Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 5 NOVEMBRE 2019

Séance privée
separateur

Présents : Mmes Nadal, Présidente, Sénard, Directrice, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Péligry, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, MM. Balty, Cazes, Peyrusse, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Bossoutrot-Rebière, Czerniak, Friquart, Krispin, Viers, MM. Chabbert, Penent, Pousthomis, Rebière, Rigault, Stouffs, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : Mme Napoléone, Secrétaire-adjointe ; Mmes Lamazou-Duplan, Pousthomis-Dalle, Queixalós, MM. Julien, Scellès, Sournia, Surmonne, Tollon.
Invités : Mmes Marie-Lys de Castelbajac, Jeanne Péligry, M. Nicolas Corrigio.

La Présidente ouvre la séance avec quelques informations.
Une lettre du Maire de Toulouse, relative au chantier de Saint-Sernin, concerne plus particulièrement les tombeaux des comtes de Toulouse (situés à l’extrémité sud du transept). En cours de restauration dans l’atelier municipal jusqu’à la fin de l’année, ces sarcophages feront l’objet d’une exposition au Musée Saint-Raymond, avant d’être bientôt remis à leur place.
La Présidente transmet pour la bibliothèque le rapport de la fouille programmée (2002-2004) de l’aqueduc gallo-romain de Divona (Cahors), dû à Didier Rigal, Christian Darles, Pierre Texier, et Michel Martinaud.
Elle annonce que, pour convenance personnelle, elle ne briguera pas un nouveau mandat de Présidente de la Société archéologique. Puis elle rappelle que le prix Ourgaud, doté de 1000 €, sera attribué lors de la prochaine séance publique ; les candidatures seront reçues jusqu’au 31 décembre 2019.
Notre Trésorier vient d’acquérir, lors d’une récente vente publique, douze fauteuils destinés à remplacer les sièges vétustes, souvent abîmés et inconfortables de la salle des séances. Il faudrait en acheter dix autres pour renouveler complètement ce mobilier.

Émilie Nadal donne la parole à Mmes Anne Bossoutrot-Rebière et Marie-Lys de Castelbajac pour une communication consacrée à La restauration des peintures du bras nord du transept de la basilique Saint-Sernin  :

« Les peintures romanes de la basilique Saint-Sernin de Toulouse représentant le cycle de la Résurrection, disposées sur le mur ouest du bras nord du transept, ont été récemment restaurées. Architecte du Patrimoine, architecte en chef des Monuments Historiques, restaurateurs de peinture murale ont œuvré, tout au long du projet et du travail réalisé in situ, à cette restauration des peintures, d’une qualité exceptionnelle, afin que la déontologie de la restauration soit en tous points respectée.
C’est à un parcours de visite du déroulement de cette longue et importante campagne de restauration que nous vous invitons, présentant le contexte des travaux, leur préparation, puis la narration des interventions sur site telles qu’elles se sont déroulées, avec les découvertes, les interrogations, les échanges et les décisions prises en concertation avec la Ville de Toulouse, la DRAC (inspecteurs généraux des Monuments Historiques), les conservatrices de musées de Toulouse et de la basilique. »

La Présidente remercie les intervenantes, et elle souligne l’excellente qualité des images qui nous ont été présentées. Puis elle demande de quelles informations on disposait concernant les fixatifs utilisés lors des travaux des années 1970. Mme Bossoutrot répond que les dossiers conservés à Paris aux Archives du Patrimoine sont parfois lacunaires.
Émilie Nadal fait ensuite appel aux réactions et questions de la Compagnie.
Virginie Czerniak exprime le vif regret que provoque, pour la peinture représentant l’Agneau, l’effacement du repentir, lequel appartient pourtant à l’histoire de l’œuvre. Mme Bossoutrot dit que la question se posait à deux niveaux : celui de la genèse de l’œuvre (le repentir restera documenté), et celui de l’esthétique de la présentation. Par ailleurs, il importait de ne pas « créer un faux » ; avec de l’attention, le repentir demeure perceptible.
Mme Czerniak déplore que l’intervention qui vient d’avoir lieu ait conduit à un brouillage de l’analyse stylistique des peintures ; elle appuie son jugement sur l’exemple du traitement des cheveux de saint Jean-Baptiste. Mme Bossoutrot met en avant la qualité des restitutions opérées pour récuser la qualification de « coloriage ». Puis elle insiste sur le soin apporté dans la restauration récente. Ainsi, les enduits de bouchage employés en 1973, de natures diverses (chaux, résine dans la masse...) et de qualité médiocre, impropres à supporter un glacis d’aquarelle, n’ont pas été enlevés, mais laissés en place et neutralisés ; des précautions similaires ont été prises pour les trois zones où du néoprène avait été appliqué. Si les peintures avaient été découvertes aujourd’hui, les choses se seraient sans doute passées différemment.
Virginie Cerniak demande alors : « Pourquoi avoir travaillé si vite ? » Mmes Bossoutrot-Rebière et de Castelbajac rappellent que la restauration a duré plus de six mois, du 18 juillet 2018 au 14 février 2019, après l’établissement d’un protocole résultant de l’étude commencée en 2015. Il est vrai cependant que les travaux se sont trouvés sous la pression du commanditaire municipal.
Jean-Marc Stouffs intervient pour signaler qu’il y a là un problème à peu près général sur les chantiers de restauration. Il confirme ensuite que la purge des bouchages anciens est toujours problématique. Après avoir qualifié de « spectaculaire » le travail réalisé à Saint-Sernin, il finit par poser la question de savoir « Pourquoi ne s’être pas arrêté après le nettoyage ? ». Mme de Castelbajac assure que dans certaines zones, comme celle du tombeau du Christ, l’absence de restauration aurait laissé subsister de la confusion et que trop de lacunes auraient affecté la valeur spirituelle de la peinture. Ayant précisé que la restauratrice n’est pas « décisionnaire du degré de réintégration », elle insiste sur le fait que les glacis d’aquarelle sont parfaitement réversibles, puisqu’ils peuvent être enlevés à l’éponge.
Bernard Pousthomis, s’excusant de risquer une question de non initié, demande si l’aquarelle ne pénètre pas dans le support. Mme de Castelbajac explique qu’un traitement préalable des enduits assure leur imperméabilité ; cela permet plus de légèreté dans les touches et empêche les altérations.
Daniel Cazes juge quant à lui que la restauration a été très positive sur le plan de la connaissance de ces peintures : des éléments qui n’avaient pas été vus ont été révélés. Revenant sur les travaux du début des années 1970, il signale que l’on croyait alors que les enduits intérieurs de la basilique dataient de l’époque de Viollet-le-Duc. Une étude préalable, même sommaire, aurait permis de corriger cette opinion : la plupart des enduits remontaient en fait aux travaux de Louis Privat, au seizième siècle. Ainsi le restaurateur Pierre Bellin avait-il pu repérer, dans le croisillon nord du transept, l’existence de graffiti tracés par ceux qui avaient servi un orgue disparu depuis longtemps.
Jean-Louis Rebière et Marie-Lys de Castelbajac signalent avoir vérifié, dans le massif occidental de Saint-Sernin, que la surface gondolée de certains enduits traduisait la présence de peintures sous-jacentes.

Au titre des questions d’actualité, Patrice Cabau présente des vues de la rénovation entreprise au cours de cette année à Saint-Sernin sur les façades du bas-côté nord et du croisillon nord du transept (face ouest).
Cette opération a consisté dans la reprise des maçonneries et entraîné le remplacement d’assez nombreux éléments de pierre, dont l’épitaphe d’un chanoine de Saint-Sernin, Turumbertus, inhumé au XIIe siècle sous les degrés du portail de communication entre la basilique et le cloître. Interrogé sur la disparition de ce monument funéraire, Jean-Louis Rebière déclare qu’il a été déposé et porté au Musée Saint-Raymond. M. Cabau se réjouit d’apprendre que cet élément lapidaire n’a pas fini à la décharge, comme on aurait pu le craindre, mais il déplore qu’il ne soit plus en place. Dans les années 1980, lors de la restauration de la basilique menée par Yves Boiret, deux autres épitaphes, extraites du croisillon nord du transept et mises à l’abri dans les tribunes, avaient été remplacées par des moulages destinés à en conserver le souvenir.

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