Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 05 FÉVRIER 2019

Séance privée
separateur

Communication courte de Benjamin Marquebielle : "Toulouse et la préhistoire : le Midi comme terre de (re)définition du Mésolithique".
Le Midi de la France occupe, dès le milieu du XIXe. siècle, une place centrale dans l’histoire de l’étude de la Préhistoire. Cela s’explique par la concentration en sites préhistoriques (notamment dans les Pyrénées) et par l’activité importante de nombreux chercheurs, archéologues de terrain laïcs ou clercs. Cette activité a amené une émulation intense notamment autour de Toulouse, qui a joué un rôle moteur dans la structuration du paysage scientifique de l’époque en lien avec l’étude de la Préhistoire – E. Cartailhac, membre puis président de la SAMF, est un de ces acteurs, particulièrement actif.

Dès la deuxième moitié du XIXe. siècle, la question se pose des modalités de transition entre le Paléolithique et le Néolithique, avec le passage, très tôt identifié mais mal compris, d’une économie de prédation à une économie de production. Les résultats des travaux d’E. Piette au Mas d’Azil participent à amener des éléments de réponse, en définissant l’Azilien. Mais les méthodes de travail d’alors ne permettent pas d’identifier les vestiges, très fugaces et de petites tailles, de ce que l’on appelle aujourd’hui le Mésolithique. La reconnaissance et la définition de cette période se fera progressivement, tout au long du XXe siècle, notamment grâce à des travaux de terrain dans le Midi. Le Mésolithique, longtemps vu comme une transition, est désormais considéré comme disposant d’une identité propre, et constitue un axe de recherche important des équipes de Préhistoire rattachées à l’université toulousaine, héritage d’une tradition d’étude locale de plusieurs décennies.

 

 

 

 

 

Communication courte de Marie Vallée-Roche : "Découverte d’un manuscrit inédit à La Livinière (Hérault) : une enquête de 1269".

Il s’agit d’un manuscrit trouvé fin 2017 chez un particulier, partiellement brûlé. Il manque le début et la fin, les lacunes sont considérables. Il se présente comme un volumen dont il reste aujourd’hui deux morceaux, d’une longueur totale de 5,42 mètres de long. On y trouve des dépositions d’habitants de La Livinière au cours d’une enquête demandée en 1269 par des officiers royaux pour instruire un procès qui oppose les seigneurs de la Livinière, c’est-à-dire en l’occurrence les enfants de feu Pierre Lo Singlar, représentés par leur beau-père Guilhem de Ventenac, à des habitants de La Livinière, représenté par l’un des leurs, Bernard Petri.
Certains habitants détournent-ils le droit de fournage dû aux seigneurs en cuisant des pains dans leurs propres fours, pour eux et aussi pour d’autres habitants du village ? C’est tout l’objet de cette vaste enquête. Dans le parchemin qui subsiste, on voit défiler 22 témoins, dont 6 femmes. Les témoignages sont recueillis et classés par chapitres, qui correspondent à différentes sessions de dépositions, ce qui permet de confronter les différentes versions que donnent successivement les témoins, afin de détecter les faux témoignages. Il s’agit pour les enquêteurs de déterminer depuis quand les habitants de La Livinière se dispensent d’acquitter le droit de fournage.
Malgré ses lacunes, ce document est d’un grand intérêt historique en raison de la destruction des archives du château de Carcassonne pendant la Révolution.

 

 

 

 

 

 

 


Présents  : Mme Nadal, Présidente, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone, Secrétaire-adjointe, M. Péligry, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Bessis, Cazes, Jaoul, Vallée-Roche ; MM. Cazes, Garrigou Grandchamp, Lassure, Peyrusse, Testard, membres titulaires ; Mme Dumoulin, MM. Foltran, Marquebielle, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty et Sénard, MM. Balty, Garland, Macé, Scellès et Tollon.

Émilie Nadal annonce le décès de notre consœur Marie-Bernadette Bruguière et demande à Louis Peyrusse de lui rendre hommage au nom de la Société :

Marie Bernadette Bruguière (1944-2019)

Nous avons appris le 23 janvier dernier la mort de notre consœur Marie Bernadette Bruguière, à l’âge de 74 ans. Il est sans doute des lieux où son éloge funèbre retentira plus fortement, je songe à l’Université des Sciences sociales et peut-être à l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres. S’achève ainsi une longue carrière d’enseignante de l’histoire du Droit et des Institutions à l’Université de Toulouse. Reçue très jeune à l’agrégation des Facultés de Droit, elle a d’abord travaillé à une thèse de doctorat, publiée tardivement : Littérature et droit dans la Gaule du Ve siècle, P.U.F., 1974. Dans la lignée de Pierre Courcelle, elle y analyse les sources littéraires et juridiques du temps. Cet angle de vue a inégalement convaincu les historiens de l’Antiquité tardive. Marie Bernadette Bruguière n’a pas persévéré dans ce champ de recherche. Elle a donc enseigné aux côtés de Germain Sicard, d’Henri Gilles, Jean-Louis Gazzaniga, puis de Jacques Poumarède et d’André Cabanis. Nombre d’entre eux ont siégé dans notre Compagnie.
Dans ses publications, on notera un Manuel d’histoire du droit (avec Sicard et Gilles) et beaucoup d’articles dont l’éclectisme reflète une vaste curiosité, depuis « Le Nouveau Testament et les droits de l’Antiquité » (1975), « Homère a-t-il inventé le régime mixte ? » (2010) à « Jules Verne et la colonisation », « Germanophilie et germanophobie en France au XIXe s. ». On y trouve aussi des hommages, un salut à ses maîtres, Paul Ourliac, Jean Dauvillier, Romuald Szramkiewiecz et des directions de colloque comme Prendre le pouvoir, force et légitimité en 2002. Sa grande originalité est d’avoir proposé une lecture de l’opéra, ce chaudron de sorcière des amours, des interdits, des pulsions, des passions, opéra, vu au-delà de la dramaturgie et de la musicologie, sous le prisme du Droit. Ses collègues et amis lui ont offert en 2014, peu après sa retraite, un volume de mélanges où ont été regroupés ses articles : Opéra, politique et droit, le volume d’hommage le plus inattendu publié par les P.U.S.S., très vite épuisé.
Femme de fortes convictions, elle n’imposait aucune opinion, à la différence de nombre de ses collègues, respectueuse de la liberté de chacun, très attentive à ses étudiants, totalement dévouée à l’institution universitaire. Cette longue carrière de professeur appelle l’éloge provocateur de Fontenelle à propos d’un confrère enseignant : « Il travaillait à se rendre inutile ». À la mesure des nombreuses générations d’étudiants passés par ses cours et ses conseils, c’est là le plus beau des hommages.

Après la lecture de ce texte, la Compagnie observe une minute de silence.

Concernant l’affaire des travaux en cours à Saint-Sernin, notre Présidente nous informe ensuite qu’une réponse à la lettre que nous avions envoyée à Didier Deloume nous est parvenue, et elle en donne lecture. Le document, probablement rédigé par les Services de la DRAC, n’est pas signé par le conservateur ; on ne voit donc pas très bien qui est notre interlocuteur. Quitterie Cazes remarque que le souhait de valorisation du site est évoqué à la fin de la lettre et que l’on pourra peut-être à l’avenir s’appuyer sur cet écrit. En effet, la mise en valeur de la place revient à la Ville et il n’est pas certain qu’elle désire faire de grands investissements dans ce sens.

Émilie Nadal présente ensuite un nouveau volume des Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, dans lequel est publié un article de notre confrère Guy Ahlsell de Toulza : « Un nouveau regard sur les hôtels toulousains de la Renaissance » (vol. 180, 19e série, tome IX, 2018, p. 185-193).

Puis elle donne la parole à Benjamin Marquebielle pour une communication courte intitulée : Toulouse et la préhistoire : le Midi comme terre de (re)définition du Mésolithique.

La Présidente remercie notre confrère pour cette communication très intéressante et demande si ce sont bien les données environnementales qui définissent le début de cette période. En effet, confirme Benjamin Marquebielle, le climat se réchauffe et les chronozones botaniques, alignées sur la période géologique de l’Holocène, permettent de reconnaître les sites mésolithiques. Cependant, poursuit-il, les choses ne sont pas aussi simples, les changements commencent bien plus tôt et il reste actuellement difficile de cerner la genèse de cette période, dont peu de sites témoignent. Il n’y a pas de révolution mésolithique, mais c’est une époque qui a vraiment ses caractéristiques propres. Les microlithes que l’on trouve sur les sites étaient fixés sur des supports en bois. Il ne s’agit pas de petites armatures pour petit gibier, mais de plusieurs microlithes montés sur un support en bois qui étaient aussi bien utilisés pour la chasse du gros gibier. Cette technique permettait une meilleure rentabilisation des matériaux de qualités variables et une plus grande souplesse dans la production. Martine Jaoul demande si le changement de végétation a eu des incidences sur la production des outils. Benjamin Marquebielle répond que l’outillage a en effet évolué, mais qu’aucun vestige de bois n’est conservé dans le Midi ; l’artisanat du bois reste donc en grande partie inconnue. Daniel Cazes se dit enchanté par l’exposé que notre confrère a fait l’histoire de la discipline et regrette qu’après les travaux du Museum d’Histoire naturelle de Toulouse, on ait pris le parti de faire disparaître la galerie des cavernes ou de la Préhistoire, alors qu’il s’agit du plus ancien Musée de Préhistoire de France. Benjamin Marquebielle répond qu’il reste malgré tout au Museum une petite pièce consacrée à la Préhistoire, mais le parti a effectivement été pris de montrer les temps géologiques, où l’humanité n’a qu’une part restreinte. Il signale enfin qu’en 2020 la ville de Toulouse accueille un grand congrès intitulé MESO 2020, qui regroupera tous les mésolithiciens d’Europe.

Émilie Nadal donne ensuite la parole à notre consœur Marie Vallée-Roche pour une seconde communication courte : Découverte d’un manuscrit inédit à La Livinière (Hérault) : une enquête de 1269.

La Présidente remercie la conférencière pour l’exposé de l’enquête qu’elle a menée autour de ce document. Marie Vallée-Roche précise qu’elle voudrait encore la poursuivre pour répondre à un certain nombre de questions. Elle s’étonne par exemple du prix élevé du fournage, qui s’élève à 1/6e, ce qui est loin d’être la norme. Quitterie Cazes voudrait savoir s’il existe beaucoup d’enquêtes de ce genre ; la conférencière répond qu’on en trouve un certain nombre, mais pas dans la région. Par ailleurs, ce document est de toute première importance pour le village de La Livinière car c’est le plus ancien document de la commune. Il a sans doute appartenu aux archives municipales et a dû être récupéré par un particulier lorsque celles-ci ont brûlé. Cependant, dans la mesure où il n’existe plus d’inventaire, le fait reste difficile à prouver. Par ailleurs, on ne sait pas ce que peut devenir un tel document dans les mains d’un non spécialiste qui n’a pas conscience de sa valeur scientifique. On peut supposer enfin que d’autres morceaux de ce manuscrit se trouvent disséminés chez d’autres particuliers. La seule façon de préserver le témoignage historique de ce document, déclare Louis Peyrusse, c’est de le publier ; cela pourrait encourager ceux qui ont des documents chez eux à le faire savoir, suggère pour finir Guy Ahlsell de Toulza.

Au titre des questions d’actualité, Daniel Cazes nous apprend le décès, le 22 janvier dernier, de Jean-Maurice Rouquette, ancien conservateur des musées d’Arles.

Jean-Maurice Rouquette (Arles, 1931 - Arles, 2019)

Celui qui fut pour moi le plus grand conservateur du patrimoine du Midi de la France, et peut-être de France, que j’aie connu dans ma vie, Jean-Maurice Rouquette, est décédé à l’âge de 87 ans à Arles, sa ville natale, le mardi 22 janvier 2019. Un hommage exceptionnel, à la mesure de son œuvre, lui a été rendu le vendredi 25 février en l’hôtel de Ville d’Arles, en présence d’une assemblée impressionnante, avant que celle-ci ne se déplace ensuite dans l’église Saint-Trophime voisine pour la messe de funérailles. Tous les conservateurs et archéologues (ses petits, disait-il) qu’il avait mis en place dans les divers musées et monuments de la ville étaient là, prononçant dans la plus grande émotion des paroles qui allaient au cœur. Nombre de chercheurs de l’Université et du C.N.R.S. étaient aussi venus. Au milieu de cette foule silencieuse, comme stupéfaite de la disparition inimaginable d’un homme qui déployait encore une impressionnante activité malgré sa retraite, évoluaient des Arlésiennes en costume traditionnel de deuil.
Viscéralement Arlésien, au point qu’il se présentait habituellement en lançant à ses interlocuteurs : « Rouquette d’Arles », Jean-Maurice Rouquette fut le disciple de l’archéologue Fernand Benoît, et suivit à l’Université d’Aix-en-Provence les enseignements de Georges Duby et de Jean-Rémy Palanque. Il s’y spécialisa dans les domaines de l’histoire de l’art paléochrétien et médiéval. Mais aucune période de l’histoire d’Arles et de sa chère Provence (dont il donna une description éblouissante et mémorable dans le volume I de la Provence romane des éditions Zodiaque, la nuit des temps, 1974) ne lui fut étrangère et l’Antiquité romaine dans son ensemble, partout présente à Arles, le passionnait tout autant. Nommé conservateur des musées d’Arles en 1956, il occupa sans cesse ce poste clef jusqu’en 1995. Parti de peu de chose, il réussit à en multiplier l’action, multiforme, prenant en compte l’ensemble du patrimoine arlésien.
Dès ses débuts, chose assez rare, alors que la ville était pour l’essentiel connue pour ses antiquités romaines et ses richesses médiévales, il se tourna aussi vers l’art contemporain, établissant des relations étroites avec Picasso, organisant des expositions temporaires consacrées aux sculptures de Germaine Richier et de César, ou aux peintures de Nicolas de Staël. Conscient de l’image positive que cela pouvait donner de sa ville, non pas endormie au bord du Rhône, mais ouverte, comme toujours, aux créations artistiques venues d’ailleurs, il fonda en 1970, avec Lucien Clergue, les célèbres « Rencontres internationales de la photographie d’Arles », auxquelles le Toulousain Jean Dieuzaide adhéra immédiatement. Le Musée des Beaux-Arts Réattu, dans l’ancien prieuré de Malte, était alors le centre de son activité. Il le rénova, l’enrichit considérablement et y organisa de nombreuses expositions que l’on venait voir de loin.
Les arts et traditions populaires ne le laissèrent pas indifférent et on lui doit le parc naturel régional et le musée de la Camargue (ce dernier créé à une dizaine de kilomètres d’Arles). Une autre célèbre institution, le Museon Arlaten, attira toute son attention, bien qu’autonome et dépendant d’une commission émanant du Félibrige. Il la défendit toute sa vie, ce qui devrait prochainement déboucher sur sa complète rénovation. Autre institution traditionnelle de la ville, l’Académie d’Arles fut présidée par lui pendant cinquante ans, à partir de 1965. En 2015, il céda cette présidence à l’archéologue de renom Marc Heijmans, qu’il avait accueilli à Arles chaleureusement, comme tant d’autres de ses collaborateurs, entraînés dans son sillage.
C’est à Jean-Maurice Rouquette que l’on doit le développement extraordinaire de l’archéologie dans sa ville, avec la création d’un service spécifique, parfaitement équipé en matériel, salles d’étude, de conditionnement, de restauration des objets découverts de toute sorte. Pour lui, ce patrimoine caché de la ville devait nécessairement remis au jour, à l’occasion des divers travaux urbains ou de fouilles programmées, et le plus souvent possible mis en valeur in situ et rendu accessible au public. Il était à ses yeux aussi important que les monuments et collections déjà reconnus, non seulement comme l’objet des recherches menées par des spécialistes du monde entier, mais parce que « les pierres de nos ancêtres seront le pain de nos enfants » (propos rappelé par le conservateur Claude Sintès). Sa vision du patrimoine, comme partie intégrante de la vie d’une ville et un atout capital pour son image, son tourisme intelligent, avec ses retombées économiques, était vraiment prospective. De nombreux élus le reconnurent lors de l’hommage officiel rendu à Jean-Maurice Rouquette, qui fit d’Arles un laboratoire d’idées dans ce domaine, vers lequel bien d’autres élus français et étrangers ou professionnels du patrimoine tournèrent et tournent encore leurs regards.
Tout cela était le quotidien de notre cher conservateur, qui jamais ne ménagea sa peine pour défendre ses projets, convaincre élus et administrations, associer l’ensemble de la population de sa ville en l’informant sans cesse. Ses conférences, servies par un talent oratoire hors du commun, une langue riche et imagée, des anecdotes fourmillantes de vie, ont laissé partout des souvenirs inoubliables. Chaque fois qu’il vint en donner une à Toulouse, dans le cadre des activités du Musée Saint-Raymond, musée des Antiques, qu’il aimait beaucoup, la salle était pleine à craquer et l’enthousiasme du public débordant.
La réalisation qui sans doute le fit le plus connaître dans le monde entier fut celle du nouveau Musée de l’Arles antique, qu’il fonda en 1988 au bord du Rhône, dans la perspective des vestiges du cirque romain. Il fut inauguré en 1995, en mettant un terme prestigieux à la carrière de Jean-Maurice Rouquette. Ce fut pour lui un projet d’une incroyable envergure, dont il peaufina le programme muséologique avec expérience et talent, le défendant aussi avec acharnement face à tous ceux qui le croyaient pharaonique alors qu’il correspondait strictement aux besoins réels. C’est sur la base de sa réflexion que l’architecte Henri Ciriani put mettre en œuvre l’impressionnant bâtiment du « musée bleu de Jean-Maurice Rouquette ». L’idée qui en sous-tendait la nécessité était de rassembler là toutes les collections archéologiques protohistoriques et romaines (jusque-là dispersées en différents lieux de la ville), enrichies par les nombreuses découvertes faites pendant des années sur le territoire d’Arles, en intégrant au musée non seulement tous les services indispensables (accueil de tous les publics, auditorium, salle d’exposition temporaire, bibliothèque, conservation, documentation, réserves, ateliers…) mais aussi le centre de recherche archéologique avec toutes ses composantes. Chose peu courante, son projet prévoyait aussi les extensions futures du musée, ce qui permit très récemment la greffe parfaitement logique d’une nouvelle galerie consacrée à la navigation sur le Rhône et au commerce. Cette vision dynamique du musée, comparable à celle d’une entreprise ou d’une usine prospères qui augmentent leur activité, rejoignait bien l’idée qui était la sienne que le patrimoine est un enjeu capital pour la vieille Europe de demain.
Rappelons enfin son rôle déterminant dans la restauration des monuments de sa ville (celle de la façade et du cloître de Saint-Trophime notamment), dans le classement d’Arles au patrimoine de l’UNESCO et dans de nombreuses publications. En 2008 il eut l’immense plaisir de voir paraître, réalisé par l’Imprimerie nationale, un ouvrage collectif « monumental » (1300 pages…) dont il avait pris l’initiative et la direction : Arles : histoire, territoires et cultures. Peu de villes bénéficient du privilège d’un tel livre, à la mesure de leur patrimoine, magnifiquement mis en page et illustré.
Tel était ce personnage « solaire, enthousiaste, passionné » (Dominique Séréna, conservateur du Museon Arlaten), « l’âme de sa ville » avec une voix « magnétique, habitée, nourricière, qui en un clin d’œil savait mettre l’auditeur au cœur du récit » (Michèle Moutashar, conservateur des musées d’Arles), qui illustra, au-delà de sa Provence, l’ensemble de notre Midi. Tous ceux qui l’ont approché et connu sont aujourd’hui à la fois honorés de l’avoir rencontré et profondément attristés par son départ vers l’autre rive du Rhône, vers ce cimetière de Trinquetaille où sa forte présence a rejoint celle de tant d’Arlésiens et du martyr chrétien Genès. Tout en s’associant aux condoléances exprimées urbi et orbi, la Société archéologique du Midi de la France se devait de rappeler la stature hors du commun de Jean-Maurice Rouquette, avec une pensée particulière pour son épouse, madame Jacqueline Rouquette, qui, tout au long d’une vie intense, sut le soutenir et partager avec lui une mission si bien remplie.

Daniel Cazes poursuit en nous informant qu’une partie de la muraille des Hauts-Murat s’est effondrée. Celle-ci avait été élevée au XIVe siècle mais les parties hautes dataient du XVIIe. Elle était propriété publique, mais elle avait été cédée à un promoteur qui avait pour projet de construire des logements contre elle. La grue implantée contre les parements a ainsi provoqué l’effondrement du mur. Daniel Cazes craint que la construction de la résidence ne finisse par cacher entièrement la muraille, et que l’on se retrouve ainsi dans le même cas de figure que sur le site de Larrey.

 


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