ÉLOGE
prononcé par Michèle Pradalier-Schlumberger lors de la séance publique du
5 avril 2009
Jean Coppolani, âgé de 91 ans, était membre de la Société archéologique depuis 1950, membre titulaire en 1951. Notre précédent président, Louis Peyrusse, avait fêté son jubilée, 50 ans dans la Société en 2001, au cours d’une fête très chaleureuse. Il venait encore à nos séances, jusqu’à ce qu’une chute dans son jardin et une fracture l’éloignent définitivement, il y a trois ans.
Jean Coppolani a été une figure majeure de notre Société, il a occupé plusieurs postes au Bureau : secrétaire-adjoint, secrétaire général, directeur (sa grande modestie lui a fait refuser la présidence et demander à être directeur honoraire, quand il a commencé à être moins actif). On retrouve sa petite écriture régulière sur nombre de fiches de notre ancien fichier, et sur nombre de dossiers de nos archives.
Jean Coppolani était le géographe de Toulouse, et selon la formule de Louis Peyrusse dont je reprends les termes « l’exemple parfait du savant à la fois historien et géographe, de ceux qui ne veulent pas séparer l’étude de l’espace et du temps ». Il était élève de Daniel Faucher, et dans sa thèse Toulouse, étude de géographie urbaine, publiée en 1955, s’affirmait d’emblée comme un pionnier en matière de géographie urbaine. C’est cette spécialité qui l’orienta vers le ministère de l’Équipement où il fit carrière, et devint urbaniste en chef de l’État à la Direction régionale de l’Équipement. C’est là qu’il assista aux transformations de la ville pendant les Trente Glorieuses et en fit son miel, dans nombre d’articles parus dans la Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest ou dans les Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France ( des titres comme « L’évolution des paysages urbains de Toulouse depuis 1945 », ou « Les plans d’urbanisme de Toulouse au XXe siècle » témoignent de ses intérêts et sont précieux pour les chercheurs).
Il était aussi historien et historien de l’art, on lui doit de nombreux articles sur « Les clochers toulousains », l’église de Seyssse-Tolosane, « Les clochers-murs du pays toulousain », « Les noms anciens des voies publiques de Toulouse ». Parmi ses ouvrages, je citerai le volume « Églises et chapelles de la Haute-Garonne, le canton de Muret » et le très beau livre sur les « Ponts de Toulouse », publié chez Privat en 1992, qui rappelle le souvenir des ponts disparus, étudie les ponts anciens et les ponts contemporains si souvent reconstruits, comme le pont Saint-Pierre. Jean Coppolani était un infatigable travailleur (le fonds Coppolani de nos archives, avec ses manuscrits et ses fonds de cartes en témoigne), il était un humaniste et un homme de cœur, qui a beaucoup donné de son temps et de sa personne.
La disparition de Jean Coppolani, non seulement creuse un vide affectif parmi nous, mais elle clôt aussi un chapitre de l’histoire de la Société Archéologique du Midi de la France, la période qui fut marquée par la génération de l’après-guerre, ces fortes personnalités que furent Michel Labrousse, Georges Fouet, Gratien Leblanc, et tant d’autres.
Michèle PRADALIER-SCHLUMBERGER
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