Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 23 JANVIER 2018

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Présents : MM. Cazes, Président, Scellès, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjoint ; Mmes Bessis, Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Nadal, Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, Watin-Grandchamp, MM. Balty, Boudartchouk, Catalo, Garland, Garrigou Grandchamp, Geneviève, Lassure, Macé, Peyrusse, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty, Bossoutrot-Rebière, Czerniak, Galés, Jiménez, Sénard, MM. Landes, Piques, Pousthomis, Rebière, Sournia, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : Mmes Andrieu, Fradier, Heng, Lamazou-Duplan, Pousthomis, MM. Julien, Latour, Penent.

Le Président présente divers courriers adressés à la société. Il note que le Collectif de sauvegarde de la place Saint-Sernin a relevé, comme nous, la contradiction dans le projet exposé par la Mairie au sujet des arbres (de 30 m de haut) qu’elle souhaite implanter autour du chevet de l’église. Louis Peyrusse demande s’il ne serait pas opportun de consulter l’assemblée pour envoyer un message de soutien au collectif. Le Président approuve et déplore que quelque soit la hauteur des arbres, des trous seront faits dans les couches archéologiques pour les enraciner. Il demande donc aux membres de se prononcer pour cette lettre de soutien. Elle obtient l’assentiment de tous à l’exception de deux abstentions.

Motion sur la préservation du site archéologique de Saint-Sernin
votée par la Société archéologique du Midi de la France
lors de sa séance du 23 janvier 2018

Lors de sa séance ordinaire du mardi 23 janvier 2018, la Société archéologique du Midi de la France a décidé d’apporter une nouvelle fois son soutien au Collectif de sauvegarde de la place Saint-Sernin sur la question de la plantation d’arbres autour de la basilique Saint-Sernin, c’est-à-dire sur l’emplacement d’un site archéologique majeur de Toulouse, d’Occitanie, de France et d’Europe. Depuis plus de trois ans, notre Société manifeste son désaccord avec l’aménagement des abords de Saint-Sernin que la Mairie de Toulouse, avec l’accord des services de l’État, va réaliser prochainement. Il n’a jamais été défini précisément et n’a fait l’objet d’aucune étude patrimoniale préalable digne de ce nom. Il tourne donc le dos à l’histoire et au patrimoine exceptionnel de ce site, autour d’un monument pourtant inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle.
En effet, le simple aménagement de surface, avec des matériaux étrangers à la tradition architecturale de la ville, ne tient aucun compte des données du sous-sol. Il va le sceller pour longtemps sous des revêtements lourds qui ne respectent pas les niveaux de sol historiques pertinents. De plus, il risque de porter une atteinte irrémédiable aux couches archéologiques en place par l’arrachage d’arbres (annoncé sur un panneau d’autorisation de travaux récemment affiché contre la grille de la basilique) et la plantation d’un grand nombre d’autres.
Toutes les précautions et justifications annoncées par la Mairie (trous de profondeur et emprise limitées, résilles empêchant la propagation des racines, hauteur des arbres, essences choisies, etc.) ne convainquent pas notre Société. Celle-ci pense toujours que les travaux publics prévus, d’un coût considérable, ne seront pas faits dans le cadre d’un projet global et dans le bon ordre. Ils négligeront l’étape, essentielle en pareil cas, de la fouille archéologique, comme les questions concernant le musée de l’œuvre, l’extension du musée Saint-Raymond et la restauration de l’Hôtel Dubarry. Ils ne pourront de ce fait que produire un résultat incomplet, manquant d’originalité, peu satisfaisant du point de vue patrimonial, éducatif, culturel et touristique.

Le Président donne lecture de la lettre de candidature envoyée par M. Julien Foltran et annonce que le rapport sur Fernand Pelloux sera présenté lors de la prochaine séance. Il sollicite ensuite les membres pour lire les derniers travaux présentés au concours qui n’ont pas encore trouvé de rapporteurs.

La Société se constitue en Assemblée générale et le Président présente le rapport moral pour l’année civile 2017 :

Au début de chaque année, notre Société fait retour en arrière sur les activités de la précédente. Ce regard rétrospectif permet d’apprécier notre action, de corriger nos erreurs, d’exercer une réflexion critique, de progresser.

Avant toute chose, rappelons la mémoire des disparus et leur militance en faveur des disciplines qui nous rassemblent. Nous avons déploré la perte de deux de nos membres, certes fort différents, mais fidèles soutiens de notre Société. Le 21 février, c’est à Yvette Carbonell-Lamothe que nous rendions hommage. Maître de conférences en histoire de l’art médiéval des universités de Toulouse et de Perpignan, elle avait formé et aidé plusieurs d’entre nous, animée d’une passion qu’elle partageait avec le professeur Marcel Durliat. Le 21 mars, nous évoquions le souvenir de Robert Manuel, archéologue tarnais et ancien conservateur du musée Charles-Portal de Cordes. Ce devoir de mémoire est chaque fois l’occasion de se rendre compte que notre Société, depuis sa fondation, capitalise compétences, forces et savoirs d’une multitude de membres qui, même décédés, continuent à constituer sa colonne vertébrale.

En effet, la Société archéologique du Midi de la France c’est, avant tout, le collège de ses membres. Aujourd’hui, nous sommes 105 : titulaires, correspondants, libres, honoraires. Il y a une légère baisse de l’effectif, que plusieurs candidatures annoncées compenseront sans doute en 2018. De temps à autre, nous avons le plaisir de célébrer le jubilé, à l’occasion de cinquante ans de présence parmi nous, de l’un de ces membres. Ainsi, le 7 novembre l’avons-nous fait pour Louis Latour, membre parfait par ses communications, son action archéologique et patrimoniale dans la basse vallée de l’Ariège, mais aussi comme membre du Bureau, où il assuma un important travail de bibliothécaire-archiviste. Jusqu’en 2017 il nous a aidés, même depuis chez lui lorsqu’il eut des difficultés pour assister à nos séances. Nous avons élu Adriana Sénard et Sophie Fradier membres correspondants, puis Laurent Macé et Adriana Sénard membres titulaires. Au sein du Bureau, Henri Pradalier a cédé son poste de directeur à Maurice Scellès, lequel a laissé le sien à Patrice Cabau, qui a lui-même été remplacé par Anne-Laure Napoléone, notre trésorier Guy Ahlsell de Toulza ayant été réélu dans son poste.

Au Bureau et autour de lui, certains peuvent donner plus de leur temps au fonctionnement de notre compagnie. Chaque année nous louons la bonne tenue de nos comptes par Guy Ahlsell de Toulza et le travail de notre bibliothécaire-archiviste, Christian Péligry, aidé par Jacques Surmonne, Geneviève Bessis, Michèle Pradalier et Georges Cugullière. Tous deux vous diront dans quelques instants leur rapport annuel. Les autres membres du Bureau et associés ne sont pas moins actifs. Autour d’Anne-Laure Napoléone, Maurice Scellès et Adriana Sénard, Henri Pradalier, Louis Peyrusse, Jean-Luc Boudartchouk, Patrice Cabau, Émilie Nadal ont contribué à l’édition de nos Mémoires. Elle requiert un important travail, qui doit être sans cesse amélioré et facilité par l’ensemble des auteurs, auxquels nous continuons à demander la perfection des manuscrits et la ponctualité. Le tome LXXV – 2015 est sorti de presse et les volumes suivants (2016 et 2017) ont été préparés. Ils paraîtront en 2018. Ainsi aurons-nous rattrapé notre retard de publication et serons-nous à jour pour la nouvelle série de Mémoires commencée en 1989, après la mort le 12 janvier 1988 de notre ancien président Michel Labrousse, déjà trente ans…

En 2017, bien d’autres membres ont participé à notre vie académique, à travers les communications, les questions diverses, les rapports sur les candidatures, les débats. Comment en eût-il été autrement, avec les vingt à quarante membres présents à chacune de nos dix-huit séances ?

Nous avons entendu dix-huit communications. Onze d’entre elles et deux autres pour partie ont concerné le Moyen Âge. Anne-Laure Napoléone a étudié deux maisons du XVe siècle en Rouergue, Bernard Sournia le projet d’un châtelet royal du côté languedocien du pont d’Avignon, Diane Joy le château de Saint-Côme d’Olt. Hiromi Haruna-Czaplicki s’est penchée sur un livre d’heures-missel de Toulouse conservé au Vatican. Catherine Viers a scruté le château de Garrané et donné les résultats du diagnostic archéologique mené sur le site du château des vicomtes de Saint-Antonin à Caussade. Michelle Fournié, Patrice Cabau et votre serviteur ont fait le point sur le cardinal Vital du Four et son rôle dans la création du couvent des chanoinesses de Saint-Sernin à Toulouse. Jacques Dubois a formulé une nouvelle hypothèse sur la localisation des statues de la chapelle dite de Rieux, puis analysé les commandes artistiques de l’évêque d’Albi Louis Ier d’Amboise. Pierre Garrigou Grandchamp a attiré notre attention sur l’architecture civile de Mont-de-Marsan aux XIIe et XIIIe siècles. Enfin, Nicolas Bru a révélé les peintures murales dégagées dans l’église de Canourgues, aux Junies. Jean-Luc Boudartchouk, associé avec Roland Chabbert, Christian Mullier, Patrice Cabau et Anne-Laure Napoléone, a rouvert le dossier complexe de Florus, évêque et confesseur du Ve siècle, à l’origine du culte de saint Fleuret d’Estaing et de saint Flour d’Auvergne. Puis, avec Éric Tranier, il est revenu sur celui de saint Majan de Lombez. Au-delà du Moyen Âge, ces deux communications ont permis une remontée dans le monde antique. Mais aucun travail n’a été exclusivement tourné vers l’Antiquité. Quant à la préhistoire, absente depuis longtemps alors que notre Société eut autrefois dans ses rangs d’éminents préhistoriens, et à la protohistoire, elles ne sont pas apparues en 2017. Les modernistes, qui renforcent leur présence parmi nous, se sont exprimés cinq fois. Jean Penent a fait connaître un dessin d’Antoine Rivalz inspiré par la révocation de l’Édit de Nantes, puis un peintre mystérieux, Jean François. Jean-Michel Lassure a dressé un bilan des recherches effectuées à Giroussens. Bruno Tollon a fait part de nouvelles découvertes sur le chantier de restauration du château de Bournazel. Colin Debuiche a déterminé les parts des citations et des inventions dans l’architecture toulousaine de la Renaissance.

Il faut ajouter la conférence de Guy Ahlsell de Toulza, lors de notre séance publique, sur le château de Reynerie et les demeures toulousaines des Dubarry, et deux visites de monuments à Toulouse : celle de l’église Saint-Nicolas, sous la direction d’Henri Pradalier, avec Michèle Pradalier-Schlumberger, Pascal Julien et Louis Peyrusse, celle du château de Candie avec Maurice Scellès, Addy Amari, Julien Foltran et Laure Krispin.

Sous l’appellation commode de « questions diverses » d’autres thèmes furent abordés plus brièvement. Certains sont relatifs à l’avancée de nos connaissances ou à des découvertes. Pascal Julien apporta des données nouvelles sur la sculpture de Nicolas Bachelier ; Pierre Garrigou Grandchamp nous apprit la détection de peintures entre les modillons de l’église de Gluges et l’apparition inattendue d’un splendide panneau de bois peint du XIVe siècle dans la collégiale de Montpezat-de-Quercy, pour lequel aucune mesure de dépose n’a été prise malgré son grand intérêt ; Émilie Nadal confirma la provenance de fragments dispersés d’un bréviaire choral de la cathédrale Saint-Étienne d’Agen ; Pierre Garrigou Grandchamp nous informa du résultat d’une étude dendrochronologique qui situe autour de 1270 l’abattage des arbres utilisés pour la charpente de la tour-porche de l’abbatiale de Moissac ; Jean-Luc Boudartchouk fournit quelques compléments sur saint Flour ; Guy Ahlsell de Toulza donna quelques détails sur une tapisserie du XVIe siècle. D’autres thèmes émergèrent au fil de l’actualité patrimoniale de notre région : le projet contesté d’aménagement des abords de Saint-Sernin et la proposition alternative de notre compagnie ; la situation des sites archéologiques de Montmaurin menacés par une carrière ; les fouilles archéologiques d’Aurillac ; le compte rendu d’un colloque organisé par la Mairie de Toulouse sur le Patrimoine ; la candidature peu évidente de Toulouse à un classement au titre du Patrimoine mondial de l’UNESCO ; les difficultés pour l’obtention des protections de l’administration des Monuments Historiques et la disparition des Commissions départementales des objets mobiliers.

Désireuse de s’ouvrir toujours plus à ceux qui travaillent dans le même domaine qu’elle, notre Société a accueilli dans ses locaux comme dans la salle Clémence-Isaure de l’Hôtel d’Assézat des cours, conférences, réunions, un séminaire sur les biens inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO en raison de leur appartenance aux chemins de Saint-Jacques de Compostelle, le colloque international « Toulouse au XIVe siècle » organisé par Virginie Czerniak et Charlotte Riou.

L’action directe de notre Société en faveur de la conservation du patrimoine s’est manifestée de plusieurs façons. Grâce à la contribution exceptionnelle de plusieurs de ses membres, elle a pu faire un don de 1000 euros à la Ville de Saint-Gaudens pour l’aider à acquérir le chapiteau roman du cloître de la collégiale qu’elle lui avait signalé. Notre trésorier a acquis pour nos propres collections un tableau anonyme, datable des années 1815-1820, qui montre la nef de la basilique Saint-Sernin à cette époque. Pour cet achat, elle a reçu un don de François Avril dont elle a apprécié l’élégance. La Société s’est enrichie du généreux don consenti par Michèle Bellin, de ce que nous appelons désormais le « Fonds Pierre et Michèle Bellin », reflet de l’activité de cet atelier de restauration de peintures actif pendant un demi-siècle dans le Midi de la France et ailleurs. Enfin, je ne saurais donner ici le détail des dons d’ouvrages et de documents faits à notre bibliothèque et à nos archives par nos membres ou des personnes extérieures. Par ailleurs, nous avons apporté notre encouragement, sous la forme d’une médaille d’argent, à la commune de La Salvetat-Saint-Gilles. Elle vient de prendre en charge le château des comtes de Toulouse, en bien triste état, qui est au cœur de son territoire, et forme le courageux projet de le restaurer puis de l’ouvrir au public. Cette médaille sera remise à son maire en 2018 et notre Société se rendra sur place.

Il est un dernier point de grande importance, celui des prix accordés chaque année par notre Société aux travaux de recherche présentés à son concours annuel. En 2017, dix manuscrits ont été envoyés et nous avons attribué exceptionnellement quatre prix et trois médailles d’argent. Quatre de ces jeunes lauréats nous ont donné, ou le feront prochainement, le plaisir de présenter leurs candidatures à des places de membres correspondants.

Ainsi ce rapport annuel, le septième de ceux que j’ai soumis à votre approbation, se termine sur une note très optimiste. Notre compagnie rajeunit. Son avenir est assuré. Un avenir vers lequel je n’ose vous projeter, mais plein de promesses. Cette présidence m’a confirmé dans l’idée que notre Société pluridisciplinaire et pluri-professionnelle a toute sa place face aux institutions patrimoniales et de recherche orientées par les divers pouvoirs politiques et administratifs de notre pays.

En 2011, acceptant de vous le mandat de président qui atteint aujourd’hui son terme, j’ai prêté à sourire en disant qu’il fallait penser au deuxième centenaire de la Société archéologique du Midi de la France, en 2031. Je redis aujourd’hui qu’il faudra le célébrer de grande façon, avec exposition, colloque, conférences, publications, pour marquer la date et renforcer notre rôle dans la société méridionale. Il ne reste maintenant qu’une douzaine d’années. Permettez-moi de rappeler, par déformation professionnelle, qu’une bonne et grande exposition se prépare au moins dix ans à l’avance. De plus, peu parmi nous pourront se consacrer à plein temps à ce bicentenaire. Il n’est donc pas trop tôt pour se mettre à l’œuvre : le temps, l’indépendance et l’union seront notre force !

Merci de votre confiance et de votre attention.

Daniel CAZES

Des applaudissements concluent la lecture de ce rapport.

Le Président passe la parole à notre confrère Christian Péligry chargé de faire le point sur la vie de notre bibliothèque durant l’année précédente :

Depuis l’an dernier nous avons achevé le rangement matériel des livres et des revues qui constituent le fonds de notre bibliothèque, pour que l’espace disponible soit occupé de façon aussi rationnelle que possible et pour que les collections, notamment les séries de périodiques, puissent se déployer harmonieusement, sans se chevaucher ni s’étouffer les unes les autres. Nous avons ainsi dégagé, au total, plus d’une soixantaine de mètres linéaires. Nous avons également fait porter nos efforts sur la signalétique pour que l’on puisse retrouver les volumes recherchés sans perte de temps. Un petit document récapitulatif a été établi, avec les différentes cotes, permettant de localiser rapidement les ensembles ou sous-ensembles formés par les collections de notre bibliothèque. D’autre part, dans un souci de bonne gestion des stocks, il nous avait semblé nécessaire, en 2017, à pareille époque, de recenser, année après année, les volumes de Mémoires qui s’accumulent aussi bien dans les réserves du sous-sol que sur les rayonnages de la mezzanine. En remontant jusqu’en 1988, nous avions alors comptabilisé 3892 exemplaires disponibles ; mais ces chiffres ne sont plus tout à fait d’actualité et doivent être revus un peu à la baisse aujourd’hui.
Comme vous le savez déjà, la bibliothèque de la Société archéologique s’enrichit par dons et par échanges plus que par des achats. Donc les monographies qui se sont ajoutées à celles de l’année précédente sont dues à la générosité de tous ceux qui ont bien voulu y déposer des ouvrages relatifs à l’histoire, à l’histoire de l’art ou à l’archéologie. Pour ne prendre que quelques exemples, nous avons reçu le trimestre dernier : « l’Affaire Bernard de Vabres (1561-1562), éditée par l’Association des Amis des Archives de la Haute-Garonne et donnée par Geneviève Bessis, « Montpellier au Moyen Âge » offert par Bernard Sournia, « Regards sur le patrimoine mobilier de l’enseignement scolaire et universitaire », remis par Louis Peyrusse, et en fin d’année, le très beau cadeau que nous a fait Émilie Nadal, fruit de ses recherches sur « le Pontifical de Pierre de La Jugie », publié en 2017 chez Brepols. Outre cette magnifique thèse, notre fonds de travaux universitaires s’est également enrichi des 7 ouvrages qui ont été primés lors de la dernière assemblée publique du 26 mars 2017 : ils témoignent de la diversité des préoccupations de la Société et de la variété de ses collections. Nous devons surtout souligner la donation qui vient d’être faite à la Société archéologique par Michèle Bellin concernant les archives de son mari Pierre Bellin, décédé en octobre 2002. Ce peintre-restaurateur, qui a principalement travaillé pour l’administration des Monuments historiques, déposa bon nombre de documents liés à son activité, auprès des services qui lui avaient confié des missions ou passé commande ; mais il subsistait toujours, après sa disparition, un ensemble important, constitué de photographies, de publications, de dessins et de relevés, soit une trentaine de cartons, sans parler d’un certain nombre de dessins, de relevés sur papier calque, souvent de grand format, dont quelques échantillons vous ont été présentés, en décembre dernier. Ce fonds a déjà fait l’objet d’un pré-inventaire par notre Président et vient de rejoindre les rayonnages de notre Réserve, en attendant de bénéficier d’un traitement plus complet.
Dans le cadre des échanges instaurés par la Société archéologique du Midi avec de nombreuses institutions françaises et étrangères, 135 exemplaires des derniers Mémoires ont été envoyés par la Poste, pour nous permettre d’accroître d’autant les séries de revues conservées dans notre bibliothèque : 48 volumes en direction de pays européens, 1 volume destiné au Maroc, 86 expédiés en France dont 10 à Toulouse.
Nous ne pouvons que remercier nos prédécesseurs d’avoir mis en place l’informatisation du catalogue de la bibliothèque qui comporte aujourd’hui environ 14.000 notices (de façon plus précise 14.066 notices au 7 décembre dernier). Malgré d’incontestables mérites, cette base de données doit évoluer aujourd’hui pour devenir à la fois plus performante et plus visible au-delà des murs, car nos collections sont bien souvent complémentaires des autres collections de la Ville de Toulouse et doivent être mieux identifiées par les chercheurs. Le registre de prêts mis à votre disposition montre d’ailleurs que ces ressources sont utiles aux membres de la Société ; mais elles pourraient être utiles aussi à un plus large public d’enseignants et d’étudiants. C’est pourquoi, avec l’accord du Bureau, nous avons pris la décision de procéder à une refonte du catalogue. Tout d’abord nous venons de résilier la convention qui nous liait à la Ville de Toulouse depuis le 25 avril 2008, estimant que ce n’était pas le meilleur environnement pour développer notre projet. Parmi les logiciels aujourd’hui disponibles sur le marché, il en existe un (signalé par Jacques Surmonne) qui a retenu toute notre attention, car il est à la fois reconnu par le cabinet d’expertises « Tosca consultants » et recommandé par l’École Nationale Supérieure des Bibliothèques. Conçu pour les petits établissements, gratuit (ce qui n’est pas négligeable !) il a déjà séduit plus de 200 bibliothèques ; le serveur gère une base de données riche d’environ un million deux cent mille notices. Après l’avoir testé pendant deux mois, son module de catalogage nous a semblé ergonomique, agréable, facile d’utilisation, presque ludique ; quant à son module de consultation, appelé dans notre jargon OPAC (Online Public Access Catalog), il va évidemment bouleverser les habitudes des utilisateurs parce que chacun pourra accéder à distance à notre catalogue, à travers le site de la Société archéologique. Ce logiciel va nous permettre de dériver d’excellentes notices depuis des réservoirs importants comme celui de la Bibliothèque nationale de France, de dépouiller complètement ou partiellement, à notre gré, les recueils de Mélanges ou les Actes de colloques ; il permettra aussi aux usagers d’effectuer des recherches fines en croisant plusieurs critères (par exemple Narbonne et art gothique, ville et Moyen Âge, Toulouse et l’Espagne, art préhistorique et Europe centrale), ce que nous ne pouvions pas faire jusqu’à présent. La difficulté majeure que nous allons rencontrer, et nous en sommes conscients, sera de récupérer toutes les notices existantes pour les verser dans notre nouveau catalogue : il faudra sans doute les normaliser, les nettoyer, corriger éventuellement les erreurs, les compléter si nécessaire. Ce travail exigera plus de quelques semaines ou de quelques mois mais il ne devrait pas non plus durer pendant des années. En tout cas, nous sommes prêts à relever ce défi pour mieux diffuser les richesses bibliographiques de notre Société, pour susciter l’intérêt des chercheurs, faciliter leur travail, révéler à l’attention de tous des ouvrages manuscrits, des documents graphiques (dessins, gravures, aquarelles, plans ou photographies anciennes) susceptibles de trouver leur place dans une exposition, à Toulouse ou ailleurs. Enfin je précise que le format informatique adopté, UNIMARC 2709, est le format officiel d’échanges des données bibliographiques du Ministère de la Culture et de l’Enseignement supérieur. J’espère que lors de mon prochain rapport, en 2019, le chantier que nous ouvrons aujourd’hui aura avancé de façon significative et que vous pourrez vous réjouir des premiers résultats obtenus.
Les recherches que nous menons tous, ici, contribuent fortement à la vie et au dynamisme de la Société archéologique du Midi dont les Mémoires, publiés chaque année, sont en quelque sorte le fer de lance. Mais ne nous laissons pas enfermer, chacun, dans notre propre recherche, au détriment de celles que mènent les collègues ; je veux dire par là que si nous avons la possibilité et la chance d’emprunter des ouvrages ou des périodiques, dans cette bibliothèque, c’est pour une durée qui est limitée à deux mois par le règlement interne ; en les gardant plus longtemps, nous en privons forcément les autres membres. Le registre des prêts montre que certains d’entre vous ont gardé chez eux des documents dont ils n’ont sans doute plus besoin mais qui en revanche rendraient service à plusieurs d’entre nous (j’ai compté près de vingt volumes ainsi détenus) ; je souhaiterais donc que les retardataires rapportent ces volumes dès qu’il leur sera possible de le faire. Je leur enverrai prochainement un message individuel pour préciser les références des volumes qui auraient dû réintégrer nos collections, parfois depuis longtemps. Je vous remercie pour votre attention.

Christian PÉLIGRY

À la suite du rapport financier présenté par Guy Ahlsell de Toulza, quitus est donné à notre Trésorier pour sa bonne gestion.
Pierre Garrigou Grandchamp se réjouit du montant des avoirs de la Société et demande s’il est possible d’envisager de faire du mécénat ou de programmer la restauration des reliures de certains ouvrages de la bibliothèque, voire de compléter certaines séries de revues que l’on ne trouve pas actuellement sur Gallica. Guy Ahlsell de Toulza répond qu’il est en effet possible de faire du mécénat et d’investir sur les ouvrages et la restauration des livres de la bibliothèque à condition de ne pas oublier de laisser une réserve suffisante pour régler la publication des Mémoires. Concernant la restauration des reliures, Christian Péligry évoque la difficulté de trouver de bons relieurs qui ne soient pas hors de prix. Notre Trésorier propose de grouper ces travaux de restauration d’ouvrages avec ceux des autres académies de l’hôtel d’Assézat, l’Union pourrait en effet prendre en charge ce type de frais l’année prochaine. Il approuve par ailleurs de combler les lacunes de nos collections. Pierre Garrigou Grandchamp ajoute qu’il serait bon de scanner les livres rares. Il évoque encore la possibilité de financer ou d’aider à la publication de certains travaux. Notre Président rappelle que la Société a ses propres charges comme par exemple l’entretien du site de Chiragan et retient l’attention sur le fait qu’il faudra, en 2031, marquer le bicentenaire de la Société par une manifestation pour laquelle il faudra constituer une petite réserve. Revenant sur l’idée d’une aide à la publication, Maurice Scellès évoque encore la possibilité d’assortir certains prix de la société d’un montant pour la publication, c’est-à-dire d’un chèque en réserve. Pierre Garrigou Grandchamp nous informe que la société archéologique de Tarn-et-Garonne consacre une grande part de son budget à la publication.

Le Président demande à l’assemblée d’approuver les trois rapports, ce qui est fait à l’unanimité des membres présents. Puis il nous invite à procéder aux élections :
-  Christian Péligry est réélu au poste de Bibliothécaire,
-  Patrice Cabau est réélu à au poste de Secrétaire général,
-  Émilie Nadal est élue au poste de Présidente.

La nouvelle Présidente donne la parole à Hiromi Haruna Czaplicki pour une communication courte intitulée Les commandes artistiques de Saint-Savin de Lavedan au XIVe siècle  :

Depuis les dernières décennies où l’intérêt aux productions artistiques dans le Midi toulousain au XIVe siècle continue à s’augmenter, l’on souhaitait essayer de regarder certaines œuvres d’une perspective renouvelée. L’abbaye de Saint-Savin de Lavedan, dans le pays de Bigorre, en recèle quelques exemples intéressants, qui sont déjà connus par les chercheurs, notamment pas les excellentes recherches de notre confère Marc Salvan-Guillotin. Si notre communication est d’un caractère très modeste, nous voudrions attirer l’attention sur l’orientation de commandes artistiques de Saint-Savin-en-Lavedan vers le centre par excellence de la production, qu’était Toulouse au XIVe siècle. Notre propos sera illustré par deux manuscrits liturgiques enluminés d’initiales filigranées, soit un bréviaire (Bagnère-de-Bigorre, Bibliothèque municipale, mss. 31 et 32 et Toulouse, Bibliothèque municipale, ms. 73), et un psautier (Toulouse, Bibliothèque municipale, ms. 70). Pour les situer dans la chronologie, l’historien spécialiste de l’abbaye nous portera une contribution inédite.

L’auteur excuse François Couderc qui devait l’accompagner dans cette présentation et annonce que la communication sera de fait réduite.

Émilie Nadal remercie notre consœur pour cet exposé passionnant et lui demande pourquoi ce manuscrit se trouve à Toulouse. Hiromi Haruna Czaplicki lui répond qu’elle réserve sa réponse car elle n’est pas encore sûre de la raison. Bernard Pousthomis fait remarquer que les datations avancées sont proches de celles données par Marc Salvan-Guillotin. L’auteur approuve et explique que le travail de François Couderc sur l’histoire de l’Abbaye a permis en effet de proposer une fourchette comprise entre les années 1340 et 1380.

Au titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza propose une communication brève sur Un réservoir en plomb dans la cour de l’hôtel de Selga, 8 rue du Coq d’Inde .

Dominique Watin-Grandchamp note que l’on trouve mention de ce type d’objet dans les textes sous le nom de « tambour ». Ils permettent d’éviter les débordements à l’intersection de plusieurs arrivées d’eau. Jean-Louis Rebière précise que l’on appelle cela aujourd’hui une boîte à eau.


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