Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 2017

Séance privée
separateur

Communication courte de Pierre Garrigou Grandchamp :
Mont-de-Marsan aux XIIe et XIIIe siècles : l’architecture civile romane d’un castelnau landais.

Rue Dominique de Gourgues, façade sur la rivière

Il est inutile de chercher dans les ouvrages traitant de l’habitat médiéval en France une allusion à Mont-de-Marsan. L’omission est aussi injuste que compréhensible.
Injuste, car le corpus des demeures du Moyen Âge central conservées à Mont-de-Marsan est consistant, une quinzaine d’individus, dont la majorité appartient à un horizon « roman ». Surtout, il est exceptionnel en ce qu’il constitue, au sud de la Garonne, le seul ensemble cohérent d’édifices dont l’état de conservation permet d’étudier et d’identifier, ou au moins d’approcher, les principales caractéristiques constructives, fonctionnelles et formelles de cette architecture domestique urbaine, en particulier pour la fin du XIIe et le XIIIe siècle. Une telle situation, pour la même époque, ne se rencontre que dans les vallées de la Garonne, à La Réole, et surtout de la Dordogne, à Saint-Émilion. Enfin ce corpus est très remarquable par les expressions formelles adoptées par cet habitat, qui n’ont pas vraiment de semblables dans d’autres villes du Midi.

24bis, rue Maubec : peinture murale

Le silence observable dans la littérature nationale, voire régionale, n’en est pas moins explicable au regard du petit nombre de recherches approfondies conduites sur cette architecture.
Les études consacrées aux demeures de la ville sont peu nombreuses, et les supports retenus pour faire connaître les principaux résultats déjà acquis – qui sont pourtant loin d’être négligeables – ont eu un faible rayonnement, qui n’a pas dépassé l’orbe de la ville ou du département. C’est à cette carence que tente de remédier la présente publication.
Un rapide état des connaissances introduira à une gerbe d’observations présentant une première synthèse sur l’habitat médiéval de Mont-de-Marsan. Elle comprendra les sections suivantes :
1. Éléments d’un corpus, entièrement composé de maisons en pierre
2. Faciès urbain marqué par les rapports entre l’enceinte et les maisons
3. Art de la construction et cadre de vie à Mont-de-Marsan.

 


Présents : MM. Cazes, Président, Scellès, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjoint ; Mmes Cassagnes-Brouquet, Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Merlet-Bagnéris, Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche ; MM. Garrigou-Grandchamp, Lassure, Peyrusse, Pradalier, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Bessis, Friquart, Leduc, Nadal ; MM. Macé, Penent, Sournia, Suzoni, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty, Czerniak, Krispin et Sénard, MM Balty, Boudartchouk, Chabbert, Debuiche, Garland et Latour et le Père Montagnes.
Invités : Mme Danièle Neill, présidente des Maisons paysannes de France et son mari.

Le Président doit excuser Louis Latour qui n’a pas pu être présent pour le jubilé organisé aujourd’hui par la société en son honneur car il a du mal à se déplacer.

Émilie Nadal relit le procès-verbal de la dernière séance de l’année académique précédente. Le Président nous fait part ensuite du courrier reçu pendant les vacances, dont trois lettres de candidatures pour être membre correspondant à notre société : celle du professeur Xavier Barral i Altet qui a déjà été examinée en Bureau et qui a été acceptée par celui-ci et celles de Sophie Fradier et de Fernand Peloux dont les travaux ont été primés par la Société l’année dernière.

Nous avons également reçu un courrier du maire de la Salvetat-Saint-Gilles à qui nous avons décerné une médaille, suite à l’acquisition du château du village qui était en très mauvais état. Rendez-vous a été pris au printemps pour lui remettre la médaille.
Une lettre de l’adjointe au Maire de Toulouse nous a été adressée, accusant réception de la plaquette de Saint-Sernin que nous lui avons envoyée ; parmi les nombreux destinataires de ce courrier, elle reste la seule à avoir répondu.

Le maire a envoyé par ailleurs un courrier concernant la publication que distribuait la mairie, remplacée désormais par un site soumis à l’évaluation des lecteurs.
Concernant l’aménagement de la place Saint-Sernin, le président signale un article paru dans Côté Actu. Maurice Scellès remarque que dans le projet définitif, un flou demeure sur le nombre d’arbres à planter. Il précise que l’abbaye n’est pas un établissement rural et que la présence d’arbres ne se justifie pas. Le Président nous invite donc à retrouver toutes ces informations sur le site de la Mairie.

Le Service de la connaissance du patrimoine de la Région Occitanie offre ses quatre dernières publications à la bibliothèque de la Société. De même, Nicolas Bru nous fait parvenir un ouvrage intitulé Regard sur le patrimoine mobilier de l’enseignement scolaire et universitaire (Acte Sud), concernant le département du Lot.

Vue aérienne du front sud du castelnau, du « château » Lacataye à la maison (...)

Le Président invite enfin Pierre Garrigou Grandchamp à présenter sa communication : Mont-de-Marsan aux XIIe et XIIIe siècles : l’architecture civile romane d’un castelnau landais.

Le Président remercie notre confrère pour nous avoir fait connaître ces maisons de Mont-de-Marsan. Anne-Laure Napoléone demande quel est le matériau utilisé pour la construction. Pierre Garrigou Grandchamp répond qu’il s’agit d’un calcaire caverneux et qu’il n’y a pas de pierre de taille. Bernard Sournia demande des explications au sujet des portes ouvrant sur le vide à l’étage et sur l’espace sur lequel elles donnent. Il s’agirait probablement, selon l’auteur de la communication, d’un lieu de stockage de produits courants, à l’instar des tours et des salles gasconnes décrites par Gilles Séraphin ; celui-ci est parfois lié à la production de vin malheureusement, aucune source ne nous apporte de précisions à ce sujet. Maurice Scellès évoque les maisons de Lectoure et les espaces de stockages qui sont conservés. Pierre Garrigou Grandchamp précise que l’on ne sait pas encore lire ces programmes qui ne correspondent pas à ce que l’on connaît déjà et que nous sommes pour l’instant réduits à des hypothèses. Henri Pradalier demande comment on accédait à ces espaces de stockage ; il lui est répondu que des poulies ou des trappes aménagées à l’intérieur conduisaient à ce niveau. Sylvie Cassagne-Brouquet s’étonne que ce soit le premier étage qui soit réservé à cette fonction que l’on aurait attendue plus haut. Pierre Garrigou Grandchamp avoue que l’étude des vestiges des demeures romanes de Mont-de-Marsan l’a amené à constater un certain nombre de caractères inhabituels par rapport à ce qui a pu être observé dans les édifices de la plupart des centres urbains. Daniel Cazes demande si l’histoire de la ville ne peut donner quelques indices. Pierre Garrigou Grandchamp répond que l’étude historique de la ville est en cours. Olivier Testard se demande si la construction de l’édifice élevé au n° 24 de la rue Maubek est homogène et si l’étude archéologique a confirmé que tout était en place. Pierre Garrigou Grandchamp répond que selon le rapport, la construction est homogène et les peintures murales sont postérieures. Concernant l’église construite sur les vestiges d’une maison, Maurice Scellès évoque l’exemple de l’église du couvent des Carmes de Pavie près d’Auch. Pierre Garrigou Grandchamp ajoute que le cas n’est pas si rare, il cite notamment l’église de Montréal et d’autres en Périgord. Marie-Vallée Roche demande dans quelle zone géographique sont utilisées ces fentes d’éclairage et d’aération. Pierre Garrigou Grandchamp répond que ce type d’ouverture existe dans tout le sud-ouest, par exemple à Saint-Émilion et Sauveterre-de-Béarn et en Périgord. Il en existe moins en Quercy et en Rouergue. Maurice Scellès ajoute qu’on peut en voir également en Languedoc. Marie Vallée Roche demande comment on les distingue des ouvertures militaires. Pierre Garrigou Grandchamp répond qu’elles se différencient par la largeur et la hauteur de l’ouverture ainsi que par le niveau où elle se trouve.

L’ordre du jour appelle l’élection de Louis Latour comme membre honoraire. Le Président lit son rapport détaillant la vie et les divers travaux menés par notre confrère.

Louis Latour : cinquante ans au sein et au service de la Société archéologique du Midi de la France

Le Bureau de notre Société propose aujourd’hui à ses membres d’élire notre cher confrère Louis Latour membre honoraire, à l’occasion de ses cinquante ans de présence au sein de notre compagnie, puisqu’il y fut élu membre correspondant en 1967, avant d’en devenir membre titulaire en 1987.

Petit-fils d’un instituteur très dévoué du Second Empire, qui lui servit d’exemple à suivre en raison de son implication dans l’éducation populaire et la vie sociale, bien au-delà de sa simple fonction de maître d’école, Louis Latour me disait encore ce matin, lorsque je lui demandais des nouvelles de sa santé, qu’il avait le sentiment d’être un des derniers citoyens du XIXe siècle. Il se sent en effet dans la lignée de ces hommes qui n’étaient pas des professionnels du patrimoine, mais pour qui celui-ci fut cependant une puissante raison d’être, au-delà de sa profession, de son activité principale. Sur sa carrière d’instituteur est en effet venue naturellement se greffer sa passion d’archéologue, d’historien, de défenseur du patrimoine. Notre société a compté bien des cas similaires et Louis Latour ne pouvait donc qu’y trouver sa place. Je rappellerai simplement celui de notre confrère disparu Georges Fouet, instituteur au début de sa vie d’adulte, et qui se transforma en un éminent archéologue auquel nous devons, entre autres travaux, la spectaculaire fouille archéologique de la villa de Montmaurin.

Pourtant, Louis Latour, toujours vivant et actif, malgré son grand âge (89 ans), est bien un homme du XXe siècle. Il est en effet né le 14 novembre 1928 à Toulouse. Il s’est formé à son métier entre 1944 et 1948 à l’école normale d’instituteurs, avant de l’exercer de 1948 à 1950 d’abord à Belbèze, en Comminges, où il put déjà méditer dans les extraordinaires carrières de pierre de Tolosa, puis de 1950 à 1954 à Vacquiers, près de Fronton, avant de devenir maître de cours complémentaire de 1954 à 1985 à Auterive, ville dans laquelle il s’installa et réside encore aujourd’hui. Sa première mission y fut l’enseignement des mathématiques, mais il devait aussi y professer l’histoire. Cela ne fit qu’aviver son intérêt pour la plongée dans le passé…

Et c’est à Auterive et ses environs qu’il réserva l’essentiel de ses travaux de recherche. Sa bibliographie est abondante et de nombreux titres figurent dans nos Mémoires, entre 1966 et nos jours. Puits funéraires, castrum, sites romains, céramiques, pont, églises, cloches, d’Auterive, rien ne lui échappa. On lui doit même tout un livre de 355 pages consacré aux églises du canton d’Auterive. Assidu aux séances de notre Société, il y trouva, nous a-t-il souvent dit, un lieu de formation permanente, au contact de tant de consœurs et confrères dont il admirait le savoir. Le professeur Michel Labrousse, son président jusqu’en 1988, lui accorda sa confiance et son estime, et, comme il était aussi directeur de la circonscription des antiquités historiques, lui permit de diriger les fouilles d’Auterive de 1961 à 1970.

Mais là ne se limitait pas son activité, qu’à l’imitation de son grand-père il voulait d’une plus grande utilité sociale encore. Ainsi fonda-t-il en 1968 le Foyer des jeunes et d’éducation populaire d’Auterive, en fut pendant dix ans le président, et y développa deux choses qui lui tenaient à cœur : une section d’archéologie, dotée d’une salle-musée à vocation pédagogique, et une bibliothèque de prêt. La lecture publique était l’une de ses préoccupations majeures et pour la renforcer il créa l’association « Lire à Auterive ». Il animait aussi à ce moment-là un atelier de paléographie aux Archives départementales de la Haute-Garonne.

Et tout cela eut des résultats considérables pour la population d’Auterive, immatériels et matériels. L’actuelle médiathèque de cette commune lui doit beaucoup. Ce prochain jeudi 9 novembre y sera inaugurée l’exposition du fonds archéologique Vinche-Latour. Notre cher Louis a su, ces dernières années, assurer le devenir de tout ce qu’il a pu réunir, à titre public, associatif ou privé, au cours de sa vie : livres, archives, photographies, dessins, objets archéologiques. Cette médiathèque d’Auterive en profite donc pleinement, mais son action fut telle que la médiathèque de Venerque reçut aussi de lui ce précieux « Fonds patrimonial de la Basse Vallée de l’Ariège » que notre Société a tenu à visiter récemment sous la direction de Louis, en félicitant aussi la commune de cette heureuse initiative et en lui attribuant sa médaille d’argent.

Notre Société enfin a grandement bénéficié de la présence sans faille de Louis qui, outre les travaux de recherche qu’il y présenta et publia, fut son bibliothécaire-archiviste jusqu’en 2003, avant que ne lui succèdent Bernadette Suau puis Christian Péligry. Il y fit un énorme travail et dut assumer ses déménagements, puis sa réinstallation lors des travaux de l’Hôtel d’Assézat. C’est lui qui entreprit l’informatisation de son fichier. Le récolement systématique des séries de revues et mémoires lui permit de repérer de nombreuses lacunes, qu’il put souvent combler par sa ténacité. Nous lui devons vraiment beaucoup. Lorsqu’il ne put plus assumer cette fonction et assister régulièrement à nos séances, il resta très attaché à la Société et assura, jusqu’au début de cette année, l’envoi des convocations et des échanges de correspondance avec tous les membres. C’était sa façon de rester parmi nous et de continuer à apporter sa pierre à l’édifice.

Cela sort peut-être de nos préoccupations ordinaires, mais je tenais enfin à dire qu’au milieu de tant de choses, de tant d’années, Louis n’a cessé d’apporter aussi son concours à de nombreuses missions humanitaires, en faveur des libertés, contre la faim et pour le développement. Que dire donc pour finir : une belle vie bien remplie ! une personne généreuse et attachante ! un de ces maillons bien forgés et solides sans lesquels notre Société ne serait pas ce qu’elle est devenue. Un immense merci à Louis Latour, que je vous propose, en raison de ses mérites particuliers, de nommer membre honoraire de la Société archéologique du Midi de la France.

Daniel Cazes

 

Au titre des questions diverses, Guy Alshell de Toulza évoque les journées du patrimoine municipal auxquelles il a participé pour faire le point sur les hôtels de Toulouse. L’exposé qu’il a fait a montré l’état déplorable de ce patrimoine. Le maire a donc pris conscience des difficultés de présenter la candidature de Toulouse au patrimoine mondial de l’humanité. Louis Peyrusse intervient pour moduler cet avis, selon lui, le maire a pris conscience de la situation mais garde l’espoir de parvenir au bout de ce projet. Henri Pradalier reste pessimiste sur les chances de réussite de la ville de Toulouse, il évoque en effet les grandes difficultés rencontrées pour la candidature de la ville d’Albi. Quitterie Cazes qui a assisté aux réunions de préparation nous apprend que le Moyen Âge est exclu du projet. Que reste-t-il donc à présenter ? Elle ajoute que la mairie refuse de s’engager dans la recherche et l’entretien du patrimoine, elle est dans la négation de la valeur patrimoniale.
Daniel Cazes nous apprend que la question de l’hôtel Dubarry a été traitée rapidement en transférant sa propriété à la Région, donc au Lycée Saint-Sernin qui sera dans l’impossibilité de le restaurer.

Le Président clôt la séance en invitant la Compagnie à partager un verre en l’honneur de Louis Latour.


Portfolio

Plan de l'Atlas historique avec repérage en rouge des vestiges centré (...)

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