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Depuis 1989, les comptes rendus des séances sont publiés dans le Bulletin annexé au volume de Mémoires de l'année, et sont disponibles en version électronique. Voir les sommaires des Mémoires.
Version de pré-publication
SÉANCE DU 5 OCTOBRE 2010
Présents :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Scellès, Secrétaire
général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Barber, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Boudartchouk, Catalo, le Père
Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes
Fournié, Guiraud, Haruna-Czaplicki, Jaoul, MM. Chabbert, Gardes, membres
correspondants.
Excusés :
MM. Guy Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes
Cazes, Friquart, Krispin, MM. Barber, Bordes, Garrigou Grandchamp, Garland, Pradalier.
La Présidente souhaite à tous un bon retour à l’Hôtel d’Assézat et aux séances de notre Société, pour cette nouvelle année académique qu’elle espère aussi amicale et enrichissante d’un point de vue scientifique que les précédentes. La Présidente communique le programme de l’année, en précisant qu’il pourra faire l’objet de modifications et quelques dates restent libres pour d’autres communications.
Le
Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 1er
juin 2010, qui est adopté après qu’a été apportée une
précision demandée par Jean-Luc Boudartchouk.
La
Présidente rend compte de la correspondance imprimée, qui comprend surtout des
invitations à des expositions.
Trois
ouvrages viennent enrichir notre bibliothèque :
-
Georges Cugulières, Le tramway de Vicdessos 1911-1932, Toulouse, Éditions
Le Pas d’oiseau, 210, 57 p. (don de l’auteur) ;
-
Alexia Aleyrangues, Diane Joy, Saint-Antonin-Noble-Val, ville et hameaux,
coll. Patrimoines Midi-Pyrénées, Région Midi-Pyrénées, 2010, 128 p. (don de
Roland Chabbert) ;
-
Le goût de la Renaissance italienne. Les manuscrits enluminés de Jean
Jouffroy, cardinal d’Albi (1412-1473), sous la direction de Matthieu
Desachy et Gennaro Toscano, coll. Trésors écrits Albigeois, 3, Milan,
Silvana Editoriale, 2010, 160 p. (don de Hiromi Haruna-Czaplicki).
La
Présidente remercie les donateurs.
La parole est à Jean-Luc Boudartchouk et Philippe Gardes pour une communication sur Les lacs des Tectosages et l'archéologie.
La
Présidente remercie les deux orateurs pour ce troisième épisode de « l’Or
de Toulouse », qui a vu de nombreux fantasmes rétablis dans leur vérité
historique. Il faut donc en conclure qu’un dépôt de métal précieux ne peut
avoir de réalité en dehors du site de Vieille-Toulouse ? Jean-Luc
Boudartchouk dit que l’on peut en effet admettre que la ville ait été pillée
et ses richesses enlevées, et que, fait extraordinaire, les deux seuls
sanctuaires gaulois connus sont ceux de Vieille-Toulouse. Quant au témoignage
de Strabon, on se rend compte qu’il s’évanouit au fur et à mesure que
l’on serre le texte de plus près. Philippe Gardes ajoute que l’on ne connaît
pas de ville gauloise établie au milieu d’un marais, et que Toulouse serait
un cas unique, ce qui est peu vraisemblable ; en revanche, on sait que les
Gaulois constituaient des trésors publics, et celui de Toulouse a évidemment
été pillé lors de la prise de la ville.
Hélène
Guiraud voudrait connaître la datation des objets de Srettisham : vers 100
avant notre ère, précise Philippe Gardes. Hélène Guiraud s’étonne alors
que des lacs soient qualifiés d’eaux mortes ou stagnantes, et Jean-Luc
Boudartchouk dit que c’est par opposition aux eaux vives.
Daniel
Cazes s’intéresse à l’évaluation des quantités d’or et d’argent, en
rappelant que les découvertes archéologiques ont montré qu’il y avait de
l’or un peu partout dans le Sud-Ouest. L’inventaire présenté ce soir
pourrait sans doute être encore complété, car on oublie toujours des mentions
de découvertes anciennes, dont les objets sont partis ailleurs ou ont disparu.
Une autre question est celle du lieu de fabrication de ces objets. Daniel Cazes
dit n’avoir pas de certitude, et il prend comme exemple les torques de Gajic
et de Lagraïsses, dont on ne sait s’ils ont été fabriqués par les
Volques-Tectosages ou dans la région du Danube. Il y a donc une réalité minière
qui est celle de la présence de l’or dans tout le Sud-Ouest, qui rend
possible une thésaurisation du métal précieux dans la capitale des
Volques-Tectosages, mais aussi beaucoup de flou encore en particulier quant à
la datation des objets. Comme Philippe Gardes fait remarquer que les dépôts
eux-mêmes n’ont pas été traités dans le cadre de la communication de ce
soir, Daniel Cazes donne raison à nos deux confrères d’avoir été très
prudents, ce qui n’a pas toujours le cas pour les différents auteurs qui se
sont attachés à cette question.
Quant
au sens de ces dépôts, Daniel Cazes rappelle que l’on dispose
d’informations pour Lagraïsse, où les torques, qui étaient accompagnés de
fragments d’ossements et de céramiques, ont été trouvés presque à fleur
de sol. Jean-Luc Boudartchouk dit que les dépôts de Srettisham sont également
peu profonds ; il joute que si les réalités archéologiques semblent
confirmer que les Volques avaient un usage particulier des dépôts dans des
fosses ou des puits, celles-ci doivent être dissociées de l’épisode de la
prise de la ville par les Romains.
Daniel
Cazes félicite encore Jean-Luc Boudartchouk et Philippe Gardes d’avoir insisté
sur fait très concret de l’existence des deux sanctuaires de
Vieille-Toulouse, un ensemble tout à fait extraordinaire, d’autant plus
qu’il peut être mis en relation avec une inscription parfaitement datée.
Louis
Peyrusse déclare avoir beaucoup aimé la politique de la terreur appliquée par
nos deux confrères à la relecture des sources, mais s’agissant d’une
hypothèse encore acceptée avec faveur, la disparition des zones humides, les
« lacs », ne peut-elle en effet être expliquée par l’évolution
du climat ? Jean-Luc Boudartchouk confirme que les deux écoles subsistent
certes, ceux qui ne croient pas aux lacs parlant de cavités artificielles. Mais
les progrès de la connaissance en géologie prouvent que des lacs n’ont pas
pu exister à l’époque protohistorique à Toulouse, et il n’y a pas de
raison désormais de douter que l’oppidum gaulois se trouvait sur le site de
Vieille-Toulouse.
En
réponse à une question d’Hélène Guiraud, Jean-Luc Boudartchouk rappelle
que Strabon est un compilateur, et que son manuscrit est en outre resté inachevé.
Son ouvrage comporte d’autres erreurs, qui sont connues, et pour Toulouse, on
ne peut aller plus loin que renoncer à utiliser Strabon. Dominique
Watin-Grandchamp demande ce qu’il en est alors de l’épisode de Caepio :
pour Jean-Luc Boudartchouk, la prise de la ville et son pillage sont sans aucun
doute historiques et rapportés d’après des sources romaines.
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 2010
Présents :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Guy Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste,
M. Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Barber, Napoléone,
Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Catalo, le Père Montagnes, MM. Surmonne, Testard,
membres titulaires ; Mmes Cassagnes-Brouquet, Fournié, Haruna-Czaplicki, M.
Macé, membres correspondants.
Excusés :
M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Balty, Cazes, Czerniak, Friquart,
Krispin, Lamazou-Duplan, MM. Balty, Garrigou Grandchamp, Garland, Peyrusse, Pradalier, Tollon.
La
Présidente donne la parole au Secrétaire général pour la lecture du procès-verbal
de la séance du 5 octobre 2010, qui est adopté.
La
Présidente rend compte de la correspondance imprimée qui comprend en
particulier le programme du 60e
congrès de la Fédération historique de Midi-Pyrénées qui se tiendra à Foix
les 17-19 juin 2010, sur le thème des Dissidences
et conflits populaires dans les Pyrénées.
Deux
ouvrages viennent enrichir notre bibliothèque :
-
Musée du Vieux Toulouse, numéro spécial
de L’Auta, été 2010 (don du Musée) ;
-
Maurice Greslé-Bouignol, Regards albigeois sur un type de croix paradoxal. Supplément,
extrait de la Revue du Tarn, n° 218,
p. 261-351 (envoi de l’auteur).
La parole est à Olivier Testard pour des Notes de lecture du Breviari d’Amor.
La
Présidente remercie Olivier Testard pour ces notes qui nous fournissent des
clefs de lecture pour aborder un de ces textes médiévaux particulièrement
riche et complexe, comme peuvent l’être aussi les Leys d’amor.
Sophie
Cassagnes-Brouquet demande si la première image ne représente pas la Vierge,
ce que pensent aussi Nicole Andrieu et Dominique Watin-Grandchamp. Olivier
Testard constate que sont ainsi confirmés des décalages entre le texte et
l’image qu’il n’a pas étudiés. Hiromi Haruna-Czaplicki indique que Mme
Vasseur prend en compte ces décalages, qui existent en effet. Dans le cas de
cette figure, elle pense qu’elle peut être à la fois une allégorie,
l’image de la Vierge et en troisième lieu la femme.
Michelle
Fournié précise que parmi les thèmes abordés certains ne sont pas de sa
spécialité, mais elle trouve intéressant, dans cette démarche, d’essayer d’expliquer
le pourquoi de la troisième partie que constitue le Périlleux
traité sur l’amour des femmes, et comment il s’articule au reste, alors
que l’on considère habituellement l’ouvrage comme un ensemble confus, une
œuvre sans cohérence. Elle avait pour sa part admis qu’il s’agissait
d’une somme encyclopédique, et elle attend de ce fait avec encore plus
d’intérêt la publication complète par Peter Ricketts, avec une préface qui
devrait présenter son explication de l’œuvre.
Pour
Olivier Testard, l’ouvrage va du général au particulier. Le
Périlleux traité n’est pas stricto sensu de l’amour courtois : Matfre
Ermengaud a choisi les passages des troubadours qui servaient son projet, qui est une leçon
moralisante.
Répondant
à une question de Laurent Macé, Oliver Testard dit ne pas savoir de quels
ouvrages Matfre Ermengaud pouvait disposer à Béziers, et qu’il s’en est
tenu pour sa présentation aux fondamentaux qui pouvaient constituer la base du
savoir des clercs. Michelle Fournié indique que l’on conserve des ouvrages
destinés à la formation des novices dominicains, et elle pense que la
comparaison pourrait être intéressante. Olivier Testard serait ravi si son
travail pouvait impulser de telles recherches.
Faisant
référence au colloque consacré au cercle de Béziers, Laurent Macé rappelle
que l’un des frères de Matfre était troubadour, ce que confirme Olivier
Testard en indiquant qu’il est cité par Matfre lui-même. Sophie
Cassagnes-Brouquet remarque que c’est une époque où les troubadours se
reconvertissent dans la littérature mariale.
Hiromi
Haruna-Czaplicki souligne que la question de l’originalité de l’œuvre de
Matfre Ermengaud reste posée. Puis après avoir repris la composition de
l’ouvrage, elle note que dans la troisième partie l’amour apparaît comme
le salut des troubadours et que l’on peut y voir une forme de réconciliation
avec la tradition.
Olivier
Testard fait observer que la dernière partie, troubadouresque, est connue pour
être organisée sous forme
de questions-réponses, mais que ce sont également plusieurs parties du texte
qui sont ainsi fabriquées, ce qui a sans doute pour but de faciliter la restitution orale. Il y
a là la reprise d’une technique qui a fait ses preuves, très efficace dans
une société de tradition orale où l’on est capable de réciter des milliers
de vers.
Hiromi
Haruna-Czaplicki pense que le mot « restitution » est en effet le
mot juste, et que la question est ici celle de la lecture que pouvait viser
Matfre Ermengaud.
Sophie
Cassagnes-Brouquet fait remarquer que tous les manuels de cette époque se présentent
sous cette forme. Elle ajoute que le Bréviaire n’est pas un ouvrage
religieux, mais un abrégé des connaissances destiné à des laïcs. Olivier
Testard trouve que pour un abrégé, l’auteur délaye beaucoup. A contrario, il prend
pour exemple les Étymologies
d’Isidore de Séville, que l’on considère comme une somme encyclopédique.
Il a plutôt l’impression, pour sa part, d’être dans ce cas-là devant un
véritable abrégé qui n’est que le fil d’un cours dont le contenu devait
être développé à l’oral, et qui par conséquent ne reflèterait pas la pauvreté
alléguée des connaissances du moment.
Au titre des questions diverses, le Trésorier juge nécessaire de faire un rappel de cotisations, en déplorant que cinquante membres n’aient pas encore acquitté celle de l’année 2010 alors que le règlement intérieur stipule que le paiement de la cotisation annuelle doit en être fait au cours du premier trimestre.
Guy Ahlsell de Toulza souhaite compléter son information du 4 mai 2010 sur deux dessins de Soulié, qu’il a offerts au Musée Paul-Dupuy. C’est le grand bâtiment en ruines figurant dans le demi-cercle de la digue sur le dessin représentant la berge de la Garonne et le dôme de la Grave qui faisait question. Le plan de Vitry de 1825 montre en effet un petit bâtiment à cet endroit, et un plan des Archives municipales retrouvé par François Bordes indique qu’il s’agissait de l’abattoir des bœufs. La construction du nouvel abattoir lui fait perdre toute utilité, et n’étant plus entretenu, il est en ruines en 1848 et ses vestiges seront emportés par les crues.
Guy Ahlsell de Toulza annonce ensuite à la Compagnie la récente acquisition par l’Union des Académies et Sociétés savantes de l’Hôtel d’Assézat et de Clémence Isaure d’un tableau du peintre gersois Clovis Cazes, la Promenade du centaure, exposé à Toulouse en 1906. Le tableau sera accroché dans la salle Clémence-Isaure.
SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 2010
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu,
Barber, Napoléone, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Roquebert,
Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes de Barrau, Cassagnes-Brouquet,
Fournié, Haruna-Czaplicki, Lamazou-Duplan, le général Garrigou
Grandchamp, MM. Darles, Macé, Mattalia, membres correspondants.
Excusés : MM. Scellès,
Secrétaire général, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mme Cazes, M.
Molet.
Invitées : Mmes Rousseau,
conservateur de la maison Seilhan à Toulouse, Maria-Alessandra Bilotta, chargée
de recherches à l’I.N.H.A., spécialiste des manuscrits languedociens.
La Présidente ouvre la séance à 17h00. Elle annonce que notre confrère Henri Molet ne pourra pas, suite à un accident de voiture, assumer la communication brève qu’il devait nous faire ce soir concernant La muraille de Garonne. Puis elle fait circuler la correspondance imprimée, qui comprend :
- le
catalogue de l’exposition « Pouvoir et mémoire. Des princes français
rois de Navarre (XIIIe-XVIe siècles) – Poder y memoria. Principes frances,
reyes de Navarra (siglos XIII-XVI) »
présentée à Pau du 15 septembre au 10 novembre 2010 et qui doit l’être à
Pampelune du 25 novembre 2010 au 6 février 2011 ;
- le
prospectus des journées d’études organisées à Toulouse les 24-25 novembre
2010 par l’UMR 5136 Framespa et le département d’histoire de l’Université
Toulouse II-Le Mirail, journées consacrées à « Un autre marché du luxe :
le goût des élites méditerranéennes d’Avignon à Valence aux XIVe
et XVe siècles ».
Michèle Pradalier-Schlumberger présente ensuite deux ouvrages récemment parus que deux membres de notre Compagnie, Daniel Cazes et Véronique Lamazou-Duplan, offrent pour notre bibliothèque :
- Románico.
Revista de arte de amigos del románico, n° 10, juin 2010, « Románico
y Camino de Santiago », Madrid, 2010, 136 p. ;
- Véronique
Lamazou-Duplan (dir.), Anne Goules, Philippe Charon, Le Cartulaire dit de
Charles II roi de Navarre - El Cartulario llamado de Carlos II rey de
Navarra, Corpus documental para la historia del reino de Navarra, Seccion
III., Códices y Cartularios, Tomo I., Pamplona, 2010, 460 p.
La Présidente indique enfin que la date de la séance publique annuelle de notre Société a été fixée au samedi 19 mars 2011, à 16 heures, et que la conférence, prononcée par Mme Lamazou-Duplan, aura pour sujet Les princes français rois de Navarre.
La parole est au Père Montagnes pour sa communication intitulée La dévotion civique de Toulouse à saint Thomas d’Aquin (XVIIe siècle).
La Présidente remercie le Père Montagnes pour cette
communication de grande ampleur, très riche en informations, pleine de détails
concrets et vivants. Elle rappelle que l’église des Jacobins de Toulouse fut
choisie par le pape Urbain V pour abriter les reliques de saint Thomas d’Aquin
parce qu’elle surpassait en beauté toutes les autres églises des Frères Prêcheurs.
Après avoir souligné les apports nouveaux concernant le rôle des pouvoirs
royal et municipal dans le culte rendu à saint Thomas, elle s’interroge sur
deux points. D’une part, elle se demande si la curiosité iconographique qui
figure sur une gravure illustrant la page de titre d’un ouvrage publié au XVIIe
siècle – le calame ou la plume tenu par le saint Docteur se prolonge par une
tige de lys fleurie que termine le Crucifix – ne pourrait pas être un
souvenir de l’Arbre de Vie, thème cher aux Franciscains de Languedoc au XIVe
siècle. D’autre part, elle s’enquiert des noms de l’architecte et des
sculpteurs qui œuvrèrent au mausolée de saint Thomas. Bernard Montagnes
indique que la conception et l’exécution du monument furent assurées
essentiellement par deux Dominicains, les Frères Claude Borrey et Jean-Raymond
Renard, anciens sculpteurs de profession ; pour davantage de précisions,
il renvoie au précieux article publié par notre confrère Georges Costa sur
les travaux réalisés aux Jacobins au XVIIe
siècle (Georges Costa, « Travaux d’art aux Jacobins de Toulouse sous le
règne de Louis XIII », M.S.A.M.F., tome LXVII,
2007, p. 201-229).
Christian
Darles fait remarquer que sur l’une des gravures projetées le front du saint
paraît porter une étoile noire à six branches, au sujet de laquelle il est
difficile de trouver une explication.
Michelle
Fournié demande à quand remonte la pratique de l’hommage prêté par les
capitouls entrant en charge. Le Père Montagnes répond que l’avocat
toulousain Jacques Lavaur, ancien capitoul, qui mentionne en 1626 cet usage, ne
dit rien de son origine. Il faut conjecturer qu’il était relativement récent :
il ne pouvait pas être antérieur à 1369, date de l’arrivée à Toulouse des
reliques de saint Thomas d’Aquin, et on peut croire que son institution ne fut
pas sans relation avec la réforme dominicaine promue au début du XVIIe siècle par Frère Sébastien Michaelis
(1543-1618).
Guy Ahlsell de Toulza désire connaître les grandes
dispositions du mausolée de saint Thomas ainsi que l’identité des
personnages représentés par les statues qui le décoraient. Bernard Montagnes
explique que le monument, qui s’élevait sur l’emplacement de l’autel
actuel et culminait à près de vingt mètres (le haut des voûtes de l’église
étant à 28 m), était de plan barlong et montrait deux faces principales :
l’une, tournée à l’Ouest vers le chœur conventuel, constituait le retable
du maître-autel ; l’autre, tournée à l’Est vers le public des fidèles,
formait le retable de l’autel dédié à saint Thomas d’Aquin ; des
deux côtés, placée au milieu, sous une arche voûtée, se voyait la châsse
contenant les reliques du saint Docteur. Sur la face orientale, dont trois
gravures du XVIIe siècle ont
reproduit l’ordonnancement et l’ornementation, figuraient : au registre
supérieur, dans la niche centrale, saint Thomas tenant dans sa dextre le glaive
flamboyant des chérubins et foulant aux pieds Averroès ; de part et
d’autre, un peu plus bas, sur deux trônes, les papes saint Pie V et Urbain V
— au registre inférieur, dans les deux niches latérales, à droite :
saint Raymond de Peñafort, fondateur des Mercédaires, portant une clef ;
à gauche : saint Vincent Ferrier.
Au titre des questions diverses, Daniel Cazes intervient pour témoigner de la visite qu’il vient de faire à l’Institut catholique de Toulouse. Le musée archéologique, récemment rénové et inauguré la semaine dernière, porte désormais la dénomination d’« Espace muséographique Georges-Baccrabère » en hommage à son créateur et conservateur, notre confrère, disparu en 2007. C’est aujourd’hui le Père Joseph qui en assure la conservation. La nouvelle présentation se signale par l’aménagement de la partie occidentale, sous la galerie, qui est maintenant close, chauffée, et bien éclairée. Pour des raisons de sécurité, la zone en sape le long du rempart antique n’a pas été réouverte au public. Un espace nouveau est dévolu aux expositions temporaires : actuellement, on peut y découvrir l’œuvre du maître-verrier Henri Guérin. M. Cazes recommande d’aller voir le musée réaménagé et il propose que la Société en fasse l’objectif d’une prochaine visite. L’Institut catholique de Toulouse a tout lieu d’être fier de cette réalisation. Le Directeur déclare finalement qu’après longtemps pensé que ce musée devait être intégré au système officiel des Musées de France, il est venu à l’idée qu’il vaut sans doute mieux que celui-ci demeure une entité privée.
SÉANCE DU 7 DECEMBRE 2010
Présents :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Barber, Napoléone, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Pradalier,
Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty, Cassagnes-Brouquet,
Fournié, Guiraud, Haruna-Czaplicki, Heng, Jaoul, MM. Balty, Mattalia,
membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ;
MM. Chabbert, Garland, Garrigou Grandchamp, Lapart.
Le
Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 9
novembre 2010, qui appelle une réserve de Michelle Fournié. Le Secrétaire général
rappelle à ce propos que les intervenants peuvent proposer un texte de
remplacement pour la version publiée dans le Bulletin.
Le
Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 23
novembre. Les
deux procès-verbaux sont adoptés.
La
Présidente présente trois ouvrages reçus pour notre bibliothèque :
-
Arqueología, patrimonio y desarrollo urbano. Problemática y soluciones, Actas
del Seminario de Girona, 3 de julio de 2009, Gérone, 2010, 262 p. (don de Christian Darles) ;
-
Quitterie Cazes, L’ancienne église
Sainte-Marie la Daurade à Toulouse, Guides
archéologiques du Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse,
Toulouse, Musée Saint-Raymond, s.d. [2010], 64 p. (don de l’auteur) ;
-
Le Muséum de Toulouse et l’invention de
la préhistoire, sous la direction de François Bon, Sébastien Dubois et
Marie-Dominique Labails, Toulouse, Éditions du Muséum de Toulouse, 228 p.
La parole est à Michèle Heng pour une communication sur les Relevés archéologiques de Pierre-François-Léonard Fontaine (1762-1853).
La Présidente remercie Michèle Heng pour cette communication très riche qui soulève nombre de questions et ne manquera de susciter tout autant de commentaires. Pour ce qui est du Moyen Âge, elle constate que le tombeau dessiné par Fontaine paraît tout à fait authentique : Michèle Heng souligne qu’il ne dessine cependant pas l’inscription, ce qu’il n’aurait pas manqué de faire si son intention avait été archéologique.
La
Présidente se tourne vers Jean-Charles Balty pour recueillir son avis sur la
représentation des monuments antiques. Notre confrère confirme l’intérêt
de ce dossier, aussi étonnant que l’est le personnage. Peut-être a-t-on là
un début de réhabilitation de Fontaine, qui semble être toujours dans
l’ombre de Percier, alors que leurs ouvrages publiés en commun le sont sous
les noms de Percier et Fontaine et non l’inverse. Ses dessins d’architecte
sont assez remarquables, mais ses relevés archéologiques sont épouvantables,
comparés à ce qui s’était fait auparavant et à ce qui se faisait au même
moment. Fontaine donne l’impression de déjà savoir ce qu’il fera plus tard
(ce qui est improbable), et de collectionner à cette fin des formes qu’il réutilisera.
Michèle Heng suggère que Fontaine ait pu compter sur Percier pour préciser
les dessins.
Louis
Peyrusse se réjouit de cette mise en bouche, en se demandant toutefois si la réhabilitation
de Fontaine est nécessaire, alors que Percier n’est somme toute pas si haut.
Ses dessins sont des croquis et pas du tout des relevés, et pour la publication
des Palais, maisons, et autres édifices modernes, dessinés à Rome, il
n’est pas impossible que Percier ait repris certaines planches. Percier a
d’ailleurs probablement dessiné bien des fois les mêmes œuvres, puisque
tous deux travaillaient souvent côte à côte. La collection conservée montre
bien que Fontaine dessinait de façon compulsive, et même d’après des
recueils de gravures. Quant au montage des planches, il est sans doute aléatoire,
ce qui est habituel à cette époque.
Dominique
Watin-Grandchamp remarque que les croquis de Fontaine évoquent plus un carnet
d’architecte que des relevés archéologiques, comme en font aujourd’hui
aussi la plupart des architectes, ce que confirme Oliver Testard. Michèle Heng
mentionne alors un petit carnet, dont elle n’a pas fait état dans sa
communication, dans lequel on trouve aussi bien un dessin d’un surtout de
table qu’un croquis du Trianon.
Daniel
Cazes observe que Fontaine dessine d’après des gravures déjà anciennes
comme celles de Montfaucon, mais pas d’après celles d’un contemporain comme
Visconti. Et sa vision est beaucoup plus artistique qu’archéologique. Un très
important travail d’identification des dessins reste à faire, c’est vrai.
On pourra sans doute s’aider un peu du catalogue des sculptures du palais
Maffei, qui a été publié. Le très beau dessin que nous avons vu a sans doute
été fait sur l’Aventin, peut-être dans le jardin des chevaliers de
l’Ordre de Malte. Daniel Cazes dit avoir noté une apothéose de Faustine, et
aussi quelques erreurs manifestes dans les légendes : par exemple,
l’abside de San Giovanni e Paolo donnée pour celle de Saint-Grégoire.
Répondant
à une question de Dominique Watin-Grandchamp, Michèle Heng assure que la
plupart des annotations portées sur les dessins sont de la main de Fontaine.
Elle ajoute que le problème d’identification qui se pose pour les antiques se
pose aussi
pour de très nombreux autres dessins jusqu’à 1851, ce qui ressemble à une
mission impossible pour laquelle elle cherche aides et collaborations. Se pose
aujourd’hui la question du devenir de ce fonds : ceux qui le détiennent
ne sont pas jeunes, et il sera sans doute partagé entre leurs deux enfants et,
sans doute aussi, vendu.
Bernadette
Suau demande si la famille peut envisager la protection de l’ensemble des
dessins au titre des Monuments historiques, ce qui n’éviterait pas la vente
mais empêcherait le dépeçage. Michèle Heng pense que le carnet du sacre de
Napoléon ne pourra pas quitter la France. La question de la protection au titre
des Monuments historiques est délicate à aborder, car elle met les propriétaires
face à leur propre disparition.
Au titre des questions diverses, le Trésorier rappelle que de nombreux membres n’ont toujours pas acquitté leur cotisation pour l’année 2010, et la Bibliothécaire que les ouvrages empruntés depuis trop longtemps doivent être rapportés sans délai.
SÉANCE DU 4 JANVIER 2011
Présents :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Barber, Napoléone, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Testard, Tollon,
membres titulaires ; Mmes Balty, Guiraud, Haruna-Czaplicki, MM. Balty,
Darles, Surmonne, Veyssière, membres correspondants.
Invitée :
Mme Fabienne Landou (INRAP).
Excusés :
MM. Scellès, Secrétaire général, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mme
Cazes, Heng, Lamazou-Duplan, MM. Garland, Pradalier.
La Présidente ouvre la séance à 17h00. Au seuil de l’année nouvelle, elle adresse tous ses vœux de bonheur aux membres de la Compagnie et souhaite que se renouvelle toujours le plaisir que nous avons de nous retrouver. Puis elle a le triste devoir d’annoncer le décès de notre doyen d’élection, Odon de Lingua de Saint-Blanquat, disparu pendant les vacances de Noël à l’âge de 96 ans. Reçu membre correspondant de notre Société en 1945, il était devenu membre titulaire en 1949, et, à sa demande, membre honoraire en 1998. Michèle Pradalier-Schlumberger rappelle la petite fête que nous avions organisée en 1995, à l’occasion de son jubilé académique, puis elle évoque la figure de l’ancien Directeur des Archives communales de Toulouse, qu’ont bien connu ceux qui, dans les années 1960-1970, ont fréquenté les Archives de la Ville, alors situées rue de Périgord, dans les sous-sols de la Bibliothèque. Historien d’une érudition profonde, Odon de Saint-Blanquat était un homme d’une « grande courtoisie », d’une « amabilité exquise », pour reprendre les termes employés par le journal de Verdun-sur-Garonne, où se trouvait sa propriété. Mme Pradalier-Schlumberger prononcera son éloge lors de la séance publique du 19 mars 2011.
La Présidente présente ensuite le tome LXVIII (2008) de nos Mémoires, tout fraîchement paru. Après l’avoir jugé « un beau volume, d’une grande richesse scientifique, rassemblant des contributions de poids », elle exprime le léger regret que les reproductions des photographies illustrant l’article sur les peintures de Vals tirent sur le bleu.
Elle rend compte ensuite de la correspondance manuscrite, qui comprend les vœux de M. Pierre Izard, Président du Conseil général de la Haute-Garonne, ainsi des invitations à diverses cérémonies adressées par MM. Martin Malvy, Président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, Pierre Cohen, Maire de Toulouse, Jean-François Laffont, Président de Convergéncia occitana, et Jean-Pierre Pech, Secrétaire perpétuel de l’Académie de Législation et Président de l’Union des six Académies et Sociétés savantes de l’Hôtel d’Assézat et de Clémence Isaure.
Elle
fait enfin circuler diverses publications offertes pour notre bibliothèque et
remercie les donateurs :
-
Bernadette Suau : un article de Jean-Pierre Suau paru dans le Bulletin
des Amis des Archives de la Haute-Garonne sur un dessin de 1333 contenu dans
un registre d’une commanderie hospitalière proche de Limoux conservé aux
Archives de la Haute-Garonne ;
-
Christian Darles : un volume consacré aux problèmes de l’eau, auquel il
a apporté une contribution (David Vivó, Lluís Palahí, Josep M. Nolla, Marc
Sureda, Aigua i conjunts termals a les ciutates d’Emporiae,
Gerunda i Aquae Calidae … sed uitam faciunt, Institut del Patrimoni
Cultural de la Universitat de Girona, [2006], 199 p.) ;
-
Daniel Cazes : une série d’ouvrages sur l’Antiquité.
La Présidente rappelle que, sauf imprévu, l’Assemblée générale de la Société se tiendra au cours de la séance du 18 janvier prochain. Elle annonce qu’elle y fera son rapport sur la candidature au titre de membre correspondant présentée récemment par Mme Marie-Pasquine Subes.
La parole est à Frédéric Veyssière pour sa communication intitulée La villa du Haut-Empire d’Estoube à Lectoure (Gers).
La Présidente remercie
notre confrère pour cette communication éclairante, qui illustre très concrètement
la fouille par la présentation d’une maquette. Il apparaît que, par ses
dimensions, son élévation et sa décoration, cette villa devait être
assez luxueuse.
Frédéric Veyssière
fait observer que son extension d’ensemble reste inconnue, insiste sur le
caractère exceptionnel, dans le grand Sud et au Ier siècle, de
l’existence d’une piscine extérieure, et relève la relative brièveté de
l’occupation : la construction est démontée et ses éléments récupérés
(à part le piédestal cylindrique retrouvé dans la piscine) au bout d’un
demi-siècle à peine.
Hélène Guiraud ayant
demandé quelles étaient les dimensions du secteur fouillé, M. Veyssière
indique 30 mètres sur 30 et donne la mesure de la maquette : 1,20 m de côté.
Le Directeur remercie
à son tour Frédéric Veyssière de cette « belle présentation »,
dont une conférence faite au musée Saint-Raymond avait donné une esquisse. Il
confirme que la piscine extérieure surprend ; il en signale une autre, à
Montoulieu, près d’Aurignac, qui fut retrouvée intacte, avec ses placages de
marbre. M. Veyssière assure qu’il n’y avait pas à Estoube de marbre plaqué
sur le béton de tuileau tapissant le fond, les parois et l’escalier de la
piscine. Daniel Cazes s’étant interrogé sur la nécessité qu’il y avait
de faire disparaître ces vestiges, M. Veyssière répond qu’il fallait
construire une station de traitement des eaux. Et M. Cazes de rappeler que
c’est précisément à Lectoure, sous la halle, que fut aménagée la première
présentation muséale d’antiques réalisée dans le Sud-Ouest.
M. Veyssière explique
que les choses n’ont pas été pensées en amont. Le projet d’aménagement
de la station d’épuration n’a pas pris en compte l’importance de
l’occupation antique de la zone, prévisible d’après la densité du réseau
des voies de circulation et prouvée par toutes les prospections de surface :
à l’évidence, il ne s’agissait pas d’une villa isolée en pleine
campagne. M. Cazes fait, une fois encore, le constat de l’absence en France de
politique archéologique véritable. À ce propos, il cite le cas du palais des
rois wisigoths de Toulouse, dont des vestiges sont apparus sporadiquement à
l’occasion de trois ou quatre chantiers immobiliers (immeubles nos
15-18 du quai Lombard, site de l’ancien hôpital Larrey, école de danse
jouxtant l’ancienne église Saint-Pierre-des-Cuisines, emplacement d’un bâtiment
à construire dans l’enceinte de l’université Toulouse-1-Capitole) et dont
on peine à imaginer l’organisation globale.
Christian
Darles assure que la configuration de cette villa est de type péri-urbain.
Il salue l’exécution d’un modèle réduit en trois dimensions, qui aide à
bien mieux comprendre l’organisation des bâtiments : « C’est un
devoir de faire des maquettes ». S’agissant de la déconstruction, la récupération
des blocs de calcaire jusqu’aux fondements peut avoir été motivée par le
besoin de faire de la chaux. Concernant le mode constructif, M. Darles formule
l’hypothèse que, sur des soubassements en moellons, l’élévation des murs
ait pu être réalisée en bois et en terre. Il lui semble en effet qu’une
tranchée remplie de terre jaune puisse avoir été comblée avec la terre
d’un tel mur. Frédéric Veyssière et Fabienne Landou disent que ce fossé
contenait des gravats de démolition. M. Darles revient sur l’étroitesse de
la fourchette chronologique d’occupation, qui semble bien surprenante. M.
Veyssière en convient, ajoutant que la raison de l’abandon reste pour lui un
mystère.
Louis
Peyrusse s’étonne de manque de dépendances de la villa, puis il
demande comment l’étage du bâtiment principal et le plan de la partie nord
de l’établissement ont été restitués. M. Veyssière répond qu’une
projection symétrique du tracé de l’existant a été effectuée en cohérence
avec l’axe d’une tranchée de récupération de mur. Quant au niveau d’étage,
son existence se déduit de la présence au rez-de-chaussée d’une longue pièce
rectangulaire qui doit être une cage d’escalier – on en a d’autres
exemples dans les villae du Sud-Ouest de la Gaule.
Jean-Charles
Balty adresse ses félicitations à Frédéric Veyssière et à son équipe :
« Bravo pour la fouille ! ». Il confirme que la villa
d’Estoube demeure modeste dans ses dimensions si on la compare aux modèles de
la typologie que les archéologues allemands ont établie. Au sujet du « piédestal »
cylindrique, M. Balty avance deux hypothèses : d’une part, si le plan
supérieur présentait un creusement, il pourrait s’agir d’un autel (mais
tel n’est pas le cas) ; d’autre part, des traces d’ancrage visibles
sur le fût peuvent faire penser à un élément de balustrade.
Olivier
Testard souligne l’importance des maquettes, instruments pédagogiques voire
ludiques après réalisation, et aussi outils de réflexion au moment de leur
conception : elles conduisent à faire apparaître des questions qui,
sinon, ne se seraient jamais posées.
Guy
Ahlsell de Toulza se déclare impressionné par l’abondance des découvertes
que signale la carte archéologique de Lectoure et de ses environs. Pour ce qui
est du site d’Estoube, il suppose non sans ironie que la destruction des
vestiges mis au jour n’a suscité aucun regret, ni des élus, ni des aménageurs
– ni du Ministère de la Culture, ajoute Frédéric Veyssière.
Au titre des questions diverses, Daniel Cazes intervient pour signaler les travaux en cours le long de l’ancienne Garonnette, dont le site a été réaménagé voilà quelques années. Depuis plusieurs mois, dans la section qui se trouve au nord du mur de l’ancienne maison du Temple et vers l’est en contrebas des immeubles de la rue de la Dalbade, des décaissements importants font disparaître la topographie ancienne de jardins en terrasses reliés par des escaliers, cela en vue de la construction de garages à automobiles. Surplombée par l’antique muraille de Garonne, cette zone, qui n’a jamais fait l’objet d’une reconnaissance archéologique, mériterait une surveillance. Plus au Sud, à l’angle des rues des Moulins et de l’Homme-Armé, une rénovation récente laisse deviner qu’une maison médiévale est conservée en élévation. C’est là encore, à proximité de la jonction de la muraille de Garonne et de l’enceinte de la cité antique, un secteur archéologiquement sensible.
SÉANCE DU 18 JANVIER 2011
Présents :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Scellès, Secrétaire
général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Cabau, Secrétaire-adjoint,
Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Barber, Napoléone,
Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Boudartchouk, Catalo, le Père Montagnes, MM.
Peyrusse, Pradalier, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes de
Barrau, Cassagnes-Brouquet,
Fournié, Haruna-Czaplicki, Lamazou-Duplan, MM. Chabbert, Darles,
Garrigou Grandchamp, membres correspondants.
Excusés :
M. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mmes Balty, Heng, Jaoul, MM. Balty, Garland.
La
Présidente ouvre la séance en annonçant le report de l’Assemblée générale
prévue pour ce soir. Après avoir demandé à la Compagnie d’excuser ce
changement de dernière minute, elle remercie chaleureusement Patrice Cabau d’avoir accepté
d’assurer au pied levé la partie scientifique de cette séance.
Le
Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 7 décembre,
et le Secrétaire-adjoint de celui de la séance du 4 janvier. Les deux procès-verbaux
sont adoptés.
La
correspondance ne comprend que les vœux de la vice-présidente de la Région
Languedoc-Roussillon et le dépliant des Amis de l’Hôtel d’Assézat et de
Clémence Isaure.
La Présidente présente son rapport sur la candidature de Mme Marie-Pasquine Subes au titre de membre correspondant. On procède au vote : Mme Marie-Pasquine Subes est élue membre correspondant de notre Société avec dix-sept voix pour et une abstention.
Notre
confrère Philippe Gardes offre à la Société le rapport de Stage
de recherche archéologique sur l’oppidum de la « Sioutat »,
Roquelaure, Gers, du 21 août au 1er septembre 2006, pagination
multiple.
Nous
avons également reçu Roquefort de la Montagne Noire. Un castrum, une seigneurie, un lignage,
sous la direction de Pierre Clément, Toulouse, Nouvelles éditions Loubatières,
2009, 343 p. (don de Louis Peyrusse).
La Présidente donne la parole à Patrice Cabau pour une note sur Le sens du mot uitreale dans deux chartes toulousaines du milieu du XIIe siècle, suivie de quelques remarques sur Trois inscriptions de l’église de Lavercantière (Lot), datées de 1305. Maurice Scellès s’interroge sur la signification d’un tel regroupement d’enfeus dans les murs d’une église paroissiale, tout à fait exceptionnel dans l’ensemble du corpus des édifices du Moyen Âge recensés dans le Lot. Une rapide discussion s’ensuit à laquelle participent Michelle Fournié, Henri Pradalier, Dominique Watin-Grandchamp et Louis Peyrusse. Faut-il imaginer la présence d’une communauté de prêtres obituaires, ou d’une consorce de prêtres ? Mais la date paraît trop précoce. Les héritiers ont-ils fait construire ces enfeus pour recueillir les restes de ceux qui étaient enterrés à proximité ? Il est probable en tout cas qu’ils aient financé en partie la reconstruction de l’église.
Patrice Cabau reprend sa série d’exposés avec une Confirmation d’une information donnée par Alexandre Du Mège relativement à une inscription médiévale, puis avec une Découverte dans un immeuble de la place Saint-Sernin à Toulouse (n° 15).
Jean Catalo rappelle que les fouilles du lycée Ozenne ont permis de bien comprendre la configuration de cette zone qui relevait de la maîtrise du chapitre de Saint-Sernin : la rue de la chanoinie, l’enclos, le fossé de l’abbaye… Un développement vers le nord s’est fait avec l’installation de maisons de chanoines, une rue donnant accès à ce nouveau quartier. L’emplacement des vestiges observés peut tout à fait correspondre à l’une de ces maisons. Jean Catalo ajoute que l’on dispose d’une documentation très importante sur ce qui est ensuite devenu séminaire puis caserne. Quant au goulot en céramique retrouvé dans le comblement, il est assez récent, pouvant dater du XVIIIe voire du XIXe siècle. Daniel Cazes renchérit sur le très grand intérêt de la documentation graphique conservée à Vincennes, qui comprend en particulier des relevés complets du bâtiment du XVIIIe siècle.
La Présidente remercie à nouveau Patrice Cabau.
SÉANCE DU 1er FÉVRIER 2011
Présents :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Guy Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste,
M. Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber, Napoléone, Pousthomis-Dalle,
Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Catalo, Garland, Julien, Lassure, le Père
Montagnes, MM. Peyrusse, Pradalier, Roquebert, Surmonne, Testard, membres
titulaires ; Mmes de Barrau, Cassagnes-Brouquet, Czerniak, Fournié,
Haruna-Czaplicki, Krispin, Lamazou-Duplan, MM. Chabbert, Geneviève, Macé,
Mattalia, membres correspondants.
Excusés :
M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Cazes, Friquart, le général Garrigou
Grandchamp.
La
Présidente annonce à la Compagnie la triste nouvelle du décès de Georges
Costa, survenu le 11 décembre dernier. Georges Costa était membre libre de
notre Société, mais il venait très régulièrement chaque année, au moins de
mai, nous faire part de ses recherches. La Présidente évoquera son souvenir et
lui rendra hommage lors de notre prochaine séance publique.
Le
Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 18
janvier, qui est adopté.
La parole est à Michelle Fournié pour une communication sur Le séjour toulousain du saint suaire de Cadouin et les miracles.
La
Présidente remercie Michelle Fournié et elle la félicite pour ce beau travail
en cours dont nous avons le privilège d’avoir la primeur. La proposition
d’une recherche d’installation définitive à Toulouse est intéressante, et
l’on peut se demander pourquoi les chanoines de Saint-Sernin n’ont pas essayé
de capter le saint suaire. Pour Michelle Fournié, la propriété des
cisterciens de Cadouin n’est en effet jamais remise en cause, et après avoir
été déposé dans l’église du Taur, c’est chez les cisterciens de
Saint-Bernard que le saint suaire est conservé.
Sophie
Cassagnes-Brouquet remarque que les registres des notaires toulousains révèlent
que les moines de Cadouin procèdent à de nombreuses acquisitions dans ce
quartier. Jean Catalo fait quant à lui observer que ce sont toutes les
institutions religieuses qui achètent intra
muros en essayant de constituer des lots. Michelle Fournié se demande alors
si la démarche des moines de Cadouin n’est pas finalement plus banale
qu’elle ne le pensait. Jean Catalo ne le croit pas, si l’on considère que
le saint suaire est peut-être pour eux une arme pour entrer dans la ville et
s’y installer, au moment où les capitouls mettent en place une deuxième
enceinte pour enclore le bourg, dans la décennie 1385-1395.
Daniel
Cazes remercie Michelle Fournié pour cette histoire passionnante. On sait que
le saint suaire de Cadouin est un magnifique tissu du XIe siècle,
mais qu’est devenu celui de Carcassonne ? Michelle Fournié indique
qu’il est toujours conservé à Carcassonne, sans être exposé, et qu’il a
également fait l’objet d’études scientifiques.
Sophie
Cassagnes-Brouquet note que le saint suaire de Turin apparaît à la même époque
que celui de Cadouin et Dominique Watin-Grandchamp que c’est une époque où
de nouvelles reliques affluent, ce que confirme Michelle Fournié. Le saint
suaire de Turin a été beaucoup plus étudié que les autres. Les historiens
tirent d’ailleurs des conclusions contradictoires du procès en authenticité
de 1390, et il faut se souvenir que Clément VII ne se prononce pas, mais
octroie cependant des indulgences.
Patrice
Cabau propose deux petites remarques. Sur la question de l’acquisition massive
d’immobilier par les collèges, il lui semble que le but en est d’abord la
constitution de rentes. Concernant la relation entre Cadouin et le collège de Périgord,
il rappelle que lorsque la décision de la fondation du collège est prise en
1360, le lieu de son implantation est parfaitement arrêté : le procureur
achète alors une maison à côté de l’église du Taur, puis l’opportunité
lui est donnée d’acquérir l’hôtel Maurand ; la maison du Taur sera cédée
plus tard aux cisterciens.
SÉANCE DU 15 FÉVRIER 2011
Présents :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Guy Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, M. Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Andrieu, Barber, Napoléone, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM.
Bordes, Boudartchouk, Julien, Peyrusse, Pradalier, Surmonne, Testard, Tollon,
membres titulaires ; Mmes de Barrau, Cassagnes-Brouquet, Fournié,
Friquart, Haruna-Czaplicki, Jaoul, MM. Balagna, Chabbert, Laurière, Le Pottier,
membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mme
Cazes.
Invitée :
Mlle Julie Lourgant.
La
Présidente ouvre à 17 heures une séance qu’elle annonce chargée. Elle
commence par présenter divers ouvrages offerts à la Société pour sa bibliothèque,
et elle remercie les donateurs.
Ce
sont d’abord des séries de rares périodiques procurés par la générosité
de Lisa et Giles Barber :
-
Speculum, depuis les premiers numéros de cette revue ;
-
Le Moyen Âge, années 1989-1997 ;
-
le Bulletin bibliographique de la Société arthurienne.
Il s’agit ensuite d’un ouvrage collectif envoyé par Roland Chabbert : Adeline Béa, Jérôme Bonhotte, Émilie Colleti, Claire Fournier, Axelle Raynaud, Patrick Roques, Sonia Servant, Samuel Vannier, Aux sources du canal du Midi, son système d’alimentation, collection « Patrimoines Midi-Pyrénées », Conseil Régional de Midi-Pyrénées, 2010, 128 p.
La parole est à Bruno Tollon pour la communication du jour, intitulée Remarques sur la chronologie des œuvres de la Renaissance à Toulouse.
Mme
Pradalier-Schlumberger remercie Bruno Tollon pour une « leçon magistrale
appuyée sur les sources et des arguments archéologiques imparables ».
Elle fait appel aux réactions de l’assemblée.
Louis
Peyrusse ayant demandé quelle date il convient d’assigner au portail de l’Hôtel
de Bagis, M. Tollon répond que la réalisation doit en être située entre 1533
et 1544. À une autre question de M. Peyrusse concernant les termes disparus du
château de Castelnau-d’Estrétefonts, après avoir rappelé que l’on possède
un marché très détaillé publié par Shapiro, il indique que ces œuvres
devaient appartenir aux années 1540. Nouvelle question de M. Peyrusse :
l’ordre persique avec cariatides perdure-t-il jusqu’au XVIIe siècle ?
M. Tollon le reconnaît volontiers, mais il n’y voit guère qu’une « survivance »
de la Renaissance.
Pascal
Julien se déclare très intrigué par la « question fascinante » de
ces « barbus » énigmatiques. Les atlantes de l’Hôtel de Bagis
« cadrent mal » avec les sculptures de Nicolas Bachelier. Leur précocité
paraît étonnante, surtout si on les compare aux termes de la cheminée intérieure,
des environs de 1600, qui leur ressemblent étrangement. Quant aux sculptures de
l’Hôtel du Vieux-Raisin, la chronologie lui en paraît très complexe depuis
que ses recherches personnelles lui ont montré l’importance des travaux réalisés
après 1580 par l’évêque de Lombez Pierre de Lancrau. En outre, il faut
compter avec les termes du portail de l’Hôtel Desplats, ouvrage qui date du début
du XVIIe siècle. M. Julien se propose, lorsqu’il pourra disposer
du temps nécessaire, d’apporter les éléments de démonstration nécessaires
à la révision de la chronologie traditionnelle.
Daniel
Cazes se dit troublé par ce débat. Après lu l’article paru dans la revue Vieilles
Maisons françaises, il a mentalement rapproché les termes de l’Hôtel de
Bagis des personnages du retable sculpté par Nicolas Bachelier à la cathédrale
de Toulouse. La sculpture de Bachelier se montre exceptionnelle par son
expression, on y reconnaît l’inspiration de l’antique, les caractères du
pathos lysippéen. Il faudrait au reste déterminer le sens donné aux
personnages de l’Hôtel de Bagis dans le cadre général de la réflexion
humaniste et dans la spécificité du programme adopté. On sait que le terme
est traditionnellement une figure marquant le passage, la limite ; les
variantes de cette figure sont à interpréter.
Bruno
Tollon dit attendre avec impatience la publication des recherches de Pascal
Julien. Après avoir fait remarquer que, dans les années 1540, l’architecte
Bachelier est appelé comme expert sur le chantier de l’Hôtel de Guillaume de
Bernuy, qui comporte un portail, il indique que son œuvre entier s’inscrit
dans le contexte de « culture architecturale » d’un « Midi
romain ». Avant 1555, à l’Hôtel d’Assézat, maître Nicolas utilise
cinq éléments empruntés à l’édition de 1537 de l’ouvrage de Sebastiano
Serlio, mais réinterprétés. L’architecture de la Renaissance toulousaine
paraît quasiment ignorer le foyer bellifontain.
La Compagnie se constitue ensuite en Assemblée générale.
Le
Secrétaire général propose une modification de l’article 22 du Règlement
intérieur de la Société concernant le montant des prix attribués au concours
annuel. La proposition est adoptée à l’unanimité des membres présents.
La
Présidente présente son rapport moral pour l’année académique 2009-2010 ;
elle annonce la prochaine mise en place d’un Comité de lecture pour les
articles publiés dans les Mémoires de notre Société.
La
Présidente donne lecture du rapport sur la Bibliothèque établi par la
Bibliothécaire-Archiviste.
Le
Trésorier présente le bilan financier de la Société pour l’année 2010.
Quitus est donné au Trésorier pour sa bonne gestion.
Les élections statutaires concernent cette année le renouvellement des postes de Directeur, Secrétaire-adjoint et Trésorier. Après appel à candidatures, il est procédé au scrutin. À l’unanimité des suffrages exprimés par les dix-sept membres titulaires présents, Daniel Cazes, Patrice Cabau et Guy Ahlsell de Toulza sont reconduits dans leurs fonctions respectives.
Michèle Pradalier-Schlumberger déclare qu’elle est déterminée à ne pas aller jusqu’au terme de son mandat actuel : « dix ans de Présidence, c’est déjà très long ». Elle prévoit que l’élection de son successeur ait lieu dans une Assemblée générale extraordinaire à tenir lors de la dernière séance de l’année académique, le 7 juin prochain.
SÉANCE DU 15 MARS 2011
Présents :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Guy Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Barber, Napoléone, Pousthomis-Dalle, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes,
MM. Catalo, Garland, Peyrusse, Pradalier, Surmonne, Testard, membres titulaires ;
Mmes Cassagnes-Brouquet, Fournié, Haruna-Czaplicki, membres correspondants.
Excusés :
MM. Scellès, Secrétaire général, Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mme Cazes,
le général Garrigou Grandchamp.
La Présidente ouvre la séance à 17 heures. Elle rappelle que la séance publique annuelle de notre Société aura lieu dans la salle Clémence-Isaure de l’Hôtel d’Assézat le samedi 19 mars prochain à 16 heures. Notre consœur Véronique Lamazou-Duplan doit prononcer à cette occasion une conférence intitulée Les princes français rois de Navarre.
La correspondance comprend une invitation à l’inauguration de l’exposition sur la sculpture toulousaine des environs de 1500, centrée sur la Pietà des Récollets, que le musée des Augustins présentera du 26 mars au 26 juin. Michèle Pradalier-Schlumberger indique son projet d’en organiser une visite par notre Compagnie.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 1er février, qui est adopté.
La parole est à Louis Peyrusse pour son rapport sur un travail proposé au concours annuel de la Société. Il s’agit d’un mémoire de Master 2 réalisé en 2009-2010 à l’Université de Toulouse-Le Mirail, sous la responsabilité de MM. Pascal Julien et Julien Lugand, et présenté par Mlle Myriam Escard-Bugat : Le peintre toulousain Jean-Baptiste Despax (1710-1773) ; ce mémoire comporte deux volumes (I, Texte ; II, Annexes) et comprend un total de 313 pages. Le rapporteur juge qu’il s’agit d’un « travail dominé », « très remarquable », et propose de le distinguer en lui accordant un prix « significatif ». Daniel Cazes intervient pour signaler que cette recherche a déjà donné lieu à un article fort intéressant paru dans la revue Patrimoine Midi-Pyrénées. La Compagnie décide d'attribuer à Mlle Myriam Escard-Bugat le Prix de Clausade, et de le doter de 1000 €.
La Présidente annonce un changement au programme prévu pour ce soir : le général Garrigou Grandchamp étant retenu à Cluny, Hiromi Haruna-Czaplicki a accepté de le remplacer en avançant sa propre contribution.
Notre consœur nous présente ainsi la première partie de sa communication sur Les manuscrits médiévaux enluminés de l’abbaye de Lagrasse (milieu du IXe-fin du XVe s.), consacrée aux époques carolingienne et romane au sens large.
Mme
Pradalier-Schlumberger remercie Mme Haruna-Czaplicki pour ce début
d’inventaire de la riche bibliothèque de l’abbaye bénédictine. Elle relève
l’ampleur et la précision des recherches permettant d’en reconstituer le
fonds, ainsi que la pertinence des comparaisons établies, par exemple entre le
manuscrit 36 de la bibiothèque municipale de Nîmes et la Bible de Ripoll. La
Présidente fait ensuite appel aux remarques ou questions de l’assemblée.
Henri
Pradalier s’intéresse au l’évangéliaire carolingien, du milieu du IXe
siècle, conservé dans le Trésor de la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur
de Narbonne, dont Mme Haruna-Czaplicki suppose qu’il peut provenir de
l’abbaye de Lagrasse. Ayant rappelé que ce Trésor conserve également un
plat de reliure en ivoire du IXe siècle, il se demande s’il ne
serait pas opportun de mettre les deux éléments en rapport. Hiromi
Haruna-Czaplicki avoue ne pas connaître l’existence de cet ivoire. Concernant
le manuscrit, elle indique qu’il ne se trouve pas mentionné à Narbonne avant
la seconde moitié du XIXe siècle, après qu’Alphonse Mahul, dans
les années 1860, a noté sa disparition de Carcassonne. Emmanuel Garland
signale que la présence de l’ivoire carolingien à Narbonne n’est pas non
plus attestée avant le milieu du XIXe siècle ; vérification
faite, le catalogue de l’exposition Trésors des églises de France et
l’ouvrage de Mme Gaborit-Chopin sur Les Ivoires médiévaux précisent
qu’il s’agit d’un don d’un certain M. de Stadieu, documenté dans la délibération
du Conseil de Fabrique de la cathédrale Saint-Just du 7 avril 1850. Le
rapprochement suggéré par M. Pradalier paraît dès lors mériter examen.
SÉANCE DU 29 MARS 2011
Présents :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Barber, Napoléone, Viers, Watin-Grandchamp, le général Garrigou
Grandchamp, MM. Bordes, Boudartchouk, Catalo, Julien, Peyrusse, Pradalier,
Stouffs, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Béa,
Cassagnes-Brouquet, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Krispin, Lamazou-Duplan,
membres correspondants.
Invitées :
Mmes Clothilde Garrigou Granchamp, Geneviève Moulin-Fossey, Sonia Servant.
Excusés :
MM. Scellès, Secrétaire général, Latour, Bibliothécaire-adjoint, M. Tollon,
Mmes Cazes, Friquart.
La
Présidente ouvre la séance à 17 heures et fait part à la Société du décès
de Pierre Gérard, ancien directeur des Archives de la Haute-Garonne, survenu le
samedi 26 mars dernier. Membre correspondant de notre Compagnie en 1955,
titulaire en 1956, P. Gérard était devenu membre libre en 2003.
Le
Directeur annonce la disparition, le même jour, de Pierre Barousse, ancien
conservateur du musée Ingres de Montauban.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture des procès-verbaux des séances des 15 février et 15 mars, qui sont adoptés.
La Présidente fait circuler deux objets lui ont été confiés par Louis Latour. Il s’agit de deux petits récipients en céramique grise destinés à contenir de l’encre (dont l’un est encore pourvu de son étiquette imprimée), datables du XIXe siècle, au type desquels appartient le fragment présenté par Patrice Cabau lors de la séance du 18 janvier et qui provient de l’immeuble n° 15 de la place Saint-Sernin.
Michèle
Pradalier-Schlumberger présente deux ouvrages offerts à la Société pour sa
bibliothèque :
-
de Bruno Tollon : Vivre au palais à Montpellier et en Languedoc au
Moyen Âge – XIIe-XVe siècles, catalogue
d’exposition, Société archéologique de Montpellier et Musée languedocien,
22 octobre 2004-15 mars 2005, 343 p. ;
-
de Sophie Cassagnes-Brouquet : Inventaire du fond[s] des
notaires conservé aux Archives de la Haute-Garonne (série 3 E, XIVe-XVe
siècles).
Circule ensuite une publication de Mme Cassagnes-Brouquet : L’art en famille. Les milieux artistiques à Londres à la fin du Moyen Âge (1350-1530), série « Histoires de familles. La parenté au Moyen Âge », CÉSCM, Brepols, Turnhout, 2005, 312 p.
La parole est à Sophie Cassagnes-Brouquet pour la première communication du jour, intitulée Le métier de brodeur à Toulouse à la fin du Moyen Âge (fixée à 1515).
La
Présidente remercie Mme Cassagnes-Brouquet d’avoir exactement respecté le
temps qui lui était imparti. Après s’être amusée de la « stratégie
pittoresque » d’indépendance des brodeurs toulousains, elle fait appel
aux réactions de la Compagnie.
Michelle
Fournié signale comme sources complémentaires possibles un inventaire de la
Dalbade dressé en 1498, qui a été l’objet d’une publication, ainsi que
les registres de la chapelle du Purgatoire de Saint-Sernin, contenant des
inventaires annuels de la fin du XVe siècle et du début du XVIe.
Pascal Julien mentionne quant à lui les registres de la confrérie des Corps
Saints de la basilique.
Daniel
Cazes demande si l’on a des indices de l’activité des brodeurs toulousains
hors de Toulouse, par exemple dans le nord de l’Espagne. Mme
Cassagnes-Brouquet répond qu’une telle diffusion lui paraît possible ;
cependant, si les brodeurs de Toulouse ont dû travailler pour une région assez
large, l’absence de documents ou la disparition de leurs œuvres empêche de déterminer
l’extension géographique de leurs productions.
François
Bordes note que les capitouls de Toulouse ne se sont pas intéressés au métier
des brodeurs avant le début du XVIe siècle, et qu’ils recouraient
précédemment aux peintres comme fournisseurs principaux d’ornements.
La parole est à Pierre Garrigou Grandchamp et Anne-Laure Napoléone pour la seconde communication du jour, intitulée Auvillar : la maison de la rue des Nobles et les maisons en pans de bois de la moyenne Garonne.
Mme
Pradalier-Schlumberger remercie les intervenants de nous avoir réservé la
primeur de leurs recherches en Tarn-et-Garonne. L’enquête a fait apparaître
des constructions inédites, qui étonnent par l’élégance de leur décor. On
ne se serait pas attendu à pareil souci ornemental sur des maisons en pans de
bois.
Sophie
Cassagne-Brouquet voudrait connaître la dénomination du dernier niveau sous
comble ouvert sur la rue. Une discussion s’ouvre entre plusieurs membres sur
les interprétations diverses auxquelles les termes de solar, solier,
soleilho... peuvent donner lieu, d’où il résulte que l’on n’en
sait rien de bien précis. Dominique Watin-Grandchamp indique qu’au XVIIe
siècle soler sert clairement à désigner un premier étage.
Pierre
Garrigou Grandchamp fait ressortir que la présence de décors conduit à réhabiliter
l’architecture en pans de bois. Il note par ailleurs qu’il n’y a pas dans
la zone étudiée de maisons avec remplissages de terre crue.
Olivier
Testard confirme l’absence de pans de bois garnis de torchis en
Tarn-et-Garonne, puis il fait remarquer que le manque de bois d’œuvre de
grandes dimensions fréquemment déploré dans nos régions concerne, non les bâtiments
civils, mais les églises.
Louis
Peyrusse s’enquiert de l’origine du nom de la rue des Nobles. P. Garrigou
Grandchamp lui répond que cette appellation est moderne, et que cette rue des
Nobles était auparavant la rue de la Triperie. M. Peyrusse relève que les
arcatures du décor de la maison présentée, qui font penser à des lésènes,
ne correspondent pas exactement au rythme des pans de bois.
Au
titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza s’étonne et s’indigne
du sort fait à l’immeuble ancien – du XVIIe siècle au
moins – situé à l’angle de la place Esquirol (n° 2) et de la
rue des Changes (n° 8), qui se trouve maintenant dérasé jusqu’au
premier étage (sur cette maison, voir Jules Chalande, Histoire des rues de
Toulouse, II, 1927, n° 217, p. 8, et n° 231, p. 51). En l’absence de
panneau informatif sur les opérations en cours, on se demande ce qu’il est prévu
d’y faire : une ré-élévation contemporaine, une reconstruction avec
apparence restituée à l’identique... ? Personne n’en a idée parmi
les membres de l’assemblée, et la question est posée de savoir s’il existe
des images archéologiquement exploitables de l’état antérieur.
Daniel
Cazes signale qu’une bonne vue de cet immeuble figure sur la photographie qui
a servi de fond pour la restitution virtuelle du Capitole antique. Puis il s’émeut
de la multiplication qu’il constate à Toulouse des destructions du bâti
ancien, sous couleur de « réhabilitation », nouveau vandalisme dont
il a déjà eu l’occasion de donner plusieurs exemples.
On rappelle que les permis de construire doivent être légalement
annoncés par affichage sur les lieux deux mois avant le commencement des
travaux.
M. de Toulza communique une information réjouissante : deux articles tout récemment publiés sur Internet (Anne-Laure Stérin, Un musée peut-il interdire de photographier ?, 17 mars 2011 ; Bernard Hasquenoph, Le Louvre en photos et sous les flashs, 21 mars 2011) viennent confirmer que la prohibition de la photographie dans les musées publics, d’ailleurs diversement mise en pratique, n’est pas juridiquement fondée. On savait déjà, depuis l’arrêt rendu le 7 mai 2004 par la Cour de Cassation, que « Le propriétaire d'une chose ne dispose pas d’un droit exclusif sur l’image de celle-ci » (http://www.latribunedelart.com/photos-dans-les-musees-il-est-interdit-d-interdire-article003053.html ; http://www.louvrepourtous.fr/Le-Louvre-en-photos-et-sous-les,651.html).
SÉANCE DU 5 AVRIL 2010
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Guy Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Testard, membres titulaires ; Mmes
de Barrau, Haruna-Czaplicki, M. Balagna, membres correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint,
Mmes Andrieu, Balty, Cazes, MM. Balty, Chabbert, Garland, Garrigou Grandchamp.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 29 mars dernier, qui est adopté après deux corrections.
La parole est à Christophe Balagna pour une communication sur L’église paroissiale d’Aignan (Gers).
La Présidente remercie Christophe Balagna pour cette présentation
d’un édifice fort intéressant et qui pose nombre de questions, en
particulier quant à la chronologie de ses différentes parties. Elle remarque
tout d’abord que le vaisseau sud est sans doute trop long pour avoir été la
nef unique d’un premier édifice, et sa préférence va plutôt à l’hypothèse
d’un collatéral. C’est aussi l’avis de Daniel Cazes, pour qui le projet
initial est en effet probablement celui d’une nef à deux collatéraux. Il
voudrait savoir si les maçonneries de l’abside et de l’absidiole sud sont
accolées ou liées, et il note que l’épaississement du mur nord, au droit de
l’arc triomphal, semblable à ce qui se passe au sud, ne peut que suggérer la
présence d’une seconde absidiole, au moins projetée. Christophe Balagna
rappelle que, dans son propos, deux hypothèses sont à retenir : soit
l’abside nord a été prévue dès l’origine (ce qui interroge quant aux
différences de matériaux, d’élévation, de décor), soit elle n’a été réalisée
qu’après avoir construit la quasi-totalité du vaisseau méridional. Seul un
examen précis des maçonneries aujourd’hui cachées par un enduit permettra
d’entrevoir la probable solution.
La discussion, où interviennent Daniel Cazes, Olivier Testard et Maurice Scellès,
porte ensuite sur l’escalier en vis logé dans l’épaisseur du mur sud du chœur.
Maurice Scellès exprime son scepticisme quant au phasage proposé pour
l’absidiole sud. Il ne peut en tout cas reposer sur le fait que les élévations
sont bâties en moellon et les contreforts en pierre de taille, d’autant que
la pierre de taille apparaît également dans les encadrements des fenêtres et
qu’aucune trace de reprise de maçonnerie n’est, semble-t-il, visible le
long des contreforts. Pourtant, rappelle C. Balagna, d’autres édifices
contemporains d’Aignan présentent une telle conception. Il faudrait peut-être
revoir la typologie et la chronologie proposées pour tous ces monuments.
Daniel Cazes interroge Christophe Balagna sur le chapiteau historié du chœur,
qui porte une scène rare et qui paraît très intéressante. Après avoir
rappelé que l’église est dédiée à saint Laurent et à saint Saturnin,
Christophe Balagna dit avoir pensé à une cérémonie, et plus précisément à
une scène de dédicace. Le petit personnage « en suspension » sur
la face latérale est cependant énigmatique. L’absence de nimbe semble
exclure qu’il s’agisse de saint Saturnin. Christophe Balagna ajoute que les
chapiteaux historiés ont souvent des emplacements particuliers et que celui-ci
se trouve du côté de l’épître.
Au titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza présente
à la compagnie le dossier de la « rénovation » de l’immeuble du
Père Léon.
Un long silence accueille la fin de la présentation.
Puis quelqu’un constate que l’on peut donc tout détruire à Toulouse à
condition de remettre de la tuile canal ancienne.
Daniel Cazes pense que nous avons surtout à réfléchir
sur l’absence de projet urbain. Il n’y a pas de plan d’ensemble pour
l’aménagement de la place Esquirol. Que l’on songe au traitement ridicule
de l’ossature en bois de la maison voisine du Père Léon ! La mise au
jour par les fouilles des vestiges du temple majeur de la Toulouse romaine était
l’occasion rêvée d’un véritable projet pour la place Esquirol : la réponse
a été que ce n’était pas possible, avec comme argument principal que l’on
ne pouvait pas encombrer l’espace public en raison des sorties du parking et
du métro : et un peu plus tard, on a autorisé des constructions
adventices sur les trottoirs !
On observe qu’à défaut d’une logique architecturale, il y a bien une
logique financière. La discussion s’engage sur les concessions des trottoirs
aux bistrots et aux restaurants. Il faudra surveiller ce qui va se faire avec le
futur Mac’Do, car il est prévu de construire une terrasse couverte en
aluminium qui va gâcher la façade de l’immeuble. Pierre Garrigou Grandchamp
souligne qu’il s’agit là d’une maladie européenne, comme il en encore pu
le constater récemment à Prague.
Pour ce qui est du Père Léon, la démolition de l’immeuble du 17e
siècle est incompréhensible. Pour Maurice Scellès, la conservation du
patrimoine d’une ville suppose l’engagement de la municipalité, ce qui
n’a jamais été le cas à Toulouse.
Il est décidé que le Directeur préparera un courrier qui sera adressé aux
différentes institutions concernées.
SÉANCE DU 19 AVRIL 2011
Présents :
MM. Cazes, Directeur, Guy Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général,
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes
Cazes, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Boudartchouk, Testard, membres
titulaires ; Mmes Haruna-Czaplicki, membre correspondant.
Excusés :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint,
Mmes Friquart, Krispin, MM. Chabbert, Garland, Garrigou Grandchamp, le Père
Montagnes, M. Pradalier.
Invitée : Mme
Laurence Benquet, archéologue à l’I.N.R.A.P.
Le
Directeur ouvre la séance en demandant à la Compagnie de bien vouloir excuser
l’absence, annoncée, de notre Présidente.
Le
Secrétaire général n’en ayant pas achevée la rédaction, la présentation
du procès-verbal de la séance du 5 avril dernier est reportée.
Le Direction annonce que nous avons reçu une lettre de candidature au titre de membre correspondant de Mlle Myriam Escard-Bugat, tout récemment primée par notre Société. Le rapport sur cette candidature sera présenté lors d’une prochaine séance.
La correspondance comprend encore le programme des Journées romanes de Saint-Michel de Cuxa, qui se tiendront cette année du 6 au13 juillet.
La parole est à Philippe Gardes et Laurence Benquet pour une communication sur La culture matérielle des Gaulois de Toulouse (IIIe-Ier siècle avant notre ère).
Le
Directeur remercie les deux intervenants en soulignant qu’ils nous ont présenté
les résultats d’un travail considérable et qui montre tout ce que peut
apporter l’analyse la plus précise possible de ces centaines de milliers de
fragments. Des questions demeurent : sur les provenances, des amphores en
particulier, et sur ce qui se passe à Toulouse à ce moment-là, un sujet qui a
fait l’objet ici même de débats déjà très anciens. Daniel Cazes précise
sa première question : le site de la caserne Niel apparaît aujourd’hui
comme une zone de très vastes entrepôts, que l’on s’attendrait à trouver
au bord du fleuve, comme le plus souvent. Pouvait-on avoir quelque chose de
semblable à Toulouse même, et faudrait-il compléter par une archéologie des
rives de la Garonne ? D’autres questions s’imposent, sur les types de
bateaux et les modes de transport terrestres. Enfin, quels sont les critères et
les méthodes utilisés pour les traitements statistiques ?
Philippe
Gardes se propose de répondre à la première question. S’agissant du statut
du site de Saint-Roch, débattu depuis des siècles, les dernières recherches
ont conclu à un site portuaire, mais le port n’a pas été retrouvé. Le
fleuve est cependant très près, et le port pourrait se trouver sous le
quartier d’Empalot ou sous les berges actuelles de la Garonne. Les sites de
Saint-Roch et de Vieille-Toulouse sont très différents, ce qui implique des
fonctions différentes. Saint-Roch montre des implantations et une occupation très
importantes sans plan pré-établi, sans habitats mais avec des esplanades
faites de fragments d’amphores qui suggèrent des activités industrielles, ou
tout au moins pré-industrielles.
Quant
au transport terrestre et au type de chariot qui pouvait être utilisé,
Laurence Benquet dit que les seules informations à notre disposition sont les
traces d’ornières. Il faut d’ailleurs relativiser les quantités transportées.
L’activité perdure pendant un siècle sur le site de Saint-Roch, et le nombre
de fragments d’amphores est considérable. Mais si l’on considère qu’une
amphore pèse en moyenne 80 Kg, le nombre d’unités n’est pas si important.
L’étude du matériel retrouvé sur un site de Blagnac a conclu à une
consommation de trois amphores par an.
Les
amphores arrivent sur le site de la caserne Niel et sont pour la plupart vidées
dans d’autres récipients. On sait cependant qu’une partie montait à
Vieille-Toulouse. Le schéma proposé reflète sans doute la réalité, mais
comment calculer le nombre d’unités ? Laurence Benquet explique
qu’elle procède à un premier tri, qui lui fournit un poids total de
fragments d’amphores dont la division par 80 kg correspond au nombre minimal
d’unités ; il faut ensuite compter les culs, les anses et diviser le
total par deux, etc. Les résultats sont généralement cohérents, avec une
variation de 1 à 3.
Daniel
Cazes demande alors s’il est possible, dans l’état actuel des recherches,
d’apprécier la place de Toulouse dans ce commerce de redistribution. Laurence
Benquet indique que le vin italique arrive relativement tôt à Toulouse, comme
en Espagne. Elle ajoute que des productions d’amphores sont désormais attestées
en Espagne, et qu’il faudrait pouvoir procéder à des analyses pétrochimiques.
Dominique
Watin-Grandchamp demande pourquoi la vallée du Rhône privilégie les vins d’Étrurie
alors que Toulouse recevrait plutôt des vins de Campanie. Pour Laurence
Benquet, le commerce du vin pose de multiples questions, parmi lesquelles celles
de l’interdiction de la culture de la vigne en Gaule, jusqu’à la fin du IIe
siècle pour le sud de la Gaule et l’Espagne. Mais pourquoi les importations
chutent-elles à partir de 75 environ ? Elle ne croit pas en tout cas que
le vin ait été réservé à une élite, sauf bien sûr quand il s’agit de
vin en provenance de Rhodes.
Philippe
Gardes tient à souligner que ce qui s’impose de plus en plus, c’est que
Vieille-Toulouse est la deuxième ville du sud de la Gaule après Marseille. Nîmes
occupe au maximum 40 ha alors que la superficie de Vieille-Toulouse approche les
100 ha. Jean-Luc Boudartchouk demande quels sont les éléments qui peuvent
permettre de cerner, pour les périodes anciennes, la place de Vieille-Toulouse
par rapport aux grands ensembles voisins. Pour Philippe Gardes, il existe une
culture matérielle typique qui apparaît très tôt en moyenne Garonne, avec
Toulouse comme centre économique et politique. Elle montre une évolution
rapide des modes, imitées d’Italie et d’Espagne.
La parole est à Jean-Luc Boudartchouk pour une communication sur Le sceau d’Alaric.
Le
Directeur remercie notre confrère de nous avoir entretenus de cet objet
tellement célèbre, et dont il n’avait jamais entendu que son authenticité
puisse être mise en doute. Il convient que l’objet présente des étrangetés,
mais le sceau de Théodoric lui paraît néanmoins différent. Daniel Cazes
doute par ailleurs de la pertinence du rapprochement avec le sceau de Childéric,
tant les deux objets lui paraissent différents. Alaric est représenté en
buste, avec une coiffure qui correspond à l’époque et qui est aussi celle
des empereurs romains ; en revanche, le sceau de Childéric est plutôt
d’inspiration byzantine, et donc tout à fait autre, avec un personnage en
torse, figurés avec des armes. L’éventuel faussaire n’aurait donc pas
fabriqué l’objet à partir de la découverte du tombeau de Childéric. Sans
doute Hélène Guiraud pourrait-elle apporter des éclairages complémentaires.
En
réponse à une question de Guy Ahlsell de Toulza, Jean-Luc Boudartchouk précise
que sur le sceau de Childéric, qui a été volé et fondu au 19e siècle,
l’effigie était en creux. Puis il remarque que si le personnage représenté
est Alaric II, son sceau se situe dans les années 500 et non 400. Pour Daniel
Cazes, il n’y a pas nécessairement d’anachronisme, que le sceau soit
attribué à Alaric Ier ou à Alaric II. La question de son authenticité mérite
en tout cas d’être posée.
Au
titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza complète sa présentation
du dossier de l’immeuble du Père Léon.
La
démolition s’est poursuivie comme prévue et les murs ne sont plus conservés
que sur la hauteur du rez-de-chaussée, comprenant les fenêtres de l’entresol
côté rue des Changes. On va faire un hôtel Formule 1 de banlieue d’aéroport
et on ose faire référence à Scarpa à propos des corniches en béton pour
justifier le projet !
Il
est clair que les exigences varient en fonction des pétitionnaires. Pour l’hôtel
de Castellane, où les permis ont été refusés, ce sont des exigences
extraordinaires sur le pavement de la cour ou les grilles en ferronnerie… Si
la rigueur est extrême pour les particuliers, dès qu’il s’agit d’une
entreprise commerciale, tout est possible, y compris raser un édifice du 17e
siècle en plein cœur du vieux Toulouse.
Le Directeur confirme que le courrier qu’il a été décidé d’adresser au DRAC et au Maire de Toulouse est en cours de rédaction.
SÉANCE DU 10 MAI 2011
La Compagnie se retrouve au Musée des Augustins pour la visite de l'exposition Une histoire toulousaine vers 1500 : les sculptures de l'église des Récollets, présentée par Mme Charlotte Riou, conservateur.
SÉANCE DU 24 MAI 2011
Présents :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Latour, Bibliothécaire-adjoint,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes
Barber-Jefferson, Cazes, Napoléone, MM. Boudartchouk, Catalo, Garland,
Peyrusse, Pradalier, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Félix-Kerbrat,
Haruna-Czaplicki, Lamazou-Duplan, MM. Chabbert, Le Pottier, Mattalia, membres
correspondants.
Invités : MM. Maurice Berthe, Gérard Pradalié.
La Présidente ouvre la séance à 17 heures et fait part à l’assemblée du décès d’Yves Bruand, Professeur émérite d’Histoire de l’Art à l’Université de Toulouse-Le Mirail, que notre Société avait élu membre correspondant en 1977.
Michèle Pradalier-Schlumberger annonce ensuite une bonne nouvelle, celle de l’élection de Quitterie Cazes comme Maître de conférences à l’Université de Toulouse-Le Mirail. La Compagnie applaudit chaleureusement à la promotion de notre consœur.
Le Secrétaire général, après avoir indiqué qu’il n’avait pu venir à bout de la rédaction du procès-verbal de la séance du 5 avril, donne lecture du compte rendu de celle du 19 avril, lequel est adopté.
La Présidente ouvre la procédure d’élection d’un membre correspondant : Mlle Myriam Escard-Bugat, récemment primée par la Société, a demandé à être admise dans notre Compagnie. On entend le rapport de Louis Peyrusse sur cette candidature. Il est procédé au vote. À la quasi unanimité des suffrages exprimés par les membres titulaires présents, Mlle Escard-Bugat est élue au titre de membre correspondant de la S.A.M.F.
La parole est à Bernadette Suau pour une communication consacrée à L’église de Plaisance (Aveyron), données historiques et archéologiques.
La
Présidente remercie Mme Suau, à qui elle adresse ses félicitations pour cette
étude éclairante des données géographiques et historiques relatives au
Curvallès. Après avoir précisé que l’exposé serait complété par l’étude
des données archéologiques que France
Félix-Kerbrat doit nous présenter, elle fait appel aux réactions
de la Compagnie.
Bernadette
Suau intervient de nouveau pour insister sur le fait que le site du castrum
est envahi par les broussailles, qui dégradent continûment les vestiges de
constructions, et elle rappelle qu’Edmond Cabié, dans un article pionnier
paru en 1883, préconisait de faire des relevés avant que les ruines
disparaissent.
Louis
Peyrusse demande comment on franchissait anciennement le cours du Rance. Mme
Suau redit que le chemin faisant le tour du castrum passait par un pont
qui fut emporté en 1875 et dont subsiste une pile ; ce pont a été relayé
par l’ouvrage actuel, établi en amont.
En
réponse à une nouvelle question de M. Peyrusse, Maurice Berthe cite comme
autre cas de découpage d’une entité par des limites administratives celui de
Montesquieu-Volvestre. Afin de donner une idée de l’importance des localités
étudiées, M. Berthes indique qu’en 1340 on dénombrait cent feux à
Plaisance, autant à Curvalle, et sept cents à Conques. Il fait ressortir
l’originalité de l’exemple Curvalle-Plaisance, qui tient à l’existence
concomitante de deux pôles interdépendants : un bourg ecclésial fixé
autour de l’église paroissiale et un bourg castral formé auprès du château
seigneurial, reliés par un pont – dont les piles étaient en pierre et le
tablier de bois ; les rôles du pôle politique et du pôle religieux se
sont inversés avec le passage du premier âge féodal au second ; en bref,
ce site dual offre un condensé de l’histoire de l’occupation du sol dans le
Midi de la France. M. Berthes félicite à son tour Mme Suau d’être parvenue
à démêler les éléments d’une évolution complexe.
Jean
Le Pottier signale que dans la région du Viaur, vers Tanus et Pampelonne, aux
confins du Tarn et de l’Aveyron, les limites des diocèses ecclésiastiques
peuvent également ne pas coïncider avec le cours de la rivière ; le cas
est à mettre en parallèle avec ce qui s’observe dans le secteur du Curvallès.
Bernadette Suau note que pour ce dernier secteur une incertitude subsiste quant
au tracé des limites diocésaines : la localité de Miolles (Tarn), située
au sud de Curvalle, à la limite des deux sénéchaussées, est placée tantôt
dans le diocèse de Rodez (cf. les travaux de Jean Dufour), tantôt dans celui
d’Albi.
Gérard
Pradalié se posant la question de l’aire d’application du toponyme Curvalle
(Curva Vallis), Mme Suau répond que celui-ci s’étendait dès
l’origine à l’ensemble du secteur désigné sous le nom général de
Curvallès. M. Pradalié poursuit ses interrogations : le site castral du
Castélas, en contrebas de l’église paroissiale Saint-Martin de Curvalle, ne
correspondrait-il pas à un premier castellum, et la situation de
coseigneurie ne s’expliquerait-elle pas par la coexistence de plusieurs châteaux ?
Maurice Berthe déclare que tout est possible, et que les hypothèses doivent
rester ouvertes : on manque absolument de documentation écrite, et les
investigations archéologiques ne peuvent pas donner grand’chose puisque les
substructions sont pratiquement arasées au niveau du rocher sur lequel elles étaient
fondées.
Jean-Luc
Boudartchouk voudrait savoir l’origine du nom Plaisance. Mme Suau explique que
l’agglomération formée autour de Saint-Martin de Curvalle a reçu cette dénomination
typique à la fin du XIIIe siècle, lorsqu’elle a acquis un statut
de bastide (une charte de coutumes fut confirmée et augmentée en 1298) et à
la suite de la division du Curvallès entre les deux sénéchaussées de
Carcassonne et de Rouergue.
Au
titre des questions diverses, le Secrétaire général informe la Société de
la mise en vente, le samedi 11 juin prochain, de la collection lapidaire
qu’André Dupré avait réunie dans sa résidence de Bruniquel (maison
Payrol). Quitterie Cazes ayant indiqué que la collection Dupré est visible sur
le site « interencheres », Maurice Scellès procède aux
manipulations nécessaires à la projection des pages web.
Au
terme du défilement des diverses pièces de la collection, Henri Pradalier
dresse une liste de celles qui seraient suceptibles d’intéresser notre Société :
deux chapiteaux provenant de l’église de Varen (nos 5 et 6), un
autre provenant peut-être du prieuré de Cayrac (n° 7), un fragment sculpté
pouvant provenir de Saint-Sernin de Toulouse (n° 31), un chapiteau de colonnes
jumelles montrant une arcature gothique trilobée et qui proviendrait hypothétiquement
du Gers (n° 32), un couvercle d’auge cinéraire de type pyrénéen (n° 24).
Le Bureau examinera si notre Société doit intervenir dans les enchères.
SÉANCE DU 7 JUIN 2011
Présents :
Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Guy Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau,
Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber,
Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Catalo, le Père Montagnes, MM.
Pradalier, Roquebert, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes
Czerniak, Haruna-Czaplicki, Heng, Jaoul, Lamazou-Duplan, MM. Darles, Garrigou
Grandchamp, Macé, Mattalia, Pousthomis, membres correspondants.
Excusés :
M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, MM. Boudartchouk, Chabbert, Garland.
La Présidente donne la parole au Secrétaire général puis au Secrétaire-adjoint pour la lecture des procès-verbaux des séances des 5 avril et 24 mai derniers, qui sont adoptés.
La correspondance ne compte que le programme du colloque Les couleurs de la ville qui se tiendra à Viviers les 9-11 septembre prochains.
La Compagnie se constitue en Assemblée générale
extraordinaire, l’ordre du jour prévoyant le renouvellement d’une partie du
Bureau, conformément au souhait exprimé par la Présidente lors de l’Assemblée
générale du 15 février 2011.
Au moment de quitter le poste de Présidente, Michèle
Pradalier-Schlumberger tient à remercier tous les membres de la Société, et en
particulier le Bureau, qui l’ont accompagnée et aidée au cours de ces années.
Ses pensées vont aussi à toute l’équipe de la bibliothèque, avec laquelle elle
compte bien poursuivre sont travail au sein de notre Société.
Après avoir renouvelé l’appel à candidature au poste
de Président, Michèle Pradalier-Schlumberger constate que la seule candidature
déclarée est donc celle de Daniel Cazes. Il est inutile de présenter à la Compagnie
notre Directeur, et la Présidente rappelle rapidement la carrière de Daniel
Cazes, dont elle souligne les moments les plus marquants qu’ont été par exemple
la présentation de la sculpture gothique au Musée des Augustins, ou la
rénovation du Musée Saint-Raymond, sans doute l’un des plus beaux musées de
France. On connaît ses nombreuses publications, et son amour du patrimoine
toulousain. Il n’y a pas de doute que Daniel Cazes sera un très bon Président
de la Société Archéologique du Midi de la France.
Puis la Présidente rappelle que l’élection de Daniel
Cazes au poste de Président libérera celui de Directeur qui sera à pourvoir.
Henri Pradalier est le seul candidat à ce poste.
On procède conjointement aux deux élections,
auxquelles participent les 18 membres titulaires présents. Daniel Cazes et
Henri Pradalier sont élus respectivement Président et Directeur.
Daniel Cazes se déclare très ému d’accéder à une telle fonction dans une société aussi ancienne, ayant à l’esprit tous ceux et celle qui se sont succédé à la présidence de la Société Archéologique du Midi de la France depuis sa fondation en 1831. La confiance que lui témoigne ainsi la Compagnie est un honneur, et une responsabilité, mais il sait pour cela qu’il peut compter sur l’esprit toujours confraternel de notre Société et celui des personnages inévitables qui composent le Bureau, et auquel il demande de rester en fonction le plus longtemps possible. Grâce à la nouvelle équipe qui a pris en charge les publications, nos Mémoires vont encore s’améliorer. Se tournant vers Michèle Pradalier-Schlumberger, Daniel Cazes la remercie d’avoir assumé cette longue présidence de neuf années, avec beaucoup de compétence bien sûr, et beaucoup de curiosité scientifique, mais aussi avec beaucoup de sensibilité et d’attention aux autres. De tout cela, nous sommes tous très reconnaissants envers Michèle Pradalier-Schlumberger. La Présidente remercie chaleureusement Daniel Cazes et toute la Compagnie.
La parole est à Véronique Lamazou-Duplan pour une communication sur Les décors et parements textiles des demeures toulousaines à la fin du Moyen Âge.
La Présidente félicite Véronique Lamazou-Duplan pour son travail très original, qui révèle un aspect tout à fait inédit des décors toulousains. La difficulté est bien sûr d’accrocher les descriptions trouvées dans les textes à des objets concrets. Le musée de Lyon en conserve-t-il ? Véronique Lamazou-Duplan indique qu’elle a contacté la conservation du musée, sans avoir de réponse.
Virginie Czerniak dit qu’elle connaît, depuis peu, une
toile peinte de 2 m de long sur 1 m de haut, qu’elle se propose de montrer à
notre consœur. Il s’agit d’une pièce magnifique, sans aucun repeint, aujourd’hui
encadrée comme un tableau, qui se trouve dans le Lot mais provient peut-être du
Nord. Certains détails évoquent la gravure mais la composition est proche de
celle des peintures monumentales. Véronique Lamazou-Duplan sera très heureuse
de voir cette œuvre, dont l’étude demandera sans doute de croiser les
compétences.
Relevant que les exemples recensés sont plutôt de la
fin du XIVe siècle ou du début du XVe siècle, Jean Catalo voudrait savoir s’il
en existe des mentions antérieurement. Sinon s’agit-il d’un effet de
mode ? Véronique Lamazou-Duplan rappelle que les inventaires antérieurs à
la fin du XIVe siècle sont très rares, et il faut en effet se demander si on
est devant un effet de mode ou bien un problème de sources. Virginie Czerniak
fait cependant remarquer que les peintures murales copient souvent des
tapisseries. Pour Véronique Lamazou-Duplan, il faudrait aussi travailler sur
les thèmes représentés.
Lisa Barber indique qu’il existe en Angleterre des
études sur ces toiles peintes et les inventaires qui en mentionnent, qu’elle
serait en mesure de signaler à notre consœur. Peut-être y trouve-t-on des
provenances, car l’absence de mentions de ce type dans les inventaires
toulousains l’a étonnée. Lisa Barber croit aussi se souvenir de décors peints
sur toile de soie. Véronique Lamazou-Duplan cite alors le parement de Narbonne
et une mitre qui sont peintes sur toile de soie, ajoutant que le prix en était
sans doute plus élevé.
Daniel Cazes s’étonne que n’apparaisse aucune
« toile de Gênes », alors qu’il croit avoir lu que l’appellation
caractérisait justement ce type d’œuvre. Véronique Lamazou-Duplan confirme
l’existence de toiles peintes à Gênes au début du XVIe siècle, dont on connaît
en particulier un cycle de la Passion, mais on n’en connaît aucune mention dans
la documentation toulousaine.
Guy Ahlsell de Toulza suppose qu’à côté des scènes
religieuses devaient sans doute exister des représentations de scènes civiles. Véronique
Lamazou-Duplan répond que c’est en effet le cas pour la première moitié du XVe
siècle, mais qu’il en va sans doute autrement pour la seconde moitié du siècle.
Pour Virginie Czerniak, les thèmes chevaleresques sont nombreux à la fin du
XIIIe siècle et au XIVe siècle, mais régressent ensuite. Véronique
Lamazou-Duplan rappelle qu’une fontaine de jouvence est placée à la tête du lit
de Guillaume Azémar.
À une question posée par Guy Ahlsell de Toulza,
Véronique Lamazou-Duplan répond que la fondation Abegg a restauré des textiles
du Moyen Âge, mais elle avoue ne pas savoir si elle en possède dans sa propre
collection.
La parole est à Olivier Testard pour une communication sur Les couronnements des maisons du XVe siècle et du début du XVIe siècle à partir du cas d’Auvillar : les avant-toits.
La Présidente remercie notre confrère pour cette analyse détaillée qui aura sans doute ravi nos spécialistes de la maison du Moyen Âge.
Au titre des questions diverses, le Secrétaire général
donne lecture d’un courriel de Jean-Louis Vayssettes, du Service régional de
l’archéologie de Languedoc-Roussillon, lequel travaille actuellement au
recensement de toutes les pièces de
faïence des XVIe-XVIIIe siècles qui peuvent être mises en rapport avec les
ratés de fabrication découverts dans les dépotoirs des ateliers montpelliérains. Jean-Louis Vayssettes a ainsi trouvé
un texte qui témoigne de la commercialisation des produits montpelliérains vers
le sud-ouest. Il s’agit d’un contrat de vente du 10 septembre 1668, par lequel
André Ollivier, faïencier de Montpellier, vend à « messire Jean Georges de
Garans Duranty, seigneur Doureuille, baron de Miremont, chevalier, conseiller
du Roy en ses conseils, présidant en la cour du parlemant de Toulouse »,
la quantité de « trois cens cinquante pavés en fayance tous paints entre
cy et la feste de la Toussaints prochaine et les luy faire porter en Tholose
moyennant quinze livres pour cent outre laquelle somme ledit seigneur présidant
sera teneu de luy payer le port et voiture desdits pavés d’icy audit
Tholose ». Jean-Louis Vayssettes pense qu’il s’agit de Jean Georges
Guaraut de Duranty, mort en août 1684, et il demande si sa maison existe
encore, et si des carreaux sont conservés
in situ ou dans des collections toulousaines.
Daniel Cazes ne connaît que les carreaux conservés
dans notre salle des séances, qui proviennent d’une maison à tour capitulaire
détruite dans les années 1870 lors du percement de la rue de Metz. D’après ses
souvenirs, ils appartenaient à un décor mural, dans un corridor. Quant à
Duranty, il possédait plusieurs maisons ou hôtels, mais ce que l’on appelait
l’Hôtel Duranty est en fait l’Hôtel Rességuier, du XVIIe siècle.
Quitterie Cazes rappelle que le faïencier Colondres
fuit Montpellier au début du XVIIe siècle, pour s’installer à Toulouse avec sa
famille. Jean Catalo ajoute que Colondres produit aussi des carreaux de
faïence.
Guy Ahlsell de Toulza donne quelques nouvelles de Maurice Greslé-Bougnol et de Robert Manuel, qui tous deux regrettent de ne plus pouvoir assister à nos séances mais nous assurent de leur bon souvenir. Peut-être pourraient-ils devenir membres libres ? La question devra être examinée par le Bureau.
Guy Ahlsell de Toulza fait ensuite le point sur la vente prochaine de la collection du docteur Dupré, à Bruniquel. Les musées de Moissac, de Rodez et de Saint-Bertrand-de-Comminges se sont également déclarés intéressés par certaines pièces. Le Musée des Augustins aussi, mais n’ayant pu régler les questions administratives à temps, notre Société est sollicitée pour faire l’achat en son nom. Il ressort de ces intentions que les œuvres remarquées par notre Société seront sans doute acquises pour des collections publiques, et que nous n’aurions donc pas à intervenir, sauf difficulté survenant au moment de la vente.
La Présidente prononce la clôture de l’année académique 2010-2011, et après avoir souhaité à tous de bonnes vacances, elle invite la Compagnie à partager le verre de l’amitié.
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