Société Archéologique  du Midi de la France
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Séance du 22 novembre 2022

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Communication courte de Jacques Dubois, L’ensemble conventuel des Augustins de Toulouse, enquête de chronologie : des premiers travaux aux réfections et modifications des années 1500.

Bien connu du paysage toulousain, l’ensemble conventuel des Augustins, un des mieux conservés de la ville et de la région, ne bénéficiait pas encore de toute l’attention qu’il méritait et d’une étude renouvelée. L’histoire du monument ne se résume dans la plupart des cas qu’à quelques lignes reposant sur un discours uniquement fondé sur les textes, sans analyse ni confrontation avec la construction. Cette communication courte se propose donc de présenter sous le prisme de l’étude du bâti, croisée aux données des quelques sources manuscrites contemporaines des travaux, les premiers résultats d’une enquête en devenir. Ainsi, seront évoquées les différentes phases de construction et d’élaboration du couvent, entre la première campagne des années 1310 et celle des années 1500.

Communication courte de Dominique Watin-Grandchamp, Les dessous » des Vierges noires de la Daurade et de Notre-Dame du Taur
La nécessité d’effectuer un constat d’état sur deux statues de Vierge à l’Enfant, conservées dans l’église du Taur et dans celle de la Daurade, à Toulouse, a autorisé le déshabillage de ces « objets » historiques protégés. La qualité de la réalisation technique, de ce qui n’est pas vu des foules de fidèles, est médiocre. Les restaurations successives dont elles ont fait l’objet n’ont jamais été de grande qualité. Elles attestent, peut-être, une volonté de transmettre une image en conservant « l’âme » d’un objet chargé d’histoire et de symboles sacrés. Ces statues ne sont livrées aux regards et offertes à la dévotion qu’après avoir été parées de riches atours et de bijoux scintillants qui assurent leur entrée dans le monde du « merveilleux » et de l’émotion.

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Présents : Mme Czerniak, Présidente, MM. Cabau, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry, Bibliothécaire-archiviste, Mme Machabert, Secrétaire-adjointe ; Mmes Fournié, Jaoul, Merlet-Bagnéris, Watin-Grandchamp, MM. Cazes, Garrigou Grandchamp, Lassure, Macé, Peyrusse, Tollon, membres titulaires ; Mmes Dumoulin, Rolland, MM. Dubois, Pousthomis, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty, Cazes, Napoléone ; MM. Balty, Garland, Sournia.

La Présidente ouvre la séance et effectue pour commencer un point sur les dons d’ouvrages. Notre Trésorier offre trois documents : Le Gaillac, vin de ville, vin des champs, « Cahiers du Patrimoine, 108 », Paris, l’Inventaire, éditions du Patrimoine, 2015, 320 p., distribué par la Région à l’occasion du colloque sur « La peinture monumentale en Occitanie » (28-30 septembre 2022). Deux ouvrages proviennent de l’ancienne bibliothèque de Madame Enjalbert : un opus Ville de Toulouse, Construction d’un nouveau théâtre du Capitole, étude et avant-projet par L. Sainmartin, impr. du Centre, [1913] et Capella M.L., Mousseigne A., Papillaut R., Stinco A., Les Abattoirs : histoires et transformation, Toulouse, les Abattoirs, 2000, 116 p. Notre Présidente présente également un ouvrage reçu accompagné d’un courrier de la Directrice du site archéologique Lattara - musée Henri Prades, Diane Dusseaux : Les statues-menhirs et la fin du néolithique en Occitanie, collection DUO, Service régional de l’archéologie d’Occitanie-DRAC, 2022, 104 p. Il s’agit du catalogue de l’exposition pour laquelle la Société a prêté deux statues-menhirs (également disponible en ligne).

La Présidente invite ensuite Louis Peyrusse à faire un compte rendu de la réunion du 21 novembre organisée par Ana Debenedetti, nouvelle Directrice de la Fondation Bemberg, avec les Présidents des Sociétés savantes et académiques de l’Hôtel d’Assézat. Une discussion a été engagée au sujet de la plaque présentant l’Hôtel d’Assézat et les Académies et Sociétés savantes qui y sont installées. Rédigée par Paul Féron, elle mérite une nouvelle écriture. Louis Peyrusse, qui a représenté notre Société lors de cette réunion, fait également état du problème rencontré par la Fondation Bemberg au sujet de la mise aux normes incendie des bâtiments nécessitant l’installation de portes coupe-feu entre le corps du bâtiment et l’aile Ozenne. La question est à aborder avec l’Architecte en chef des Monuments historiques, Jean-Louis Rebière, en charge du chantier. Il a été assuré par Madame Debenedetti que l’escalier d’honneur resterait accessible pour l’usage. Par ailleurs, elle a rencontré Mme Debenedetti qui s’est montrée enthousiaste et pleinement ouverte à toutes les collaborations avec les Sociétés savantes. Louis Peyrusse fait circuler une version de l’avant-projet de muséographie de la Fondation Bemberg emprunté au Président Pech. La Directrice de la Fondation souhaiterait voir les travaux achevés pour la fin du printemps. Virginie Czerniak rappelle l’expérience de Madame Debenedetti, qui a œuvré pendant presque quinze ans au Victoria & Albert Museum ainsi qu’au Musée Jacquemart-André ; il s’agit d’une conservatrice très aguerrie qui souhaite faire de la Fondation un musée didactique avec une présentation modernisée. La réouverture, prévue pour le printemps prochain, est attendue avec intérêt.

Notre Présidente donne ensuite la parole à Laurent Macé pour présenter la candidature de Mme Carlyne Henocq au titre de membre correspondant.

Notre Présidente ajoute que la candidate appartient à une équipe très brillante de jeunes doctorantes de l’Université Jean-Jaurès et qu’une des raisons d’être de la Société est justement d’offrir une tribune à de jeunes chercheurs. Pierre Garrigou Grandchamp soulève la question de l’absence de publications de la candidate. Son élection constituerait-elle une jurisprudence pour la Société ? La discussion s’engage, il est précisé que des lauréats de prix de la Société sont devenus membres alors qu’ils n’avaient pas encore publié. L’objection n’est pas infondée. Ce prérequis est-il un principe ? Virginie Czerniak signale que la candidate a une publication à venir en 2023. Daniel Cazes ajoute que si, effectivement, l’intérêt de la Société est de faire entrer de jeunes talents, il faudra appliquer la même règle pour chaque candidature. Louis Peyrusse rappelle que certains membres actuels ont été élus alors qu’ils n’avaient pas de dossier de publications, notamment les jeunes docteurs. La Présidente ajoute que, en tant que chargée de cours à l’Université Toulouse Jean-Jaurès, la postulante sera régulièrement présente aux séances et active au sein de la Société par des communications et publications.

Après ces échanges il est procédé au vote. Carlyne Henocq est élue membre correspondant de notre Société.

Suivant l’ordre du jour, notre Présidente cède ensuite la parole à Jacques Dubois pour sa présentation courte intitulée : La chronologie des travaux des Augustins.

La Présidente remercie notre confrère pour ces observations. Elle demande s’il est possible de produire une frise reprenant les étapes de construction. Jacques Dubois explique que cela est encore difficile, le phasage obtenu à ce stade reste à clarifier et, surtout, certaines de ces phases sont délicates à dater. Virginie Czerniak revient sur les deux hypothèses d’interprétation : la première, celle d’un chantier étendu dans le temps jusqu’à la fin du Moyen Âge, que notre confrère repousse, et la seconde hypothèse : celle d’une reprise au niveau du gouttereau sud et de toutes les chapelles à la fin du Moyen Âge, après l’incendie de 1463. Le gouttereau des chapelles est édifié au XIVe siècle et celui de la nef plutôt après 1464 indique Jacques Dubois. Virginie Czerniak demande s’il en est de même pour le traitement de la modénature, ce qui concerne les arcs, les chapiteaux, pour l’accès aux chapelles. Notre confrère confirme ce point. Donc le gouttereau de la nef a bien été repris, il ne s’agit pas d’une fin de chantier. Virginie Czerniak s’interroge ensuite sur les traces de combustion visibles sur le morceau de poutre au niveau de l’entrée : une analyse dendrochronologique pourrait aider à affiner les datations. Le sujet est passionnant et notre Présidente saisit l’ampleur du travail pour parvenir à retracer et établir les différentes phases de constructions. Des contrats restent-ils à étudier ? Le retour aux sources archivistiques est indispensable. Dominique Watin-Grandchamp signale que Pierre Salies avait commencé ce travail et en a publié une partie. Jacques Dubois précise que son ouvrage n’inclut pas les contrats. Pierre Garrigou Grandchamp demande si les charpentes sont toutes neuves ou si des parties anciennes ont été trouvées. Elles sont toutes neuves répond Jacques Dubois. Un membre rappelle que l’ensemble a été restauré par Sylvain Stym-Popper. Valérie Dumoulin revient sur le voûtement du chœur. Cette partie qui a été financée par le marchand pastellier Pierre Buisson correspond à la partie de travaux de 1494, mais qu’y avait-il avant cette couverture : l’église était-elle plus vaste, y avait-il une toiture qui a brûlé ? Jacques Dubois indique que les indications dans le testament de 1316 sont difficiles à interpréter : il est prévu d’édifier entre les chapelles des voûtes ou des arcs en pierre. S’agit-il simplement d’une charpente sur arc diaphragme ? Daniel Cazes intervient : ayant passé dix ans au Musée des Augustins il a pu observer beaucoup des éléments montrés par notre confrère et convient qu’il est nécessaire de reprendre une analyse en archéologie du bâti, avec des relevés, ce qui constitue un travail colossal. Il rappelle qu’en arrivant aux Augustins il n’a pas eu l’impression que rien n’avait été fait pour la connaissance du bâtiment. À son sens, par rapport aux autres édifices, il existait au contraire de nombreux documents. Pierre Salies avait travaillé en archives, il existe également la précieuse chronique du Père Simplicien Saint-Martin, il y a donc beaucoup d’informations, qui ont été utilisées et publiées. Jacques Dubois reprend : à la différence des Jacobins, pour les Augustins il y a peu et aucune étude architecturale avec l’étude du bâti. Daniel Cazes ne partage pas ce bilan. Lors de son arrivée au musée, des textes avaient été trouvés, le testament de Jean de Mantes qui est un document extraordinaire a été publié trois fois, dont deux par Marcel Durliat. Il y a également des découvertes concernant les travaux de Jacques Maurin au cloître. Jacques Dubois ajoute que toutefois ces lectures sont anciennes. Daniel Cazes revient ensuite sur la question du chevet. Il n’est pas convaincu par la démonstration et pense que Marcel Durliat avait raison. Au départ le chevet était plat avec une chapelle principale, Saint-Augustin - ce qui est clair dans le texte - et deux chapelles adjacentes étaient prévues de chaque côté. Le testament n’a pas été exécuté, d’ailleurs cela se voit avec le changement de vocable puisque, côté nord, saint Pierre n’était pas mentionné dans le testament de Jean de Mantes. Daniel Cazes réaffirme donc que deux chapelles adjacentes étaient bien prévues de chaque côté du sanctuaire principal ainsi que Marcel Durliat et Sylvain Stym-Popper l’avaient observé. Jacques Dubois répond que l’étude du bâti montre le contraire, cette hypothèse est impossible. Daniel Cazes renvoie à l’observation des photographies effectuées lors des travaux de Stym-Popper, un changement de parti est visible avec l’amorce d’une autre chapelle après celle de saint Jean. D’ailleurs ce chevet est très particulier et le changement de parti est radical. Le premier parti est caractérisé par un chevet plat avec une particularité intéressante qui n’a pas été évoquée : la présence de piliers de briques octogonaux avec des passages entre les chapelles. Ce premier parti évoque à Daniel Cazes les constructions traditionnelles des Ordres mendiants d’Italie centrale, où se trouvent les plus grands édifices avec ce plan : Santa Croce de Florence, Santa Maria Novella mais aussi San Francesco de Pise… Il ne faut pas oublier que les Augustins arrivent d’Italie, c’est-à-dire que le parti de leur église n’a absolument rien à voir avec ce qui a été un peu avant conçu à Toulouse, aux Cordeliers ou aux Jacobins. Ce qui apparaît donc intéressant aux Augustins, c’est qu’après avoir eu un premier plan, on a décidé de revenir à un système toulousain plus traditionnel de nef unique avec des chapelles latérales entre les contreforts. À ce moment-là, au Sud comme au Nord, la première des chapelles de chaque côté est raccordée en prenant appui sur le premier ouvrage, datable des années 1316-1317. Le changement de parti intervient plus tard, dans les années 1320-1330. Daniel Cazes considère qu’une analyse du bâti différente peut être effectuée, notamment au sujet des éléments visibles rue Antonin-Mercié. Selon lui ils ne peuvent pas indiquer la continuité du glacis, puisqu’aucun décalage entre les deux surfaces murales n’apparaît. Notre confrère revient ensuite sur un autre point abordé, celui de l’absence de chapelle sur le côté de la rue des Arts. Or, la chapelle dite Notre-Dame-de-Pitié, qui n’est autre que la première salle capitulaire, a dès l’origine une chapelle d’axe, comme la salle capitulaire des Jacobins et celle des Cordeliers. La démolition du remplissage du XIXe siècle de l’arc d’entrée de cette chapelle d’axe a révélé des maçonneries en continuité parfaite ; il y avait un enfeu de chaque côté de la chapelle. Jacques Dubois répond que l’étude effectuée avec Bastien Lefevre montre que la chapelle d’axe de la salle capitulaire est postérieure. Le travail d’analyse se poursuit et pourra donner lieu à d’autres communications. Bernard Pousthomis demande si une photogrammétrie ou des relevés ont été réalisés ? Ce travail reste encore à effectuer.

Notre Présidente donne ensuite la parole à Dominique Watin-Grandchamp pour la seconde communication courte du jour sur "Les dessous" des Vierges noires de la Daurade et de Notre-Dame du Taur.
À l’issue, la Présidente remercie notre consœur pour cette présentation fascinante. Quant à savoir si le remploi est à caractère économique ou emblématique, Dominique Watin-Grandchamp confirme qu’il ne peut être qu’économique. Virginie Czerniak revient sur le principe du « sosie » de Notre-Dame de la Daurade, qui a aussi été constaté à Rocamadour où il y avait deux vierges au Moyen Âge. Michelle Fournié précise que toutefois elles n’étaient pas de la même époque et ne se ressemblaient pas totalement, leur taille différant notamment. Elle renvoie aux études de Marlène Albert-Llorca qui a beaucoup travaillé sur les vierges habillées en Espagne. Interrogée par la Présidente au sujet du vestiaire dont s’est chargé Maurice Prin, Dominique Watin-Grandchamp explique que le conservateur a lui-même cousu les robes. Il achetait les tissus à Rome. Il est regrettable que l’on n’ait plus les archives personnelles de Maurice Prin : ses notes auraient été extrêmement précieuses pour la connaissance des objets mobiliers toulousains. Daniel Cazes intervient à propos de la sculpture de Jean-Louis Ajon datée de 1806. Il est intéressant de remarquer la source pour cette réalisation : une tête romaine plutôt du IIIe siècle. Ce type correspond à des séries très à la mode dans les collections romaines des XVIIe et XVIIIe siècles mélangeant authentiques et quantités de copies. En 1830, Bernard Lange, sculpteur-restaurateur à l’École du Louvre et au Musée de Toulouse, faisait des envois de sculptures à Du Mège, parmi lesquelles deux têtes en marbre noir qui ont fasciné. Mérimée s’est notamment inspiré de l’une d’elles pour écrire La Vénus d’Ille. Ajon n’a pas pu connaître ces têtes mais a sans doute vu des modèles de ce type. Il n’avait pas besoin de faire le voyage à Rome pour connaître des portraits de ce genre, précise Louis Peyrusse : il y avait les gravures. Dominique Watin-Grandchamp poursuit sur l’aspect stylistique de la Vierge de la Daurade. Elle a une forme de chignon que l’on retrouve sur les bustes antiques, la référence est évidente. Cependant le chignon a été limé et l’état originel de la création d’Ajon est détérioré. Louis Peyrusse confirme que les visages s’inscrivent bien dans le néo-classicisme. Sans doute lui a-t-il été demandé lors de la commande de faire « ancien ». L’enfant reprend les schémas des portraits d’enfants du XVIIIe siècle de Pajou. Ainsi la réalisation est caractéristique de la période, associant une tête antique et une tête contemporaine d’enfant. Dominique Watin-Grandchamp souligne la complexité de l’interprétation stylistique. En effet, Ferradou et les auteurs qui ont écrit sur la Daurade racontent que : « Ajon ayant connu la sculpture ancienne, il devait respecter la commande des paroissiens en reproduisant aussi fidèlement que possible les traits de la figure vénérée ». De là à parler de la Vierge médiévale qui aurait pu être antique… Louis Peyrusse remarque la différence de qualité entre la Vierge de la Daurade, exécutée par un sculpteur, et la Vierge du Taur, médiocre. Martine Jaoul revient sur les morceaux de bois délabrés de la sculpture originelle du Taur visibles sous la structure restaurée. Comme il s’agit d’une Vierge miraculeuse, les éléments n’ont sans doute pas été détruits car ils faisaient presque partie des reliques et du caractère sacré de la statue. Dominique Watin-Grandchamp ajoute que la grande statuaire peut être retrouvée au pied des façades de bâtiments remaniés, ou enterrée en terres consacrées complète Virginie Czerniak. Cependant, dans ces cas, ce sont des images de la vierge et non des statues miraculeuses rappelle Martine Jaoul. Celle du Taur ne devient miraculeuse que quand elle est appelée Notre-Dame de la Délivrance, quand les protestants passent par la porte Villeneuve pour sortir de Toulouse, indique Dominique Watin-Grandchamp. Michelle Fournié ajoute que celle de la Daurade n’est probablement pas miraculeuse au Moyen Âge mais le devient dans la seconde moitié du XVIe siècle.
Pour compléter, Michelle Fournié prend la parole pour une brève communication intitulée : Vierges sans dessus-dessous.
Concernant les proportions du « pseudo-corps », trapu, de la Vierge du XIXe siècle, Dominique Watin-Grandchamp pense qu’Ajon a en fait reproduit les proportions d’un personnage assis, selon la forme du modèle d’origine. Il n’y avait en effet pas de raison de donner à la Vierge actuelle cette forme magot. D’ailleurs, le sosie est une statue très élancée, filiforme. Michelle Fournié résume ses observations sur la statue ancienne. Elle date vraisemblablement de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle en se fiant à la datation paléographique du dessin du relevé d’inscription (du bas de la statue) réalisé par le moine du Mas-Grenier. Par conséquent, si cela est bien exact, c’est cette statue qui continuellement, jusqu’à sa destruction en 1799, a été utilisée pour les processions. Michelle Fournié pense ainsi que cette statue, si elle date de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle, était certes vénérée mais n’est devenue miraculeuse et n’a été « processionnée » qu’à partir de la seconde moitié du XVIe siècle, aucune attestation n’ayant été trouvée auparavant. D’autre part cela correspond à la chronologie générale de ces vierges noires miraculeuses. Dominique Watin-Grandchamp poursuit : si son positionnement dans le chœur indique son importance, le Livre des miracles est tardif (1637) au moment où les Mauristes réorganisent les dévotions et se réapproprient le chœur de la Daurade. Il ne subsiste pas de mention plus ancienne. Michelle Fournié ajoute qu’il existe des mentions antérieures de procession, de 1665 voire peut-être 1655 d’après Étienne Raymond (publication de 1965) mais les cotes d’archives qu’il cite semblent erronées. Michelle Fournié conclut son intervention en rappelant la seule représentation de ce qu’il reste du retable de Nicolas Bachelier à Saint-Étienne. Ce retable se compose de deux étages : en bas la mort de la Vierge et au deuxième niveau une statue qui est aussi une Vierge noire habillée. Elle semble proche de celle de la Daurade. Notre consœur n’a jamais trouvé de mention de Vierge noire à Saint-Étienne. Pourrait-il s’agir de celle de la Daurade ? cela semble peu probable. Laurent Macé souhaite revenir sur le dessin de l’inscription. Des lettres enclavées permettraient de confirmer une datation vers 1280-1290. Patrice Cabau demande : la transcription « Rainaldus » est-elle erronée, faut-il lire « Raymundus » ? La bonne transcription est la première, répond Michelle Fournié. Notre consœur précise que dans le Livre des miracles, il y a trace d’un don dans les années 1620 à Notre-Dame de Bethléem, ce qui atteste de la présence d’une statue sur l’autel dans la crypte. Il y a au moins six à huit statues de la Vierge utilisées à la Daurade dans les différentes confréries.

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