|
Depuis 1989, les comptes rendus des séances sont publiés dans le Bulletin annexé au volume de Mémoires de l'année, et sont disponibles en version électronique. Voir les sommaires des Mémoires.
Version de pré-publication
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 2009
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Scellès, Secrétaire
général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Cabau, Secrétaire-adjoint,
Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Barber, Cazes, Napoléone,
Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Catalo, Julien, Lassure, le Père Montagnes,
Peyrusse, Le Pottier, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty,
Haruna-Czaplicki, MM. Balty, Chabbert, Garrigou Grandchamp, Macé, membres
correspondants.
Excusés : M. Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Mmes Fournié, Lamazou-Duplan, M. Boudartchouk.
Après avoir souhaité à tous
la bienvenue, et avoir dit le plaisir de nous retrouver, la Présidente déclare
ouverte l’année académique 2009-2010.
La Présidente rappelle que nous avons eu la tristesse
d’apprendre pendant l’été le décès de Claudine Sudre, qui s’est noyée
à Arcachon. Claudine Sudre, qui avait quitté la direction du Muséum
d’histoire naturelle en 2000, était une personnalité scientifique connue à
Toulouse et appréciée ; elle se joignait de temps en temps à nous.
Le Bureau présente ses excuses à la Compagnie pour les
ratés qui ont empêché l’envoi normal des convocations pour cette séance et
du calendrier de l’année. Le programme n’a en outre été mis en ligne sur
notre site Internet que dimanche dernier. La Présidente en fait circuler des
exemplaires en précisant que la prochaine séance se tiendra au Musée
Saint-Raymond.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de
la séance du 2 juin 2009 et de la motion de soutien à la municipalité de
Saint-Lizier, qui sont adoptés à l’unanimité.
La Présidente présente à la Compagnie le volume 2007 de
nos Mémoires, paru au mois de juin,
juste après la dernière séance de l’année académique. Elle tient à féliciter
une fois de plus notre Secrétaire général pour ce beau travail. Au mois de
juillet dernier, les volumes de nos Mémoires
se sont trouvés en bonne place au salon du livre de Mirepoix, où notre Société
était représentée par Lisa Barber. La Présidente rappelle qu’il s’agit
d’un des salons les plus importants de la région, et que c’est un bon moyen
de diffusion de nos publications.
La correspondance manuscrite comprend un certain nombre d’invitations à des expositions et des colloques, ainsi que deux courriers de Monsieur le maire de Saint-Lizier qui déplore les travaux en cours dans le bâtiment de l’ancien évêché et nous informe des deux procès-verbaux qu’il a dû dresser pour non respect du permis de construire.
La parole est à Daniel Cazes pour une communication sur Une tête « antique » du Musée Saint-Raymond, œuvre du sculpteur François du Quesnoy (1597-1643).
La Présidente félicite Daniel Cazes pour cette brillante
présentation d’une œuvre très attachante et qui mérite à l’évidence de
trouver une nouvelle carrière. Elle se déclare pour sa part tout à fait
convaincue par les rapprochements proposés.
Pascal Julien félicite à son tour Daniel Cazes pour cette
très belle communication et propose que soit éventuellement consultée la spécialiste
de Du Quesnoy, qu’il a rencontrée tout récemment et qui serait sans doute
ravie d’examiner cette œuvre. Si l’attribution à Du Quesnoy était confirmée,
le Musée des Augustins s’enrichirait d’une pièce importante.
Pour Jean Balty, la cause est entendue, et l’œuvre
n’est assurément pas antique. Daniel Cazes souligne l’exceptionnel fini du
travail du sculpteur, et que la coiffure est aussi très différente, qu’elle
n’a rien d’antique et se rattache en revanche aux sculptures romaines du
XVIIe siècle, ce que confirme Pascal Julien.
Dominique Watin-Grandchamp demande s’il l’œuvre a pu
être commandée en vue de la restauration d’une statue antique. Daniel Cazes
conseille la prudence, Du Quesnoy ayant souvent réalisé des œuvres en
plusieurs exemplaires. Ses sculptures étaient en outre très prisées et on
pouvait en commander une réplique.
Jean Balty note que la tête ne peut correspondre à un
buste et qu’elle était nécessairement destinée à une statue complète.
Puis il ajoute que Du Quesnoy s’est tellement inspiré de la sculpture antique
que ses œuvres en sont totalement imprégnées, révélant une émulation qui
conduit à essayer de faire mieux que les modèles, ce qui est sensible en
particulier dans le traitement de la chevelure.
Louis Peyrusse voit dans l’histoire de cette œuvre une
belle illustration de ce que dit Rachou, lorsqu’il indique que la plupart des
œuvres du musée ont perdu leurs étiquettes et qu’il n’est sûr de rien.
Pour Daniel Cazes, le dernier tiers du XIXe siècle a été d’une grande
cruauté pour Du Mège, qui avait pourtant été un conservateur admirable,
d’une très grande honnêteté et qui avait une très grande conscience de son
rôle.
La Présidente donne la parole à Patrice Cabau et Anne-Laure Napoléone pour une communication sur Deux tours médiévales dans le Bourg de Toulouse (XIIe-XIIIe siècles).
La Présidente remercie les deux orateurs pour ces études
complémentaires des tours du Bourg Saint-Sernin.
Pascal Julien signale à titre documentaire que de très
nombreux actes relatifs à la création de la place du Peyrou détaillent les
maisons niveau par niveau.
Pierre Garrigou Grandchamp remarque que les proportions étriquées
de la tour laissent entendre qu’il ne s’agit que d’une partie d’un grand
hôtel ; la tour située dans l’enclos abbatial est sans doute plus étonnante,
mais on connaît une tour semblable, romane, à Cahors où elle jouxte le cloître,
et également à Tournus. Patrice Cabau précise que la tourelle succède à une
tour plus ancienne, puisqu’elle ne peut pas être celle des Capdenier. Et
comme Pierre Garrigou Grandchamp demande des précisions sur le vocabulaire
utilisé par les textes, il cite les mentions de « domus
lapidea et turris » et d’« aula
lapidea ».
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 2009
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, M. Cazes, Directeur, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste,
M. Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber, Fournié, Napoléone,
Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Bordes, Lassure, Peyrusse, Le Pottier,
Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Friquart, Haruna-Czaplicki, MM.
Burroni, Darles, Macé, Mattalia, membres correspondants.
Excusés : MM. Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Latour, Bibliothécaire-adjoint ;
Mmes Félix, Lamazou-Duplan, M. Laurière.
La Présidente ouvre la séance à 17 h 00 et commence par annoncer que la communication de Catherine Viers sur Les remplois antiques des cathédrales de Saint-Lizier en Couserans est reportée à une date ultérieure, notre consœur s’étant trouvée empêchée par un déplacement.
Mme Pradalier-Schlumberger rend
compte ensuite de la correspondance manuscrite, qui comprend :
- une lettre de remerciement de
M. le Maire de Toulouse pour l’envoi du dernier volume de nos Mémoires ;
- une proposition d’échange
émanée du Service archéologique de la Ville de Fribourg (Suisse), accompagnée
des numéros 9 et 10 du Cahier d’archéologie fribourgeoise ;
cette revue contenant une série d’articles intéressants sur l’archéologie
médiévale, il est décidé de donner à la demande une suite favorable.
La Présidente présente deux
numéros d’Archéopages, revue de l’Inrap, que Louis Peyrusse a la générosité
d’offrir à notre bibliothèque.
La Bibliothécaire annonce la
parution des actes du 58e congrès de la Fédération historique de
Midi-Pyrénées : Bernadette Suau, Jean-Pierre Amalric, Jean-Marc Olivier (éditeurs),
Toulouse, une métropole méridionale : vingt siècles de vie urbaine,
UTM, 2009 (2 vol., 1098 p.).
Christian Darles intervient pour
annoncer la tenue à l’Université de Toulouse-Le Mirail d’une exposition
sur « L’architecture antique à travers les ouvrages des bibliothèques
universitaires de Toulouse ».
La parole est à Bernadette Suau pour la première communication prévue par l’ordre du jour : La maison du Temple, à Toulouse (du XVIe au XIXe siècle).
La Présidente remercie notre
consœur de cette présentation, qui s’inscrit dans le prolongement de l’étude
qu’elle a consacrée l’année dernière à l’établissement templier
toulousain au Moyen Âge (séance du 16 décembre 2008). Mme
Pradalier-Schlumberger relève qu’ici comme ailleurs l’appellation « maison du
Temple » a subsisté bien au-delà de la disparition de l’Ordre, et ce malgré
la dévolution du site au commandeur hospitalier de Garidech. Elle fait ensuite
appel aux questions et commentaires de l’assemblée.
Répondant à une question de
Louis Peyrusse, Bernadette Suau indique que la configuration des bâtiments
actuels, qui datent du XIXe siècle,
reprend à peu près les dispositions anciennes connues par le plan que Pierre
Souffron dessina en 1622 : implantation de la cour, élévations et volumes
similaires.
Mme Suau évoque les conditions
plutôt difficiles (une exploration surveillée d’une vingtaine de minutes)
dans lesquelles il lui fut naguère donné d’entrevoir l’intérieur des
lieux, transformés en « Jardins d’Arcadie » (une maison de
retraite de luxe). Dominique Watin-Grandchamp, qui l’accompagna pour cette
visite, témoigne : « Il fallait qu’on fasse vite, et on n’avait
pas accès partout ». Il est rappelé que c’est à Bernard Calley,
Architecte des Bâtiments de France, que l’on doit la protection de la
chapelle de la Visitation au titre des Monuments Historiques, en 1981.
Daniel Cazes, s’intéressant
au vocable de l’ancienne église du Temple, dédiée à la Vierge et placée
sous l’invocation de sainte Barbe, pose la question du devenir des œuvres
d’art que le culte fervent développé à partir du XVe
siècle autour de la martyre ne dut pas manquer de faire produire. Mme
Watin-Grandchamp mentionne à ce propos une statue en pierre, mutilée.
M. Cazes raconte qu’en 1976 il
eut l’émotion de voir apparaître, lors de fouilles pratiquées dans la
galerie orientale du grand cloître des Augustins, les éclats d’une statue de
pierre brisée en mille morceaux à laquelle une magnifique restauration a
permis de restituer son identité : une sainte Barbe sculptée au XVe
siècle, dont la tête est hélas perdue. Une autre statue féminine, celle
d’une sainte ou de la Vierge, très comparable à la précédente, est conservée
dans les réserves des Augustins. Entrées au Musée de Toulouse dans le courant
du XIXe siècle, ces deux pièces
ont été simultanément présentées au public en 1984. Il semble qu’elles
aient pu appartenir à un même groupe ; peut-être venaient-elles de l’église
du Temple.
Mme Suau précise que des
reliques de sainte Barbe arrivèrent dans l’église du Temple de Toulouse
entre 1313 et 1518. Mme Suau dit avoir rencontré pour cette église mention de
plusieurs statues, l’une représentant la Vierge, une autre sainte Barbe, une
autre sainte Catherine, et elle signale la relative rareté des figures de la
première des deux martyres. En complément, Michèle Fournié indique le culte
de sainte Catherine à l’église de la Dalbade, toute proche, au XVe siècle.
Laurent Macé s’interrogeant
sur les circonstances de l’arrivée de reliques de sainte Barbe à Toulouse,
Mme Suau avance l’hypothèse du retour d’Orient d’un commandeur de
Garidech.
Christian Darles dénonce le caractère
aberrant et scandaleux des transformations opérées à l’été 1984 sur la façade
du n° 13 de la rue de la Dalbade – chapelle de la Visitation édifiée en
1835 par Antoine Lafforgue sur l’emplacement du cimetière de l’église du
Temple –, où les deux portes latérales ont été transformées en fenêtres,
des fenêtres obstruées, des ouvertures percées…
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 2009
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM.
Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Barber,
Cazes, Napoléone, MM. Boudartchouk, Geneviève, Lassure, le Père Montagnes,
Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Guiraud,
Haruna-Czaplicki, Jaoul, Viers, MM. Chabbert, Garrigou Grandchamp, Mattalia,
Veyssière, membres correspondants.
Excusés : Mme Lamazou-Duplan, MM. Garland, Georges.
La Présidente ouvre la séance en rappelant qu’en raison des vacances scolaires, la prochaine séance se tiendra la semaine prochaine, mardi 1er décembre. Nous aurons à examiner la candidature de Michèle Heng, qui souhaite revenir parmi nous après avoir été membre correspondant de 1994 à 2001 : notre règlement intérieur impose en effet dans ce cas une nouvelle élection.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 6 octobre 2009, qui est adopté.
La correspondance comprend l’annonce de la séance
publique de l’Académie de législation, le 11 décembre (les membres qui
seraient intéressés sont priés de se signaler) et celle de l’inauguration
de l’exposition du Musée Saint-Raymond, L’héritage
gaulois, le 27 novembre.
Monsieur le Maire de Saint-Lizier nous informe qu’il a dû
à nouveau dresser procès-verbal pour non respect des façades de l’ancien évêché,
dont des encadrements de pierre ont été remplacés par des encadrements en béton.
Dans le cadre d’un nouvel échange de publications, nous
avons reçu du Service archéologique du canton de Fribourg toute la collection
des Cahiers d’archéologie fribourgeoise,
depuis le premier volume paru en 1999, ainsi que des publications particulières,
catalogues d’exposition et monographies.
La Présidente ajoute que Louis Latour a fait venir pour
notre bibliothèque le catalogue de l’exposition d’Arles, César. Le Rhône pour mémoire, sous la direction de Luc Long et
Pascale Picard, Actes sud, 2009, 396 p.
La parole est à Frédéric Veyssière et Catherine Viers pour une communication sur Un balnéaire de type étrusque et l’occupation antique au lieu-dit « La Ville » à Cornebarrieu.
La Présidente remercie Frédéric Veyssière et Catherine
Viers de nous avoir présenté ce site très original. Comme elle demande quelle
différence peut être établie entre un balnéaire et des thermes, Frédéric
Veyssière précise que le premier est privé alors les thermes correspondent à
un établissement public.
Quitterie Cazes félicite les deux archéologues en
soulignant les conditions très dures de la fouille, dont la
qualité a cependant permis la restitution du bâtiment balnéaire. « Les
sols ont bien été déposés ? », demande-t-elle, ce que confirme Frédéric
Veyssière en précisant qu’ils ont été pour cela découpés en plaques
transportables, qu’il était prévu de stocker provisoirement. Le délai
annoncé de six mois est dépassé depuis deux ans, sans qu’aucune décision
n’ait été prise. Il ajoute que l’aménageur avait envisagé l’éventualité
d’une maquette grandeur nature.
Répondant à une question de Daniel Cazes, Frédéric
Veyssière indique que la conservation in situ a également été envisagée,
mais que le balnéaire a été mis au
jour à l’emplacement prévu pour un bassin de décantation.
Daniel Cazes précise que s’il a posé cette question,
c’est parce qu’il a pu constater à l’automne, lors d’une rencontre sur
le décor en Gaule, la stupéfaction des spécialistes devant un balnéaire de
ce type avec ce type de décor hors de l’Italie. Catherine Viers confirme
qu’il s’agit d’un exemple unique en France. Daniel Cazes constate que les
archéologues ont fait leur travail, mais que le relais n’a pas été pris, en
particulier pour une protection au titre des Monuments historiques. Pour
Catherine Viers, la difficulté vient aussi des délais très courts, qui
imposent de prendre très vite la mesure de l’importance de la découverte ;
dans ce cas, le sol a été découpé et démonté dès la fin de l’étude.
Daniel Cazes se demande quels sont les moines qui ont été
à l’origine de l’appellation « les Monges ». On connaît le
grand chapiteau de Cornebarrieu qui provient probablement d’un couvent. Y
avait-il à cet endroit un prieuré ou une simple grange ? Bernadette Suau
ne peut le dire de mémoire, mais la documentation permettrait sans doute de le
savoir. Elle ajoute que tous les couvents étaient possessionnés autour de
Toulouse. Frédéric Veyssière précise que le site s’appelle la Ville alors
que la ferme est dite des Monges. Bernadette Suau rappelle que le terme de
« villa » désigne encore un domaine au XIe siècle.
Hélène Guiraud voudrait avoir des précisions sur
l’arrivée d’eau et les évacuations. Frédéric Veyssière montre sur le
plan l’emplacement de la rigole d’évacuation, et il rappelle qu’une
source se trouvait à une dizaine de mètres et que la rivière était également
proche, où des esclaves pouvaient aller chercher l’eau avec des seaux.
Catherine Viers cite des exemples de bains similaires où l’évacuation de la
baignoire se faisait directement sur le sol, d’où l’eau était poussée par
des esclaves jusqu’au trou d’évacuation. Elle confirme à Hélène Guiraud
que ce sont ces comparaisons qui permettent de qualifier d’« étrusque »
le balnéaire de Cornebarrieu.
Guy Ahlsell de Toulza remarque que les deux pièces des
bains n’étaient pas séparées par une porte et que, d’après la maquette
de restitution, la chambre de chauffe était couverte. Frédéric Veyssière et
Catherine Viers peuvent affirmer qu’aucune trace de porte n’a été retrouvée :
les pièces pouvaient être séparées par un rideau. Quant à la toiture,
c’est sa structure qui impose sa forme et donc de couvrir la chambre de
chauffe. Patrice Cabau note que la forme à quatre pans imposait le recours à
des tuiles coupées, mais Jean-Luc Boudartchouk rappelle qu’il existait des
tuiles trapézoïdales.
Daniel Cazes voudrait savoir si le labrum a toujours eu le même emplacement, alors que l’on
s’attendrait à une vasque disposée sur le motif circulaire du sol. Catherine
Viers indique que l’on connaît d’autres édifices de ce type où le labrum
est disposé de la même manière.
Répondant à une question de Patrice Cabau, Catherine
Viers dit que le premier sol a été abandonné lorsqu’a été établi
l’hypocauste ; il s’est fissuré du fait du pourrissement des bois de
la structure bâtie.
Louis Peyrusse voudrait savoir comment le site prend place
dans l’ensemble de la carte archéologique telle que l’on est aujourd’hui
de la mesure de dresser. Frédéric Veyssière dit qu’on ne sait pas
grand-chose pour ce qui est de cette zone. Le territoire de Blagnac est un peu
mieux connu, et les informations deviennent un peu plus nombreuses depuis
l’ouverture des ZAC et des travaux liés à l’itinéraire de gros gabarit
pour l’A380. Deux grands sites sont apparus, Beauzelle et Cornebarrieu, et
plusieurs petits points. Il faudra penser à une étude d’ensemble.
La Présidente demande s’il faut penser à une villa ?
Frédéric Veyssière indique que l’on a une occupation nombreuse dans le
premier tiers du Ier siècle de notre ère, et sans doute une résidence assez
importante.
Quitterie Cazes souligne les changements de stratégie
rendus possibles par la professionnalisation de l’archéologie. Le site de
Cornebarrieu montre combien les prospections de surface sont insuffisantes, et
à quel point les opérations de diagnostic demandent des archéologues très
bien formés. Les recherches menées sur des sites comme Cornebarrieu sont très
importantes et très novatrices.
SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE 2009
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, M. Cazes, Directeur, M. Ahlsell de Toulza,
Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Barber,
Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Boudartchouk, Garland, le Père Montagnes, MM.
Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes de Barrau,
Czerniak, Haruna-Czaplicki, MM. Burroni, Garrigou Grandchamp, Laurière, membres
correspondants.
Excusés : MM. Scellès, Secrétaire
général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint.
En l’absence du Secrétaire général et du Secrétaire adjoint, Mme la Présidente demande à Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, d’assurer le secrétariat de la séance.
L’ordre du jour commence par l’élection ou plutôt la réélection d’un membre correspondant. La Compagnie entend le rapport de la Présidente sur la candidature de Mme Michèle Heng, qui, de 1994 à 2000, a déjà fait partie de notre Société. On procède au vote : Mme Heng est de nouveau élue membre correspondant.
La parole est donnée à Raymond Laurière pour une communication sur Les peintures monumentales de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Toulongergues (Aveyron).
La Présidente remercie le Docteur Laurière pour cette présentation
des peintures de l’église de Toulongergues qu’elle avait visitée avec lui
en 1974, alors que l’église servait encore d’étable et de grange à foin
et que les peintures n’avaient été que partiellement dégagées sur le mur
est du chevet.
La Présidente s’interroge en premier lieu sur
l’interprétation donnée par le Docteur Laurière pour la scène qui se
trouve à la partie inférieure de ce même mur et mise au jour depuis que cet
édifice remarquable, datant probablement du Xe siècle et classé
parmi les Monuments historiques, a été racheté par la commune de Villeneuve
(1988) et a fait l’objet de plusieurs campagnes de restauration. Le Docteur
Laurière y voit l’Hétimasie du trône, mais la Présidente se demande si on
ne devine pas un personnage assis sur le trône, qui selon le Docteur Laurière
est bien vide et recouvert d’une tenture.
Pour Virginie Czerniak, les peintures du chevet de
Toulongergues – qu’il faut désigner par le terme de peinture murale et non
celui de fresque, correspondant à une technique bien précise – représentent
sans doute une scène de l’Apocalypse, avec le Christ ou son symbole entre les
quatre animaux du tétramorphe et les vingt-quatre vieillards ; mais en
l’absence d’une analyse des enduits, qui révélerait peut-être plusieurs
couches, il ne faut pas essayer de reconstituer tous les éléments de cette
composition, d’autant que la partie centrale a été jadis largement éventrée
par l’ouverture du vaste portail donnant accès à l’étable et que rien ne
peut être proposé, sans risque d’erreur.
Comme la Présidente, Emmanuel Garland s’interroge aussi
sur la présence d’une Hétimasie, qui le plus souvent est placée en
hauteur et il cite les exemples de San Quirce de Pedret en Catalogne, et de
Saint-Marc de Venise. Pour lui, on s’attendrait à trouver une table
d’autel. Mais le Docteur Laurière maintient son interprétation et s’appuie
sur divers arguments, qu’il ne faut pas rejeter totalement.
Le thème du tétramorphe
« réduit » aux symboles de deux « animaux », un quadrupède
mais à tête humaine d’un côté et un aigle de l’autre, suscite une
discussion entre l’auteur de la communication et Virginie Czerniak qui fait
remarquer que l’évangéliste Mathieu n’est jamais représenté sous la
forme d’un quadrupède. Mais pour le Docteur Laurière, la tête d’homme
imberbe, et c’est vrai, ne fait aucun doute.
Bernadette Suau demande si cette église dépendait d’une
proche abbaye, Moissac ou Conques. Le Docteur Laurière l’ignore. Seules sont
connues les mentions concernant Villeneuve (villa nova) dont la plus
ancienne mention, selon Jacques Bousquet, « l’inventeur » des
peintures, qui leur a consacré deux articles, remonte aux années 1050 (Jacques Bousquet : « Les fresques romanes de
Toulongergues », Revue du Rouergue, avril-juin 1965, p. 163-171 ;
et surtout, « Pour la datation des peintures murales : deux
recherches iconographiques, les chapelles de Toulongergues et Verdun »,
Villefranche et le Bas-Rouergue, actes du XXXIVe congrès
Villefranche-de-Rouergue, 15-17 juin 1979, Fédération des Sociétés
académiques et savantes, Languedoc, Pyrénées, Gascogne,
Villefranche-de-Rouergue, 1980, p. 37-64).
Toujours d’après J. Bousquet, on aurait alors abandonné la paroisse de
Toulongergues au profit de Villeneuve ; encouragé par l’iconographie,
tout comme par l’histoire, Jacques Bousquet propose donc une datation très
haute : les peintures ne pourraient pas être postérieures au milieu du XIe
siècle ; mais le Docteur Laurière ajoute que Marcel Durliat ne les
date que de la seconde moitié du XIIe siècle.
Virginie Czerniak conteste également le style byzantin et
oriental des peintures ; le Docteur Laurière, s’appuyant toujours sur
l’étude de Jacques Bousquet et sur ses propres recherches, estime que cette
composition, avec ses végétaux et tous les animaux présents (quadrupèdes et
oiseaux notamment, comme les colombes autour du calice), est totalement inspirée
par l’art byzantin et non par l’art catalan.
Le Péché Originel, avec une représentation d’Ève
nue, tenant par la main gauche un personnage à demi effacé (Adam ?) et
montrant du doigt de l’autre main (en direction de l’arbre du péché), ne
pose guère de problème d’identification. En revanche, le personnage nimbé,
allongé et peint sur le mur nord, suscite bien des questionnements. Le Docteur
Laurière a proposé d’y voir une Dormition, mais sans aucune
certitude. V. Czerniak suggère une Nativité. Daniel Cazes est intrigué
par le décor, bien délimité dans un cadre, sur lequel repose le personnage.
On aurait pu penser à Saint Paul fuyant Damas. Pour D. Cazes en effet,
ce décor ne représente pas un sol carrelé, mais un mur appareillé, avec une
tentative maladroite de perspective, soulignée, comme le fait remarquer Guy
Ahlsell, par trois petites arcatures. Jean-Luc Boudartchouk rappelle que
Toulongergues est un site du haut Moyen Âge où l’on a trouvé des sépultures
du VIe siècle, et évoque le Martyre de saint Sernin, mais
c’est peu probable, même si le culte de l’évêque toulousain s’est répandu
en Quercy. Sinon, rien dans cet ensemble de peintures encore visibles ne semble
nous renseigner sur les saints titulaires de l’église, Pierre et Paul, [à
moins que le saint nimbé debout, au visage figé, tenant un livre et l’index
tendu, ait fait partie d’une série de figures entourant l’autel, où les
deux apôtres auraient pu être présents].
La conservation de ces peintures reste un problème majeur. Le Docteur Laurière est très pessimiste. Selon lui, une campagne de photos menée par les « Beaux-Arts » en 1984-1985 s’est accompagnée peut-être de quelque mesure conservatoire. Mais depuis aucune intervention n’a eu lieu. La Présidente note qu’elles ne semblent pas avoir beaucoup souffert, depuis leur « invention ». Ce n’est pas tout à fait l’avis du Docteur Laurière : les vieillards de l’Apocalypse notamment sont moins visibles. La commune a déjà financé de nombreux travaux sur l’édifice (toitures, assainissement) et ne voudra pas, puisque Toulongergues n’est pas l’église paroissiale de la commune, se lancer dans une campagne de restauration des peintures, sans des aides substantielles. Pour Dominique Watin-Grandchamp et Virginie Czerniak, il faut rester optimistes, constituer un dossier, créer une association, entreprendre des démarches afin d’obtenir des financements, etc. Tout est une question de volonté et d’obstination.
SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 2009
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza,
Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M.
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Peyrusse,
Pradalier, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes de Barrau, Fournié,
Haruna-Czaplicki, Jaoul, MM. Mattalia, Séraphin, membres correspondants.
Excusés : M. Latour,
Bibliothécaire-adjoint, Mmes Barber, Lamazou-Duplan, MM. Barber, Chabbert,
Garland, Garrigou Grandchamp, Lapart, le Père Montagnes, M. Georges.
Invitées : Mmes Diane Joy, Anaïs
Charrier.
La Présidente ouvre la séance et donne la parole à la
Bibliothécaire-Archiviste pour la lecture du procès-verbal de la séance du 1er
décembre, qui est adopté à l’unanimité après une correction.
Aucune correspondance n’est à signaler, à l’exception du n°
27 de la revue Alumina, Pagine miniate, d’octobre-décembre 2009, qui nous
est adressé par Maria-Alessandra Bilotta, auteur d’un article consacré à « La
Bibliothèque municipale di Tolosa. Il granaio dello Spirito » (p. 34-41).
La Présidente annonce à la Compagnie que nous aurons à examiner, lors de la séance du 5 janvier prochain, la candidature au titre de membre correspondant de M. Emmanuel Moureau, dont le rapport a été confié à Nicole Andrieu.
La parole est à Gilles Séraphin pour une communication sur les Croisées d'ogives primitives en Quercy et Périgord méridional : quelques jalons chronologiques.
La Présidente remercie Gilles Séraphin pour cette
magistrale synthèse, qui a le mérite de mettre en rapport toute une série
d’édifices habituellement étudiés séparément, et dont les datations, qui varient
selon les auteurs, reposent sur des constructions souvent hasardeuses. Il est
assurément bon de remettre en phase ces différents chantiers à partir de
marqueurs chronologiques sûrs comme Obazine. La Présidente note avec
satisfaction que la chronologie proposée place en 1250 ces ogives à tore qu’elle
rencontre aussi en Languedoc au même moment, alors qu’apparaissent les formes
« françaises ». Pour ce qui est du bras sud du transept de Figeac, elle croit
difficile en effet d’en remonter la datation avant 1230.
Louis Peyrusse fait tout d’abord remarquer combien il est
difficile de contester une argumentation aussi solide et brillante. Le fait
d’être amené à une datation aussi basse pour le portail de Souillac le laisse
néanmoins pantois, mais c’est plus le jeu des comparaisons de formes simples qui
l’inquiète. Il s’agit certes de formes qui peuvent être significatives, mais
permettent-elles d’établir des liens aussi précis entre les édifices ?
Gilles
Séraphin tient à préciser qu’il a abordé la question en non-spécialiste. Ce qui
lui paraît étayer sa démonstration, c’est que ces formes simples se trouvent
associées à des architectures semblables, et qui de plus évoluent dans le même
sens. La parfaite similitude des formes fait penser à des ateliers qui tournent
d’un chantier à l’autre, dans une zone géographique resserrée.
Dominique Watin-Grandchamp se demande si cela ne correspond
pas à la descente des Limousins dans le nord du Quercy, dont on connaît la
chronologie. Comme elle évoque la nef de l’église de Laramière dans le Lot,
Gilles Séraphin confirme que les formes n’en sont en effet pas très éloignées,
comme d’ailleurs dans la salle capitulaire, en faisant remarquer que la
modénature n’est toutefois pas la même. Sur la question des influences, Gilles
Séraphin voudrait insister sur une histoire politique qui lui paraît avoir été
complètement occultée. La présence des Plantagenêt est une réalité, et elle se
traduit par une architecture qui disparaît avec eux. Les tours féodales
illustrent bien ces références politiques : ceux qui font hommage à Philippe
Auguste élèvent des tours circulaires dans les années 1210-1215. En revanche les
féodaux du Quercy construisent des tours à contreforts enveloppant alors qu’en
1220, Saint-Emilion appartient au roi d’Angleterre. Toutes ces tours présentent
des caractères architecturaux communs, y compris des détails emblématiques, qui
permettent de distinguer des groupes.
Henri Pradalier voudrait revenir pour sa part sur les
décalages chronologiques observés entre le Languedoc et le Quercy. S’il y a un
gothique d’imitation en Bas-Languedoc dans le premier tiers du XIIIe
siècle, au même moment le gothique toulousain correspond au contraire à une
époque de recherches. On a l’impression que le Quercy-Périgord connaît de la
même façon des recherches locales, avec des influences venues du domaine
Plantagenêt et de France, et qui se transforment radicalement vers 1250 avec la
mainmise du pouvoir capétien. Il est cependant étonnant que l’on peine à trouver
de véritables voûtes angevines en Quercy-Périgord.
Henri Pradalier se déclare satisfait que l’analyse proposée
par Gilles Séraphin confirme ses datations de Figeac. En revanche, il ne peut
être d’accord avec celles avancées pour Moissac et Souillac. La croisée du
porche de Moissac ne peut être dissociée du tympan daté de 1135, et la sculpture
d’un chapiteau et d’un modillon de Saint-Amand-de-Coly ne saurait être
sollicitée pour rajeunir d’un siècle celle du portail inachevé de Souillac.
Gilles Séraphin rappelle, en espérant que tout le monde l’ait remarqué, qu’il
n’a rien dit de Moissac. Il s’étonne cependant que l’on puisse étudier la
sculpture sans étudier l’architecture où elle se place. La récente étude de
l’église de Saint-Pierre-Toirac lui paraît sur ce point tout à fait
convaincante, qui conduit à placer à la fin du XIIe siècle des
chapiteaux qui étaient datés du XIe siècle. Il ajoute cependant qu’un
écart chronologique important entre Moissac et les autres édifices ne le dérange
pas.
Henri Pradalier s’attache ensuite à l’hypothèse d’ateliers
itinérants que l’on retrouverait sur les différents chantiers présentés, en
faisant remarquer que le rythme de leur itinérance n’est pas forcément de
quelques mois, mais qu’il peut être aussi bien de plusieurs années. Gilles
Séraphin reprend alors son explication pour l’analyse de Souillac. Pour Louis Peyrusse et Henri Pradalier la succession des
ateliers sur les chantiers peut très bien s’étendre sur une génération, et non
sur quelques mois.
En réponse à une question de la Présidente, Gilles Séraphin
explique que la chronologie établie par Mme Claude Andrault-Schmitt est fondée
sur les références apportées par Tulle, Obazine, ou encore Saint-Germer de Fly,
et le présupposé que les abbés les plus importants sont ceux qui bâtissent.
Pour Henri Pradalier, la comparaison avec l’abbatiale de
Saint-Germer-de-Fly n’est fondée que partiellement. Si l’on trouve bien, dans
cet édifice, comme à Tulle et à Figeac, des éléments de décor architectural
identiques, ils ne suffisent pas à établir un lien entre les deux conceptions
architecturales. Pourquoi alors ne pas faire remonter Tulle et Figeac à d’autres
exemples où les bâtons rompus sont utilisés dès l’époque romane comme en
Normandie ou en Angleterre ? Il semble que la présence de bâtons rompus sur les
nervures appartienne à Saint-Germer comme à Tulle et à Figeac, à un modèle
commun, sans doute la Normandie, véhiculé au sein et aux confins du monde
Plantagenêt. Plus surprenante à son avis est l’absence de « voûtes angevines »
en Quercy-Périgord dont la présence serait plus logique en raison de la
proximité géographique de l’Angoumois et du Poitou où elles sont fréquemment
utilisées.
Henri Pradalier ne croit pas que la sculpture de Souillac
puisse être détachée de celle de Moissac, dont la datation reste recevable. Il
considère, comme d’autres, que les reliefs de Souillac, dont certains morceaux
sont de la main même du sculpteur de Moissac, n’ont été mis en place qu’après
l’achèvement de la nef, qu’il place vers 1230, mais qu’ils avaient été exécutés
vers 1135-1140 pour un porche, jamais réalisé, semblable à ceux de Moissac et
Beaulieu. La preuve en est fournie par la présence, encore aujourd’hui, contre
la façade occidentale de l’abbatiale d’une tour-porche du
xie siècle qui ne fut
jamais démolie en raison des lenteurs de la construction de la nef. Quand
celle-ci fut terminée le sculpteur avait depuis longtemps quitté le chantier
sans doute à la suite d’un arrêt des travaux, en n’ayant exécuté que les parties
basses d’un porche en projet (trumeau et plaques d’ébrasement). On connaît au
moins un autre exemple célèbre présentant la même particularité : le portail
occidental de Saint-Jacques de Compostelle dont certaines plaques sculptées
préparées à l’avance ont été vues et décrites par Aymeri Picaud dans le Guide
du pèlerin et qui n’ont jamais été installées à l’emplacement prévu mais ont
été remployées en partie sur la façade de la porte des orfèvres à l’extrémité du
bras sud du transept.
La Présidente clôt cette discussion passionnante en concluant à la nécessité de travailler encore.
SÉANCE DU 5 JANVIER 2010
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Barber, Napoléone, Watin-Grandchamp,
M. Le Pottier, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, Tollon,
membres titulaires ; Mmes de Barrau, Cassagnes-Brouquet, Fournié,
Haruna-Czaplicki, Lamazou-Duplan, MM. Chabbert, Laurière, Macé, Mattalia,
membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-adjoint,
Mme Jaoul, MM. Cranga, Garland, Garrigou Grandchamp.
La Présidente présente à tous ses meilleurs vœux pour la nouvelle année, qu’elle souhaite à chacun riche en joies personnelles et scientifiques. Puis elle souhaite la bienvenue à Sophie Cassagnes-Brouquet et Véronique Lamazou-Duplan, récemment élues membres de notre Société et qui prennent séance ce soir.
Le Secrétaire général puis le Secrétaire-adjoint donnent lecture des procès-verbaux des séances des 24 et 10 novembre 2009, qui sont adoptés.
Outre les vœux de différentes personnalités, la correspondance manuscrite comprend une lettre du conservateur du musée Ingres de Montauban, annonçant la tenue dans cette ville du 4 au 6 juin 2010 des Journées de la Société Française de Numismatique. Nous est également annoncée la conférence que fera M. Christophe Marquez au lycée Pierre-Aragon de Muret le 2 février prochain : « Grandeur et décadence du château de Montégut-Ségla ».
Jean Le Pottier offre pour notre bibliothèque l’ouvrage de Pierre Dupont, L’invention de la Haute-Garonne. Géographie administrative de la Haute-Garonne de la Révolution à nos jours, édition mise à jour par Jean Le Pottier, Toulouse, Les Amis des Archives de la Haute-Garonne, 2009, 371 p.
L’ordre du jour appelle l’élection d’un membre correspondant. La Présidente donne la parole à Nicole Andrieu pour le rapport sur la candidature de M. Emmanuel Moureau. On procède au vote : M. Emmanuel Moureau est élu membre correspondant de notre Société. Le Secrétaire général fait entrer le nouveau membre qui est accueilli par des applaudissements.
La parole est à Guy Ahlsell de Toulza et Emmanuel Moureau pour une communication sur Un cabinet du XVIIe siècle au château de Piquecos (Tarn-et-Garonne).
La Présidente remercie Guy Ahlsell de Toulza, en excusant
Emmanuel Moureau qui a dû nous quitter avant la fin de la communication. La découverte
autant que l’exposé photographique ont passionné l’auditoire et la démonstration
est aussi convaincante que l’argumentation qui aboutit à proposer de dater ce
décor des années 1640.
Comme Louis Peyrusse lui demande s’il serait possible de
reconstituer un placage sur les murs avec les panneaux conservés, Guy Ahlsell
de Toulza affirme que c’est non seulement possible mais qu’il le faut. Il
explique alors qu’il lui a paru important, en premier lieu, de faire connaître
ce décor en le présentant devant les membres de notre Société, afin d’éviter
que ne se reproduise ce qui est advenu du décor peint des sibylles, dans le même
château de Piquecos. Guy Ahlsell de Toulza espère que la démonstration étant
faite de l’intérêt majeur de cet ensemble de panneaux peints, la
Conservation régionale des Monuments historiques se saisira du dossier. Il
s’agit maintenant de poursuivre le démontage et les observations ; ce
qui subsiste pourrait sans doute permettre de couvrir deux murs en complément
du plafond, et il faudra au moins tenter une restitution sur le papier.
Bruno Tollon remarque que la présence d’un tel décor au
rez-de-chaussée permet de supposer l’existence d’un double appartement. Guy
Ahlsell de Toulza rappelle que le château est inhabité à partir de 1650, et
que les travaux ont été arrêtés après la démolition de l’escalier et le
percement des fenêtres, l’étage restant inachevé ; ce petit cabinet a
cependant été réalisé. Bruno Tollon l’interroge alors sur la galerie. Guy
Ahlsell de Toulza montre le plan et des photographies de l’élévation sur
cour du corps d’entrée et précise que l’acte retrouvé en archives par
Emmanuel Moureau mentionne une galerie. Il ajoute qu’Emmanuel Moureau ayant
retrouvé les notaires du château de Piquecos, dont le fonds demande maintenant
à être exploité.
En relevant que le blason ne donne pas d’indication de
datation, Louis Peyrusse note que le plus intéressant reste la publication de
Baudoin, qui permettrait de placer la réalisation du décor dans les années
1644-1649. Guy Ahlsell de Toulza en convient, en faisant remarquer qu’il est
cependant un peu démodé dans ces années-là, ce qui, pour Louis Peyrusse,
n’est pas inconcevable dans un château où l’on ne réside pas en
permanence, et alors que l’on recours à un décor sur bois, peu coûteux.
Sophie Cassagnes cite à l’appui le décor de Bussy-Rabutin en Bourgogne, qui
n’est guère plus évolué et dont la facture n’est pas non plus très fine.
On évoque encore, plus proches, les décors du lycée Champollion à Figeac et
celui, plus tardif, de l’Hôtel Sambucy à Millau.
Dominique Watin-Grandchamp dit avoir rencontré au château
de Montbrun dans le Lot, les mêmes deux Y emboîtés qui figurent sur le blason
de Piquecos.
Louis Peyrusse se déclare sceptique sur les chances d’un
remontage, dont personne ne voudra s’il est jugé fantaisiste. Pour Guy
Ahlsell de Toulza, on ne peut en tout cas en rester à l’état actuel.
Daniel Cazes demande si l’on a une idée des peintres qui
ont pu réaliser ces décors. Après avoir rappelé que deux ateliers sont
intervenus, de qualité différente, Guy Ahlsell de Toulza souligne que les
commanditaires sont des gens de cour, des humanistes qui ont une bibliothèque,
et qui ont pu faire venir des peintres étrangers à la région.
La discussion qui s’engage pour savoir si le texte peint
sur le livre tenu par un personnage peut être lu ou s’il ne s’agit que
d’un décor, s’achève sans conclusion.
En raison de l’heure tardive, la communication du Père Montagnes est reportée à une séance ultérieure.
SÉANCE DU 19 JANVIER 2010
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Scellès,
Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Barber,
Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Catalo, Lassure, Peyrusse, Roquebert,
Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Félix, Haruna-Czaplicki, MM.
Macé, Pousthomis, Veyssière, membres correspondants.
Excusés : Mme Cazes, MM.
Barber, Boudartchouk.
La Présidente ouvre la séance à 17h00 et donne la parole au Secrétaire général pour la lecture du procès-verbal de la séance du 5 janvier 2010, qui est adopté.
Mme Pradalier-Schlumberger rend compte de la correspondance manuscrite. Celle-ci comprend les vœux de plusieurs personnalités ainsi que l’annonce de la tenue, samedi 23 janvier 2010, de la 13e journée d’hiver du Salon du livre d’histoire locale de Mirepoix.
La Présidente présente deux
ouvrages offerts à notre bibliothèque par l’Université américaine Artus
College, grâce à l’entremise de Bruno Tollon :
- Olivier Cabayé, Albi au XVIe
siècle. Gens de bien et autres « apparens », Bouloc, Presses du
Centre universitaire Champollion, 2008, 901 p. ;
- Olivier Cabayé, Guillaume
Gras, L’Albigeois au XVIIe
siècle. Les visites pastorales de Charles Le Goux de La Berchère, Albi,
Archives & Patrimoine, 2009, 470 p.
Mme Pradalier-Schlumberger
remercie notre consœur Hiromi Haruna-Czaplicki, qui fait don à la Société
des microfilms de cinq manuscrits du Breviari d’Amor de Matfre
Ermengaud : Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. fr. 857, 858,
9219 ; Londres, British Library, ms. Harley 4940, Royal 19 C.I.
Michèle Pradalier-Schlumberger fait état de l’intention de la municipalité de Vieille-Toulouse d’acquérir les terrains du site archéologique de Borde-Basse. Elle se félicite de ce projet, et Daniel Cazes se réjouit du mouvement d’intérêt manifesté au sein de la population de cette commune. La Société archéologique du Midi de la France ne peut qu’appuyer pleinement une telle démarche.
La Compagnie se constitue ensuite en Assemblée générale.
La Présidente donne lecture du
rapport moral pour l’année académique 2008-2009.
La Bibliothécaire-Archiviste présente
son rapport sur la bibliothèque de la Société : le catalogage avance (18 220
fiches), le classement des revues étrangères est pratiquement terminé (100 m
linéaires sur 110), la rochelle a été réaménagée (tri des Bulletins
et reconditionnement des Mémoires) ; tous ces progrès ont pu être
réalisés grâce à la main forte prêtée par trois bénévoles. Mme Pradalier-Schlumberger tient
à remercier tous ceux qui se dévouent pour le bien de notre Compagnie :
MM. Georges Cugulière, Jean-Pierre Suau, Radouan Elouali.
Le Trésorier présente le bilan financier de la Société pour l’année 2009. La Présidente félicite Guy Ahlsell de Toulza pour l’efficacité de son administration. Le Directeur s’associe à l’éloge, et exhorte une nouvelle fois les membres à s’acquitter régulièrement de leur cotisation. Quitus est donné unanimement au Trésorier pour sa bonne gestion.
Les élections statutaires concernent cette année trois postes : ceux de Président, de Secrétaire général et de Bibliothécaire-Archiviste. À l’unanimité des suffrages exprimés par les dix-sept membres titulaires présents, Michèle Pradalier-Schlumberger, Maurice Scellès et Bernadette Suau sont reconduits dans leurs fonctions respectives.
La parole est ensuite à Jean Catalo pour la communication du jour, consacrée à La céramique de la fin du Moyen Âge sur le site Métro Carmes à Toulouse (2002-2003, fouilles préventives) – Jean-Luc Boudartchouk, empêché, n’a pu participer à cette présentation.
La Présidente remercie notre
confrère de nous avoir réservé la primeur de ses recherches :
l’analyse et l’étude statistique de découvertes exceptionnellement faites
en milieu clos permettent de saisir de manière très claire l’évolution de
la céramique à Toulouse aux XIVe
et XVe siècles. Mme Pradalier-Schlumberger fait
appel aux questions et commentaires de la Compagnie.
Louis Peyrusse voudrait savoir
pourquoi les premières majoliques à décor animalier, de la fin du XIVe
siècle, sont réputées être des importations. Jean Catalo justifie
l’origine extérieure au milieu toulousain par l’originalité des formes de
ces poteries.
Daniel Cazes pose la question
des relations entre Toulouse et la péninsule Ibérique, mises en lumière sur
le plan commercial par les travaux de Philippe Wolff : trouve-t-on à
Toulouse de la céramique aragonaise ? M. Catalo répond par la négative
et souligne que les influences perceptibles à Toulouse proviennent
essentiellement de la vallée de la Garonne et du Languedoc.
Bernard Pousthomis intervient
pour signaler que l’absence à Toulouse d’importations d’Espagne a déjà
été constatée ; on y vit surtout avec des productions régionales et
l’on ne fait venir d’ailleurs que des pièces réellement exceptionnelles.
Jean-Michel Lassure note que la
céramique médiévale toulousaine est de qualité médiocre ; le retard de
Toulouse aurait duré longtemps, jusqu’aux XVIe-XVIIe
siècles, époque à laquelle les potiers de la ville ont fait prendre des
mesures protectionnistes.
Jean Catalo fait remarquer pour
le matériel découvert en fouille l’absence habituelle de vaisselle ouverte
(plats, assiettes, écuelles, bols), ainsi que de la vaisselle de luxe en métal ;
la prétendue « médiocrité » de la céramique toulousaine
s’explique par le fait que les éléments jetés et retrouvés sont des récipients
d’usage ordinaire.
Olivier Testard fait observer
que les nombreuses pièces à fond bombé appartiennent à la vaisselle de
fourneaux, pas de table ; l’usage des réchauds de table est cependant à
prendre en compte.
M. Cazes se demande si la céramique
à glaçure et les carreaux émaillés étaient produits par des ateliers différents.
M. Catalo répond affirmativement, précisant que les carreaux de pavement étaient
issus d’une branche d’activité distincte, exécutés par des ateliers spécialisés
qui se déplaçaient de chantier en chantier.
M. Pousthomis s’enquiert des
informations relatives à la vaisselle que peuvent contenir les inventaires après
décès. Réponse de M. Catalo : « Qu’est-ce qu’on met dans les
inventaires ? » ; quelques textes mentionnent bien des
chaudrons, et il en a été retrouvé, en cuivre, du XIIIe
siècle.
L’échange porte ensuite sur
les techniques de production. Guy Ahlsell de Toulza précise que la glaçure était
obtenue à partir de d’oxyde de plomb et l’émail blanc à base d’étain.
M. Lassure expose les différents modes de cuisson : cuisson unique pour
les céramiques à glaçure stannifère jaune produites avec l’argile très
ferrique de Toulouse ; cuisson double pour les céramiques à engobe.
M. Ahlsell de Toulza
s’interroge sur les renseignements de caractère sociologique que l’on peut
tirer du contenu des premières latrines du couvent des Carmes de Toulouse. Jean
Catalo dit qu’il n’y a dans ce dépôt rien qui s’écarte d’un fonds
uniforme quel que soit le niveau social (toujours 10 % de céramique « sans
âge »…) ; c’est la marge seule qui est signe d’aisance :
abondance des céramiques d’importation, ossements d’animaux rares.
SÉANCE DU 2 FÉVRIER 2010
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes
Barber, Napoléone, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, Tollon,
membres titulaires ; Mmes Cassagnes-Brouquet, Fournié, Haruna-Czaplicki,
MM. Garrigou Grandchamp, Mange, membres correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste,
M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Balty, Cazes, Jaoul, Lamazou-Duplan,
MM. Balty, Barber, Bordes, Chabbert,
Garland, Pradalier.
Invitée : Mme Jacqueline
Caille.
La Présidente annonce à la Compagnie la présence de Mme Jacqueline Caille, qui a été professeur à l’Université de Montpellier ; historienne de Narbonne, Jacqueline Caille a également travaillé sur Toulouse et on connaît en particulier son importante étude du prieuré de la Daurade.
La correspondance manuscrite comprend les vœux de Mme Odile Parsis-Barubé, qui a été tout récemment élue à la présidence de la Commission d’Histoire et d’Archéologie du Pas-de-Calais et qui souhaite que puissent encore se resserrer les liens entre nos deux sociétés savantes.
L’ordre du jour appelle l’élection d’un membre correspondant. Michèle Pradalier-Schlumberger présente son rapport sur la candidature de Mlle Anaïs Charrier. On procède au vote : Mlle Anaïs Charrier est élue membre correspondant de notre Société.
La parole est au Père Montagnes pour une communication sur Le Portail de la maison de l’Inquisition.
La Présidente remercie le Père Montagnes d’avoir attiré
l’attention sur ce modeste portail aujourd’hui dissimulé sous un épais
badigeon. La documentation rassemblée éclaire parfaitement les intentions du
commanditaire.
Guy Ahlsell de Toulza fait remarquer que subsistent en
effet des traces des fleurs de lys et du deuxième blason bûché. Le Père
Montagnes rappelle alors que le portail est classé au titre des Monuments
historiques, et il regrette qu’il n’ait pas fait l’objet d’un examen détaillé
avant d’être badigeonné.
Daniel Cazes évoque la chapelle du XVIIe siècle et comme
il voudrait savoir ce qu’il en était au XVIe siècle, le Père Montagnes dit
que l’on ne dispose d’aucune information sur ce point.
Pour Bruno Tollon, il est toujours intéressant de revoir
des éléments conservés en place, même bûchés. Bruno Tollon rappelle par
ailleurs que L. Clary est un homme très différent de ses contemporains, et il
fait observer que ce portail de 1551 pourrait être de 1525 : Clary n’a
rien oublié de sa formation, mais il n’a rien appris non plus. Quand il témoigne
pour une expertise, il use de termes admiratifs et il ne sait pas signer. Pour
ce qui est du portail de la maison de l’Inquisition, les deux mois de délais
prévus pour l’exécution signifie qu’il sous-traite les travaux, comme pour
le château de Saint-Élix.
La Présidente donne la parole à Lisa Barber pour une communication sur Les plates-tombes de Narbonne gravées avec effigie du défunt.
La Présidente remercie Lisa Barber de nous avoir exposé
les résultats de cette enquête tout à fait passionnante, présentée avec une
bien grande modestie alors qu’il s’agit d’un énorme travail d’analyse
et d’attribution, réalisé dans des conditions difficiles.
Pour ce qui est de la plate-tombe de l’archevêque, Michèle
Pradalier ne croit pas à une datation de la première moitié du XIIIe siècle :
le feuillage au naturel de la crosse la situe plutôt après 1250, alors que les
deux autres plaques peuvent en effet appartenir à la première moitié du siècle.
Michèle Pradalier note ensuite la position des mains croisées adoptée pour
l’effigie du dominicain, inhabituelle au XIVe siècle et qui pourrait indiquer
des contacts avec l’Italie ou avec des peintres italianisants. Elle pense
enfin qu’il est probable que les dalles aient été réalisées sur place, de
la même façon que l’apparition de la formule des tombeaux correspond à
l’installation à Narbonne de générations de sculpteurs.
Daniel Cazes s’intéresse à l’origine du marbre, qui
est le principal matériau de ces œuvres. A Toulouse, l’essentiel de l’épigraphie
médiévale est réalisée sur des marbres de remploi, antiques le plus souvent.
A en juger d’après les photographies, les marbres utilisés à Narbonne
proviennent des Pyrénées et de Saint-Pons-de-Thomières, et sont donc
probablement sculptés sur place. Daniel Cazes propose par ailleurs d’avoir
recours à la technique du relevé sur calque, qui permet parfois une meilleure
lecture des motifs gravés. Lisa Barber lui donne raison, en ajoutant que l’on
peut espérer que cela permette en particulier de déchiffrer certaines
inscriptions presque illisibles. Sont également évoquées les prises de vue en
lumière rasante et en fluorescence X.
Répondant à une question de Louis Peyrusse, Lisa Barber
indique que l’aspect doré que montrait l’une des plaques est seulement un
effet de la photographie.
Laurent Macé fait remarquer que les deux écus de la dalle
de Pierre Olard portent une représentation dans laquelle il serait possible de
reconnaître une uroscopie, en écho à son statut de médecin, ou bien une
« oule », simple allusion à son nom. Michelle Fournié confirme que
les Olard ou Ulard constituent une importante famille de Narbonne. Un prêtre bénéficié
de Saint-Paul, du même nom, a écrit une chronique riche de nombreux
renseignements, qui pourraient être utiles. Michelle Fournié rappelle encore
que la Bibliothèque municipale de Toulouse conserve les manuscrits rassemblés
par le Père Laporte, lequel avait fait copier nombre de documents de Narbonne.
Lisa Barber dit qu’elle a bien pensé à consulter ce fonds, mais
malheureusement sans succès pour sa recherche.
Jacqueline Caille s’étonne qu’un chanoine ait été
enterré dans l’église des Jacobins, et elle se demande si le costume ne
pourrait pas être celui d’un dominicain, dont le capuchon serait relevé.
Lisa Barber convient qu’un nouvel examen du dessin permettrait peut-être d’écarter
l’hypothèse d’une aumusse qu’elle avait cru pouvoir reconnaître.
SÉANCE DU 2 MARS 2010
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Watin-Grandchamp, le Père
Montagnes, MM. Balty, Boudartchouk, Peyrusse, Surmonne, Testard, membres
titulaires ; Mmes Balty, Czerniak, Guiraud, Haruna-Czaplicki, Jiménez, le
général Garrigou Grandchamp, MM. Burroni, Gardes, Mange, Mattalia, Stouffs,
membres correspondants.
Excusés : Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Barber, Fournié, Cazes,
Lamazou-Duplan, MM. Barber, Bordes, Chabbert, Le Pottier.
Invité : M. Mangin, adjoint au maire de Vieille-Toulouse, conseiller
culturel auprès du SICOVAL.
La Présidente ouvre la séance à 17h00 et commence par donner à la Compagnie des nouvelles de nos confrères Louis Latour et Giles Barber.
Michèle Pradalier-Schlumberger
rappelle ensuite que :
- le réaménagement
de notre bibliothèque aura lieu samedi 13 mars ;
- la séance
publique de la Société se tiendra le dimanche 21 mars à 16h00, avec une conférence
de M. Patrice Foissac, Président de la Société des Études du Lot, sur Les
collèges de l’université de Toulouse aux XIVe et XVe siècles.
Elle présente
enfin divers imprimés :
-
compte-rendu des travaux de notre Société par Pierre Garrigou Grandchamp, Bulletin
monumental, Société française d’Archéologie, Paris, tome 167-4, 2009,
p. 371-372 ;
- ouvrage reçu
au titre des échanges : Olivier Passarrius, Aymat Catafau, Michel
Martzluff (dir.), Archéologie d’une montagne brûlée. Massif de Rodès,
Pyrénées-Orientales, Collection « Archéologie départementale »,
Éditions Trabucaire, Conseil général des Pyrénées-Orientales, Perpignan,
2009, 504 p., ill. ;
- prospectus
d’une publication annoncée pour le mois de mars : Chartes et
documents hagiographiques de l’abbaye de Saint-Sever (Landes) (988-1359),
texte édité, traduit et annoté par Jean Cabanot et Georges Pon, Comité d’études
sur l’histoire et l’art de la Gascogne, Dax, 2010, 2 volumes, en tout 1100
p. environ.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 15 décembre 2009, qui est adopté. Le Secrétaire-adjoint lit le compte rendu de celle du 19 janvier 2010, entériné après amendement.
La parole est ensuite à Philippe Gardes et Jean-Luc Boudartchouk pour la première communication prévue par l’ordre du jour, intitulée Plaidoyer pour Vieille-Toulouse.
Résumé à insérer.
La Présidente remercie nos confrères de leur présentation et pour nous avoir convaincus que le site de Vieille-Toulouse doit désormais être considéré comme étant celui de la Tolossa des Volques Tectosages. Mme Pradalier-Schlumberger fait appel aux réactions de la Compagnie.
Daniel Cazes, s’étonnant de
ce que la carte des sites présentée figure un foyer d’occupation dans la
zone du quartier Guilheméry, demande quels sont les vestiges qui l’attestent.
Philippe Gardes qualifie cette occupation d’assez lâche et signale la découverte
ponctuelle de fossés juxtaposés et d’aires d’amphores. Puis M. Cazes
s’enquiert de l’existence de vestiges à Pech-David. M. Gardes répond
qu’il n’y a pas eu de découvertes dans ce secteur. M. Cazes évoque ensuite
le site du Cluzel, sans doute ancien. M. Gardes précise qu’il s’agit d’un
petit site, d’une superficie de moins d’un hectare, dont l’occupation s’échelonne
de 1100 à 200 avant notre ère. Il ajoute que la zone de Saint-Roch, ou du Férétra,
et celle de l’ancien hôpital Larrey, daté de l’Âge du Bronze final,
apparaissent comme des sites ponctuels, égrenés le long de la Garonne. Enfin,
M. Cazes fait remarquer le décalage entre la date traditionnellement avancée
pour l’arrivée des Volques dans la région toulousaine, vers le IIIe
siècle avant notre ère, et la date de –175 retenue pour les éléments les
plus anciens de Vieille-Toulouse. Jean-Luc Boudartchouk rappelle que
l’immigration massive des Volques en provenance de l’Europe centrale n’est
qu’une hypothèse et qu’elle semble de plus en plus fragile ; en réalité,
il faudrait inverser le schéma : les Volques se seraient diffusés à
partir du Sud-Ouest de la Gaule. M. Boudartchouk note l’équivoque
topographique qu’a représentée le quartier Saint-Roch, longtemps assimilé
à la cité de Toulouse, ce qu’il est raisonnablement impossible de soutenir.
Louis
Peyrusse se souvient que notre ancien Bibliothécaire-Archiviste combattait la
thèse de la Tolosa impériale établie sur l’emplacement de la Tolossa
gauloise, et de conclure : « Les mânes de Georges Fouet doivent frémir
d’aise ! »
Virginie
Czerniak voudrait savoir si les lacs du long de la Garonne ont été fouillés.
MM. Gardes et Boudartchouk disent qu’il n’y a rien été trouvé.
Bernadette
Suau s’intéresse à la toponymie. Ayant relevé que le nom de Férétra est
attesté à la fin du XIe siècle
(Feretrale), elle s’interroge sur celui de Guilheméry. Patrice Cabau
indique que ce nom de lieu correspond à un anthroponyme (Guilhem Erys ou
Heris) et qu’il remonte au premier tiers du XVe
siècle (debers en Guilhem).
Hélène
Guiraud revient sur le problème des « lacs » de Strabon.
Jean-Charles Balty expose à ce sujet le raisonnement suivant : le texte
relatant la mésaventure du consul Quintus Servilius Caepio, connue
seulement au travers de sources grecques, devait à l’origine figurer dans les
annales romaines et donc être rédigé en latin ; or le terme grec
λίμναι possède à peu près la même
polysémie que le terme latin lacus qu’il est supposé traduire :
lac, bassin ; de ces deux acceptions, la seconde paraît la plus probable.
Puis M. Balty constate que le phasage archéologique présenté comportait la
date charnière de « –120 » et se demande si celle de –106 ne
convenait pas mieux ; plus généralement, il pose la question de la méthode
de datation. M. Gardes reconnaît que la borne « –120 » a été
indiquée par inadvertance. Quant à la chronologie, elle a été fondée sur
l’étude du matériel archéologique découvert ; on a pu ainsi établir
que le comblement du grand fossé de Vieille-Toulouse datait des environs de
–100.
La parole est enfin à Olivier Testard pour la seconde communication du jour, consacrée aux Techniques de construction des premières voûtes d’ogives du Quercy.
Résumé à insérer.
La Présidente remercie notre confrère de sa démonstration, qui prouve que ce que l’on a pu interpréter comme des « maladresses » de construction résulte en fait de contraintes techniques et de choix à la fois techniques et esthétiques. Mme Pradalier-Schlumberger en conclut qu’il est nécessaire de reprendre la question des voûtes d’ogives « primitives » dans cette perspective, en s’efforçant à la précision dans l’analyse et la description des monuments. Olivier Testard ajoute qu’il serait intéressant de cartographier les procédés constructifs mis en lumière.
SÉANCE DU 16 MARS 2010
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber, Napoléone, MM. Bordes, Le Pottier, le Père
Montagnes, MM. Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes
Cassagnes-Brouquet, Czerniak, Friquart, Haruna-Czaplicki, Heng, Jaoul, MM.
Burroni, Chabbert, Garrigou Grandchamp, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Cazes, Fournié,
Lamazou-Duplan, MM. Barber, Garland, Peyrusse, Pradalier.
Invité : M. Pierre Funk.
La Présidente souhaite la bienvenue à Michèle Heng, qui
rejoint ce soir notre Compagnie après quelques années d’absence, et à M.
Pierre Funk qui s’est associé à Guy Ahlsell de Toulza pour la communication
du jour.
Le Secrétaire général
donne lecture du procès-verbal de la séance du 2 février dernier, qui est
adopté.
L’ordre du jour appelle l’examen des rapports pour le concours. La Présidente rappelle que ce sont les prix de Champreux et Ourgaud qui peuvent être attribués cette année, puis elle donne lecture de son rapport sur la thèse présentée par Mlle Cécile Dufau :
Rapport à insérer
Aucun autre mémoire n’ayant été présenté au concours, la Présidente donne lecture du rapport établi par Louis Peyrusse pour l’attribution d’un prix à la revue Midi-Pyrénées Patrimoine :
Rapport à insérer
À l’issue de la discussion, la Présidente soumet à la Compagnie une première proposition consistant en l’attribution du prix de Champreux à Mlle Cécile Dufau, et le prix spécial de la Société Archéologique, doté de 1200 euros, à la revue Midi-Pyrénées Patrimoine. La proposition est adoptée.
La parole est à Guy Ahlsell de Toulza et Pierre Funk pour une communication sur Le château de Reynerie au temps de Guillaume Dubarry.
La Présidente remercie les deux orateurs pour cette
monographie très complète d’un édifice de très grande qualité. Elle
souligne que cette communication arrive à un moment crucial de l’histoire du
château de Reynerie, et qu’il est d’autant plus important que ce bilan ait
pu être établi.
Daniel Cazes
demande si Reynerie présente éventuellement quelque rapport avec le pavillon
de Ledoux à Louveciennes. Guy Ahlsell de Toulza répond que, ne comptant que
six pièces, le pavillon de Louveciennes est beaucoup plus petit. La
consultation des catalogues des œuvres de Ledoux, de Blondel, etc., permet de
trouver des architectures très semblables sous Louis XVI, qui étaient souvent
des constructions exceptionnelles qui ont toutes disparu entre 1820 et 1860.
Daniel Cazes se souvient de décors conservés au Musée Carnavalet et provenant
d’édifices construits par Ledoux, tout à fait dans l’esprit de ceux de
Reynerie.
Gabriel
Burroni attire l’attention sur un aspect très original des décors de
gypserie, qui sont montés par panneaux et retravaillés sur place. Puis il évoque
le sort des bacchantes de l’Hôtel Dubarry, dont on a pu dire qu’elles
avaient été cassées par les religieuses. En fait Roger Magnou indique
qu’elles sont encore en place au moment de la vente de l’Hôtel, mais que
lors d’un dernier passage, Lucas décide finalement de se saisir des huit
panneaux pour les faire porter au musée ; lorsque, constatant leur
absence, on lui demande des comptes, Lucas affirme les avoir fait détruire
parce qu’indignes de figurer parmi les collections. On peut juger de son
imposture puisque l’ornemaniste a fait les mêmes au château de Reynerie.
Gabriel Burroni cite quelques différences dans le traitement des drapés, des
cannelures courbes des vases, etc. qui montrent la retaille sur place. Il serait
très intéressant d’effectuer une analyse détaillée de ces gypseries qui révèlent
en outre une petite évolution du style de l’ornemaniste entre les décors de
l’Hôtel et ceux du château.
Jean Le
Pottier demande où en sont les recherches dans les archives. Pierre Funk dit
que l’exploration de quelques registres notariaux n’a pour l’instant rien
donné, et qu’il n’est pas sûr que le contrat ait été passé à Toulouse.
Comme la Présidente
s’étonne de l’absence de cuisine dans le château neuf, Pierre Funk précise
qu’elle se trouvait dans le château vieux. Guillaume Du Barry passait
l’hiver à Paris et il disposait de plusieurs autres résidences dans le
Toulousain.
Répondant à
une question de Gabriel Burroni sur les arbres, Pierre Funk dit que l’on a
beaucoup glosé sur le jardin, même si quelques arbres sont en effet très
anciens.
Daniel Cazes
souhaiterait que l’on accélère le plus possible les recherches autour de
Reynerie, mais pas seulement : Toulouse possède un ensemble extraordinaire
d’édifices de la fin du XVIIIe siècle avec la rue de la Pomme, l’Hôtel Dubarry, les châteaux de Purpan, Reynerie, Lévignac, etc. Il faudrait alors
donner du retentissement à ces études, afin que les projets soient à la
hauteur des enjeux. Notre Société pourrait sans doute émettre un vœu en ce
sens.
On signale par ailleurs que Madame Sonia Ruiz a déclaré que les meubles
reviendraient à Reynerie. Daniel Cazes rappelle que la Direction des Musées de
France, qui n’est certes plus grand-chose aujourd’hui, a été un temps très
intéressée par une étude et un projet d’ensemble sur l’Hôtel Dubarry.
SÉANCE DU 30 MARS 2010
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste ; Mme
Napoléone, MM. Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes de Barrau,
Czerniak, Guiraud, Haruna-Czaplicki, Viers, MM. Gardes, Mattalia, membres
correspondants.
Excusés : MM. Cabau, Secrétaire-adjoint,
Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Barber, Balty, Cazes, Jaoul,
Lamazou-Duplan, MM. Balty, Barber, Chabbert, Garland, Garrigou Grandchamp, le Père
Montagnes, Pradalier.
La Présidente rend compte de la correspondance. Le maire de Cahors remercie notre Société pour son
invitation à sa séance publique, et s’excuse de ne pouvoir y assister.
Un dépliant nous informe des conférences qui seront données
les samedis 15 mai et 5 juin à l’abbaye de Lagrasse, et le dimanche 6 juin à
l’abbaye de Villelongue sur le thème des jardins monastiques. Les textes des
conférences seront publiés en fin d’année dans les Cahiers de Lagrasse.
La parole est à Philippe Gardes pour une communication sur L’oppidum d’Esbérous à Éauze (Gers). Bilan des recherches archéologiques récentes.
Après avoir remercié Philippe Gardes pour cette présentation
très intéressante, la Présidente lui demande si les talus qui barrent le site
sont construits à leur base. Philippe Gardes précise qu’il s’agit de talus
massifs en terre, dont le matériau est sans doute fourni par le creusement du
fossé.
Hélène Guiraud voudrait connaître les arguments avancés
en faveur d’Eauze dans le débat sur l’identification de la cité des Élusates.
Philippe Gardes répond que le seul argument est celui de la colline, et il
ajoute que les sondages archéologiques réalisés à Éauze n’ont jamais rien
montré d’antérieur à l’époque romaine.
Hélène Guiraud demande ensuite si les talus ont été
arasés. Philippe Gardes dit qu’ils n’ont subi qu’une érosion naturelle.
Puis, en réponse à une question de Maurice Scellès, il indique que des
palissades installées sur le sommet du talus complétaient habituellement ce
type de dispositif.
Daniel Cazes voudrait savoir ce que l’on connaît des
origines des Élusates. Philippe Gardes indique que la mention la plus ancienne
est due à César. On constate que les noms en –ates sont concentrés au sud
de la Garonne et les linguistes s’accordent sur le sens topographique de la
terminaison, qui signifierait « ceux de ». Le nom de lieu serait
donc Elusa, et se serait déplacé de
l’oppidum vers la cité romaine, comme pour Toulouse (ce qui ne plaît pas à
tout le monde). Philippe Gardes confirme que le site d’Esbérous ne présente
pas de traces de fréquentation importante avant le IIIe siècle
avant notre ère, le creusement du fossé se situant au IIe siècle.
En réponse à une nouvelle question d’Hélène Guiraud, il confirme encore
que les autres oppida du territoire
des Élusates appartiennent à la même période.
La parole est à Catherine Viers pour une communication sur Les remplois antiques des cathédrales de Saint-Lizier en Couserans.
La Présidente remercie Catherine Viers pour cette démonstration
très brillante qui complète parfaitement notre visite sur le site, et qui
aboutit à une proposition de restitution qui lui paraît très convaincante.
Daniel Cazes félicite Catherine Viers pour ce travail
qu’il juge magnifique, et comme il se déclare très séduit par l’hypothèse
finale, Catherine Viers avoue en souriant qu’elle en change régulièrement.
Daniel Cazes observe que cette nouvelle étude contribue à changer l’idée
que l’on avait de la répartition de ce type de monument dans la France
antique, le sud-ouest ne se révélant guère différent du sud-est. L’hypothèse
avancée pour la localisation du monument est également très intéressante par
rapport à Saint-Girons, où se trouvent nombre de remplois antiques. Y avait-il
des monuments comparables à Saint-Girons ? Catherine Viers répond que
tout est à faire à Saint-Girons.
Philippe Gardes demande quel est le rapport chronologique
entre les deux sites. Daniel Cazes indique que la ville romaine de Saint-Girons
appartient au Haut Empire alors que le site de Saint-Lizier, qui est avant tout
une structure militaire, date de la fin de l’Antiquité. Philippe Gardes
demande encore si la cathédrale se trouve à Saint-Lizier dès la fin de
l’Antiquité, ce que confirme Catherine Viers. Philippe Gardes note la
similitude avec Auch, où rien d’antique n’a jamais été trouvé non plus
à l’intérieur de l’enceinte.
En réponse à une question d’Hélène Guiraud, Catherine
Viers indique que le style du monument permet de le dater du premier tiers du IIe
siècle.
Au titre des questions diverses, Maurice Scellès donne lecture d’un courriel de notre confrère Jacques Lapart, qui a trouvé mention dans les actes d’un notaire d’Auch d’un Nicolas de Brye, qualifié d’architecte de Cahors :
Voici l’acte complet concernant l’architecte de Brye : c’est court et pas aussi précis qu’on voudrait. D’après ce que je comprends, ce n’est peut-être pas lui qui a dessiné la nouvelle place de la cathédrale prolongée par « l’avenue » qui va au palais épiscopal. Dans les travaux d’Auch, l’étape suivante est la création de l’entrée et de la nouvelle façade ouest du palais archiépiscopal : on parle toujours de l’architecte Le Blond amené sur les lieux par Mgr de Maupeou (+ 1712) mais je n’en ai jamais vu la preuve.
A.D.
Gers, 3E 4101 f°70 v°
Entreprise
pour Mr Prunières (...) contre le sieur Brye architecte (...) 1695 et 21 mai
(...) lequel en exécution de l’arrêt du conseil destat obtenu par Illustrissime et révérendissime Mgr Anne Tristan de Labaume de Suze conseiller du Roy en tous ses conseils primat de la Neufpopulanie et du royaume de Navarre et archevêque d’Auch le vingtième avril 1693 et ordonnances rendues ensuite par les seigneurs intendants de la généralité (...) en conséquence des enchères proclamées qui ont été faites des batisses et ouvrages qu’il compte faire pour l’alignement de la rue qui conduit de la nouvelle place de la grande église à la maison archiépiscopale de cette ville, désignés et exprimés en long dans le devis et dessin qui a été fait par le présent acte, fait bail et délivrance desdites batisses et ouvrages au sieur Nicolas de Brye architecte de Cahors et présent en cette ville ici present stipulant et acceptant; ce faisant led sieur de Brye promet et s’oblige de faire et parfaire lesd. batisses au devis et dessin qui a été signé par lesd parties et ensuite remis au pouvoir de moy notaire dans cinq mois prochain a compte de ce jour et moyennant le prix et somme de 1700 livres que led sr Prunières sera tenu comme promet de lui payer (...) scavoir un tiers incesamens, un autre tiers a demi ouvrages et le tirs restant quand led ouvrage sera parachevé et reçu par les experts (...)
J’ai épluché le registre du notaire et je n’ai pas vu la réception des travaux cinq mois plus tard (j’ai lu un an). Ce qui est sûr, c’est que de Brye est à Auch en 1695 et 1696 en concurrence avec les architectes locaux Hugonet, Dauxion et Duran souvent mentionnés.
Jacques LAPART
Maurice Scellès explique que le nom de cet architecte apparaît à Cahors lors de la reconstruction du palais épiscopal, dans les années 1685-1693. Jean Calmon avait proposé d’y reconnaître l’architecte du roi François Dorbay, alors en charge du chantier de la cathédrale de Montauban (cf. dossier d’inventaire 46. Cahors, évêché sur le site http://patrimoines.midipyrenees.fr). En précisant le prénom de de Brye, le document découvert par Jacques Lapart impose d’écarter cette hypothèse, et il ajoute une référence à l’activité de cet architecte de la fin du XVIIe siècle, très mal connu par ailleurs.
SÉANCE DU 27 AVRIL 2010
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Watin-Grandchamp, le Père
Montagnes, MM. Bordes, Macé, Testard, membres titulaires ; Mmes Cassagnes-Brouquet,
Czerniak, Fournié, Haruna-Czaplicki, MM. Chabbert, Mattalia,
Molet, Stouffs, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-adjoint,
Mmes Barber, Cazes, Friquart, MM. Barber, Boudartchouk, Pradalier, Surmonne.
Invitées : Mmes Diane Joy,
Annie-Claire Poisson.
Après avoir donné à la Compagnie des nouvelles de nos confrères Louis Latour
et Giles Barber, la Présidente rappelle que la sortie prévue à Vieille-Toulouse aura lieu le samedi 26 juin :
à partir de 14h30, notre confrère Philippe Gardes guidera la visite des sites
archéologiques.
Le Secrétaire-adjoint donne
lecture du procès-verbal de la séance du 2 mars 2010 et le Secrétaire général
de celui du 16 mars, qui sont adoptés après observations.
La Présidente lit un courrier
daté du 10 avril 2010 que Virginie Czerniak adresse à notre Société au sujet
de la restauration de peintures murales prévue sur deux des tribunes de la cathédrale
Sainte-Cécile d’Albi ; notre consœur demande que soit constituée une
Commission qu’il serait nécessaire de consulter préalablement à toute
restauration de peintures.
Maurice Scellès, après avoir
rappelé que les procédures administratives et scientifiques sont les mêmes
pour tous les monuments, estime que les interventions projetées dans les édifices
importants devraient êtres soumise à l’examen d’une Commission
scientifique d’envergure internationale.
Plusieurs membres sont d’avis
que notre Société ne peut entrer dans la problématique comptable et qu'elle
ne peut aborder la question que sur le seul plan scientifique.
Daniel Cazes fait observer que
la cathédrale d’Albi est un Monument historique, appartenant à l’État, et
que c’est à l’État qu’il convient de s’adresser pour demander la création
d’une Commission. Il rappelle qu’il avait mis en place une
Commission scientifique pour la restauration de Saint-Sernin de
Toulouse.
Il est fait remarquer que
l’Administration des Monuments historiques n’aime pas que des éléments extérieurs
s’intéressent aux restaurations, et que les questions y sont réglées en
interne.
Daniel Cazes et Guy Ahlsell de Toulza donnent des informations concernant la dévolution des bâtiments de l’ancien Hôtel Dubarry : l’appartement du Directeur du Lycée Saint-Sernin du côté de la galerie, est affecté au lycée, et la partie donnant sur la place Saint-Sernin échoit à la Ville de Toulouse.
La Présidente fait circuler une toute récente publication éditée sous la direction de nos consœurs Sophie Cassagnes-Brouquet et Michelle Fournié : Le livre dans la région toulousaine et ailleurs au Moyen Âge, 220 p. + 1 cahier photos, Toulouse, CNRS - Université de Toulouse-Le Mirail, 2010.
Michèle Pradalier-Schlumberger présente ensuite une série d’ouvrages offerts à notre bibliothèque par Louis Latour ; parmi les dons de notre généreux confrère figurent les dix volumes de la réédition de l’Histoire générale de Languedoc entreprise par Alexandre Dumège.
Guy Ahlsell de Toulza donne ensuite des informations sur le « module » de Vielmur, qu’il a découvert avec Dominique Watin-Grandchamp en juillet 1992 : l’édifice a été cédé par le département du Tarn à la commune de Vielmur, qui envisage, préalablement à tout projet d’architecte, une étude archéologique de la construction et des sondages. Mme Watin Grandchamp relève avec soulagement que l’éventualité d’un dégagement des peintures murales par des bénévoles a été définitivement écartée. M. Chabbert ajoute que l’action prévue bénéficiera de la participation financière de la Région Midi-Pyrénées.
La parole est à Maurice Scellès et Diane Joy pour la première communication prévue par l’ordre du jour, consacrée à L’église de Venerque.
La Présidente remercie nos
confrères de leur présentation d’un édifice intéressant, comportant un véritable
programme sculpté. Elle note que le portail occidental paraît bien postérieur,
semblant appartenir au XIIIe siècle.
Elle fait ensuite appel aux réactions de la Compagnie.
M. de Toulza fait remarquer la
forte brisure de l’arc du portail occidental, ses voussures à boudins, et
incline à le situer à une époque plus tardive. On s’interroge sur l’éventualité
d’un remontage, mais l’épaisseur de l’enduit empêche toute conclusion précise.
Daniel Cazes signale la réapparition
à Venerque au début du XIIe
siècle de l’arc angulaire, « cuspidien » ou « en mitre »,
qui appartient au vocabulaire architectural romain. Cet élément lui apparaît
d’autant plus intéressant qu’il est ici réalisé en brique, comme dans
l’architecture antique. Virginie Czerniak ayant évoqué le baptistère
Saint-Jean de Poitiers, M. Cazes indique que la référence lui paraît être
ici le décor des sarcophages de la fin de l’Antiquité, tels ceux de
Saint-Sernin. Diane Joy estime que cette forme est à mettre en relation avec la
présence de nombreuses reliques attestée à Venerque à l’époque médiévale.
M. Cazes aborde ensuite le sujet
du matériau utilisé pour la restauration, une pierre de provenance extra-régionale.
Il rappelle que la même chose s’est produite dans la restauration de
Saint-Sernin, pour remplacer la marne locale, la « pierre de Toulouse ».
Maurice Scellès qualifie ces pratiques de « faux en écriture ».
M. Scellès revient sur les
questions posées par la couverture ancienne de l’abside, datable du XIIe
siècle, et insiste sur la nécessité de procéder à un nettoyage et de
prendre des mesures conservatoires. Olivier Testard signale que l’on est ici
en présence d’un nouvel exemple de voûte sans charpente, caractéristique de
la culture architecturale du Midi.
Dominique Watin-Grandchamp
demande si la corniche de la partie supérieure de l’abside a été traitée
en larmier. Maurice Scellès et Diane Joy répondent par l’affirmative, mais
ils ajoutent que cette corniche a été refaite au XIXe
siècle. Mme Joy précise la chronologie relative de cette partie de l’église :
la couverture de brique est antérieure au clocher, lui-même antérieur à la
surélévation du mur de l’abside.
Michelle Fournié voudrait en
savoir davantage sur saint Phébade et les autres saints cités à Vernerque. M.
Scellès et Mme Joy disent qu’ils n’ont découvert que récemment la
question des reliques et que le dossier hagiographique est encore bien mince.
M. Cazes s’enquiert de ce que
la restauration prévoit pour le décor peint imaginé par Alexandre Dumège,
qui combine intelligemment des motifs paléochrétiens et des scènes inspirées
de l’Évangéliaire de Charlemagne jadis conservé à Saint-Sernin. M. Scellès
et Mme Joy indiquent que ce décor a déjà été traité lors d’une campagne
de restauration menée en 2001.
La Présidente donne ensuite la parole à Hiromi Haruna-Czaplicki pour la seconde communication du jour, intitulée Quelques remarques sur la culture picturale du Breviari d’Amor de Matfre Ermengaud de Béziers dans les enluminures toulousaines du XIVe siècle.
La Présidente remercie notre
consœur pour cette passionnante approche stylistique, qui nous fait découvrir
sous de nouveaux aspects le monde du Breviaire
de Matfre Ermengaud.
Michelle Fournié souligne l’apport de cette étude : ce qui est
le plus neuf, c’est l’affirmation de l’ancrage toulousain de huit
manuscrits de cette œuvre. Il n’y a pas, comme on l’avait cru, de troisième
centre de production ; Toulouse et la Catalogne seulement, mais pourquoi ?
Mme Haruna-Czaplicki avance comme explication plausible l’aire de rayonnement
du Consistoire du Gai Savoir. Quoi qu’il en soit, Mme Fournié se dit émerveillée
par cette « floraison de manuscrits toulousains ».
SÉANCE DU 4 MAI 2010
Présents : MM. Cazes,
Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme
Suau, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Napoléone, Watin-Grandchamp, MM.
Bordes, Testard, membres titulaires ; Mmes de Barrau, Czerniak, Fournié,
Haruna-Czaplicki, Jaoul, Lamazou-Duplan, MM. Laurière, Macé, Mattalia,
Stouffs, membres correspondants.
Excusés : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour,
Bibliothécaire-adjoint, Mmes Cazes, Friquart, MM. Chabbert, Garland, Garrigou
Grandchamp, Molet, le Père Montagnes, MM. Pradalier, Surmonne.
Le Directeur ouvre la séance en demandant à la Compagnie d’excuser l’absence de notre Présidente qui ne pouvait être parmi nous ce soir. Il faut aussi excuser les absences de Mme Colette Brussieux, qui devait s’associer à Caroline de Barrau pour la communication principale du jour, et d’Henri Molet, dont la communication courte sur La muraille de Garonne au Moyen Âge est donc reportée.
Le Directeur donne la parole à Caroline de Barrau pour une communication sur Deux portails gothiques « en chantier » : Rodez (cathédrale) et Villefranche-de-Rouergue (collégiale).
Le Directeur remercie Caroline de Barrau pour cet exposé
très fourni sur ces deux chantiers d’étude et de restauration, qui montre
qu’il y avait encore beaucoup à apprendre sur ces deux portails de la fin du
gothique pourtant connus. On voit bien à travers l’exemple de Rodez à quel
point une étude préalable est indispensable avant toute restauration, pour
poser les problèmes de géologie, d’archéologie et d’histoire de l’art.
Par contraste, la perte apparaît d’autant plus évidente à Villefranche. Le
Directeur résume son impression première : des ensembles majeurs qui
exigeraient un travail d’étude important et une étroite collaboration entre
restaurateurs et historiens de l’art.
En réponse à une question de Virginie Czerniak, Caroline
de Barreau précise qu’aucun autre vestige de peinture n’a été observé à
Villefranche. Puis elle confirme à Maurice Scellès que la retaille sur place
pour encastrer les sculptures ajoutées dans les voussures est certaine.
Daniel Cazes s’interroge sur les raisons et les conséquences
du recours à trois techniques de nettoyage différentes à
Villefranche-de-Rouergue : la brosse, le sablage (sable, gomme ou
micro-billes ?), et le laser (qui modifie la couleur de la pierre).
Jean-Marc Stouffs précise que le laser n’altère pas la couleur de la pierre,
mais qu’il provoque un nouveau dépôt en surface, qui peut être enlevé par
compresses ; cela n’a pas été fait à Villefranche, délibérément ou
non, et la restauration aboutit de ce fait à des couleurs très différentes
pour la même pierre. Comme Bernadette Suau demande quelle est la technique la
moins nuisible pour la pierre, Jean-Marc Stouffs rappelle que nous n’avons pas
encore assez de recul sur le nettoyage au laser, et il ajoute que celui-ci est réservé
à de petites surfaces sculptées. Caroline de Barrau croit que ce sont des
raisons financières qui ont imposé le choix des trois techniques juxtaposées,
et elle regrette l’absence de Mme Colette Brussieux qui aurait été à même
de donner les précisions nécessaires.
Bernadette Suau voudrait savoir si l’on dispose à
Villefranche d’une documentation d’archives comparable à celle de Rodez
pour la même période. Raymond Laurière dit qu’à sa connaissance, personne
n’a jamais avancé de datation reposant sur une documentation écrite. La
restauration du portail va permettre de préciser certains points : il a
ainsi lui-même relevé des marques lapidaires, qui sont différentes de celles
que l’on observe à la chartreuse ; le nettoyage a aussi révélé de
nombreuses reprises autour des éléments sculptés. Raymond Laurière ajoute
que Villefranche-de-Rouergue a toujours été construite en utilisant trois
types de pierre. Quant à l’iconographie, il s’interroge sur la présence de
singes, par exemple, et note que les modèles sont à rechercher dans les décors
des miséricordes et à la chartreuse. Le portail pourrait être postérieur à
la datation admise jusqu’à présent.
Daniel Cazes juge que le rapprochement entre les deux
portails met en évidence une assez grande différence du point de vue du style.
On a cherché à Rodez à se fondre dans l’esthétique rayonnante du XIIIe
siècle, alors que le style est plus généreux, plus ouvert, à Villefranche, où
l’utilisation des courbes relève d’un flamboyant assagi, qui fait beaucoup
penser au portail occidental de la cathédrale de Toulouse, dans les années
1440. Caroline de Barrau se déclare tout à fait d’accord, et rappelle que le
rapprochement entre Villefranche et Toulouse a été proposé par M. Quidaré.
Revenant aux sources, Bernadette Suau fait observer que les
livres de comptes de Rodez ne mentionnent aucun peintre, alors qu’ils donnent
en revanche tous les détails sur les bouviers. Puis comme elle l’interroge
sur les carrières, Caroline de Barrau confirme que sa carte mentionnait aussi
les carrières utilisées pour les restaurations.
Au titre des questions diverses, Maurice Scellès se propose de dire quelques mots de deux sites Internet. Le premier est celui de notre Société : Maurice Scellès rappelle que l’on y trouve en particulier les normes à respecter pour les publications, mais aussi le sommaire complet de nos Mémoires, ainsi que de nombreux articles en ligne ; depuis quelques mois le site donne accès au catalogue en ligne des bibliothèques de la Ville de Toulouse, dans lequel sont progressivement intégrées les notices du catalogue de notre bibliothèque. Puis Maurice Scellès présente le site de la Région Midi-Pyrénées consacré au patrimoine, en s’attachant surtout aux premières fonctions de recherche sur les bases Mérimée (architecture) et Palissy (objets) de l’Inventaire général.
Guy Ahlsell de Toulza signale l’acquisition récente de quatre dessins actuellement présentés au Musée Paul-Dupuy. Les deux premiers sont dus à Thunot Duvotenay, un géographe de passage à Toulouse en 1832. Les deux autres sont de Léon Soulié et représentent l’un le port de la Daurade, l’autre celui de Saint-Cyprien. Celui-ci a plus particulièrement attiré son attention en raison d’un grand bâtiment de trois étages situé au milieu du port, et représenté en ruines, donc en 1847-1848. Un plan de Toulouse présenté dans la même salle montre bien un bâtiment à cet emplacement, bâtiment dont Guy Ahlsell de Toulza dit n’avoir jamais entendu parler. Quelle pouvait être sa fonction ? Il ajoute que le bâtiment ne figure pas sur les plans antérieurs au XIXe siècle. François Bordes indique que les photographies des années 1880 ne montrent rien à cet endroit, et il propose de consulter le cadastre de 1830 et les plans réalisés au moment de la construction des abattoirs.
SÉANCE DU 18 MAI 2010
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger,
Présidente, MM. Cazes, Directeur, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes
Barber, Napoléone, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Peyrusse,
Roquebert, Testard, membres titulaires ; Mmes Cassagnes-Brouquet, Czerniak,
Fournié, Haruna-Czaplicki, Lamazou-Duplan, MM. Le Pottier, Mattalia, membres
correspondants.
Excusés : M. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Suau,
Bibliothécaire-Archiviste, MM. Scellès, Secrétaire général, Latour,
Bibliothécaire-adjoint, Mme Cazes, MM. Pradalier, Tollon.
La Présidente ouvre la séance à 17 h en annonçant un changement de programme : la communication de Daniel Cazes et Maurice Scellès sur l’ancien réfectoire du couvent des Augustins de Toulouse est reportée à la rentrée, et la séance de ce soir sera consacrée au livre médiéval.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture des procès-verbaux des séances des 30 mars, 27 avril et 4 mai 2010, qui sont adoptés.
Michèle Pradalier-Schlumberger donne la parole au Père Montagnes, qui nous informe de la destinée de la statue dite Vierge du Palais : cette sculpture de petite taille, qui appartient à une série de Vierges toulousaines de la première moitié du XIVe siècle, se voyait encore il y a une vingtaine d’années dans la niche située à droite du portail de la maison de l’Inquisition, place du Parlement ; elle y avait été placée en 1852, après avoir longtemps figuré dans le mur d’une maison contiguë à la porte de l’Inquisition, maison expropriée et démolie à cette époque. L’original de cette statue est en cours de restauration dans les ateliers du musée des Augustins, et un moulage viendra garnir la niche de la maison de l’Inquisition.
Mme Pradalier-Schlumberger remercie notre confrère pour ces précisions et donne la parole à Michelle Fournié, Sophie Cassagnes-Brouquet, Véronique Lamazou-Duplan et Hiromi Haruna-Czaplicki pour une présentation polyphonique des contributions réunies dans l’ouvrage récemment paru auquel elles viennent de participer : Le livre dans la région toulousaine et ailleurs au Moyen Âge (220 p. + 1 cahier photos, Toulouse, CNRS - Université de Toulouse-Le Mirail, 2010).
« Ce livre est issu d’un souhait exaucé, celui de grouper tous les médiévistes qui s’intéressent au livre dans la région toulousaine, et ailleurs... Ouvrage à plusieurs mains, il se veut le fruit d’une recherche collective, né d’une passion partagée pour la période médiévale. La production et la consommation du livre à Toulouse et dans sa région trouvent ici tout naturellement une place centrale : cependant, loin de vouloir borner nos horizons aux terres languedociennes, il nous a semblé essentiel de les confronter avec d’ autres champs d’études, d’autres approches. Le livre a toujours été un objet qui circule, porteur d’influences diverses, instrument d’échanges culturels et artistiques. Il est ici présent dans toutes ses dimensions, sa production et sa matérialité, du parchemin à la calligraphie, en passant par 1’enluminure qui met en avant sa dimension artistique. Il est aussi le fruit d’une création littéraire, d’une méditation spirituelle. Destiné aux études, il dispense un savoir scientifique. Roman ou poésie courtoise, il laisse l’imagination s’évader. Les auteurs et leurs lecteurs, les modes et les usages de la lecture sont tout autant indispensables à sa compréhension. La possession de cet objet précieux est également un marqueur social ; l’accès au livre, privé ou public, par le biais des bibliothèques, se voit bouleversé par l’apparition des premiers imprimés. Ce sont tous ces aspects qui sont abordés ici au travers de contributions réunies selon trois thématiques : les métiers du livre à Toulouse, éclairages sur quelques manuscrits toulousains ; les auteurs et leurs lecteurs ; bibliothèques, bibliophiles et collectionneurs. »
Mme Pradalier-Schlumberger
remercie vivement nos quatre consœurs de leurs exposés et leur adresse des
félicitations pour le travail d’équipe qu’elles ont animé. Ce qu’il y a
de remarquable dans l’ouvrage présenté, c’est la coopération de
chercheurs venus d’horizons variés, dont chacun a apporté un éclairage
singulier. Le résultat majeur auquel parvient cette enquête fructueuse est la
mise en évidence d’un groupe de manuscrits qui permettent de définir un
style « toulousain ».
Daniel Cazes
qualifie de passionnant l’ensemble de ces recherches et veut savoir si l’on
parvient à se faire une représentation précise des bibliothèques qui
existaient à Toulouse au Moyen Âge. Michelle Fournié répond en disant que
les mieux connues sont les bibliothèques des collèges universitaires, comme le
montre le travail récent de M. Patrice Foissac, et qu’on n’a que peu
renseignements pour les autres. Véronique Lamazou-Duplan ajoute que les
données contenues dans les inventaires après décès conduisent à un constat
médiocre pour les années 1350-1450. M. Cazes fait ressortir l’exception que
constitue la bibliothèque du collège fondé par le cardinal de Foix : sa
richesse « fait rêver ». Sophie Cassagnes-Brouquet abonde en ce
sens et note que les studia des Ordres mendiants possédaient de belles
« librairies ». On cite comme exemple de belle bibliothèque celle d’un
étudiant de Perpignan en relation avec l’Italie du Sud.
Jean Le
Pottier ayant demandé si les documents notariaux sont mieux conservés à
Perpignan qu’à Toulouse, il lui est répondu par l’affirmative.
SÉANCE DU 1er JUIN 2010
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM.
Boudartchouk, Bordes, le Père Montagnes, MM. Surmonne, Testard, membres
titulaires ; Mmes Haruna-Czaplicki, Heng, MM. Chabbert, Mattalia, membres
correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-adjoint,
Mmes Cazes, Fournié, MM. Garland, Garrigou Grandchamp, Geneviève, Pradalier.
Invités : Mme Halina Walicka,
M. Christian Salmon.
La Présidente ouvre la séance
en donnant des informations sur l’organisation de la sortie du 26 juin après-midi,
au cours de laquelle notre confrère Philippe Gardes nous fera découvrir le
site de Vieille-Toulouse.
Puis la Présidente présente
nos invités, Mme Halina Walicka et M. Christian Salmon, associés à
Jean-Luc Boudartchouk pour les communications de
ce soir.
Le Secrétaire-adjoint donne
lecture du procès-verbal de la séance du 18 mai dernier, qui est adopté à
l’unanimité.
La Présidente rend compte
de la correspondance reçue. M. Marc Chiabrando nous demande de corriger
l’attribution d’un plan du site de Nasbinals en Lozère, publié page 293 du
tome LX (2000) de nos Mémoires : on convient que la correction ne
pourra être faite qu’après que l’auteur de l’article aura été consulté.
La parole est à Jean-Luc Boudartchouk pour une communication sur de Nouvelles données sur les deux plats découverts à Toulouse, place des Puits-Clos, en 1832, communication préparée avec Vincent Geneviève qui ne pouvait être là ce soir.
La Présidente remercie Jean-Luc Boudartchouk pour sa présentation de ces deux pièces exceptionnelles, et demande comment elles sont parvenues en Pologne. Jean-Luc Boudartchouk et Halina Walicka racontent leur cheminement depuis leur découverte jusqu’à leur arrivée dans les collections du musée national où elles se trouvent aujourd’hui.
La Présidente note le raffinement de l’ornement de bordure du plat au sanglier. Après avoir souligné leur style oriental, Jean-Luc Boudartchouk rappelle l’hypothèse déjà avancée d’un don impérial et d’une thésaurisation locale ; en tout cas, aucune autre pièce semblable n’a jamais été retrouvée dans la région. Puis il remarque que le nom qui apparaît dans la correspondance de Sidoine Apollinaire est plus probablement local qu’oriental. Daniel Cazes dit que Sidoine Apollinaire mentionne des plats d’argent à l’occasion d’une ambassade orientale auprès du roi wisigoth. Halina Walicka rappelle que le grand épigraphiste polonais qui a étudié l’inscription a proposé plusieurs hypothèses, laissant le soin de trancher aux archéologues toulousains.
Guy Ahlsell de Toulza propose que nous fassions l’acquisition de la publication, qui pourrait d’ailleurs être suivie d’un échange régulier de publications. Il émet le vœu que l’on puisse voir un jour ces plats à Toulouse, à l’occasion d’une exposition sur l’orfèvrerie romaine au Musée Saint-Raymond, par exemple. Daniel Cazes se souvient avoir essayé d’en obtenir le prêt en 1988 pour l’exposition Palladia Tolosa, en vain car les plats se trouvaient alors dans des caisses parties au musée national. Il ajoute qu’une récente visite au British museum lui a donné l’occasion de voir le trésor d’argenterie romaine de Caubiac (près de Grenade-sur-Garonne) dont les pièces font figure de pièces d’exception, montrant bien, au total, la richesse incroyable de la vallée de la Garonne pendant l’Empire romain.
La Présidente donne la parole à Jean-Luc Boudartchouk, Hiromi Haruna-Czaplicki et Christian Salmon pour la seconde communication à l’ordre du jour de la séance, consacrée à La « Notice des dignités » et le Sud de la Gaule : questions de chronologie.
La Présidente remercie les trois orateurs pour leurs exposés très savants et très différents par les méthodes. Nul doute qu’il s’agisse là du début d’une longue recherche dont nous suivrons les développements.
Dominique Watin-Grandchamp voudrait savoir ce que représentent les vignettes placées avant les boucliers. Jean-Luc Boudartchouk répond que l’on pense à une table de présentation des portraits impériaux, donc un meuble drapé dont le dessin serait un peu déformé par les copies. Dominique Watin-Grandchamp se demande si l’ordre et la disposition des boucliers ne pourraient avoir une signification hiérarchique. Pour Christian Salmon, l’analyse permettra peut-être de le confirmer, et pourrait faire apparaître des familles ou des groupes ; il précise que la codification des éléments a pu être faite en utilisant la grille héraldique du Moyen Âge, ce qui a permis de gagner beaucoup de temps. Jean-Luc Boudartchouk ajoute que la série compte quelque 270 boucliers et qu’il n’y a jamais d’anachronisme important. Daniel Cazes constate que l’on est devant un système de représentation militaire.
François Bordes s’attache aux questions de méthode, en demandant quel manuscrit a été considéré comme le manuscrit princeps et comment ont été prises en compte les variantes des autres manuscrits. Christian Salmon indique que c’est le manuscrit de Munich qui est considéré comme la copie la plus fidèle, ce que l’on espère pouvoir vérifier en croisant les données. Il sera alors possible de comparer les autres manuscrits et d’éviter les interprétations tardives. Jean-Luc Boudartchouk résume en deux phrases le propos d’Hiromi Haruna-Czaplicki : la thèse actuelle admet une copie de la fin de l’Antiquité et une copie carolingienne, alors que l’analyse proposée met en évidence des convergences avec l’art ottonien.
Au titre des questions diverses, Daniel Cazes signale qu’il a été saisi par M. Bruno Lecomte, de l’Union pour la sauvegarde des villages concernés par le tracé de la future ligne TGV Toulouse-Bordeaux. Trois sites méritent en particulier de retenir notre attention : Pompignan, Saint-Rustice et Castelnau-d’Estrétefonds.
C’est le tracé D qui a récemment été retenu, contre le tracé par la vallée, au plus près de l’autoroute. D’après le document très intéressant communiqué par M. Lecomte, un tunnel serait réalisé sous le château de Pompignan, dont la sortie se ferait à Saint-Rustice, site d’un intérêt archéologique majeur bien connu : villa romaine avec des mosaïques légendées en grec, cimetière et église du haut Moyen Âge démolie au XIXe siècle. La ligne toucherait ensuite Castelnau-d’Estrétefonds. Daniel Cazes observe que nous nous trouvons aujourd’hui dans la même situation qu’en 1850, alors que le tracé de la voie ferrée prévoyait la destruction du cloître de Moissac (évitée de justesse, mais dans les conditions que l’on sait). Il ajoute que le dossier montre que les coûts d’expropriation seront très élevés, plus que dans la vallée, ce que confirme Jaques Surmonne en rappelant que l’une des zones correspond à un vignoble classé en A.O.C. Daniel Cazes a, pour sa part, adressé un courrier à M. Martin Malvy, Président de la Région Midi-Pyrénées, et un autre au préfet, mais il pense que notre Société devrait également intervenir : il propose donc à la Compagnie de mandater notre Présidente pour qu’elle rédige un courrier pendant l’été, puisque cette séance est la dernière de l’année. Michèle Pradalier-Schlumberger se déclare tout à fait d’accord.
La Présidente prononce la clôture de l’année académique 2009-2010 et invite la Compagnie à partager le verre de l’amitié.
© S.A.M.F. 2009-2010. La S.A.M.F. autorise la reproduction de tout ou partie des pages du site sous réserve de la mention des auteurs et de l'origine des documents et à l'exclusion de toute utilisation commerciale ou onéreuse à quelque titre que ce soit.