Communication longue de Christian Darles et Jean-Michel Lassure : « Le site du Turas à Dunes (Tarn-et-Garonne) : analyse architecturale et présentation du mobilier archéologique ».
La tour du “ Turas ”est établie à 2,5 km au sud-ouest de la bastide de Dunes (Tarn-et-Garonne), sur un promontoire dominant la vallée de l’Auroue. Des travaux de consolidation réalisés en 1988-89 par la commune qui venait de l’acquérir ont révélé qu’elle appartenait un petit château dont la période d’occupation se situe entre le XIIIe et le milieu du XIVe siècle. Un puits dans lequel, selon la légende, se seraient précipités des Templiers pour échapper aux Anglais, a été retrouvé à cette occasion. Creusé dans le calcaire, il mesure 2,50 m de diamètre à son ouverture pour une profondeur de 10 m. Son remplissage était constitué uniquement par de terre cendreuse et des galets. Un abondant matériel archéologique trouvé pendant les travaux se rapporte à la construction (éléments de huisserie, serrures et clés), aux occupations des habitants (outillage agricole et artisanal, céramiques) et à leur habillement (boucles de ceinture en alliage cuivreux doré et émaillé). Le site a aussi livré des témoignages liés à des activités religieuses (fragments d’un encensoir avec décor ajouré représentant des griffons), administratives (deux matrices de sceaux) et militaires (boulets de catapulte et carreaux d’arbalète).
Questions diverses :
Françoise Merlet-Bagnéris : "Jules Ganot, créateur de la médaille de la Société archéologique : formation, choix de carrière".
Présents : Mme Nadal, Présidente, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone, Secrétaire-adjointe, M. Péligry, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Haruna-Czaplicki, Jaoul, Merlet-Bagnéris, Watin-Grandchamp, MM. Balty, Cazes, Garland, Lassure, Peyrusse, Scellès, Testard, membres titulaires ; Mme Balty, MM. Darles, Pousthomis, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : Mmes Bessis, Cazes, Queixalós, Sénard et Vène, MM. Garrigou Grandchamp, Marquebielle, Penent, Sournia et Tollon.
La Présidente ouvre la séance en évoquant l’incendie de Notre-Dame de Paris survenu la veille. Elle souligne le sentiment de sidération ressenti par tous, même si l’état de l’édifice paraît ce matin moins grave que ce que l’on craignait. Les grands monuments traversent en effet les siècles et nous paraissent éternels. On se rend compte en fait qu’un simple incendie peut les faire disparaître. Émilie Nadal nous propose quelques secondes de recueillement.
Christian Darles signale que les spécialistes restent pessimistes et craignent l’effondrement de l’édifice à cause du plomb qui a fondu et qui pèse toujours sur les voûtes. Guy Ahlsell de Toulza ajoute que les voûtes n’ont que 25 cm d’épaisseur et qu’en plus du plomb elles ont reçu beaucoup d’eau, ce qui peut contribuer à les fragiliser. Il cite l’exemple de l’incendie de la cathédrale de Chartres.
Daniel Cazes se demande comment est organisée la sécurité dans le cadre d’un édifice pareil. D’après les informations qu’il a pu recueillir, une équipe de sécurité à donné l’alarme à 18 heures 20, les pompiers sont arrivés 20 minutes après, l’incendie avait déjà pris une grande ampleur ; selon lui, quelque chose n’a pas fonctionné. Il explique ensuite que dans un cas pareil, lorsque l’alarme est donnée, une équipe fait la visite complète du monument pour effectuer ce qu’on appelle une levée de doute. Pour redonner un peu d’optimisme à la discussion qui s’est engagée, Louis Peyrusse rappelle que les voûtes de la cathédrale de Nantes ont résisté à l’incendie qui a emporté sa charpente en 1972.
Il est ensuite procédé à la lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté.
Émilie Nadal donne enfin la parole à Christian Darles et à Jean-Michel Lassure pour une communication longue intitulée Le site de Turas à Dunes (canton d’Auvillar, Tarn-et-Garonne). Intervention archéologique.
Elle remercie nos deux confrères pour cette présentation intéressante et demande si les objets dont il a été question ont été récupérés. Jean-Michel Lassure précise que la mairie de Dunes avait acheté le site et y a entrepris des travaux de décaissement, déversant les terres dans un champ voisin. L’équipe a donc effectué un travail de récolte dans ces déblais. D’autres objets ont été trouvés dans un puits ; tout a été déposé à la mairie. Maurice Scellès demande s’il a été trouvé des tessons modernes. Jean-Michel Lassure répond que le matériel est homogène d’un point de vue chronologique. Louis Peyrusse émet des doutes, car selon lui les fers à bœufs qui ont été présentés sont tardifs. Christian Darles ajoute que la tour se rattache aux modèles gascons décrits par Gilles Séraphin avec un rez-de-chaussée aveugle et une porte ouverte au premier étage nécessitant l’usage d’un escalier ou d’une échelle. Daniel Cazes revient sur les objets très intéressants qui ont été présentés, actuellement stockés dans les locaux de la mairie. Ils mériteraient selon lui de bénéficier des conditions de conservation d’un musée. Maurice Scellès pense qu’ils sont en effet en danger de dégradation voire de disparition ; il évoque le cas des objets rares du Musée de Minerve qui, faute de moyens corrects de conservation, sont actuellement en train de se détériorer. La solution serait peut-être de créer des musées départementaux. Daniel Cazes renchérit en évoquant les objets qui ont été jadis déposés à la mairie de Martres-Tolosane et qui ont aujourd’hui disparu. Bernard Pousthomis demande enfin s’il existe des textes sur la fondation du site. Jean-Michel Lassure répond qu’il n’y a rien à sa connaissance.
Dans le cadre des questions diverses, la Présidente donne la parole à Françoise Merlet-Bagnéris, qui nous rend compte de ses recherches sur Jean Ganot, créateur de notre médaille.
Jean Ganot (1838 ?-1900...)
Jules Ganot (1863-1933)
Maurice Scellès demande à notre consœur en quelle année Jules, fils de Jean Ganot, est devenu professeur. Celle-ci répond qu’il a fréquenté l’atelier de Falguière, qu’il est ensuite resté un an à Paris, avant de revenir à Toulouse pour faire de la gravure industrielle. Il occupe un poste de professeur à partir de 1905 et obtient sa titularisation en 1909. Maurice Scellès remercie notre consœur d’avoir découvert la clé de l’énigme posée par notre médaille car les numismates venus enquêter à la Société sur son histoire n’ont trouvé que le nom de Berdaulat, orfèvre de son métier. Louis Peyrusse ajoute que Berdaulat a acheté le modèle de la médaille à Ganot ; c’est la raison pour laquelle on retrouve son nom gravé sur l’avers aux côté des initiales de Jean Ganot. La double signature s’explique donc, reprend Maurice Scellès, Berdaulat étant l’éditeur. Guy Ahlsell de Toulza nous apprend que l’atelier de Berdaulat se trouvait au rez-de-chaussée de l’immeuble où il habite et qu’il y a retrouvé, à l’occasion de travaux de rénovation de ce niveau, de nombreux objets dont deux plaques de cuivre. Il a par ailleurs laissé son monogramme sur une porte du XVIIe siècle.
Daniel Cazes nous livre une dernière information concernant le palais de Via à Cahors, qui faisait, jusqu’à il y a peu de temps, l’objet d’un projet de réhabilitation. La Ville désirerait se porter acquéreuse, souhaitant que le bâtiment soit ouvert à la population et à l’hébergement, et elle a fait un appel à projet dans ce sens. Le palais ayant servi de prison, la DRAC a donné son accord pour opérer des démolitions des parties datant des XIXe et XXe siècles. Maurice Scellès propose d’adresser une lettre de félicitations et d’encouragements au maire de Cahors ; une médaille pourra lui être remise lorsque le projet sera affiné.