Société Archéologique  du Midi de la France
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Séance du 5 octobre 2021

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Ouverture de l’année académique 2021-2022.

Communication de Gilles Séraphin : Chronologie de l’abbatiale de Souillac, nouvelles hypothèses.

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Conséquence des nouvelles hypothèses chronologiques proposées pour le clocher-porche de Moissac (cf. Congrès Archéologique de France : Tarn-et-Garonne, 2014), un nouveau regard sur l’abbatiale de Souillac conduit à recentrer sur le Limousin l’aire d’influence dans laquelle s’inscrit cette église à file de coupoles. Ce recentrage qui renouvelle des étalonnages stylistiques jusqu’à présent orientés vers le Languedoc, n’est pas sans conséquence le scénario chronologique que l’on peut proposer pour le chantier du 12e siècle et, plus largement, pour la chronologie des nefs à files de coupoles de l’Aquitaine orientale.

 

 


Présents : M. Peyrusse Président, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Czerniak, Jaoul ; MM. Balty, Cazes, Lassure, Macé, Sournia, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Dumoulin, Ledru, Viers ; MM. Kérambloch, Mattalia, Séraphin, membres correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Nadal et Pradalier ; MM. Garrigou Grandchamp et Scellès.

Louis Peyrusse exprime à l’assemblée sa vive joie de retrouver les rites qui tissent la sociabilité de notre compagnie. Contrairement à ce qui avait été annoncé par courriel, depuis le 9 août, nous ne sommes plus tenus de vérifier les QR codes, tant que nous sommes moins de 50 membres présents dans nos locaux habituels. Il annonce par ailleurs que le calendrier des séances de l’année est bouclé, il pourra donc être mis en ligne très prochainement.
Le Président rappelle également que nous recevons vendredi la Société française d’archéologie pour l’organisation du congrès qui aura lieu dans le Gers. Le 20 novembre se tiendra par ailleurs - toujours dans nos locaux -, une journée d’étude à la mémoire d’Émile Cartailhac, président de notre Société de 1914 à 1921. Enfin, l’hôtel d’Assézat accueillera à partir de demain et jusqu’au 8 octobre, un colloque international de jeunes chercheurs sur le thème Corps et pouvoir, le corps dans l’art politique des temps modernes.
Au titre des courriers reçus, une invitation au vernissage de l’exposition du Musée des Augustins Théodule Ribot, nous a été envoyée ; il se tiendra vendredi 15 octobre à 18h 00. Par ailleurs, la stèle néolithique de Montels est partie rejoindre la grande exposition internationale qui se tient actuellement au Musée national Suisse de Zurich où elle restera jusqu’au mois de janvier prochain ; nous attendons toujours le catalogue. Enfin, dans le cadre des conférences extraordinaires organisées par notre consœur Valérie Dumoulin, une communication sur les chroniques de Guilhem Pelhisson sera donnée par Laurent Macé, vendredi 15 octobre à 18h30 aux Jacobins.
Louis Peyrusse signale pour finir les dons de livres effectués au bénéfice de la bibliothèque de la Société :
-  Virginie Czerniak et Charlotte Riou (dir.), Toulouse au XIVe siècle, histoire, art et archéologie, publié aux PUM
-  Virginie Czerniak, Les peintures de la chapelle Saint-Antonin.
-  Géraldine Mallet (dir.), Yvette Carbonell-Lamothe : la passion du patrimoine.
Le Président rappelle qu’Yvette Carbonell-Lamothe a été un membre éminent de notre société, elle a longtemps occupé le poste de secrétaire général, notamment à un moment où la situation était difficile à la Société.

Louis Peyrusse annonce ensuite que nous avons reçu la candidature de Mme Coralie Machabert pour un poste de membre correspondant. Il rappelle qu’elle a reçu un prix de la société en 2020 pour son travail de thèse intitulé : La vie artistique à Toulouse de 1939 à 1958. Cette candidature doit encore être examinée par le Bureau avant d’être soumise au vote.
C’est la candidature de Mme Hortense Rolland, dont le mémoire de Master II a été également primé, qui est présentée aujourd’hui par Virginie Czerniak.
On procède au vote : Mme Hortense Rolland est élue membre correspondant.
Louis Peyrusse se réjouit à la perspective de voir de jeunes candidats intégrer notre Société.
Puis il passe la parole à notre Bibliothécaire-archiviste Christian Péligry pour un rapport sur la numérisation des collections.

C’est ensuite au tour de Gilles Séraphin de présenter sa communication longue intitulée : Chronologie de l’abbatiale de Souillac, nouvelles hypothèses .
Le Président remercie notre confrère pour cette communication foisonnante et retient deux idées principales : la première est que le Limousin est aussi créateur que le Languedoc, et la seconde, qu’il faut envisager des dates tardives qui mettent singulièrement à mal la chronologie générale de la sculpture romane qui voudrait que la rencontre du Languedoc et de la Bourgogne se fasse à Saint-Denis. Dans cette démonstration, Louis Peyrusse se dit gêné par l’utilisation de la typologie. Les comparaisons, poursuit-il, sont très convaincantes d’un point de vue formel, mais rien ne permet de déterminer la source, le centre créateur. Il manque donc à son sens des dates.
Gilles Séraphin répond que les comparaisons présentées s’appuient d’abord sur celles déjà effectuées par les chercheurs et en particulier Évelyne Proust dont le travail avait principalement attiré son attention. Il précise également qu’il a bien sillonné la région pour trouver les édifices cités en exemple et qu’il peut affirmer que les caractéristiques dont il a été question ne se trouvent nulle part ailleurs. Il y a donc bien, selon lui un foyer centré sur le Limousin. Il a pu noter d’autre part que les sculpteurs de Souillac utilisaient un calcaire blanc local, dont la carrière n’a pas été encore localisée, qu’ils semblent amener partout où ils ont œuvré. On le retrouve par exemple à Vigeois, à plus de 50 km. Ils paraissent, par ailleurs, avoir également travaillé vers le nord-est, vers le Cantal. Certains d’entre eux sont donc allés jusqu’à Moissac en passant par Cahors. Gilles Séraphin précise qu’il ne cherchait pas particulièrement à identifier un centre créateur mais plutôt à définir un contexte : celui du Bas-Limousin lui paraît évident et le plus cohérent, selon lui, serait que cette architecture et cette sculpture proviennent de cette région et non de Moissac et de Cahors.
Daniel Cazes se dit intéressé par la remise en question d’une terminologie qui ne peut plus être utilisée aujourd’hui comme le terme de « languedocien » qui nous renvoie aux travaux de Raymond Rey et d’Élie Lambert et qu’il faut désormais bannir en reprenant les études de ces édifices. Il est aussi difficile, poursuit-il, de se situer en utilisant les termes de « roman » et de « gothique ». Par exemple, les séries de chapiteaux à « langues » lisses qui garnissent les angles des corbeilles et qui s’articulent dans de grandes échancrures sont tantôt situés à une époque, tantôt à une autre selon les régions de France où on les trouve.

Le président laisse ensuite la parole à Daniel Cazes pour un compte-rendu de sa visite annuelle des propriétés de la société à Martres-Tolosane. En faisant le tour de celle de Chiragan, il a pu constater que tout allait bien. En effet le fermier entretient le terrain et respecte nos derniers accords, c’est-à-dire qu’il ne laboure plus, il se contente d’y maintenir une prairie avec des vaches. Le terrain est bordé d’arbres le long du canal du moulin et de la Nause qui continue à déverser dans la Garonne l’eau qui était amenée dans l’Antiquité sur le site de Chiragan par un aqueduc. Aucune trace d’excavation sauvage n’a été notée, contrairement à l’année dernière. Avec la municipalité élue récemment et dirigée par Loïc Gojard, qui est très attentif à notre patrimoine, nous gardons pour projet de clôturer complètement les terrains avec l’aide de subventions de la mairie ; ce sera la seule façon d’éviter les intrusions sur le site de Chiragan. C’est son adjoint, M. Philippe Arasse qui est chargé du tourisme, qui nous a envoyé un courrier pour nous annoncer que le projet de se greffer au sentier Via Garona – très fréquenté à l’heure actuelle –, est remis à l’ordre du jour. Il s’agirait de faire une boucle à partir du pont de Mauran, en suivant la rive gauche de la Garonne, longeant le site de Chiragan, rejoignant le quartier de Saint-Vidian et le barrage de Martres et permettant de récupérer le chemin sur la rive droite. La mairie a donc besoin d’un accord écrit de la Société archéologique pour avancer dans ce projet. Le 14 octobre se tiendra une réunion à la mairie de Martres où Daniel Cazes représentera la société.

Le deuxième point présenté par Daniel Cazes est celui de la parcelle de Bonan, qui se trouve aussi à Martres mais à l’opposé de Chiragan, c’est-à-dire au nord de la commune. Cette parcelle de 5011 m2 a été acquise par notre Société en 1942 à la demande d’un ou de plusieurs membre(s) dont nous n’avons pas retrouvé la trace car le dossier concernant cette parcelle a disparu. À cette date, le président Joseph Calmette a bien signé l’acte de vente (que nous avons toujours dans nos archives) et des membres de la Société, qui restent à identifier, ont effectivement fait des fouilles sur cette parcelle. Cependant, on ne sait rien sur ce qui a été trouvé et aucune publication ne semble avoir été faite à la suite de ces investigations. Il faut attendre 1972 pour que M. Louis, alors trésorier de la société, réclame par courrier les fermages de cette parcelle mise en culture par M. Delort. Puis, en 2000, à l’occasion d’un échange de parcelles, la mairie a produit des extraits cadastraux qui nous ont permis de redécouvrir cette parcelle qui n’est pas inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, contrairement à celles de Chiragan. Il faudra donc identifier précisément cette parcelle qui est recouverte de blé comme les parcelles environnantes et ceux qui la mettent en culture. Les chemins qui permettaient d’y accéder sont pour l’un cultivé (!) et pour l’autre anormalement interdit par l’exploitant d’une gravière mitoyenne.
Le président propose dans un premier temps de déterminer les confronts sur les matrices cadastrales puis de rencontrer les fermiers qui mettent la parcelle en culture, et enfin d’essayer d’évaluer le potentiel archéologique de celle-ci. Il faudra alors faire intervenir le SRA.

Au titre des informations diverses et suite au problème soulevé lors de la dernière séance de l’année académique précédente, notre trésorier montre à l’assemblée différents types de logos élaborés durant l’été. Dans une optique plus moderne et plus graphique que le profil de médaille utilisé traditionnellement sur les cartons d’invitation, une option du type de ceux de l’Académie a été prise et un graphiste a proposé une série de modèles d’Athéna. L’un d’eux a retenu l’attention du Président et le Trésorier projette toute une déclinaison de ce modèle avec les inscriptions « SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE » en rectangle ou à côté avec ou sans la devise. Il demande à l’assemblée de se prononcer sur ces modèles.
Laurent Macé regrette que le modèle retenu soit sans œil, pour lui une société archéologique « aveugle » serait gênant. Le président répond que l’œil proposé était larmoyant, c’était également gênant. Daniel Cazes regrette que finalement le logo proposé soit très proche de celui de l’Institut et rappelle que nous avons eu pendant trois ans un conflit avec la société archéologique de Carcassonne qui avait copié notre sceau. Il pense que, le bicentenaire de la société approchant, il serait judicieux que la société se dote d’un logo original, peut-être faut-il en finir avec Athéna et trouver quelque chose qui caractérise vraiment la société, un monument sauvé par elle par exemple ; il propose de lancer parmi les membres un concours d’idées. Laurent Macé ajoute que certains d’entre nous ont des talents de dessinateur et qu’il serait bien de leur demander de nous faire des propositions, il faut, selon lui, solliciter nos propres ressources. Le président rassure l’assemblée : aucune décision n’a été prise pour l’instant, nous prendrons donc le temps nécessaire à la réflexion.

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