Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 18 AVRIL 2017

séance privée
separateur

Communication longue de Patrice Cabau, Michelle Fournié et Daniel Cazes :
Le cardinal Vital du Four et le couvent des chanoinesses de Saint-Sernin de Toulouse : histoire, archéologie et histoire de l’art

Vital du Four, originaire de Bazas, commença sa carrière dans l’Ordre des Frères mineurs et devint en 1307 "ministre provincial" pour la Province franciscaine d’Aquitaine. Promu cardinal prêtre en 1312, puis cardinal évêque en 1321, il mourut en Avignon le 16 août 1327. Comme il devait la dignité cardinalice à son quasi compatriote Bertrand de Got, pape sous le nom de Clément V (1305-1314), il reprit les armes du pontife dans son propre écu, que l’on peut encore voir à Toulouse.

La deuxième partie de la communication portera sur le testament du cardinal franciscain Vital du Four. Ce document inédit et fort long concerne Toulouse à plusieurs titres : Vital du Four fait élection de sépulture dans le couvent des chanoinesses de Saint-Sernin, dont il revendique la fondation effective et la dotation. Il énumère les legs pour la construction de leur nouvelle église et l’érection d’une chapellenie. Il détaille longuement les dons en orfèvrerie, mobilier et vêtements liturgiques. Par ailleurs, il fonde une chapellenie dans le couvent des Cordeliers de Toulouse.

La troisième partie évoquera rapidement les bâtiments disparus du couvent des chanoinesses et surtout son église : une petite nef unique gothique, de plan irrégulier. En proviennent plusieurs clefs de voûte sculptées entrées dans les collections du musée des Augustins au moment de la démolition de l’édifice. L’une d’elles porte la représentation d’un cardinal, probablement Vital du Four.

 

 

 

 


Présents : MM. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau,
Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjoint ; Mmes Bagnéris, Bessis, Cazes, Haruna-Czaplicki, Fournié, Nadal ; MM. Balty, Catalo, Garrigou Grandchamp, Peyrusse, Pradalier, Stouff, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Bossoutrot-Rebière, Czerniak, Joy, Queixalos ; MM. Penent, Rebière, Suzoni, membres correspondants.
Invitée : Mme Danielle Martinez.
Excusés : M. Scellès, directeur ; Mmes Andrieu, Heng, Pradalier-Schlumberger, Sénard ; MM. Garland, Julien, Sournia, Tollon.

Le procès-verbal de la séance du 7 mars 2017 est adopté à l’unanimité.

La Société Archéologique a reçu un courrier de Mme Moliniée, au sujet de Marie-Thérèse Blanc-Rouquette. Elle nous transmet trois photographies de cette dernière, et deux disquettes dont on ignore le contenu. Le Président nous lit un courrier anonyme dénonçant les activités de spéléologues qui seraient tombés sur des pièces de monnaie sur un terrain de Puech de Vidal (Averyon). Il est décidé d’alerter le SRA.

Passons à la communication ce de jour, où Michèle Fournié, Patrice Cabau et Daniel Cazes nous présentent Le cardinal Vital du Four et le couvent des chanoinesses de Saint-Sernin de Toulouse : histoire, archéologie et histoire de l’ar t.

Henri Pradalier, demande si la clé de voûte représentant saint François a les mêmes dimensions que celles du Christ et de la Vierge. Daniel Cazes lui répond que la clé représentant le Christ est plus grande que les autres, mais garde le même système de proportions. Les nervures avaient la même taille partout, cependant il a remarqué une différence entre les clés de voûte des quatre travées de la nef où la nervure était simplement prismatique, et la clé de voûte du chœur, dotée d’une mouluration plus raffinée, pour traiter plus magnifiquement le sanctuaire des chanoinesses.
Henri Pradalier se demande si certaines clés de voûte ne venaient pas de chapelles latérales, étant donné leurs différences stylistiques. Les deux clés du cardinal et de la Vierge, se détachant sur un fonds lisse et ne débordant pas de leur cadre, lui paraissent plus tardives et lui rappellent les clés de voûte du XVe siècle qui ornent la nef de la cathédrale de Gérone. Daniel Cazes ne pense pas que les clés puissent être datées du XVe siècle et maintient sa comparaison avec certaines clés de voûte attribuées au Maître de Rieux, mais il reconnait que les différences stylistiques sont bien liées à la mise en place progressive de clés qui ne sont pas toutes contemporaines. Il y aurait d’abord eu celle du Christ et de saint François, puis celles du cardinal et la Vierge, et enfin une cinquième clé de voûte isolée, avec l’image de l’évêque ; leur production s’échelonnant probablement en fonction du voûtement progressif de l’édifice, du sanctuaire vers la nef. Il lui semble que des clés de voûte issues de chapelles latérales, comme le suggère H. Pradalier, devraient être plus petites, comme le montrent celles qui ont été récupérées en 1874 et qui proviennent probablement de la chapelle des Cordeliers.
Patrice Cabau précise qu’il y a eu deux églises construites pour les chanoinesses. Il est possible que les clés proviennent de ces deux campagnes successives de construction. Pierre Garrigou-Granchamp demande si certains des magnifiques objets énoncés dans le testament ont été identifié, ce à quoi les intervenants répondent pour l’instant par la négative.
Henri Pradalier s’interroge sur l’objet tenu par le Christ sur la clé de voûte, s’agit-il bien du globe ou d’une hostie ? L’hostie pouvait également être représentée avec cette triple division, et l’insistance des franciscains sur l’eucharistie inscrirait ce détail dans le programme d’ensemble. Daniel Cazes n’est pas convaincu par cette hypothèse, pour lui il s’agit bel et bien d’un globe, comme on en trouve de très nombreux exemples dans les représentations du Christ en majesté.
Michèle Fournié ajoute que l’évêque non identifié de la clé de voûte pourrait aussi être saint Augustin, car c’est sa règle que suivent les chanoinesses. Daniel Cazes pense qu’il s’agit plutôt de Saturnin. Depuis le nettoyage de 1975 et l’analyse des peintures qui se trouvaient sur les clés de voûte, on sait que l’évêque sans attribut portait non seulement une chasuble rouge mais aussi une mitre rouge sang, d’où l’hypothèse qu’il s’agisse d’un évêque martyr. D’autant plus que saint Saturnin est souvent représenté ainsi, en évêque, identifiable seulement si on trouve trace d’une inscription. Il pourrait également s’agir de saint Blaise, à qui l’église était dédiée et dont Vital du Four avait obtenu les reliques. Cependant, le saint patron est plus généralement représenté dans la statue du retable, que sur une clé de voûte.


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