Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 05 MARS 2019

Séance privée
separateur

Communication longue de Bruno Tollon : « La fenêtre méridionale à la Renaissance  ».

Toulouse, Hôtel d'Astorg, façade du corps postérieur sur courMettre en avant le rôle de la baie dans l’architecture méridionale à l’époque de la Renaissance c’est faire le constat de l’apport plastique essentiel joué par les portes et les fenêtres dans l’organisation des façades par opposition à la travée rythmée. Partant, leur rôle majeur dans la définition de la Renaissance méridionale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Présents  : Mmes Nadal, Présidente, Sénard, Directrice, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-adjointe ; Mmes Andrieu, Bessis, Pradalier-Schlumberger ; MM. Balty, Cazes, Garland, Garrigou Grandchamp, Peyrusse, Scellès, Sournia, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty, Dumoulin, Muños ; M. Rigault, membres correspondants.
Excusés  : M. Péligry, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Cazes, Czerniak, Galés et Jaoul.

La Présidente présente à l’assemblée l’affiche, créée par Maurice Scellès, annonçant la séance publique du 24 mars, et elle invite chaque membre à en prendre, ainsi que des cartons d’invitation, pour les diffuser largement. Puis elle fait circuler le programme des journées de Saint-Michel-de-Cuxa, qui ont pour thème cette année L’image à l’époque romane. Elle donne ensuite lecture d’une lettre envoyée par Patrick Leroux, relecteur extérieur de nos Mémoires, qui nous transmet par ce courrier des félicitations pour notre publication, en particulier pour le dernier volume, qu’il vient de recevoir.

Deux ouvrages édités par l’Inventaire Occitanie nous sont donnés par Maurice Scellès : Saint-Sever-de-Rustan et L’art de la guerre.

Émilie Nadal donne ensuite la parole à Michèle Pradalier pour la lecture du rapport sur l’ouvrage de Pierre Funk, Les grandes heures de Notre-Dame du Bourg de Rabastens, présenté au concours de notre Société :

L’ouvrage de Pierre Funk, Les Grandes Heures de Notre-Dame du Bourg de Rabastens a été publié à l’occasion de l’exposition, dont Pierre Funk a été commissaire, organisée au Musée du Pays rabastinois de juin à novembre 2018. Le beau livre qui en a résulté, édité par la maison Escourbiac, se présente en deux parties, une première partie thématique et un catalogue de 230 œuvres judicieusement choisies, accompagnées de notices abondantes.

La première partie fait la synthèse d’une historiographie très riche, dont les nombreuses publications de Guy Ahlsell de Toulza, et retrace l’histoire de l’église de Rabastens depuis le prieuré bénédictin de Saint-Amans rattaché à Moissac jusqu’à l’installation, au XIIe siècle, d’une église au centre du bourg neuf. La reconstruction de l’église au XIIIe siècle commença par une nef unique qui en fit un jalon essentiel du gothique méridional et se poursuivit en 1318 par l’ajout d’un vaste chœur entouré de chapelles. Les grandes dates de l’histoire de Notre-Dame du Bourg sont la création d’un chapitre en 1547 et son rattachement au collège des Jésuites de Toulouse en 1583. L’église souffrit des guerres de religion et de la Révolution, le XIXe siècle fut donc le temps des restaurations, de César Daly pour la façade, de Louis-Victor Gesta pour les vitraux et de Joseph Engalière pour les peintures murales gothiques redécouvertes sous les badigeons.

L’étude archéologique de l’église est convaincante. Notons celle du très complexe massif occidental, avec également de bonnes observations sur la chronologie des voûtes de la nef, et de la structure du chœur. L’auteur analyse les chapelles du chœur et les peintures murales, distinguant les parties authentiques et les restaurations ; il donne cependant moins de place aux vitraux. Il a par contre particulièrement développé la reconstitution de la chapelle d’axe et de ses autels successifs, depuis le maître-autel à deux étages du XVe siècle, orné d’un retable d’albâtre dont les plaques sont conservées au Musée des Augustins et qui figuraient dans l’exposition. Véritable « sanctuaire dans le sanctuaire », la chapelle d’axe recevait tous les deux ans les cérémonies de l’Assomption de la Vierge, dites du Montement, dont Pierre Funk analyse la machinerie. Il s’appuie sur un dessin de 1911 conservé à la médiathèque de l’architecture et du patrimoine et présent dans l’exposition, pour décrire le délicat mécanisme construit au XVIe siècle : autour de la statue de la Vierge, deux grandes roues de bois portant 14 figurants costumés en anges tournaient en sens inverse, le tout monté par un système d’élévation avec vis et poulies particulièrement complexe.

L’auteur rappelle la richesse et la longévité de la confrérie du Montement, fondée au XIIIe siècle et qui qui dura jusqu’à la Révolution. L’un des points forts de l’exposition a été la présentation du très célèbre diptyque de Rabastens, prêté par le musée de Périgueux, un petit retable gothique de parchemin collé sur bois représentant quatre scènes sous des remplages, deux scènes de la Passion du Christ, la Flagellation et la Crucifixion, et deux scènes mariales, la Dormition et le Couronnement de la Vierge. Peint par un peintre toulousain, le diptyque rappelle par son inscription la fondation de la Confrérie de l’Assomption de la Vierge en 1286.

Les chapelles de la nef, moins connues, ont fait l’objet d’une enquête attentive portant sur leur histoire, leurs aménagements, peintures et mobilier. L’auteur s’est livré à un inventaire très documenté de l’orfèvrerie et l’exposition rend compte de la richesse de ces objets provenant du trésor et pour quelques œuvres, du Musée. Statues et tableaux (en particulier le beau Saint Jérôme dans le désert du Musée) ont figuré dans l’exposition et l’auteur s’est attaché au regroupement d’une importante collection de manuscrits et de livres provenant de la bibliothèque prieurale, puis canoniale.

Il faut enfin noter que l’auteur ne s’est pas contenté de l’étude stricte de l’église Notre-Dame, mais qu’il a élargi son propos aux bâtiments claustraux et aux paroisses rurales : Saint-Amans de Pratméja, une église préromane dont il a fait une monographie très réussie, Saint-Jean de Puycheval et Saint-Pierre de la Peyrière.

En conclusion, on ne peut que louer l’exceptionnel catalogue de l’exposition rabastinoise. Grâce à la grande érudition de Pierre Funk et à sa grande curiosité, on sait désormais tout sur Notre-Dame du Bourg, son orgue, ses tableaux, ses statues, son mobilier, ses ornements liturgiques, son trésor (même les pièces volées), ses cloches, son luminaire… Ce livre me semble tout à fait mériter d’être distingué et récompensé par une médaille d’argent de la Société archéologique du Midi de la France.

La Présidente propose de remettre une médaille d’argent à Pierre Funk pour saluer son travail. La proposition soumise au vote est acceptée à l’unanimité.

Elle donne ensuite la parole à la Secrétaire-adjointe pour la lecture des procès-verbaux des deux dernières séances, qui sont adoptés après quelques modifications.

Émilie Nadal nous annonce ensuite qu’elle vient d’apprendre le décès de Jacques Bousquet, membre libre de notre société. Nous lui rendrons hommage à la séance prochaine.

Puis elle donne la parole à notre confrère Bruno Tollon pour une communication longue intitulée La fenêtre dans la Renaissance méridionale.

La présidente remercie le conférencier pour sa présentation intéressante, puis elle donne la parole à Bernard Sournia. Celui-ci déclare qu’il y a longtemps, réfléchissant sur la grande façade à l’antique du château d’Uzès, il a eu à se pencher sur quelques compositions apparentées, languedociennes ou provençales, des années 1540, et il remercie Bruno Tollon de s’en être rappelé dans sa communication. Il était alors surtout intrigué et intéressé par la position paradoxale de ces maîtres maçons et architectes locaux qui connaissaient manifestement par cœur leurs traités vitruviens, mais qui entremêlaient ce répertoire de citations tirées des antiquités romaines de Nîmes ou Arles, en privilégiant dans ces modèles ce qu’ils trouvaient de plus capricieux et de moins canonique, tel l’ordre dorico-corinthien d’Arles, comme s’ils avaient voulu inventer une alternative nationale, inspirée des sources disponibles sur place, aux normes des théoriciens d’outre Alpes. Il n’a pas approfondi cette intuition, dit-t-il enfin, mais pense qu’il y aurait matière à creuser la question. Bruno Tollon approuve ces remarques et ajoute que l’on a par exemple tendance à se référer à la vis étroite du Vitruve du XVIIe siècle, reprise par tous les manuels, alors que la liberté était très grande et le goût de la variation témoigne de l’imagination des artistes. Il faut donc résister, conclut-il, au classement et à la simplification exigée par la pédagogie pour présenter l’art de la Renaissance. Olivier Testard revient sur la Maison des trois nourrices de Narbonne dont la fenêtre et la façade principale ont été évoquées, et il précise que c’est selon lui la vision d’angle qui a été privilégiée sur cet édifice : il n’y a donc pas de hiérarchie entre les deux façades. Pierre Garrigou Grandchamp dit que cet exposé lui a évoqué de nombreux parallèles dans une région plus élargie au Nord, jusqu’à Périgueux et Clermont-Ferrand. Bruno Tollon avoue avoir limité sa zone d’étude, mais il confirme que l’on pourrait aussi multiplier les exemples en Provence et en Espagne. Olivier Testard revient sur le bail à besogne de Bachelier pour l’hôtel de Bagis qui a été mentionné durant la communication. Celui-ci mentionne deux pièces en retour qu’il ne situe pas. Selon Bruno Tollon, Bachelier avait beaucoup de chantiers dont il s’occupait peu ; ces pièces n’auraient sans doute pas été faites. Daniel Cazes demande enfin ce qu’il en est de la conservation des œuvres et des hôtels de la Renaissance à Toulouse, qui lui semblent dans un grave état d’abandon. Les sculptures du portail de l’hôtel de Buet-Bernuy rue de la Pomme, par exemple, sont lamentablement ruinées par la maladie de la pierre et le manque d’entretien. En évoquant les interventions effectuées sur l’hôtel du Vieux-Raisin, il s’indigne de l’utilisation de méthodes abrasives comme le sablage pour le nettoyage, faisant disparaître l’épiderme de la pierre et rendant la sculpture illisible. Toujours dans le même édifice, il rappelle que l’on a remplacé des sculptures par des copies, alors que cela ne s’imposait pas, et que les originaux ont été laissés sur place dans la cour, gisant aux côtés des poubelles. On se demande alors à qui revient le contrôle des Monuments Historiques. Maurice Scellès affirme que la DRAC n’a qu’un rôle de contrôle et qu’il revient à la Municipalité d’agir dans un cas comme celui-ci. Daniel Cazes répond que la DRAC a un rôle de conseil auprès des élus. Maurice Scellès déplore qu’il n’y ait pas de suivi des Monuments Historiques et que les interventions ne soient effectuées que lorsqu’un problème survient. Pierre Garrigou Grandchamp pense qu’il ne faut pas généraliser et dit connaître certains centres urbains où les architectes font des suivis des monuments qu’ils visitent régulièrement. Guy Ahlsell de Toulza pense que nous avons une vision de la DRAC d’il y a 30 ans, avec beaucoup de personnels qui avaient un réel pouvoir, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Daniel Cazes répond que l’organigramme de la DRAC montre qu’il y a toujours beaucoup de personnel.

Émilie Nadal propose de compléter notre site avec une page dédiée aux bâtiments en péril comme nous l’avons fait pour Saint-Sernin, en utilisant des photographies anciennes et récentes pour illustrer la dégradation des édifices. L’idée est largement approuvée par les membres.

La Présidente donne ensuite la parole à Guy Ahlsell de Toulza, qui a représenté notre Société le 27 février dernier, à la journée dédiée à la signature d’une convention entre La Salvetat, la Fondation du Patrimoine et TERREAL, entreprise qui a fait don des tuiles pour la restauration du château. À l’heure actuelle, tout l’édifice est échafaudé, des charpentes et des tuiles sont posées ; deux corps de bâtiments sont hors d’eau. Des poutres peintes ont été découvertes dans les combles, ce qui laisse penser qu’ils étaient habités. On a découvert également de petits carreaux de terre cuite vernissés verts et décorés d’estampages. À ce jour, il reste à remonter l’aile effondrée.

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