LA MAISON AU MOYEN   ÂGE
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Groupe de travail

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RÉPERTOIRE GÉOGRAPHIQUE
FRANCE ~ OISE ~
SENLIS

 


INVENTAIRE DES ÉDIFICES DOMESTIQUES ROMANS ET GOTHIQUES DES XIIe, XIIIe ET XIVe SIÈCLES DANS LES PAYS DE L'OISE.

par Pierre GARRIGOU GRANDCHAMP
mars 1999

 

SENLIS. (chef-lieu d'arrt.)

Toutes les caves conservées à Senlis n'ont pas été répertoriées.

1. Palais royal

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A. Parties romanes :

Adossé au rempart, dont il a annexé 2 tours. Œuvre du roi LOUIS VI qui le reconstruisit de fond en comble dans les années 1130. Il comprend un gros donjon à contreforts, dont ne subsiste que le rez-de-chaussée, et un grand logis : malgré sa ruine partielle, c’est la plus ancienne demeure royale capétienne bien connue. Accès depuis la rue du Châtel par une porterie : noyau roman entre 2 tours plus tardives. Cour, de nos jours immense du fait de la disparition des annexes qui la fermaient à l'est et à l'ouest ; en fait de modestes dimensions pour un palais : un peu plus de 45 m de largeur, d'est en ouest, et 20 à 30 m de profondeur, du nord au sud, soit moins de 1200 m2. Sa taille peut être appréciée en la comparant à l'immense cour de l'évêché de BEAUVAIS (60 à 80 m de profondeur sur 50 m de largeur), voire à celles des maisons canoniales " de la belle Image" et "du Chantre", qui mesuraient respectivement 270 m2 et 325 m2.
Cœur du logis composé par 3 corps de bâtiments placés à la suite, le long du rempart.
Corps Est : au rez-de-chaussée un cellier et à l'étage la grande salle avec une chambre aménagée dans la tour ; chapelle accolée à son flanc sud. Corps central : au 1er niveau les cuisines (du moins au XIIIe s.) et au 2e la salle royale. Corps occidental : chambre du roi au-dessus d'un espace à vocation ancillaire, sans doute un cellier ; une annexe, oratoire ou cabinet, occupait l'étage de la tour et complétait l'appartement royal.
Contraste entre le petit appareil de moellons, à peine façonnés, et l’emploi de la pierre de taille pour les angles et tous les encadrements des baies, et dans les parties conservées du donjon. Toutes les surfaces de moellons étaient enduites. Bâtiment de la grande salle : modeste décor sculpté (porte de l'angle sud-est, au rez-de-chaussée et arcs aveugles du pignon ouest, dépourvus de tout ornement et appareillés au nu du mur. La ruine complète des fenêtres prive cependant d'un important élément d'appréciation). Chapelle : décor sculpté de grande qualité et sa structure notable (sous la travée occidentale de la nef, passage vers le cellier ; au-dessus tribune royale, de plain pied avec la grande salle, avec laquelle elle communique par une belle porte ; la travée orientale de la nef et le chœur s'élèvent en revanche sur 2 niveaux) ; voûtes d'ogives retombant sur des piles composées et murs rythmés par des arcs aveugles à la modénature puissante. Sculpture des chapiteaux est typique de la production du Beauvaisis des années 1130-1140. A la jonction entre chapelle, grande salle et salle royale, un vide a été aménagé, pour partie dans l'épaisseur des maçonneries, et pour partie en encorbellement ; il s'agit d'une sorte de retrait, pour conserver à l’abri des documents précieux ou un trésor.
Salle royale : un des plus beaux morceaux d'architecture civile romane ; murs pignons et arrachements des murs goutterots en témoignent. Murs de la pièce du rez-de-chaussée soit nus, soit percés d'arcades et de portes mettant en communication la cuisine, les celliers et la cour. Mur de l'étage animés d’arcatures aveugles portées par des colonnettes ou des faisceaux de colonnettes, assis sur des banquettes. Profils puissant des arcs : 2 tores séparés par des gorges profondes. Chapiteaux : décor dominant à larges feuilles plates avec volutes d'angles. Bases du type attique à griffes ; tailloirs sobres (un bandeau surmonte un biseau) ; un seul abaque, celui du faisceau de colonnettes occidental, montre une articulation plastique à 3 dés par face. Note de fantaisie apportée par les fûts en bâtons brisés des faisceaux de colonnettes.

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B. Parties des XIIIe et XIVe s.

Aménagements de l'appartement du roi au XIIIe s. par saint Louis : chambre du roi avec plafond à poutres peintes et fenêtre géminée sous arc ogival (2 baies barlongues séparées par un meneau-colonnette et couvertes par des linteaux évidés par 2 arcs brisés). L'aile qui reliait cette chambre au prieuré Saint-Maurice a disparu. Aménagement au cours de la deuxième moitié du XIVe s., par Charles V : nouvelle cheminée (hotte et souche) et grande fenêtre à double traverse de la chambre du roi ; oratoire dans la tour contiguë (fenêtre ogivale qui a perdu ses remplages et porte encadrée de moulures toriques à petits chapiteaux), surmonté par une petite pièce avec fenêtre géminée à meneau couverte par un linteau en bâtière.

VERMAND (D.), "Le palais royal de Senlis et le prieuré Saint-Maurice", De Hugues Capet à Saint-Louis. Les Capétiens et Senlis, La sauvegarde de Senlis, n° 56, 1987, p. 18-23.
VERMAND (D.), Le palais royal. Le prieuré Saint-Maurice, Patrimoine senlisien 2, 1992.
MESQUI, "Notes sur l’habitat noble rural...", 1993, p. 123-124 (plans restituées des deux niveaux).

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2. Prieuré Saint-Maurice 1262-1264.

Sous l'aile ouest, cave d'une exceptionnelle qualité et bien datée, à 2 nefs de 3 travées ; croisées d'ogives, avec arcs formerets, qui retombent sur 2 colonnes centrales et des culots sculptés des mêmes crochets nerveux ; bases polygonales et tailloirs festonnés. La cave est accessible par un escalier extérieur dans l'angle nord-ouest ; dans l'épaisseur du mur un sas comporte 2 logements latéraux pour les huis du portail d'entrée. 8 soupiraux l'éclairent (3 à l'est, 2 à l'ouest et 2 au nord). L'aile orientale est couverte par une remarquable charpente du XIIIe siècle. Vestiges de peintures murales des XIIIe-XIVe s.

3 à 7. Caves des XIIIe et XIVe s. (2 à 12, rue de l'Apport-à-Pain) (cad. 1, 4 et 5)

5 caves voûtées sur croisées d'ogives, dont tous les axes sont perpendiculaires à la rue.

N° 2 (cad. 1 / moitié ouest) : cave à 2 vaisseaux de 3 travées ; épine de 2 colonnes ;
N° 4 (cad. 1 / moitié est) : cave à 2 vaisseaux de 3 travées ; épine de 2 colonnes ; puits contre la paroi est ; emplacement de l'escalier d'accès de puis la rue dans l'angle nord-ouest ;
N° 6 (cad. 4) : cave à 1 vaisseau de 3 travées, complété par un espace couvert de 2 voûtes ; escalier d'accès de puis la rue en place dans l'angle nord-ouest ;
N° 8-10 (cad.5 / moitié ouest) : cave à 2 vaisseaux de 3 travées ; épine de 2 colonnes ; emplacement de l'escalier d'accès de puis la rue dans l'angle nord-est ;
N° 12 (cad. 5 / moitié est) : cave à 1 vaisseau de 3 travées ; emplacement de l'escalier d'accès de puis la rue dans l'angle nord-ouest ;

CHARPENTIER (Cl.), Plan permanent de protection du secteur sauvegardé de Senlis, 1968, p. 13 : plan des caves des n° 2 à 12. Sauvegarde de Senlis, n° 6, p. 14-17 (photographies).

8. Maison du XIIIe s. (1, rue de Beauvais) (cad. 55).

Édifice de plan barlong parallèle à la rue, bâti en moyen appareil. À l'extrémité gauche du rez-de-chaussée, portail en arc segmentaire inscrit dans un arc brisé aveugle. Cave voûtée sur croisées d'ogives, retombant sur une colonne (chapiteau à feuilles).

Sauvegarde de Senlis, n° 15, p. 15 (photographie de la cave).

9. Maison du XIIIe s. (3, rue de Beauvais) (cad. 54).

Édifice composé de 2 maisons au minimum. 2 caves :
+  la première à 4 travées voûtées d'ogives sur colonne centrale ; escalier montant à la rue ;
+  la seconde à une nef de 5 travées voûtées sur croisées d'ogives.

Sauvegarde de Senlis, n° 15, p. 15.

10. Cave du milieu du XIIIe s. (17, rue de Beauvais) (cad. 38).

Édifice en retrait de la rue d'une dizaine de mètres, avec long escalier, comptant actuellement 2 travées voûtées sur croisée d'ogives, mais au moins 4 originellement : la colonne incluse dans le mur recoupant la cave a un chapiteau à crochets sous un tailloir festonné. 

11. Maison de la 2e moitié du XIIIe s. (19, rue de Beauvais) (cad. 37).

Maison de grande taille (amputée de son extrémité droite), de plan barlong, parallèle à la rue. En façade sur rue, 5 grandes baies ogivales soulignées d'un tore sont les seuls reste du parti d'origine ; au rez-de-chaussée, à droite, vestiges d'une arcade qui se poursuivait dans l'emprise actuelle du n° 21. En façade arrière subsiste une fenêtre géminée sous arc ogival (2 baies barlongues séparées par une haute et mince colonnette et couvertes par 2 linteaux évidés de trilobes au sommet légèrement pointu ; tympan percé d'un grand oculus circulaire). La cave à plusieurs travées voûtées sur croisée d'ogives se poursuivait sous une partie des maisons n° 17 et 21 contiguës.

Congrès archéologique, 1905, p. 107-109. Sauvegarde de Senlis, n° 17, p. 11-12 (photographies de la façade) et n° 19, p. 12-13. BONNET-LABORDERIE, L'art gothique..., 1998, p. 11, fig. 3 : fenêtre en façade arrière.

12. Cave du milieu du XIIIe s. (25, rue de Beauvais) (cad. 26).

Édifice perpendiculaire à la rue, à 2 nefs de 4 travées voûtées sur croisée d'ogives ; les colonnes, très hautes, ont des chapiteaux à crochets, des bases et des tailloirs polygonaux. L'escalier d'accès de puis la rue, situé dans l'angle nord-est, a disparu.

13. Maison du XIIIe s. (20, rue Bellon) (cad. 60).

Façade en pierre de taille dont ne subsiste plus qu'un pan au rez-de-chaussée, avec un grand portail en arc segmentaire, inscrit dans un arc brisé aux arêtes chanfreinées (même type que 1, rue de Beauvais).

14. Maison de la 2e moitié du XIIIe s. (4-6, rue du Châtel) (cad. 157).

Édifice comptant à l'origine un seul étage et présentant, actuellement, un mur goutterot sur la rue. Le rez-de-chaussée est entièrement repris (restauration récente de deux arcade et une porte du XVIe s.). L'étage conserve les éléments de 3 hautes fenêtres barlongues à croisées, dont celle du centre est presque intacte ; elles sont couvertes par 2 linteaux évidés de remplages aveugles : des trilobes aux formes rondes s'inscrivent dans un cadre oblong. Sur les piédroits comme sur les meneaux, des petits coussinets soigneusement profilés (bandeau au-dessus d'une gorge entre 2 petits tores), sont disposés sous l'appui des traverses et des linteaux. Ces fenêtres à croisées sont parmi les plus anciennes répertoriées en France. Les formes arrondies des trilobes comme les profils des coussinets s'accordent avec une datation dans la seconde moitié du XIIIe s. (à comparer à celles du palais des comtes de Provins et à celles, un peu plus tardives du manoir de Saint-Symphorien à Pontpoint).

15-16. Caves du XIIIe s. (17-21, rue du Châtel) (cad. 17 et 18).

Ensemble complexe qui paraît réunir les caves de deux maisons. La première, au nord, est à 4 travées sur colonne centrale ; le mur du fond est percé de 2 grands arcs brisés qui donnent accès à un petit local. La deuxième est disposée le long de la rue et comporte 2 nefs de 4 travées voûtées sur croisées d'ogives, retombant sur une épine de 3 colonnes et des culots le long des murs ; les chapiteaux aux tailloirs polygonaux, avec un seul rang de grandes feuilles, sont datables de la deuxième moitié du XIIIe s. ; 2 escaliers la desservent, un depuis la rue (dans l'angle sud-ouest), l'autre depuis la cour (sur la face ouest).

17. Hôtel des Trois pots d'étain, XIIIe-XVIe s. (43, rue du Châtel) (cad. 31-32).

Résidence attestée par des sources depuis 1290. En 1429 l'hôtel "consiste en maison, hôtel, cuisine, étables, grange et jardin" ; la cuisine séparée est toujours identifiée en 1522 ; en 1793 sont attestées deux belles caves sous les bâtiments, "voûtées en branches d'ogives". L'édifice actuel date pour l'essentiel du XVIe s.

LEQUOY, vol. 2, 1985, p. 330, 332 et 340.

18. Hôtel du Flamand, 1ère moitié du XIVe s. (10, rue des Cordeliers) (cad.118 ).

Édifice initialement composé d'au moins 2 ailes en L, embrassant une cour ouverte vers la rue, avec tourelle d'escalier à la jonction des ailes. Il en reste l'aile orientale, perpendiculaire à la rue : des cordons et des fenêtres à croisée paraissent dater du XVe s., mais la tourelle conserve une porte clairement attribuable au XIVe s. : son tympan s'orne de remplages aveugles (trilobe inscrit dans un arc ogival), sous une archivolte. L'escalier à vis dessert des portes rectangulaires, avec linteau sur coussinets, qui mènent à l'aile sud (en fond de cour) : un corps de bâtiment médiéval a donc précédé l'actuel logis classique. Cet hôtel gothique est un précoce exemple de résidence à logis en retrait par rapport à la rue, avec avant-cour.

GRAVES, 1874, p. 431.

Société historique et archéologique de Senlis : photographie de la cour (origine : Comité archéologique de Senlis).

19-20. Caves des XIIIe et XIVe s. (2, place de la Halle-rive sud/ rue Sainte-Geneviève) (cad. 10). Deux caves sont réunies sous une seule maison ; à l'aplomb des murs des deux façades originelles, les parois nord des caves montrent chacune une paire d'arcades. À l'ouest, 2 vaisseaux de 3 travées voûtées sur croisées d'ogives ; escalier d'accès depuis la rue détruits, autrefois dans l'angle nord-est ; un mur isole le vaisseau occidental, qui est inaccessible. À l'est, vaisseau unique de 3 travées voûtées sur croisées d'ogives ; escalier d'accès depuis la rue en place dans l'angle nord-est (arc segmentaire). Puits dans l'angle sud-est.

21 à 24. Caves des XIIIe et XIVe s. (7-9 - rive nord et 4-8 - rive sud, place de la Halle).

N° 7-9 (cad. 133) : 4 travées voûtées sur croisées d'ogives ; colonnes centrale et adossée (au nord) ; escalier originel menant à la rue dans l'angle sud-est ;
N° 4 (cad. 11) : 2 vaisseaux de 3 travées voûtées sur croisées d'ogives, complétés par une travée voûtée en berceau ; épine de 2 colonnes ; escalier d'accès depuis la rue ruiné, dans l'angle nord-ouest ;
N° 6 (cad. 12) : vaisseau unique de 5 travées voûtées sur croisées d'ogives ; escalier d'accès depuis la rue ruiné, dans l'angle nord-est ;
N° 8 (cad. 14) : vaisseau unique de 3 travées voûtées sur croisées d'ogives ; escalier originel menant à la rue dans l'angle nord-est.

LEBLANC (H.), "Un exemple d'occupation du sous-sol senlisien", Revue archéologique de l'Oise, n° 20, 1980, p. 28-31 (plans et coupes).

25. Cave du XIVe s. (3, place Henri IV, dépendance de la mairie) (cad. 62).

Édifice à 4 travées voûtées sur croisées d'ogives ; colonne centrale : chapiteau lisse et tailloir polygonal ; dans l'angle nord-ouest, escalier d'accès depuis la rue dont l'arc segmentaire est conservé.

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26. Maison du XIIIe s., dite 'le Petit Apremont" (angle 41, rue du Lion et 12, rue de la Montagne Saint-Aignan) (cad. 132).

Maison d'angle à un étage, dont la façade principale semble être celle qui présente un pignon sur la rue du Lion. Elle est bâtie en pierre de taille ; son rez-de-chaussée s'ajourait d'une arcade au tracé brisé (et peut-être 2) ; à l'étage, on croit distinguer les fantômes de 2 grandes fenêtres inscrites dans des arcs brisés. 

Sauvegarde de Senlis, n° 19, p. 12-13 (photographies de la façade).

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27. Maison canoniale de Saint-Rieul, début du XIVe s. (2, place Mauconseil) (cad. 18).

L'édifice comprend une maison d'angle à un étage, relié à une tourelle d'escalier à vis par une aile étroite ; un autre corps de logis devait s'étendre dans le prolongement de la tourelle, le long de la rue (une porte ouvre à l'étage de la tourelle ; des baies rectangulaires sont conservées dans le mur du jardin, qui pourrait être le rez-de-chaussée de l'aile détruite). Si la tourelle est contemporaine des 2 corps de bâtiments, elle commandait les circulations entre eux. Deux caves dans des dépendances actuelles pourraient avoir fait partie de la propriété médiévale. Le corps conservé présente la particularité d'avoir un rez-de-chaussée voûté : 4 travées de croisées d'ogives retombant sur une colonne centrale et des piliers engagés ; clefs sculptées (le décor est très repris, non sans anachronismes). La cave présente le même plan, avec une colonne à beau chapiteau polygonal à un rang de feuilles.

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28. Maison canoniale de Saint-Rieul, milieu du XIIIe s. (3, place Mauconseil) (cad.4).

Édifice qui ne conserve que son mur de façade nord, arasé. La moitié orientale, sans doute un pignon à l'origine, s'ajoute à l'étage de 2 fenêtres géminées inscrites sous un grand arc brisé ; les baies barlongues sont séparées par un meneau et couvertes de linteaux évidés de trilobes ; les sommets des piédroits et des meneaux sont cantonnés de petits coussinets moulurés ; le tympan de chaque fenêtre est percé d'un grand oculus carré ; un cordon d'appui mouluré règne sous les fenêtres. Dans la partie droite de la façade, grand massif rectangulaire saillant : c'est le coffre d'une cheminée installée au rez-de-chaussée ; arrachements de la hotte triangulaire.

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29 à 31. Caves du XIIIe et du XIVe s. (1, rue de Meaux/rue de la République) (cad. 45).

3 caves contiguës sous la même maison classique, restes probables de 3 maisons distinctes :

+ à l'angle, cave de plan grossièrement carré, à colonne centrale : chapiteau lisse, tailloir et bases octogonaux (XIVe s. ?) ; escalier vers la rue autrefois dans l'angle sud-est ; croisées d'ogives à voûtains aplatis ; les 2 travées occidentales sont amputées (murées ou comblées ?) ;

+ cave centrale de surface comparable, couverte d'un berceau segmentaire parallèle à la rue ; un arc doubleau médian, perpendiculaire à la rue ; escalier autrefois dans l'angle sud-ouest ;

+ cave orientale de grande qualité à 2 nefs de 3 travées, d'axe parallèle à la rue ; les croisées d'ogives retombent sur 2 colonnes et sur des demi-colonnes engagées dans des piliers ; arcs formerets ; très beaux chapiteaux à crochets, tailloirs festonnés et bases circulaires ; au nord chaque travée voûtée d'ogives est prolongée par une travée de même largeur voûtée en berceau. Escalier vers la rue débouchant autrefois dans la travée médiane. Dans le mur à l'aplomb de la façade sur rue, 2 arcs (un brisé et un segmentaire).

32-33. Caves du XIIIe s. (13-15, rue de Meaux/rue de la République) (cad. 44).

2 caves non contiguës, sous la même maison, restes de 2 maisons distinctes :
+ cave occidentale (N° 13), dont près de la moitié est sous la cour d'entrée, la maison ayant été amputée lors de la reconstruction consécutive aux destructions de la 2e guerre mondiale. Ampleur exceptionnelle : 4 nefs perpendiculaires à la rue, comptant 3 travées chacune. Voûtes de croisées d'ogives retombant sur 6 supports centraux et des demi-colonnes ou quarts de colonnes engagées le long des murs ; au nord, les doubleaux étant très larges, les supports centraux ne sont pas des colonnes mais des piliers avec demi-colonnes engagées. Très beaux chapiteaux à crochets. Escalier vers la rue autrefois dans le 2e travée à partir de l'ouest ;
+ cave orientale entre rue et cour (N° 15) ; 2 nefs perpendiculaires à la rue, comptant 2 travées chacune : voûtes sur croisées d'ogives aux voûtains aplatis ; colonne centrale avec chapiteau à crochets plats, collés à la corbeille et tailloir polygonal ; base reprise ; ni formeret, ni culot : retombées maladroites dans les murs. Escalier vers la rue conservé, dans l'angle sud-ouest. 2 arcades brisées dans le mur sud, sous la façade. Pas de soupirail sur rue ; soupirail sur cour.

34 à 36. Caves des XIIIe et XIVe s. (12-18, rue de Meaux/rue de la Poste) (cad. 33).

3 caves non contiguës, sous la même maison, restes probables de 3 maisons distinctes :
+ cave occidentale (N° 12), à l'angle des rues, à 2 nefs perpendiculaires à la rue, comptant 3 travées chacune ; voûtes sur croisées d'ogives : 2 colonnes à chapiteaux à feuilles "naturalistes", plaquées sur la corbeille, de facture assez fruste (vers 1300 ?) ; tailloirs polygonaux ; ni culots, ni formerets. Escalier vers la rue autrefois dans l'angle nord-est. Puits dans l'angle sud-est. Dans le mur sud, 2 arcades brisées ouvraient vers d'autres espaces.
+ cave contiguë à la précédente (N° 14), parallèle à la rue ; 2 travées aux voûtes sur croisées d'ogives très aplaties (XIVe s. ?) ; doubleau médian perpendiculaire à la rue ;
+ cave orientale (N° 18) à 2 nefs perpendiculaires à la rue, de 3 travées chacune ; voûtes sur croisées d'ogives retombant sur 2 colonnes : chapiteau nord à crochets avec gros bouton trilobé (milieu du XIIIe s.) et tailloir polygonal (chapiteau sud repris) ; ni formeret, ni culot. Escalier vers la rue autrefois dans l'angle nord-ouest.

37. Cave de la 2e moitié du XIIIe s. (5, place G. de Nerval/24, rue Poulaillerie).

La cave, actuellement sous la cour, est la seule partie subsistant d'une grande maison qui montrait un long mur goutterot sur la rue. Elle compte 2 nefs de 4 travées voûtées sur croisées d'ogives, retombant sur une épine de 3 colonnes : les chapiteaux à un rang de feuilles et les tailloirs polygonaux échancrés annoncent la 2e moitié du XIIIe s. Un escalier porté par un arc relie la cave à la rue dans l'angle sud-est.

38. Maison de la 2e moitié du XIIIe s. (21, rue Sainte-Geneviève) (cad.134).

Demeure à un étage, avec goutterot en façade, dont l'organisation est en partie restituable grâce au grand nombre de vestiges des percements. À l'étage, au-dessus d'un cordon d'appui, ouvraient 4 fenêtres géminées avec fines colonnettes médianes et moulures dégageant des colonnettes sur les piédroits. Au rez-de-chaussée grande arcade à l'angle ouest ; à sa gauche porte barlongue : le niveau du linteau, surmonté d'un arc de décharge, laisse entendre qu'elle donnait accès à une cave. Sous le cordon d'appui, dans la moitié est, on peut restituer 2 fenêtres géminées à linteaux droits, qui paraissent bien hautes par rapport au cordon d'appui et ne semblent pas pouvoir appartenir à la même organisation que les fenêtres de l'étage.

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39. Maison du XIIIe s. (23-25, rue Sainte-Geneviève) (cad.145).

Édifice à étage, avec pignon sur la rue : 3 baies gothiques annoncent un comble aménagé et un étage couvert par un plafond, ou une grande salle d'étage couverte par une charpente ; la baie centrale du pignon a les dimensions d'une porte, ce qui est en faveur de la première hypothèse. À l'étage, les 4 fenêtres modernes paraissent s'être insérées dans les embrasures de fenêtres gothiques dont les arrière-voussures segmentaires sont devenues apparentes. Retrait du mur entre l'étage et le pignon. Un grand portail en arc brisé donne accès à un passage sur le côté droit de la maison : cette disposition semble d'origine et il ne devait pas y avoir de bâtiment contigu à l'ouest. Dans le mur mitoyen avec le n° 27, sous une demi-arcade, est aménagé un puits commun aux 2 propriétés ; sa margelle polygonale annonce le XIVe ou le XVe s.

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40. Maison du XIIIe s. (35, rue Vieille-de-Paris) (cad.87).

Haute maison à goutterot sur la rue, comptant à l'origine un seul étage. Des fenêtres de celui-ci subsistent les traces d'un cordon d'appui bûché et 2 grands arcs ogivaux (y en avait-il un troisième au centre ?), qui devaient abriter des baies géminées.

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41. Maison du XIIIe s. (31-33, rue Vieille-de-Paris) (cad.88).

Très grande demeure avec goutterot sur rue et un seul étage à l'origine. Elle est bâtie en pierre de taille. À l'extrémité sud du rez-de-chaussée ouvrait une arcade au tracé brisé ; les autres percements ont disparu. À l'étage ouvraient au moins 4 grandes fenêtres sous les grands arcs ogivaux ; entre les deux grands arcs du tiers sud on distingue un arc de plus petite taille. 

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42. Évêché, des XIe, XIIe et XIIIe s.

Adossé à la muraille gallo-romaine, dont il a annexé 2 tours : contigu au sud à la "porte de Reims" du castrum et au nord à la cathédrale. Grand corps de logis le long du rempart et aile perpendiculaire : seule l'amorce de celle-ci est romane (extrémité constituée par la chapelle gothique). Mur extérieur du grand logis, soit adossé au rempart, soit appuyé sur lui en retrait (ce qui laisse subsister un passage sur le haut de la courtine). Tour nord ou "tour des archives" : à l'origine reliée à l'évêché seulement par ce chemin de ronde (le bâtiment qui achève le corps de logis au nord, tout contre le chevet de la cathédrale, n'a livré aucun élément antérieur au XIVe siècle). Les sources écrites permettent de restituer un plan de masse moins ouvert : la cour actuelle, enserrée entre la cathédrale au nord et les ailes est et sud, était fermée à l'ouest par des bâtiments à usage domestique (étables et greniers) ou qui abritaient des offices, peut-être l'officialité, dès le XIIIe siècle. Rien, cependant, ne nous renseigne sur la période d'érection de ces annexes.
Logis principal : très transformé ; aucune baie d'origine visible de l'extérieur. Dans les murs qui sont assis sur le rempart, percements romans masquées par la galerie Renaissance : 4 portes barlongues avec arrière-voussures en plein cintre et au moins 2 grandes fenêtres en plein cintre. Mur sur la cour : au rez-de-chaussée de la grande pièce voûtée à la fin de l'époque gothique, porte et grandes baies largement ébrasées vers l'intérieur. Corps de logis B : paraît un des plus anciens (fin XIe-début XIIe siècle ?), au vu des baies romanes en plein cintre murées sur la façade sud, qui regarde la rue.
D’après les sources : chambre de l'évêque et grande salle à l'étage à la fin du Moyen Âge ; vaste cellier dans une partie du rez-de-chaussée. La comparaison avec les autres édifices contemporains permet d’avancer l’hypothèse qu’il en était déjà probablement ainsi au XIIe siècle. Distribution de l'édifice très mal conservée : même la place du refend qui devait diviser le grand corps de logis à hauteur de la tour centrale, n'est pas certaine. Avec ses 450 m
2 (environ 50 m de longueur sur de 9 m large) de surface couverte sur deux niveaux, soit 900 m2 au total dans le seul grand corps de logis principal, ce palais offrait une très grande surface habitable.

CRÉPIN-LEBLOND (Th.), " Le palais épiscopal de Senlis au Moyen Âge : étude historique et monumentale ", Mémoires de la Société historique et archéologique de Senlis, 1990-1994 (1995), p. 198-218.
GARRIGOU GRANDCHAMP, "L'architecture civile romane… ", 1997, p. 189-190.

43. Hôtel de Vermandois, années 1140.

Situé entre le palais royal et la cathédrale, il intègre étroitement un pan de mur et une tour d'enceinte du castrum gallo-romain. Œuvre du comte Raoul 1er de VERMANDOIS, beau-frère, sénéchal et familier de LOUIS VII, et cousin de LOUIS VI. En 1194, cette demeure appartient déjà au chapitre cathédral (maison canoniale jusqu'à la Révolution). L’histoire et le décor sculpté concordent pour placer la construction quelques années avant la mort de Raoul, soit dans les années 1140. Plan de masse simple : corps de logis rectangulaire et tour gallo-romaine. Des annexes, de part et d'autre du logis, complétaient sans doute l'hôtel, mais il ne s'en est rien conservé ; tourelle d'escalier adossée au pignon sud du XVIe siècle ; aile orientale, contre le rempart, construite au XIXe siècle.
Aucun refend : une seule grande pièce de 110 m
2 environ (16 m x 7 m) par niveau, complétée par 2 pièces plus petites, de 20 m2, dans la tour qui comporte 2 étages au-dessus d’une base pleine. Cave complètement transformée : actuellement divisée en 2 parties couvertes, l'une par une voûte en plein cintre du XIXe siècle, et l'autre par 2 voûtes d'ogives. Une ouverture en plein cintre dans l'angle nord-est, atteste que l'hôtel roman disposait déjà d'une cave, vraisemblablement plafonnée. Au 1er niveau, aucun aménagement intérieur, ni aucun élément de décor. Le seul vestige roman est une porte à linteau droit sous arc de décharge, sur le pignon sud.
Étage : sur toutes ses faces, arcatures retombant sur une banquette, par l'intermédiaire de colonnettes ; arcs à double rouleau torique, sous archivolte, puissamment modelés ; chapiteaux : décors végétaux qui renvoient au vocabulaire employé dans les parties les plus anciennes de la cathédrale ; bases : type attique à griffes. La plupart des arcs étaient aveugles, mais au moins 2 sur chacune des façades ouest et est enserraient une fenêtre géminée. Face orientale, entre les 2 fenêtres : piédroits d'une vaste cheminée romane. Vestiges d'un décor peint géométrique conservés sur une des fenêtres de la face est : chevrons blancs sur un fond ocre jaune ; peinture appliquée à même la pierre.
Contraste saisissant entre la nudité des façades extérieures et la richesse du décor intérieur. La grande salle aux murs scandés par ces arcatures très plastiques offre un remarquable exemple de structuration des plans dans les espaces intérieurs. Il est renforcé, à l’extérieur, par l'opposition entre la maçonnerie de moellons, peu régulière, et les parties en pierre de taille, qui témoignent d'une stéréotomie sûre.

CRÉPIN-LEBLOND (Th.) et VERMAND (D.), " L’ancien hôtel de Vermandois à Senlis ", Mémoires de la Société historique et archéologique de Senlis, 1986-1989 (1991), p. 124-156.
GARRIGOU GRANDCHAMP, "L'architecture civile romane… ", 1997, p. 187-189 (plan de l’étage). 

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44. Maison canoniale de Saint-Rieul, XIIe s.

Il en subsiste un linteau, au musée du Louvre.

F. BARON, " Relief provenant de dépendances de l’église Saint-Rieul ", De Hugues Capet à Saint-Louis. Les Capétiens et Senlis, La sauvegarde de Senlis, n° 56, 1987, p. 52-53.

 

À confirmer : Linteau de la fin du XIIIe s. (1, rue du Petit-Chaalis).
Portail en arc segmentaire ( angle rue du Petit-Chaalis et Saint-Prothaise)
Maison avec cordon et porte rectangulaire chanfreinée (rue Saint-Prothaise).

 


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