Communication courte de Coralie Machabert : Sur les traces (in)visibles de la statuaire publique à Toulouse au milieu du XXe siècle : Le projet de Monument à Raymond IV, Comte de Toulouse par Carlo Sarrabezolles (partie 1).
En 1940, Carlo Sarrabezolles (1888-1971), alors replié dans sa ville natale, Toulouse, reçoit une commande de l’État pour une statue de plein air. Le sculpteur saisit l’opportunité de pouvoir enfin témoigner sa reconnaissance à la cité qui l’a formé et, pour l’honorer, imagine d’abord une allégorie du Génie de Toulouse magnifiant ses richesses artistiques.
Parallèlement, l’artiste poursuit son rêve d’ériger, parmi les monuments phares de la ville, une œuvre sculpturale et architecturale, synthèse de l’histoire occitane. Ainsi, le projet prend une nouvelle ampleur et évolue en un ambitieux monument à La gloire du comte Raymond IV et du Languedoc composé d’une statue équestre du Comte de Toulouse trônant héroïquement sur un colossal piédestal historié.
Les maquettes et archives témoignent du dense et riche travail de recherches, iconographiques et plastiques, effectué par le sculpteur. L’avant-projet, pleinement ancré dans la tradition, emprunte à l’art médiéval tout en s’inscrivant dans une approche figurative de son temps.
Communication courte de Louis Peyrusse, Une Marianne toulousaine en 1873.
En 1873 paraît à l’imprimerie lithographique Salettes (où Louis Bordieu a publié toutes ses estampes et son livre Les Litanies de la très Sainte Vierge en 1868) une figure de la République universelle, en déphasage avec l’Ordre moral et les représentations tolérées et très sages de Marianne, brillamment analysées par Maurice Agulhon. Comment cette Marianne, qui foule aux pieds les emblèmes de la royauté, s’articule-t-elle avec la carrière de l’artiste, infatigable décorateur d’églises et créateur de vitraux ? De quoi s’interroger sur le danger des catégories hâtives...
Présents : Mme Czerniak, Présidente, MM. Cabau, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mmes Napoléone, Secrétaire générale, Machabert, Secrétaire adjointe ; Mmes Bessis, Brouquet, Fournié, Haruna-Czaplicki, Merlet-Bagnéris, MM. Balty, Cazes, Macé, Péligry, Peyrusse, Surmonne, membres titulaires ; Mmes Balty, Dumoulin, Krispin, Ledru, Rolland Fabre, MM. Imbert, Kerambloch, Laurière, Mange, membres correspondants.
Excusés : Mme Cazes, MM. Garland, Garrigou Grandchamp, Pradalier, Scellès, Sournia, Tollon.
Invité : M. Nicolas Sarzeaud, docteur en Histoire Médiévale.
La Présidente salue l’assemblée. Elle accueille notre invité Nicolas Sarzeaud et le félicite pour sa thèse récemment publiée, qu’il nous présente :
Nicolas SARZEAUD, Les suaires du Christ en Occident, Éditions du Cerf, Paris, 2024.
Virginie Czerniak souhaite ensuite rendre hommage à Nicolas Valdeyron, Professeur d’archéologie préhistorique, disparu brutalement dans la nuit du 9 au 10 mai. Il n’était pas membre de notre Société mais souhaitait le devenir. Il a fait pour nous de nombreux comptes rendus de travaux sur la Préhistoire et a participé à la dernière commission de notre concours. L’assemblée observe une minute de silence en hommage à ce grand chercheur.
La Présidente présente encore à la compagnie deux ouvrages acquis par notre Société :
Philippe DAZET-BRUN, Amandine de PÉRIGNON, Marie-Pierre REY (dir.), Académie des Jeux floraux, 700 ans de poésie, Éditions CAIRN, 2024 ;
Jean-Louis BIGET, Albi et l’Albigeois au Moyen Âge (2 tomes), Albi 2023 ;
ainsi qu’un don de M. Garric :
Jean-Michel GARRIC, L’abbaye cistercienne de Belleperche, Tarn-et-Garonne, Éditions du Conseil Départemental de Tarn-et-Garonne, 2024.
Puis elle rappelle qu’une journée foraine est prévue à Saint-Bertrand-de-Comminges le 15 juin et invite les membres qui désirent s’y rendre à se signaler auprès d’elle pour qu’elle puisse assurer l’organisation matérielle. Elle précise que la conservatrice du Musée Archéologique, Josabeth Millereux-Le Béchennec, nous fera l’honneur de nous accompagner pendant cette journée qui sera également la Journée de l’Archéologie.
Elle nous annonce enfin que notre chaîne YouTube compte désormais 165 abonnés et que la soutenance des étudiantes qui ont fabriqué les podcasts de notre chaîne a été un succès. Elle pense pouvoir compter sur un renouvellement l’année prochaine.
Notre Présidente donne ensuite la parole à Laurent Macé pour la présentation de la candidature de Guillaume Terrasson à une place de membre correspondant de notre Société de Guillaume Terrasson.
L’assemblée procède au vote (17 votants) : Guillaume Terrasson est élu à l’unanimité membre de notre Société.
Virginie Czerniak donne enfin la parole à Coralie Machabert pour une communication longue, Sur les traces (in)visibles de la statuaire publique à Toulouse au milieu du XXe siècle : le monument à Raymond IV, place Saint-Sernin.
Notre Présidente remercie notre consœur pour cette communication passionnante et exemplaire d’un point de vue méthodologique. Elle souligne la remarquable maîtrise des sources et la contextualisation de l’œuvre dans les cadres artistiques et politiques toulousains. Elle demande si la maquette présentée restera en exposition. Coralie Machabert répond que, comme toutes les œuvres de la production artistique régionale de la seconde moitiédu XXe siècle, elle ne bénéficie pas d’une exposition permanente au Musée des Augustins mais est stockée dans les réserves. Celle-ci a cependant été sortie à l’occasion de la réouverture partielle du Musée, faisant partie d’une sélection effectuée par Mme Laure Dalon, et intégrée dans une petite section intitulée « Histoire et Pouvoir ». La conservatrice s’est en effet intéressée à cette œuvre et à la vie de l’artiste ; dans la configuration actuelle du Musée, son exposition restera vraisemblablement exceptionnelle. Sophie Brouquet fait remarquer que cette maquette lui évoque les tombes des Scaliger /Scaligeri à Vérone ainsi que la statue du monument funéraire de Barnabé Visconti à Milan, mais elle n’y voit aucune influence occitane. Louis Peyrusse insiste sur la genèse fabuleuse de ce monument que l’on peut suivre avec des documents écrits et graphiques. Cependant, le premier échec du projet est politique car il arrive au mauvais moment. En effet, entre 1940 et 1944, l’artiste aurait pu ériger le monument car le régime de Vichy l’aurait permis. Sous la IVe République, en revanche, d’autres urgences s’imposaient, comme le faisait remarquer Raymond Badiou. La Mairie n’a pas méprisé le sculpteur mais le fait est qu’il présentait alors un projet d’arrière-garde. Cependant, d’un point de vue plastique, en dehors des emprunts qui viennent d’être signalés, la démesure est frappante. En témoigne le fait que l’on ait voulu placer l’œuvre sur le plateau de Jolimont ou à l’extrémité des allées Jean-Jaurès. Coralie Machabert fait remarquer qu’il avait même été évoqué de l’implanter sur la place du Capitole. La dissymétrie constitue un second point surprenant. En effet, le haut bouclier évoque un monument équestre italien adossé à un mur et non une sculpture de plein air appréhendée sous tous ses angles. L’approche plastique de cette face dénote d’une œuvre destinée à un espace public. La Présidente remarque que ce grand écu n’est pas celui d’un cavalier, mais plutôt celui d’un fantassin. Pour Laurent Macé, il évoque ceux de la tapisserie de Bayeux. Les emprunts sont en effet très variés et la silhouette du comte disparaît derrière son écu note Louis Peyrusse. Il se demande donc quelle signification cela pourrait avoir. Ce détail lui paraît étonnant car Carlo Sarrabezolles est un très grand sculpteur décoratif. Il prend pour exemple le magnifique décor de la façade de la Bourse du Travail à Bordeaux, qui est parfaitement intégré à l’architecture.
Au sujet de la démesure évoquée par notre confrère, Guy Ahlsell de Toulza se rappelle l’exposition internationale de 1937 où des œuvres gigantesques furent présentées et dont nous possédons quelques photographies. Il pense en particulier aux deux statues commandées en 1938 par la ville de Toulouse pour le stadium, projet abandonné en 1939. Les maquettes de1 m de haut ont été conçues pour des originaux qui devaient aller jusqu’à 5 m, à l’image de ces grandes statues que l’on a derrière le Trocadéro, tournées vers la tour Eiffel. Notre Trésorier se dit cependant surpris de voir qu’on pense encore dans les années 1960 mettre en place un monument tellement marqué par l’art des années 1930. Il demande par ailleurs ce qu’il en est des autres maquettes et de leur avenir. Coralie Machabert répond que l’atelier n’existe plus en tant que tel. Le Musée des Augustins conserve, outre une maquette du monument à Raymond IV, un exemplaire du Génie de la Ville. Les autres variations des monuments pour Toulouse sont conservées dans des collections privées. La famille et l’Association des amis du sculpteurs continuent de promouvoir de son œuvre et favorisent son entrée dans des fonds publics, comme récemment au Musée de Reims. Les maquettes les plus abouties sont pour l’essentiel dans des musées. Notre Trésorier pense au Musée des années 1930 de Boulogne-Billancourt ainsi qu’au Musée Belmondo, qui conserve toutes les plaques, maquettes, bronzes, etc. Il regrette qu’œuvres et archives de Carlo Sarrabezolles ne soient pas, de la même façon, regroupées en un seul lieu. En effet, reprend la conférencière, la mise en valeur des œuvres n’est pas à la hauteur de la réputation qui fut celle de l’artiste, y compris à Toulouse où le nom de Sarrabezolles semble avoir été oublié. Or, en son temps, la réputation du « sculpteur du colossal » était internationale, il avait une grande maîtrise technique de la sculpture architecturale.
Françoise Merlet-Bagneris voudrait avoir plus de détail sur cette technique si particulière utilisée par Carlo Sarrabezolles de la taille directe sur « béton en prise ». Coralie Machabert répond qu’il s’agit d’une technique que l’artiste a inventée ; il a d’ailleurs déposé un brevet et édité dans un petit livret. Celle-ci consiste à intervenir sur le béton au moment précis où il est en prise (ni trop frais, ni trop sec). Ce laps de temps réduit impose à l’artiste de travailler rapidement, sans dessin préalable ni esquisse et directement sur le béton. Il utilise cette technique pour la première fois en 1926 à Villemomble en Seine-Saint-Denis. Françoise Merlet-Bagneris demande encore si Joseph Andrau figure dans la liste des personnalités présentées pour le Comité d’honneur pour l’érection du monument. La conférencière répond négativement : Joseph Andrau, directeur de l’École des Beaux-Arts, est implanté au sein des institutions et il est une des figures centrales de la scène artistique toulousaine, alors que Carlo Sarrabezolles, établit, à Paris, n’a pas d’ancrage local. Ils n’appartiennent pas aux mêmes réseaux. Françoise Merlet-Bagneris note que Joseph Andrau a pourtant beaucoup encouragé le travail des sculpteurs liés à l’architecture. La conférencière pense qu’Andrau préférait que les budgets municipaux alloués à la communauté artistique profitent à des artistes vivant à Toulouse et appartenant au même cénacle ; il y avait certainement une sorte de protectionnisme local.
Daniel Cazes rappelle que lorsqu’il fut décidé de retirer du Musée des Augustins les œuvres contemporaines destinées à être conservées et exposées au Musée des Abattoirs, la limite fixée était 1945. Donc tout ce qui est antérieur à cette date est resté au Musée des Augustins et se trouve en réserve puisqu’aucune œuvre de la fin du XIXe-début XXe n’est aujourd’hui exposée. Il trouve dommage qu’en 2024 on ne se soit toujours pas posé la question de la création d’un Musée d’art moderne à Toulouse, qui aurait sa place comme le montre la communication du jour. Il a pu constater par ailleurs, durant sa vie de conservateur, la dispersion récurrente des fonds, problème qu’évoquait notre Trésorier. Enfin, en visitant les combles et les caves de l’École des Beaux-Arts, il a été frappé par la quantité d’œuvres entassées. Il s’agit d’un fonds extraordinaire qui est aujourd’hui dans l’oubli. Heureusement, une personne est actuellement en train d’inventorier ce fonds, mais celle-ci lui a confié que des pertes sont à déplorer. Par ailleurs il regrette que les plâtres soient conservés dans des caves et souffrent bien entendu d’une atmosphère humide. Il pense donc que Carlo Sarrabezolles et bien d’autres de ses contemporains mériteraient un peu plus d’égards dans l’histoire de l’art à Toulouse. La création d’un musée s’impose donc.
La Présidente remercie Coralie Machabert et donne la parole à Valérie Dumoulin qui nous annonce qu’elle quitte le Couvent des Jacobins pour prendre la direction du Musée Médard à Lunel (Hérault). Celui-ci est consacré aux arts et métiers du livre. Elle a pour projet de venir nous présenter le fonds de ce Musée à l’occasion d’une communication car il conserve des manuscrits extraordinaires. Elle regrette cependant de ne plus pouvoir venir aussi fréquemment à nos séances. Virginie Czerniak remercie notre consoeur qu’elle a hâte d’entendre et lui propose de nous accueillir pour une journée foraine à Lunel et de nous faire visiter son Musée. Valérie Dumoulin accepte avec grand plaisir.
Puis elle donne la parole à Christian Péligry, au titre des questions diverses, pour nous parler d’un don fait à notre Société.
Je voudrais retenir un instant votre attention sur le don qui vient d’être effectué en faveur de la Société Archéologique par l’arrière-petite-nièce du chanoine Auriol, Mme B. Reverchon. Le père de celle-ci, Gaston Pagès, notaire à Rabastens, obtint une médaille de bronze de notre Société en 1938 pour un guide qu’il avait rédigé sur Notre-Dame-du-Bourg. Le colis postal que nous avons reçu la semaine dernière contenait des objets et des documents ayant appartenu au chanoine Auriol. Celui-ci, vous le savez, apparaît comme une grande figure dans l’histoire de notre Compagnie ; il en a assuré la présidence pendant 15 ans (après celle exercée par Émile Cartailhac), depuis son élection le 17 janvier 1922, jusqu’à sa mort en 1937. Les 3 dernières années de son existence ont été marquées par la maladie, qui l’empêchait de se mouvoir et de se rendre aux séances. Mais, avant que sa santé ne se dégrade, il fut extrêmement actif : nommé conservateur des antiquités et objets d’art, il sillonna les routes de la Haute-Garonne et des départements voisins, obtenant le classement de 534 objets ; sa bibliographie, établie par François Galabert, ne recense pas moins de 150 titres ; il accueillit, à Toulouse, en mai 1929, le Congrès de la Société française d’archéologie, au cours duquel il prononça un remarquable discours et présida, avec beaucoup de panache, en 1931, le centenaire de la Société Archéologique du Midi de la France. C’est pourquoi le don de son arrière-petite-nièce, qui l’a bien connu dans son enfance et qui l’aimait beaucoup, nous touche particulièrement. Le colis qu’elle vient de nous adresser contenait : un crucifix en argent, de 19 cm, et une dizaine de médailles commémoratives ou décorations parmi lesquelles figurait la légion d’honneur qui lui fut remise en 1929, celle-là même que le chanoine arbore fièrement sur le tableau peint par Madeleine Cartailhac en 1937 ; ce portrait, restauré depuis peu, vient de reprendre sa place dans notre salle des séances. Il y avait aussi un petit livre d’exercices spirituels en basque et en latin, publié à Bayonne en 1880, un ensemble de 12 cartes postales représentant les principaux chapiteaux de Saint-Julien-de-Brioude, et surtout 4 cahiers ou carnets de notes parsemées de dessins qui révèlent les indiscutables talents artistiques de leur auteur. Je précise qu’on peut en retrouver d’autres au Musée Paul-Dupuy, parmi les milliers de documents graphiques dont notre Compagnie est toujours propriétaire.
En premier lieu, un cahier reproduisant les enluminures du manuscrit 815 de la Bibliothèque d’étude et du patrimoine, une Apocalypse du XIVe siècle ; le chanoine Auriol préparait, à ce moment-là, une étude sur ce manuscrit, publiée en 1929. Je le fais circuler parmi vous.
D’autre part deux carnets comportant les visites effectuées par Achille Auriol, en qualité de conservateur des antiquités et objets d’art, entre 1924 et 1934 : je fais circuler le premier, dont l’iconographie est plus riche. On y trouve une demi-douzaine de dessins, qui se déploient sur une pleine page ou même sur une double page, mais aussi des croquis et des esquisses reproduisant des chapiteaux, des colonnes, des armoiries, des sceaux, des fresques, des verrières, des détails architecturaux, des inscriptions lapidaires, des objets de culte. Ces documents sont à compléter par un inventaire manuscrit du chanoine Auriol conservé aux Archives départementales.
Enfin, un carnet de voyage, parsemé lui aussi d’esquisses au crayon ou à la plume, correspond, en réalité, à deux voyages en Italie, l’un réalisé en juillet 1898, l’autre semble-t-il, en septembre-octobre 1900. Le chanoine Auriol a pu visiter, au cours de ces déplacements, qui durèrent chacun une quinzaine de jours, Pise, Fiesole, Rome, Assise, Florence, Bologne, Milan, Padoue, Ravenne, Venise, Gênes. Fasciné par les paysages, les monuments et les œuvres d’art qu’il découvrit en Italie, Achille Auriol publia de nombreux articles sur la Toscane, la psychologie de Botticelli, l’art de Fra Angelico, la madone de Pise, le prestige de la Rome antique dans l’imagination du Moyen Âge ; le carnet de voyage offert par Mme Reverchon et les autres recueils de dessins viennent donc enrichir un ensemble bibliographique de 80 articles, ouvrages ou textes de conférence, déjà recensés dans notre catalogue. À l’occasion de ce don généreux, qui met en lumière l’attachante personnalité d’un ancien Président de la Société Archéologique du Midi de la France, je suis très heureux d’évoquer, à travers ces quelques « reliques », le souvenir du chanoine Auriol, qui mériterait sans doute, à l’avenir, une étude plus approfondie. Gloriae Majorum !
Toujours au titre des questions diverses, Virginie Czerniak donne la parole à Patrice Cabau pour nous présenter un mur récemment recouvert d’enduit, rue Bellegarde.
La rue Bellegarde est une rue qui apparaît dans les cadastres anciens. Au XVIIe siècle elle avait le nom de rue des Tissiers ou Tisserands et elle aboutissait à une porte monumentale de la ville : la porte Matabiau. Avant le XVIIe siècle, elle portait le nom de rue de Cahors. Cette voie fait un coude vers la place Saint-Sernin et à l’angle se trouvait l’hôpital Saint-Jacques-du-Bourg, transféré à cet endroit en 1421 par l’abbé de Saint-Sernin Foulque de Royère et remplacé vers 1860 par l’immeuble que l’on voit actuellement. Vers le Sud, sur l’emplacement correspondant à l’ancien collège de Périgord, fut implanté le grand Séminaire, dans les années 1820. À l’intérieur de l’îlot actuel, joignant les rues de Périgord et Bellegarde, existait aux XVIIe et XVIIIe siècle une rue qui formait la limite occidentale de l’enclos du couvent des Carmélites et qui portait le nom de ces religieuses. Cette voie a disparu dans les années 1930, lors de la construction de la Bibliothèque Municipale. Au nord de l’îlot se trouve une résidence estudiantine dépendant du CROUS Toulouse-Occitanie.
Le mur en briques constituant au Nord l’enceinte de l’ancien couvent des Carmélites vient de faire l’objet d’un ravalement. Il est désormais masqué par un enduit de couleur ocre. Ce mur conservait des traces intéressantes qui ne sont donc plus visibles aujourd’hui. Notre Directeur nous montre des photographies prises en 2013. La petite porte du CROUS, qui porte le n° 6, se situe au débouché de l’ancienne rue des Carmélites. La portion de ce mur située vers l’Est présentait une maçonnerie remaniée et quelques traces d’ouvertures. Comme cela est fréquent au Moyen Âge, le cœur de la maçonnerie est lié au mortier (et non à la terre comme plus tard). Quelques claveaux conservés dans la partie centrale indiquent certainement la présence d’une ancienne baie du XIIIe siècle. Ce mur sur la rue pouvait correspondre à l’une des maisons médiévales qui ont été détruites par la suite pour aménager le couvent. Ce fragile témoin est donc aujourd’hui masqué par les travaux qui viennent de s’achever. Quelques photographies en garderont le souvenir, mais il nous faut surtout garder l’information archéologique.
Daniel Cazes regrette que notre confrère ne se soit pas attardé sur la zone située plus à l’ouest du mur, où se trouvait l’extrémité des bâtiments du collège de Périgord. Ici se voyaient des éléments de pierre et des systèmes d’écoulement (éviers…), identiques à ceux que l’on voit au pied de la tour Maurand, rue de Périgord. Il pense que se trouvait là une maçonnerie du XIIe siècle. Ces maçonneries ont malheureusement été recouvertes elles aussi. Revenant sur le mur qui a fait l’objet de cette question d’actualité, il précise que la face interne n’a pas fait l’objet de travaux et qu’elle conserve, peut-être, des traces anciennes. Il serait donc intéressant d’aller l’observer.
Virginie Czerniak remercie notre Directeur d’avoir constitué une documentation historique et photographique sur ce mur et lève la séance.