Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 21 JANVIER 2020

Séance privée
separateur

Présents : Mme Nadal, Présidente, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone, Secrétaire-adjointe, M. Péligry, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Andrieu, Bessis, Czerniak, Fournié, Haruna-Czaplicki, Pradalier-Schlumberger, MM. Balty, Cazes, Garland, Garrigou Grandchamp, Macé, Peyrusse, Scellès, Sournia, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Dumoulin, Jiménez, Queixalós, MM. Mattalia, Penent, Rigault, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : Mme Sénard, Directrice, Mme Cazes, M. Tollon.

La Présidente ouvre la séance par la lecture des courriers reçus, plus particulièrement de celui envoyé par le Maire de Toulouse, qui nous informe de travaux de nettoyage prévus prochainement place du Capitole (la précédente opération de nettoyage avait été effectuée en 1986). Puis elle annonce que la Société a reçu trois autres candidatures pour le concours :
- Alexia Lattard, Défunts, pratiques et espaces funéraires au cours du Haut Empire, au sein de la civitas de Forum Iulii, thèse de doctorat soutenue à l’Université d’Aix-Marseille en 2018 ;
- Juliette Grinand-Lecocq, Les crucifix sculptés de la fin du Moyen Âge dans les comtés nord-catalans. Définitions des transferts artistiques, mémoire de Master 2 soutenu à Perpignan en 2019 ;
- Joris Moron, Les lotissements du centre ancien de Moissac à la fin du Moyen Âge, mémoire de Master 2 soutenu à Toulouse en septembre 2019

La Présidente donne ensuite la parole à Daniel Cazes pour qu’il rende compte à l’assemblée de son récent voyage à Martres-Tolosane. En effet, celui-ci s’était donné pour mission de retrouver la parcelle de Bonant, appartenant à la Société et dont aucun fermage n’a été perçu depuis 1972. Cette parcelle est aujourd’hui difficilement accessible car entourée de gravières et proche d’une zone industrielle. Le site se trouve à l’emplacement de l’échangeur de l’autoroute et, pour y parvenir, il faut traverser des champs. Notre confrère a questionné le Maire de la commune à son sujet ; celui-ci l’a renvoyé à M. Roger Sudery, exploitant agricole, qui pourrait nous renseigner sur ceux qui s’occupent aujourd’hui de ce terrain. L’enquête est donc à suivre pour la parcelle de Bonant. En ce qui concerne le site de Chiragan, il a pu constater que le sentier de Garonne était en place, mais pas praticable sur toute sa longueur. Il a été envisagé avec le Maire que le chemin pourrait rejoindre celui du Moulin en longeant la Nauze ; la commune se chargerait alors de son entretien. Notre confrère lui a fait part également de notre désir de clôturer le terrain. Il faut selon lui envisager une clôture solide avec deux ouvertures, une grande pour laisser passer les engins et une porte pour garder l’accès au bord du fleuve. Maurice Scellès pense que le coût d’une clôture solide risque d’être important et Louis Peyrusse propose d’examiner la solution d’une clôture verte. Daniel Cazes déclare ensuite avoir attiré l’attention du Maire sur la vandalisation du site, et il conclut qu’il est à présent urgent d’agir car le site est à l’abandon.

Revenant sur le décès récent de notre confrère Maurice Prin, et sur la belle image de ce dernier que Bruno Tollon a fait parvenir à tous les membres, Laurent Macé propose que les nécrologies que nous publions dans le Bulletin soient désormais accompagnées de photographies.
Émilie Nadal donne ensuite la parole à la Secrétaire-adjointe pour la lecture du procès-verbal de la dernière séance qui est adopté avec quelques petites modifications.

La Présidente demande alors aux membres de se constituer en Assemblée générale pour l’élection de plusieurs membres du Bureau. Puis elle lit son rapport moral :

« J’ai le plaisir d’ouvrir cette Assemblée générale en présentant ce rapport moral qui vise à rappeler les activités qui ont rythmé la vie de notre Société, au cours de l’année écoulée, de janvier 2019 à janvier 2020.
La Société archéologique du Midi de la France compte aujourd’hui 122 membres, déclinés entre 38 membres titulaires, 5 membres honoraires, 7 membres libres, et 72 membres correspondants. Une nouvelle historienne nous a rejoint, Catherine Letouzey-Réty, élue en novembre dernier, mais nous avons malheureusement perdu trois des nôtres ces derniers mois : Marie-Bernadette Bruguière et Jacques Bousquet en 2019, et tout récemment Maurice Prin, figure regrettée du patrimoine toulousain.
Nous n’avons pas élu de nouveaux membres titulaires cette année, car avec seulement deux places libres (selon nos statuts), les nouveaux membres titulaires doivent de plus en plus être choisis en fonction de leur volonté de s’impliquer dans la vie de la Société, et particulièrement d’assumer les charges qui incombent au Bureau de manière encore trop centralisée. Bien qu’il soit connu de tous, il est toujours bon de rappeler l’engagement des membres du Bureau. Commençons par notre Directrice, Adriana Sénard. Elle est en charge non seulement du volume des Mémoires de 2016-2017 (presque terminé) mais aussi du volume de 2018-2019, qui devrait compter plus de 300 pages. Adriana nous a récemment présenté une mise à jour des normes éditoriales proposant une amélioration et une uniformisation qui sera bénéfique pour l’évolution de nos publications. À ma gauche, les secrétaires ne sont pas en reste : Patrice Cabau, Secrétaire général, et Anne-Laure Napoléone, Secrétaire-adjointe, sont les garde-mémoire de nos séances. Cet héritage si typique des Sociétés savantes constitue, je pense, un des attraits de nos publications, donnant à tous la possibilité de lire les échanges qui nous animent. Ce travail, parfois astreignant, est donc essentiel, et il faut rappeler à tous les membres présents que nos deux secrétaires accepteraient avec soulagement que d’autres prennent à leur tour quelques comptes rendus. Anne-Laure Napoléone est également en charge du volume des Mémoires de 2017-2018. Quant à Patrice Cabau, il a bien voulu me remplacer à plusieurs reprises cette année pour assurer la présidence en mon absence. Le Bureau est aussi composé de Guy Ahlsell de Toulza, qui, non content d’assumer les charges de Trésorier, est également l’âme vivante du bâtiment, assurant l’intendance de notre Hôtel et le suivi de ce qu’il se passe en permanence dans les locaux. Enfin, Christian Péligry, notre Bibliothécaire-archiviste a entrepris un remarquable travail de mise à jour du catalogue des fonds, concrétisé par la mise en ligne du catalogue des manuscrits, et par la reprise de tout le catalogue des imprimés. Il est aidé dans cette entreprise par Jacques Surmonne, Geneviève Bessis, Michèle Pradalier et Georges Cugullière, fidèles au poste de la bibliothèque, qui tous les mardis après-midi est ouverte aux chercheurs.

Le Bureau s’est parfois élargi à d’autres membres quand le besoin s’en faisait sentir. Ainsi Maurice Scellès a souvent vu son expérience sollicitée, pour les Mémoires en particulier, et il reste chargé de tout ce qui relève de notre site Internet, aidé en cela par Françoise Galès. Daniel Cazes est lui aussi un membre actif de ce bureau officieux, et il continue son insatiable activité en faveur de la Société. Il est chargé, entre autres choses, de l’actuel projet de protection du site de Chiragan à Martres-Tolosane.

Ce fut une année riche en communications, complétées par les nombreuses questions diverses proposées au fil des mois. Au jeu des périodes historiques les plus représentées, c’est encore le Moyen Âge qui l’emporte. Certes Benjamin Marquebielle nous a convaincus du lien essentiel existant entre Toulouse et la Préhistoire, un argument qu’il a brillamment repris lors de la séance publique de mars dernier. Et nous avons tous pu apprécier les découvertes inédites de Philippe Gardes sur les véritables limites du rempart de Vieille-Toulouse. Néanmoins, c’est encore la période médiévale qui tire son épingle du jeu. Daniel Cazes et Jean-Luc Boudartchouk nous ont parlé des Goths de Toulouse, annonçant ainsi l’exposition qui va prochainement s’ouvrir sur le sujet au Musée Saint-Raymond. Jean-Luc Boudartchouk a également présenté l’histoire de deux saints du Haut Moyen Âge, Orens d’Auch et Luperc d’Éauze. Magali Vène et Thomas Falmagne ont pu évoquer 400 nouveaux fragments de manuscrits identifiés dans le fonds de la Bibliothèque municipale, tandis que Marie Vallée-Roche a parlé d’un manuscrit inédit de La Livinière dans l’Hérault. L’architecture médiévale considérée sur le temps long est largement représentée dans nos communications de l’année avec les interventions de Frédéric Loppe et Astrid Huser sur la maison consulaire du Bourg à Narbonne, et les deux présentations de Catherine Viers sur le château d’Ornézan dans le Gers et sur un îlot médiéval à Figeac. Christian Darles et Jean-Michel Lassure nous ont présenté le site médiéval du Turas à Dunes dans le Tarn-et-Garonne tandis que Daniel Cazes et Maurice Scellès sont revenus sur la navrante destruction du réfectoire des Augustins de Toulouse. Enfin Jean-Louis Rebière et Anne Bossoutrot ont présenté leurs travaux en cours, d’une part dans la nef de Saint-Étienne de Toulouse, mais aussi sur les peintures du croisillon nord du transept de Saint-Sernin. Cette dernière restauration a d’ailleurs fait l’objet de débats animés et a occupé plusieurs de nos séances.
La Renaissance est représentée par les travaux de Bruno Tollon, sur la fenêtre méridionale et sur le motif de la table d’attente. En duo avec Dominique Watin-Grandchamp, ils nous ont aussi parlé du château de Ferrals. Nous avons eu le plaisir d’accueillir Aurélia Cohendy, qui, accompagnée par Magali Vène, a décrit un nouveau livre d’Heures du Maître des Heures de San Marino, récemment acquis par la Bibliothèque municipale. L’époque moderne est faiblement représentée. J’ai pour ma part proposé une communication sur les imprimés retrouvés de la bibliothèque des Dominicains de Toulouse, et Jean Catalo a présenté les faïences du XVIIIe siècle trouvées à Montauban lors de fouilles archéologiques. Enfin, Claire Rousseau nous a permis de visiter la maison Seilhan, lors d’une séance foraine au mois de juin.
Je le disais, les questions diverses furent très nombreuses. Maurice Scellès a apporté en séance des monnaies celtes et antiques trouvées dans le Minervois, et il a fait don d’une brique du XIIIe siècle, provenant d’une fenêtre de la tour d’Arles à Caussade. J’ai parlé d’un feuillet de bréviaire récemment acquis par la ville d’Agen, tandis qu’Hiromi Haruna-Czaplicki a présenté une bible enluminée originaire de Moissac. Marie-Vallée Roche a suggéré une nouvelle datation de l’autel de Saint-Guilhem, Anne-Laure Napoléone a parlé d’une maison médiévale rue Tripière à Toulouse et Guy Ahlsell de Toulza nous a offert en avant-première des photos des peintures en cours de restauration de Notre-Dame de Rabastens. Enfin, Françoise Merlet-Bagnéris a mené l’enquête et découvert pour nous le parcours de Jules Ganot, créateur de la médaille de la Société.
Le concours de l’année 2019 était un excellent cru, qui nous a conduits à remettre non seulement le prix de Champreux à Lei Huang pour sa thèse sur Sainte-Foy de Conques, mais aussi le prix de Clausade ex-aequo à Jean Berger et Laura Viaut, respectivement pour leurs thèses sur Droit, société et parenté en Auvergne médiévale, et sur la Gestion des conflits dans l’espace Aquitain au Haut-Moyen Âge. Des prix spéciaux ont également été créés pour récompenser les travaux remarquables qui méritaient d’être distingués. Cette année encore nous avons reçu de nombreuses candidatures, signes que le concours de la Société Archéologique du Midi de la France est connu et reconnu parmi les jeunes chercheurs.
Lors de notre séance publique nous avons également remis une médaille à l’association des Amis de l’abbaye de Grandselve pour son activité. Enfin, la Société s’est déplacée en juin 2019 pour remettre une médaille à la municipalité de Saint-Antonin-Noble-Val, qui venait d’acquérir la maison médiévale dite « Maison Muratet ». Ce fut un grand moment d’échanges et de réflexions, car une autre maison médiévale était alors en vente et sur le point d’être acquise par un particulier. Certains souhaitaient que la Société archéologique soit candidate pour l’acheter, d’autres étaient réticents à l’idée de devenir propriétaire de cet édifice ruiné. S’est posée et se pose toujours la question de notre rôle : la Société a-t-elle vocation, oui ou non, à être une protectrice du patrimoine, active et agissante ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que notre rôle comme organisme prescripteur est largement battu en brèche par l’actualité des aménagements autour de Saint-Sernin. Autour de la basilique il n’y a eu aucune fouille d’ampleur, et les aménagements n’ont tenu aucun compte de notre proposition d’un « Grand Saint-Sernin », comme l’a rappelé Daniel Cazes dans son dernier bilan des travaux. Nous avons donc échoué à convaincre.
Au terme de ces deux années de présidence, il me semble intéressant de réfléchir ensemble à l’avenir de notre Société. Vénérable vieille dame de 189 ans, qui fêtera son 190e anniversaire l’an prochain. Nous avons un beau renouvellement des membres, huit nouvelles arrivées au cours de ces deux années ; et chaque année des communications de qualité et d’une grande variété. Néanmoins, je pense que nous souffrons d’un fonctionnement encore trop centralisé, qui tend à mettre trop de tâches entre les mains d’une minorité. Pour que cela change, il faut désormais que tous les projets, toutes les bonnes idées, tous les « il faudrait... » que j’ai pu entendre comme Présidente, soient portés sans hésitation par ceux qui souhaitent voir évoluer notre institution. Si vous pensez que les Mémoires ont pris du retard, alors demandez à vous occuper du volume qu’il faudra prendre en charge dans quelques mois pour l’année 2019-2020 ! Si vous avez une idée de sortie, veillez à son organisation. Les suggestions sont bonnes, les actions sont meilleures ! Je ne crois pas que le Bureau ait jamais opposé de réticence à un membre qui souhaitait se charger de certaines missions, titulaire ou non. Le système actuel fonctionne, mais je pense que nous pourrions décupler nos possibilités en multipliant l’implication de tous.
Alors que je ne renouvellerai pas ma candidature, pour des raisons familiales que vous connaissez, je voudrais conclure en vous remerciant de m’avoir élue comme Présidente pour ces deux années. Ce fut une très belle expérience que de voir la Société fonctionner de l’intérieur et je continuerai à suivre nos activités dès que je pourrai revenir à Toulouse. Je reste persuadée que la Société archéologique est un lieu unique en son genre, pluridisciplinaire, mêlant les générations et porté par un idéal de protection du patrimoine et de collaboration entre les chercheurs qui n’est guère dans l’air du temps. Autant de raisons de poursuivre notre engagement pour elle. Merci pour votre attention. »

Émilie NADAL

Puis la parole est à Christian Péligry pour la lecture du rapport du Bibliothécaire.
Notre Trésorier est enfin invité à nous présenter le bilan financier de la Société.

À la suite de quoi, Guy Ahlsell de Toulza donne la liste des membres qui ne se sont pas acquittés de leur cotisation depuis 2016 et qui seront donc radiés de nos listes. Maurice Scellès se réjouit de voir que ces derniers sont finalement très peu nombreux et que l’état de nos finances permet de garantir notre indépendance.
Les rapports sont approuvés et quitus est donné au Trésorier pour sa bonne gestion.
Enfin, on procède à l’élection destinée à pourvoir aux fonctions de Président, de Secrétaire général et de Bibliothécaire-archiviste. Louis Peyrusse a bien voulu assumer à nouveau la présidence, Patrice Cabau et Christian Péligry ont accepté d’être reconduits dans leurs mandats ; tous trois sont élus (ou réélus).

La Présidente donne la parole à Patrice Cabau pour une communication courte intitulée Aspice, lector, opus scripture marmoris huius... Lecture nouvelle d’une inscription de l’ancien prieuré de la Daurade à Toulouse :

 

« Les historiens de Toulouse ont depuis longtemps parlé d’un marbre portant une épitaphe en latin qui se voyait jadis à la Daurade et qui a disparu avant la fin du dix-huitième siècle. L’intérêt porté à cette inscription funéraire venait de ce qu’il y était question d’un comte Alphonse et du pape Urbain II. Des documents inédits amènent à découvrir à nouveau ce monument. »

Émilie Nadal remercie notre confrère pour cette enquête fort intéressante et demande s’il est courant d’avoir une épitaphe sans nom. Patrice Cabau émet l’hypothèse que le tout petit enfant dont il est question n’était peut-être pas encore baptisé. Michelle Fournié fait remarquer cependant qu’il a tout de même été enterré dans un lieu sacré. Laurent Macé voudrait revenir sur l’inscription présentée par le conférencier et sur le remaniement du site. Il met en parallèle les remaniements opérés à Saint-Sernin et se demande s’il ne s’agit pas d’un travail sur la mémoire. Patrice Cabau le pense aussi pour le réaménagement des tombeaux des comtes opéré à Saint-Sernin dans le courant du XIIIe siècle. S’agissant de la Daurade, aucun membre de la famille comtale – sauf le tout jeune fils du comte Alphonse dans le deuxième quart du XIIe siècle – n’y a été jamais inhumé. L’enfeu plaqué contre le mur occidental du cimetière de Garonne et sur lequel on avait peint une croix de Toulouse devait dater au plus tôt du dernier quart du XIIIe siècle ; il n’avait sans doute rien à voir avec aucun comte, et l’on ne saurait y voir un monument consacré à la mémoire de la lignée.

 

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