Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 7 FÉVRIER 2017

Séance privée
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Communication de Bernard SOURNIA :

Le projet avorté d’un châtelet royal à la tête occidentale du Pont d’Avignon

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Avec leur pont monumental, long d’un kilomètre ou presque, pourquoi les Avignonnais ont-ils créé un ouvrage d’art aussi imposant alors qu’aucune voie de trafic trans-régional ne passe par là ? Pourquoi Philippe le Bel a-t-il décidé, en 1302, de commander militairement la tête occidentale de ce pont en y commençant l’édification d’un châtelet ? Et pourquoi le roi de Sicile et comte de Provence, Charles II d’Anjou, s’est-il élevé contre l’entreprise du souverain français ? Enfin, pourquoi ce dernier a-t-il renoncé à son projet laissant son châtelet inachevé ? Au terme d’investigations archéologiques et archivistiques approfondies sur le pont proprement dit et sur les ouvrages subsistants du châtelet royal, on essaie de donner une explication plausible à ce faisceau de questions.

 


Présents : MM. Cazes, Président, Scellès, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone, Secrétaire-Adjoint ; Mmes Andrieu, Bessis, Haruna-Czaplicki, Nadal, Pradalier-Schlumberger, MM. Balty, Garrigou Grandchamp, le Père Montagnes, Peyrusse, Pradlier, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty, Czerniak, Munoz, MM. Debuiche, Laurière, Macé, Mattalia, Sournia, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : MM. Péligry, Bibliothécaire-Archiviste, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Benquet, Cazes, Fournié, Lamazou-Duplan, Queixalós, MM. Boudartchouk, Darles, Garland, Julien, Penent.
Invitée Valérie Dumoulin.

Le Bureau a décidé de libérer l’espace de la bibliothèque et propose de distribuer les Mémoires en stock des 15 dernières années aux membres qui en feront la demande.
Lors de la séance publique à venir, c’est Guy Ahlsell de Toulza qui donnera une conférence sur « Le Château de Reynerie ».
Le Président encourage tous les membres à participer à la diffusion des plaquettes du projet pour le Grand Saint-Sernin. Maurice Scellès propose que plusieurs tablettes soient adressées aux conseillers du département ou de la région, pour sensibiliser les élus sur l’intérêt de ce projet. La Mairie s’est engagée à ce que le revêtement choisi (des dalles de béton) pour couvrir la place Saint-Sernin soit réversible. On peut considérer cela comme un des petits succès de notre mobilisation. Malheureusement le coût de cet aménagement rend prohibitif tout projet de fouilles de la place pour les années à venir. Les travaux ont commencé. Les tranchées sont soi-disant ouvertes uniquement sur l’emplacement des anciennes canalisations ; mais il n’y a pas d’archéologues présents sur le chantier. Le collectif Saint-Sernin s’insurge notamment contre l’usage d’un camion-aspirateur de gravats, qui aspire tout au fur et à mesure que l’on creuse. Comment identifier un tesson, une monnaie ou une inscription dans ces conditions ? Si jamais on constate la destruction de vestiges, un constat d’huissier sera demandé. Le Président fait appel à la vigilance de tous ceux qui ont la possibilité de passer près du chantier.

Louis Peyrusse transmet par mail la présentation d’un projet de valorisation des infrastructures anciennes concernant la production de plâtre dans le Tarasconnais et le Fuxéen, un matériau utilisé ensuite sur les façades en plâtre de la région toulousaine. Maurice Scellès salue le travail de sensibilisation qui est mené par ce projet, pour un matériau qui est peu connu et peu valorisé. Louis Peyrusse signale que les façades en plâtre ont été détruites suite à la mode d’un « retour » aux façades en pans de bois. Nicole Andrieu rappelle qu’il y a également eu une étude de la cellule du Patrimoine Industriel du Ministère de la culture des retables en plâtre des XVIIe et XVIIIe siècles (« Les plâtriers de La Loubière », par Francine Simonin, Nicole Andrieu et Philippe Abraham - Cellule du Patrimoine industriel du Ministère de la Culture, rendue en 1992 et consultable.).
Concernant le site de Chiragan, le Président nous informe que la convention pour le passage de la Via Garonna, reliant Saint-Sernin à Saint-Bertrand de Comminges a été signée avec l’adjoint au maire de Martres-Tolosane, Loïc Gaujard.
Nous avons reçu la réponse du préfet au sujet de Montmaurin. Louis Peyrusse note qu’il y a dans ce courrier la promesse d’un diagnostic archéologique. Maurice Scellès craint que l’exploitation de la carrière ne gêne considérablement le projet de valorisation touristique de ce territoire.

Bernard Sournia nous présente une communication intitulée Le projet inabouti d’un châtelet royal à la tête occidentale du pont d’Avignon ?

Le Président remercie Bernard Sournia pour cette communication à la fois juste et très évocatrice, d’une tour qui reste la vigie de notre nouvelle région Occitanie sur le Rhône ! Pierre Garrigou Grandchamp signale qu’on peut trouver en ligne le rapport concernant la restitution du pont d’Avignon, accompagné de plusieurs pages de documentation et des restitutions siècle par siècle. M. Pradalier-Schlumberger remarque la grande proximité entre les éléments sculptés de la tour et les sculptures de Saint-Nazaire de Carcassonne. Il s’agit bien dans les deux cas de sculpteurs liés au roi de France et non de méridionaux. Pierre Garrigou Grandchamp demande si on ne peut voir deux pratiques constructives à l’œuvre entre le pont d’Avignon et la tour Philippe le Bel. Les maîtres d’œuvre qui travaillent pour les Avignonnais étant représentants d’un style encore « roman », et réticents au vocabulaire gothique utilisé pour la tour du roi de France. Bernard Sournia trouve l’hypothèse tout à fait intéressante. Valérie Dumoulin s’interroge sur la fenêtre surmontée des trois écus bûchés. A partir de la modénature du larmier, Bernard Sournia propose de dater cette fenêtre des années 1360. En effet, même si c’est une formule assez répétitive, on trouve le même type de fenêtre au Fort-Saint-André lorsqu’en 1367, les hommes du roi sont rappelés à l’ordre par l’abbé, car ils « oublient » de mettre les armes parties de l’abbaye et du roi. Valérie Dumoulin note que si la date de 1367 était avérée, alors on devrait avoir des armes royales à trois fleurs de lis, et non un semé comme le supposait Bernard Sournia. Laurent Macé propose de voir sur l’écu en haut à droite les traces d’un lambel, ce qui pourrait correspondre à la maison d’Anjou. Il remarque que le premier pont construit en 1180, avait d’abord une fonction religieuse de sauvegarde des avignonnais, pour protéger la population, et non une fonction d’affirmation politique. Le sceau portant l’image du pont d’Avignon (représentation symbolique de la cathédrale, de l’enceinte et tout en bas du pont avec la rivière), n’apparaît quant à lui qu’après 1226 et vient remplacer l’image des consuls. Le pont devient emblématique d’Avignon à partir de ce moment-là.
En guise de conclusion, le Président explique que la danse « sur le pont d’Avignon » est en fait une danse « sous le pont », sur l’île de la Barthelasse, où se trouvaient des guinguettes et où l’ « on dansait ».


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