Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 17 MAI 2016

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Communication d’Emmanuel GARLAND

Les églises romanes du Pays Toy (avec un essai de chronologie comparée)

L’ancienne vallée de Barèges (Hautes-Pyrénées, canton de Luz-Saint-Sauveur), aujourd’hui communément appelée Pays toy, présente une densité remarquable d’églises d’origine médiévale présentant des caractères romans affirmés, que ce soit au niveau de l’art de bâtir et d’élever ces édifices ou de leur décor sculpté. Pour autant leur attribution à l’époque romane (XIe –XIIe siècle) est questionnable car nombre de ces caractères semblent plutôt archaïsants que réellement romans. Nous appuyant sur un examen rapproché des églises incriminées et de leur décor sculpté, ainsi que sur les très rares repères chronologiques fiables, nous avons tenté de définir ce qui fait la spécificité de l’art roman dans cette vallée particulièrement isolée et de proposer une chronologie comparée de la construction des édifices dont la plupart ne semblent pas antérieurs au dernier quart du XIIe siècle ou au XIIIe siècle. Cela laisse ouverte la question de la situation locale aux siècles précédents.

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Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Cassagnes-Brouquet, Cazes, Haruna-Czaplicki, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Garland, Garrigou Grandchamp, Peyrusse, Testard, membres titulaires ; Mmes Munoz, Queixalós, MM. Debuiche, Penent, Sournia, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mme Fournié, MM. Boudartchouk, Surmonne, Tollon.

Le Président ouvre la séance et annonce le don par Maurice Scellès de l’ouvrage Léo Drouyn dans le Midi languedocien, coll. Léo Drouyn. Les albums de dessins, dirigée par Bernard Larrieu et Jean-François Duclot, vol. 21, Les Éditions de l’Entre-deux-Mers – CLEM / AHB, 2016, 247 p. Pierre Garrigou Grandchamp, qui a assuré la direction scientifique du volume, rappelle que Bernard Larrieu poursuit ainsi un travail engagé depuis plus de trente ans, fruit de recherches considérables pour publier plusieurs milliers de dessins. Ce 21e volume, qui rassemble des dessins de Leo Drouyn et de son fils Léon, est consacré au Languedoc, étendu à la Provence rhodanienne et à la Basse-Auvergne pour des raisons éditoriales. Trois autres volumes sont en préparation.
Daniel Cazes félicite tous les auteurs, et plus encore l’éditeur pour tout le travail déjà accompli.

Le Président rend compte de la correspondance.
La Secrétaire de l’Union des Académies nous transmet un courriel de M. Marc Ancely, qui est à la recherche des bulletins de la Société photographique de Toulouse, dont son ancêtre Georges Ancely était membre. Sophie Cassagnes-Brouquet propose d’interroger à ce sujet François Bordes.
M. Jean Courtade, ancien maire de Martres-Tolosane, avec lequel Daniel Cazes est resté en contact, s’intéresse toujours à la mise en valeur du site de Chiragan, auquel il demeure très attaché. Le Président rappelle que les 16 hectares du site sont aujourd’hui partagés entre quatre propriétaires, dont la Société Archéologique du Midi de la France, grâce à la persévérance de nos prédécesseurs qui ont acheté les terrains, parcelle après parcelle, pendant des décennies. Jean Courtade se propose de s’entretenir du projet avec la Présidente de la Région Languedoc-Roussillon – Midi-Pyrénées, Carole Delga, pensant que c’est peut-être à ce niveau-là qu’il faut intervenir pour relancer l’idée d’une mise en valeur du site majeur qu’est celui de cette villa impériale. Il a donc demandé à Daniel Cazes si notre Société serait disposée à s’associer au projet, et de bien vouloir rédiger une note de présentation, ce qu’il a fait.
Pour Maurice Scellès, c’est en effet le moment opportun : l’ancienne Région Languedoc-Roussillon avait dans le domaine de l’archéologie et des musées une politique très active, ce qui n’était pas le cas de Midi-Pyrénées, et la nouvelle Région devra donc redéfinir sa politique en la matière.
Notre consœur Virginie Czerniak et Charlotte Riou, conservatrice au Musée des Augustins, nous saisissent d’un projet de colloque : « Toulouse au XIVe siècle : art et archéologie », qui se tiendrait les 9 et 10 novembre 2017, précédant de peu une grande exposition en partenariat entre le Musée de Cluny et le musée de Cologne. Outre la participation de plusieurs de nos membres, elles souhaiteraient que notre Société soit associée à cette manifestation, par la mise à disposition de la salle Clémence-Isaure et une aide à l’accueil des participants.
C’est également Judicaël Petrowiste, maître de conférences à l’Université Paris VII-Denis Diderot, qui souhaiterait pouvoir faire bénéficier le colloque sur le pastel languedocien de la salle Clémence-Isaure, en décembre prochain. Louis Peyrusse précise que l’évènement est prévu en même temps que la sortie d’un livre sur le pastel à Toulouse.
Les deux demandes sont acceptées.
La correspondance comprend encore le programme du 52e colloque de Fanjeaux, des 4-7 juillet 2016, communiqué par Michelle Fournié, et diverses invitations.

L’ordre du jour appelle l’élection de deux membres titulaires et de deux membres correspondants.
Sur proposition du Bureau, Geneviève Bessis et Émilie Nadal sont élues membres titulaires.
La Compagnie entend le rapport de Jean-Luc Boudartchouk sur la candidature de Mme Laurence Benquet, puis celui de Jean Penent sur celle de Mme Ingrid Leduc.
Il est procédé au scrutin ; les deux candidates sont élues membres correspondants de notre Société.

La parole est à Emmanuel Garland pour la communication du jour, intitulée Les églises romanes du Pays Toy (avec un essai de chronologie comparée) .

Le Président remercie notre confrère pour cette communication très complète qui, après la présentation des églises du Val d’Aran, s’inscrit dans une logique d’exploration des régions pyrénéenes. Après avoir remarqué que, dans cet ensemble clos du Haut-Lavedan, les relations multiples entre les édifices justifient pleinement une démarche comparative, Daniel Cazes fait appel aux questions de la Compagnie.
Sophie Cassagnes-Brouquet signale que la Vierge à l’Enfant qui se trouve à Luz-Saint-Sauveur a une « sœur jumelle » à Saint-Savin-en-Lavedan. Emmanuel Garland recherche une photographie de la Vierge de Saint-Savin et montre que les deux satues ne sont « pas si semblables que cela ».
Maurice Scelles fait observer que les modillons de l’abside de l’église Saint-André de Luz portent sur le pourtour de leur face principale une ciselure, ce qui lui paraît être une marque de réfection moderne, peut-être datable du XVIIe siècle. Henri Pradalier indique la présence de la ciselure en bordure de blocs taillés dès la fin du XIe siècle, et Quitterie Cazes mentionne la pratique à Saint-Michel de Cuxa.
M. Garland note que les églises du pays ont beaucoup souffert des séismes et des avalanches. Les quelques textes se rapportant à ces catastrophes insistent sur les dégâts, mais il n’y est pas question des réfections, qui durent être nombreuses comme le suggère l’étude archéologique.
Patrice Cabau appelle l’attention sur le motif sculpté que porte l’un des modillons de Luz : il s’agit d’un meuble héraldique appelé « rais d’escarboucle », ici fleuronné ; pour lui, cette figure ne saurait être antérieure à l’extrême fin du XIIIe siècle.
Michèle Pradalier-Schlumberger s’intéresse au quadrilobe sculpté sur le tympan de l’église d’Esterre. M. Garland se dit d’accord avec elle pour le dater du XIVe siècle.
Louis Peyrusse intervient pour donner son opinion de « non-spécialiste » : seul le tympan de Luz-Saint-Sauveur est l’œuvre d’un « vrai sculpteur », tandis qu’ailleurs n’ont travaillé que des « tailleurs de pierre ». L’étude des églises du Haut-Lavedan fait ainsi apparaître les limites des méthodes classiques de l’Histoire de l’Art, bien peu opérantes en l’espèce.
Quitterie Cazes applaudit à ce constat et félicite Emmanuel Garland pour son analyse comparative. Puis, ayant souligné que les chrismes du Pays Toy se différencient nettement de ceux du reste du Lavedan, elle lui recommande de consulter la chronologie établie par un chercheur catalan, M. Juan Antonio Olañeta, pour un corpus de quelque 2 000 chrismes, dans lequel ils devraient être répertoriés.


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