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L’ASILE DE BRAQUEVILLE, À TOULOUSE

separateur

Vue aérienne

L’ASILE DE BRAQUEVILLE, À TOULOUSE

(Centre hospitalier spécialisé Gérard-Marchant)

un patrimoine inestimable


Article mis en ligne sur le site de la S.A.M.F. en janvier 2004


Les bâtiments des malades du XIXe siècle sont menacés en raison du coût élevé de leur restauration par rapport à une construction nouvelle.

L’importance de ce patrimoine reconnu comme un modèle dépassant le cadre national doit faire réfléchir le Conseil d’administration de l’établissement afin d’éviter une décision irréversible et catastrophique au plan patrimonial. La sauvegarde d’un patrimoine représente un coût mais sa destruction, constitue une perte – y compris économique – irréparable. L’hôpital tire sa beauté et ses qualités reconnues de la cohérence de l’ensemble bâti, l’amputer serait fatal.

L’hôpital ne bénéficie actuellement d’aucune protection au titre des monuments historiques.


R.G.A. planche

L’une des planches publiés dans la Revue général de l’architecture.

Photographie ancienne

L’hôpital en cours de construction.

Vue aérienne 2

Vue aérienne montrant l’ensemble de l’hôpital.

Plan avant démolition

Plan du site, état actuel : en bleu, les bâtiments à démolir.

Plan après démolition

Plan du site tel qu’il se présentera après les démolitions de tous les bâtiments des malades de l’hôpital du XIXe siècle.

L’ASILE DE BRAQUEVILLE

Architecte : Jacques, Jean Esquié, avant-projet 1850 ; construction 1852-1864.

C’est le seul édifice du XIXe siècle de Haute-Garonne qui ait une telle importance historique, artistique et patrimoniale :

 

Deuxième prix, en 1867 à l’Exposition Universelle de Paris, pour l’architecte et son chef d’œuvre

En 1865 et 1866, l’asile à peine achevé fut érigé en modèle international par la célèbre Revue Générale de l’architecture et des Travaux publics, la plus importante du XIX e siècle, vendue dans de très nombreux pays, en Europe comme en dehors d’elle, qui lui réserva un nombre considérable de planches.

Dominique Esquirol, père de l’hôpital psychiatrique français, qui fit voter la loi de 1838 obligeant chaque département à se doter d’un hôpital spécialisé, était né à Toulouse. L’hôpital psychiatrique de Toulouse a été réalisé selon les directives d’un de ses disciples, le psychiatre Gérard Marchant, et lui est dédié.

État actuel  : exceptionnellement satisfaisant, seuls deux pavillons et les doubles galeries centrales furent rasés pour permettre la circulation automobile peu après la dernière guerre. L’explosion du 21 septembre 2001 a détruit des bâtiments du XXe siècle mais pas ceux du XIXe siècle dont seuls les faux plafonds, vitres, etc. ont été abîmés, pas les maçonneries. Les toitures ont été soulevées par le souffle de l’explosion et, par une négligence coupable, la chapelle, en particulier, n’a plus de toit depuis trois ans et personne n’a songé à la bâcher. Que sont devenues aujourd’hui les peintures de Denuelle ?

Analyse architecturale

L’asile est structuré par un axe principal de symétrie reliant l’entrée, la cour d’honneur de l’administration, la chapelle, l’arrondi des services généraux, le château d’eau. De part et d’autre se développent les deux sections affectées aux deux sexes. Chacune comprend sept pavillons établis sur deux lignes liés par des galeries couvertes à l’administration, améliorations inventées par l’aliéniste Brière de Boismont. Recommandée par Esquirol mais généralement abandonnée pour son coût, la séparation thérapeutique absolue des quatorze quartiers a ici été obtenue.

Ce beau plan symétrique et hiérarchisé, parangon de rationalisme, fut allié à des façades colorées d’une grande qualité architecturale. Les deux bâtiments de l’administration relèvent des classicismes français et italiens avec leur double hauteur d’arcades en plein cintre et leur composition en cinq parties dont trois avant-corps abritant les principaux éléments de la circulation. Classiques aussi les arcades en plein cintre qui les relient tandis que la chapelle romano-gothique a reçu un décor peint du célèbre parisien Alexandre Denuelle. Les pavillons des malades et leurs jardins à l’anglaise relèvent du vocabulaire pittoresque. Ce modèle d’éclectisme recèle quelques formes toulousaines telles que les " mirandes ", le souvenir du plan des Jacobins de Toulouse pour la chapelle. Les matériaux locaux très économiques et très colorés -la brique " foraine " de grand format et de tonalité rose-orangé, les tuiles creuses caractérisent cet exceptionnel ensemble architectural toulousain.

L’établissement fut dédié à L’aliéniste Toulousain J.-E.-D. Esquirol qui en inspira la réalisation. Son portrait, un médaillon, domine l’arc d’entrée à la cour d’honneur.

Odile Foucaud
Maître de conférences d’Histoire de l’Art moderne
à l’Université de Montpellier

Sources et bibliographie

J.-B. Delaye, G. Marchant, Programme pour la construction d’un asile d’aliénés dans le département de la Haute-Garonne, Toulouse, 1850, 55 p., plan de J. Esquié.

J. Esquié, " Construction d’un asile d’Aliénés aux environs de Toulouse ", dans Revue Générale de l’architecture et des Travaux publics, t. 23, 1865, col 107-116, 147-150, pl. 24-32 suite par C. Daly, t. 24, 1866, col 18-19, pl. 9-13.

O. Foucaud, Jacques-Jean Esquié, 1817-1884, architecte toulousain, Doctorat, Toulouse II, 1989.

O. Foucaud, Jacques-Jean Esquié, architecte de fonction toulousain, 1817- 1884, Toulouse, catalogue d’exposition, musée Paul-Dupuy, 1992, 112 p.


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