Société Archéologique  du Midi de la France
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Les cathares (1244-1329)

separateur
 

Michel
ROQUEBERT

 Les cathares

De Montségur aux derniers
bûchers

(1244-1329)

 

Christianisme dissident apparu en Europe occidentale aux alentours de l’an Mil, le catharisme fut la plus importante hérésie qu’eut à combattre l’Église médiévale. Violemment réprimé en Flandre, en Rhénanie, en Champagne, il réussit à s’implanter solidement et durablement dans le futur Languedoc : comtés de Toulouse et de Foix, vicomtés de Carcassonne, Albi et Béziers. Le pape Innocent III espéra en venir à bout en lançant la « Croisade contre les Albigeois » – une guerre sans merci qui, au bout de vingt ans de ravages, de sièges et de massacres, (1209-1229) étendit jusqu’à la Méditerranée le domaine royal capétien mais ne réussit pas à résoudre la question religieuse. Rome inventa alors l’Inquisition...

Dans les quatre volumes de son Épopée cathare, Michel Roquebert a minutieusement reconstitué le déroulement de cette guerre, ainsi que le siège et la chute du réduit de montagne que s’était donné la haute hiérarchie de l’Église interdite, le château de Montségur, où plus de deux cents Parfaits et Parfaites cathares périrent sur le bûcher dressé le 16 mars 1244.

Mais contrairement à une idée trop souvent reçue, la fin de Montségur n’a pas marqué la fin du catharisme en pays d’Oc : l’hérésie prit le maquis, et s’ouvrit alors le volet le plus méconnu de son histoire ; histoire d’un clergé traqué de grottes en forêts, décimé par les bûchers, mais obstiné à prêcher en cachette la théologie des Deux Principes et à donner, par l’imposition des mains, son unique sacrement, le baptême du Saint-Esprit ; histoire d’une société de fidèles inexorablement déstabilisée par les enquêtes inquisitoriales, par les emprisonnements, par la confiscation de ses biens, par l’exil, et surtout par la délation institutionnalisée.

Cette « chasse aux sorcières » va durer 85 ans, jusqu’au derniers bûchers allumés en 1329 pour les dernier « croyants » ; avec, en toile de fond, d’ardents conflits entre ceux-là même qui veulent tous la mort de l’hérésie, mais se déchirent au gré de leur éthique ou de leurs intérêts propres : l’Inquisition, le Saint-Siège, le haut clergé catholique, les pouvoirs féodaux, le roi de France et sa propre administration locale, – et même certains franciscains qui entrent en lutte ouverte contre l’Inquisition dominicaine...

Et derrière les humbles et pathétiques figures de tant de ministres de la religion interdite que quelque 7 000 interrogatoires, sentences et documents divers, pour une large part encore inédits, permettent d’arracher enfin à l’oubli, se profilent les hautes statures de ceux qui, tirant les ficelles de ce jeu impitoyable, réglèrent la question cathare : de grands rois, de saint Louis à Philippe le Bel ; de grands papes, d’Innocent IV à Boniface VIII et Clément V ; de grands inquisiteurs, de Bernard de Caux à Jacques Fournier, futur pape Benoît XII, et à Bernard Gui.

En un sens, tout commence à Montségur...


Michel ROQUEBERT : Les cathares. De la chute de Montségur aux derniers bûchers (1244-13429) . Éditions Perrin, 1998. 580 p. 149 F.

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