Liste des manuscrits enluminés
de la région toulousaine au 14e siècle
Les plus grandes collections de peintures médiévales du monde ne sont pas au Louvre ou au Metropolitan Museum, mais dans les bibliothèques patrimoniales, sur les pages des manuscrits enluminés, à l’abri de la lumière du jour.
Jusqu’à présent invisibles au commun des mortels, il est désormais possible de feuilleter ces ouvrages en ligne grâce au vaste mouvement de numérisation des collections entrepris par les bibliothèques à l’échelle internationale.
Dans le cadre des journées d’études sur « Toulouse au 14e siècle » organisées par Virginie Czerniak et Charlotte Riou les 9 et 10 novembre 2017 à Toulouse, j’ai souhaité présenter un état des lieux des recherches sur l’enluminure toulousaine du 14e siècle, pensant naïvement que la liste des manuscrits concernés rentrerait facilement en annexe dans la publication des actes [1]. Trois ans plus tard, force est de constater que cette annexe, avec plus de 160 manuscrits concernés, a pris une ampleur qui ne correspond plus aux contraintes d’une publication papier.
Étant donné que la plupart des manuscrits sont désormais accessibles en ligne (et en couleur !) via internet, il me semble plus judicieux de publier cette liste en ligne et d’offrir ainsi un panorama global de la question ainsi qu’un recueil visuel de ce qu’est l’art toulousain enluminé de cette période. La synthèse tirée de cette liste est quant à elle publiée dans les actes des journées d’études, et mise à jour dans le catalogue de l’exposition « l’Art à Toulouse au 14e siècle », tous deux prévus pour une publication en 2021-2022.
La production de manuscrits enluminés dans la région toulousaine entre 1290 et 1410 a fait l’objet de nombreuses publications, des années 1990 jusqu’à aujourd’hui. Les manuscrits toulousains, dispersés dans plusieurs bibliothèques du monde, attendaient néanmoins d’être réunis dans une même liste. La notion d’enluminure toulousaine est assez fluctuante selon les auteurs, et elle inclut, selon les cas, des œuvres associées à Toulouse, Albi, Narbonne, Lagrasse ou encore Rabastens.
Nous n’avons pas intégré à cette liste les manuscrits enluminés rattachés plus probablement à la production avignonnaise, même si certains ont des liens étroits avec l’enluminure toulousaine (comme l’atelier du Liber Visionis Ezechielis ou l’atelier du Speculum Humanae Salvationis, qui en dépit de traits stylistiques languedociens, travaillaient vraisemblablement en lien avec les commanditaires avignonnais [2]). Nous avons également choisi de ne pas mettre dans cette liste les pontificaux de Pierre de Saint-Martial (Paris, BSG, 143) et Pierre de la Jugie (Narbonne, Trésor, ms. 2) longuement étudiés ailleurs [3].
La recherche actuelle en histoire de l’art s’intéresse avant tout aux manuscrits très enluminés ; c’est pourquoi cette liste ne contient quasiment que des manuscrits ornés d’or et de peintures, en dépit des nombreux manuscrits filigranés qu’il faudrait prendre en compte et qui attendent d’être étudiés. Les manuscrits sont classés par ordre chronologique en fonction de leur fourchette de datation, rassemblés en groupe par ateliers identiques ou proches. Les titres des œuvres sont simplifiés. La bibliographie est volontairement réduite aux seuls travaux d’histoire de l’art qui ont repéré l’origine toulousaine ou méridionale du décor des manuscrits ou établi les premières comparaisons stylistiques. En réalisant cette liste, j’ai parfois pu proposer quelques rapprochements inédits entre manuscrits sans pouvoir cependant étayer en détail mes hypothèses. Il m’a paru intéressant de conserver ces propositions, en guise de piste qu’il conviendra de confirmer ou pas. Tous les manuscrits cités ont été vus au moins sous forme de reproductions sauf mention contraire. Entre crochets, je précise les éléments de datation et de localisation expressément indiqués dans le manuscrit.
Le but de ce travail est de recenser et de rassembler du mieux possible tous les manuscrits enluminés actuellement associés à la production toulousaine. J’avais également à cœur de pouvoir nommer pour chaque manuscrit, les chercheurs et chercheuses à l’origine des premières attributions stylistiques. Cette tâche s’est avérée plus difficile que prévue, et je m’excuse par avance des éventuelles erreurs que j’aurais pu commettre en créditant les différentes découvertes. Les versions futures de cette liste sont ouvertes à l’amélioration et vous pouvez m’écrire pour me signaler toute remarque en ce sens [emilienadal (at) yahoo . fr] Cette liste se veut exhaustive, mais il ne s’agit pas graver dans le marbre les comparaisons qui y sont proposées. C’est avant tout un outil de travail destiné à ordonner et rendre accessible un corpus devenu considérable.
Pour finir, je souhaite remercier tout particulièrement François Avril, précieux relecteur de cette liste, et Hiromi Haruna-Czaplicki, amie et collègue de la Société archéologique du Midi de la France, avec qui j’ai pu échanger sur plusieurs des pistes et comparaisons exposées ici.
Émilie Nadal
[1] Émilie Nadal, « L’enluminure toulousaine au XIVe siècle », in Virginie Czerniak, Charlotte Riou (éds.), Toulouse au XIVe siècle. Art et archéologie, actes du colloque des 9 et 10 novembre 2017, Toulouse, PUM, à paraître en 2021.
[2] Francesca Manzari, La miniatura ad Avignone al tempo dei Papi, Modène, 2006.
[3] Émilie Nadal, Le Pontifical de Pierre de la Jugie. Le Miroir d’un Archevêque, Turnhout, 2017.