Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 2016

Séance privée
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Ouverture de l’année académique.

Communication de Philippe GARDES

Quinze ans d’archéologie protohistorique en Midi-Pyrénées

Depuis 15 ans l’archéologie protohistorique a connu des avancées significatives en Midi-Pyrénées. Cette évolution s’explique surtout par le développement spectaculaire de l’archéologie préventive. En une dizaine d’années, plus de 200 opérations de terrain, d’intérêt très variable, ont révélé de nouveaux sites ou contribué à l’étude de sites déjà connus. La reprise de fouilles sur des établissements emblématiques de la Protohistoire régionale, comme Le Puy d’Issolu, Vieille-Toulouse, Toulouse-Saint-Roch ou Roquelaure, doit tout particulièrement être soulignée, de même que des découvertes exceptionnelles comme le sanctuaire des Touriès à Saint-Jean et-Saint-Paul (Aveyron).

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Vue aérienne du site de Roquelaure-Sioutat, Gers(D. Vignaud)

Parallèlement la Protohistoire a obtenu une reconnaissance académique à travers des recrutements et la constitution d’une équipe de recherche à l’Université de Toulouse-Jean-Jaurès.
Ces conditions ont facilité l’émergence de nouveaux champs de recherche et le renouvellement de problématiques majeures, comme celles liées au processus d’urbanisation, à l’économie agricole ou à la transition avec l’époque romaine. Une abondante bibliographie rend compte de cette période d’intense activité.


Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-Adjoint, Péligry, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Bessis, Cassagnes-Brouquet, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Merlet-Bagnéris, Nadal, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, MM. Garland, Garrigou Grandchamp, Julien, Lassure, le Père Montagnes, Peyrusse, Surmonne, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty, Benquet, Czerniak, Munoz, MM. Debuiche, Gardes, Molet, Pousthomis, Sournia, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Andrieu, Cazes, Fournié, Heng, Lamazou-Duplan, MM. Boudartchouk, Garland, Landes, Mattalia.

Le Président ouvre l’année académique en se félicitant du programme bien rempli des communications à venir. Il rappelle que notre Société garde un rôle extrêmement important dans le cadre de la défense du patrimoine. Dans un contexte international alarmant (on pense notamment aux destructions en Syrie), il ne faut pas perdre de vue qu’en France aussi les destructions et l’habitude consistant à remplacer les originaux par des copies menacent notre patrimoine. Sans parler de l’« affaire Saint-Sernin » sur laquelle nous reviendrons en fin de séance.

Notre Compagnie a appris au cours de l’été la triste nouvelle du décès de notre confrère Claude Péaud-Lenoël, directeur de recherche honoraire au CNRS, survenu le 11 août 2016 à Albi, dans sa 98e année. Diplômé de l’École nationale supérieure d’agronomie, docteur ès sciences, Claude Péaud-Lenoël était un spécialiste reconnu de la biochimie fonctionnelle des plantes, mais c’est son intérêt pour l’histoire et l’archéologie qui l’avait conduit à rejoindre notre Compagnie. Élu membre correspondant en 1988, il avait notamment joué un rôle dans les débuts informatiques de la Société archéologique, et mis en place le circuit des commandes pour les abonnements aux Mémoires. En habitué des publications scientifiques internationales et parfaitement bilingue, il a été l’initiateur des résumés en anglais de nos Mémoires, et leur traducteur pendant près de dix ans. Aussi efficace que discret, il était assidu à nos séances jusqu’à ce qu’il soit contraint de quitter Toulouse pour Rabastens d’où il continuait néanmoins à suivre les activités de notre Société.

Claude Péaud-Lenoël (Paris 1918 - Albi 2016)

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Claude Péaud-Lenoël est né le 15 octobre 1918 à Paris. Sa mère Claudine Péaud, originaire de l’Ain, née Bernard de la famille de l’illustre physiologiste Claude Bernard, est créatrice de mode chez Worth, célèbre maison de couture. Son père adoptif Louis Adolphe Lenoël, originaire de Normandie, est chirurgien à Nice. C’est dans cette ville que Claude Péaud-Lenoël fait ses études et passe son baccalauréat de Mathématiques élémentaires au lycée Masséna. Il fait ses classes préparatoires à Paris, au lycée Henri IV, mais mobilisé pendant la guerre de novembre 1939 à octobre 1941, il ne peut intégrer l’Institut National Agronomique de Paris qu’en 1942. Il obtient son diplôme d’Ingénieur Agronome en 1944. Il se marie la même année et sera père de trois enfants.
Après une nouvelle mobilisation sous les drapeaux de mars à septembre 1945, Claude Péaud-Lenoël entre à l’Institut Pasteur de Paris où il entreprend des recherches en Biochimie microbienne. Il passe sa thèse d’Ingénieur Docteur en 1947, est nommé attaché de recherche au CNRS l’année suivante, obtient sa licence ès Sciences à la Sorbonne en 1949, enfin soutient sa thèse de Doctorat d’Etat ès sciences en 1957. Durant cette période très riche en activités, il fait deux séjours à l’étranger, l’un en 1949-1950, à Louisville dans le Kentucky, chez Seagram, distillerie renommée des États-Unis et l’autre d’un an (1952-1953), à Cuba, en tant que Professeur de Microbiologie industrielle et de Biochimie à l’Université de Santiago.
En 1958, il transfert ses activités de recherches dans un laboratoire du « Groupe des laboratoires du CNRS » à Gif-sur-Yvette où il crée une unité de Biochimie et d’Hormonologie des Plantes. Il introduit et développe en France des méthodes innovantes de cultures cellulaires végétales. Il est nommé Directeur de recherche de 2e classe au CNRS en 1960 et il est chargé d’un cours de Microbiologie à la Sorbonne de 1959 à 1961.
En 1972, le CNRS lui confie la création et la direction d’un nouveau laboratoire sur le campus de la Faculté des Sciences de Marseille-Luminy. Promu Directeur de recherche de 1re classe, il fonde le « Laboratoire de Biochimie Fonctionnelle des Plantes » et spécialise ses travaux scientifiques par des approches de Biologie moléculaire. Il anime son équipe jusqu’en 1987, date de sa retraite.
Claude Péaud-Lenoël est l’auteur d’une centaine de publications dans des revues internationales à comité de lecture et il est co-auteur de plusieurs articles ou revues dans des ouvrages scientifiques publiés en France et à l’étranger, notamment en Allemagne et aux USA. Sur invitation, il a donné des conférences à de multiples congrès européens ou américains et présenté un grand nombre de communications au cours de rencontres internationales. Il a été co-organisateur de deux colloques internationaux du CNRS qui se sont tenus à Gif-sur-Yvette, en 1960 sur la chimie des glucides, et en 1980 sur l’hormonologie végétale, donnant lieu à la publication d’ouvrages spécialisés. Il a fait partie de nombreuses sociétés scientifiques françaises et étrangères et a été rédacteur de la revue « Journal of Plant Growth Regulation ». Il a été membre du Comité National du CNRS et du Conseil Supérieur des Universités. Il était un scientifique « semeur d’idées », ayant le souhait de transmettre son savoir et de communiquer à ses élèves, comme il l’écrivait, « l’enthousiasme pour la connaissance et le goût de la nouveauté ».
Durant son activité professionnelle, il n’a pas pour autant délaissé ses activités culturelles. Il a été un membre actif du Club archéologique du CAES du CNRS à Marseille. Bien que déjà en retraite à Toulouse, il organisera pour les membres du Club, en octobre 1987, des visites consacrées à la découverte des pays d’Armagnac, de Comminges et du Lauragais. Il a été membre des associations « Guillaume Budé », « Vieilles Maisons Françaises », sans oublier les associations locales, « Les Veillées rabastinoises » et « Les Amis du Musée du Pays Rabastinois ».
De plus, il est devenu au fil des ans un expert avisé de la faïence des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment des faïences du Midi méditerranéen (Marseille, Moustiers, La Tour d’Aigues, Apt…) et du Sud-Ouest (Toulouse, Montauban, Martres-Tolosane, Auvillar, Auch, Samadet, Bordeaux…). La description qu’il a faite d’un plat d’apparat de la production toulousaine a été l’objet d’une publication1. Il était membre de l’association de céramologie, le GRECAM.

Lors de vacances familiales dans le Comminges en juillet 1981, Claude Péaud-Lenoël fait la connaissance d’un libraire de Saint-Gaudens à qui il fait part de son intérêt pour le patrimoine archéologique de la région. Le libraire, qui lui recommande la lecture de la « Revue de Comminges », le met en relation avec Georges Fouet, alors directeur de cette revue et président de la Société des Études du Comminges. Une amitié réciproque va se nouer entre ces deux chercheurs du CNRS, l’archéologue et le biologiste. À l’été 1986, Claude Péaud-Lenoël qui doit prendre sa retraite dans un proche avenir installe sa famille à Toulouse où sa compagne Michèle Axelos continue sa carrière de chercheur à l’Université de Rangueil et où son petit-fils Daniel, dont il a la charge, poursuit sa scolarité au Collège Bellevue. Il rejoint les siens en janvier 1987 avec l’intention de se consacrer à l’Histoire et l’Archéologie qui ont été de tout temps l’objet de ses centres d’intérêt, à part la Biologie. Georges Fouet, membre de la Société Archéologique du Midi de la France, le recommande auprès de la Société pour une candidature en tant que membre correspondant. Il est alors accueilli à l’Hôtel d’Assézat en 1988 et deviendra membre titulaire de 1991 à 1999. Au cours de cette période il assure la diffusion des publications de la Société et effectue la traduction en anglais des résumés des communications.
Dès 1988, il engage un travail d’études sur l’Histoire de l’Antiquité tardive, des Invasions barbares et du Haut Moyen Âge. Il s’attache notamment à l’histoire de Galla Placidia, femme au destin extraordinaire, dernière impératrice d’Occident. Il se souvient avoir visité en 1966, le mausolée qu’elle s’était fait ériger à Ravenne, édifice orné de mosaïques byzantines exceptionnelles. Une partie de ses recherches est exposée lors de communications, à la S.A.M.F.2 portant sur les migrations des peuples germaniques et l’arrivée des Wisigoths en Aquitaine au début du Ve siècle, à l’INRA d’Auzeville3 traitant de l’histoire rurale en Midi-Pyrénées depuis l’Antiquité jusqu’au Haut Moyen Âge, et à Rabastens4 discutant des origines possibles du toponyme de cette cité.

Claude Péaud-Lenoël quitte Toulouse à la fin des années 1990 pour s’installer définitivement dans le Tarn à Couffouleux, au hameau de Sainte Quitterie, avec sa compagne Michèle qu’il a épousée en 1995 et avec son petit-fils Daniel.
Lecteur infatigable, utilisateur compétent d’Internet, téléspectateur assidu, passionné d’histoire et d’archéologie, d’art et de littérature, d’économie et de politique, il a gardé jusqu’à la fin de sa vie toute sa vivacité intellectuelle malgré les difficultés de santé dues à son grand âge contre lesquelles il a lutté avec un courage inouï.
Il s’en est allé paisiblement, le 11 août 2016, entouré des siens.

Michèle PÉAUD-LENOËL
Chargée de recherche honoraire au CNRS

1. « Un plat de montre représentatif de la faïence de prestige de la production toulousaine du XVIIIe siècle », dans La Grésale, la Revue de la céramique méridionale, GRECAM, n° 10, novembre 2009, p. 97-99.
2. « Barbares et Romains de Narbonne à Toulouse et Bordeaux (406-418) », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LII, 1992, p. 176-178.
3. « De l’Antiquité au VIIIe siècle ». Histoires rurales de Midi-Pyrénées des Origines à l’An 2000. Cycle de Conférences organisé par les Groupes Régionaux INA-PG et AIGREF. Centre INRA, Auzeville (Haute-Garonne), 2 novembre 1992.
4. « Naissance du nom et de la Cité de Rabastens ». Colloque du cinquantenaire de l’Écho de Rabastens, 26 avril 1998, dans L’Écho de Rabastens, Bulletin trimestriel des Veillées rabastinoises, n° 201, 2e trimestre 1998, p. 16-34.

Il faut également mentionner la disparition de Marianne Miguet le 31 juillet à Toulouse. Ancienne conservatrice de la Bibliothèque d’étude et du patrimoine, elle y organisa plusieurs expositions remarquables. D’un enthousiasme communicatif, elle fut également une personnalité active des Toulousains de Toulouse.

Deux ouvrages sont offerts : Sophie Brouquet, Crimes et châtiments en Ariège. La justice à Pamiers à la fin du XVe siècle, Cairn édition, 2016, et Rémi Papillault (dir.), Guide d’architecture du XXe siècle en Midi toulousain, PUM, 2016.

Au titre du courrier, nous avons reçu une lettre de candidature comme membre correspondant de M. Guillaume Renoux, toulousain, actuellement professeur de lettres et histoire dans le secondaire, qui travaille sur l’histoire ancienne et l’archéologique méridionale.
Plusieurs échanges ont eu lieu avec Soline Morinière, qui est partie sur les traces du défunt Musée des moulages de l’université de Toulouse, collection exceptionnelle en partie perdue dans le déménagement de l’université vers le Mirail. Henri Pradalier et Virginie Czerniak précisent qu’il subsiste quelques pièces de ce musée dans les caves du bâtiment d’histoire du Mirail, Pascal Julien avance le chiffre d’une trentaine d’œuvres conservées. Il y en a également dans les bâtiments de la Préfecture ou de la Cinémathèque, quand d’autres se sont retrouvées dans des maisons privées. Soline Morinière indique que ce cas est unique en France, toutes les autres universités ayant conservé leurs collections de moulage.

Nous avons également reçu une lettre de l’adjoint au maire de Saint-Gaudens qui sollicite notre soutien financier pour l’achat du chapiteau du cloître de Saint-Gaudens, vendu 90 000 euros par la Galerie Chenel à Paris (et qui rappelons-le, fut d’abord cédé 40 000 euros dans une vente à Toulouse). L’État, la Région et le Département vont participer à l’acquisition à hauteur de 60-70%, mais la ville a également ouverte une souscription. Guy Ahlsell de Toulza, notre trésorier, insiste sur le fait que la Ville de Saint-Gaudens devra aussi participer à l’achat. Le trésorier invite tout un chacun à répondre de manière personnelle aux souscriptions de l’achat du chapiteau. La question sera évoquée à nouveau pour la prochaine séance.

Pendant l’été, les Mémoires de l’année 2013 ont été publiés grâce à l’activité d’Anne-Laure Napoléone, et de Christian Péligry.
Le Président s’est rendu sur le site de Chiragan dont nous sommes propriétaires à Martres-Tolosane. Il a pu constater que tout est parfaitement entretenu, le chemin, comme les arbres fruitiers qui ont produits en abondances, figues et noix, cette année. On peut juste déplorer l’état des petits panneaux explicatifs présents sur le chemin. Loïc Gojard, adjoint au maire de Martres Tolosane a justement prit contact avec le Président au sujet d’un projet de chemin pédestre Via Garonna, qui doit permettre d’aller à pied de Toulouse à Saint-Bertrand de Comminges en suivant la Garonne, et qui ferait une boucle par Chiragan pour évoquer le site antique. Les membres du bureau sont favorables à ce projet, à condition qu’il y ait une convention signée en bonne et due forme, avec un droit de regard, et la participation de la Société à la rédaction des textes mis en place sur le terrain.
Le Président annonce les soutenances prochaines de deux membres correspondants le 12 décembre prochain : Sarah Muñoz, Célébrer et paraître : évolution du portrait en médaillon sculpté à la Renaissance en France et en Espagne, et Colin Debuiche, Architecture et culture savante à Toulouse à la Renaissance. Enfin il présente l’ouvrage Le Triomphe des Arts, Toulouse au siècle des Lumières, auquel plusieurs membres de la société ont collaboré, et dont la parution a été accompagnée d’un concert à Saint-Pierre-des-Cuisines,

La parole est donnée à Philippe. Gardes pour sa communication sur 15 ans d’archéologie protohistorique en Midi-Pyrénées .

Le Président remercie Philippe Gardes pour cette synthèse sur 15 années d’archéologie protohistorique. Il se pose la question de la terminologie, que doit-on appeler « romain » et « gallo-romain », quand on voit que sur les 15 ans de recherche, on trouve aussi des maisons typiquement romaines, n’étant plus du tout protohistorique. Philippe Gardes explique qu’il a présenté les bâtiments romains car ils sont dans la continuité de l’occupation plus ancienne. Pendant longtemps on a considéré qu’il y avait un hiatus important dans l’apparition de ces maisons romaines, mais pour les sites de Vieille Toulouse et de Roquelaure, on se rend compte que ce n’est pas le cas. La majorité des bâtiments romains ont peut-être aussi été construits par des indigènes (et non des romains). À Roquelaure, on trouve peu d’importation romain et l’essentiel de la vaisselle associée aux bâtiments est indigène, de sorte que ces maisons devaient être habitées par l’élite locale. D’autre part les termes de la chronologie actuelle de l’Antiquité, allant du VIIIe av. n. ère au VIIIe siècle. ap. n. ère, ne fonctionnent plus très bien. La conquête romaine ne provoque en tout cas pas de bouleversement dans l’évolution de l’habitat. Les villes deviennent romaines avec le temps, et avec l’implication des élites indigènes (ce ne sont pas les romains qui imposent le transfert des villes en plaine).
Le Président signale l’ouverture cet été du Musée de Lleida qui présente la part prise par la recherche protohistorique dans la région, montrant des vestiges de murs encore préservés, des maquettes, et un matériel extraordinaire. Est-ce qu’on a moins de choses dans notre région, parce qu’on a moins cherché ? Et ne peut-on déplorer un retard muséographique de notre côté, la recherche sur ces périodes étant encore trop spécialisées, et portées à la connaissance du public avec beaucoup de retard ? Philippe Gardes répond que les sites méridionaux sont en effet moins spectaculaires que ceux du sud des Pyrénées, construits en pierre et donc plus fréquemment visibles. Bernard Pousthomis demande ce qu’il en est des apports des fouilles de la Caserne Niel. Philippe Gardes répond que les apports sont plus quantitatifs que qualitatif (2 ha de surface, beaucoup de mobilier, mais surtout des amphores). Ce site a permis de caractériser le commerce du vin en particulier, mais il n’a pas bouleversé ce qu’on savait sur le fait que cette zone était un des sites à vocation commerciale majeur du réseau méditerranéen.

Au titre des questions diverses, le Président reprend la parole pour présenter l’état actuel de l’« Affaire Saint-Sernin ». Un « Atelier du grand Saint-Sernin » a été ouvert à l’angle de la rue du Taur et de la place Saint-Sernin. Ce lieu n’a pratiquement pas fonctionné de tout l’été, on y a rien exposé, expliqué ou organisé. La première réunion de l’atelier Saint Sernin aura lieu demain, le 9 novembre, mais on a le sentiment que les décisions ont déjà été prises. Le 13 septembre, le Maire de Toulouse a présenté le projet du Grand Saint-Sernin. Une conférence de presse qui a eu lieu en même temps que la grande consultation des riverains, ce qui dit assez la prise en compte de cette dernière ! Le Service de l’urbanisme de Toulouse Métropole, a aussi lancé une vaste enquête sur internet, qui au 15 octobre, comptait une centaine d’interventions, majoritairement opposé au projet actuel.
Le Président a pu expliquer à nouveau la position de la Société archéologique au Maire, il a également adressé un nouvel article à La Voix du Midi. La fontaine que nous avions proposée sur la place de Saint-Raymond est le seul petit détail qui a été retenu, mais les fouilles sont obstinément refusées au motif que cela retarde les travaux et que l’on sait tout ce qu’il y a à savoir sur le sujet.
C’est entre le printemps et l’été 2016 que ce projet a reçu sa bénédiction de la DRAC sans qu’on sache quelle a été la teneur des débats. Bien que le projet actuel soit loin d’être convaincant, le chantier est supposé commencer en janvier. Aucun plan écrit n’a cependant été transmis pour l’instant en dehors des deux images virtuelles proposées. On ne sait pas comment on va restituer l’emplacement du cloître par exemple, ou ce qu’il y aura au sud de la basilique. En dépit de l’opposition des toulousains à la minéralisation constante de leur ville (voir les travaux de la Daurade, Saint-Pierre, la place du Salin...), et qui aurait comme motivation première la mécanisation du nettoyage du centre ville, c’est un projet semblable qui est prévu à Saint-Sernin. Or la minéralisation ne tient pas compte des problèmes d’humidité de Saint-Sernin. En 1860 les pavés, posés sur du sable ou de la terre, permettaient à l’eau de s’infiltrer naturellement et de ne pas se reporter contre les fondations du monument. Mais les pavés ont été remplacés par de l’enrobé, les trottoirs ont été cimentés, marquant le début des problèmes d’humidité à Saint-Sernin. Pour sauvegarder le monument il faudrait créer un drain très profond au pied de l’église. Or on va ajouter du béton, notamment au pied du massif occidental, où déjà, si l’on regarde la base du mur, on constate la présence de maladies de la pierre liées à l’humidité.
Le Collectif Saint-Sernin s’est activé, avec deux articles d’Alexandre Gady (dans L’estampille - L’objet d’art d’août 2016 et dans Sites et monuments), et l’organisation de visites à Saint-Sernin le 29 novembre prochain (jour de la saint Saturnin) pour présenter le monument mais aussi les enjeux des travaux projetés. La commission Saint-Sernin de la Société archéologique est partie prenante de ce projet, et Maurice Scellès a contribué à composer la plaquette qui sera diffusée. Maurice Scellès ajoute qu’il est important de laisser une trace de notre bataille, même si nous perdons, pour donner à la future municipalité qui reprendra le projet, dans 10 ans ou dans 20 ans, les éléments de réflexion. C’est une plaquette documentée, claire et accessible.
On demande si nous avons contacté le Service Archéologique de la ville de Toulouse. Le Président répond que ce service n’a pas été créé pour faire des fouilles et des aménagements archéologiques mais pour éviter de faire des fouilles. Il insiste, il faut un plan d’ensemble, un schéma directeur, une pensée globale. Sous l’enrobé se trouve directement la couche médiévale, et on ne connaît pas les niveaux historiques autour de la basilique. Le service archéologique ne devait pas faire de faire des fouilles jusqu’au substrat. Dès qu’on trouvait quoique ce soit, on arrêtait les fouilles, pour « conserver les vestiges », l’archéologie étant « destructrice » ! Louis Peyrusse ne peut que constater notre défaite, face à l’enfumage, aux apparences de concertation et aux contournements qui ont été déployés pour ne pas faire de fouilles.

Pour terminer, Marie Vallée-Roche revient sur les Journées scientifiques en Minervois. Sur les traces des wisigoths , organisés les 17-18 et 24-25 septembre 2016. Les interventions qui mêlaient communications des chercheurs et visites sur le terrain, ont connu un grand succès (plus de 600 participants). Le but était aussi de mobiliser les élus locaux et la population quant à l’intérêt d’un petit patrimoine rural peu connu, souvent sujet aux destructions et pour prévenir la suppression des musées de la région (musée de Minerve, musée d’Olonzac).


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