Olivier Testard : Du portail Sud de Saint-Pierre d’Aulnay à la façade de la cathédrale de Cahors (deuxième partie).
Du portail sud de Saint-Pierre d’Aulnay à la façade occidentale de la cathédrale de Cahors : Partie 2
Ce texte poursuit l’étude de l’apport des arts libéraux et de la mise en scène pour enrichir notre connaissance des programmes iconographiques et de la conception des églises. Alors que le portail expose la dimension horizontale des effets de la dédicace, le registre supérieur de la façade vient approfondir ce thème en lui donnant une dimension verticale. La Jérusalem céleste y prend la forme de la coupe d’une église où la rose veut signifier la présence de Dieu.
La dédicace, par le lien noué avec les cieux, garantit l’efficacité des rites qui se déroulent dans l’église pour atteindre l’objectif du salut collectif que l’Église s’est assigné, en assurant la présence de Dieu descendu du ciel dans l’eucharistie.
Des églises évoquent cette superposition en insérant le zodiaque qui vaut voûte étoilée entre le rez-de-chaussée terrestre et l’étage de Dieu. Le tout est complété par l’église des morts en sous-sol. De plus en plus présente, la Vierge viendra prendre place dans l’église terrestre qu’elle représente, comme lieu du point de départ du rachat qui trouve son point d’arrivée dans l’église céleste. La façade ouest de la cathédrale de Cahors s’analyse à partir de ce contexte iconographique.
Présents : Mme Czerniak Présidente, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mme Cazes ; MM. Cazes, Lassure, Peyrusse, Sournia, Testard, membres titulaires ;
Mme Machabert ; M. Kérambloch, membres correspondants.
Invitée : Carlyne Henocq (doctorante).
Excusés : Mmes Balty, Bessis, Dumoulin, Queixalos, Rolland, MM. Balty, Surmone, Tollon.
Après avoir ouvert la séance, la Présidente nous annonce la démission de notre Directrice Adriana Sénard. En effet, débordée par son travail et sa vie familiale, elle a jugé préférable de cesser ses fonctions au sein du bureau de la Société. Nous en sommes tous attristés et nous espérons la revoir bientôt à l’occasion d’une de nos futures séances. Il y aura donc dans un mois des élections pour désigner un nouveau directeur (lors de la séance du 19 avril).
Elle nous signale par ailleurs que la date de la séance publique a été repoussée au 29 mai, nous aurons donc le temps de préparer les invitations et les affiches. Le programme reste inchangé : la présentation des prix du concours et une conférence présentée par notre Présidente et Émilie Nadal sur la peinture toulousaine au XIVe siècle.
Enfin, la dernière information concerne une demande de prêt de la stèle de Montels et la statue-menhir de Frescaty par le site archéologique Lattara, Musée Henri Prades de Montpellier Méditerranée Métropole, pour une exposition intitulée Statues-menhirs, miroirs de pierre du néolithique, qui se tiendra du 7 octobre 2022 au 6 mars 2023. Cette exposition présentera des statues-menhirs découvertes en Occitanie et datant de la fin de l’époque néolithique (3300-2200 av. J.-C.). Le bureau est favorable à ce prêt si les préconisations d’usage sont respectées. Daniel Cazes attire l’attention sur le fait que la statue-menhir de Frescaty est très lourde et que la limite pour l’ascenseur est de 630 kg, il faudra donc que le transporteur soit vigilant sur le poids de cette dernière.
Virginie Czerniak fait don à la bibliothèque d’un ouvrage : Bernard BERTHOD et Gaël FAVIER, Conques un trésor millénaire, CLD éd., Paris 2019.
Dans la perspective de la séance publique, Louis Peyrusse a fait une sélection de vieux ouvrages en surplus dans les stocks de notre bibliothèque, que nous envisageons de mettre en vente le 29 mai aux prix suivants : Les Congrès archéologiques de France de l’Agenais, du Velay et du Quercy. 10 €
Les mélanges Durliat. 10 €
Les mélanges Labrousse. 5 €
Un tiré-à-part du Bulletin Monumental de Marcel Durliat sur « la sculpture monumentale du XIe siècle en Occident ». 5 €
Une plaquette, Autour d’Assézat. 3 €
Une plaquette Toulouse à l’époque romantique. 3 €
Il pense, en effet, qu’il vaut mieux remettre ces ouvrages dans le circuit plutôt que de les laisser dormir dans nos réserves.
La Présidente passe enfin la parole à notre confrère Olivier Testard pour une communication longue intitulée Du portail sud de Saint-Pierre d’Aulnay à la façade de la Cathédrale de Cahors (2e partie, la première partie ayant été présentée 15 décembre 2020).
Virginie Czerniak remercie l’orateur pour cette présentation personnelle et foisonnante. Revenant sur ce qui a été dit à propos des peintures d’Ourjout et de son zodiaque assimilé au ciel des étoiles fixes, elle reste pour sa part convaincue que celui-ci était plutôt à considérer comme un symbole du temps christique. Cela, reconnaît-elle, peut cependant fonctionner dans les deux sens. N’ayant pas pu présenter tous les exemples, Olivier Testard répond qu’il faut s’appuyer sur le modèle du Panthéon des rois où les mois de l’année et le zodiaque sont dissociés. Dans certains cas en effet, les occupations des mois jouxtent le zodiaque, le premier en-dessous de l’autre représentant ce qui se passe sur terre et le second ce qui se passe dans le ciel. Concernant les décors situés au-dessus du portail de Cahors, reprend la Présidente, si l’un des personnages peint sur un mince badigeon était encore visible il y a une quinzaine d’années (car protégé par la voussure intérieure du portail), il ne l’est presque plus à l’heure actuelle. Celui-ci tenait quelque chose dans la main et il lui a semblé voir les cordes d’un instrument de musique. Cela poserait alors un problème d’interprétation iconographique puisque l’on a douze niches sur le tympan du portail (10 plus les deux personnages peints sur les côtés). On serait donc tenté d’y voir le collège apostolique, mais si l’un d’eux tient un instrument de musique, cette interprétation ne fonctionne pas. Virginie Czerniak a également retenu la remarque sur l’absence de tympan sculpté pour le portail d’Aulnay, mais il semble qu’il n’y en ait pas de façon générale sur ces églises de Saintonge ; il s’agit donc d’un choix structurel et esthétique, la notion d’abstraction n’est donc peut-être pas à convoquer dans ce cas. L’abstraction est un mot moderne répond Olivier Testard, mais on trouve dans les textes des débats intellectuels sur ces questions ; c’est un grand thème de réflexion.
Quitterie Cazes voudrait revenir sur le portail d’Aulnay qui a été présenté et plus particulièrement l’oculus du niveau supérieur. Son remplage est certainement moderne et il est curieux de le voir percé dans la partie basse de l’arc. Est-il bien roman, n’est-ce pas une intervention postérieure ? Par ailleurs, dans le portail, sous la seconde voussure, il ne s’agit pas d’atlantes comme pour la première, car les petits personnages représentés ont un genou à terre et présentent une main devant, l’autre sur le genou et ne portent rien. C’est pourtant la position d’Atlas portant la sphère céleste répond Olivier Testard. Les premiers sont des atlantes et les seconds des Atlas
Daniel Cazes remercie le conférencier pour cette longue communication en deux parties. Il déclare avoir été très intéressé par le passage de l’anthropomorphe à l’abstraction géométrique, ce que beaucoup d’auteurs ne voient pas en étudiant un édifice. Il faut noter en plus, toutes les spéculations d’ordre théologique et philosophique qu’il peut y avoir, sans que nous soyons toujours armés pour les comprendre et les identifier. Ce qui a été dit sur la notion du trois en un, en relation avec la Trinité, est effectivement très fréquente dans les églises et, ayant travaillé sur le monde cistercien, il a pu noter que celui-ci a particulièrement privilégié ce genre de spéculation, particulièrement dans les chevets toujours composés d’une rosace qui est l’un et trois fenêtres en-dessous qui sont la Trinité. La rosace a également une valeur cosmique. Notre confrère pense en particulier à l’église cistercienne de Santes Creus dont la conception est remarquable puisque le thème iconographique de cette architecture est visible tant de l’intérieur que de l’extérieur. Par ailleurs, remonter dans les textes, comprendre la spéculation exacte, quelle a été celle du commanditaire, il peut y avoir différents cas selon les édifices considérés et les transpositions ne sont pas toujours possibles. Cependant, la démonstration faite sur la cathédrale de Cahors est tout à fait convaincante.
Quitterie Cazes a trouvé très intéressante cette idée du zodiaque qui sépare les mondes présentée par notre confrère et les schémas qu’il a faits étaient très clairs.
Communication longue de Yoan Mattalia, Le couvent des sœurs hospitalières de Beaulieu dans le diocèse de Cahors à la fin du Moyen Âge
Le couvent de Beaulieu fondé en 1259 au nord du diocèse de Cahors constitue l’un des deux seuls établissements féminins de l’ordre de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem érigés dans le royaume de France. Il est issu de la transformation d’un hôpital créé en 1235 ou 1236 par Gisbert de Thémines et son épouse Aigline de Castelnau en une maison de religieuses de l’ordre de l’Hôpital. Les sœurs de Beaulieu qui ne sont pas soumises à une stricte clôture y mènent une vie contemplative, assurent le bon fonctionnement d’un hôpital et jouent un rôle essentiel dans la préservation de la mémoire du lignage fondateur de leur couvent.
À partir d’une analyse des sources écrites de la fin du Moyen Âge et du début de l’Époque moderne associée à une première observation des vestiges bâtis du couvent conservés en élévation, je questionnerai l’organisation architecturale et topographique d’une domus quelque peu atypique de l’ordre de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem qui attend encore une véritable étude archéologique.
Présents : Mme Czerniak Présidente, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Andrieu, Cazes ; MM. Cazes, Peyrusse, Sournia, Surmonne, Suzzoni, Testard, membres titulaires ; Mmes Dumoulin, Ledru, Machabert, Rolland ; MM. Mattalia, membres correspondants.
Excusés : Mmes Bessis, Caucanas, Fournier ; MM. Dubois, Garrigou Grandchamp, Kérambloch, Scellès, Tollon.
La présidente ouvre la séance et annonce à l’assemblée qu’une réponse au courrier envoyé à la Mairie de Cadalen nous est parvenue. Après nous en avoir donné lecture, elle s’étonne de la réaction de la municipalité. On nous assure cependant que les services techniques se chargeront du nettoyage de l’église, on se réjouit donc que la mairie ait pris acte du problème. Patrice Cabau note que notre interlocuteur n’a pas compris qui nous étions, il est question « d’association », or, nous n’en avons pas le profil. Malgré les protestations émises, on se doit de constater que la végétation a atteint aujourd’hui les fenêtres et la partie supérieure des ruines. L’affaire est donc à suivre.
Par ailleurs, Virginie Czerniak présente deux modifications du règlement intérieur et une motion à soumettre au vote des membres :
1. Les procès-verbaux ne seront plus lus en début de séance. Ils seront rédigés et envoyés pour vérification au président et à chaque membre qui est intervenu durant la séance. Après correction, le procès-verbal sera mis en ligne sur notre site, si possible avant la séance suivante. Les autres membres pourront alors le consulter sur le site et envoyer leurs remarques à la secrétaire-adjointe pour d’éventuelles modifications.
L’assemblée vote favorablement et à l’unanimité.
2. Les anciennes présidentes et les anciens présidents seront désormais membres du bureau avec voix consultative.
L’assemblée vote favorablement et à l’unanimité.
Toujours au titre des courriers reçus, le propriétaire du château de Scopont nous demande d’appuyer sa candidature à l’édition 2022 de la Mission Patrimoine de Stéphane Bern. L’édifice nous est présenté par notre trésorier et notre ancien Président.
Virginie Czerniak annonce qu’elle a fait une lettre au président et à la secrétaire générale de la Fondation du Patrimoine pour soutenir cette demande, qu’elle met au vote.
Daniel Cazes se rappelle que le propriétaire était venu le voir au Musée des Augustins avec cette intention de faire remettre le pavillon dans son état et Denis Milhau était convaincu du bien-fondé de cette demande. Jean-Louis Laffont, responsable de l’atelier de restauration de la ville était venu sur place, avait pris toutes les mesures nécessaires et avait fait un projet de restauration. Malheureusement, celui-ci n’a pas abouti, ce qui est regrettable car les travaux n’auraient rien coûté au propriétaire à l’époque alors que le devis des travaux qui sera dressé aujourd’hui sera certainement énorme. Par ailleurs, ajoute-t-il, concernant les sculptures en remploi dans l’édifice, il ne comprend pas pourquoi elles sont dites provenir de Saint-Sernin car pour lui ce n’est pas le cas pour toutes les œuvres. Il s’avère nécessaire de réexaminer les pièces une par une. En effet, nous ne savons pas comment Castellane a récupéré ces pièces, est-ce que Saint-Sernin est vraiment la source unique ? En faisant le récolement des collections avant la rénovation du Musée des Augustins, Daniel Cazes s’était posé des questions sur la sirène-oiseau et le sagittaire car il s’était rendu compte qu’ils étaient sculptés sur des marbres résultant de sciages ; ceux-ci appartenaient donc à un élément plus important. Pour lui, la seule hypothèse possible est qu’ils proviennent d’un fronton de sarcophage antique. Mais on a continué à croire ces sculptures médiévales parce que dans les descriptions anciennes du portail occidental de Saint-Sernin, il est question de tels sujets. Daniel Cazes avait continué à défendre ce constat pour que ces sculptures intègrent le Musée Saint-Raymond, où elles devraient être et non dans la salle de sculptures romanes du Musée des Augustins. Selon Mesplé reprend Louis Peyrusse, la sirène-oiseau et le sagittaire étaient à la base de la colonnette d’angle de la façade centrale. Il y avait des gables et pinacles en terre cuite autour de la porte centrale et une sculpture, aujourd’hui disparue, représentant un homme sur un cheval de parade. Louis Peyrusse n’a jamais pu voir cette sculpture mais les photographies prises par Mesplé, qui constituent le seul témoignage, montrent bien cette composition néogothique : il y avait donc des ornements en terre cuite qui complétaient tous les éléments en marbre des XIIIe et XIVe siècles. La plupart des pièces provenaient d’ailleurs des Jacobins. Pour des raisons techniques reprend Daniel Cazes, elles ne peuvent être que d’un fronton de sarcophage. Louis Peyrusse rappelle que si tout le monde pense que ces sculptures proviennent de Saint-Sernin c’est parce que Castellane dit avoir acheté des reliefs dans les dépendances de la basilique. Concernant le montant des travaux à faire, notre trésorier rappelle que le propriétaire est tenace, il est par ailleurs proche du Maire de Toulouse qui a également écrit à la fondation du Patrimoine. Enfin, l’atelier de restauration se chargera certainement de faire les moulages des pièces déposées. Il a fait refaire l’escalier par les compagnons, la toiture est à peu près en état mais l’intérieur est délabré. Il faut donc refaire les enduits et remonter le pavillon. C’est un travail dans lequel la ville de Toulouse va s’insérer pour ce qui concerne la partie décorative. C’est une belle opportunité reprend Louis Peyrusse pour que le pavillon soit enfin restauré, car en 1995, lors du classement, Marie-Anne Sire avait dit qu’il serait refait et nous attendons toujours. Olivier Testard qui s’occupe de ce dossier confirme l’engagement de la Mairie puisqu’elle a donné son accord par écrit.
Notre Présidente demande donc aux membres s’ils estiment que le soutien de la Société à la candidature de ce propriétaire vaut la peine, étant bien entendu que notre appui n’est pas une garantie de succès. Les membres se prononcent favorablement à ce soutien par un vote unanime.
Elle donne enfin la parole à notre confrère Yoan Mattalia pour une communication longue, Le couvent des sœurs hospitalières de Beaulieu (Lot).
Virginie Czerniak remercie notre confrère pour cette communication abondamment documentée par les textes. Cette étude s’avère très importante pour les repères stylistiques qu’elle donne dans cette partie du Quercy. Si la salle capitulaire est dite neuve en 1298, nous avons des indications très intéressantes sur la modénature et la sculpture de cette époque. La Présidente demande si des fouilles sont envisagées sur le site. Yoan Mattalia répond qu’il avait été en relation avec les membres de l’Association à qui appartiennent la salle capitulaire et les deux pièces qui lui sont associées, qui auraient en effet désiré entreprendre des fouilles programmées ainsi qu’une étude archéologique du bâti conservé. Finalement, les propriétaires des parcelles alentour craignant que ce qui pourrait être mis au jour ait des conséquences sur leurs activités, ce projet n’a pu se réaliser. Virginie Czerniak demande par ailleurs si l’orateur a une idée de ce à quoi pouvait ressembler le sépulcre familial évoqué par les textes. On sait seulement, répond Yoan Mattalia, qu’il était dans l’église, près du chœur et qu’il accueillait les corps de nombreux membres de la famille de Thémines. De la même façon, demande la Présidente, on sait que les Hospitaliers ont fait travailler des ateliers de peinture à Soulomès, il a été question de décors peints dans les galeries du cloître y-a-t-il plus de précisions ? Non, répond notre confrère, il s’agit d’une simple mention dans la Vita de sainte Fleur, ce n’est pas le but de ce texte de s’étendre sur cet aspect-là. La Présidente se dit enfin surprise par le gisant de Galiote de Genouillac du XVIIe siècle qu’elle trouve particulièrement archaïque. Il est conservé dans une salle du château d’Assier reprend notre confrère, où il est peu mis en valeur. Louis Peyrusse demande quel est le statut des monuments de l’abbaye de Beaulieu. Les vestiges bâtis sont classés au titre des Monuments Historiques répond Yoan Mattalia, mais il est impossible de les étudier plus précisément à l’heure actuelle car le monument menace ruine ; il faut donc renforcer l’essentiel de la structure avant de pouvoir envisager toute étude archéologique. Virginie Czerniak demande s’il reste des traces de la nouvelle chapelle ou église de 1617 ? Pour notre confrère, il s’agit d’un topos littéraire lié à la Vie de la prieure Galiote de Genouillac. La mention de la reconstruction de l’église et de sa consécration le 24 juin 1617 permet à l’auteur de ce texte d’évoquer le don de prophétie de la prieure et la révélation, le jour de cette consécration, de sa future mort, le 24 juin 1618. L’église était en bon état lors de la visite des frères de Malte en 1613 et ne nécessitait aucune réparation. Il est donc peu probable qu’elle ait été reconstruite. À quoi servait la clôture du XVIIe siècle demande encore la Présidente ? Elle servait à enfermer matériellement les sœurs, à les retirer du monde répond notre confrère. Cette réforme s’inscrit dans un vaste mouvement d’enfermement et de contrôle des moniales durant l’Époque moderne. Or, celle-ci passe très mal au sein de la communauté de Beaulieu et crée un schisme entre les sœurs qui souhaitent être réformées et celles qui ne le souhaitent pas. Certaines moniales réfractaires sont même enfermées de force un certain temps par la prieure réformatrice. Ce qui est fascinant reprend Louis Peyrusse c’est le quadrillage territorial dans lequel s’inscrit l’abbaye de Beaulieu, sur le Causse de Gramat qui n’est pas une région particulièrement riche, il y a visiblement des équipements de proximité (hôpitaux, couvents) avec une densité assez importante. La proximité de Rocamadour, premier pèlerinage marial de la chrétienté, peut expliquer cette densité fait remarquer Virginie Czerniak. La fondation du premier hôpital est sans doute liée à ce pèlerinage ajoute Yoan Mattalia. Cependant poursuit notre ancien Président l’essentiel des donations provient des seigneuries de Thémines. Ce sont en effet les seigneurs de Thémines qui dotent à la fois l’hôpital et le couvent, répond l’orateur, mais ce dernier reste extraordinaire car nous n’avons que deux maisons féminines de l’ordre de l’hôpital dans le royaume de France, ce qui reste atypique. Que reste-t-il aux Fieux, dans l’autre établissement féminin demande Louis Peyrusse ? Le couvent des Fieux est une propriété privée répond Yoan Mattalia où il reste quelques vestiges dont l’église, conservés en élévation, mais ils sont encore plus délabrés que ceux de Beaulieu. Notre trésorier demande si l’abbaye a été vendue comme bien national. Certainement, répond notre confrère, cependant, la documentation du fonds de Malte relative aux ordres religieux sur Beaulieu s’interrompt assez tôt puisque la réforme ne prend pas et les sœurs qui souhaitaient réformer le couvent quittent l’établissement à la suite de quoi il n’y a plus de documentation, il a donc arrêté là ses recherches. Guy Ahlsell de Toulza pense qu’au XVIIIe les bâtiments devaient être encore debout, le cloître a t-il été démonté, les matériaux ont-ils été vendus ? Yoan Mattalia sait que le portail de l’une des salles donnant sur le cloître a été démonté, récupéré et réutilisé lors des restaurations du sanctuaire marial de Rocamadour. Cela veut-il dire qu’il n’y avait rien d’autre à récupérer se demande notre trésorier ? Il reste quand même la porte décorée de la salle capitulaire répond notre confrère. Lors des saisies révolutionnaires, il y a des descriptions très précises pour les mises en vente, ajoute notre trésorier, les confronts sont donnés ainsi que les dimensions. Yoan Mattalia promet de rechercher ces sources. Daniel Cazes voudrait revenir sur les comparaisons effectuées avec le monastère Sainte-Marie de Sigena/Sixena. Ces comparaisons ne peuvent être que d’ordre très général ou fonctionnel car d’un point de vue artistique il y a beaucoup de différences. On est d’abord aux alentours de 1200 à Sigena, voire avant. Yoan Mattalia répond qu’il a évoqué cet exemple car les autres maisons féminines de l’hôpital – on n’en connaît que 14 –, ne possèdent pas cette organisation avec un cloître et des bâtiments conventuels autour, ce sont les deux seuls exemples connus dans ce petit groupe à l’heure actuelle. Daniel Cazes fait remarquer que Sigena était un monastère royal (avec un panthéon où se trouve le tombeau de Pierre II d’Aragon, mort à Muret) et qu’à ce titre la qualité artistique de la construction et du décor est nettement supérieure.
Au titre des questions diverses, Daniel Cazes nous informe que des fouilles (qui lui ont été signalées par Yoan Mattalia) sont en cours sur le site de l’Arsenal à Toulouse, où il s’est rendu récemment. L’aire de fouille est très importante puisqu’elle occupe tout ce qui était autrefois le parking de la cité administrative. Elle est visible en surplomb en passant derrière les amphithéâtres de la faculté de droit. Pour l’instant, cette fouille, qui est dirigée par M. Xavier Lhermite en est à la strate supérieure qui fait apparaître toute l’organisation des bâtiments de l’Arsenal du début du XIXe siècle, avec ses évolutions. On voit à l’heure actuelle les rails qui étaient destinés à transporter les armes et munitions. Il a lu une interview de l’archéologue. Ce qui sera trouvé sera forcément très intéressant puisqu’il s’agit d’un quartier de Toulouse, desservi par la porte Lascrosses, qui nous est presque inconnu pour la période du Moyen Âge. Grâce Mémoires de notre Société, nous avons toutefois des dessins de la porte avant sa destruction et du rempart dans lequel elle s’ouvrait. Il y avait non loin deux églises : Saint-Julien et Sainte-Radegonde, dont nous ne savons rien non plus. C’est donc une fouille qu’il faut suivre de très près et peut-être pourrions-nous demander à l’archéologue de faire visiter le site à la société, quand le chantier sera plus avancé. Quitterie Cazes note cependant que, d’après les informations affichées devant le site, les fouilles ne dureront que jusqu’au 4 mars, on peut donc penser que seuls quelques sondages seront effectués. Selon les informations recueillies par Yoan Mattalia, le chantier durerait jusqu’à la fin du mois de mai, notre confrère se propose de se renseigner. Quitterie Cazes prendra contact avec Xavier Lhermite, qu’elle connaît.
Communication longue d’Émilie Nadal, Deux nouveaux manuscrits commandés par Pierre de la Jugie
Notre connaissance des livres commandés par Pierre de la Jugie, archevêque de Narbonne au 14e siècle, s’enrichit de nouveaux exemplaires avec ces deux volumes d’une même oeuvre conservés dans une petite bibliothèque italienne. Les livres ont été consultés lors d’un voyage d’études en Italie, au cours duquel nous avons pu voir plusieurs manuscrits du Midi de la France des 13e-14e siècles, qui seront également présentés.
Présents : Mme Czerniak Présidente, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Andrieu, Cazes, Fournié, Nadal ; MM. Cazes, Macé, Penent, Peyrusse, Sournia, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Caucanas, Dumoulin, Machabert, Rolland ; M. Kérambloch, , membres correspondants.
Excusés : Mme Balty, Lamazou-Duplan, Queixalos ; MM. Balty, Garland, Garrigou Grandchamp, Scellès.
Après avoir ouvert la séance, Virginie Czerniak, prononce son premier discours de présidente :
Chères consœurs, chers confrères, c’est avec émotion et fierté que je fais aujourd’hui tintinnabuler la célèbre clochette qui ouvre les séances de la Société archéologique du midi de la France. Une émotion qui me rappelle vivement celle ressentie ce jour de 2001où j’ai reçu une lettre du Président Louis Peyrusse m’informant que la S.A.M.F. m’avait acceptée en tant que membre correspondant. Je dois cette intégration à Maurice Scellès qui m’avait encouragée à proposer ma candidature, ce que je n’aurais jamais envisagé de mon propre chef. C’était pour moi, petite assistante de conservation du patrimoine et doctorante laborieuse, un grand honneur que d’être ainsi accueillie dans cette prestigieuse et honorable société savante. J’ai alors assidûment suivi les séances de la S.A.M.F. et je ne saurai dire combien elles ont été importantes pour moi et mon travail de thèse. Chacun sait qu’un travail de doctorat peut ressembler à un sacerdoce personnel, il s’accompagne bien souvent d’un isolement intellectuel subi. Le mien était d’importance, et prise entre mon travail à Moissac et une lourde charge de cours à l’université de Bordeaux, la richesse des présentations de la Société et des débats qui les accompagnaient ont été tout à fait déterminants. Des échanges et des soutiens amicaux récurrents qui furent une source de motivation de tout premier plan et je sais tout ce que je leur dois.
Ayant beaucoup reçu, il est grand temps de donner davantage et deux décennies plus tard, c’est réellement un très grand honneur de présider à compter de ce jour, cette vénérable et respectable institution. Ô combien éminente et considérée, il convient d’en respecter les fondements et de veiller à la pérennité de son fonctionnement et au maintien de la grande qualité de ses Mémoires. Le titre même des publications de la S.A.M.F. – Mémoires – a force de symbole et détermine le leitmotiv qui nous réunit toutes et tous deux fois par mois, à savoir assurer la transmission des connaissances sur le patrimoine et en proposer des annales. Ces écrits sont à mon sens la plus grande richesse de notre société, il nous revient d’en protéger l’excellence et je me mets à l’entière disposition de notre cher Secrétaire et de notre chère Directrice pour les seconder dans leur lourd et beau travail de publication. Peut-être, ma modeste expérience de directrice des Presses universitaires du Midi se révèlera-t-elle d’une quelconque utilité.
La pérennité de notre Institution et la transmission des savoirs sont au cœur de notre mobilisation commune et je profiterai du vivier universitaire, auquel j’ai accès, pour inciter nos jeunes et brillants chercheurs à nous rejoindre, car ils sont à mon sens la Société archéologique de demain, à l’instar de notre chère Émilie Nadal que nous allons écouter, avec le plus vif intérêt, nous relater les dernières trouvailles sur Pierre de la Jugie, un personnage que nous connaissons bien l’une et l’autre. Je vous remercie de l’honneur qui m’est fait de présider la Société archéologique du Midi de la France, et j’espère que je remplirai de façon satisfaisante ce rôle que vous m’avez confié.
Après ce discours, accueilli par de chaleureux applaudissements, Virginie Czerniak propose de faire un point sur les travaux présentés au concours cette année, puisque deux nouveaux masters nous sont parvenus depuis la dernière séance :
Maxime Gazaud, Le premier siège de Toulouse (1211), le début de l’affrontement entre le lion et la croix, Université de Toulouse Jean Jaurès, sous la direction de Laurent Macé. Michelle Fournié en fera le rapport.
Johanna Lanfumey, L’église de Saint-Étienne de Villeneuve-les-Maguelonne (Hérault), retour sur les grandes heures architecturales d’une église médiévale méconnue. Université de Montpellier. La lecture a été proposée à Henri Pradalier, nous attendons sa réponse.
Michelle Fournié demande de rappeler aux relecteurs des travaux, la grille à laquelle il faut se conformer pour établir une notation : originalité du sujet (sur 5)
méthodologie (sur 5)
qualité d’écriture (sur 5)
maîtrise du sujet (sur 5)
La présidente donne enfin la parole à Émilie Nadal pour une communication longue, Deux nouveaux manuscrits de Pierre de la Jugie, et d’autres manuscrits du sud de la France conservés en Italie.
Virginie Czerniak remercie notre consœur pour cette extraordinaire présentation qui est une contribution importante à ce que l’on sait déjà sur la peinture sur manuscrits au XIVe siècle. Le travail collaboratif qui s’est instauré par ailleurs avec les chercheurs italiens est remarquable et nous attendons tous l’exposition qui en sera l’aboutissement. La Présidente rappelle que cette exposition « Toulouse au XIVe siècle » ne devait à l’origine se tenir qu’à Paris, d’où l’organisation d’un colloque. Ce dernier a cependant donné l’idée d’une exposition organisée aussi à Toulouse au Musée des Augustins. Finalement, aux dernières nouvelles, et sans que l’on sache pourquoi, elle ne se tiendra qu’au Musée de Cluny à Paris. Tout le monde regrette cette décision car il était prévu à Toulouse de mettre plus particulièrement en valeur les sculptures du maître de Rieux qui ne peuvent être transportées. Revenant sur la collaboration franco-italienne, la Présidente annonce que Francesca Manzari vient à Toulouse en tant que professeur invité à l’Université et propose de l’inviter à partager une de nos séances, voire de lui demander une communication courte.
Louis Peyrusse demande si l’on sait qui a commandé le pontifical florentin dont il a été question. Émilie Nadal répond qu’il s’agit d’un prélat italien dont Francesca Manzari publiera prochainement l’identité. Elle ajoute que Jean de Toulouse inondait la production de manuscrits de grand luxe de tous les prélats européens. Il s’agissait en fait d’un énorme atelier collaborant avec des artistes de Paris ou d’Espagne. Une quarantaine d’ouvrages lui sont attribués. Francesca Manzari, poursuit-elle, est spécialiste de ce personnage, elle espère qu’elle nous en parlera quand elle viendra à Toulouse. La Présidente invite les membres à aller visiter cette exposition qui donnera à voir des éléments inédits dans le domaine de la peinture sur manuscrits témoignant du rayonnement de Toulouse au XIVe siècle, carrefour important dans le sud de la France et en direction de l’Espagne. Émilie Nadal rappelle que Jean de Toulouse a peint les annales des capitouls de Toulouse de 1412 qui est la plus belle page de l’ouvrage, ainsi qu’un missel à l’usage de la Daurade (Paris, BnF, NAL, 2387).
Travaillant sur les sources écrites du monastère, Michelle Fournié a été étonnée par la bible de la Daurade montrée en conclusion et demande donc s’il y avait une bibliothèque dans le prieuré, ce qu’elle n’a jamais vu dans les textes qu’elle a consultés. Même si les archives ont brûlé dans l’incendie de 1463 et que le monastère a traversé diverses crises durant le XVIe siècle, cette bible est-elle complètement isolée ? Émilie Nadal pense que des éléments de réponse pourraient se trouver dans le travail de Jacqueline Caille. Quitterie Cazes précise cependant que ce domaine n’a pas été exploré dans cette étude. Virginie Czerniak rappelle qu’il s’agit d’une petite bible, portative, individuelle, elle n’est donc pas forcément liée à une bibliothèque. Seul le commanditaire, Pierre de Dalbs, est lié à la Daurade (c’est le prieur ; il devient ensuite abbé de Lézat en 1240). Laurent Macé demande à la conférencière si elle a pu feuilleter cette bible. Émilie Nadal répond qu’elle a en effet feuilleté cet énorme ouvrage à la recherche d’indices, mais elle n’a rien trouvé. Elle pense suggérer à ses connaissances italiennes de faire numériser le livre. Daniel Cazes veut féliciter notre consœur pour cet exposé passionnant et la révélation de cette bible et de son décor particulier. Il voudrait revenir sur le personnage de Pierre de la Jugie. Son tombeau magnifique, que Michèle Pradalier avait étudié en détail, avait été en partie démantelé à la suite de la Révolution. On avait enlevé le gisant, le personnage qui était dans l’enfeu, et on a surtout démonté les plaques situées du côté du chœur de la Cathédrale qui faisaient pendant à celles qui sont encore en place côté déambulatoire et qui représentent, sous des niches, les évêques suffragants de notre archevêque. Lorsque le culte a été à nouveau possible dans la cathédrale de Narbonne, la fabrique s’est mis en tête de réaménager le chœur pour la liturgie. Elle avait jugé à ce moment-là que les plaques placées côté chœur étaient gênantes, elles ont donc été démontées. Ces plaques seraient parties dans le commerce des antiquités si Alexandre Dumège ne les avait pas sauvées en les achetant, ainsi que d’autres éléments de tombeaux de la cathédrale, dont le fameux dais du tombeau de Philippe le Hardi, qui ont donc été transportés à Toulouse au Musée des Augustins. Cependant, lors de la célébration du centenaire de la Cathédrale de Narbonne, en 1972, le Musée des Augustins a été sollicité pour le prêt de ces éléments. Un colloque et une exposition furent organisés et une fois la manifestation achevée, la Mairie de Narbonne refusa de rendre les œuvres au Musée des Augustins au prétexte qu’elles avaient été volées par la ville de Toulouse, ce qui est, évidemment, totalement faux. S’en suivit tout un conflit. L’adjoint au Maire était à l’époque Paul Ourliac, juriste, qui a essayé de démêler l’affaire juridiquement et diplomatiquement avec la Mairie de Narbonne, mais la Presse s’en est mêlé. Quelques années plus tard, alors qu’il était chargé du département des sculptures au Musée des Augustins, Daniel Cazes a essayé de reprendre l’affaire à la demande de Denis Milhau. Il a donc pris contact avec le maire adjoint de Narbonne et lui a proposé de procéder à un dépôt légal des pièces du Musée de Toulouse, car la Mairie de Narbonne ne pouvait pas en contester la propriété. Il avait aussi alerté sur le fait que ces pièces n’étaient pas scellées donc pas protégées contre le vol. Malheureusement, l’affaire était encore en cours lorsqu’il a été nommé au Musée Saint-Raymond en 1985, et il n’a pas pu la suivre jusqu’au bout.
Émilie Nadal nous apprend que depuis l’ouverture du Musée Narbo Via, ces pièces sont désormais au Musée de Narbonne. Jusque-là, elles étaient déposées en vrac, derrière le tombeau et posées sur un banc, une des pièces était d’ailleurs cassée en deux. Elles sont cependant bien exposées et mises en valeur à l’heure actuelle et la pièce cassée restaurée. Daniel Cazes se demande cependant si le problème juridique a été résolu, la propriété de Toulouse restant inaliénable.
Sylvie Caucanas fait partie du Comité scientifique, tout comme la conservatrice du Musée des Augustins de Toulouse, qui encadre la future muséographie du Musée de Narbonne (les œuvres antiques ayant été déménagées), elle se propose d’aborder ce problème lors de la prochaine réunion. Le nouveau Musée, poursuit-elle, mettra plus particulièrement en valeur les œuvres du Moyen Âge. Louis Peyrusse fait remarquer que ces pièces auraient eu plus de sens si on les avait remises en place sur le tombeau de Pierre de la Jugie. Sylvie Caucanas ignore où ces pièces seront finalement installées mais elle sait que les conservatrices de Toulouse et de Narbonne sont en relation.
Au titre des questions diverses, notre trésorier projette des images de l’église de Cadalen dont il a été question lors de la dernière séance. Bâtie au XIIe siècle et dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, l’église est désaffectée à la fin du XIXe siècle au profit d’une nouvelle église plus grande. Elle sert un moment de mairie et d’école, mais en 1951 le clocher s’effondre sur la nef, détruisant la voûte et le cul de four de l’abside, mais épargnant le beau portail roman au sud.
Louis Peyrusse confirme que la lettre écrite au nom de la Société a été envoyée avec la référence au travail de Mélanie Chaillou aux différents destinataires cités. Le tout a été envoyé mercredi dernier. Nous attendons des réponses.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Communication courte de Bernard Sournia, Observations sur la nef du cardinal Godin aux Jacobins de Toulouse
La question porte sur la nef des Jacobins de Toulouse, celle édifiée par le cardinal Godin à partir de 1325 sur l’emplacement de l’église antérieure. Maurice Prin, dans son grand livre sur les Jacobins, propose (page 99) une explication sur le mode de construction de cette partie de l’édifice. La technique décrite apparaît fort compliquée et peu rationnelle. Sur quelles observations, sur quelles sources, s’appuie la lecture de Maurice Prin ? D’autres procédures n’auraient-elles pas été plus simples et plus efficaces ?
Présents : M. Peyrusse Président, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Andrieu, Bessis, Cazes, Czerniak, Fournié, Jaoul, Pradalier-Schlumberger ; MM. Cazes, Garland, Macé, Scellès, Sournia, Stouffs, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Dumoulin, Ledru, Rolland ; M. Kérambloch, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty, Nadal ; MM. Balty, Garrigou Grandchamp, Tollon.
Le Président salue l’assemblée puis nous informe des courriers reçus. Un message électronique nous a été adressé par Monsieur Denis Apvrille pour attirer l’attention de la Société sur l’état des ruines de l’église romane de Cadalen, petite église du Tarn sur laquelle le clocher s’est effondré en 1951 - au moment où l’on entreprenait des travaux pour la consolider -, et dont la sculpture montre l’influence de Saint-Sernin de Toulouse. Marcel Durliat a d’ailleurs fait une notice sur cette église dans Haut-Languedoc roman (coll. Zodiaque). Monsieur Apvrille s’émeut du lierre qui envahit les murs de l’abside et des arbustes qui poussent à l’intérieur des ruines au risque de fragiliser les vestiges du bâtiment. Louis Peyrusse propose que la Société écrive au Maire de Cadalen, propriétaire de l’édifice, à M. Gironnet, A.B.F. du Tarn et responsable de l’UDAP, et à la conservatrice des Monuments historiques de la D.R.A.C. Occitanie, pour attirer l’attention sur ce problème qui peut se résoudre facilement par la maîtrise de la végétation.
Il suggère que l’on envoie une lettre du type :
Un visiteur régulier de l’église romane de Cadalen a récemment attiré l’attention de la Société archéologique du Midi de la France sur l’état préoccupant des ruines envahies par la végétation, en particulier des murs couverts de lierre. Un jardin spontané. Après la chute du clocher en 1951 et l’effondrement des voûtes, l’église semble menacée par une nouvelle catastrophe, plus lente à venir, certes, celle de la déstabilisation des murs sous l’action de végétaux divers. Le problème appelle une solution simple que nous vous demandons d’opérer : qu’un entretien soigneux débarrasse les murs médiévaux de toute flore parasite et dangereuse. Nous vous prions de croire…..
Maurice Scellès demande si l’édifice est protégé au titre des monuments historiques. Oui, répond le Président, c’est la raison pour laquelle nous pouvons interpeller l’A.B.F. et la C.R.M.H. Quitterie Cazes signale qu’une étude du monument avait été faite par Mélanie Chaillou il y a une dizaine d’année. Il s’agissait d’une commande d’analyse archéologique du bâti de l’église financée par la Mairie. Cela veut dire qu’à une époque la municipalité a eu envie de mieux connaître le monument ; il faut sans doute rappeler cette étude dans le courrier. Louis Peyrusse précise que le Maire a changé en 2020 et il propose de préparer le courrier qui sera à la signature de son successeur.
Nous avons également reçu par courrier, poursuit-il, les conventions de prêt pour l’exposition Cartailhac, et Sandra Péré-Noguès, qui est une des commissaires de l’exposition, nous fait savoir qu’elle est prête à faire visiter l’exposition aux membres de la Société, par groupes de dix personnes (conformément aux normes sanitaires en vigueur).
Par ailleurs, le C.N.R.S. nous a envoyé un questionnaire destiné aux associations. Même si ce n’est pas notre profil, le Président suggère que nous répondions.
Notre consœur Inocencia Queixalos nous a envoyé par mail un annuaire des laboratoires d’analyses français reconnus.
Enfin, l’Institut catholique nous invite à une exposition Monique Frydman dans l’espace muséographique Georges Baccrabère. Elle commence le 20 janvier et se tiendra jusqu’au 19 février de cette année.
Parmi les nouvelles diverses, un don d’un tiré-à-part pour notre bibliothèque :
Jean-Luc Boudartchouk et Jean-Pierre Chambon, « Une confrontation expérimentale entre données linguistiques et données archéologiques toponymes gothiques et sites goths dans l’ancien diocèse d’Albi », Revue de linguistique romane, t. 85, Strasbourg 2021, p. 3-18.
Par ailleurs, nous avons reçu de Mme Claire Jover l’extrémité d’un pieu de la pile du ponceau trouvé, il y a plus de 30 ans, au confluent de la Lèze et de l’Ariège. Daniel Cazes pense qu’il pourrait être antique, le Président le pense plutôt récent, mais il pourrait aussi être médiéval. Avant de l’examiner de plus près, nous remercions Mme Jover pour ce don. Louis Peyrusse rappelle par ailleurs que la stèle des Montels nous reviendra le 28 janvier.
Le Président nous informe de quelques modifications à porter dans notre calendrier de l’année. La séance publique devra en effet être fixée au 27 mars en raison du décalage dû à la mise au point des travaux en commission pour le concours. Les membres de cette commission, dont fait partie le bureau, se réuniront en visioconférence le 24 février en fin d’après-midi et le vote de la société se fera le 8 mars. Il restera donc trois semaines pour prévenir nos futurs lauréats. Louis Peyrusse propose également de profiter de la séance publique pour vendre à prix réduits des volumes dont il nous reste des stocks importants à savoir : les volumes du Congrès archéologique du Quercy de la S.F.A.
les Mélanges Marcel Durliat
les Mélanges Michel Labrousse
les tirés-à-part de Marcel Durliat sur « La sculpture au XIe siècle en occident »
le catalogue de Toulouse à l’époque romantique
La modification du règlement intérieur proposée la semaine dernière, à savoir intégrer les anciens présidents dans une commission qui pourrait être consultée par le bureau, appelle un délai réglementaire d’un mois après la proposition (4 janvier), elle sera donc votée en février.
Enfin, nous ne pourrons pas cette année fêter les rois comme nous le faisions d’habitude pour des raisons sanitaires.
En faisant le point sur les travaux présentés au concours le Président déplore les difficultés qu’il rencontre pour récupérer les envois postaux.
Nous en avons donc 8 mis au concours cette année dont deux thèses.
Thèse de Jules Masson Mourey, Les stèles anthropomorphes néolithiques du sud-est de la France. C’est Michel Barbaza, professeur émérite à l’université qui nous en fera le rapport.
Mémoire de Master 2 par Marion Ortiz, Les plafonds peints du château de Pomas (Aude), soutenu en juin 2021 à l’université de Toulouse Jean-Jaurès, sous la direction de notre consœur Virginie Czerniak. La lecture de ce travail a été confiée à Michèle Pradalier.
Mémoire de Master 2 de Nicolas Duthoit, L’archéologie des grands tracés linéaires en France : le cas de la région Midi-Pyrénées entre les années 1990 et 2000, sous la direction de Florent Hautefeuille, université de Toulouse Jean-Jaurès, 2021. Jean-Luc Boudartchouk s’est proposé pour en faire le compte-rendu.
Mémoire de Master de Carole Dhuicque, La conservation-restauration de la pierre sculptée à Toulouse (fin XVe-XVIe siècles) dont le rapport a été confié à Bruno Tollon.
Mémoire de master 1 Valentine Bacconnier, L’église de Bourg-Saint-Andéol, réalisé à l’Université de Montpellier sous la direction de Géraldine Mallet. Quitterie Cazes en. Quitterie Cazes en sera le rapporteur.
Master 2 d’Élodie Domain, Le château de Pibrac de l’humanisme à l’éclectisme. Le compte-rendu sera fait par Louis Peyrusse.
Thèse de Coline Polo, Les résidences aristocratiques dans le comtat Venaissin (XIVe-XVe siècles), université d’Avignon, que Bernard Sournia a accepté de relire.
Master de Quentin Sintès, La submersion des vignes et la trajectoire de la monoculture viticole pendant la crise du phylloxera dans les Pyrénées orientales 1871-1885. Une histoire environnementale des usages de la terre et de l’eau dans le paysage viticole roussillonnais. Master d’histoire de l’Institut politique de Paris. Ce travail sera relu par Sylvie Caucanas.
Notre trésorier se demande si ce dernier travail n’aurait pas plus sa place à l’Académie des sciences. Maurice Scellès rappelle que nous avons déjà primé une thèse de l’histoire du droit.
Le Président rappelle que les membres qui ont accepté de faire les rapports des travaux au concours doivent donner une note chiffrée sur 20 prenant en compte l’originalité du sujet, la méthodologie, la qualité d’écriture et la maîtrise du sujet (chaque critère noté sur 5).
Nous passons donc à l’ordre du jour annuel : le rapport moral du Président.
le rapport d’activité de la bibliothèque
le bilan financier
Rapport moral du Président :
Au moment où je succédais à Émilie Nadal à la présidence ad interim de notre Société, je ne songeais pas que celle-ci allait voir ses activités percutées par un virus couronné dont la virulence mettrait à mal notre programme. On croise les doigts : pour l’instant, le virus, même sous sa forme omicron, n’a conduit aucun de nos membres à l’hôpital. Je regrette, dans ma stupeur d’alors, de ne pas avoir vu venir la pandémie et ne pas être passé plus tôt à la visioconférence, qui eût permis une plus riche moisson de communications, donc d’articles. La Société a vécu dans des circonstances fluctuantes. Nous avons à déplorer la mort en juin 2021 de Christian Darles, des suites d’une longue maladie. Nos rangs se sont étoffés de plusieurs membres correspondants dont quatre anciens lauréats de nos concours, ce qui nous apporte une jouvence appréciée.
Au moment où les sociétés savantes se posent des questions sur leur présent et leur avenir, je crois qu’il faut voir notre compagnie comme une réussite. La cohabitation entre historiens, archéologues, historiens de l’art, conservateurs de musées, de l’Inventaire, des services d’archives, fonctionnaires des services patrimoniaux et amateurs fonctionne plutôt bien et l’interruption momentanée de nos séances bimensuelles nous a montré combien étaient agréables, non seulement la question au programme (souvent éloignée des préoccupations de chacun), mais aussi la sociabilité, les rencontres, les regards croisés, le protocole au charme désuet, tout ce qui fait la vie d’une société. Et pourtant, nous ne sommes pas, comme le disait avec humour Émile Cartailhac il y a cent cinquante ans, l’antichambre de l’Académie des Jeux floraux ! Réussite à apprécier – prenons du champ – alors que les institutions patrimoniales nous ont retiré la liberté qui était la nôtre jusqu’en 1940, alors que l’Université et le CNRS ont mis à l’étude les terrains sur lesquels nos confrères du passé étaient des pionniers et bien seuls.
Un élément essentiel de cette réussite : la publication des Mémoires. Au superbe volume de 2018 a succédé 2017, édité par Adriana Sénard. La dernière année de la présidence d’Émilie Nadal, 2019, est toujours aux mains de notre directrice. Le volume double, tome 60-61, 2020-2021, correspondant à ma présidence est en bonne voie, Anne Laure Napoléone, notre secrétaire adjointe, étant à la manœuvre. Il paraîtra cette année. On peut espérer que les retards seront ainsi résorbés.
Que retenir de nos activités, vues autrement que dans les précieux procès-verbaux pour lesquels il faut féliciter Anne Laure Napoléone. Tout d’abord la célébration du centenaire de la mort d’Émile Cartailhac. La Société a prêté la salle Clémence Isaure, offert un déjeuner sur le pouce pour une journée d’études coordonnée par Sandra Péré Noguès et Marie-Laure Le Brazidec, responsables à l’Université du PCR Cartailhac. J’ai essayé, en introduction de cette journée, de dessiner un portrait de Cartailhac en jeune homme de 22 ans, au moment où il entre à la Société. Dans les communications présentées lors de nos séances, l’antiquité a une part fort mince (1 communication), le Moyen Âge la place essentielle (10 travaux), l’époque Moderne le suit de près (6). Rien pour l’époque contemporaine. Il faudra y songer, comme il faudra coordonner dans le futur plusieurs articles sur un même thème pour rendre plus visible notre travail nécessairement éclaté.
Ce bref bilan, très positif, n’existerait pas sans le travail invisible de tous nos membres impliqués dans la bonne marche de notre Société : bibliothèque, édition, envois de volumes, coordination avec l’hôtel d’Assézat. Je dis à chacune et chacun mes vifs remerciements et ceux de la Société. Qu’il me soit permis de saluer en particulier le dévouement et l’efficacité d’A. L. Napoléone et la quasi permanence de Guy de Toulza alors que l’hôtel d’Assézat fonctionne mal du fait de la fermeture pour travaux de la Fondation Bemberg. Je dirai enfin tout le plaisir que j’ai eu à m’occuper de notre Société pendant ces deux années. Comme tout enseignant, j’aurai travaillé à me rendre inutile, la génération des anciens étudiants de Marcel Durliat dans les années 1960-1970 passant logiquement.
Rapport d’activité de la bibliothèque :
Nous avons préparé, en 2021, l’expédition des deux volumes de Mémoires publiés coup sur coup par la Société archéologique : le volume LXXVII correspondant à l’année 2017 et le volume LXXVIII de 2018.
Les collections de la bibliothèque se sont enrichies, non seulement à la faveur des échanges de périodiques, mais aussi grâce aux membres qui nous ont fait bénéficier de leurs propres publications ou qui ont donné des ouvrages ayant une affinité particulière avec notre fonds ; je citerai par exemple « les portraits romains » de l’époque des Sévères provenant de la villa de Chiragan et conservés au Musée Saint-Raymond ; ce volume a été rédigé par Jean-Charles Balty et Daniel Cazes et coordonné par Pascal Capus ; signalons encore les actes d’un colloque qui s’est tenu en 2017 à l’hôtel d’Assézat et dont la direction scientifique fut assurée par Virginie Czerniak et Charlotte Riou : « Toulouse au XIVe siècle, histoire, arts et archéologie » ; Pierre Garrigou-Grandchamp a offert récemment un magnifique ouvrage consacré à « Angers ; formation de la ville, évolution de l’habitat » ; on ne saurait omettre l’hommage rendu à Yvette Carbonell-Lamothe (historienne de l’art que certains d’entre vous ont bien connue) ; il s’agit d’un beau volume de 250 pages, publié sous la direction de Géraldine Mallet avec la participation et le soutien financier d’Agnès Carbonell ; je rappellerai enfin que Maurice Scellès donna à la bibliothèque, en septembre dernier, le glossaire de Du Cange ; cette oeuvre majeure du célèbre linguiste et philologue, publiée en 1733-1736 comporte 6 volumes in-folio que complètent 4 volumes de suppléments édités par les bénédictins de Saint-Maur, tous corsetés dans une reliure en veau brun moucheté. Ni dictionnaire monolingue ni dictionnaire bilingue, Le « Glossarium mediae et infimae latinitatis » fournit des définitions et des explications en latin, avec de nombreuses citations en latin, en grec et en ancien français. Que tous les donateurs soient ici remerciés pour leur générosité.
La convention qui avait été signée en 2014 entre l’Université et la Société archéologique pour la valorisation des publications en série dans le catalogue du SUDOC, est en cours de renouvellement.
J’ai pris contact avec le service de coopération régionale, à la BnF, pour savoir si les quelques fascicules de notre Bulletin qui avaient été oubliés lors de la précédente campagne de numérisation (environ 300 pages) et qui n’apparaissent donc pas dans Gallica, pouvaient faire l’objet d’un rattrapage par cet établissement ; j’ai reçu, à ce sujet, une réponse favorable.
Deux documents ont été prêtés à la Bibliothèque d’étude et du patrimoine pour l’exposition que celle-ci vient d’ouvrir au public : « Émile Cartailhac (1845-1921), la vie toulousaine d’un illustre préhistorien » : d’une part un portrait photographique de l’érudit, avec dédicace au poète ariégeois Raoul Lafagette, d’autre part une lettre de candidature adressée au président de la Société archéologique par Émile Cartailhac qui souhaitait devenir membre de ladite société, le 17 février 1867, à l’âge de 22 ans.
Nous continuons d’enrichir le catalogue en ligne qui compte aujourd’hui 9.300 notices. Je pense qu’au terme des deux prochaines années le nouveau catalogue aura absorbé toutes les notices de l’ancien et offrira, en outre, aux chercheurs bon nombre de documents qui n’étaient pas répertoriés jusque-là. Plutôt que de présenter, sous forme de statistiques un peu désincarnées, le travail que nous effectuons depuis quatre ans, avec Jacques Surmonne et Geneviève Bessis, j’ai préféré commenter, à l’aide d’un power point, une dizaine de pièces curieuses, insolites, voire uniques, issues de nos collections.
Choix de documents rares, remarquables ou simplement dignes d’intérêt :
Lors des travaux de restauration qu’il effectua en 1872-1873 dans la chapelle Notre-Dame des anges de la cathédrale Saint-Etienne, l’architecte Edmond Chambert découvrit, en haut de la voûte, un signe tracé par un ouvrier du Moyen Âge ; il en fit le dessin et communiqua immédiatement sa découverte à la Société archéologique, le 9 mars 1872. Daniel Cazes, Yvette Carbonell et Michèle Pradalier en avaient fait mention lorsqu’ils publièrent, dans les Mémoires XLIII de l’année 1980, un bilan des Travaux et restaurations de la cathédrale Saint-Etienne aux XIXe et XXe siècles (p. 36 et note 177) ; j’ai eu la chance de retrouver, par hasard, le dessin original d’Edmond Chambert, négligemment glissé entre les feuilles d’un livre qui concernait la signification des marques d’artisans ou d’ouvriers sur les anciens monuments du Portugal. (2 Fi 173).
Parmi les quelque 3.000 brochures qui figurent désormais dans le catalogue en ligne, celle-ci publiée en 1879 dans le Bulletin monumental a retenu mon attention, malgré son titre peu explicite : « Recherches sur deux tombeaux antiques en marbre blanc ». En fait, on y découvre que l’un des deux sarcophages était celui qui avait contenu la dépouille de saint Didier, évêque de Cahors vers le milieu du VIIe siècle. Ce sarcophage connut un destin mouvementé, puisqu’il fut déplacé plusieurs fois à l’intérieur de la cathédrale, relégué dans un coin insalubre, près des latrines, puis profané en 1580 par les Protestants qui jetèrent et brûlèrent le corps de l’évêque. Au XVIIIe siècle, le sarcophage se trouvait toujours dans la cathédrale, puis il devint, au XIXe siècle, la propriété d’un paysan qui l’utilisait comme abreuvoir pour ses animaux ; en 1865 la ville de Cahors n’eut pas la volonté de l’acquérir, pas plus que le musée de Toulouse ; ce fut alors un certain Basilewski, collectionneur parisien d’origine russe, qui en devint l’heureux propriétaire ; dix ans plus tard, le gouvernement russe rachetait sa collection, de sorte que le sarcophage de saint Didier, évêque de Cahors, constitue aujourd’hui, avec d’autres pièces de cet ensemble important, le noyau du département d’art antique du Musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg. (4664-26)
1- En ouvrant un des livres anciens de notre bibliothèque, j’ai découvert cette image pieuse du XVIIe ou du XVIIIe siècle, découpée dans du papier ; on lui a donné la forme d’une empreinte de pas, tirée du soulier de la Vierge que conserverait, nous dit-on, un monastère de religieuses de Saragosse, peut-être le couvent de Santa Clara. Il s’agirait donc, ni plus ni moins, de la mesure exacte du pied de la Vierge ! Dix ans d’indulgences étaient accordés à ceux qui baiseraient trois fois cette relique et réciteraient trois fois l’Ave Maria. Il faut souligner l’intérêt de ce curieux document car l’imagerie pieuse semble attirer aujourd’hui l’attention des chercheurs, comme en témoigne un colloque organisé par la bibliothèque du Saulchoir en 2019 ; du côté de l’Espagne, en Aragon plus précisément, j’ai pu voir des études récentes sur les objets de dévotion liés au culte marial ; des images dessinées comme celles-ci ou même gravées ont été largement diffusées dans le Piémont Italien, à Rome et aussi à Valence, dès le début du XVIIe siècle. J’en ai localisé deux ou trois en France, dont l’une se trouve aux archives départementales des Deux-Sèvres. Il y aurait sans doute une recherche à mener sur ce sujet qui relève de l’histoire des pratiques religieuses et de l’histoire des mentalités. (MSS 300)
2- La présente affichette, destinée à être placardée sur les murs de Toulouse, annonçait l’arrivée dans cette ville d’Henri de Polony, marchand d’orviétan, qui s’engageait à fabriquer un antidote censé soigner, comme la thériaque, beaucoup de maladies. Ce charlatan devait s’installer sur la place du Salin pour vendre son élixir de vie. Il proposait aussi à tous ceux qui en auraient besoin d’autres baumes destinés à soulager les patients atteints de maladies pestilentielles, et se vantait d’arracher les dents mieux que personne. Bien que l’on ne connaisse pas le nom de l’imprimeur ni la date d’impression, on peut attribuer ce feuillet à Jean Auridan (1699-1764), qui exerçait dans la première moitié du XVIIIe siècle, si l’on en juge par le matériel typographique utilisé. (RES. 10061)
3- C’est le 20 juillet 1842 que Platon de Tchihatcheff, un officier d’origine russe, fit pour la première fois l’ascension du Néthou, c’est-à-dire du pic d’Aneto, car les deux formes de ce nom ont été utilisés concurremment jusqu’à la fin du XIXe siècle. La Société Ramond publia en 1924 ce petit ouvrage, tiré à 300 exemplaires, qui nous rappelle, au-delà du caractère anecdotique de cet exploit, la relative importance de notre fonds pyrénéen (environ 250 ouvrages ou articles répertoriés à ce jour) et l’intérêt que les Pyrénées suscitaient auprès des membres de la Société archéologique tels que Pierre de Gorsse, auteur de nombreuses publications sur ce sujet. (4532-6)
4- Ce recueil comporte 246 articles publiés dans « l’Express du Midi » par Jules de Lahondès qui fut, vous le savez, président de notre Société de 1889 jusqu’à sa mort en 1914. Lahondès publia chaque dimanche, pendant 7 ans, à partir de novembre 1907, une chronique sur le vieux Toulouse, où il évoquait tour à tour, une rue, une place, un quartier, un monument, une œuvre d’art, un évènement, un personnage célèbre (soit au total plus de 300 chroniques). Émile Cartailhac, plein d’admiration, pouvait parler à juste titre, « d’un ensemble de causeries très simplement écrites, remarquables par la sûreté des informations, la conscience et la valeur des observations personnelles, des souvenirs inédits, d’autant plus estimables qu’il y est fréquemment question d’édifices aujourd’hui détruits ». Il m’a donc semblé utile d’en faire le dépouillement et d’en dresser un inventaire qui permettra aux chercheurs de retrouver rapidement le titre susceptible de les intéresser. Jules Chalande, quelques années plus tard, de 1921 à 1924, publia lui aussi, mais dans un autre périodique, « le Journal de Toulouse », une série d’articles sur le Toulouse d’autrefois. Nous possédons ainsi 130 coupures de presse qui ont été recensées de la même façon que les articles de Lahondès. (4610 R)
5- Rodolphe Champreux d’Altenbourg (1839-1914) fut un membre fidèle de la Société archéologique du Midi à laquelle il légua, par testament, la somme de 5.000 Francs. Un prix qui porte son nom sera d’ailleurs attribué, cette année. Bien que son portrait figure déjà sur notre site, accompagné de son éloge funèbre prononcé par Jules de Lahondès, je ne résiste pas au plaisir de vous le présenter une nouvelle fois, en y joignant une carte postale qu’il adressa à ses collègues depuis Venise, le 18 novembre 1911. On le reconnaît aisément, assis devant la basilique Saint-Marc, grâce à ses moustaches à la Victor-Emmanuel II ; il écrivait avec humour : "Avant d’être entièrement dévoré par les bêtes féroces de Venise, j’adresse à mes chers collègues un dernier souvenir ; après il ne serait plus temps" ! Il devait mourir deux ans et demi plus tard. 3 Fi 1(173)
6- Cette lettre adressée par Émile Cartailhac au président du Conseil général de la Haute-Garonne [Jean Cruppi] concerne "la destruction des anciennes lignes de nos quais" et son impact sur le Pont de pierre (MSS 267). Elle nous renvoie à de longues et vives discussions qui ont eu lieu vers 1916-1922 pour protéger le faubourg Saint-Cyprien contre les inondations. Les rapports successifs rédigés par l’ingénieur en chef, Pendariès, font état des avant-projets, parfois surprenants, qui ont été alors conçus par les experts (7049 R bis). L’un d’entre eux prévoyait de créer un canal de dérivation traversant le quartier Saint-Cyprien, en-deçà de la Patte d’oie, de transformer la chaussée du Bazacle, de supprimer le Pont-Neuf, accusé de tous les maux en raison de ses grosses piles et de le remplacer par un pont métallique plus léger ; on devait aussi raboter les berges de la rive gauche, pour élargir le lit de la Garonne, ce qui aurait eu pour conséquence la destruction de l’Hôtel-Dieu. La Société archéologique, présidée par Émile Cartailhac protesta vigoureusement contre ces élucubrations et aucun de ces projets ne vit le jour. Mais on reparlait toujours en 1930. Toute cette documentation est conservée aujourd’hui dans notre bibliothèque. (MSS 267)
7- Maurice Prin, auquel la Société archéologique rendra bientôt hommage dans un prochain numéro des Mémoires, occupe une place privilégiée dans notre bibliothèque par ses articles et ses ouvrages, mais aussi par ses dessins, ses aquarelles ou ses gouaches, comme cet ange musicien que lui inspira une fresque de la chapelle Saint-Antonin de l’église des Jacobins. Il utilisait généralement de grossières feuilles de papier Kraft, collées ensemble, et ses œuvres occupaient souvent les deux faces du support. Nous avons ici au recto, un ange musicien jouant de la cornemuse, et au verso l’une des deux rosaces gothiques des Jacobins. L’œuvre, de grande dimension, mesure une fois dépliée, près d’un mètre soixante-dix de côté.
(2 Fi 171)
Bilan financier :
Le trésorier se demande s’il ne faudrait pas transférer le compte de la Poste à la Caisse d’épargne où se trouvent les comptes de l’Union et de l’Académie des Sciences pour avoir la possibilité d’effectuer facilement des virements et pour visualiser les comptes sur internet, système qui est très coûteux à la Poste. C’est un problème qu’il faudra soulever en bureau.
Il est par ailleurs compliqué d’avoir les bilans au 31 décembre chaque année avec la banque Paribas dans la mesure où ils sont envoyés vers le 15 janvier et reçus en fin de mois. Le plus pratique serait donc de repousser l’assemblée générale à la première séance de février. Celle-ci a cependant été placée statutairement à la deuxième séance de janvier. Il faudra donc voir si des modifications sont possibles. Cela faciliterait par ailleurs la tâche de l’adjoint et futur trésorier qui succèdera à Guy Ahlsell de Toulza.
Maurice Scellès fait remarquer qu’il serait facile de modifier la date indiquée dans cet article du règlement intérieur car cela ne modifie pas fondamentalement le fonctionnement de la Société.
Le Président propose par ailleurs d’adopter un système de rappel de cotisation à partir du début du deuxième trimestre pour éviter que les membres ne se retrouvent à payer plusieurs années de retard.
On procède au vote : le rapport moral du Président est accepté à l’unanimité
le rapport d’activité de la Bibliothèque est accepté à l’unanimité
quitus est donné au trésorier pour son bilan financier à l’unanimité
Le Président rappelle que la Société a été riche mais aussi ruinée par l’État, comme par exemple après la guerre de 1914 et après 1945, car tous les capitaux des société reconnues d’utilité publique étaient placés en bons d’État. Nous sommes donc ravis d’être actuellement dans une phase positive mais on ne sait pas ce que peut nous réserver l’avenir.
Trois postes du bureau sont également soumis au vote : le Président (qui ne se représente pas), Virginie Czerniak propose sa candidature.
le Bibliothécaire (qui se représente pour son dernier mandat)
le Secrétaire général (qui se représente)
Virginie Czerniak, Christian Péligry et Patrice Cabau sont élus à l’unanimité.
Louis Peyrusse félicite les trois membres du bureau et passe la parole à Bernard Sournia pour une question diverse : Jacobins de Toulouse : questions sur la nef du Cardinal Godin.
Ma question trouve son origine dans une lecture du livre de Maurice Prin sur les jacobins, qui m’a troublé et que je voudrais poser devant vous afin d’avoir votre avis. J’ai d’abord eu scrupule à venir mettre en discussion un point (d’ailleurs mineur) du travail de cet homme exceptionnel que fut MP, celui-ci ne pouvant évidemment pas venir me donner la réplique. Ayant confié ce scrupule à notre ami Daniel, celui-ci m’a assuré que MP acceptait volontiers la controverse et la contradiction et m’a engagé à venir mettre ma question sur le tapis.
Vous connaissez tous la genèse en trois temps de cet édifice tel que l’a reconstituée MP, que je rappelle ici brièvement. Il y a d’abord la création en 1230, d’un premier vaisseau, rectangulaire, charpenté avec file centrale de piles. Vient ensuite à partir de 1245, la création, à l’est du vaisseau, d’un vaste chœur et chevet en hémicycle, puis après quelques tergiversations et changements de parti sur la forme du couvert, après 1275, la création du sublime palmier ; messe de consécration en 1292. Enfin, vient la construction à partir de 1324 d’une nouvelle nef sur l’emplacement du vieux vaisseau à la suite d’un don considérable du cardinal Godin
Ayant fait la connaissance du cardinal Godin à l’occasion des enquêtes dont je vous ai parlé ici sur l’abbatiale d’Orthez puis sur la cathédrale de Bayonne, j’ai éprouvé le besoin d’en savoir plus sur ses œuvres, à commencer par son ouvrage majeur, la belle nef de Toulouse.
Voici de quelle manière Maurice Prin (page 99) décrit le chantier : « on ne perdit pas de temps à détruire les murailles de la première église » écrit-il, « on pratiqua tout d’abord des brèches verticales en intervalles réguliers dans les anciennes parois, afin de mettre en place la série des contreforts monumentaux de cette nouvelle église ». Il explique ensuite comment, d’un contrefort à l’autre, furent lancés les grands arcs brisés devant former l’entrée des chapelles latérales, par dessus lesquels arcs furent élevés les murs d’enveloppe de la nef, de sorte que (je reprends ma citation) « ces parois se trouvaient plaquées contre les murailles de la première église ; on avait donc deux édifices imbriqués l’un dans l’autre. Ce n’est qu’à la suite de la destruction des murailles anciennes que l’on parvint à édifier le long de la nef les nouvelles chapelles ». Il ressort implicitement de ce scénario que MP a essayé de rendre compatibles, simultanément, la marche du chantier et la continuation des offices religieux dans le vaisseau.
D’après les relevés de fouille de MP j’ai donc dessiné à l’échelle et en perspective axonométrique l’ensemble des Jacobins vers le moment où l’on s’apprête à souder l’œuvre nouveau du chœur au vieux vaisseau de 1230 (figure 1). Sur ce dernier j’ai tracé en pointillé magenta la place des brèches dans lesquelles l’on aurait « enfilé » les contreforts de la nef de Godin et là m’est apparue la complication extrême du scénario de chantier de MP. Représentez-vous en effet ces murs gouttereaux fragilisés par ces brèches de 13 mètres de haut ; représentez-vous la charpente n’ayant plus de points d’appui à l’aplomb de ces brèches ; représentez-vous la communauté des Prêcheurs astreinte à célébrer ses offices de chœur dans la poussière du chantier et dans les courants d’air. Enfin, dites-moi comment vous allez creuser les fondations des contreforts, à une profondeur d’environ cinq à six mètres, sans avoir au préalable fait place nette ?
Le présent croquis (figure 2) fait apparaître, en plan et en perspective, une section de l’ouvrage de la nef tel que le décrit MP. En jaune est représenté le mur gouttereau du vieux vaisseau « traversé » par les contreforts de la nef nouvelle, couleur brique, ayant pris place dans les brèches préalablement pratiquées dans le vieux mur. La même chose apparaît dans la perspective : mur jaune du vaisseau ancien et bâti de la nef nouvelle en teinte brique avec les arcs d’entrée des chapelles portant sur leur extrados le nouveau mur gouttereau : l’on voit distinctement les deux murs « imbriqués l’un dans l’autre » dont parle MP, le mur jaune étant en attente de destruction, laquelle n’interviendra qu’une fois achetées les concessions de chapelles par les bonnes familles toulousaines, ainsi que l’explique MP, lesquelles auront à parachever à leurs frais l’édification proprement dite des chapelles et à élever le mur de fond desdites chapelles, en pointillé sur le plan.
Une planche pédagogique en vue cavalière, figurant aujourd’hui à l’entrée de l’église, permet de visualiser l’hypothèse de MP. Ce dessin représente distinctement comment les contreforts s’« enfilent » dans les fameuses brèches préalablement pratiquées dans les murs du vieux vaisseau. Sur le papier tout est facile. Mais enfin, ces contreforts sont des ouvrages de maçonnerie lourds et puissants, qu’il faut aller fonder profond dans le sol : il ne s’agit pas de menues lattes ou réglettes de bois que l’on insérerait d’un geste léger dans les encoches ou brèches prévues à cet effet dans la maquette en balza !
Parvenu à ce point de mon exposé, je devrais peut-être vous demander si vous éprouvez, devant la description du chantier par MP, le même sentiment de doute que j’éprouve moi-même. Mais là se présente un autre passage du livre dans lequel, décrivant de nouveau le même mode opératoire, l’auteur précise que les choses se sont ainsi passées « selon toute vraisemblance ». Ce « selon toute vraisemblance » me rassure, car il implique qu’il n’y a dans la procédure décrite aucune certitude absolue. C’est très vraisemblable pense-t-il mais, enfin, ajouterai-je, ce n’est que vraisemblable ! Je vais donc vous proposer un scénario alternatif permettant la continuation de la fonction religieuse pendant la durée du chantier
La restitution générale du chantier dessinée en perspective (figure 1) fait apparaître clairement que, pour achever de bâtir le chœur, en 1275, l’on fut obligé au préalable de sacrifier l’ultime travée du vaisseau de 1230 puisque la première pile du chœur est assise au beau milieu du mur de chevet dudit vaisseau. Pour permettre la continuation des offices religieux dans le vaisseau pendant le chantier du chœur, il fallut donc le fermer par une cloison A posée en limite de ses 5 et 6e travées. Une fois le chœur achevé, l’on peut logiquement penser que l’on y transféra les stalles des religieux, les célébrations se déroulant dès lors dans ce nouvel espace, une seconde cloison ayant été élevée en B pour isoler le sanctuaire. Dès lors, le vieux vaisseau devenu inutile, l’on put en raser les ouvrages et là, oui, il devint possible de creuser les fondations des contreforts, puis de bâtir la nef épaulée par ses puissants contreforts, une travée après l’autre, d’est en ouest, comme c’est partout l’usage ! Côté midi, une porte, dont il n’y a plus trace aujourd’hui (l’ensemble du mur ayant été re-parementé à une période récente) mais qui figure dans tous les dessins de MP (d’après, sûrement, un relevé ancien), une porte a existé à hauteur de la première travée du chœur qui permettait aux fidèles d’entrer du dehors dans le sanctuaire, porte qui n’a pu exister que parce que l’espace en était clos et cloisonné.
Ce plan d’ensemble du vieux vaisseau coloré en jaune (figure 3) montre comment la trame du chœur de Godin (en magenta) se superpose à la trame antérieure de 1230. L’alignement des piles a été décalé et centré (ce qu’il n’était pas dans le vaisseau primitif où la nef méridionale était plus large que la nef nord). On remarque aussi que, au lieu de six travées, il n’y en a plus que cinq que l’on a mises au pas de la travée du nouveau chœur, travées de huit mètre au lieu des sept mètres du vieux vaisseau. Et l’on remarque aussi que l’on a égalisé le nouveau rythme par rapport à l’ancien où la première travée ne comptait que 5,50 mètres : l’ouvrage de Godin unifie donc l’espace intérieur et lui confère la régularité et l’ampleur monumentale qui donnent toute sa splendeur à l’église des Jacobins.
Et, sur ce même plan d’ensemble, l’on peut, par hypothèse, localiser par un pointillé vert la cloison B ayant permis de rendre l’espace liturgique indépendant du chantier de la nef.
Il existe un indice, sur la face externe méridionale de l’édifice (figure 4) ayant peut-être un rapport avec la présence hypothétique de notre cloison B. Tandis que les berceaux portant la galerie supérieure de l’église ont leur intrados mourant dans le même plan que les faces latérales des contreforts, l’on relève une exception : à la jointure, exactement, du chœur et de la nef de Godin où existe un ressaut de 20 à 30 centimètres, qui pourrait avoir été prévu pour fournir la feuillure utile au calage de la cloison B.
Le présent croquis (figure 5) suggère la manière dont fut probablement fixée la cloison B. L’on ne pouvait évidemment pas élever cette cloison dans le plan du doubleau, au beau milieu de la pile médiane. La feuillure donne la place de caser la cloison juste en avant de ladite pile sans avoir à y planter les fers de fixation de la cloison au risque de la détériorer.
Je n’ai pour intention ici que de proposer un scénario. MP, qui a suivi jour par jour la fouille du monument et sa restauration, a vu dans l’édifice des configurations et des indices archéologiques qui ne sont plus visibles aujourd’hui. Il a peut-être aussi consulté des documents que moi, je n’ai pas vus et que, malheureusement, il ne cite pas dans son livre. Après tout, c’est peut-être lui qui a raison et je vous demande alors pardon de vous avoir fait perdre du temps avec mes doutes !
Mais je persiste à douter !
Du doute comme moyen de recherche et d’analyse, remarque le Président, en effet cet arc bandé entre les contreforts à la jonction du chœur et de la nef est intrigant. Louis Peyrusse se demande pourquoi Maurice Prin s’est lancé dans cette interprétation extrêmement compliquée et sophistiquée pour expliquer la coexistence momentanée de maçonneries. Daniel Cazes remercie notre confrère pour ces remarques très intéressantes et voudrait savoir si le texte de Maurice Prin évoqué dans la question diverse est bien extrait du livre publié par celui-ci. Bernard Sournia répond affirmativement. Notre ancien Président rappelle que dans le premier article rédigé en 1955 l’auteur ne se lance pas dans ces explications. L’histoire de « la brèche », qui a également surpris Daniel Cazes, est donc apparue dans son livre dont il a été le relecteur. Il se demande si les choses ne sont pas en fait plus compliquées. Dans son article de 1955, Maurice Prin avait bien vu le passage entre le chevet et la nef du cardinal Godin avec le ressaut du contrefort, mais ce dernier juxtapose en fait deux maçonneries distinctes. On voit bien en effet, une suture entre ces deux maçonneries, qui monte jusqu’à la naissance de l’arc brisé et Maurice Prin avait fait la relation entre cet épaississement visible à l’extérieur et ce qu’il avait trouvé en fondation à l’occasion de fouilles. Selon lui, il s’agissait de ce qu’il restait du mur de la première nef de 1230. Il en avait fait des relevés précis et des plans qu’il avait publiés dans son article de 1955. La même chose se remarque côté nord au-dessus de la sacristie, indiquant que tout le système de la pile composée intérieure qui reçoit les nervures des voûtes de la première travée orientale des nefs de Godin est postérieur. C’est la raison pour laquelle il faisait de ce mur un élément antérieur, encore en élévation, à la maçonnerie de la phase 2 contre laquelle sont venus se plaquer les éléments du pilastre correspondant à la phase 4 (nefs de Godin). Daniel Cazes se souvient avoir eu des discussions sur ce point, complexe, avec Maurice Prin, qui lui avait bien montré l’existence de deux étapes dans la structuration des pilastres situés entre les cinquième et sixième travées de l’église. Il est donc important de partir de ce premier article de 1955. Maurice Prin avait exposé son hypothèse à Élie Lambert en visite sur le chantier. Ce dernier avait trouvé ses arguments très intéressants mais lui avait conseillé de les appuyer sur des preuves. Maurice Prin avait donc décidé de faire des fouilles. Il a trouvé les piles carrées de la première église et tout le périmètre extérieur des murs de la première double nef. En publiant ses résultats il a pris le contre-pied de ce qu’avait écrit Élie Lambert, qui pensait que le chevet était une réalisation de la fin du Moyen Âge (1369 – 1385). Élie Lambert a cependant été le premier, reprend Louis Peyrusse, à noter que le bâtiment n’était pas homogène. Mais c’est Maurice Prin, répond Daniel Cazes, qui a trouvé le périmètre exact de l’ancienne église avec les piles et les contreforts. Cela, reprend Bernard Sournia, ne répond pas à mes doutes sur ces fameuses brèches. Quitterie Cazes remercie notre confrère pour ses remarques très intéressantes et se demande si l’idée de ces brèches ne vient pas des fouilles que Maurice Prin a faites. En effet, en trouvant le mur arasé de la première église, cassé par les fondations des contreforts, il a pu penser que l’on avait effectué des brèches dans les maçonneries anciennes. Or, ne faut-il pas penser plutôt qu’après avoir arasé les murs au niveau du sol, on a creusé des fondations plus importantes pour les contreforts pour élever ensuite les murs de la nouvelle église. On peut alors se demander pourquoi les fondations n’ont pas été entièrement vidées pour récupérer les matériaux ; cette opération aurait sans doute déstabilisé le sol qui devait assoir la nouvelle église. Le scénario décrit par notre confrère serait, dans ce cadre, tout à fait crédible. En revanche, ce qui paraît plus compliqué à comprendre, c’est la feuillure extérieure qui induit la présence d’une cloison à l’intérieur. En effet, celle-ci n’explique pas le décalage visible à l’extérieur. Bernard Sournia promet de continuer à réfléchir dessus. Louis Peyrusse fait remarquer que l’on est dans le même schéma que dans la cathédrale de Cologne. Valérie Dumoulin voudrait revoir la diapositive reproduisant le texte de Prin en ayant à l’esprit les explications données par notre confrère et Quitterie Cazes. Dans celui-ci, il est bien précisé qu’il s’agit de « brèches verticales », l’auteur pensait donc bien à des murs en élévation ce qui, de l’avis général, paraît difficile à envisager. N’oublions pas, reprend Daniel Cazes, que d’après les explications de Maurice Prin, on s’active aux phases 2 et 3 de l’édifice alors que la vieille nef est encore en élévation. Elle aurait été encore debout alors que l’on aurait achevé le chevet de 1292 et Godin est arrivé après. Bernard Sournia n’est pas persuadé par cette hypothèse de Prin. Pour lui, la logique voudrait que la communauté ait été transportée dans le chœur pour libérer complètement l’espace du vaisseau. C’est effectivement la question que se pose Valérie Dumoulin car en tenant compte de la présence du petit cloître devant le portail ouest, elle se demande comment circulaient les frères pendant les travaux ? Par où entraient-ils dans l’église, par où regagnaient-ils le cloître ? Olivier Testard propose un exemple comparable plus proche que Cologne, celui de la cathédrale de Toulouse, Bernard Sournia évoque également celui de la cathédrale de Narbonne et d’autres pour lesquels nous sommes documentés sur la création de ces cloisons pour permettre l’exercice liturgique indépendamment du chantier. L’avantage de la cathédrale de Cologne reprend le Président c’est que nous avons des sources contemporaines que nous n’avons pas pour le Moyen Âge.
Communication de Bernard Sournia : Le rond point champenois de la cathédrale de Bayonne
A défaut de documents d’archives (incendiés en 1908) l’on se propose de reconstituer la chronologie de la cathédrale par une observation fine du bâtiment lui-même et de situer l’ouvrage par analogie avec quelques uns des modèles dont s’est inspiré l’architecte de Bayonne. Parmi ces modèles, une importance décisive revient à quelques réalisations du domaine champenois, calqués, parfois, au centimètre et à la moulure près ! Ces emprunts donnent d’intéressants points de repère chronologiques pour situer le chantier bayonnais. L’analyse architecturale adopte le parti pris d’une sorte de chronique de chantier, procédé d’exposition qui a la propriété de mettre en évidence des enchaînements et des connexions autrement inapparents. Le dessin est un autre auxiliaire de l’enquête, d’une incomparable efficacité heuristique. L’étude, prévue pour embrasser l’histoire entière de la cathédrale, ne s’occupe pour l’instant que d’en reconstituer le projet, d’analyser la construction de son rond point ainsi que celle, concomitante, du cloître.
Présents : M. Peyrusse Président, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Andrieu, Cazes, Czerniak, Fournié, Jaoul ; MM. Cazes, Garland, Garrigou-Grandchamp, Scellès, Sournia, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Caucanas, Rolland ; MM. Kérambloch, Mattalia, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty, Ledru, Machabert et Pradalier ; MM. Balty et Péligry
Le Président salue l’assemblée à qui il présente ses vœux pour cette nouvelle année. Il accueille plus particulièrement Sylvie Caucanas nouvellement élue membre correspondant de notre société.
Au titre des courriers reçus, Louis Peyrusse rappelle qu’on a fait suivre aux membres le lien envoyé par le Musée national Suisse, permettant une visite en 3D de l’exposition sur les stèles néolithiques « Les hommes debout » (traduction du titre allemand). Il nous annonce en outre que notre stèle rejoindra la salle des séances le 28 janvier au matin.
Le président nous avise par ailleurs que deux candidatures au concours nous sont parvenues. Il s’agit tout d’abord de la thèse, envoyée pour l’instant sous la forme d’un fichier numérique, de Jules Masson Mourey qui a écrit dans le catalogue d’exposition suisse la notice sur notre stèle des Montels. Cette thèse a été soutenue à l’Université d’Aix-Marseille en novembre dernier et porte sur près de 250 stèles néolithiques du sud-est de la France. Sont incluses également celles du Massif central et du Rouergue. Il précise, suite à une remarque de Maurice Scellès, que la version papier de ce travail nous sera envoyée plus tard ainsi qu’une lettre de candidature, selon les règles instaurées pour tous les candidats. Le Président espère que Benjamin Marquebielle voudra bien accepter d’être le rapporteur de ce travail.
Nous avons également reçu un Mémoire de Master 2 rédigé par Marion Ortiz, Les plafonds peints du château de Pomas (Aude), soutenu en juin 2021 à l’université de Toulouse Jean-Jaurès, sous la direction de notre consœur Virginie Czerniak. Louis Peyrusse précise par ailleurs que nous accepterons les dossiers de candidature jusqu’au 18 janvier (et non jusqu’au 15).
Il signale aussi que la bibliothèque d’étude et du Patrimoine de la rue du Périgord a enfin ouvert l’exposition Cartailhac. Celle-ci est très riche en documents grâce aux archives de la famille Bégouen. Un petit film est présenté, mais celui-ci prend le personnage par les marges. En effet, François Bon présente l’archéologue pour la partie université où Cartailhac n’était qu’un orateur invité. Il est aussi question des décors pariétaux et des relations avec la famille Bégouen. Son énorme travail dans les revues, les congrès et les sociétés savantes est à peine évoqué. On y voit en revanche les plaques photographiques avec lesquelles il illustrait ses cours publics ainsi que ses notes de préparation, abondamment raturées, témoignant d’une éloquence très troisième République. Notre Président conseille donc vivement à l’assemblée d’aller voir cette exposition tout à fait remarquable.
Il nous rappelle par ailleurs que nous nous retrouvons dans quinze jours pour une assemblée générale, c’est donc aujourd’hui la dernière séance qu’il préside. Il fait appel à d’éventuelles candidatures, bien que le bureau ait déjà sollicité notre consœur Virginie Czerniak. C’est elle qui décidera sans doute, si la séance publique se tiendra le 20 ou le 27 mars, si seulement elle peut se tenir.
Notre trésorier prend la parole pour faire le point sur les cotisations. Il dit avoir envoyé en décembre pas moins de 55 rappels de cotisation et sur deux années pour plus de la moitié. Le covid est incontestablement la cause principale de ce retard. À l’heure actuelle, les cotisations commencent à entrer et nous sommes invités à payer celle de 2022 dès à présent. Nous déplorons cependant la démission d’un de nos membres archéologue, Frédéric Veyssières, qui ne peut plus venir assister à nos séances.
Daniel Cazes demande la parole pour nous transmettre une information qui lui a été donnée par notre confrère Xavier Barral i Altet. Il s’agit d’un double congrès de sigillographie qui aura lieu l’année prochaine. Une partie se tiendra en novembre à Barcelone, organisée par l’Institut d’études catalanes, elle sera consacrée à la sigillographie médiévale en Catalogne et dans les territoires de la couronne d’Aragon dans un contexte européen. Un autre colloque lui succèdera, toujours en novembre, à Naples, organisé par l’Université Frédéric II, qui traitera plus particulièrement de la sigillographie féminine dans l’Europe méditerranéenne, catalano-aragonaise et angevine. Ce double congrès sera donc très important et constituera un lien entre l’université de Naples et l’Institut d’études catalanes dans ce domaine de recherche particulier. Daniel Cazes regrette l’absence de notre confrère Laurent Macé qui aurait été très intéressé par la nouvelle de cette manifestation. L’information lui sera transmise.
Le Président passe enfin la parole à notre confrère Bernard Sournia pour une communication longue : Le rond-point champenois de la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne.
Il remercie l’orateur pour cette enquête passionnante sur un édifice majeur pour l’implantation de l’architecture du nord dans le Midi et qui est aujourd’hui si difficile à lire. Il se dit frappé par ce roman de la cathédrale qui nous a été offert, un peu à la manière de Fernand Pouillon dans Les pierres sauvages. Cependant, qu’en est-il de la firme rémoise ou champenoise à Bayonne ? Bernard Sournia a le sentiment que l’artiste qui a dessiné les chapelles absidiales est particulièrement talentueux : en témoignent la remarquable qualité d’exécution et sa géométrie impeccable. On sent, selon lui, la présence d’un chef d’équipe exigeant et doué. Il a sans doute fallu, en arrivant sur place, établir le relevé de la vieille cathédrale, effectuer des visées pour bien fixer les axes. Il a fallu également s’enquérir des matériaux pour les maçonneries et les encadrements de baies. Il a fallu enfin, calculer la profondeur des fondations. Ce travail préalable a été fait par un « architecte » sans doute accompagné de deux ou trois assistants. S’agissait-il d’une compagnie de maçons champenois ? C’est probable, ayant œuvré sur les chantiers d’Amiens et de Reims dans les années 1250-1260. Comment expliquer, reprend Louis Peyrusse, si on a une telle sophistication du dessin architectural, la relative médiocrité de la sculpture ? Notre confrère reconnaît ne pas s’être penché sur le problème de la sculpture. Le portail sculpté du croisillon sud dont il a été question a été construit dans la lancée du cloître par l’équipe des Champenois mais avec une moindre qualité d’exécution. Enfin, remarque notre Président, visiblement l’évêque et le chapitre avaient les moyens pour lancer un tel chantier et de faire appel à une équipe de qualité, comment à partir de la documentation publiée au XIXe siècle, peut-on juger de l’état du diocèse de Bayonne au milieu du XIIIe siècle ? Notre confrère préfère ne pas se lancer dans cette question purement historique.
Virginie Czerniak voudrait savoir quelles archives ont été détruites. Toutes les archives épiscopales, ainsi que celles du chapitre cathédral ont été brûlées en 1908, répond notre confrère, et seules subsistent celles concernant les restaurations du XIXe siècle, qui rendent compte quelquefois de l’état du monument avant restauration. Émile Boeswildwald qui a été l’architecte diocésain chargé des restaurations à partir des années 1850 et jusque vers 1885, a œuvré sur cette cathédrale avec talent mais sans grand scrupule archéologique. Il a remplacé, par exemple, les remplages flamboyants des fenêtres du transept par des remplages rayonnants. Virginie Czerniak est admirative devant les dessins réalisés par notre confrère qui en plus d’être beaux sont très pédagogiques. Bernard Sournia répond que dessiner lui permet de comprendre le monument et de visualiser ses hypothèses. Tout en suivant constamment les conclusions d’Élie Lambert, son propos a surtout été d’étudier en détail le déroulement du chantier, qui n’a pas précisément intéressé E. Lambert, et qui fait ressortir des données essentielles sur le processus d’élaboration et d’évolution du projet, le dessin se donnant pour objectif de dresser une image complète et détaillée d’un édifice regrettablement peu connu. Le président rappelle qu’Élie Lambert a été membre de notre Société au moment où il était réfugié à Toulouse pendant la guerre à cause de la persécution nazie. Il était par ailleurs agrégé d’allemand et s’est passionné pour l’Espagne et l’art musulman. Daniel Cazes ajoute qu’il lui semble qu’Élie Lambert voulait faire de Bayonne une étape dans la diffusion de l’architecture gothique vers les grandes cathédrales de Castille, Léon, Burgos… Il demande ce que l’on peut en penser aujourd’hui à la lumière des études récentes effectuées sur les cathédrales espagnoles. Bernard Sournia répond qu’en 1234, un comte de Champagne, Thibaut dit « le chansonnier » devient roi de Navarre fondant une dynastie qui perdurera sur trois générations avant d’être supplantée par la famille des comtes d’Évreux jusqu’au XVe siècle Ces présences françaises en Navarre ont évidemment favorisé la diffusion des formes gothiques outremonts. Par ailleurs, la Navarre convoitait Bayonne bien qu’elle n’ait jamais pu s’y implanter. Cependant, les Bayonnais, grands navigateurs et grands ingénieurs de marine, prêtaient leurs bateaux aux Navarrais. Ils en ont fourni en particulier aux rois de Navarre pour la Croisade. En retour, ils aidaient militairement les Bayonnais pour défendre leur trafic commercial. Il y a donc des liens très étroits entre Bayonne et la Navarre. Les édifices gothiques du pays navarrais témoignent d’une forte influence de la France du Nord sinon précisément champenoise. Daniel Cazes pense que c’est plutôt à León que celle-ci se fait sentir et il est vrai que les références rémoises abondent dans cette cathédrale. Nicole Andrieu suppose qu’il pourrait y avoir des archives à Reims ou des chercheurs qui suivent cette piste. Pierre Garrigou Grandchamp fait remarquer que Soissons et Amiens étant en Picardie, il faudrait sans doute parler d’une équipe champenoise et picarde, mais peut-on faire la part entre les deux régions. Les influences les plus marquées proviennent-elles de Reims et de Saint-Nicaise ? L’orateur déclare ne pas vouloir rentrer dans un débat de distinction entre écoles picarde et champenoise, l’influence de Reims restant toutefois dominante à Bayonne. Pierre Garrigou Grandchamp revient sur la question des ressources dont l’orateur a donné quelques éléments dans sa présentation, et il pense que nous sous-estimons à l’heure actuelle la richesse de la ville. Élie Lambert avait le premier signalé la grande série de caves voûtées des XIIIe-XIVe siècles existant à Bayonne, cas pour ainsi dire unique dans le groupe des villes du sud-ouest de la France. Ces nombreuses caves témoignent de la puissance commerciale de Bayonne ; on peut penser que le chapitre et l’évêque avaient des droits sur ce commerce. Bernard Sournia promet à l’assemblée une autre communication sur la construction de cette cathédrale, faisant suite à celle-ci.
Au titre des questions diverses, Louis Peyrusse donne la parole à notre trésorier pour nous présenter la restauration de l’hôtel Castellane où a été créée la Société archéologique du Midi de la France en 1831.
Louis Peyrusse voudrait enfin apporter une petite modification au règlement intérieur en intégrant dans le bureau les anciens présidents, ils y seraient alors membres de droit. Nous en comptons cinq à l’heure actuelle : Michèle et Henri Pradalier, Daniel Cazes, Émilie Nadal et Louis Peyrusse. L’idée serait de donner à l’un ou l’autre une mission - Daniel Cazes se chargeant déjà de notre patrimoine à Chiragan -. Il faudrait donc mettre les textes en accord avec les pratiques et le Président soumet donc à l’assemblée cette possibilité d’amendement au règlement intérieur qui a été voté il y a 15 ans.
Communication de Jérôme Kerambloch : La Belle Paule, le mythe et l’histoire
Paule de Viguier, passée à la postérité sous le nom de la Belle Paule est avec Clémence Isaure un des personnages mythiques de la Renaissance toulousaine. Mythique, car bien qu’il s’agisse d’une femme bien réelle qui a laissé quelques traces dans les archives toulousaines, sa biographie est longtemps restée, et reste encore pour le grand public, très largement fabuleuse. Placée au centre d’un certain nombre de séquences historiques qui lui font rencontrer des rois et des reines de France, elle fut un temps une figure incontournable de l’histoire toulousaine. La communication se propose d’éclairer quand et comment cette légende de la Belle Paule s’est progressivement mise en place en plusieurs étapes répondant à des motivations diverses.
Présents : M. Peyrusse Président, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Czerniak, Fournié ;
MM. Cazes, Garland, Lassure, Sournia, Surmonne, Suzzoni, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Ledru, Machabert, Rolland, ; MM. Kerambloch, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty, Cazes, Dumoulin, M. Balty.
Le Président ouvre la séance en évoquant la journée qui s’est tenue samedi dernier sur le thème : « Archéologues et archéologie en province sous la troisième République » où le personnage d’Émile Cartailhac était à l’honneur. Il se réjouit d’avoir découvert les activités de l’ancien Président de la Société à Ensérune et au Musée de Monaco. Par ailleurs, les comparaisons effectuées avec d’autres régions ont permis de mesurer l’originalité de la démarche de Cartailhac. Il signale qu’une petite exposition inaugurée à la fin de la semaine dernière autour du personnage se tient à la bibliothèque universitaire Jean Jaurès, en attendant celle, vraisemblablement plus complète, qui sera mise en place à la Bibliothèque d’étude et du patrimoine en janvier.
Louis Peyrusse nous annonce encore qu’il a eu une communication téléphonique avec M. Luca Tori, conservateur en chef du Musée national suisse, qui lui a présenté ses excuses pour les erreurs concernant la provenance de la stèle que nous avions relevées sur le catalogue d’exposition lors de la dernière séance.
Suite à un courriel qui lui a été adressé par Quitterie Cazes et Michelle Fournié, le Président annonce la tenue d’une journée d’étude sur saint Jacques, le 10 décembre prochain à la bibliothèque d’études méridionales. Il donne la parole à Michelle Fournié qui nous précise que cette manifestation fait suite à l’ouverture des châsses reliquaires de Jacques le Majeur en 2018, après autorisation du clergé. Elle rappelle que nous sommes censés avoir à Saint-Sernin les corps entiers de Jacques le Majeur et de cinq autres apôtres. Cette ouverture avait donné lieu à une cérémonie de reconnaissance des reliques, puis à des observations et des prélèvements osseux destinés à être analysés. Dans la foulée un séminaire avait été organisé en 2019 à l’université Toulouse 2 Jean-Jaurès et il avait été prévu de faire des journées d’études une fois reçus les résultats d’analyses des prélèvements osseux effectués dans la grande châsse et dans le buste-reliquaire. Mgr. Le Gall a donné l’autorisation de publication des résultats pendant le premier confinement, la journée d’étude n’a donc pas pu être organisée à ce moment-là en raison du contexte sanitaire. Reporté plusieurs fois, ce projet peut enfin être concrétisé. Cette journée présidée par Quitterie Cazes, Hélène Debax, Dominique Watin-Grandchamp et notre consoeur se tiendra le vendredi 10 décembre prochain. Elle précise qu’un intérêt tout particulier sera porté aux résultats des analyses et aux objets accompagnants ces reliques, en particulier les authentiques, ainsi qu’aux contenants. Il sera également question des archives de Saint-Sernin et de leur histoire. Enfin, une visite des cryptes sera organisée sous la direction de Jacques Dubois et de Jean-Louis Rebière.
Le Président reprend la parole et nous dit avoir reçu par courrier une proposition d’article sur le château de Quéribus par Michèle et Jean-Bernard Gau qu’il a déclinée puisque statutairement, seuls les articles des membres sont publiés dans nos Mémoires. Nous sommes par ailleurs invités par M. Nicolas Lassabe à venir visiter la cave située au n° 10 rue Tripière qu’il croit romane mais qui est plus vraisemblablement de la fin du Moyen Âge ; un rendez-vous sera pris au mois de décembre.
Nous avons enfin reçu une lettre de candidature de Mme Sylvie Caucanas, historienne et archiviste paléographe, sortie de l’école des Chartes en 1977 avec une thèse sur la seigneurie de Castelnau-de-Lévis en Albigeois. Elle a par ailleurs fait une thèse nouveau régime en histoire sous la direction de Pierre Bonnassie sur les moulins d’irrigation en Roussillon durant tout le Moyen Âge. Elle a fait une carrière d’archiviste à Saint-Étienne, à Perpignan et surtout à Carcassonne où elle a été directrice des archives départementales.
Une invitation au vernissage de l’exposition de photographies de Jean Dieuzaide nous a également été adressée par courrier électronique. Il se tiendra le 4 décembre à 16h00 au couvent des Jacobins.
Louis Peyrusse fait enfin circuler un magnifique manuscrit : Statuts des confréries de contrepointiers de Toulouse de 1604 qui a été donné par Émile Cartailhac à la bibliothèque de l’Académie des sciences inscriptions et belles lettres. Notre bibliothécaire précise qu’il s’agit donc de la confrérie des contrepointiers ou courtepointiers, deux métiers qui se sont fondus depuis le XVIe siècle et qui étaient liés à la fabrication de matelas et de couettes. Il est intéressant de voir qu’on y parle des obligations religieuses de la confrérie ainsi que des règlements de la corporation : la nomination de deux bayles qui étaient chargés de visiter régulièrement les ateliers pour éviter les fraudes, les obligations que devaient remplir les compagnons. La corporation a été fondée en l’église Saint-Antoine du Salin en 1604. Le Président se demande ce que représentent les dessins qui accompagnent le texte : des modèles de courtepointes, de piquetages ?
Louis Peyrusse passe enfin la parole à Jérôme Kerambloch pour sa communication longue : La belle Paule : le mythe et l’histoire.
Le Président remercie notre confrère pour sa patiente mise à plat des données historiographiques ou du démontage du jeu des répétitions de tous les plumitifs qui montrent bien un certain nombre d’impossibilités. Cela évoque les règlements de comptes de Noulet, qui était à l’académie des sciences, avec Dumège au sujet de Clémence Isaure. Les faits décrits sont évidents, il s’agit d’une forgerie en grande partie romanesque mais il reste, selon Louis Peyrusse, la dimension du mythe. Cette belle Paule est un double d’Aphrodite, de Vénus ou la résurgence toulousaine d’Hélène de Troie et elle n’a pas, contrairement à cette dernière, de pouvoir de magie ou de sorcellerie, mais est douée pour la poésie. Il rappelle qu’un des principaux bâtiments du CHU de Toulouse porte le nom de Paule de Viguier, nous ne sommes donc pas encore sortis de l’ornière romanesque.
Michelle Fournié signale qu’elle a lu un article mentionnant les momies de la belle Paule, qui n’ajoute rien à ce qui vient d’être dit, écrit par ses collègues Estelle Martinazzo et Sophie Duhem et qui porte sur les caveaux des Cordeliers, des Jacobins… Les autrices évoquent à cette occasion la présence de la belle Paule. Louis Peyrusse rappelle qu’aussi bien à Toulouse pour la belle Paule qu’à Bordeaux pour le caveau de Saint-Michel ou ailleurs, ces évocations se trouvent dans tous les récits de voyages romantiques. D’ailleurs, répond Jérôme Kerambloch, au moment de la décennie de la belle Paule, dans La Mosaïque du Midi de 1839, il y a un petit récit sur la visite des Cordeliers qui tourne effectivement autour de cette momie. Il signale également à l’assemblée qu’il est preneur de toutes mentions sur le sujet, trouvées dans les dictionnaires universels ou des articles. Jean-Michel Lassure signale Arthur Young et ses visites du Midi de la France.
Après avoir vu que la belle Paule n’a jamais rencontré François 1er, on peut se demander, ajoute notre confrère, quel était l’environnement culturel de la création de cette légende. Louis Peyrusse rappelle que le marquis D’Orbessan faisait partie de ces seigneurs du XVIIIe siècle qui ont des connaissances intellectuelles et littéraires non négligeables. Il était à cheval entre son hôtel de Toulouse et son château en Gascogne. Il ajoute que le tableau de la belle Paule de Willemsens en 1842, que nous avons vu, était aussi l’ornement principal d’un magasin de mode pour dames. Le peintre l’avait donc vendu à un magasin de nouveautés. Jérôme Kerambloch ajoute que le type physique représenté par Willemsens ressemble beaucoup à ce que Gabriel de Minut écrit dans la Paulegraphie, il s’était donc bien renseigné avant de la peindre : les hanches plus larges que les épaules, les cheveux blonds bouclés… Le tableau appartient cependant au mouvement romantique ajoute le Président.
Travaillant sur le dossier de la belle Paule, Jérôme Kerambloch s’était penché sur l’hôtel Bénaguet, où elle a passé une grande partie de sa vie, qui se trouve rue Tripière à côté du Musée du Vieux Toulouse ; il s’agit de la cave que nous devons visiter. Il montre des photographies de la façade en 1936 en comparaison avec l’état actuel où il apparaît que des ouvertures ont été ajoutées et montre quelques images de la cave en question en cours de travaux. L’escalier d’accès a été démonté et des céramiques ont été trouvées. Après avoir vu ces photographies, un membre se demande quelle est la place de l’archéologie dans ce chantier, la céramique montre qu’il y a des couches en place. Un autre membre se pose la question de façon plus générale : pour être passé dans le centre, de la place du Salin à la place des Carmes, il est impressionné par le nombre d’immeubles qui ont été restaurés et qui s’écroulent. Un autre encore se dit frappé par le saccage des briques sur les façades que l’on ravale. Les briques sont cassées, on cache sous des enduits tout ce que l’on trouve (les traces de fenêtres ou de portes). Il n’est pas certain qu’un relevé soit fait à chaque fois.
Daniel Cazes voudrait donner une information au sujet de la parution récente d’un ouvrage intitulé Dictionnaire historique du patrimoine (Lyon, 2021, éd. Fage), rédigé par Patrice Béghain, ancien directeur des affaires culturelles de notre région, et Michel Kneubühler qui était, à la même époque, chargé d’étude documentaire à la DRAC de Toulouse. Ils sont passés tous les deux à Lyon, à la DRAC Rhône-Alpes et Patrice Béghain a fini sa carrière au poste important de maire-adjoint chargé des affaires culturelles de la ville de Lyon. Ayant souvent travaillé conjointement, les deux auteurs ont réuni une information considérable sur le patrimoine, non seulement dans les régions méridionales, il y a beaucoup de mentions et de points de vue critiques et d’informations sur l’Occitanie, mais aussi sur le reste du pays. Il y a des notices biographiques, d’autres sont dédiées à nos institutions, nos lois concernant le patrimoine, l’archéologie, les musées. Cette masse d’informations et les aspects critiques sont particulièrement intéressants. Daniel Cazes nous en recommande donc la consultation et l’acquisition pour notre bibliothèque pour la somme de 45 euros. Ce livre a été présenté il y a quelques jours à la librairie Ombres Blanches.
Communication de Pierre Marty : Recherche sur la bibliothèque de l’Académie royale de peinture, sculpture et d’architecture de Toulouse.
Louis de Mondran (1699-1792), le fondateur et historiographe de l’Académie royale de peinture de Toulouse, rapportait dans ses Mémoires que 1751 était une année importante pour cette institution. En effet, elle obtenait cette année la protection du Roi et le titre d’Académie royale, qui allait lui permettre de devenir pérenne et d’envisager le futur avec ambition. Mondran rapportait encore que : « c’est à peut près dans ce même temps qu’un établissement aussi utille que celuy de l’Accadémie des arts concourut pour le progrès des sciences et des arts : ce feut celuy d’une grande et belle bibliothèque »
Cette intéressante mention n’a jusqu’à présent jamais été questionnée. Or, l’existence d’un lieu ou d’une ressource de ce type au sein de cette académie ne serait pas anodine. Aussi, souhaiterions nous discuter l’existence matérielle de cette bibliothèque. Dans un deuxième temps, nous proposerons une étude des ressources textuelles à disposition des académiciens, et les utilisations qui en étaient faites (légitimation de savoirs, transmission de pratiques artistiques, etc), à la lumière de documents pour beaucoup inédits, et de comparaisons avec d’autres académies et écoles de dessin actives durant la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Présents : M. Peyrusse Président, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Czerniak, Fournié, Merlet-Bagnéris, ; MM. Cazes, Lassure, Sournia, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Ledru, Rolland, ; M. Marty, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty et Cazes, MM. Balty, Garland, Penent et Tollon.
Comme cela a été annoncé lors de la dernière séance, le Président déclare que nous ferons désormais l’économie de la lecture du procès-verbal puisqu’il sera accessible sur notre site après relecture des différents intervenants. Il demande à l’assemblée s’il est nécessaire de l’envoyer par courrier électronique à chaque membre. Daniel Cazes pense que cela pourrait être utile, si la mise en ligne devait être retardée, de façon à ce que les membres puissent suivre la vie de la société. La secrétaire adjointe répond qu’elle veille désormais à ce que les procès-verbaux de chaque séance soient consultables sur le site avant la suivante.
Au titre des courriers reçus Louis Peyrusse annonce que le catalogue du Musée national suisse nous est parvenu ; il note que celui-ci est entièrement rédigé en allemand. C’est le jeune préhistorien de l’Université d’Aix-Marseille Jules Masson-Maurey que notre Président avait désigné pour rédiger la notice, en l’absence de spécialistes locaux sur l’époque néolithique. Celui-ci soutient d’ailleurs dans quelques jours une thèse sur les stèles du sud de la France, c’était donc, selon lui, la personne toute désignée. Louis Peyrusse a relevé par ailleurs que la stèle de Montels est dite provenir du Musée Saint-Raymond comme dans les anciens fichiers. Daniel Cazes tient à préciser que deux pièces, dont celle-ci, avaient été déposées par notre Société dans le jardin du Musée Saint-Raymond - sans doute à la demande de Mme Labrousse -, mais il les a fait ensuite retourner dans nos locaux d’une part pour les protéger des déjections canines et ensuite parce que le nouveau programme muséographique du Musée ne comprenait pas l’époque néolithique. Daniel Cazes se dit par ailleurs contrarié par l’inexactitude des cartels et catalogues de certains établissements où les pièces déposées ne sont pas différenciées des autres. Selon la loi, le nom du déposant doit figurer sur les cartels et dans les notices, il en est de même pour les donateurs. L’erreur notée par le Président dans le catalogue d’exposition suisse n’est donc pas étonnante. Le Président poursuit en montrant des cartes postales éditées par le Musée de Zurich où notre stèle de Montels est mise en parallèle avec celle de Saint-Sever-du-Moustier conservée au Musée de Nîmes et une autre provenant du Musée Fenaille de Rodez.
Nous avons ensuite été avertis par courrier électronique d’une manifestation comprenant un colloque et une petite exposition sur Un demi-siècle d’archéologie à Cahors qui se tiendront dans la ville les 18 et 19 novembre. Deux de nos membres y participeront : Jean-Luc Boudartchouk et Anaïs Charrier. Le Président nous informe ensuite d’un autre courrier provenant de propriétaires d’une cave médiévale toulousaine située au n° 10 de la rue Tripière. Ces derniers proposent à la Société de venir la visiter. Louis Peyrusse suggère de fixer une date de visite un mardi entre deux séances, peut-être en décembre, après avoir contacté les propriétaires. Un autre courriel nous a été envoyé par Mme Claire Jover proposant de faire don à la Société d’un morceau de pieu de pile de ponceau, dont la pointe est renforcée par une ferronnerie adaptée, qu’elle a ramassé il y a une trentaine d’années à l’estuaire de La Vèze-sur Ariège.
Le président rappelle que le samedi 20 novembre, la société rend hommage à la mémoire d’Émile Cartailhac qui a été un des grands membres de notre Société. Cette journée d’étude est organisée par le PCR Cartailhac coordonné par Sandra Péré-Noguès. Par ailleurs, l’Académie des Jeux floraux nous fait savoir qu’elle tient un colloque le 18 novembre sur le thème Qui connaît les poètes aujourd’hui ? Après le colloque, des lettres de maîtrise seront remises au poète Adonis par Serge Pey et à James Sacré par M. Saint-Paul ; l’après-midi s’achèvera par une conférence de James Sacré En suivant mon chemin d’écriture.
Un courrier manuscrit nous a été ensuite envoyé par Mme Bélinda Giacchetti demandant une place de membre correspondant et qui semble chercher un emploi ; le Président se propose de lui téléphoner pour s’assurer de ses objectifs par rapport à la Société.
Enfin, Louis Peyrusse nous annonce que l’hommage à Maurice Prin que nous projetons d’intégrer au volume double de nos Mémoires commence à s’étoffer. Un beau texte a été rédigé sur la vie de notre confrère défunt par Daniel Cazes, nous attendons d’autres textes de Bruno Tollon, Henri Pradalier, Patrice Cabau auxquels propose de se joindre le Président lui-même. Il fait d’ailleurs appel aux membres qui possèderaient des photographies pour illustrer cet hommage ; celle de Jean Dieuzaide montrant Maurice Prin sur son vélo conservée aux Archives Municipales sera demandée.
Pour finir, nous devons élire aujourd’hui Coralie Machabert comme membre correspondant. Le Président rappelle qu’elle a été lauréate en 2020 d’un grand prix spécial de la Société Archéologique du Midi de la France pour sa thèse ; à ce titre, elle a vocation à nous rejoindre. Son master 2 était une monographie sur le peintre et acteur de la vie culturelle Christian Schmidt et sa thèse porte sur la vie artistique à Toulouse de 1939 à 1958.
Coralie Machabert est élue membre correspondant de notre Société à l’unanimité.
Louis Peyrusse passe enfin la parole à Pierre Marty pour sa communication Recherches sur la bibliothèque de l’Académie royale de peinture, sculpture et d’architecture de Toulouse.
Le président remercie notre confrère pour cette enquête passionnante qui se révèle malheureusement pour partie décevante car on s’attend toujours à retrouver des catalogues ou encore que tous les livres restent dans les bibliothèques, ce qui n’a visiblement pas été le cas. Il est surpris de « la civilisation du livre rare » qui vient de nous être décrite. Ces livres sont chers (Pérronnet : 150 livres, Pozzo : 100 francs), il s’agit bien sûr de grands in folio, le Blondel à 28,50 F est bien moins cher. Ce système de bibliothèque Professeurs-École évoqué par notre confrère existait ailleurs qu’à l’Académie royale de Toulouse. Il demande si une distorsion importante existait par rapport aux autres institutions officielles connues. Pierre Marty répond que l’on peut noter de grandes différences avec la bibliothèque de l’Académie royale de Paris. De tels lieux mis à disposition des professeurs et des élèves les plus avancés sont connus à Marseille et à Rouen. L’idée de Mondran était de se mettre au niveau de l’Académie de Paris et on peut considérer que les salons toulousains sont une franche réussite. Il pensait pouvoir solliciter l’aide des capitouls pour son projet mais ceux-ci ne pouvaient apporter aucun financement. Autrement dit reprend Louis Peyrusse, la bibliothèque de Mondran était alors la seule utilisée. Elle a en effet beaucoup servi reprend Pierre Marty, celles de Cammas et de Puymaurin étaient également très importantes, mais également celles d’autres personnalités moins connues comme François Lucas. Se pose alors la question de l’approvisionnement, celui des librairies à Toulouse et plus particulièrement celui de livres d’art. Les correspondances entre professeurs témoignent de demandes de livres adressées aux collègues parisiens. On voit également des réseaux secondaires se mettre en place, notamment entre Académies. À entendre l’exposé qui vient d’être fait, on note, dit Guy Ahlsell de Toulza, que l’Académie des Beaux-Arts était très pauvre, le prestigieux statut d’Académie royale n’a pas apporté les fonds municipaux et de modestes locaux ont été prêtés. Pourtant, le fonds ancien de l’actuelle école des Beaux-Arts était très important au point que les directeurs successifs cherchaient à s’en débarrasser pour gagner de la place. Les portes étant restées ouvertes et sans surveillance, elle a malheureusement été pillée. C’est donc au XIXe siècle que la bibliothèque s’est étoffée fait remarquer Virginie Czerniak. Le Président confirme qu’il y eut en effet un apport important à cette époque qui est venu s’ajouter aux fonds anciens dont on ne connaissait pas la provenance. Mais l’essentiel de la richesse de l’École, ajoute-t-il était constitué par les modèles, c’est-à-dire les gravures et les plâtres qui étaient soigneusement conservés. Pierre Marty fait remarquer qu’il ne reste pas grand-chose de ces modèles du XVIIIe siècle. Par ailleurs, l’Académie étant peu dotée, les modèles étaient plus souvent réparés que remplacés. Les bonnes volontés comme Mondran et Puymaurin étaient sollicitées pour les achats importants. Ce qui est regrettable, poursuit-il, c’est que Lagarde avait mentionné des inventaires de ces dessins, de ces modèles et de ces livres - c’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains ont des annotations en bleu et en rouge -, mais il note dans les années 30 que ces inventaires avaient déjà disparu.
Daniel Cazes demande quelles pouvaient être les ressources, en cette deuxième moitié du XVIIIe siècle, des bibliothèques religieuses en matière de livres d’art, étant donné la multitude de couvents qui existaient à Toulouse. Certaines devaient être très riches (les Augustins, les Dominicains, les Jésuites), dans des communautés où l’on avait le goût des arts et où vivaient parfois des religieux artistes ; il devait bien y avoir quelques uns des livres dont il a été question. En effet, répond Pierre Marty, on voit arriver certains livres d’art provenant de ces communautés religieuses dès le début du XIXe siècle, donc après la Révolution. Cependant, aucune mention de consultation d’ouvrage dans les bibliothèques de ces communautés n’a été relevée dans les sources. On sait seulement que les élèves de l’École du Génie avaient accès à celle du collège royal. L’Académie des Arts avait passé un accord avec le collège pour qu’ils puissent assister à certains cours leur permettant de développer des savoirs particuliers et d’avoir accès à une documentation que l’Académie ne pouvait leur offrir. Qu’en est-il de la bibliothèque du clergé de Loménie de Brienne qui avait lancé un programme public demande le Président. De la même façon, répond Pierre Marty, aucune mention de consultation ni de correspondance d’élève avec cet établissement n’a été relevée.
Louis Peyrusse fait remarquer que pour faire valoir l’Académie royale auprès des capitouls, on avait mis en avant qu’elle allait surtout former des ouvriers d’art, il ne s’agissait donc pas là d’intellectuels. Pierre Marty reconnaît trouver cette question très intéressante, il s’est d’ailleurs penché sur la population des élèves qui fréquentaient cette Académie en faisant des relevés systématiques chez les notaires des contrats d’apprentissage de tous les ouvriers, artistes, artisans pour lesquels il était précisé qu’ils fréquentaient l’Académie. Sur les 140 contrats relevés, 70% environ savent lire et écrire.
Françoise Merlet-Bagnéris se dit moins pessimiste que notre trésorier sur le sort de la bibliothèque des Beaux-arts. Elle a en effet été pillée mais a également fait l’objet d’une chasse gardée à partir des années 70. Par ailleurs, il faut noter, selon elle, le rôle essentiel des gravures dans l’évolution de l’enseignement. En effet, quand on parcourt les locaux du Petit Versailles, à l’intérieur du Capitole, on voit que les étudiants de première année avaient des pupitres dont le couvercle se relevait ; les étudiants y conservaient des gravures parfois de qualité médiocre qu’on leur avait distribué. À côté, se trouvait le bureau des professeurs garni d’étagères et de livres et la tradition du prêt d’ouvrage appartenant aux enseignants s’est poursuivie. Le trésor de l’école était constitué par les plâtres au cabinet de sculpture, les moules ont été longtemps gardés permettant aux professeurs de les refaire. Les étudiants, notamment ceux de première année, travaillaient donc à partir de gravures qui étaient parfois de qualité très médiocre. En seconde année, on copiait les plâtres et on démarrait la découverte de la troisième dimension. À la fin du cycle, on travaillait sur les tomes de Dandré Bardon, volumes de planches sur l’histoire du costume. Les cours théoriques sont arrivés aux XIXe et XXe siècles, ils étaient rédigés par les professeurs eux-mêmes et conservés par les étudiants. C’est à la fin, lorsque ces derniers devaient trouver un style que l’on faisait appel aux grandes bibliothèques. Les livres chers sont souvent détenus par les professeurs annotés, signés et datés de leur main lors de leur don. Quant aux capitouls, ils ont plus investi dans la création de plâtres que dans l’achat de livres. Guy Ahlsell de Toulza ajoute que le prix qui était donné à Toulouse était le porte-crayon en argent du chevalier Rivals, survivance étonnante du XVIIIe siècle, alors qu’ailleurs on donnait des livres, comme par exemple l’écorché de Bouchardon conservé à l’École.
Au titre des questions diverses, le Président donne la parole à Jean-Michel Lassure qui voudrait attirer notre attention sur l’état du château de Saint-Blancard (Gers).
Louis Peyrusse demande si l’édifice est hors d’eau et voudrait des informations sur la situation de la propriété. Jean-Michel Lassure répond que quelques effondrements sont déjà à déplorer et que l’édifice appartient à un Anglais, la commune quant à elle voudrait bien trouver une solution. Il semblerait que des tractations soient en cours mais elles tardent à aboutir. Louis Peyrusse s’étonne que l’on n’oblige pas le propriétaire à entretenir le clos et le couvert. Virginie Czerniak fait remarquer que, malheureusement, de nombreux châteaux sont dans ce triste état dans le Gers, elle pense en particulier au château de Mansencôme classé Monument Historique et qui menace de s’effondrer. Daniel Cazes déclare que les maires des communes ont la possibilité de prendre un arrêté de péril, et s’il est exécuté, ils ont le droit d’assurer le clos et le couvert du bâtiment sous leur propre autorité et de mettre en œuvre des mesures minimales de consolidation : éviter qu’un mur s’écroule, faire mettre une tôle ondulée en attendant des travaux plus importants sur une toiture. Notre confrère s’étonne que ces mesures ne soient prises que très rarement. Olivier Testard répond que si un maire prend un arrêté de péril, il est responsable de ce qui se passe ensuite. Il doit prendre les travaux aux frais de la commune et a la charge de récupérer, éventuellement, auprès du propriétaire les fonds engagés. Le problème, selon notre confrère, est que les nouveaux propriétaires des châteaux n’ont aucune idée de la charge que cela représente. Concernant le château de Saint-Blancard, Jean-Michel Lassure déclare qu’il est encore temps d’intervenir, mais ce ne sera plus le cas dans quelques années.
Communication de Céline Ledru : Le décor des astragales des chapiteaux de la Daurade (deuxième atelier) .
Le deuxième atelier de Notre Dame de la Daurade de Toulouse a œuvré entre 1120 et 1130 à la sculpture des chapiteaux du cloître du prieuré de la Daurade. Le cloître a été détruit au XIXe siècle. Une partie des chapiteaux historiés sont conservés au musée des Augustins de Toulouse.
Ayant constaté une erreur de description sur le chapiteau représentant la Transmission de la Loi, la question de l’identification de la scène se pose.
La communication présentera une hypothèse d’interprétation des éléments considérés comme ornementaux des abaques des chapiteaux, en s’appuyant sur une méthode statistique. Ces hypothèses permettent de réexaminer l’identification de la scène représentée sur le chapiteau n° inv. Me 148.
Présents : M. Peyrusse Président, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Fournié, Jaoul ; MM. Catalo, Cazes, Testard, membres titulaires ; Mmes Ledru, Rolland ; MM. Kérambloch, Mattalia, Rigault, membres correspondants.
Excusés : Mmes Balty, Czerniak, Pradalier et Viers, MM. Balty, Garland, Garrigou Grandchamp, Péligry, Scellès, Sournia, Surmonne et Tollon.
Invité : M. Alexandre Mille, conservateur du patrimoine et paléontologue au Museum d’Histoire naturelle de Toulouse.
Le Président ouvre la séance en saluant Hortense Rolland récemment élue membre de notre société et Alexandre Mille, notre invité et poursuit par les informations diverses. Il informe les membres que la bibliothèque municipale, bibliothèque d’étude et du patrimoine, restaurée il y a une dizaine d’année par l’architecte des bâtiments de France, M. Letellier est aujourd’hui interdite d’accès pour des raisons de sécurité. En effet, des fragments de maçonnerie tombent de la coupole.
Parmi les bonnes nouvelles de l’actualité, Louis Peyrusse nous annonce que le château de Ginestous, grande bâtisse du XVIIe siècle élevée dans la périphérie toulousaine, va être sauvé grâce à Emmaüs et grâce à un chèque conséquent de la fondation du patrimoine.
Au titre des courriers reçus, la stèle de Montels, actuellement à Zurich, va faire l’objet d’une visite virtuelle avec une production video à 360 degrés, intégrant de nombreuses informations sur l’objet. Elle sera présentée dans la série Hommes sculptés dans la pierre qui sera disponible sur le site web du Musée national suisse. Une autorisation nous a été demandée pour intégrer notre stèle à ce projet. Louis Peyrusse a répondu favorablement à cette demande au nom de la Société. Le lien nous sera envoyé une fois la production réalisée ; il sera alors largement diffusé.
La bibliothèque vient par ailleurs de recevoir un don extraordinaire de Maurice Scellès : les dix volumes du glossaire de du Cange dans une édition superbement reliée de 1733. Le du Cange, rappelle le Président, intègre un lexique du Moyen Âge. Il y a donc 6 volumes constituant le dictionnaire et 4 volumes de supplément. Louis Peyrusse exprime sa reconnaissance au donateur au nom de la Société car il s’agit d’un exemplaire superbe et très coûteux, même si on le trouve actuellement en ligne, il nous sera désormais possible de savourer le plaisir de le feuilleter dans notre bibliothèque.
Étant donné le nouveau fonctionnement de relecture et de mise en ligne des procès-verbaux de la Société, Louis Peyrusse demande aux membres s’il est désormais nécessaire de consacrer du temps à les relire en début de séance comme on le faisait jusque-là, dans la mesure où les intervenants sont invités à chaque fois à vérifier la transcription de leurs propos. Cela permettrait, selon le Président, de gagner du temps pour la séance du jour. Daniel Cazes approuve ce système à condition bien sûr que tous les intervenants soient sollicités et surtout que ceux qui ont des remarques à faire les transmettent rapidement. Dans ce sens il propose d’informer tous les membres par courrier de ce nouveau système, de façon à les inviter à consulter régulièrement nos procès-verbaux sur le site de la Société et à réagir au plus tôt.
Puis il donne la parole à Céline Ledru pour une communication longue intitulée Le chapiteau ME 148, l’Incrédulité de saint Thomas et la Traditio Legis du Musée des Augustins, hypothèses sur les abaques des chapiteaux de la Daurade .
Louis Peyrusse remercie notre consœur pour cet exposé très intéressant. Il fait remarquer qu’elle présente dans sa communication une sémiotique des éléments qui n’attirent pas l’attention spontanément dans les chapiteaux historiés, car ils appartiennent au registre décoratif, et que l’on expliquait a priori autrement. Les gaufrures, par exemple, étaient interprétées comme une reprise des techniques des arts précieux. Cependant, si ce n’est pas seulement une organisation plastique est-on sûr de cette volonté de fidélité au texte ?
Selon Céline Ledru, il s’agit soit d’une fidélité au texte, soit d’une volonté de pousser le détail le plus loin possible, ou bien encore, d’un jeu intellectuel entre personnes connaissant le code. Quant aux fonds gaufrés, notre consœur avoue avoir travaillé sur ce détail et elle en a trouvé très peu. Par ailleurs, pour conforter son hypothèse elle a regardé de nombreuses collections de chapiteaux et elle a pu constater l’existence de plusieurs séries de systèmes. Dans des cloîtres espagnols par exemple, on note soit la présence de tours et d’arcatures, quand la scène se déroule à l’intérieur de la cité, alors qu’aucun arrière-plan n’est représenté pour indiquer l’extérieur, soit d’arbres qui meublent le fond quand la scène se déroule en dehors d’une ville alors que rien n’est représenté en fond quand on se situe à l’intérieur de celle-ci. Dans le cas du chapiteau présenté, il semble qu’il y a une conjugaison des deux permettant de pousser le détail dans la représentation. Notre consœur rappelle que son analyse reste une proposition d’interprétation alimentée par l’apparition systématique de ces détails. Pour elle, cela traduirait la volonté – émanant sans doute du commanditaire –, d’être au plus près du texte et de signifier sa finesse sur l’espace restreint offert autour des scènes sculptées du chapiteau.
Daniel Cazes dit avoir suivi la communication avec beaucoup d’attention. Il se rappelle avoir en effet rapproché ces fonds gaufrés des chapiteaux de la Daurade avec des objets d’orfèvrerie et le travail du métal (il croit se souvenir que c’est Émile Mâle le premier à avoir noté la transposition du travail du métal sur la sculpture). Dans le cas de la scène de l’arrestation du Christ, la gaufrure est plus fine et serait plutôt interprétée comme la vibration de la lumière émanant des torches puisque la scène se passe de nuit. Enfin, concernant les arcatures, les crénelages et les tours, il lui semblait plus simplement que cela permettait de situer la passion à Jérusalem. Cette représentation architecturale – parfois très fantaisiste –, est celle traditionnellement adoptée par les sculpteurs pour représenter la ville sainte. Son interprétation n’allait pas plus loin mais il reconnaît que notre consœur a raison de soulever des questions.
Céline Ledru répond que certaines petites scènes ou détails posent des problèmes d’interprétation. En effet, les arcatures représentent la cité, mais les tours crénelées ne sont pas toujours présentes. Peut-on qualifier ce détail d’aléatoire compte tenu de la finesse de la représentation sculptée qui par ailleurs foisonne de détails ? Le plus raisonnable, selon elle, serait de penser qu’il s’agit d’un choix délibéré. En outre, sur les chapiteaux qu’elle a étudiés, Emmaüs, comme Jérusalem, est représentée par des arcatures et des tours. Il manque enfin la couleur qui a pu donner d’autres informations.
Sur ce chapiteau habituellement interprété comme étant la représentation de l’Incrédulité de saint Thomas et pour lequel notre consœur propose d’y voir l’Apparition du Christ aux bons apôtres, Émeric Rigault aimerait avoir quelques développements. Il se dit particulièrement convaincu par la comparaison avec la miniature exposée au cours de la communication et se demande si d’autres exemples sculptés contemporains de ce thème sont connus. Céline Ledru reconnaît ne pas avoir cherché dans cette direction bien qu’elle ait noté l’existence d’un chapiteau décoré de cette scène en Espagne dont la composition est bien différente.
Louis Peyrusse passe ensuite la parole à notre trésorier pour une communication sur l’église Saint-Amans de Rabastens qui a récemment fait l’objet d’un diagnostic archéologique.
Notre Président remercie notre confrère pour son reportage abondamment illustré et demande à Jean Catalo de nous livrer son interprétation sur le mobilier.
Notre confrère évoque les dernières planches montrant le mobilier métallique trouvé sur le site par les riverains. Il s’agit dans tous les cas de boucles médiévales, en grande partie du XIIIe et du XIVe siècle, qui ne peuvent provenir que d’un cimetière. La dernière boucle décorée est selon lui exceptionnelle. Guy Ahlsell de Toulza confirme que tous ces objets seront déposés au Musée de Rabastens et étudiés par notre confrère Alexis Corrochano. Ce matériel exceptionnel, continue Jean Catalo, complète ce qu’il savait déjà du site. Il tient à préciser d’abord que les opérations de sondages de diagnostic, très encadrés, effectuées par l’Inrap, ont été faites sous la prescription des services de l’État et qu’elles sont destinées à estimer la qualité des vestiges, leur profondeur et l’épaisseur de la zone qu’ils occupent. Les tranchées permettent par ailleurs de donner une représentativité de la surface du site. Si c’est un cimetière, il faut donner une idée de la densité, du nombre de tombes (que l’on trouve en multipliant le nombre de tombes trouvées dans les tranchées par la surface du site). L’opération de diagnostic consiste donc à tester la nature des vestiges par les sondages. Les sarcophages trouvés aux abords de l’église Saint-Amans sont des cuves en pierre de type médiéval et non de type mérovingien. Le caractère exceptionnel de ce site, outre l’église et le cimetière qui l’entoure, consiste également en vestiges d’habitat situés de part et d’autre, l’ensemble étant cohérent et particulièrement bien conservé. La céramique recueillie est du XIIe-début XIIIe siècle avec des éléments comparables avec des poteries trouvés à Brens, ou des cruches très caractéristiques découvertes sur le site du village déserté de Montaigut (Lisle-sur-Tarn). Ce contexte XIIe-début XIIIe siècle correspondrait à l’abandon du site puisqu’aucune tombe, aucun vestige plus récent n’ont été trouvés. Quant aux vestiges plus anciens, il faudra attendre les fouilles pour les évaluer plus précisément. Il faut noter que la densité des tombes n’est pas aussi importante qu’au cimetière Saint-Michel de Toulouse, exemple de cimetière paroissial médiéval. Guy Ahlsell de Toulza fait remarquer que les nombreux sarcophages sous le sol de l’église témoignent d’une phase plus ancienne. Jean Catalo déclare qu’il faut se méfier des sarcophages qui sont des contenants que l’on réutilise sans arrêt, ils ne correspondent donc pas forcément au premier état de l’église.
Guy Ahlsell de Toulza dit avoir rencontré le Maire de Rabastens vendredi dernier à qui il a présenté le diaporama de l’opération de diagnostic. Celui-ci n’a pas caché son étonnement mais a déclaré ne rien pouvoir faire sans moyens. Une association de sauvegarde et de mise en valeur a donc été montée, notamment avec les familles de toutes les fermes voisines dont les ancêtres ont été enterrés sur le site. Il serait souhaitable de faire revenir l’église dans le domaine public en rachetant l’ensemble à sa propriétaire. Catherine Viers doit par ailleurs venir faire une étude de l’église. Il faut par ailleurs demander la protection des M.H. de l’église pour les peintures.
Jean Catalo fait remarquer que dans le cadre archéologique, la loi est assez claire : si le diagnostic a été lancé c’est que certains éléments du dossier ont conduit le SRA à le prescrire pour avoir des informations supplémentaires sur le potentiel archéologique. Ces informations seront données quand le rapport sera rendu, le SRA donnera alors son accord, ou non, en fonction du projet du futur propriétaire. Si ce projet est agricole, donc altérera le sol sur 20 cm, le Service devrait logiquement intervenir. On propose alors des fouilles au propriétaire qui seront financées par lui ou par le FNA, sinon le projet est arrêté. Il reste donc difficile de dire aujourd’hui ce qu’il va advenir du site car c’est l’État qui va juger de la faisabilité du projet envisagé.
Faut-il alors demander la protection des M.H. demande Guy Ahlsell de Toulza ?
Jean Catalo fait remarquer que la protection ne toucherait alors que le bâtiment alors qu’il s’agit d’un site complet et homogène : église, cimetière et habitat. L’idéal serait de conserver le site entier.
Daniel Cazes demande pourquoi la Municipalité n’a-t-elle pas préempté au moment de la vente. Guy Ahlsell de Toulza répond que le prix de mise en vente (108 000 euros) correspond au triple de la valeur de la parcelle estimée par la SAFER (35 000 euros), la mairie ne pouvait l’acquérir à ce prix. Le maire a donc demandé à notre Trésorier de faire sa présentation dans la salle de cinéma de Rabastens à destination de la population et du Conseil municipal. Jean Catalo remarque qu’il serait judicieux de demander aux archéologues de faire cette présentation en leur laissant le temps nécessaire pour donner toutes les explications et en découplant les problèmes patrimoniaux des problèmes administratifs.
Jean Catalo rappelle qu’aucune information ne peut être livrée tant que le rapport n’a pas été rendu. Il faudra attendre les résultats d’éventuelles analyses C14 et le SRA peut demander un complément d’informations ; le rapport sera donc rendu au plus tôt dans 3 mois. Aucune présentation du site ne devrait donc être faite au public avant la fin de l’étude des archéologues.
Ouverture de l’année académique 2021-2022.
Communication de Gilles Séraphin : Chronologie de l’abbatiale de Souillac, nouvelles hypothèses.
Conséquence des nouvelles hypothèses chronologiques proposées pour le clocher-porche de Moissac (cf. Congrès Archéologique de France : Tarn-et-Garonne, 2014), un nouveau regard sur l’abbatiale de Souillac conduit à recentrer sur le Limousin l’aire d’influence dans laquelle s’inscrit cette église à file de coupoles. Ce recentrage qui renouvelle des étalonnages stylistiques jusqu’à présent orientés vers le Languedoc, n’est pas sans conséquence le scénario chronologique que l’on peut proposer pour le chantier du 12e siècle et, plus largement, pour la chronologie des nefs à files de coupoles de l’Aquitaine orientale.
Présents : M. Peyrusse Président, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Péligry Bibliothécaire, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone Secrétaire-Adjointe ; Mmes Czerniak, Jaoul ; MM. Balty, Cazes, Lassure, Macé, Sournia, Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, Dumoulin, Ledru, Viers ; MM. Kérambloch, Mattalia, Séraphin, membres correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Nadal et Pradalier ; MM. Garrigou Grandchamp et Scellès.
Louis Peyrusse exprime à l’assemblée sa vive joie de retrouver les rites qui tissent la sociabilité de notre compagnie. Contrairement à ce qui avait été annoncé par courriel, depuis le 9 août, nous ne sommes plus tenus de vérifier les QR codes, tant que nous sommes moins de 50 membres présents dans nos locaux habituels. Il annonce par ailleurs que le calendrier des séances de l’année est bouclé, il pourra donc être mis en ligne très prochainement.
Le Président rappelle également que nous recevons vendredi la Société française d’archéologie pour l’organisation du congrès qui aura lieu dans le Gers. Le 20 novembre se tiendra par ailleurs - toujours dans nos locaux -, une journée d’étude à la mémoire d’Émile Cartailhac, président de notre Société de 1914 à 1921. Enfin, l’hôtel d’Assézat accueillera à partir de demain et jusqu’au 8 octobre, un colloque international de jeunes chercheurs sur le thème Corps et pouvoir, le corps dans l’art politique des temps modernes.
Au titre des courriers reçus, une invitation au vernissage de l’exposition du Musée des Augustins Théodule Ribot, nous a été envoyée ; il se tiendra vendredi 15 octobre à 18h 00. Par ailleurs, la stèle néolithique de Montels est partie rejoindre la grande exposition internationale qui se tient actuellement au Musée national Suisse de Zurich où elle restera jusqu’au mois de janvier prochain ; nous attendons toujours le catalogue. Enfin, dans le cadre des conférences extraordinaires organisées par notre consœur Valérie Dumoulin, une communication sur les chroniques de Guilhem Pelhisson sera donnée par Laurent Macé, vendredi 15 octobre à 18h30 aux Jacobins.
Louis Peyrusse signale pour finir les dons de livres effectués au bénéfice de la bibliothèque de la Société : Virginie Czerniak et Charlotte Riou (dir.), Toulouse au XIVe siècle, histoire, art et archéologie, publié aux PUM
Virginie Czerniak, Les peintures de la chapelle Saint-Antonin.
Géraldine Mallet (dir.), Yvette Carbonell-Lamothe : la passion du patrimoine.
Le Président rappelle qu’Yvette Carbonell-Lamothe a été un membre éminent de notre société, elle a longtemps occupé le poste de secrétaire général, notamment à un moment où la situation était difficile à la Société.
Louis Peyrusse annonce ensuite que nous avons reçu la candidature de Mme Coralie Machabert pour un poste de membre correspondant. Il rappelle qu’elle a reçu un prix de la société en 2020 pour son travail de thèse intitulé : La vie artistique à Toulouse de 1939 à 1958. Cette candidature doit encore être examinée par le Bureau avant d’être soumise au vote.
C’est la candidature de Mme Hortense Rolland, dont le mémoire de Master II a été également primé, qui est présentée aujourd’hui par Virginie Czerniak.
On procède au vote : Mme Hortense Rolland est élue membre correspondant.
Louis Peyrusse se réjouit à la perspective de voir de jeunes candidats intégrer notre Société.
Puis il passe la parole à notre Bibliothécaire-archiviste Christian Péligry pour un rapport sur la numérisation des collections.
C’est ensuite au tour de Gilles Séraphin de présenter sa communication longue intitulée : Chronologie de l’abbatiale de Souillac, nouvelles hypothèses .
Le Président remercie notre confrère pour cette communication foisonnante et retient deux idées principales : la première est que le Limousin est aussi créateur que le Languedoc, et la seconde, qu’il faut envisager des dates tardives qui mettent singulièrement à mal la chronologie générale de la sculpture romane qui voudrait que la rencontre du Languedoc et de la Bourgogne se fasse à Saint-Denis. Dans cette démonstration, Louis Peyrusse se dit gêné par l’utilisation de la typologie. Les comparaisons, poursuit-il, sont très convaincantes d’un point de vue formel, mais rien ne permet de déterminer la source, le centre créateur. Il manque donc à son sens des dates.
Gilles Séraphin répond que les comparaisons présentées s’appuient d’abord sur celles déjà effectuées par les chercheurs et en particulier Évelyne Proust dont le travail avait principalement attiré son attention. Il précise également qu’il a bien sillonné la région pour trouver les édifices cités en exemple et qu’il peut affirmer que les caractéristiques dont il a été question ne se trouvent nulle part ailleurs. Il y a donc bien, selon lui un foyer centré sur le Limousin. Il a pu noter d’autre part que les sculpteurs de Souillac utilisaient un calcaire blanc local, dont la carrière n’a pas été encore localisée, qu’ils semblent amener partout où ils ont œuvré. On le retrouve par exemple à Vigeois, à plus de 50 km. Ils paraissent, par ailleurs, avoir également travaillé vers le nord-est, vers le Cantal. Certains d’entre eux sont donc allés jusqu’à Moissac en passant par Cahors. Gilles Séraphin précise qu’il ne cherchait pas particulièrement à identifier un centre créateur mais plutôt à définir un contexte : celui du Bas-Limousin lui paraît évident et le plus cohérent, selon lui, serait que cette architecture et cette sculpture proviennent de cette région et non de Moissac et de Cahors.
Daniel Cazes se dit intéressé par la remise en question d’une terminologie qui ne peut plus être utilisée aujourd’hui comme le terme de « languedocien » qui nous renvoie aux travaux de Raymond Rey et d’Élie Lambert et qu’il faut désormais bannir en reprenant les études de ces édifices. Il est aussi difficile, poursuit-il, de se situer en utilisant les termes de « roman » et de « gothique ». Par exemple, les séries de chapiteaux à « langues » lisses qui garnissent les angles des corbeilles et qui s’articulent dans de grandes échancrures sont tantôt situés à une époque, tantôt à une autre selon les régions de France où on les trouve.
Le président laisse ensuite la parole à Daniel Cazes pour un compte-rendu de sa visite annuelle des propriétés de la société à Martres-Tolosane. En faisant le tour de celle de Chiragan, il a pu constater que tout allait bien. En effet le fermier entretient le terrain et respecte nos derniers accords, c’est-à-dire qu’il ne laboure plus, il se contente d’y maintenir une prairie avec des vaches. Le terrain est bordé d’arbres le long du canal du moulin et de la Nause qui continue à déverser dans la Garonne l’eau qui était amenée dans l’Antiquité sur le site de Chiragan par un aqueduc. Aucune trace d’excavation sauvage n’a été notée, contrairement à l’année dernière. Avec la municipalité élue récemment et dirigée par Loïc Gojard, qui est très attentif à notre patrimoine, nous gardons pour projet de clôturer complètement les terrains avec l’aide de subventions de la mairie ; ce sera la seule façon d’éviter les intrusions sur le site de Chiragan. C’est son adjoint, M. Philippe Arasse qui est chargé du tourisme, qui nous a envoyé un courrier pour nous annoncer que le projet de se greffer au sentier Via Garona – très fréquenté à l’heure actuelle –, est remis à l’ordre du jour. Il s’agirait de faire une boucle à partir du pont de Mauran, en suivant la rive gauche de la Garonne, longeant le site de Chiragan, rejoignant le quartier de Saint-Vidian et le barrage de Martres et permettant de récupérer le chemin sur la rive droite. La mairie a donc besoin d’un accord écrit de la Société archéologique pour avancer dans ce projet. Le 14 octobre se tiendra une réunion à la mairie de Martres où Daniel Cazes représentera la société.
Le deuxième point présenté par Daniel Cazes est celui de la parcelle de Bonan, qui se trouve aussi à Martres mais à l’opposé de Chiragan, c’est-à-dire au nord de la commune. Cette parcelle de 5011 m2 a été acquise par notre Société en 1942 à la demande d’un ou de plusieurs membre(s) dont nous n’avons pas retrouvé la trace car le dossier concernant cette parcelle a disparu. À cette date, le président Joseph Calmette a bien signé l’acte de vente (que nous avons toujours dans nos archives) et des membres de la Société, qui restent à identifier, ont effectivement fait des fouilles sur cette parcelle. Cependant, on ne sait rien sur ce qui a été trouvé et aucune publication ne semble avoir été faite à la suite de ces investigations. Il faut attendre 1972 pour que M. Louis, alors trésorier de la société, réclame par courrier les fermages de cette parcelle mise en culture par M. Delort. Puis, en 2000, à l’occasion d’un échange de parcelles, la mairie a produit des extraits cadastraux qui nous ont permis de redécouvrir cette parcelle qui n’est pas inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, contrairement à celles de Chiragan. Il faudra donc identifier précisément cette parcelle qui est recouverte de blé comme les parcelles environnantes et ceux qui la mettent en culture. Les chemins qui permettaient d’y accéder sont pour l’un cultivé (!) et pour l’autre anormalement interdit par l’exploitant d’une gravière mitoyenne.
Le président propose dans un premier temps de déterminer les confronts sur les matrices cadastrales puis de rencontrer les fermiers qui mettent la parcelle en culture, et enfin d’essayer d’évaluer le potentiel archéologique de celle-ci. Il faudra alors faire intervenir le SRA.
Au titre des informations diverses et suite au problème soulevé lors de la dernière séance de l’année académique précédente, notre trésorier montre à l’assemblée différents types de logos élaborés durant l’été. Dans une optique plus moderne et plus graphique que le profil de médaille utilisé traditionnellement sur les cartons d’invitation, une option du type de ceux de l’Académie a été prise et un graphiste a proposé une série de modèles d’Athéna. L’un d’eux a retenu l’attention du Président et le Trésorier projette toute une déclinaison de ce modèle avec les inscriptions « SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE » en rectangle ou à côté avec ou sans la devise. Il demande à l’assemblée de se prononcer sur ces modèles.
Laurent Macé regrette que le modèle retenu soit sans œil, pour lui une société archéologique « aveugle » serait gênant. Le président répond que l’œil proposé était larmoyant, c’était également gênant. Daniel Cazes regrette que finalement le logo proposé soit très proche de celui de l’Institut et rappelle que nous avons eu pendant trois ans un conflit avec la société archéologique de Carcassonne qui avait copié notre sceau. Il pense que, le bicentenaire de la société approchant, il serait judicieux que la société se dote d’un logo original, peut-être faut-il en finir avec Athéna et trouver quelque chose qui caractérise vraiment la société, un monument sauvé par elle par exemple ; il propose de lancer parmi les membres un concours d’idées. Laurent Macé ajoute que certains d’entre nous ont des talents de dessinateur et qu’il serait bien de leur demander de nous faire des propositions, il faut, selon lui, solliciter nos propres ressources. Le président rassure l’assemblée : aucune décision n’a été prise pour l’instant, nous prendrons donc le temps nécessaire à la réflexion.
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