Société Archéologique  du Midi de la France
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Paul OURLIAC (1911-1998)

Membre de la S.A.M.F. (1941-1998)
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Paul OURLIAC

1911-1998

Membre de la S.A.M.F.
(1941-1998)

 

 

La bibliographie des travaux de Paul Ourliac établie pour le recueil d’articles Études d’histoire du droit médiéval paru en 1979 (Paris : Picard, 636 p.) a été complétée par le livre d’hommage : Paul Ourliac, historien du droit, paru en sa mémoire en 1999 (Toulouse : Presses de l’Université des sciences sociales, 103 p.).

 

Élu membre correspondant de notre Société quelques mois à peine après son arrivée à la Faculté de Droit de Toulouse en qualité d’agrégé (1941), membre titulaire en 1943, devenu membre libre en 1992, Paul Ourliac n’assistait plus depuis longtemps à nos séances. L’infirmité contre laquelle il a lutté avec courage durant toute sa vie l’empêchait de monter les deux étages du terrible escalier de l’hôtel d’Assézat. Mais, s’il ne prenait plus une part active à nos travaux, les fonctions qu’il occupa longtemps à la Mairie de Toulouse comme conseiller municipal, comme adjoint à la Culture, puis comme premier adjoint de Pierre Baudis, l’amenèrent à agir dans un domaine qui ne nous est pas indifférent. Il veilla notamment à l’enrichissement des musées municipaux par une politique d’achats ou d’échanges et on se souviendra qu’il eut à régler le difficile problème posé par la restitution de la statue funéraire du cardinal Pierre de la Jugie, prêtée par le musée des Augustins le temps de l’exposition organisée à Narbonne lors du septième centenaire de la cathédrale Saint-Just en 1972 et jamais revenue à Toulouse. L’accord du 19 août 1976, dont il fut le principal artisan du côté toulousain, mit fin avec élégance au conflit qui venait d’opposer pendant plusieurs années les deux municipalités : les « gisants » narbonnais, entrés au musée des Augustins au XIXe siècle, furent mis en dépôt à Narbonne ; la ville de Narbonne s’engagea à mettre en dépôt à Toulouse deux toiles du peintre Rivalz détenues dans ses musées. C’est d’ailleurs au titre de délégué aux Archives, Bibliothèques et Musées qu’il reçut les membres de la Société lors de leur visite au musée Paul-Dupuy le 22 novembre 1966.

Dans les premiers temps de son sociétariat, Paul Ourliac a présenté un certain nombre de communications. La première, Louis XI et le cardinal Bessario du 1er décembre 1942, a été publiée dans notre Bulletin (p. 33-52). Il y mettait en œuvre les matériaux recueillis au cours des recherches qu’il avait menées aux Archives du Vatican lors de son séjour à l’École française de Rome en 1936-1938. C’est là, avec le mémoire publié dans les Mélanges d’archéologie et d’histoire de 1938, l’un des jalons d’une démarche qui devait aboutir à la publication, en collaboration avec un autre de nos confrères, le chanoine Étienne Delaruelle, du tome XIV de la grande histoire de l’Église de Fliche et Martin, consacré à L’Église au temps du Grand Schisme et de la crise conciliaire paru en 1963, et aux prolégomènes du tome XIII de l’Histoire du droit et des institutions de l’Église d’Occident, paru en 1971, où il devait décrire ces institutions pour le XVe siècle. Il n’a pas achevé ce volume, mais il en a dispersé la substance dans nombre d’articles qu’il serait trop long d’énumérer ici.

 Le 1er février 1944, la communication qu’il consacre au Droit des personnes à Avignon aux XIVe et XVe siècles (publiée dans les Annales du Midi) est fondée sur sa thèse de l’École des Chartes, pour laquelle il avait obtenu le prix Auguste Molinier en 1936, et sur sa thèse de doctorat en droit : Droit romain et pratique méridionale : Étienne Bertrand, soutenue en 1937 devant la Faculté de Droit de Paris. Le 26 mars 1944, il prononçait la conférence de notre séance publique annuelle sur Le Diable au Moyen-Âge, restée inédite, mais où, au dire du rapport moral de l’année académique 1943-1944 présenté par M. Damien Garrigues, il montrait « l’évolution de l’idée et de la représentation du Diable non seulement sur les monuments du Moyen-Âge mais encore dans les écrits de Jean Wier, démonologue du XVIe siècle, et jusque dans les évocations de l’Enfer de Dante, du Mephistopheles de Goethe et du Faust de Delacroix ». En 1951, nouvelle communication sur le servage dans la région toulousaine, qui deviendra l’Hommage servile dans la région toulousaine des Mélanges d’histoire du Moyen-Âge dédiés à Louis Halphen et qu’il développera plus tard dans les Mélanges offerts à Edmond Perroy en 1973 sous le titre Le servage à Toulouse aux XIIe et XIIIe siècles. Enfin, sa dernière communication, en 1953, analyse un manuscrit enluminé du Décret de Gratien, conservé alors au château de Merville, et paraîtra dans les Studia Gratiana (t. I, p. 305-321).

 L’œuvre scientifique de Paul Ourliac est considérable et touche à bien des domaines : histoire du droit privé et du droit public, histoire de l’Église et du droit canonique, histoire des idées politiques ; elle déborde même le domaine historique et englobe le droit rural moderne, Paul Ourliac ayant été l’un des premiers commentateurs, et des plus autorisés, du statut du fermage édicté par la loi du 13 avril 1946, à propos de l’application duquel il a donné des dizaines de notes dans les revues de jurisprudence. On retiendra ici surtout ses travaux sur les coutumes méridionales commencées en 1950 avec une Note sur les coutumes successorales de l’Agenais et poursuivies tout au long de sa carrière, marqués par deux volumes de publication sur les Coutumes de l’Agenais (1976 et 1981) et l’édition des Fors anciens de Béarn (1990) et par plus d’une vingtaine d’articles mettant en lumière les dispositions de ces coutumes. Les archéologues pourront y trouver d’utiles renseignements. Pour n’en citer qu’un exemple, l’article Une statue de Justinien en Rouergue vers 1140 (Revue historique de droit français et étranger, t. 66, 1988, p. 329-335) montre que l’identification de l’une des statues de l’hôtel de ville de Saint-Antonin avec le personnage de l’empereur Justinien permet de préciser la chronologie de la pénétration du droit romain savant dans le midi de la France au XIIe siècle. Et l’édition du Cartulaire de l’abbaye bénédictine de Lézat (1984-1987) a permis notamment à notre regretté confrère, le général Henri Ménard, de compléter considérablement ses recherches sur les églises disparues du diocèse de Rieux.

 En terminant ce bref exposé sur l’oeuvre de Paul Ourliac on ne saurait passer sous silence l’action menée dans bien d’autres domaines par ce grand professeur, cet habile administrateur, ce consultant écouté qu’il fut tout au long d’une exemplaire carrière.

 

Henri GILLES
février 1999

 

 


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