemps maintenu, tandis qu’Anne-Laure Napoléone évoque les chapiteaux de Saint-Sauveur de Figeac qui sont datés de la fin du XIe siècle. Mme Rousset rappelle qu’il existe un mur ancien en petit appareil qu’un sondage a permis de découvrir dans un passage reliant le presbytère à l’église. Malheureusement, les sondages archéologiques sont maintenant terminés. Il ne sera guère possible d’en savoir davantage, sauf si un jour la restauration du presbytère, qui paraît intéressant et qui mérite d’être conservé, peut être envisagée.
            Quel est le sort réservé à cette église, poursuit Louis Peyrusse ? Les projets de l’Architecte en chef des Monuments historiques sont les suivants : restaurer le dallage, faire tomber la cloison qui délimite les pièces d’habitation, afin que la nef retrouve ses dimensions et son volume d’origine, reprendre les plafonds, passer un lait de chaux sur les murs. Pierre Carcy trouve qu’il est dangereux de passer du lait de chaux sur des enduits anciens car la chaux attaque les peintures. Valérie Rousset insiste alors sur les peintures qui semblent couvrir une grande partie de l’édifice et qui semblent importantes : des litres funéraires des XVIIe et XVIIIe siècles décorées d’armoiries ont été mises au jour à l’intérieur de l’église (chœur) et à l’extérieur. Des traces de polychromie se devinent même entre les modillons. Virginie Czerniak et Jean-Marc Stouffs se demandent si les éléments de peinture visibles de nos jours sont aussi le résultat de sondages sauvages, comme pour les sols. Mme Rousset pense que non.
            Bernadette Suau cherche à savoir si la population locale se sent concernée. Il existe en effet sur place, répond Valérie Rousset, une association très motivée et active, « Les Amis de Gluges », qui entend sauver l’édifice. Elle a cherché et obtenu des financements et pour les fouilles, les études, et les travaux de mise hors d’eau, si bien que l’église va pouvoir de nouveau être visitée.
            Plusieurs questions sont posées par François Bordes et Jean Catalo sur la situation de l’église dans son environnement : on ne peut que souligner sa position stratégique, à proximité de la Dordogne, sur un axe routier, à l’abri d’un rocher, mais elle ne semble pas avoir de lien direct avec le château du village. La dernière question posée concerne l’étymologie du toponyme de Gluges, qui pourrait venir de clusa, lieu resserré sous abri.

 

SÉANCE DU 24 MARS 2009

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire-adjoint, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Cazes, Napoléone, le Père Montagnes, MM. Julien, Peyrusse, Roquebert, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Andrieu-Hautreux, Barber, de Barrau, Béa, Félix, Haruna-Czaplicki, Krispin, MM. Burroni, Capus, Chabbert, Le Pottier, Mattalia, Surmonne, membres correspondants.
Excusé : M. Scellès, Secrétaire général.

La Présidente ouvre la séance à 17 heures et annonce une triste nouvelle : la disparition de Jean Coppolani, qui vient de mourir à l’âge de 91 ans, et le décès de son épouse, survenu quasi en même temps. Michèle Pradalier-Schlumberger évoque brièvement la figure amicale de notre Directeur honoraire, membre dévoué de notre Compagnie qui, en 2001, avait fêté son jubilé académique. La Présidente dit qu’elle prononcera son éloge lors de la prochaine séance publique de la Société.

Mme Pradalier-Schlumberger rend compte ensuite de la correspondance reçue, qui comprend notamment une information et l’annonce de deux manifestations :
            - « La Bibliothèque de Toulouse a acquis fin 2008 un manuscrit de la fin du XVe siècle particulièrement intéressant. Il s’agit du Miranda de laudibus Francie et de ispsius regimine regni, de Bernard du Rosier, rédigé en 1461-1475. Archevêque de Toulouse, Bernard du Rosier (1400-1475), issu d’une famille d’hommes de loi du Lauragais, enseigna à Toulouse et mena de pair le service du Saint-Siège, l’enseignement universitaire et l’administration diocésaine. Entré au service de Charles VII, il eut à plusieurs moments l’occasion d’intervenir dans les affaires politiques du royaume. C’est un intellectuel engagé et prolixe. Porte-parole des Toulousains et des Languedociens aux États, il exprime également arfaitement l’état d’esprit du Midi sur les questions religieuses et s’engage avec beaucoup de passion contre la politique royale exprimée dans la Pragmatique sanction de Bourges de 1438. Sa position lui vaut d’être élevé à la dignité épiscopale et d’obtenir l’archevêché de Toulouse en 1452, après deux brefs passages aux évêchés de Bazas (1447-1450) et de Montauban (1450-1452). Sa dalle funéraire est actuellement dans le cloître du Musée des Augustins ; l’artiste a eu le souci d’exposer les qualités intellectuelles du défunt, en y sculptant de nombreux manuscrits. L’exemplaire acquis a été probablement préparé par Bernard du Rosier lui-même comme cadeau pour le roi de France Louis XI pour son accession au trône en 1461 : les armes du roi de France apparaissent dans l’initiale M. Il s’agit d’un texte éminemment “politique”, qu’il composa en partie pour défendre les droits du roi Charles VII à prétendre au royaume de France (contre la Ligue du Bien Public, menée par les ducs de Bourgogne, de Bretagne, de Bourbon, et de Berry) et qu’il retoucha en 1465, sans doute afin de réaffirmer sa fidélité au nouveau roi Louis XI, avec qui il entretenait de mauvaises relations. La Bibliothèque conservait un manuscrit de Bernard du Rosier, composé de cinq autres titres. » ;
            - « Quoi de neuf au musée ? 25 ans d’acquisitions (1985-2009) », exposition présentée par le musée des Augustins du 4 avril au 2 novembre, dont l’inauguration aura lieu le 3 avril ;
            - 15e Salon du livre d’histoire locale de Mirepoix, à tenir le 5 juillet.

La Présidente présente deux ouvrages offerts à la bibliothèque de la Société par leurs auteurs, nos confrères :
             - Maurice Greslé-Bouignol, Regard albigeois sur un type de croix paradoxal, Archives & Patrimoine, s.l.n.a, 80 p. ;
   
         - Laure Krispin, Louise-Emmanuelle Friquart (textes), Adélaïde Maisonabe (photos), Toulouse. 250 ans d’urbanisme & d’architecture publique, Toulouse, Editions Privat, 2008, 128 p.

 

La parole est à Caroline de Barrau pour la principale communication du jour, consacrée à La sculpture funéraire de la cathédrale de Rodez (XIIIe-XVIe siècles) : résultats de l’étude.

[Résumé à insérer.]

 Mme Pradalier-Schlumberger remercie notre consœur pour une étude dont la conclusion lui paraît bien modeste : la production sculptée ruthénoise est loin d’être méprisable ; elle est même d’une guande qualité au XIVe siècle. Mme de Barrau répond que c’est le moins bon état de conservation qui donne ce sentiment de moindre qualité. Mme Pradalier-Schlumberger ajoute que cette impression est également imputable au matériau utilisé : le marbre employé à Saint-Bertrand-de-Comminges ou Narbonne confère évidemment aux œuvres un prestige beaucoup plus grand.
            La Présidente ayant fait appel aux remarques et questions de la Compagnie, le Père Montagnes demande quelle est la source de la représentation de funérailles, visiblement extraite d’un manuscrit médiéval, qui a servi à illustrer l’exposé. Mme de Barrau dit qu’elle a tiré cette image d’un livre d’heures de Rodez.
            Daniel Cazes intervient à propos de la terminologie utilisée. L’expression « tombeaux-coffres » paraît très ambiguë, sinon confuse : sans doute faudrait-il se référer à une typologie distinguant les différentes sortes de monuments funéraires, selon qu’ils contenaient ou non le corps des défunts. Dans un sens inverse, Patrice Cabau fait observer qu’il n’y a pas lieu de distinguer divers types pour les inscriptions du XIIIe siècle : les prétendues « fondations d’obits » sont en réalité des épitaphes.
            Toujours sur le plan de la méthode, Lisa Barber relève que le mode de présentation adopté donne l’impression d’une évolution : d’abord épitaphes, ensuite plates-tombes, enfin « tombeaux-coffres ». Mme de Barrau répond qu’un exposé thématique peut en effet procurer l’illusion d’une évolution chronologique ; en réalité, les différents éléments ont coexisté.
            Bernadette Suau pose la question de la représentativité des monuments funéraires par rapport aux inhumations. Mme de Barrau répond par l’affirmative dans le cas des ecclésiastiques (évêques et chanoines), par la négative dans le cas des laïcs (comme l’indique l’étude des testaments).
            Mme de Barrau s’étonnant de la rareté de la représentation d’un chanoine en gisant, Patrice Cabau cite, entre autres, l’exemple d’Aymeric de Samatan, chanoine et chancelier du chapitre de la cathédrale de Toulouse décédé en 1282, ainsi figuré sur son épitaphe.

Une communication courte sur Les élévations du bâtiment de la rue des Cuves à Toulouse était ensuite prévue ; elle est n’a pas lieu par suite de l’absence de Pierre Carcy.

Au titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza fait une mise au point concernant la « maquette du Canal du Midi » prétendument construite dans le parc du château de Bonrepos-Riquet.

 

SÉANCE PUBLIQUE DU 5 AVRIL 2009

Elle se tient dans la salle Clémence-Isaure de l'Hôtel d'Assézat.

Allocution de la Présidente : 

Madame le Maire, mesdames, messieurs, chers amis,

Avant d’écouter la conférence d’Hélène Guiraud, pour laquelle nous nous réjouissons tous, je dois, selon un rituel immuable et un peu ennuyeux propre aux séances publiques, parler de la Société archéologique du Midi de la France et rappeler ses activités pendant l’année 2008.

Je voudrais tout d’abord évoquer, même de manière rapide, les membres de la Société décédés en cours d’année, et dont les hommages paraîtront dans le volume des mémoires de 2008.
            L’année 2008 a été particulièrement douloureuse pour nous puisque nous avons perdu cinq de nos membres, dont certains étaient très actifs dans la Société. Nous avons eu la tristesse de perdre notre doyen, Gabriel Manière, âgé de 98 ans, décédé en juin 2008. Gabriel Manière avait voué sa passion d’archéologue à explorer les sites antiques et médiévaux du Volvestre et du Comminges et restait dans son grand âge très attaché à notre Société, avec ses courriers réguliers, quelques articles encore et les conversations téléphoniques avec Louis Latour qui maintenaient le lien amical.
            En août nous avons eu la grande tristesse d’apprendre le décès de Jeanne Bayle, à l’âge de 88 ans, à la suite d’une lourde opération dont elle ne s’est pas remise. Jeanne Bayle, chartiste-paléographe de formation avait le goût de la recherche dans les archives et ses nombreux articles, sur les peintres-verriers, les enlumineurs, les menuisiers toulousains ont enrichi nos volumes de Mémoires. Toujours présente à nos séances, jusqu’à la dernière de juin dernier malgré la maladie et la douleur, elle participait avec humour et érudition à toutes les discussions.
            Une autre place est aujourd’hui vide dans nos rangs, celle qu’occupait, avec sa forte personnalité, notre ami Monseigneur Jean Rocacher, noyé tragiquement en septembre dernier alors qu’il se baignait sur la plage de Sète. Ses travaux de médiéviste, sur le château Narbonnais, sur Saint-Sernin, la cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges ont marqué l’historiographie toulousaine, et nous gardons le souvenir de son rayonnement et de sa généreuse amitié.
            Nous avons également appris la disparition de José Barès, avocat, qui a été bâtonnier à Saint-Gaudens, grand amateur d’histoire et d’histoire de l’art, que nous n’avions plus vu depuis des années à la Société.

Enfin, il y a quinze jours, nous apprenions le décès de notre directeur honoraire, Jean Coppolani, et de son épouse, disparue deux jours après lui.
            Jean Coppolani, âgé de 91 ans, était membre de la Société archéologique depuis 1950, membre titulaire en 1951. Notre précédent président, Louis Peyrusse, avait fêté son jubilée, 50 ans dans la Société en 2001, au cours d’une fête très chaleureuse. Il venait encore à nos séances, jusqu’à ce qu’une chute dans son jardin et une fracture l’éloignent définitivement, il y a trois ans.
            Jean Coppolani a été une figure majeure de notre Société, il a occupé plusieurs postes au Bureau : secrétaire- adjoint, secrétaire général, directeur (sa grande modestie lui a fait refuser la présidence et demander à être directeur honoraire, quand il a commencé à être moins actif). On retrouve sa petite écriture régulière sur nombre de fiches de notre ancien fichier, et sur nombre de dossiers de nos archives.
            Jean Coppolani était le géographe de Toulouse, et selon la formule de Louis Peyrusse dont je reprends les termes « l’exemple parfait du savant à la fois historien et géographe, de ceux qui ne veulent pas séparer l’étude de l’espace et du temps ». Il était élève de Daniel Faucher, et dans sa thèse Toulouse, étude de géographie urbaine, publiée en 1955, s’affirmait d’emblée comme un pionnier en matière de géographie urbaine. C’est cette spécialité qui l’orienta vers le ministère de l’Équipement où il fit carrière, et devint urbaniste en chef de l’État à la Direction régionale de l’Équipement. C’est là qu’il assista aux transformations de la ville pendant les Trente Glorieuses et en fit son miel, dans nombre d’articles parus dans la Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest ou dans les Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France (des titres comme « L’évolution des paysages urbains de Toulouse depuis 1945 », ou « Les plans d’urbanisme de Toulouse au XXe siècle » témoignent de ses intérêts et sont précieux pour les chercheurs).
            Il était aussi historien et historien de l’art, on lui doit de nombreux articles sur « Les clochers toulousains », l’église de Seyssse-Tolosane, « Les clochers-murs du pays toulousain », « Les noms anciens des voies publiques de Toulouse ». Parmi ses ouvrages, je citerai le volume « Églises et chapelles de la Haute-Garonne, le canton de Muret » et le très beau livre sur les « Ponts de Toulouse », publié chez Privat en 1992, qui rappelle le souvenir des ponts disparus, étudie les ponts anciens et les ponts contemporains si souvent reconstruits, comme le pont Saint-Pierre. Jean Coppolani était un infatigable travailleur (le fonds Coppolani de nos archives, avec ses manuscrits et ses fonds de cartes en témoigne), il était un humaniste et un homme de cœur, qui a beaucoup donné de son temps et de sa personne.
            La disparition de Jean Coppolani, non seulement creuse un vide affectif parmi nous, mais elle clôt aussi un chapitre de l’histoire de la Société Archéologique du Midi de la France, la période qui fut marquée par la génération de l’après-guerre, ces fortes personnalités que furent Michel Labrousse, Georges Fouet, Gratien Leblanc, et tant d’autres.

La vie de la Société archéologique continue, avec de nouvelles générations de chercheurs (six nouveaux membres correspondants cette année), et nos réunions du mardi toujours aussi fructueuses. Il y a eu 14 séances, avec des communications longues et des interventions plus courtes, l’Antiquité fort bien représentée par 6 interventions, 9 communications longues ou courtes en Moyen Âge, une seule pour la période contemporaine. La défense du patrimoine reste un des objectifs de la société, et nous avons exceptionnellement consacré une séance à la défense du château de Lacroix-Falgarde, victime d’un grand projet immobilier et dont l’état lamentable, abandon et destructions, avait alerté depuis un an les membres de notre Société, en particulier Guy Ahlsell de Toulza qui nous a tenu régulièrement au courant des dégradations.
            Nous avons visité le 25 novembre, la belle exposition du Musée Saint-Raymond, « Marbres, hommes et Dieux, vestiges antiques des Pyrénées centrales », sous la direction de Daniel Cazes, conservateur en chef du Musée, de Robert Sablayrolles, professeur d’art antique, de Claudine Jacquet, assistante de conservation, et de Laeticia Rodriguez, étudiante.
            Comme elle le fait de temps en temps, la Société archéologique a organisé une journée « foraine », avec une excursion à Saint-Lizier, le 21 juin, où nos conférenciers bénévoles : Daniel Cazes, Catherine Viers, Henri Pradalier et Emmanuel Garland ont animé les visites de manière efficace et pertinente et je les en remercie.

La partie la plus visible de la Société archéologique, ses publications. Le tome 67 des Mémoires paraîtra à la fin du mois de mai, j’ai plaisir à l’annoncer car nous avons un peu de retard et nos abonnés s’impatientent à juste titre : le bon à tirer est signé ! et il faut remercier M. Scellès, Secrétaire général de s’en être chargé, comme il l’a fait avec tant d’efficacité depuis vingt ans. Le volume suivant sera pris en charge par Anne-Laure Napoléone, à qui je dis un grand merci.
            Le volume II de la Maison au Moyen Âge dans le Midi de la France, les actes du colloque de Cahors de 2006, édités aussi par Anne-Laure Napoléone, paraîtra également à la fin du mois, et on lui souhaite autant de succès que pour le premier.

Pour la bibliothèque, Bernadette Suau, Bibliothécaire-archiviste, assure son ouverture régulière le mardi, et Louis Latour, Bibliothécaire- adjoint, continue de classer le fonds important des revues étrangères que nous recevons au titre des échanges, tandis que Georges Cugulières, un de nos dévoués bénévoles, s’occupe de la saisie informatique des fiches (12000 fiches), qui seront adaptées au nouveau logiciel de la mairie de Toulouse, grâce à l’aide de Jacques Surmonne. Nous avons en outre reçu un nouveau matériel informatique qui nous a été donné par Radouan El Ouali, deux ordinateurs dont il assure aussi la maintenance : merci pour ce cadeau bien utile et pour l'assistance informatique dont nous avons bien besoin. Ce sont encore Martine Rieg et Jean-Pierre Suau qu'il convient de remercier pour l'aide bénévole qu'ils nous apportent.
            Enfin, je remercie tout particulièrement les membres du bureau qui se partagent les tâches avec dévouement : Bernadette Suau, Daniel Cazes, Maurice Scellès, Patrice Cabau, et notre trésorier, Guy Ahlsell de Toulza, qui nous permet de traverser la crise sans trop de dégâts.

La Présidente donne alors la parole à Martine Jaoul pour le rapport sur le concours. M. Shun Nakayama reçoit le prix spécial de la Société archéologique du Midi de la France.

 La Présidente reprend la parole pour un moment exceptionnel dans la vie de notre Société, car nous avons en effet le plaisir d’honorer l’action de Monsieur Étienne Dedieu, maire de Saint-Lizier (Ariège), qui nous fait la joie d’être parmi nous aujourd’hui :

Monsieur le Maire, vous vous êtes fait le défenseur d’un site patrimonial unique, l’ensemble des constructions de la Cité de Saint-Lizier, (située dans la partie haute de la ville) comprenant la cathédrale Notre-Dame de la Sède (un édifice du XIVe siècle dans lequel ont été découvertes des peintures en cours de dégagement) et l’imposant palais épiscopal du XVIIe siècle qui lui est accolé et dont quelques salles servaient de musée. Ces bâtiments ont comme soubassement une immense et exceptionnelle enceinte antique, de 740 m de long, datant pour l’essentiel du Ve siècle.
            Depuis 2004, ce site, propriété du conseil général de l’Ariège, et lieu hautement sensible sur le plan archéologique, fait l’objet d’un pharaonique projet immobilier : construction d’un hôtel avec piscine sur un des côtés de la colline, prolongé par une résidence hôtelière (86 appartements), dont 14 appartements logés dans l’aile historique du palais, l’ancienne résidence des évêques de Saint-Lizier. Le projet prévoit également un restaurant dans les caves. Une petite partie du palais épiscopal sera réservée au Musée, à réaménager.
             Vous vous battez, Monsieur le Maire, depuis toutes ces années, pour sauver ce qui peut encore être sauvé, en utilisant toutes les subtilités des permis de construire, en multipliant les courriers au préfet, à la DRAC, aux architectes, en accumulant dossiers, plans et photos. Vous vous battez surtout en étant présent sur le chantier que vous arpentez journellement en vous désolant de voir disparaître les cheminées Louis XIV et les lambris ou, dernièrement, les foudres de la cave, précieux témoignage d’un passé vinicole ; vous surveillez la couleur des huisseries, des enduits, des corniches, la conservation des voûtes.
            Vos victoires, monsieur le Maire, sont importantes : en refusant le permis de construire, vous avez obtenu le « décollement » de l’hôtel, c’est-à-dire le retrait du nouveau bâtiment, qui ne s’appuie plus désormais contre le rempart, contrairement au projet de l’architecte qui aurait abouti à percer l’enceinte. Ce rempart, vous voulez le mettre en valeur, tout en permettant l’accès aux visiteurs.
            Pour la résidence hôtelière, vous avez réussi à limiter le nombre de percements, six ouvertures au lieu de trente, c’est une belle victoire ! Vous avez également sauvé l’appartement de l’évêque, en refusant la construction de plusieurs appartements à l’intérieur. Vous vous battez actuellement contre un immense parking de 120 places, à côté du site, et vous avez obtenu en février qu’il soit fondu dans le paysage et que de larges zones de plantations viennent en atténuer la dureté.

Je voudrais rappeler que vous êtes non seulement le défenseur du patrimoine de Saint-Lizier mais d’une manière plus large du patrimoine de Midi-Pyrénées puisque vous siégez régulièrement à la Commission Régionale du Patrimoine et des Sites (la C.R.P.S.).
            Monsieur le Maire, la Société archéologique du Midi de la France vous soutient dans vos combats, et nous ferons une motion sur Saint-Lizier pour en témoigner.
            Aujourd’hui, c’est donc pour honorer votre action à Saint-Lizier que nous avons le plaisir, Monsieur le Maire, de vous offrir cette médaille d’argent de la Société archéologique du Midi de la France.

 

Conférence d'Hélène Guiraud : Illustrium Imagines, les camées impériaux romains.

 

SÉANCE DU 21 AVRIL 2009

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Boudartchouk, Catalo, Lassure, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Roquebert, Testard, membres titulaires ; Mmes Barber, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Jiménez, Marin, MM. Burroni, Corrochano, Le Pottier, Macé, Mattalia, Pousthomis, membres correspondants.
Excusés : M. Cazes, Directeur, Mme Cazes, M. Garland.

Après avoir annoncé le report de l’examen des procès-verbaux des deux dernières séances, la Présidente présente à la Compagnie le volume tout nouvellement paru des actes du colloque sur la maison au Moyen Âge dans le Midi de la France, organisé par notre Société à Cahors en juillet 2006. Ce volume hors série de nos Mémoires est disponible pour les membres de notre Société au prix de souscription de 40 €. La Présidente félicite Anne-Laure Napoléone, et Maurice Scellès pour l’aide qu’il lui a apportée, d’avoir mené à bien l’édition de ce beau volume thématique richement illustré, qui prolonge celui des Journées d’étude de 2001, paru en 2003. Après avoir rappelé le long travail qui a suivi la décision prise en 2003 d’organiser ces deuxièmes journées d’étude sur la maison au Moyen Âge, Anne-Laure Napoléone dit espérer que l’on en appréciera le résultat.

La correspondance manuscrite comprend une lettre du Maire de Toulouse nous annonçant l’attribution de la subvention annuelle de 1500 €.
            La Présidente communique le programme du Congrès des Sociétés savantes de la Fédération historique de Midi-Pyrénées, « Vivre et mourir en temps de guerre de la préhistoire à nos jours : Quercy et régions voisines », qui se tiendra à Cahors du 19 au 21 juin 2009.
            Nous est également parvenu le programme du Congrès archéologique de France dont la 167e session se tiendra cette année en Aveyron du 8 au 14 juin. La Présidente rappelle l’intérêt de ces congrès qui visitent notre région tous les dix ans environ, et qui sont toujours des évènements exceptionnels pour les organisateurs et les conférenciers, dont nombre appartiennent à notre Société. La Présidente a en outre le plaisir d’informer notre Compagnie de la décision prise par la Société française d’archéologie d’exonérer les membres de notre Société des frais d’inscription au congrès.

En remerciement de l’accueil et de l’aide reçus lors de ses séances de travail dans notre bibliothèque, Mme Odile Parsis-Barubé nous adresse la partie de son mémoire d’habilitation à diriger des recherches qui traite plus particulièrement de notre Société : L’invention de la couleur locale. Érudition, génie des lieux et sens du pittoresque en France (milieu XVIIIe – milieu XIXe siècle), vol. III, La province antiquaire. L’invention de l’histoire locale en France (milieu XVIIIe – milieu XIXe siècle), Université de Paris I, 2008, 734 p. Comme Mme Parsis-Barubé se proposait de venir nous présenter le résultat de ses recherches, la Présidente a évoqué la possibilité d’une communication extraordinaire en séance ou bien celle d’une conférence à l’occasion de la séance publique annuelle. Michèle Pradalier-Schlumberger souligne que Mme Parsis-Barubé aboutit à un point de vue sur Alexandre Du Mège qui contrebalance le jugement très défavorable auquel aboutissaient les travaux de M. Delpont sur l’affaire Tétricus.

La parole est à Jean Catalo pour une communication sur Le Château Narbonnais de Toulouse : bilan des fouilles 1999-2006.

La Présidente remercie Jean Catalo pour cette magnifique présentation qui nous propose une passionnante synthèse après nos visites successives des différents chantiers de fouilles. Autant que celle du château, c’est l’évolution de tout le quartier qui est clairement mise en évidence. Au vu des résultats et de la très grande qualité de l’illustration, on ne peut que souhaiter la publication prochaine d’un beau volume monographique. Jean Catalo le voudrait également, en souhaitant l’intervention d’autres spécialistes, dont certains appartiennent à notre Société, afin de compléter et de mettre en perspective les apports des fouilles. L’historiographie du Château narbonnais est considérable, et bien des aspects que l’on pouvait considérer comme acquis sont aujourd’hui remis en cause. Le débat doit être ouvert, en considérant que nous disposons aujourd’hui d’une documentation suffisamment abondante pour tenter de reconstituer l’histoire de ce monument majeur de Toulouse.
            La Présidente demande si les vestiges de la tour de l’Horloge et de l’enceinte ont été conservés dans la crypte archéologique. Jean Catalo répond qu’ils ne l’ont pas été, et il explique que la décision de conserver une partie de la fouille en aménageant une crypte a été précédée de nombreuses discussions, et que l’état de conservation des vestiges a été un critère déterminant. Puis il rappelle les nombreux projets concernant le palais de Justice, avec maintien ou non sur le site, et les négociations qui ont précédé et accompagné le démarrage du chantier. L’étude de 1991, qui concluait que l’on n’avait aucune chance de retrouver des vestiges du Château narbonnais a pesé lourd, et aucune fouille n’avait été de ce fait prévue. Les fouilles archéologiques sont venues s’ajouter au projet initial, et il faut insister sur la très bonne collaboration et la grande réactivité dont ont fait preuve tous les intéressés.
            Maurice Scellès intervient pour regretter, une nouvelle fois et quitte à se répéter, l’absence d’une approche globale de l’aménagement urbain prenant en compte l’archéologie : dans une autre logique administrative, le parking du palais aurait pu être aménagé sous les allées, et les vestiges mis au jour conservés.

Louis Peyrusse s’intéressant aux considérables contreforts ajoutés à la tour à talon de la porte romaine, Jean Catalo dit ne connaître que peu d’exemples comparables. Dès la fin de l’Antiquité cependant, cette technique de doublement des murs est utilisée pour renforcer des constructions conçues comme des éléments de prestige mais dont la fonction défensive devient alors prioritaire.
            Louis Peyrusse remarque par ailleurs que le château comtal ne paraît guère extraordinaire, ce que conteste Jean Catalo. Il faut considérer que l’on n’est pas en présence d’un palais mais d’une forteresse. Sa base est constituée par la porte romaine, et elle occupe un quadrilatère de 40 m de côté pour une hauteur équivalente, d’où émergeait la « tour blanche ». La « Tour de Londres » avait des dimensions comparables. Jean Catalo ajoute qu’il est un fait plus rare, celui du lien entre la ville et le comte que traduit l’intégration du château comtal à la défense de la cité.
            Patrice Cabau se demande ce qu’il faut penser du récit de Guillaume de Puylaurens, selon lequel Simon de Montfort aurait fait vider des terres de l’intérieur du château et ouvrir une porte à l’est. Jean Catalo dit qu’il lui serait certes possible de trouver un secteur que l’on aurait vidé, et aussi une porte orientale, mais une porte existe en fait à l’est depuis le XIIe siècle. Il est possible que Simon de Montfort ait fait renforcé la défense du château, peut-être en faisant creuser un fossé ; quant à l’avoir fait « vider », cela paraît d’autant plus impossible que les niveaux de circulation retrouvés lors des fouilles sont très proches des niveaux actuels.
            « Et Alphonse de Poitiers ? », l’interroge alors Patrice Cabau. Après avoir remarqué que son interlocuteur connaissait le sujet, Jean Catalo indique qu’on lui doit la construction de la prison des Hauts-Murats et de la Trésorerie : Alphonse de Poitiers renforcent surtout les administrations qu’il installe autour du château comtal.
            Comme Guy Ahlsell de Toulza s’intéresse aux parties résidentielles du château, Jean Catalo précise que ce sont principalement les sources des XIVe et XVe siècles qui permettent de les situer. Les différentes mentions permettraient de placer les parties résidentielles principalement dans l’aile ouest et au sud. Jean Catalo rappelle ensuite le texte de Froissart qui mentionne un grand degré dans la cour et donnant accès à la salle, un autre escalier permettant de passer de la salle aux chambres de la tour.
            Répondant à une question de Laurent Macé sur la tour Ferrande et la chapelle mentionnées par la Chanson de la croisade, Jean Catalo dit que l’existence de la chapelle ne pose pas de problème, puis il précise que nous savons que la tour Ferrande est aussi appelée « tour Galharde », qui est la « tour Blanche », en fait la tour majeure. Est-elle dite « blanche » en raison de son aspect antique ? Jean Catalo est tenté de penser que les décors retrouvés lors de la démolition du XVIe siècle étaient alors visibles, mais il ne faut pas imaginer pour autant une tour en moellons, alors que le rempart romain est principalement bâti en brique.
            Laurent Macé demande s’il ne faut pas attribuer à Guillaume d’Aquitaine la construction du « château », que se serait ensuite réapproprié Raymond V. Pour Jean Catalo, il paraît difficile de qualifier de « château » ce qui n’est encore qu’une porte, qui n’est ni fermée ni indépendante, même si le terme est employé à cette époque-là. Tous les éléments de datation apportés par les fouilles convergent pour dater la transformation en forteresse de la fin du XIIe siècle. Laurent Macé fait cependant observer que Raymond V ne réside pas à Toulouse. Pour Jean Catalo, la création de la forteresse est d’autant plus importante en l’absence du comte, ce qu’exprime le sceau de Raymond V. Laurent Macé note que le château comtal est en effet accepté par la Ville, qui le représente dans ses armes.
            Olivier Testard voudrait savoir si les contreforts sont attestés sur la tour ouest de la porte, et si l’ajout de ceux de la tour orientale ne doit pas être lié à sa surélévation. Jean Catalo indique que pour la tour ouest, il s’agit d’une restitution en symétrique et que les contreforts ne sont pas attestés. Jean Catalo croit plutôt à la cohérence du système défensif avec le renforcement des deux tours, qu’à la surélévation d’une seule.

Jean Catalo conclut en rappelant que des fouilles sur la place du Parlement et surtout dans la cour permettraient de compléter notre connaissance du site.

 

SÉANCE DU 5 MAI 2009

Présents : MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Boudartchouk, Testard, membres titulaires ; Mmes Barber, Balty, Éclache, Fournié, Fronton-Wessel, Haruna-Czaplicki, MM. Balty, Burroni, Chabbert, Mange, Mattalia, Molet, Surmonne, membres correspondants.
Excusés : Mmes Pradalier-Schlumberger, Présidente, Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Bordes, Garland, Georges, le Père Montagnes, M. Tollon.

Après avoir demandé à la Compagnie d’excuser l’absence de notre Présidente, le Directeur donne la parole au Secrétaire-adjoint et au Secrétaire général pour la lecture des procès-verbaux des séances des 24 février,10 mars et 21 avril derniers, qui sont adoptés.
En marge du procès-verbal du 21 avril, Henri Molet souhaite signaler que des baux à prix-fait des années 1597-1598, conservés aux Archives de l’Hérault à Montpellier, vérifient très exactement la représentation des façades méridionales du Château narbonnais que donne la miniature de Chalette en 1632. Jugeant de l’intérêt de la communication de Jean Catalo au travers de la discussion qui a suivi, le Directeur souhaite qu’elle fasse l’objet d’un article dans le prochain volume de nos Mémoires.

La correspondance imprimée comprend en particulier le programme du colloque Ab urbe condita… Fonder et refonder la ville, qui se tiendra à Pau les 14-16 mai prochains.

Le Directeur donne la parole à Michèle Éclache pour une information brève sur la Découverte d’un plafond peint du XVIIe siècle à Hôtel de Clary, à Toulouse :

Texte à insérer

Le Directeur remercie Michèle Éclache pour cette information passionnante, dont l’intérêt s’accroît du plaisir que nous ressentons à chaque réapparition d’un élément de notre patrimoine.
            À la demande de Guy Ahlsell de Toulza, Michèle Éclache donne des précisions sur l’emplacement du plafond, puis tous deux s’interrogent sur l’escalier du XVIIe siècle, dont on a le bail à prix-fait mais pas les quittances, et dont on peut se demander s’il a été effectivement réalisé. Michèle Éclache rappelle que si l’on sait que les travaux ont été interrompus à la mort de Clary, on ne sait en revanche ce qui était alors effectivement construit.

Le Directeur donne la parole à Hiromi Haruna-Czaplicki pour une Note introductive sur l’enluminure toulousaine des manuscrits du « Breviari d’Amor » de Matfre Ermengaud.

Le Directeur remercie bien vivement Hiromi Haruna-Czaplicki pour cette très intéressante communication qui a été sans doute pour la plupart d’entre nous une découverte dans un domaine que nous ne connaissions pas trop bien.
            Michelle Fournié félicite à son tour Hiromi Haruna-Czaplicki de s’être lancée dans ce grand chantier. Le Bréviaire avait attiré son attention alors qu’elle travaillait sur la représentation des lieux de l’au-delà, mais l’entreprise lui avait alors paru énorme, chacun des manuscrits comptant près de 250 miniatures. Personne n’avait osé s’y engager avant Hiromi Haruna-Czaplicki, qui a mis dans ce travail toute sa compétence et ses connaissances, en constante progression. Le Directeur remercie Michelle Fournié d’avoir exprimé un enthousiasme largement partagé, avant de se demander si une telle tâche ne nécessiterait pas la mise en place d’une équipe de recherche.

Au titre des questions diverses, Jean-Luc Boudartchouk présente un fonds d’archives de Georges Baccrabère récemment acquis par notre Société :

Texte à insérer

Le Directeur salue cet hommage ainsi rendu à la mémoire de Georges Baccrabère, que nous avons été nombreux à apprécier et à aimer au sein de notre Compagnie.

Puis le Directeur évoque un récent séjour qu’il a eu l’occasion d’effectuer en Navarre. Son attention a été retenue par l’admirable travail de récupération des vestiges médiévaux du château des rois de Navarre allié à la construction d’un splendide bâtiment destiné aux Archives historiques de la Navarre, par l’un des plus grands architectes espagnols, Rafael Moneo : l’ensemble de l’opération a fait l’objet d’une publication dans un beau volume très complet de Principe de Viana. Dans la même collection a été publiée la fouille d’une villa romaine qui a été protégée par la construction d’un bâtiment parfaitement intégré à ce site admirable. Ce sont des publications que nous nous devons d’avoir dans notre bibliothèque, et le Directeur émet le vœu que soient repris les échanges, interrompus depuis plusieurs années déjà, avec Principe de Viana.

 

SÉANCE DU 19 MAI 2009

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Barber, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Boudartchouk, Garland, le Père Montagnes, MM. Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Fournié, Haruna-Czaplicki, MM. Balty, Laurière, Mattalia, Pousthomis, membres correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Bordes, Georges, Tollon.

La Présidente ouvre la séance en annonçant un ordre du jour assez chargé en raison de l’élection de membres titulaires et de membres correspondants.
            Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 24 mars 2009, qui est adopté.
            La Présidente rend compte de la correspondance manuscrite. Un courrier de la Mairie de Toulouse nous informe du lancement d’une procédure de modification du PLU du Grand Toulouse.
            M. Dedieu, maire de Saint-Lizier, nous adresse un courrier très abondant, accompagné d’une importante documentation destinée à notre bibliothèque. À l’issue de la lecture par la Présidente de larges extraits du courrier de M. Dedieu, le Secrétaire général propose de demander à celui-ci l’autorisation de les publier dans notre Bulletin. Michèle Pradalier-Schlumberger rappelle qu’il nous faut également adopter la motion sur Saint-Lizier que nous lui avions annoncée. La Présidente remerciera M. Dedieu au nom de notre Société.

La correspondance imprimée comprend le bulletin de souscription au volume Abbaye de Saint-Sever. Nouvelles approches documentaires (988-1359), Actes du colloque des 13-14 septembre 2008, 348 p.
            M. Maurice Berthe offre à la Société l’ouvrage Las villas nuevas medievales del Suroeste Europeo, Centro de Estudios e Investigaciones Histórico-Arqueológicas, Boletin, n° 14, 2006, 445 p.

L’ordre du jour appelle l’élection de membres titulaires et de membres correspondants.
            La Présidente soumet à la Compagnie la proposition du Bureau pour pourvoir quatre des sièges vacants de membres titulaires. Mme Lisa Barber et MM. Vincent Geneviève, Jean Le Pottier et Jacques Surmonne sont élus membres titulaires.

La Présidente présente son rapport sur la candidature au titre de membre correspondant de Mme Véronique Lamazou-Duplan. Michelle Fournié apporte son soutien à cette candidature en soulignant les qualités d’organisatrice dont a fait preuve la postulante pour le colloque Ab urbe condita, qui vient de se tenir à Pau ; elle rappelle l’important travail que Véronique Lamazou-Duplan mène dans les registres notariaux toulousains.
            Puis la Présidente présente son rapport sur la candidature de Mme Sophie Cassagnes-Brouquet. Michelle Fournié apporte des précisions sur le parcours et les talents multiples de Mme Sophie Cassagnes-Brouquet, que ses recherches amènent également à des dépouillements réguliers des archives notariales.
            Sont appelés à voter les neuf membres titulaires présents au début de la séance, deux membres qui nous ont rejoints entre-temps et les deux membres nouvellement élus présents. On procède au vote. Mmes Véronique Lamazou-Duplan et Sophie Cassagnes-Brouquet sont élues membres correspondants de notre Société.

La parole est à Emmanuel Garland pour une communication sur L'église des Templiers de Luz d'après un écrit inédit de l'abbé Abadie :

Des travaux importants eurent lieu dans l’église Saint-André de Luz (commune de Luz-Saint-Sauveur, Hautes-Pyrénées) au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Un écrit inédit du curé d’alors, le Père Abadie, permet de comprendre les choix qui furent faits, d’éclairer les compromis entre le désir de sauvegarder et de mettre en valeur le monument, et le besoin de répondre à l’expansion démographique de cette époque. Il fournit par ailleurs quelques précieux renseignements sur l’état de l’édifice en 1859.

La Présidente remercie Emmanuel Garland de nous avoir présenté ce dossier qui a l’intérêt supplémentaire de correspondre à un moment de la renaissance catholique, bien daté par le passage de l’empereur. Que reste-t-il de l’église médiévale ? Emmanuel Garland indique que si le rempart est daté du XIVe siècle, les très beaux modillons sans doute en remploi dans la surélévation de l’église doivent être placés vers 1200. Quant au portail, il doit dater de la seconde moitié du XIIe siècle.
            Daniel Cazes s’interroge sur la fonction des ouvertures couvertes d’arcs angulaires sous la corniche de l’église : avaient-elles une fonction militaire ou ne sont-elles que de simples mirandes ? Emmanuel Garland fait référence aux spécialistes qui se sont intéressés au rempart et qui ont considéré que s’il était vraisemblablement peu efficace en raison de sa faible hauteur, il était cependant très bien conçu. Quant aux ouvertures hautes de l’église, leur utilité était peut-être surtout de permettre de voir plus loin.
            Daniel Cazes s’intéresse au décor peint du Père Pibou, se demandant s’il peut s’agir du Justin Piboux qui intervient une trentaine d’années plus tôt dans la restauration des cryptes de Saint-Sernin. Se fondant sur un article publié dans la Semaine catholique de Toulouse (38e année, n° 50, du 11 décembre 1898), qui évoque les peintures de Saint-Sernin, Louis Latour indique que Justin Pibou, né le 8 avril 1821 et mort le 4 décembre 1898, était originaire de Miremont. Il était prêtre ; il fut nommé à Garaison où il réalisa des peintures. Il travailla également à Miremont où ses œuvres sont conservées, alors qu’elles ont souvent été détruites dans les édifices où des peintures plus anciennes ont été découvertes.
            Comme Maurice Scellès s’étonne de la montée du niveau du cimetière, en se demandant s’il ne s’agirait pas plutôt d’un réaménagement à un moment donné, Emmanuel Garland confirme qu’il s’agit d’un exhaussement progressif selon un processus que Jean-Luc Boudartchouk dit en effet connaître ailleurs.
            Dominique Watin-Grandchamp demande si l’on a mention de sépultures pour le Moyen Âge. Après avoir indiqué que le Père Abadie n’avait pas été sensible à l’éventuel intérêt archéologique des sépultures en faisant déblayer le cimetière, Emmanuel Garland cite comme seule sépulture connue celle de l’enfeu placé sur la porte nord du transept, et dont l’inscription précise qu’il s’agit d’un enfant. Répondant à Michelle Fournié, Emmanuel Garland dit que la famille de cet enfant apparaît dans les archives mais qu’elle est sans lien apparent avec la famille André qui est associée à l’église.

Avant de lever la séance, la Présidente présente deux volumes sur la maison médiévale en Allemagne, offerts par Pierre Garrigou Grandchamp pour notre bibliothèque :
            - Limburg a.d. Lahn, Forschungen zur Altstadt, Heft 2, 1997, Die Limburger Fachwerkbauten des 13. Jahrhunderts, 193 p.
            - Limburg a.d. Lahn, Forschungen zur Altstadt, Heft 3, 2002, Limburger Fachwerkbauten des 14. und 15. Jahrhunderts, 257 p.

 

SÉANCE DU 2 JUIN 2009

Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Barber, Napoléone, MM. Bordes, Catalo, le Père Montagnes, MM. Lassure, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes de Barrau, Fournié, Jimenez, MM. Boyer, Capus, Mattalia, Veyssières, membres correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Czerniak, Friquart, Haruna-Czaplicki, Krispin, M. Pradalier.

Le Secrétaire général donne lecture des procès-verbaux des séances des 5 et 19 mai 2009, qui sont adoptés à l’unanimité.

Après avoir rappelé notre engagement d’adopter une motion afin de soutenir l’action du maire de Saint-Lizier, la Présidente soumet à la Compagnie le texte préparé par le Bureau :

Le site de Saint-Lizier compte parmi les grands sites monumentaux et archéologiques de notre région. L’enceinte de la fin de l’Antiquité, en grande partie conservée, donne la mesure du caractère extraordinaire et hautement sensible de l’ensemble.
            La visite effectuée sur place par la Société Archéologique du Midi de la France lui a permis de constater l’exceptionnel intérêt du site, mais également de déplorer les modalités des aménagements réalisés dans et à proximité immédiate de l’enceinte de la fin de l’Antiquité et dans les bâtiments de l’ancien évêché, sans étude archéologique préalable sérieuse, en dehors de toute logique patrimoniale et à l’encontre des efforts de la municipalité en faveur de leur mise en valeur.
            Aussi la Société Archéologique du Midi de la France décide-t-elle d’apporter son soutien aux actions engagées par la municipalité de Saint-Lizier en faveur de la conservation et de la mise en valeur de cet ensemble monumental et archéologique exceptionnel. Elle demande instamment aux autorités compétentes de prendre toutes les mesures pour que soient respectés le site et les bâtiments, et de tout mettre en œuvre pour que l’ensemble de l’enceinte, des bâtiments de l’archevêché et du site archéologique soient classés au titre des Monuments historiques.

La Compagnie adopte la proposition à l’unanimité.

Bernadette Suau offre pour notre bibliothèque le volume du colloque de Saint-Sever, dont on admire la rapidité de la publication.
            La Bibliothécaire-archiviste indique qu’un fonds Baccrabère a été créé pour recevoir les ouvrages provenant de la bibliothèque de notre confrère disparu.
            La Présidente annonce la livraison du volume 2007 de nos Mémoires dans la quinzaine : ceux qui souhaiteraient retirer leur exemplaire avant la rentrée pourront le faire.

La parole est à Jean-Michel Lassure pour une communication sur La Garonne et ses affluents. Bilan des recherches archéologiques effectuées en 2008.

La Présidente remercie Jean-Michel Lassure de nous tenir ainsi informés de l’avancement de ses recherches. En notant que les vestiges sont souvent très évocateurs, elle voudrait savoir qu’elles sont les dates supposées de ces aménagements et quel peut être leur devenir. Jean-Michel Lassure souligne qu’il s’agit de sites qui ont été fréquemment réparés et remaniés et que leur étude se heurte bien vite à une question de moyens.
            Comme Jean-Claude Boyer l’interroge sur les apports éventuels de la toponymie, Jean-Michel Lassure dit que les informations sont riches mais que la recherche reste à faire.
            Daniel Cazes s’intéresse au bassin, qui lui paraît être antique ou moderne plutôt que médiéval, ce que croit aussi Guy Ahlsell de Toulza. Jean-Michel Lassure précise que son détenteur a enlevé la patine un peu brutalement, mais qu’il mériterait de trouver place dans un musée. Il ajoute qu’un bassin trouvé à Londres présente un profil semblable.
            Après avoir rappelé que les aménagements de la Garonne et de l’Ariège se sont succédé pendant un millénaire, Daniel Cazes évoque les travaux de Gabriel Manière, qui a beaucoup écrit sur ce sujet. On songe bien sûr à l’éternelle question des ponts de Toulouse et à la quantité d’informations que recèle le fonds de la Garonne, et on se prendrait à rêver d’une brèche dans la chaussée du Bazacle. C’est tout un champ d’étude qui s’ouvre là, et qui nécessiteraient des équipes pour effectuer les relevés et les analyses des vestiges. Pour Jean-Michel Lassure, au stade du repérage actuel, une équipe importante n’est pas nécessaire, mais il faudrait néanmoins pouvoir assurer la recherche dans les archives. Puis il explique les difficultés que l’on peut rencontrer pour organiser des équipes de plongée.
            Jean Catalo félicite notre confrère d’avoir su lier en plusieurs endroits lors de sa prospection aménagements terrestres et aménagements des rivières.
            Louis Latour rappelle que Jean Paulin a montré que les objets métalliques lancés dans la rivière depuis un gué était tout de suite bloqués au fond du lit, puis il fait remarquer que la datation d’une rangée de pieux se heurte à leur remplacement constant, correspondant à de l’entretien, des consolidations ou des réaménagements. Jean-Michel Lassure note qu’une médaille de Lourdes en or trouvée au Bazacle indiquerait que la tradition de jeter des objets dans la rivière au moment de passer un gué a pu se maintenir jusqu’au XXe siècle.
            Bernadette Suau signale les très beaux plans conservés dans le fonds Bertier, qui ont sans doute accompagné une procédure concernant un site privilégié qui serait à étudier.
            Patrice Cabau s’interrogeant sur la vitesse d’érosion des aménagements conservés dans les rivières, Jean-Michel Lassure dit que celle-ci est très variable, mais qu’une crue centenaire peut les faire disparaître.

 

La parole est à Jean-Claude Boyer pour une communication sur Le « modello » retrouvé de l’Assomption d’Antoine Coypel (Mirande).

Après avoir félicité Jean-Claude Boyer pour ce complément d’enquête sur le « May » de Berdoues, la Présidente demande quelles sont les dimensions du tableau du Musée de l’Ermitage. Jean-Claude Boyer indique qu’il s’agit d’une toile d’environ 90 cm sur 80.
            Patrice Cabau observe que la découverte du modello permet de répondre à la question que l’on se posait il y a deux ans sur le format initial du tableau. Pour Jean-Claude Boyer, la petite toile nous redonne en effet le format d’origine, à peu près carré, ce qui n’est d’ailleurs pas tout à fait le format normal des « Mays ».
            En réponse à une question de Guy Ahlsell de Toulza, Jean-Claude Boyer dit que le petit format du modello pouvait en effet faciliter le travail de gravure, mais que le peintre pouvait aussi préférer diffuser la reproduction de son œuvre telle qu’il l’avait conçue.
            Guy Ahlsell de Toulza demande si l’on dispose du catalogue complet des « Mays ». Jean-Claude Boyer dit que l’on en a la liste complète, et qu’un certain nombre a été retrouvé ; mais le catalogue illustré complet n’existe pas, et ce serait là un beau travail d’édition à réaliser.
            Daniel Cazes remarque que Notre-Dame de Paris n’aurait pas pu conserver la totalité de ces peintures, et qu’il était nécessaire de faire de la place. Plutôt que des commandes en vue d’une présentation pérenne dans la cathédrale, l’intention est d’ailleurs celle de l’événement annuel organisé à l’occasion du 1er mai. Jean-Claude Boyer le confirme, mais ajoute que les tableaux sont néanmoins restés là pendant trois quarts de siècle.
            Daniel Cazes suppose que seul un grand personnage était en mesure d’obtenir la cession d’un « May » pour Berdoues. C’est aussi l’avis de Jean-Claude Boyer, qui rappelle que ce tableau est cependant particulier, puisqu’il n’a jamais été mis en place dans la cathédrale de Paris, victime d’une brouille entre les chanoines et la confrérie des orfèvres. Son arrivée en Gascogne pourrait être due à l’abbé commendataire Nicolas Philibert Guyot, un amateur d’art qui achetait des tableaux à Paris et à Rome et qui fait sa visite à Berdoues en 1743. Une vérification pourrait être faite à l’occasion de la restauration, hautement souhaitable, du tableau, avec les armoiries repeintes au XIXe siècle et qui masquent peut-être celles du donateur.

 

La Présidente prononce la clôture de l’année académique 2008-2009.

 


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