LA MAISON AU MOYEN   ÂGE
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Groupe de travail

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RÉPERTOIRE GÉOGRAPHIQUE
FRANCE ~ HÉRAULT ~
PIGNAN


 

INVENTAIRE DES ÉDIFICES DOMESTIQUES DES XIIe, XIIIe ET XIVe SIÈCLES
À PIGNAN

par Pierre GARRIGOU GRANDCHAMP
avril 2002

 

INTRODUCTION

Le castrum de Pignan est mentionné dès 1025 dans un acte du monastère de Psalmody. Au XIIe siècle il prend plus d'importance : c'est le siège d'une seigneurie dépendante de la seigneurie de Montpellier, qui dépend aussi des seigneurs d'Aumelas (1) ; en 1114 il est inféodé à Pierre-Guilhem de Pignan par Guilhem V de Montpellier. Les seigneurs de Pignan prêtent serment de fidélité aux Guilhems en 1139, 1156 et 1175. Le testament de Guilhem, en 1121, ainsi que deux serments de 1175 citent le solerium et la bisturris de Pignan.

Le castrum paraît avoir été divisée entre plusieurs lignages, sans doute de la même famille et dès le XIIe siècle. Le régime de co-seigneurie s’est traduit dans le paysage urbain, chacune des lignages souhaitant affirmer ses droits en construisant une résidence : l’organe le plus marquant en était la haute tour carrée. Il en reste 5, dont trois dérasées, mais il n’est pas impossible que d’autres aient existé, à l’emplacement du château classique et au chevet de l’église (T1 à T5). Il ne reste que peu de vestiges des logis qui devaient accompagner ces tours ; l’impasse des Acacias donne accès à une cour bordée par un corps de logis de la fin du XIIIe siècle (A). Le seul autre logis conservé, antérieur au XVe siècle, est également situé dans le premier noyau (B). La salle voûtée signalée par les SEGONDY (maison 5 de l'inventaire), n'a pu être visitée ; elle se trouvait en limite N du premier noyau, mais à l'extérieur de celui-ci.

" Le bourg résulte de deux phases successives d’urbanisation :  un groupe d’îlots occupant une aire vaguement elliptique, avec l’église paroissiale pour foyer, en constitue le noyau " (une des portes de l’enceinte qui le ceignait subsiste) (P1) (2)." Les quartiers est et sud résultent d’une extension. La porte fortifiée du front nord-ouest, dite Portal de l’Horloge, appartient à une seconde clôture, fortifiée de 1386 " (P2).

Bourg castral important, Pignan s’est constitué autour d’un fort aristocratique. Le caractère tardif des extensions est confirmé par le fait qu’elles ne comportent un habitat de qualité qu’à partir de la fin du XVe siècle. Le paysage de tours, qui lui donne un air italien, se retrouve dans de nombreux castra du Gard, notamment en Uzège, à Sabran et aussi à Durfort. Enfin, notons que l’habitat du fort ne suit pas un parti linéaire, avec des demeures formant un ordre continu, mais présente un aspect alvéolaire : il doit correspondre à une structure sociale aristocratique de nuclei familiaux dominant chacun une aire, dont la géographie serait à tenter.

1. Mai 1149: Hommage d'Amalric de Pignan à Guillem d'Omelas pour le château de Pignan (Hérault). A.D. Hérault, G 1123, noté registre A, folio 248 r° - édité dans le " Cartulaire de Maguelone ", de J. ROUQUETTE et A. VILLEMAGNE, t. I, Montpellier, 1912, charte n° LXXVIII, pages 158 à 159. 

2. SOURNIA et VAYSSETTES 1996, p. 455.

 

BIBLIOGRAPHIE

Le site de Pignan est méconnu. On dispose de peu d'études :

BONNET 1938. BONNET (E.), Répertoire archéologique de l'Hérault, 1938 , p. 46.

Cartulaire des Guilhems. Liber instrumentorum memorialum. Cartulaire des Guilhems, publié par A. GERMAIN, Société archéologique de Montpellier, 1884-1886, p. 173, 583, 585-587, 594, 599, 601, 735.

SEGONDY 1994. SEGONDY (P. et J.), Pignan en Languedoc, éd. Lacour - Ollé, 1994 (414 p.).

SOURNIA et VAYSSETTES 1996. SOURNIA (B.) et VAYSSETTES (J.-L.), Guide du Patrimoine, Languedoc-Roussillon, J.-M. Pérouse de Montclos dir., Paris, 1996 (intelligente notice p. 455).

Plan de la ville

INVENTAIRE

1. Demeure de la 2e moitié du XIIIe s. (impasse sur l'allée des Acacias et 5, rue Cournut ; cad. 904) : situés en A sur le plan de la cille, 2 corps de logis en L enserrant une cour paraissent les vestiges d'une demeure plus importante ; ils sont construits en moyen appareil de pierre de taille soigneusement layée, avec parties en opus monspelliensis. Petite aile S / niveau 2 : fenêtre géminée (murée) aux baies couvertes de linteaux découpés (ou défoncés) d'arcs brisés dessinés par une moulure torique ; près de l'angle des 2 ailes, grande porte ogivale (chanfreins), donnant sur une galerie plus tardive longeant l'aile O. Les murs de la cour conservent divers arcs.

2. Tour du XIIe s. (1, rue Cournut / angle de la place de la Mairie ; cad. 273) : située en T5 sur le plan de la ville, la tour est éventrée et dérasée ; il n'en reste plus que 2 murs en opus monspelliensis. L'édifice a été englobé dans des constructions du XVIIe s.

3. Tour du XIIe s., dite " tour communale " (entre le 3, rue Cournut et l'impasse ; cad. 275 - E) : située en T1 sur le plan de la ville, la tour est complète ; haute d'une trentaine de mètres, elle est entièrement bâtie en opus monspelliensis ; ses façades sont très peu percées : oculus remarquablement appareillé au sommet du pignon E ; elle semble avoir été couverte d'un toit à 2 pans. Elle a un plan carré de 7 m de côté hors œuvre (4,85 x 4,90 m dans œuvre) ; niveau 1 voûté en berceau d'axe N-S.

    Tour située à l'arrière-plan

Documentation : Casier archéologique, dossier HYVERT (1951) : fiche historique et descriptive, plan de masse, photographies. Dossier de protection (ISMH 28.7.1999).

4. Tour du XIIe s. (angle de la rue Cournut et de l'impasse ; cad. 275 - O) : située en T4 sur le plan de la ville, la tour est dérasée et n'est plus conservée que sur une dizaine de mètres de haut. Ses murs, bâtis en opus monspelliensis, sont aveugles sur les faces N et O.

Tour dérasée située au premier plan sur la photographie précédente.

5. Maison du XIVe s. ( ? ) (rue du Four) : salle gothique très haute, voûtée sur croisée d'ogives, avec très belle clef de voûte.

Bibliographie : SEGONDY 1994, p. 40-43.

6. Tour du XIIe s. (angle de la Grande rue et de la place de la Mairie ; cad. 213) : située en T3 sur le plan de la ville, la tour est incluse dans une construction plus tardive. Elle est dérasée d'au moins un étage, mais est entièrement bâtie en opus monspelliensis. Façade S sur la place : porte en plein cintre au niveau 2.

Documentation : Casier archéologique, dossier HYVERT (1951), "maison Burlon " : fiche historique et descriptive, plan de masse, photographies.

7. Tour du XIIe s., dite " tour du Bousquet " (28, rue de la Villette et 17, rue du Four ; cad. 241) : située en T2 sur le plan de la ville, la tour est enclavée en cœur d'îlot et n'est accessible que par des impasses. Conservée sur toute sa hauteur d'une trentaine de mètres, elle est entièrement bâtie en opus monspelliensis. Elle a un plan carré d'environ 6,50 m de côté. Les façades ne sont percées que de fentes d'éclairage couvertes par un linteau échancré : 1 au niveau 2, au N-O et l'autre au niveau 3, au N-E.

Documentation : Casier archéologique, dossier HYVERT (1951) : fiche historique et descriptive, plan de masse, photographies. Dossier de protection (ISMH 28.7.1999).

8. Maison du XIVe s. (10, rue de la Villette ; cad. 229-230) : située en B sur le plan de la ville, la maison est enclavée dans un îlot et accessible par une impasse donnant sur une cour. Edifice à 2 niveaux, construit en pierre de taille. A défigurée par des percements multiples ; niveau 2 : 2 portes ogivales accessibles par un escalier extérieur à 2 volées en retour et une galerie portée par un arc rampant ; fenêtre géminée à 2 baies couvertes de linteaux droits défoncés d'arc brisés redentés de trilobes.

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Documentation : dessin d'A. CONSTANTIN (extraite d'un ouvrage non identifié), Bibliothèque des arts décoratifs, Paris, collection Maciet, 74 vol. 7bis. Bibliographie : SOURNIA (B.) et VAYSSETTES (J.-L.), Montpellier : la demeure médiévale, Etudes du Patrimoine, n°1, Inventaire général, Paris, Imprimerie nationale, 1991, p. 78 (donnée en exemple comme maison à escalier extérieur).

 


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