Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 2015

separateur

Communication de Françoise MERLET-BAGNÉRIS

Musée des Augustins et enseignement artistique : l’expérience d’une cohabitation (1806-1895)

Un livre consacré à l’histoire de l’École des Beaux-Arts depuis ses origines jusqu’aux années 1970 est en cours de rédaction : il s’agit d’une commande du directeur de l’École de 2010 à 2012, Yves Robert, qui avait fait réaliser ce même travail par l’École des Beaux-Arts de Lyon. L’édition est en projet.
Le thème particulier choisi pour la communication du 17 novembre n’en est qu’un chapitre parmi bien d’autres :
Début 1806 est inaugurée solennellement l’École Spéciale Communale des Sciences et des Arts de la ville de Toulouse, après des travaux d’adaptation indispensables entrepris dans les locaux du couvent des Augustins : on y rêve d’un enseignement basé sur les collections du musée, et surtout celle des plâtres, au nombre de 2500, installés en partie dans la salle capitulaire. La pratique du dessin y règne à partir surtout de l’estampe ; le dessin de nu, base des fondateurs des écoles de dessin privées du XVIIe siècle y est devenu moins prisé.
Là règne François Lucas, à la fois conservateur du musée et directeur de l’École, suivant une tradition qui se maintient jusqu’au XXe siècle.
Mais c’est dans ce contexte idéal de confrontation entre la Création et la Culture que se met en place une révolution propre à l’École de Toulouse : un nouvel enseignement du dessin ; de là la division d’une École en deux, avec ses partisans engagés et ses détracteurs, ses vainqueurs et ses vaincus, au profit d’une révolution durable toujours en faveur du dessin. Mais il y a « dessin » et « dessin », et une véritable guerre peut se déclencher pour défendre chaque version de cette noble cause...


Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-Adjoint, Péligry, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Andrieu, Haruna-Czaplicki, Merlet-Bagnéris, Pradalier-Schlumberger, MM. Bordes, Garland, Garrigou Grandchamp, Peyrusse, Testard, membres titulaires ; MM. Boyer, Penent, Sournia, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Balty, Cazes, Heng, Jaoul, Lamazou-Duplan, Queixalós, Vallée-Roche, MM. Balty, Surmonne.

Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 3 novembre, qui est adopté après correction d’erreurs signalées par Louis Peyrusse.
Le Président rend compte de la correspondance reçue.
Mme Desfossés, à Issoudun, voudrait avoir des informations sur le tailleur de pierre Guillaume Desfossés, qui a travaillé au portail sud de la cathédrale de Rodez dans les années 1540, en compagnie d’un nommé Viguier, aussi tailleur de pierre. Il semble que Guillaume Desfossés ait bénéficié d’une notice dans le Dictionnaire des sculpteurs français du Moyen Âge de Beaulieu et Beyer, de 1922. Le courrier sera transmis à notre consœur Caroline de Barrau.
M. Daniel Héchinger, directeur de la culture à la Région Midi-Pyrénées, nous adresse l’ouvrage de Patrick Roques, Mémoires de la Grande Guerre en Ariège, dernier volume paru de la collection Patrimoines Midi-Pyrénées.

Le Président rapporte qu’il s’est rendu au Capitole le 16 novembre pour y rencontrer le maire, comme convenu, et s’entretenir avec lui de l’aménagement du site de Saint-Sernin. Il a eu la surprise d’apprendre que le rendez-vous avait été annulé. Une nouvelle date devrait être arrêtée, mais qui n’a pas encore été fixée.

Notre combat permanent pour de véritables fouilles est loin d’être gagné, comme nous pouvons une fois de plus le constater avec les travaux en cours place Saint-Pierre. Sur ce chantier chaotique, les pelles mécaniques creusent souvent à plus d’un mètre de profondeur, des murs apparaissent ainsi qu’un énorme massif de maçonnerie, sans fouilles archéologiques : nous sommes pourtant sur le tracé de l’enceinte antique et sur l’emplacement d’une porte, signalés depuis longtemps à Joan Busquets qui nous a assurés qu’il serait attentif à la mise en valeur du rempart romain. Même chose au port de la Daurade, où est apparu un autre énorme massif de maçonnerie, à peu près dans l’alignement du pont : François Bordes indique que le service de l’archéologie de Toulouse Métropole y a fait une intervention d’urgence jeudi dernier. Le Président rappelle que nous avons très souvent signalé qu’il s’agissait d’un site archéologique important.

La parole est à Françoise Bagnéris pour sa communication : Musée des Augustins et enseignement artistique : l’expérience d’une cohabitation (1806-1895).

Le Président remercie Françoise Merlet-Bagnéris pour cette communication inhabituelle, qui ouvre bien des perspectives sur l’histoire de l’École des Beaux Arts de Toulouse. L’école et le musée ont toujours été à l’étroit dans ces bâtiments partagés, et c’est d’ailleurs toujours le cas du musée. Pour avoir longtemps travaillé au Musée des Augustins, le Président s’est rendu compte que la cloison avec l’école était en effet beaucoup plus poreuse que l’on pouvait l’imaginer, les étudiants envahissant le musée tandis que des œuvres passaient du côté de l’école. En étudiant avec Jean Balty les bustes de Béziers, nous nous sommes rendu compte que les fragments des statues qui les accompagnaient avaient été attribués à l’école pour servir de modèles dans les cours de dessin ; l’enquête n’a cependant pas permis d’en retrouver un seul morceau. Le Président conclut son propos en soulignant l’intérêt de ce travail pour l’histoire de l’École des Beaux Arts mais aussi pour celle du Musée et de ses collections.
Comme Emmanuel Garland s’étonne de n’avoir vu que des formes simples alors que l’on s’attendrait à des formes complexes vues sous des angles différents pour les cours de dessin technique, Françoise Bagnéris précise qu’elle n’a pas retrouvé de planches de dessin technique, dont l’enseignement semble d’ailleurs avoir comporté de nombreux cours théoriques. Puis en réponse à une question d’Henri Pradalier sur le début de la querelle entre anciens et modernes, elle précise que Gaillard enseigne sa méthode dès 1834, l’ouvrage étant publié en 1844.
François Bordes annonce que le carnet de dessins du baron Lejeune fera l’objet d’un article de Christophe Marquès. Il remarque par ailleurs qu’il serait sans doute intéressant de répertorier les noms des participants aux expositions des Beaux Arts et de l’Industrie de Toulouse au XIXe siècle, ainsi que les noms de ceux qui ont été primés.
Jean Penent se souvient d’avoir découvert la méthode Gaillard dans les années 1980, méthode qui faisait l’objet d’un mémoire de maîtrise, mais qui n’a jamais été rendu, précise Françoise Bagnéris. Puis il rappelle que la collection de plâtres était extraordinaire au XIXe siècle, et qu’ils ont tous disparu, comme la plupart de ceux de l’université d’ailleurs. Henri Pradalier remarque que Montpellier a su pour sa part les conserver et que la collection de plâtres est aujourd’hui classée Monument historique. Daniel Cazes indique que Du Mège et ses successeurs avaient fait faire des moulages d’œuvres qui ont aujourd’hui disparu. Pour ceux du musée, une partie des inventaires au moins existe : Du Mège donne une liste des œuvres de la galerie des plâtres dans son catalogue de 1844, resté manuscrit.
Françoise Bagnéris rappelle que le bâtiment de l’école des Beaux Arts a servi d’hôpital militaire en 1919, puis de nouveau en 1939. Comme Jean Penent l’interroge sur le portrait de François Lucas, un dessin de Roques, Françoise Bagnéris dit qu’elle ne sait pas où il se trouve aujourd’hui, et elle ajoute qu’elle n’a pas pu accéder au fonds. Jean Penent se souvient y être allé et d’y avoir trouvé 20 cm de dessins sur le sol, d’y avoir vu un dessin de Benjamin Constant, qui avait disparu le temps qu’il revienne, et aussi un dessin de Rixens, avec des traces de pataugas… Il est sûr qu’il n’y a plus de chefs-d’œuvre, tous ayant été volés… Jean Penent donne encore de nombreux détails qui lui sont restés en mémoire, et conclut que notre Société se doit de veiller au devenir de ce qui subsiste de ce fonds.
François Bordes indique que les Archives municipales sont vigilantes et il annonce qu’elles vont recevoir en dépôt la totalité des dessins, dont les dessins d’architecture parmi lesquels se trouvent des dessins d’Esquié. Il aurait sans doute été intéressant qu’une relation ait été établie avec les Archives municipales quand le Musée Paul-Dupuy a procédé à une première récupération du fonds, et il serait sans doute profitable qu’une équipe commune soit constituée pour en faire l’inventaire. Guy Ahlsell de Toulza regrette que le fonds soit ainsi dispersé entre plusieurs institutions, et que le manque de moyens ne permette pas au Musée Paul-Dupuy de le mettre à disposition du public. Il ajoute qu’il est anormal que le fonds de l’école soit inaccessible. Il se rappelle lui aussi l’état désastreux de l’école vers 1975, et qu’elle a alors été véritablement mise au pillage.
Le Président demande à chacun des témoins de bien vouloir réunir leurs souvenirs et des photographies des œuvres disparues, s’ils le peuvent.

Au titre des questions diverses, Nicole Andrieu, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de la Haute-Garonne, annonce que la gendarmerie de Castelginest a retrouvé de nombreux objets volés en 2014-2015 dans plusieurs départements de la région, en particulier en Haute-Garonne.
Le voleur, ou receleur, a indiqué aux gendarmes la provenance des objets : les églises de Castelginest, Blagnac, Portet-sur-Garonne, Verfeil, Venerque, Saint-Sulpice-sur-Lèze, les églises de la Daurade et Saint-Pierre des Chartreux à Toulouse ; des objets viennent aussi de Gaillac, de Montauban et de Lézat-sur-Lèze.

Pour la Haute-Garonne, parmi les objets retrouvés :
- un élément du tabernacle MH de Portet-sur-Garonne, les symboles des 4 évangélistes supportant un plateau pour exposer l’ostensoir, volé en mai 2015 ;

Élément du tabernacle de Portet-sur-Garonne


- des têtes de bélier ornant des vases entourant l’autel de Saint-Pierre-des-Chartreux ;

Autel de Saint-Pierre des Chartreux, Toulouse
Têtes de bélier ornant des vases de l'autel de Saint-Pierre-des-Chartreux


- et un tableau MH de l’église de Blagnac, offert à l’église en 1720 par la confrérie des Âmes du Purgatoire, volé en décembre 2014.

Tableau de l'église de Blagnac

Tous ces objets seront rendus à leurs légitimes propriétaires, après constat d’état. Il faut saluer la rapidité avec laquelle la Gendarmerie a agi pour des objets volés dans les six à dix mois précédents.

Nicole ANDRIEU
Conservateur des Antiquités et Objets d’Art
de la Haute-Garonne


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