Société Archéologique  du Midi de la France
FacebookFlux RSS

SÉANCE DU 06 AVRIL 2021

Séance privée
separateur

Communication de Valerie Rousset : « Les vestiges de l’ancienne cathédrale d’Albi ».
Séance en visio-conférence.

L’étude archéologique des vestiges de l’ancienne cathédrale d’Albi, notamment ceux cantonnés à la face septentrionale de l’édifice en partie inaccessible, a été réalisée au moyen d’une nacelle a permis de compléter les observations réalisées par Jean-Louis Biget en 1984 et Céline Vanaker en 2005.
Les vestiges de l’édifice disparu sont inclus dans le grand mur nord à l’extrémité du jardin d’une grande demeure mise en œuvre dès le XVIIe siècle sur l’emprise de l’ancien cloître et dans le mur pignon sud de celle-ci. Les premiers, qui pourraient appartenir au XIIe siècle, correspondent au mur gouttereau de la nef dans lequel furent ajoutés ou reconstruits au milieu du XIIIe siècle sous l’évêque Bertrand de Beaucaire un portail monumental et un clocher. Les seconds consistent en une partie du gouttereau sud rebâti dans cette même période et cantonné de deux piles à colonnes engagées auxquelles sont liés les vestiges d’un grand portail méridional.
La construction de la nouvelle cathédrale au sud de l’ancienne débute en 1282 - soit une trentaine d’années environ après les travaux menés sur la vieille église - pour s’achever en 1450.
Lors de la guerre de Cent Ans, le grand mur gouttereau nord ainsi que le mur sud de la nef ont fait l’objet d’une phase de reconstruction incluant l’abandon et la quasi-destruction du portail nord qui mettait en contact l’édifice et le palais des évêques élevé à 7 m en contrebas. Cette phase a mis en œuvre des maçonneries de briques et des ouvertures en arcs brisés à double rouleau proches des arcades mises en œuvre dans la première moitié du XIVe siècle à la nouvelle Sainte-Cécile. Elle correspond à l’abandon et à la destruction partielle ou totale de la nef qui peut avoir été menée soit dans les années 1370-1400 lorsque les autorités de la ville s’employaient à restaurer le clocher de la glieya vielha pour en faire une tour de guet participant à la défense de la ville, soit après 1400 lorsque est proclamée la fusion des deux cathédrales ; à moins qu’il ne faille situer cette refonte après 1434 date à laquelle les partisans de l’évêque Robert Dauphin mirent le feu aux vantaux de l’église vieille.
Les guerres de Religion imposèrent aux prélats de procéder à la fortification de leur palais dans le dernier quart du XVIe siècle en mettant en œuvre un système défensif dont témoigne une tour d’artillerie semi-circulaire implantée sur les vestiges romans de la cathédrale. Le temps des conflits passé, c’est une grande demeure qui fut installée au XVIIe siècle sur l’emprise d’une partie de l’aile orientale de l’ancien cloître roman. Ouverte sur un grand jardin aménagé dans l’ancienne nef, la maison, fut agrandie et complétée au XVIIIe siècle d’une dépendance en fond de jardin. La propriété fut occupée jusqu’à la Révolution par des chanoines, dont Auguste de Nesmond décédé en 1790, probablement apparenté à Henri de Nesmond, archevêque d’Albi de 1703 à 1719, avant de passer à plusieurs familles successives (Gausserand, Compayré, …) et enfin à la famille Naves en 1991.

 


Présents  : M. Peyrusse Président, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Brouquet, Czerniak, Fournié, Haruna-Czaplicki, Merlet-Bagnéris, Pousthomis-Dalle, Pradalier-Schlumberger ; MM. Balty, Garland, Garrigou-Grandchamp, Scellès, Sournia, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Barber, Joy, Pilloix, Rousset ; MM. Dubois, Kérambloch, Laurière, Le Pottier, Mattalia, Pousthomis, Rigault, membres correspondants.
Excusé : M. Cazes.

Le président ouvre la séance en annonçant que le volume 2017 de nos Mémoires est actuellement chez l’imprimeur, il prévoit qu’il sera publié d’ici la fin du confinement. Il tient à remercier notre directrice d’avoir mené à bout ce chantier difficile.

Louis Peyrusse rend compte ensuite de la réunion du 22 mars dernier qu’il a suivie à la Mairie de Toulouse au sujet du bien Unesco dans la ville. Il s’agissait pour la commune d’élaborer un plan de gestion, jusque-là inexistant, avant que l’Unesco réexamine les chemins de Saint-Jacques de Compostelle en 2023. La réunion avait donc pour but l’élaboration de ce plan en se fondant sur quatre commissions. L’une d’elles sera composée de spécialistes de l’histoire de l’église et du pèlerinage ; nos consœurs et confrères Quitterie Cazes, Pascal Julien et Michelle Fournié seront sollicités. Une autre sous-commission sera chargée de l’entretien des monuments historiques ; Louis Peyrusse a proposé à Hélène Kemplaire d’y ajouter un historien de l’art. D’autres commissions seront chargées de faire connaître et partager, d’assurer le suivi et l’évaluation, et d’identifier les acteurs de la gouvernance locale. Au cours de la réunion un problème a été rencontré : le centre hospitalier universitaire, propriétaire de l’Hôtel-Dieu, classé au titre des chemins de Saint Jacques, ne répondait pas aux appels de la Mairie, le délégué du directeur général n’étant présent à cette réunion que pour acter d’éventuelles demandes. Il est surprenant conclut Louis Peyrusse de voir la Mairie réagir aussi tardivement alors qu’elle avait pensé déposer une candidature pour le centre de la vieille ville à l’Unesco.

Concernant ensuite l’assemblée générale de l’Union qui s’est tenue par visioconférence le 22 mars, notre président nous dit avoir exprimé son sentiment de dépossession de l’hôtel d’Assézat au profit de la fondation Bemeberg, il lui a alors été répondu que tout était dans l’ordre juridique le plus strict. Concernant notre Société, Louis Peyrusse a fait tout de même remarquer que nous étions souvent 25 membres présents dans la salle de séances desservie que par une seule issue, ce qui est contraire à tous les règlements de sécurité. Notre président a appris par ailleurs l’existence d’un RUS (responsable unique de sécurité), ce responsable est la fondation Bemberg qui possède toutes les clés de l’hôtel, et demande celles de la réserve de notre bibliothèque.
Le président souhaiterait que nous discutions à la séance prochaine du rythme auquel doivent être envoyées les convocations à nos séances, puisque Daniel Cazes estime qu’elles parviennent trop tardivement aux membres.

Il nous informe par ailleurs d’une bonne nouvelle publiée par la presse : il semble que l’ancienne prison de la place des Hauts-Murats soit sauvée des destructions. Le 22 mars on a annoncé en effet le début des travaux sous l’égide du Conseil Départemental, principal mécène de l’opération, de la DRAC et de la société civile des chalets (organisme public d’HLM). Ces organismes vont restaurer le rempart antique, la tour, la prison militaire et vont aménager un espace muséographique à la mémoire de la Haute-Garonne résistante sous la direction de l’historienne Élérika Leroy. Ce lieu de mémoire sera relié au Musée départemental de la Résistance et de la Déportation et sera ouvert au public.
Enfin, le conseil Municipal a voté le principe d’une « rue Maurice Prin », appellation que l’on attribuera à l’ancienne « impasse des Jacobins » desservant le couvent et le Lycée Fermat. Nous nous réjouissons de voir la mémoire de Maurice Prin, si intimement liée à l’histoire du lieu, gravée sur une plaque de rue.

Louis Peyrusse passe enfin la parole à Valérie Rousset pour une communication longue : L’ancienne cathédrale d’Albi, étude archéologique du bâti.
Le président remercie notre consœur pour la visite des vestiges énigmatiques de cet édifice. Peut-on penser, lui demande-t-il, que Bernard de Castanet a voulu une autre église car celle qui nous a été présentée, à en juger par les vestiges, ne correspondait pas à son sens de la grandeur ? Valérie Rousset avoue qu’il lui paraît difficile de répondre à cette question, mais reconnaît que la sculpture du portail, par exemple, peut paraître de petite qualité pour une cathédrale. Louis Peyrusse constate en tout cas que l’écart entre les deux édifices est important en termes de prestige.
Bernard Pousthomis rappelle que la tour Sainte-Catherine (la très puissante tour nord-ouest du palais) a été élevée en premier et que la tour Saint-Michel (la plus proche de l’ancienne cathédrale) lui a été accolée dans un second temps. On sait par ailleurs, ajoute-t-il que le sol était extrêmement pentu à cet endroit-là comme le montrent les terrains non bâtis sur la berge de part et d’autre du palais de la Berbie. Dans cette configuration topographique, il s’interroge sur l’accès au portail nord de la cathédrale avant la construction de la tour Saint-Michel. Il apparaît de façon certaine, comme l’a fait remarquer notre consœur, que le sol a été par la suite tranché et régularisé, imposant des reprises en sous œuvre, très probablement lors de la construction de la tour Saint-Michel. Il n’en reste pas moins, conclut Bernard Pousthomis, qu’il faut imaginer la cathédrale « romane » implantée au sommet d’une forte pente avant la construction de la tour Saint-Michel et de la nouvelle cathédrale (les deux étant contemporaines). Louis Peyrusse demande alors si l’on connaît des cheminements de bois permettant d’accéder à des portails haut placés comme celui-ci. Valérie Rousset répond que tout le monde a pensé en effet à un ouvrage de charpente conduisant à ce portail, cependant, en l’absence de traces d’ancrages, on ne peut exclure l’hypothèse d’un massif de maçonnerie. Ne faut-il pas retourner le raisonnement demande alors Maurice Scellès. Le portail avait en effet une ampleur suffisante pour laisser penser qu’il donnait sur une pente qui n’était pas difficilement franchissable ou sur un aménagement qui a disparu. C’est pour cette raison, répond Valérie Rousset, qu’elle imaginait volontiers un escalier monumental maçonné. La topographie pouvant être différente reprend Maurice Scellès, ce dernier n’était peut-être pas nécessaire. Il demande encore pourquoi notre consœur appelle-t-elle ce portail « roman » alors que ni la sculpture ni les moulures des bases n’appartiennent au répertoire de formes de ce style. Notre consœur avoue avoir repris l’appellation d’usage. Notre trésorier l’intègrerait à ce groupe de portails très ébrasés du milieu du XIIIe siècle, qui tardent à changer, comme celui de l’église de Saint-Pierre à Gaillac. Ceci indique en outre que de gros chantiers sont en cours à ce moment-là. Notre président indique que ce portail reste une énigme et que l’étude de V. Rousset montre bien les travaux de transformation du quartier canonial en résidences à caractère aristocratique.

Puis il passe la parole à Françoise Merlet-Bagnéris pour une actualisation des informations données au sujet des fouilles de la place Salinis à Auch, évoquées lors de la dernière séance. En effet, pour s’assurer de la fiabilité de ces renseignements, elle a contacté Jacques Lapart président de la société archéologique du Gers. Celui-ci lui a indiqué que le dégagement de la cathédrale a commencé par le parvis (fouilles effectuées en 2017) et il est question à long terme qu’il se poursuive par la place Salinis, mais ce projet n’est pas encore d’actualité. Par ailleurs, pour la venue du Congrès archéologique en 2023, il lui a été dit que la société archéologique du Gers n’avait aucune carte en main. Virginie Czerniak répond que le Congrès archéologique aura bien lieu dans le Gers en juin 2023 et qu’en tant que coordinatrice elle a déjà contacté Monsieur Lapart et enfin, que le programme est en train d’être élaboré.


Haut de page