Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 08 JANVIER 2019

Séance privée
separateur

Communication longue de Fernand Peloux : « Éxupère ou la fabrique d’un saint toulousain de l’Antiquité au Moyen Âge. Réflexions à propos d’un texte inédit d’un manuscrit de La Haye (XIe s.) ».

Avec Saturnin, Exupère est au Moyen Âge le saint par excellence de Toulouse. Si l’existence du premier reste hypothétique, le second est bien attesté par plusieurs textes datés de son épiscopat au début du Ve siècle. Comme son contemporain Rustique de Narbonne, Jérôme l’évoque à plusieurs reprises. Usuard considère chacun des deux évêques comme saint, mais si le culte de Rustique semble avoir été restreint et n’avoir jamais conduit à la rédaction d’un récit hagiographique, le culte d’Exupère fut important à Toulouse et conduisit à la rédaction d’un texte, connu dans plusieurs versions, toutes inédites. La plus ancienne se trouve dans un manuscrit de la fin du XIe siècle conservé à La Haye. Ce manuscrit, inconnu des études consacrées au saint qui faisaient jusqu’alors de Bernard Gui le premier rédacteur d’un texte, oblige à s’interroger sur les conditions qui ont conduit à une telle promotion hagiographique. Après l’édition et l’examen de ce texte, on propose de le replacer au cœur de la crise grégorienne, moment d’investissement hagiographique à Toulouse comme ailleurs en Languedoc. On évoquera enfin l’évolution de sa légende jusqu’à la fin du Moyen Âge.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Présents  : Mme Nadal, Présidente, MM. Scellès, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone, Secrétaire-adjointe, M. Péligry Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Andrieu, Cazes, Fournié, Merlet-Bagnéris, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp ; MM. Boudartchouk, Cazes, Garland, Garrigou Grandchamp, Lassure, Macé, Peyrusse, Testard, membres titulaires ; MM. Peloux et Rigault, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty, Lamazou-Duplan et Sénard ; MM. Balty, Marquebielle, Suzzoni et Tollon.

Notre Présidente présente l’ensemble des travaux reçus par la Société et indique les noms des membres chargés d’en rendre compte devant la Compagnie :

- Emmanuelle Meunier, Évolutions dans l’exploitation minière entre le second âge du Fer et le début de la période romaine dans le Sud-Ouest de la Gaule. Le cas du district pyrénéen à cuivre argentifère du Massif de l’Arize, doctorat, Université de Toulouse, 2018 – rapporteur : Vincent Geneviève ;

- Célia Oulad El Kaïd, L’exploitation des matières osseuses au paléolithique inférieur et moyen : l’exemple de la grotte du noisetier (Fréchet-Aure, Hautes-Pyrénées), mémoire de master 1, Université de Toulouse, 2016 – rapporteur : Benjamin Marquebielle ;

- Paul Saussez, Du sanctuaire païen au castrum comtal. Essai sur l’origine et l’évolution du bourg de Rennes-le-Château du IVe au XIIe siècles, chercheur indépendant, membre de la Société des Études de l’Aude – rapporteur : Jean-Luc Boudartchouk ;

- Margaux Lemaire, La famille Barrau. Parenté et réseaux à Toulouse (XIIe-XIIIe s), mémoire de master 2 (sous la direction de Laurent Macé), Université de Toulouse, 2018 – rapporteur : Patrice Cabau ;

- Laura Viaut, « Fecimus concordiam ». Les mécanismes de gestion des conflits dans l’espace aquitain au Haut Moyen Âge (VIIIe-XIIe s.), doctorat, Université de Limoges, 2018 – rapporteur : Fernand Peloux ;

- Pauline Bouchaud, Le chanoine limousin Étienne Maleu († 1322), historien de son église, doctorat, École Pratique des Hautes Études, 2018 – rapportrice : Michelle Fournié ;

- Jean Berger, Droit, société et parenté en Auvergne médiévale (VIe-XIVe s.) : les écritures de la basilique Saint-Julien de Brioude, doctorat, Université de Lyon, 2016 – rapporteur : Jean-Luc Boudartchouk ;

- Lei Huang, L’abbatiale Sainte-Foy de Conques (XIe-XIIe siècles), doctorat, Université Paris 1 (sous la co-direction de Quitterie Cazes), 2018 – rapporteur : Emmanuel Garland ;

- Joséphine Obrecht, La communauté monastique de Conques, 801-1031 : échanges, liens sociaux, réseaux d’amitiés, mémoire de master, Université de Paris – rapportrice : Quitterie Cazes.

L’ouvrage de Pierre Funk, Les Grandes Heures de Rabastens, 2018, n’a pas été accepté pour le concours, car il est publié ; il sera néanmoins pris en compte pour une éventuelle médaille d’encouragement.

Laurent Macé demande dans quelle mesure il sera possible d’apprécier le travail d’un master face à celui d’une thèse. Maurice Scellès répond que le problème se pose tous les ans et que la Société l’a toujours résolu. Il rappelle que nous avons la possibilité de donner des prix de la Société archéologique s’il faut récompenser plusieurs travaux.
Émilie Nadal remercie les rapporteurs pour le temps qu’ils consacreront à la lecture des travaux et à la rédaction de leur recension. Puis elle accueille Aymeric Rigault, nouvellement élu membre de notre Société. Elle donne ensuite la parole à Quitterie Cazes pour la lecture d’un compte rendu sur la candidature d’Oriane Pilloix. Oriane Pilloix est élue.

On poursuit par la lecture des procès-verbaux du 4 et du 18 décembre, adoptés avec un petit ajout.

La Présidente donne la parole à notre confrère Fernand Peloux pour sa communication : Exupère ou la fabrique d’un saint toulousain de l’Antiquité au Moyen Âge. Réflexion à propos d’un texte inédit d’un manuscrit de La Haye (XIe siècle).
Émilie Nadal remercie le conférencier et demande si l’identification d’Exupère sur la châsse du Musée Paul-Dupuy qu’il a présentée repose sur la présence du calice que le personnage tient dans la main, et si l’objet est daté. Fernand Peloux confirme que c’est l’attribut qui permet en effet de reconnaître l’évêque toulousain ; quant à la datation, la fin du XIIe ou le XIIIe siècle est la fourchette habituellement donnée par les historiens de l’art, mais la scène de la défense de la ville peut servir selon lui à situer la fabrication de l’objet après 1219. Dominique Watin-Grandchamp se demande s’il n’y a vraiment aucune possibilité de lire autrement la scène représentée sur la châsse. Michelle Fournié intervient à propos des peintures présentées et demande si la date qu’il a indiquée est bien celle de 1340. Fernand Peloux confirme cette information et renvoie à la publication de Melero Moneo sur le sujet.
Patrice Cabau revient sur la datation du manuscrit de La Haye, estimant que l’on pourrait en remonter la date au-delà du XIe siècle. Fernand Peloux n’est pas d’accord avec cette hypothèse : la présence des abréviations interdit une datation trop haute et le texte apparaît clairement postérieur au légendier de Moissac. Patrice Cabau compare ensuite ce passage du manuscrit de La Haye au texte du manuscrit 477 de Toulouse, notant qu’il y manque des mots et qu’il y a des fautes qui ne sont pas dans le manuscrit toulousain. Puis il invite notre conférencier à citer la donation de la Daurade aux Clunisiens en 1077, où se trouve la première mention médiévale toulousaine de saint Exupère, dans un rappel de la série des plus anciens évêques de Toulouse empruntée à l’Opuscule relatant la Passion et la Translation de saint Saturnin. Fernand Peloux remercie notre confrère pour cette information et ajoute qu’il lui reste encore à examiner les manuscrits hispaniques.
Daniel Cazes revient sur le reliquaire du Musée Paul-Dupuy et reconnaît que l’objet est mal connu et mal étudié ; il s’étonne d’ailleurs qu’une œuvre provenant des ateliers d’émaux de Limoges soit d’aussi mauvaise qualité. Il confirme que la datation donnée est la plus plausible et qu’aucun autre critère ne peut être utilisé. Il évoque les lectures qui ont pu être faites d’un des petits côtés de la châsse : une rencontre avec les représentants d’Ambroise ou encore Exupère présentant deux objets à la vente pour nourrir les pauvres après le passage des Vandales. Fernand Peloux remarque que cette lecture iconographique ne trouve aucun écho dans les récits médiévaux. Dominique Watin-Grandchamp propose au conférencier de consulter les authentiques du reliquaire, qui pourraient donner une image intéressante du personnage d’Exupère.

Au titre des questions diverses, Maurice Scellès nous présente un morceau de marbre trouvé dans une vigne près de Laure-Minervois (Aude) : il s’agit d’une plaque ornementale provenant d’un site de villa. Le décor se compose de petites feuilles ou fleurettes cruciformes telles que celles que l’on peut voir à Valentine et qui sont caractéristiques du IVe siècle. Daniel Cazes pense que le marbre pourrait bien provenir de Saint-Béat.


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