Société Archéologique  du Midi de la France
FacebookFlux RSS

SÉANCE DU 18 MAI 2021

Séance privée
separateur

Communication de Geneviève Bessis : Le manuscrit inédit de Joseph Malliot Recherches sur [...]Toulouse.

Le manuscrit inédit de Joseph Malliot, Recherches historiques sur les Établissements et les Monuments de la ville de Toulouse. La vie de quelques artistes dont les ouvrages font l’ornement de la ville de Toulouse.
Né dans une famille d’artistes, Joseph Malliot (Toulouse, 10 mars 1735-17 mars 1811), professeur puis directeur de l’Académie des arts de Toulouse, membre de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, a laissé un manuscrit inédit dont il existe plusieurs copies : une à la bibliothèque municipale et deux aux archives municipales de Toulouse ainsi que dans des collections privées. Malgré quelques inexactitudes, ce manuscrit constitue cependant une source majeure pour l’histoire du patrimoine et des mœurs toulousains et à ce titre très souvent cité car l’auteur a une connaissance approfondie de Toulouse avant la Révolution. La seconde part
ie consacrée aux artistes, peintres et sculpteurs ayant travaillé dans la région, fourmille d’anecdotes biographiques à la manière d’un Vasari comme le signale Robert Mesuret. Un projet d’édition de ce manuscrit est en cours dans le cadre des Amis des archives de la Haute-Garonne.

Communication de Jean-Louis Rebière et Anne Bossoutrot : « Sur l’hôtel d’Assézat ».

909de807-d732-423d-b8a2-baf065532200.tif (TIF - 807.9 ko - 2339 x 1654 px)
909de807-d732-423d-b8a2-baf065532200.tif

La fondation Bemberg est actuellement en cours de rénovation muséographique. Il a été réalisé, à l’occasion de la préparation des travaux qui doivent être prochainement réalisés, une étude patrimoniale, sur l’ensemble de l’hôtel d’Assézat, comportant un bilan de l’évolution du bâtiment des origines à nos jours.
La fondation Bemberg a fait établir à cette occasion des relevés complets de l’hôtel d’Assézat par un géomètre, relevés inexistants jusqu’alors, que nous avons ensuite repris et complétés. Ce sont ces relevés qui nous ont permis de faire nos recherches, de les enregistrer et de progresser dans la connaissance de l’hôtel d’Assézat.
A partir de l’observation des documents graphiques, nous avons pu en effet revoir les distributions de l’hôtel. Nous avons également pu émettre des hypothèses nouvelles sur le fonctionnement de la loggia, ou encore, observer le projet d’aile en retour initialement projeté à la place de l’actuelle coursière.


séance en visioconférence

Présents : M. Peyrusse Président, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Bessis, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Pradalier-Schlumberger, MM. Garland, Scellès, Surmonne, membres titulaires ; Mmes Barber, Bossoutrot-Rebière, Ledru ; MM. Kérambloch, Laurière, Rebière, membres correspondants.
Excusés : Mme Cazes, MM. Boudartchouk, Cazes, Garrigou Grandchamp, Macé et Tollon.
Invités : Mme A. de Pérignon, MM. de Lavedan et de Saint-Martin

Le président ouvre la séance en signalant que nous n’avons pas encore reçu de réponse aux courriers dont il a été question lors de la dernière séance, qui ont été envoyés le 7 mai. Il nous informe par ailleurs de la réception d’un courriel provenant du Musée national Suisse annonçant l’arrivée du contrat de prêt définitif de la stèle de Montels qui leur sera bientôt envoyée pour l’exposition sur les stèles néolithiques organisée à Zurich.
Louis Peyrusse demande enfin aux membres de se préparer à répondre à l’appel à communication pour l’année académique 2021-2022, qui leur sera envoyé avec la convocation à la prochaine séance.

Puis il donne la parole à Geneviève Bessis et à ses collaborateurs pour la première communication courte intitulée Le manuscrit inédit de Joseph Malliot.

Le président remercie notre consœur pour cette présentation qui témoigne d’une recherche prometteuse, mais qui en est apparemment à ses prémices puisque la description des manuscrits conservés a été longuement développée. Puis il demande si, d’après elle, Joseph Malliot est fiable sur les informations qu’il donne dans ses notices, notamment celles portant sur des artistes peu connus. Geneviève Bessis reconnaît qu’il reste difficile de vérifier les informations qu’il donne sur ceux qu’il est le seul à citer. Pour les autres, il peut selon les cas être fiable ou dans l’erreur comme pour Nicolas Bachelier par exemple. Il s’agit cependant dans ce cas précis d’une manière de penser propre à son temps, époque à laquelle l’Histoire de l’Art n’avait pas encore ouvert de nouvelles voies. Cette source n’en reste pas moins, à sons sens, intéressante à consulter. Amandine de Pérignon ajoute que le travail de recoupement qu’il est prévu de faire pourra accréditer ou discréditer le manuscrit. Jérôme Kérambloch rappelle également que la famille de Joseph Malliot comprenant de nombreux artistes, c’est dans ce milieu qu’il a recueilli bon nombre d’informations et de témoignages qui constituent une grande partie de son travail, il ne cite le plus souvent que deux auteurs : Catel et Lafaille. Louis Peyrusse fait remarquer que c’était alors les seuls auteurs disponibles. Notre président s’interroge encore sur l’usage que les jeunes historiens, comme Stéphanie Trouvé, Marjorie Guillin, ont fait de ce manuscrit. Marjorie Guillin, répond Geneviève Bessis, cite dans sa thèse le manuscrit de Louis de Mondran et les difficultés rencontrées par Malliot pour entrer à l’Académie ; son manuscrit est également utilisé pour évoquer l’admission des femmes à l’Académie royale de peinture. Louis Peyrusse demande enfin si la piste de la franc-maçonnerie étudiée par Michel Taillefer a été explorée. Malheureusement, réplique notre consœur, dans ce travail Malliot ne fait l’objet que d’une petite note, elle signale cependant que celui-ci appartenait à la loge de la sagesse, comme beaucoup d’artistes de son époque. En outre, poursuit-elle, Alexandre Dumège, qui a été son élève, lui vouait une grande admiration ; il fut d’ailleurs l’auteur de sa nécrologie. Louis Peyrusse revient sur les illustrations de son ouvrage sur l’histoire du costume et les dessins au trait qui lui semblent prisonniers des canons néo-classiques. Geneviève Bessis se rappelle, dans le troisième volume de ce travail - très intéressant pour l’histoire de la ville de Toulouse -, du dessin de l’entrée de la reine Éléonore dans Toulouse, tracé effectivement avec ce trait sec et minutieux. Pour finir, le président demande à quelle date est prévue la publication de cette étude. Étant donné l’ampleur du travail qu’il reste à faire, répond Geneviève Bessis, il faudra compter sans doute deux ou trois ans. Maurice Scellès voudrait savoir si notre consœur a pu repérer des artistes contemporains de Joseph Malliot non signalés dans son manuscrit. Geneviève Bessis réplique qu’il ne s’agit pas d’un ouvrage complet et que de nombreux sculpteurs, par exemple, n’ont pas fait l’objet de notices. En parlant de l’Académie de peinture, sculpture…, il se cite ainsi que ses collègues : Glaize, Cammas, Suau (professeur de dessin). Le président fait remarquer que Joseph Malliot n’a pas fait une carrière artistique remarquable. Le professeur de costume qu’il était ne bénéficiait pas d’une position de premier rang, bien que sa discipline fût nécessaire pour effectuer des tableaux d’histoire ; il a donc pu avoir certaines inimitiés. Cela semble être effectivement le cas selon le témoignage de Mondran répond notre consœur. Pourtant, à son retour de Sorèze, ajoute-t-elle, il a gagné sa vie en faisant des portraits et ses compétences dans ce domaine étaient semble-t-il reconnues ; il faut dire qu’il descend de peintres de capitouls qui sont des portraitistes, sa tante Marguerite Michel était d’ailleurs reconnue dans cette spécialité. Joseph Malliot, dit-elle, exposait souvent aux salons de l’académie. Louis Peyrusse demande à notre consœur si elle a pu utiliser la thèse de notre confrère Pierre Marty qui a édité les mémoires de Louis de Mondran et que nous conservons dans notre bibliothèque puisque le travail a été primé par notre société. Geneviève Bessis dit avoir lu le manuscrit de Mondran à l’l’ISDAT [Institut supérieur des arts de Toulouse] mais pas cette thèse ; elle s’empressera de le faire. Le président fait remarquer que l’ouvrage sur le costume de Joseph Malliot a été édité à Paris chez Didot, ce qui prouve que la qualité du travail effectué était reconnue, alors que l’on connaît des concurrents parisiens et marseillais. Il conclut en félicitant notre consœur et ses collaborateurs pour ce travail très intéressant et se réjouit de la publication prochaine de ce manuscrit.

Il passe ensuite la parole à Anne et Jean-Louis Rebière pour une communication courte : De nouvelles observations et questions à l’occasion de travaux de rénovation de la fondation Bemberg.
Louis Peyrusse remercie nos confrères de nous avoir guidé dans une nouvelle visite de l’hôtel d’Assézat et de nous avoir fait découvrir cette tourelle secondaire qui n’avait pas attiré l’attention des chercheurs jusque-là. Concernant le problème du logement des carrosses et des chevaux, le président se rappelle que lors de l’étude du bâtiment qu’il avait effectuée avec Bruno Tollon et Ginesty, ils avaient fini par placer les bâtiments destinés à les recevoir du côté de la rue de la Bourse, ce qui induit bien sûr la présence d’une cour secondaire. Par ailleurs, poursuit le président, concernant l’état de l’hôtel à l’époque où il fut occupé par la famille Gèze et l’épicerie en gros, on sait que la galerie haute a été transformée. Elle ne recevait pas d’entrepôts mais plutôt, selon les photographies anciennes, les logements de la domesticité. Louis Peyrusse voudrait revenir enfin sur la restauration effectuée par Voinchet et les laits de chaux irréguliers passés sur la façade principale dont l’effet n’est pas particulièrement heureux. Jean-Louis Rebière dit avoir retrouvé dans les archives la trace des désaccords entre les inspecteurs des Monuments Historiques, certains étant favorables au lait de chaux alors que d’autres jugeaient plus judicieux de laisser les briques et les pierres apparentes. La solution choisie se trouve finalement entre les deux. Le président souligne par ailleurs le fait, qu’a priori, aucune communication n’existait entre le rez-de-chaussée et la loggia. Il ne pense pas, comme cela a été dit, que l’escalier qui y conduisait et que les caves situées dessous - donc le rehaussement -, soient postérieurs. Il s’agit, selon lui, d’une partie de l’édifice utilisée durant la belle saison, propre au mode de vie méridional, en l’absence, semble-t-il, d’un grand jardin. Jean-Louis Rebière voudrait revenir sur les plafonds à caissons. Les cartes postales anciennes montrent en effet qu’ils n’étaient pas tous en bon état. Dans certains cas des solives avaient même été installées au-dessous, notamment dans la travée la plus proche du porche. En effectuant des sondages, des poutrelles métalliques insérées entre le plancher des salles du Musée et les caissons sont apparues. Lorsque les planchers ont été rétablis, les couvre-joints visibles sur les clichés anciens n’ont pas été restitués. Ces travaux, ajoute Louis Peyrusse, avaient pour principal but de restaurer les ouvertures anciennes et d’adapter ensuite le bâtiment à des salles de réunions et de bibliothèques et c’est sans doute sur la loggia que les interventions ont été les plus lourdes. Il était en effet question d’y loger toutes les bibliothèques des Académies ajoute Jean-Louis Rebière. Le président dit avoir connu l’époque où l’Académie des Sciences occupait toute l’aile supérieure de la loggia ; n’ayant pas été entretenue depuis les travaux de Curvale, un siècle plus tôt, l’état de cette partie du bâtiment était déplorable et proche de l’abandon : il y avait en effet des carreaux cassés et des fientes de pigeons sur le sol. Guy Ahlsell de Toulza se rappelle qu’il avait même fallu jeter une partie des livres détériorés provenant de cette bibliothèque. Louis Peyrusse fait remarquer que les archives portant sur les travaux de Curvale, qui avaient été sans doute versées à l’Union des académies, car Antonin Deloume était un professeur de droit très rigoureux, sont probablement partis à la décharge à ce moment-là, tout comme le moule à pièces du buste d’Ozenne. Guy Ahlsell de Toulza se propose de faire passer à l’orateur le texte que lui ont donné les descendants de Gèze sur l’occupation de l’hôtel au XIXe siècle ; ce récit a été fait par l’historien de la famille, il pourra donner une idée des générations qui y sont passé et du nombre de commis qui habitaient l’hôtel. Jean-Louis Rebière fait remarquer que les photographies anciennes donnent l’impression qu’il existait un entresol dans l’aile sud. Le président confirme l’existence de ce niveau. Notre trésorier rappelle qu’il existait ici une pièce avec une cheminée que M. Voinchet a fait disparaître. Cependant ajoute Jean-Louis Rebière, ce dernier a fait des plans et des clichés de l’hôtel à l’époque où il était occupé par les académies. On y voit de petits escaliers et, au niveau des pièces réservées à la société archéologique, il y avait un petit cabinet, côté jardin, équipé d’une cheminée, dont les murs avaient reçu un décor de style Louis Philippe. Le président pense que cette pièce faisait partie des aménagements de Curvale. En effet, il rappelle que la société archéologique est la première à être entrée dans l’hôtel d’Assézat, après avoir siégé au Musée Saint-Raymond et au Capitole. Celle-ci se déplaçait avec ses cheminées que Curvale avait fini par aménager dans l’hôtel d’Assézat. Louis Peyrusse demande ensuite à Jean-Louis Rebière de publier ces photographies anciennes montrant les anciens locaux de la société archéologique, car il ne pense pas qu’il subsiste d’autres témoignages en dehors des souvenirs de certains de nos membres. Il ajoute que les aménagements de Curvale sont restés, semble-t-il, respectueux d’une partie de la distribution, notamment du côté de l’Académie des Jeux Floraux. Le président remercie enfin nos confrères et leur propose de mettre l’accent sur la petite tour qu’ils ont découverte, élément nouveau sur lequel il faut attirer l’attention.

Puis il passe la parole à Guy Ahlsell de Toulza pour une question diverse Des éléments de sculpture et d’architecture toulousaine remployés dans la propriété des Solages près de Montredon-Labessonnié.
Concernant le devenir des épaves architecturales et sculpturales toulousaines au XIXe siècle, Louis Peyrusse fait remarquer que cette époque avait en effet un goût pour le Moyen Âge ou pour le premier XVIIe siècle. Travaillant au Musée des Augustins sur les chapiteaux du deuxième atelier de la Daurade, Céline Ledru tente de retrouver la piste de ceux qui ont disparu au moment de la destruction du cloître entre 1812 et 1815. Tous les chapiteaux du cloître démonté avaient été stockés dans la cour des Augustins, ainsi que ceux de Saint-Sernin et des Jacobins. Puis, quand on a voulu réduire les collections, une grande partie des sculptures a été vendues aux enchères. Il se peut qu’une partie des chapiteaux provenant de cette vente ait été utilisée dans la propriété des Solages, alors qu’une autre est partie aux États-Unis. Notre consœur cherche des traces de cette vente et fait appel aux connaissances des membres de la société à ce sujet. Guy Ahlsell de Toulza fait remarquer que lorsque que Quitterie Cazes a fouillé le cloître de Saint-Étienne, elle a trouvé une quantité importante de chapiteaux réduits en miettes, il se peut donc qu’un certain nombre de ceux de la Daurade constituent actuellement le sol de la cour de l’École des Beaux-Arts. Céline Ledru convient que cela est possible, elle a cependant trouvé dans les registres de la société de l’École des Arts mention d’une quantité de sculptures tellement importante qu’un inventaire s’est avéré impossible à dresser au moment de la vente.


Haut de page