Mémoires de la Société
Archéologique du Midi de la France



Tome LV (1995)


SOMMAIRE

Georges BACCRABÈRE, Les puits funéraires toulousains du quartier d’Empalot des IIe et Ier siècles avant J.-C.

Les quinze puits funéraires et les deux fosses observés à la faveur de travaux divers dans le quartier d'Empalot s'ajoutent à un corpus déjà nombreux à Toulouse. L'inventaire du matériel contenu par ces cavités permet de les dater des IIe et Ier siècles avant J.-C. et conduit à s'interroger sur des pratiques funéraires qui restent difficiles à cerner.

Nelly POUSTHOMIS-DALLE, Le cloître de Saint-Jean de Catus (Lot) et son décor : découvertes récentes

Les apports de la fouille de sauvetage menée en 1994 au prieuré Saint-Jean de Catus sont multiples. Le présent article ne rend compte que des données nouvelles concernant le cloître détruit pendant la guerre de Cent Ans. La découverte d'un ensemble lapidaire exceptionnel permet la restitution graphique de la galerie orientale du cloître. L'intérêt de la découverte réside non seulement dans la qualité exceptionnelle de ces sculptures, mais aussi dans la possibilité de les intégrer à l'œuvre d'un atelier qui a travaillé à la salle capitulaire de Catus. L'ornementation du cloître, riche et diverse, témoigne de la présence d'artistes contemporains des grands chantiers toulousains et quercynois des années 1110-1150 et enrichit notre connaissance de la grande sculpture romane languedocienne en lui apportant la touche « personnelle » d'artistes qui ont contribué à son essor.

Maurice SCELLÈS, Cahors, ville et architecture civile aux XIIe, XIIIe et XIVe siècles

Ville moyenne, Cahors connaît aux XIIe-XIVe siècles un essor important, dont la marque la plus visible est la construction de deux ponts supplémentaires. L'action urbanistique des consuls se manifeste aussi par l'aménagement de places dans le cœur de la cité. Une trentaine de maisons « romanes » permettent de proposer une chronologie de ces constructions. Trois monographies illustrent l'analyse de la grande demeure des XIIIe-XIVe siècles. L'évolution de la maison est surtout marquée par l'amélioration du confort et par le changement intervenu dans le décor avec l'adoption des formes du gothique français.

Pascal JULIEN, Notre-Dame de Bonnes-Nouvelles, chapelle du cloître de l'abbatiale Saint-Sernin

Le cloître de l'abbaye Saint-Sernin abritait une très ancienne chapelle consacrée à Notre-Dame de Bonnes-Nouvelles, où les femmes enceintes venaient prier pour d'heureuses naissances. Un riche marchand de soie la fit entièrement reconstruire en 1642 puis la fit décorer par certains des meilleurs artistes toulousains, comme le peintre Hilaire Pader. Il ne reste de ces décors que deux statues qui furent commandées au sculpteur Gervais Drouet, l'une conservée au musée des Augustins de Toulouse et l'autre dans la cathédrale Saint-Étienne, à laquelle elle avait finalement été donnée.

Pascal-François BERTRAND, Le commerce de la tapisserie au XVIe siècle : échanges artistiques entre Toulouse, Aubusson et les Flandres

À la lumière de nouveaux documents, dont un permettant d'identifier Jean Péchaut comme étant le licier qui exécuta dans les années 1532-1533 la tenture de l'Histoire de saint Étienne de la cathédrale de Toulouse, cet article se propose de revenir sur l'usage de la tapisserie à Toulouse au XVIe siècle, en s'intéressant à la clientèle, l'Église principalement, et aux fabricants flamands, aubussonnais et toulousains, en prenant soin de distinguer ces derniers ce qui n'est pas toujours aisé des négociants.

Dominique WATIN-GRANDCHAMP, Yves CRANGA, Le château de Massuguiès au Masnau-Massuguiès : un château dans son décor

Le château du Masnau-Massuguiès dans le Tarn est reconstruit de 1606 à 1620 par son nouveau propriétaire Jean de Lacger, riche parlementaire protestant de Castres. Conservant le parti défensif du vieux château du XIVe siècle des Rabastens, une nouvelle mise en œuvre et un sobre décor confèrent à l'édifice le prestige qui sied alors au goût du milieu castrais. Dans un cabinet de travail, un étonnant décor de grisailles couvre les murs de scènes anecdotiques, paraissant évoquer la vie mouvementée de Jacques de Lacger, personnage rocambolesque qui avait fort peu hérité du côté mesuré de la famille.

Michèle HENG, Le voyage aux Pyrénées de John Claude Nattes (26 avril-29juillet 1822)

Le Musée Pyrénéen de Lourdes possède deux albums inédits du dessinateur et topographe anglais John Claude Nattes (1765 ?-1822) comportant trois cents dessins précisément datés. Ces carnets, destinés à une publication ultérieure, sont le fruit d'un voyage aux eaux des Pyrénées puisque Nattes effectua deux cures thermales, à Bagnères-de-Bigorre puis à Cauterets. Outre l'intérêt que son œuvre présente pour l'histoire du thermalisme, Nattes s'est attaché à dessiner les monuments et le patrimoine bâti du piémont pyrénéen. Pour un archéologue, son témoignage est précieux, compte-tenu de sa précocité ; néanmoins, il convient de s'interroger sur sa fiabilité : nous a-t-il livré un état des lieux ou a-t-il cédé aux effets pittoresques et à la maladie des ruines ?

Jean NAYROLLES, Les églises néo-romanes dans le diocèse de Toulouse

Souvent occultée par l'engouement romantique pour le style gothique, la redécouverte de l'art roman n'en constitue pas moins un important phénomène dans la culture et dans l'art du XIXe siècle. Ce fut à la fois l'émergence d'un nouvel objet de connaissance archéologique, l'enjeu d'un élargissement considérable du patrimoine monumental et une source d'inspiration inépuisable dans le cadre de l'éclectisme architectural qui régna entre 1830 et 1900. Toutes les spéculations savantes sur l'art roman peuvent se « lire » à travers une production néo-romane témoignant par ailleurs d'un souci de logique constructive qui ne saurait être assimilée au seul rationalisme néo-gothique. Le diocèse de Toulouse, malgré sa relative pauvreté durant le siècle dernier, offre un échantillon particulièrement intéressant de la variété néo-romane.

Bernard MONTAGNES O.P., Le sort des Jacobins de Toulouse négocié entre la Ville et les Dominicains (1869-1870)

En 1870, les Dominicains de Toulouse ont été sur le point d'acquérir le couvent des Jacobins de Toulouse, que la Ville, après l'avoir rachetée à l'État, consentait à leur vendre afin qu'ils puissent rendre l'église au culte et y ramener les reliques de saint Thomas d'Aquin. Ainsi, ce qui s'est accompli en 1974 mais sans les Dominicains pour le septième centenaire de la mort de saint Thomas d'Aquin aurait pu se réaliser un siècle plus tôt. L'article relate l'ensemble de la négociation en ses diverses phases depuis 1868.

Bulletin de l'année académique 1994-1995

Les procès-verbaux des séances de la Société rendent compte de ses différentes activités, reproduisant en particulier les discussions qui suivent les communications, que celles-ci soient publiées ou non dans les Mémoires. On y trouvera aussi des informations sur des fouilles archéologiques, des restaurations en cours ou des découvertes diverses à Toulouse, Cahors ou Agen...