Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 30 AVRIL 2019

Séance privée
separateur

Communication longue de Frédéric Loppe et Astrid Huser : «  La maison consulaire du Bourg à Narbonne (Aude) : histoire et évolution architecturale (XIIIe-XIXe siècles) ».

En 2011, un diagnostic archéologique de l’INRAP au n°7 rue Benjamin Crémieux à Narbonne (Aude) a confirmé la présence de vestiges de l’ancienne maison consulaire du Bourg, datée du milieu du XIIIe siècle. La nature et la qualité de la construction ont motivé son classement MH en 2013 et la prescription d’une étude du bâti avant travaux en 2015 (ALC Archéologie). Ces recherches ont permis de restituer un vaste bâtiment d’environ 24 m de long sur 13 m de large, dont le rez-de-chaussée divisé par deux refends était occupé par des boutiques s’ouvrant probablement sur la rue par de grandes arcades aujourd’hui disparues. Le premier étage, d’un seul tenant, était orné de peintures et couvert d’une toiture à fermes apparentes probablement décorée s’élevant à 8 m. Il était éclairé côté sud par six vastes baies géminées de 5 m de haut surmontées d’un arc-larmier aujourd’hui bûché. Elles étaient surplombées d’une corniche à modillons sculptés, pour certains en remploi. Aux XVIIe puis XIXe siècles, cet ensemble a subi d’importantes transformations qui ont profondément dénaturé les maçonneries d’origine (destruction des baies médiévales, percement de portes et de fenêtres, divisions, etc.). Peu connue, cette maison consulaire constitue toutefois un témoin exceptionnel d’architecture civile qui n’a pratiquement pas d’équivalents en France, hormis la maison romane de Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne ; milieu XIIe siècle) ou l’aula du palais consulaire d’Arles (Bouches-du-Rhône ; fin XIIe-début XIIIe siècles).

 

 

 

 

 

 

 

 


Présents : MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone, Secrétaire-adjointe, M. Péligry, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Bessis, Pradalier-Schlumberger, Vallée-Roche, MM. Peyrusse, Scellès, Sournia, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Joy, Pilloix, Viers, M. Loppe, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty, Cazes, Czerniak, Fournié, Jaoul, Lamazou-Duplan, Nadal, Sénard, Watin-Grandchamp ; MM. Balty, Cazes, Catalo, Darles, Garland, Garrigou Grandchamp.

Patrice Cabau énonce la liste des membres excusés et, en l’absence de notre Présidente et de notre Directrice de publication, s’apprête à animer la séance. Il demande à la Secrétaire-adjointe de lire le procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté après quelques modifications.

Puis il donne la parole à notre confrère Frédéric Loppe pour sa communication, intitulée La maison consulaire du Bourg à Narbonne : histoire de son évolution du XIIIe au XIXe siècle.

Patrice Cabau remercie notre confrère pour la présentation de cet édifice exceptionnel. Il demande quel est le terme employé pour le désigner dans les sources médiévales et s’il existait un bâtiment équivalent dans la Cité de Narbonne. Frédéric Loppe répond ne pas savoir quel est le mot utilisé dans les sources et confirme que deux maisons consulaires existaient bien au milieu du XIIIe siècle : une dans la Cité et une autre dans le Bourg. Patrice Cabau demande encore si à l’occasion de la fusion des deux maisons dans le Bourg à la fin du XIIIe siècle, des agrandissements furent opérés sur l’édifice présenté. Le conférencier rappelle que les travaux d’investigations qu’il a menés avec Astrid Huser se sont limités à une petite partie du corps de bâtiment sud, mais il assure que dans cette portion de l’édifice aucune trace de reprise du bâtiment n’a été relevée. Louis Peyrusse s’interroge sur les éventuelles procédures effectuées pour la protection d’un tel bâtiment. Le conférencier dit que la parcelle étudiée a été classée, ainsi que toutes celles jadis occupée par le bâtiment médiéval. Bernard Sournia voudrait savoir si la salle du premier étage occupait toute la surface de l’aile sud et où se trouvait l’accès. La salle avait effectivement la superficie du corps de bâtiment méridional, confirme Frédéric Loppe, qui suppose que l’on y accédait par la cour située au Nord, ouverte sur les quais par une porte cochère, bien que les sources ne soient pas très claires sur l’emplacement de l’accès principal.
Maurice Scellès fait remarquer en effet qu’une porte cochère indique plutôt un accès pour les chevaux et que l’entrée piétonne pouvait se trouver ailleurs. Il se dit par ailleurs très étonné par la hauteur considérable des fenêtres du premier étage, et constate que les arcs restitués au rez-de-chaussée paraissent du coup trop petits. Puis il pose plusieurs questions : Est-on sûr de la vocation marchande du rez-de-chaussée, l’escalier ne pouvait-il se trouver à cet endroit, les fenêtres sont-elles bien celles de 1250 ou celles du bâtiment qui a réuni les deux maisons consulaires ? Il remarque encore que la poutre qui a été datée de 1250 par des analyses de dendrochronologie n’a pas été trouvée en place ; pour assurer la datation haute proposée par l’étude, il faudrait soumettre le décor qu’elle a conservé au jugement de spécialistes. Il faudrait pouvoir enfin comparer la maison consulaire à un ou deux édifices, car dans l’état actuel des recherches effectuées, il reste difficile de savoir si l’on a affaire à l’édifice de 1250 ou à celui qui a réuni les deux bâtiments à la fin du XIIIe siècle.

Louis Peyrusse s’enquiert du projet qui a généré l’étude présentée. Frédéric Loppe nous informe que des logements sociaux doivent être aménagés dans cette parcelle, mais que ces travaux prévus depuis longtemps n’ont toujours pas commencé. Catherine Viers note que le classement a sans doute permis de faire connaître le potentiel de l’édifice, ce qui justifie sans doute le retard des travaux. Maurice Scellès se demande quel projet permettra de mettre en valeur ce bâtiment classé. Frédéric Loppe regrette que la Mairie n’ait pas profité de l’occasion pour acquérir la parcelle et amorcer un projet qui aurait pu à terme s’étendre à toutes les autres.

Guy Ahlsell de Toulza voudrait savoir comment se présente aujourd’hui la partie nord de l’ancienne maison consulaire et combien de niveaux ont été aménagés sur la cour. Le conférencier répond que toute cette partie, élevée sur deux étages au-dessus d’un rez-de-chaussée, est enduite et seuls les modillons et la corniche qui soutenaient la toiture médiévale sont actuellement visibles. Bernard Sournia s’interroge justement sur la façon dont la toiture s’articulait au-dessus de cette corniche et demande s’il a été trouvé des édifices conservant une structure similaire. Le conférencier avoue n’avoir rien repéré de comparable au cours de ses recherches.

Diane Joy s’informe sur l’établissement d’un secteur sauvegardé dans la ville de Narbonne. Frédéric Loppe confirme son existence, mais il déclare que la décision du propriétaire du bâtiment reste déterminante. Maurice Scellès et Patrice Cabau pensent qu’une volonté municipale peut être décisive et questionnent le conférencier sur les informations données à la Mairie, les contacts qu’il a pu avoir avec elle ainsi qu’avec l’Architecte des Bâtiments de France. Frédéric Loppe affirme qu’aucune occasion de rencontre ne s’est présentée durant l’étude. Maurice Scellès lui conseille de proposer à la Mairie de Narbonne une visite de l’édifice ou une communication et considère comme essentiel de publier l’étude pour signaler ce bâtiment à la communauté scientifique.

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