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Mémoires
de la Société Archéologique
du Midi de la France
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Tome LVI (1996)


LE CHÂTEAU DE SAINT-ÉLIX
NOUVEAUX DOCUMENTS
  

par Henri GINESTY et Bruno TOLLON *


Cette édition électronique respecte la mise en page de l'édition imprimée des Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LVI, 1996, dont nous indiquons la pagination.

Résumés en ...


M.S.A.M.F., T. LVI, page 129

    Châteaux et hôtels particuliers de la Renaissance ont rarement laissé des traces dans les archives. Aussi examine-t-on toujours avec un extrême intérêt ceux dont les marchés de construction ont pu être conservés. C’est le cas de deux châteaux du pays toulousain construits durant la décennie 1540 : le premier, Castelnau d’Estrétefonds, dont les archives avait abouti chez les brocanteurs d’un célèbre marché dominical, ont été sauvées par un amateur éclairé. Sa trouvaille a donné lieu à une publication exemplaire (1). Le second cas est fourni par le château de Saint-Élix en Comminges, bien connu pour les péripéties de son histoire et sa restauration spectaculaire réalisée dans des conditions inhabituelles (2). Quelques contrats publiés au début du siècle pouvaient passer pour offrir toute la documentation conservée (3). Une vérification récente des textes connus a permis d’en retrouver encore un nombre équivalent (4). Les neufs marchés ainsi réapparus permettent de suivre avec davantage de précisions le déroulement du chantier à un moment où l’activité du bâtiment connaît l’un de ses moments les plus intenses — comme en témoigne un autre chantier contemporain particulièrement documenté, le château de Castelnau du conseiller au parlement Michel de Vabres. L’organisation du chantier invite par ailleurs à comparer les pratiques toulousaines à celles révélées par les études de Mme Catherine Grodecki sur les constructions de la noblesse et de la haute bourgeoisie dans la région parisienne (5).

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    * Communicatin présentée le 20 décembre 1994, cf « Bulletin de l’année académique 1994-1995 », M.S.A.M.F., t. LV (1995), p. 214-215.
    1. Élie SZAPIRO, « Nicolas Bachelier et le château de Castelnau d'Estrétefons », Annales du Midi, tome 75, 1963, fascicule 3, p. 241-282.
    2. Abbé CARRIÈRE, Le château de Saint-Élix, Toulouse, 1859 ; Félix PASQUIER, « Notes relatives au château de Saint-Élix et au marquis de Montespan son propriétaire au XVIIe siècle », dans B.S.A.M.F., 1901-1902, p. 114-117. Ils évoquent en particulier le découronnement des quatre tours pendant la Révolution et la reconstruction des deux tours de la façade nord par Suarez d'Almeida vers 1890 ; Alex BISCONS, « Explications sur le château de Saint-Élix, excursion pour le centenaire de la Société », M.S.A.M.F., t. XVIII, 1932, p. XLI-XLV, dont 2 pl. h.t. et 5 figures font connaître l'état du château avant l'incendie de 1945. Sur la vente du mobilier, la réquisition de 1943, l'incendie et la ruine, on consultera E.H. GUITARD, « Le château de Saint-Élix » dans la Dépêche du Midi, 7, 10 et 15 novembre 1962. La reconstruction récente dans Gabriel MANIÈRE, « Un château et un atelier », Vieilles maisons Françaises, patrimoine de la Haute-Garonne, n° 127, avril 1989, p. 92-94. La première étude architecturale revient à Bernard POUSTHOMIS, « Un château de la Renaissance en Comminges : Saint-Élix (H.-G.) », Revue de Comminges, t. XLIII, 4e trimestre 1980, tiré à part, 30 p. et une notice dans l'ouvrage richement illustré : Guy AHLSELL DE TOULZA, Louis PEYRUSSE et Bruno TOLLON, Châteaux en Haute-Garonne, Toulouse, éd. Daniel Briand, 1994, p. 28-31, 22 fig. couleurs.
    3. Félix PASQUIER, « La construction du château de Saint-Élix en Comminges », Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1901, p. 261-273.
    4. On trouvera ci-après, réunis dans l'appendice, l'ensemble des marchés passés chez maître Lobeyrie, notaire de Toulouse, revus et complétés pour des commodités évidentes de lecture. L'importance de la clientèle de ce notaire se vérifie par la tenue de quatre à cinq registres de minutes par an. Ils ont été classés aux Archives départementales selon une numérotation qui rend imparfaitement compte de la chronologie. Lobeyrie lui-même avait pris le parti de les identifier par les formules des prières d'invocation ou d'antiennes à raison d'un mot par volume. Pour la période qui nous intéresse (1540-1548), il s'agit des paroles du Salve Regina. On trouvera sur cette pratique une note d'Henri Ginesty dans le Bulletin des Amis des Archives départementales (1996). Notons l'absence de liasses entières dans certains registres et l'absence d’autres ; aussi malgré le complément des neuf documents nouveaux, les marchés passés par Potier sont loin d'être au complet.
    5. Catherine GRODECKI, Documents du Minutier central des notaires de Paris. Histoire de l'art au XVIe siècle (1540-1600). I. Paris, Archives nationales, 1985, et « Les chantiers de la noblesse et de la haute bourgeoisie dans la région parisienne », Les chantiers de la Renaissance. Actes des colloques tenus à Tours en 1983-1984, Études réunies par Jean Guillaume, Paris, 1991, p. 131-154.


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    Avant d’y venir, il convient d’évoquer rapidement la personnalité du constructeur, Pierre Potier de la Terrasse. On peut le faire désormais grâce aux travaux de M. André Navelle qui ont renouvelé la connaissance des familles nobles et notables de Toulouse (6). Jusqu’ici, on confondait carrière et titres des Potier qui se succèdent pendant trois générations au XVIe siècle, et l’on ne pouvait comprendre qu’imparfaitement l’importance de cette famille, étrangère à la ville, et qui s’est rapidement poussée aux premières places.
    Le père du constructeur de Saint-Élix, Pierre Ier Potier, est un homme nouveau à Toulouse ; contrairement aux Castillans, aux Basques ou aux Rouergats qui s’y installent et font fortune dans le pastel, il a choisi pour réussir les finances publiques. La première mention qui le concerne remonte à 1477.
    À cette date il est employé comme commis d’un « receveur particulier des tailles », Louis Nyvart. Ce personnage, originaire de la Touraine, possédait des biens dans plusieurs villes du Val-de-Loire, en particulier à Blois, à Amboise et à Chaumont. On le trouve ensuite avec le titre de gouverneur de l’Isle-Jourdain et de Saint-Sulpice, puis il achète une charge de Trésorier général de Languedoc et acquiert la seigneurie de Tournefeuille (7).
    Venu sans doute aussi de Touraine, Pierre Ier Potier va gravir rapidement les échelons de la réussite. Après avoir travaillé sous la direction de Louis Nyvart, il occupe à son tour des charges importantes. Il cumule ainsi les fonctions de receveur particulier du diocèse de Toulouse — dès 1482 — qu’il conserve plus de vingt-cinq ans, et en 1500 celle de « receveur des gages, exploits et amendes en la cour du Parlement » (8). Il ressort des comptes conservés que ses fonctions lui donnent l’occasion d’être en contact avec de grands personnages de la cour, l’amiral de France, Guillaume Gouffier, constructeur de Bonnivet, Raoul Thurault, trésorier général de la reine ou encore le grand sénéchal de Normandie, Louis de Brézé. Ses deux mariages permettent de suivre sa progression au sein de la bourgeoisie d’affaire toulousaine. Il épouse d’abord, en 1489, la fille de Nicolas Planchard, marchand de Carcassonne, et de Catherine de Restes, Antonia Planchard. Après le décès de celle-ci, il se remarie le 20 septembre 1491, avec Marie Le Roy, veuve de Simon de Restes et fille de Martin Le Roy, originaire du Berry (9). Si l’on en juge par le nom des témoins figurant lors des contrats de mariage, il entre dans le milieu des fortunes du pastel. On y voit les Boysson, les Lancefoc, les Restes, ou de puissants hommes d’affaires comme les Bertier qu’on retrouve plus tard au Parlement. Il contracte une double alliance avec ces derniers puisque son fils Pierre II épouse Béatrix et sa fille Claire, Jean de Bertier, les deux enfants de Simon Bertier, seigneur de Pinsaguel, qui était maître des eaux et forêts du Languedoc. Pierre Ier avait acquis, cinq ans après son installation à Toulouse, la terre noble de La Terrasse, au sud de Carbonne, en Comminges (10) ; le titre sera repris par son fils Pierre II.
    Ce dernier poursuit une carrière parallèle à celle de son père. Le 21 mars 1514, il prête serment en tant que « receveur des gages, exploits et amendes en la cour du Parlement » en remplacement de son père qui restait « receveur du diocèse » (11). Depuis 1522 au moins il possède l’office de notaire et secrétaire du roi qui va lui assurer une place éminente auprès de la ville et lui permettre d’accéder à la noblesse (12). Au moment où survient le décès de son père (1524), sa fortune est faite et il peut acheter la seigneurie de Saint-Élix, le 13 mai 1529 (13), à quelques kilomètres à l’ouest de La Terrasse. Toutefois, il n’entreprend pas immédiatement la construction du château. Les fortes dots versées au moment du mariage de ses trois filles ne sont peut-être pas étrangères à ce délai. Elles ont épousé, entre 1531 et 1541, des membres du Parlement (14).
    Lui-même se contente de briguer le capitoulat qu’il obtient en 1540. La construction du château, entreprise en 1541, se poursuit pendant six années, mais ne l’empêche pas de se livrer à d’autres opérations. À partir de 1543, alors que le chantier bat son plein, il commence à établir ses deux fils. D’abord Pierre III en faveur duquel il résilie

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    6. André NAVELLE, Familles nobles et notables du Midi toulousain, XVe-XVIe siècles, Toulouse, 1991-1993, 10 volumes et un volume d'index paru en 1994.
    7. André NAVELLE, op. cit., t. 8, p. 84, généalogie de la famille Nyvart et t. 8, p. 277 pour la famille Potier.
    8. A.D. 31., C 745 (1 478) ; B 11 (1500 — nominations et réceptions, 4 janvier et 7 mars 1500 ; compte des recettes et dépenses rendu par Pierre Potier receveur du diocèse : C 746 (1503-1508), C 747 (1509-1511), C 748 (1514-1517), C 749 (1518-1520).
    9. André NAVELLE, op. cit., t. 6, p. 220 et t. 8, p. 277.
    10. Le 25 septembre 1482, achat de la seigneurie de la Terrasse pour 100 livres chez Me Vital Nicolay, notaire à Rieux-Volvestre, A.D. 31, E 1 413.
    11. A.D. 31, B 15, f° 478.
    12. A.D. 31, C 750. Il prend ses fonctions de notaire et secrétaire du roi avant 1522 ; Gaston ZELLER, Les institutions de la France au XVIe siècle, Paris, P.U.F., 2e éd., 1987, p. 117 et 124 à propos de cet office.
    13. A.D. 31. B 22, f° 614. Achat à dame Anne de Hunauld de la terre de Saint-Élix pour la somme de 4 000 livres ; le terme de « terre de Saint-Élix » employé dans l'acte permet de penser qu'il n'existait aucun bâtiment notable sur le bien vendu.
    14. Mariage vers 1531 de Perette (dotée de 4 000 livres) avec Étienne Sacaley conseiller au Parlement vers 1536 celui de Béatrice avec François d'Anticamareta avec une dot de 3 000 livres, et de Clarie avec Pierre Papus avec une dot de 4 000 livres (A.D. 31. 3E 5192, f° 153).


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son office de « maître des eaux et forêts de Comminges » (15). Deux ans plus tard, lorsque fut mise au choix du roi la succession de Guillaume de Bernuy au poste de greffier des présentations, ce fut Étienne Potier, son second fils, qui fut désigné et reçu le 25 novembre 1545 (16). L’année suivante le mariage de Pierre III avec Anne de Rome, veuve de Jean de Beauvoir, maître des eaux et forêts de Languedoc, confirme l’importance des alliances (17).
    Durant cette même année 1546, qui voit l’achèvement du château, Pierre II Potier agrandit la maison familiale de la rue Nazareth, proche du Parlement, en achetant un immeuble contigu où sa femme Béatrix de Bertier, fait immédiatement entreprendre des travaux (18).
    Quand Pierre II Potier meurt en 1549, Pierre III l’a précédé dans la tombe sans laisser d’héritier. Reste Étienne, seul survivant et déjà seigneur de Saint-Élix. Il reçoit la seigneurie de La Terrasse et sa fortune est déjà assurée. C’est pourquoi, à peine reçu greffier des présentations, il peut se permettre de demander un congé de trois ans afin de poursuivre ses études juridiques en Italie et se faire accompagner par un domestique recruté spécialement pour l’occasion (19). À son retour, il reprend ses fonctions et se marie avec Marie de Raymond-Lasbordes, fille de Pierre et de Marie de Rougier de Ferrals. Il occupe tour à tour les fonctions de greffier des présentations, puis de « président Présidial et de maître des requêtes ordinaires de l’hôtel du roi » (20). C’est au fils d’Étienne, Jean Potier de faire aboutir le rêve des générations précédentes en entrant comme conseiller au parlement avant de finir sa carrière comme président (21). Entre-temps Étienne Potier s’était séparé du château et de la seigneurie de Saint-Élix. Par la vente du 16 janvier 1576, la seigneurie est passée entre les mains de Roger de Bellegarde, maréchal de France, pour 50 000 livres, c’est-à-dire un montant douze fois supérieur au prix d’achat par Pierre II Potier en 1529 (22). Cette somme considérable se justifiait sans doute par la présence sur la terre de Saint-Élix d’un château exceptionnel.
 
 

La construction du château
 
 

    Les documents concernant cette entreprise sont d’autant plus intéressants qu’il ne s’agit pas pour Potier de La Terrasse d’agrandir ou de moderniser un vieil édifice mais de construire un château neuf sur une terre qui lui apporte des droits seigneuriaux, c’est-à-dire prestige et noblesse, aussi importants sans doute que les revenus agricoles qu’elle pouvait produire. Il paraît justifié de voir dans l’initiative du nouveau seigneur de Saint-Élix, l’aboutissement d’un projet longuement médité et, somme toute, l’ambition de toute une vie.
    L’histoire de la construction a déjà été évoquée par divers auteurs (23). Toutefois certains aspects peuvent trouver un éclairage nouveau grâce aux documents retrouvés. S’ils complètent un certain nombre de lacunes, on est en droit de penser que la série concernant la construction n’est pas exhaustive pour autant. Ainsi, en l’absence de devis général, on peut se demander si le maître maçon toulousain Laurent Clary est vraiment l’architecte du château (24). On trouve son nom à dix reprises dans les documents. Selon la coutume, l’architecte signe les principaux marchés — celui du gros œuvre et tous ceux qui concernent les éléments de pierre de taille et de bois de charpente. Plus encore, il est désigné comme l’auteur des « pourtraicts » qui fixent les principaux caractères du monument. Il a

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    15. A.D. 31, 3 E 5197, f° 127.
    16. A.D. 31, B 38, f° 152.
    17. A.D. 31, 3 E 5216, f° 91, le 25 mars 1546 ; mais il meurt sans postérité après avoir testé le 17 juillet 1547. Il lègue Saint-Élix à son cadet.
    18. A.D. 31, 3 E 5216, f° 139 ; achat à Léonard Veyrier pour 1 500 livres et commande par Béatrix Bertier, épouse de Pierre II Potier à Guillaume de Lescalle, maçon (3E 5214, f° 409).
    19. A.D. 31, B 39 et 3 E 5218, f° 138.
    20. A.D. 31, B 41, f° 79 (1553) et AA 20, f° 85, premier maître des requêtes de l'hôtel du roi. L'Italie et les études humanistes lui font solliciter l'entrée dans la confrérie du Gai Savoir : le 1er avril 1559 les capitouls lui donnent l'office de « mainteneur en la science et art rhétorique… fondé par Dame Clémence » (A.M. Toulouse, GG 916).
    21. NAVELLE, op. cit., t. 8, p. 277.
    22. A.D. 31, 3 E 4508, f° 57 : Bellegarde, absent, a donné procuration à un marchand de Lombez et à son parent Pierre de Filouse abbé de l'abbaye de Gimont qui règle 18 000 livres dès la signature. Le reste de la somme se répartissant sur six ans, garantie par les revenus de l'abbaye de Gimont.
    23. Bernard POUSTHOMIS, art. cit., p. 9 et suivantes.
    24. Laurent Clary est un des principaux architectes toulousains : son nom apparaît souvent dans les archives municipales. Cf. Jules CHALANDE, Histoire monumentale de l’Hôtel de Ville, Toulouse, 1922. Il occupe les fonctions de maître d’œuvre de la cathédrale de Toulouse qu’avait remplies son père avant lui. Cf. Henri GRAILLOT, Nicolas Bachelier, imagier et maçon de Toulouse au XVIe siècle, Toulouse, 1914, p. 20, 72, 96, 270. Il pratique des expertises, cf. Elie SZAPIRO, art. cit., p. 266-276.


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FIG. 1. VUE GÉNÉRALE DU CHÂTEAU DE SAINT-ÉLIX, depuis le sud, après les travaux de remise en état et la reconstruction des toitures (1984-1986). Cliché Guy Ahlsell de Toulza.

signé les dessins des modénatures de brique et de pierre, celui des voûtes et enfin le modèle de la cheminée monumentale de la salle (25). Même s’il n’est à aucun moment désigné comme le responsable du projet architectural, on peut retenir qu’il a eu un rôle majeur dans la conception de l’édifice. Un autre chantier toulousain, exactement contemporain, celui de Castelnau-d’Estrétefons, montre plus clairement le partage des rôles entre les maçons simples exécutants du gros œuvre et Nicolas Bachelier, dont l’atelier de sculpture fournit tous les éléments de pierre de taille. Le contrat, qui en fixe les conditions, lui donne aussi la « surintendance » du chantier et précise qu’il a dessiné le « modèle » du projet architectural (26). Ce n’est pas le cas pour Laurent Clary ou, du moins, aucun des textes retrouvés ne fait mention d’un dessin d’ensemble. Cependant l’importance du chantier conduit Potier, comme à Castelnau, à exiger la présence d’un contrôleur pour vérifier quotidiennement le bon déroulement des travaux : cette responsabilité revient à un maçon toulousain, Martial de Colz (27).
    Selon la coutume, Potier a traité avec chacun des corps de métiers. Les clauses juridiques apportent des précisions sur lesquelles il convient de revenir. En premier lieu, la plupart des contrats sont signés à un moment où le travail est déjà commencé, comme si le commanditaire avait d’abord voulu mettre les artisans à l’épreuve ; Catherine Grodecki fait la même remarque à propos des chantiers parisiens (28). Comme à Paris, Potier impose souvent l’association de deux maîtres pour mener à bien plus rapidement leur tâche et même leur imposer un certain nombre de compagnons (29). Dans plusieurs cas, des clauses de cautions apparaissent et des délais sont également fixés (30).

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    25. Clary a signé les trois marchés de maçonnerie (18 mai 1541, 12 avril 1543, 25 juin 1546), le contrat de surveillance des travaux (18 mai 1541), les trois marchés de taille et de sculpture de la pierre (2 novembre 1541, 13 février 1543 et 14 février 1543). Clary a donné les dessins des modénatures de briques (18 mai 1541), des lucarnes (2 novembre 1541 et 22 juillet 1543), de la cheminée de la salle (14 février 1543) et de la mouluration des planchers et corniches (26 février 1544).
    26. Élie SZAPIRO, art. cit., p. 241-262.
    27. Document n° 2, contrat avec Martial de Colz (18 mai 1541).
    28. Catherine GRODECKI, art. cit., p. 135-151.
    29. Association des trois marchés de maçonnerie : docs 1, 11 et 16 ; pour la charpente, doc 6 ; pour les lucarnes doc 7 ; pour la couverture d'ardoise, doc. nos 14 et 17.
    30. Les délais sont indiqués dans onze marchés sur dix-huit, mais ne sont pas respectés. On note deux défaillances (docs. nos 3 et 15). Potier sollicite des garants à propos de huit marchés, soit des maçons et tailleurs de pierre de Toulouse (docs. 3, 4, 16), des charpentiers (doc 4), des hôteliers (doc. 8) le peintre Serve Cornouailles (doc 15) un sergent (doc. 16).


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    Ces clauses juridiques s’étendent aux modes de rémunération. Ils ne diffèrent pas de ceux qu’on rencontre dans les autres régions. On retrouve ici les quatre manières d’estimer le prix des travaux évoqués par Catherine Grodecki (31). Le gros œuvre des quatre murs et des tours est payé à la canne « deux livres tournois tant vuyde que plain », ce qui correspond à Paris au système « à toise boutavant sans retour », le calcul se faisant en multipliant la longueur du mur par sa hauteur sans tenir compte des saillies ni des vides. Les marchés à prix faits sont fréquents. Potier les utilise à l’égard des maçons pour les campagnes d’aménagement intérieur (32), des tailleurs de pierre et du sculpteur chargé de la grande cheminée (33). Enfin, contrairement aux usages parisiens, le forfait concerne aussi les charpentiers et les couvreurs : les premiers, qui viennent de loin, incluent dans le montant leurs frais de voyage (34). Comme ailleurs, la pose de la plomberie est payée au quintal placé ; il en est de même pour la vitrerie dont le tarif est fixé au pan carré mis en plomb selon l’usage (35). Les tailleurs de pierre, pour les fenêtres et les lucarnes, sont réglés « à la tâche » selon les dimensions de chacun des éléments (36). Quant au surveillant du chantier, Martial de Colz, « capitaine » des travaux, il reçoit sa rémunération à la journée (37).
    La fourniture des matériaux donne lieu à des dispositions signalées dans tous les contrats. Brique, chaux, sable, bois et pierre de taille ou pierre à sculpter sont à la charge du propriétaire qui doit les apporter à pied d’œuvre, et sauf un cas, il en est de même pour l’ardoise qui vient de loin (38). Mais les conditions d’achat ni le transport n’ont laissé de traces. Toutefois, en ce qui concerne la brique, il est vraisemblable que Potier, construisant sur ses terres, ait fait venir les quantités nécessaires de sa propre tuilerie, selon un usage quasi général (39).
    Les contrats retrouvés ajoutent des informations nouvelles sur les péripéties du chantier. Retards bien sûr, défaillances d’adjudicataires aussi, comme dans le cas du maçon Moris dit le Gascon qui connaît la prison. Potier signe pourtant avec lui un nouvel accord, deux ans après le premier, mais cette fois avec Massiot Gaultier, le maçon qui avait accepté de lui servir de caution. Tous deux s’engagent à tenir « huit campagnons au moins » pour terminer le travail (40), ce qui fournit une indication sur le fonctionnement des ateliers. Pour les toitures d’ardoises placées sur le grand comble et les quatre tours, Potier a fait appel à des entreprises spécialisées qui viennent de loin. Dans ce domaine aussi, le commanditaire n’obtient pas d’emblée l’exécution des marchés : ce sont finalement des couvreurs venus de Bordeaux qui lui donnent satisfaction (41).
 
 

Le déroulement du chantier
 
 

    Cet aspect de l’histoire de la construction mérite également qu’on y revienne. la riche palette documentaire s’y prête, grâce à la succession des contrats et aux clauses qui en éclairent les conditions. En premier lieu, il est possible de vérifier que le bâtiment doit être mis hors d’eau dès l’achèvement des quatre murs extérieurs, avant même la mise en place des voûtes et des étages prévus. le contrat passé avec le charpentier, Adam Mayne, originaire d’Agen, associé à un artisan local (42), est passé avant qu’une seconde équipe de maçons ne revienne pour placer les divisions intérieures qui sont désignés comme le couloir « corrador » et les « logis », à chacun des trois étages ;

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    31. Catherine GRODECKI, art. cit., p. 144-147.
    32. Doc. n° 1 (18 mai 1541), tarif à la canne, avec une avance de 30 livres pour chacun des maçons et un complément en nature, un « quarton de blé de deux sestiers ». Les forfaits du doc. n° 10 (12 avril 1544) sont confirmés lors de l'association du 16 avril 1544, et pour les tours du château, doc. n° 16 (25 juin 1544).
    33. Doc. n° 3 (2 novembre 1541) ; n° 5 (14 février 1543) ; n° 4 (13 février 1544).
    34. Doc. n° 9 (10 avril 1544) ; n° 14 (17 septembre 1545) ; n° 17 (18 juillet 1546).
    35. Marchés avec les plombiers, doc. n° 13 (17 septembre 1545) et pour la vitrerie, n° 12 (14 septembre 1545).
    36. Doc n° 3 (2 novembre 1545). Le tarif demandé peut être comparé à celui pratiqué sur d'autres chantiers (Élie SZAPIRO, art. cit., p. 241-262).
    37. Doc. n° 2 (18 mai 1541).
    38. Doc. n° 1, 3, 4, 5, 6, 8, 10, 13, 14, 15, 16, 17.
    39. Cf. Bruno TOLLON, « La brique à Toulouse, fin XVe-fin XVIe siècles, production et commercialisation », dans La brique antique et médiévale, production et commercialisation d'un matériau, colloque international organisé par le Centre d'Histoire urbaine de E.N.S. de Fontenay - Saint-Cloud et l'École française de Rome, 16 au 16 novembre 1995 (à paraître).
    40. Doc. n° 7.
    41. Pour la tour sud-ouest à Beaulieu, couvreur d'Oloron : doc. n° 9 (10 avril 1544), puis à deux couvreurs de Bordeaux, Folcher et Sanias, n° 14 (17 septembre 1545). Pour la tour nord-est, marché (et annulation) avec Comye de Beauvais (5 mai 1546 - annulation le 5 juin 1546). Pour celle-ci et les deux dernières, marché à Grassier et Born, de Bordeaux, le 18 juillet 1546.
    42. Doc. n° 6.


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FIG. 2. PLAN DU CHÂTEAU DE SAINT-ÉLIX. REZ-DE-CHAUSSÉE, AU-DESSUS DU NIVEAU DES CUISINES. L’entrée se trouve au nord.
1. Salle - 2. Chambre - 2». Arrière-chambre - 3. Couloir ou galerie.
(Plan d’après Bernard Pousthomis).

et avant de faire le même travail dans chacune des tours — avec l’installation de pièces, voûtées en sous-sol, ou carrelées aux autres niveaux (43). Ainsi, chaque étape du chantier donne lieu à un nouveau marché signé pour une opération limitée. Dès la pose de la toiture sur le corps de logis, les tours reçoivent leur couverture les unes après les autres. Le prix fait de la première mentionne à nouveau la succession imposée qui fait passer la mise en place de la charpente conique et des ardoises avant la pose des planchers et des cheminées (44).
    Le contrat retrouvé pour la charpente du corps de logis apporte des indications qui éclairent les intentions du commanditaire. Les deux charpentiers s’engagent à placer, outre les planchers sur les trois niveaux, la charpente du comble. Il prend la forme d’un « grand pavillon couvrant tout le corps de logis dudit château » et prévoit d’y « faire les attentes des lucarnes » (42). L’édifice construit répond en tous points aux articles du marché. Le caractère exceptionnel de cette charpente explique le recours à un charpentier qui n’appartient pas aux corps de métiers locaux. la solution du grand comble en pavillon, rare dans la région toulousaine (quelques édifices publics mis à part), semble ici directement inspirée par l’architecture du Val-de-Loire — pays d’origine des Potier. Ces toitures à forte

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    43. Doc. n° 1, 11 et 16.
    44. Doc. n° 6, charpente du corps de logis (1er mai 1543). Idem pour la tour sud-ouest (doc. n° 8), le charpentier « commencera faire la dicte besoigne au dessus de lad. tour plus tost que les planchers […].


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pente, désignées souvent en Aquitaine et en Languedoc comme « à guise de France » ou encore « en pavillon à la française » attestent du moins clairement leurs références septentrionales (45).
    Si l’exécution de la charpente principale ne semble pas avoir posé de problèmes, en revanche celle des tours et en particulier la pose de la couverture d’ardoises n’est pas allée sans mal. Pourtant Potier avait choisi, semble-t-il, des entreprises qui lui fournissaient des garanties. Mais Beaulieu venu d’Oloron doit être remplacé par deux couvreurs de Bordeaux. La tour nord-est, entreprise par Comye de Beauvais, doit attendre la venue de deux autres Bordelais qui la prennent en charge en même temps que les deux dernières (46). Au total, cinq années se sont écoulées depuis le début du gros œuvre.
    L’aménagement intérieur, entrepris après la pose des toitures d’ardoises, s’est effectué aussi par étapes. Mais la lecture des contrats conservés n’en donne qu’une vision partielle. On peut donc penser que des lacunes subsistent dans la documentation ou bien que certains travaux ont été réalisés sans passer devant notaire. la première mention de l’organisation intérieure est fournie par le prix fait du 1er mai 1543.

 À propos de la pose des « trois planchers » à placer à l’intérieur du grand corps de logis, il signale l’existence des « salle et chambre dudict sieur de La Terrasse qui est la première au-dessus de la voulte haute du quartier du Fousseret ». On apprend par là que le compartimentage du bâtiment par des murs de refend a été entrepris avec une première série de pièces du côté occidental du château (47), au-dessus de la cave qui est effectivement voûtée en plein cintre. Dans cette perspective, la commande de la cheminée en pierre destinée à la salle, dès le 14 février 1543, trouve son explication (48). Le reste du bâtiment, dans ses parties centrale et orientale, est aménagé une année plus tard à la suite du prix fait du 12 avril 1544 (49). Entre-temps, l’escalier de pierre avait été entrepris ainsi que des éléments destinés aux baies des façades (50). Mais pour en comprendre la destination exacte, il faut avoir recours au marché de 1544 qui définit toute la distribution du château. Les trois « courradors » (ou couloirs) et les « trois logis » superposés désignent en fait le large couloir qui traverse tout le corps de logis et qui dessert, à chaque niveau, d’un côté la salle et la chambre d’apparat et de l’autre un « logis » composé de deux pièces. Cette répartition logique est mise en valeur par les caractères du couloir central. Au-dessus de celui du sous-sol formé d’un simple cintre de brique, il se compose, au rez-de-chaussée, de cinq travées sur croisées d’ogives avec clefs et culots de pierre ; au-dessus se développe un second étage noble dont le couloir a seulement reçu une voûte surbaissée ; au quatrième niveau, le couloir est simplement couvert par le plancher du galetas.


 

FIG. 3. CHÂTEAU DE SAINT-ÉLIX. DÉTAIL DE LA PLATE-BANDE DE LA BAIE MÉRIDIONALE DU COULOIR CENTRAL.
Cliché Bruno Tollon.

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    45. À Toulouse comble aigu et ardoises pour la tour des archives du Capitole, cf. Jules CHALANDE, Histoire monumentale de l'Hôtel de Ville, Toulouse, 1922, p. 71 et n° 6 et 7. Toiture en pavillon sur le « donjon » du collège de Foix, cf. Maurice PRIN et Bruno TOLLON, « Observation archéologique sur le collège de Foix », M.S.A.M.F., t. LIV, 1994, Bulletin de l'année académique 1993-1994, et pour le Bordelais, cf. Paul ROUDIÉ, L'activité artistique à Bordeaux en Bordelais et en Bazadais de 1453 à 1550, Bordeaux, 1975, t. 1, p. 264 et 305, et « Bordeaux et la région bordelaise », dans La Maison de ville à la Renaissance, actes du colloque de Tours, 1977, Paris, 1983, p. 46.
    46. Doc. n° 8, 9, 13, 14, 15, 17.
    47. Doc. n° 6, le côté du Fousseret, commune au sud-ouest de Saint-Élix, sert à désigner la partie occidentale du château.
    48. Doc. n° 5.
    49. Doc. n° 10. Nous nous éloignons de l’interprétation proposée par B. POUSTHOMIS, art. cit.
    50. Doc. n° 4, « Premierement fault faire quatre voultes réglées aux fenestres croisées […] ».


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FIG. 4. CHÂTEAU DE SAINT-ÉLIX. DÉTAIL DE LA FAÇADE MÉRIDIONALE.
Les fenêtres latérales sont plus étroites que la « porte-fenêtre » centrale.
Cliché Bruno Tollon.

    Ainsi, aux deux niveaux d’habitation, le couloir se distingue comme le seul élément du bâtiment à comporter des voûtes ; d’autres caractères viennent confirmer sa place éminente et contribuer à en faire une véritable galerie. Le prix fait passé avec Saint-Brisse en 1543 s’éclaire à la lecture de celui signé par Séguy en 1544 : le premier fait état de « quatre voultes réglées » (fig. 3) sans en préciser l’emplacement. Or, trois de ces voûtes qui surmontent les embrasures des baies existent encore aux extrémités de la galerie, sur les deux niveaux (50). À l’origine, ces voûtes devaient surmonter des « fenestres croisées ». Mais le contrat, passé un an plus tard, laisse entendre qu’une modification a pu intervenir dans le projet car le maçon Séguy, chargé de réaliser les voûtes des couloirs et les baies, doit « déffère la muralhe dud-bout du couradou » pour placer de nouveaux éléments ; cette fois, il n’est pas question de fenêtres croisées mais de « portes » ; il s’engage à « faire deux portes ayant ung maynier al mitan, lequel portera deus batans et sera faict de pierre de taille ». La terminologie indique clairement qu’il s’agit de véritables portes-fenêtres à trumeau central. Enfin, pour assurer un bon éclairage au couloir, elles seront surmontées de fenêtres bâtardes, plus larges que hautes « a deus voultes en fasant un maynier al mytans per portar la coverte de peyre des fenestres » (49). Ces ouvertures plus larges que leurs voisines confirment, en façade, la place privilégiée de la galerie (fig. 4).
    Rien n’encombre cet espace central puisque l’escalier principal qui prend son départ en son centre, est établi parallèlement et monte à l’étage en une seule volée. Il aboutit sur un palier éclairé en façade par une demi-fenêtre. Le marché de la taille des marches et des supports en arc surbaissé ornés de caissons, le 13 février 1543 (50), ne précise pas son format — qui est évoqué à propos de la surveillance des travaux (18 mai 1541) comme une « vis arrepos ». Une autre vis, établie dans la tour sud-ouest, ne communique qu’avec la chambre du seigneur et va de la cave au grenier. C’est avec les planchers et sols carrelés des quatre tours que se termine l’aménagement intérieur : les pièces y sont vouées à des fonctions d’arrière-chambre avec des petits « cabinets » établis en avant des fenêtres (51).
    Informations techniques et pratiques de chantiers mis à part, les textes donnent enfin une idée du cadre luxueux inégalement conservé dans le château actuel. C’est le cas en premier lieu du décor lié à l’architecture. Outre les

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    51. Doc. n° 6, 25 juin 1546. Dorgueilh et son associé reprennent le modèle de la tour sud-ouest pour laquelle nous n'avons aucun contrat : ils construisent les voûtes en sous-sol, et les sols carrelés des étages.


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fenêtres de pierre, aux encadrements classiques mis en valeur par de petites consoles décoratives, sur lesquelles nos sources sont muettes, le décor prévu pour les lucarnes justifie les tarifs demandés. Le marché du 2 novembre 1541 prévoit le décor des allèges (fig. 5) associant armoiries et figures emblématiques (52). Si les premières ont disparu, les bas-reliefs représentant porc-épic ou salamandre royale, éléphant et lion passant ont bien été sculptés. Hommage aux souverains et affirmation du lignage, ce décor des couronnements de façade renvoie davantage aux châteaux de la Loire des années 1530 qu’à l’art des principaux chantiers toulousains comme l’hôtel de Bagis ou le château de Castelnau (53).

FIG. 5. CHÂTEAU DE SAINT-ÉLIX. Détail de l’appui de la lucarne centrale de l’élévation sud. Cliché Bruno Tollon.

    La cheminée monumentale répond à la commande de façon très exacte : colonnes et termes réunis par couple figurent sur le manteau et la hotte ; celle-ci est bien enrichie par un « triomphe » au-dessus des armoiries du seigneur soutenues par un ange (54). Elle représente la place prise par le nouveau style « à l’antique » (fig. 6). Le vocabulaire nouveau désigne les ornements classiques : piédroits, demi-colonnes, architrave, frise et corniche, attestent que la langue du maçon et du sculpteur précise désormais ses références. Souvent le profil d’une poutre ou d’un linteau de cheminée sera simplement dit « à l’antique » sans autre précision, tant ce nouveau répertoire est passé dans les usages (55).
    D’autres indications soulignent l’aspect luxueux et confortable du château. La première concerne les tapisseries dont les emplacements sont prévus dès la mise en place des planchers et de leurs corniches (56). La seconde, les fenêtres du château qui doivent recevoir des vitraux. Comme dans toute maison de qualité, selon gilles Corrozet, les vitres, du meilleur « verre de Lorraine », seront garnies de médaillons aux quatre coins et d’écriteaux et devises au milieu selon une disposition qui correspond à celles des vitraux civils des hôtels et des châteaux analysés par Catherine Grodecki (57).
    La dernière initiative de Potier est plus exceptionnelle. Elle concerne la commande d’une horloge destinée au lanternon de la tour nord-est, celle qui regarde vers la route de Toulouse (58). Jusqu’ici, seuls les pouvoirs publics se dotaient de ces mécaniques nouvelles qui concurrençaient les clochers des églises (59). La ville de Toulouse avait son horloge mentionnée en 1512. Le Parlement aussi, à une date qu’on ne connaît pas ; cette dernière et celle de la cathédrale servent de modèle à l’horloge placée sur le clocher de l’église de la Dalbade en 1546 (60). En couronnant sa demeure privée d’une « montre », l’ancien capitoul ne manque pas d’afficher fortune et fonctions officielles.
    Il est clair, par conséquent, que ce chantier prend valeur exemplaire à bien des points de vue. Entrepris à un moment d’intense activité du bâtiment à Toulouse et dans les environs, il ne répète pourtant pas les plans

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    52. Doc. n° 3.
    53. Henri GRAILLOT, livre cité, Élie SZAPIRO, art. cit., et Bruno TOLLON « Nicolas Bachelier et la sculpture toulousaine au milieu du XVIe siècle » dans Germain Pilon et la sculpture française de la Renaissance, Paris, 1993, p. 339-364.
    54. Doc. n° 5.
    55. Doc. n° 5, description de la cheminée à tailler (14 février 1543) et les cheminées de briques des tours dont l'arc doit être taillé de « moulures à l'antique ».
    56. Doc. n° 8, 26 février 1544.
    57. Doc. n° 12, le 14 septembre 1545 (et non 1540, comme cela avait été transcrit par Félix PASQUIER, art. cit., p. 21). Gilles CORROZET, Blasons domestiques, Paris, 1539, évoque les « médailles » que doit comporter le décor de toute noble demeure et cf. Catherine GRODECKI, art. cit., p. 148 et ouvrage cité, t. 1, p. 24-25.
    58. Doc. n° 18, commande à Jean Lebon le 26 mars 1547 (et non 1548 comme l'indique la transcription de Félix PASQUIER, p. 22).
    59. Carlo CIPOLLA, Clocks and Culture, 1300-1700, Londres, 1967 et Jacques ATTALI, Histoire du Temps, Paris, 1982.
    60. Pour l'horloge de l'Hôtel de Ville, cf. Jules CHALANDE, Histoire monumentale de l'Hôtel de Ville, Toulouse, 1922, p. 100-101. Pour la Dalbade, cf. Célestin DOUAIS, L'Art à Toulouse, documents pour servir à son histoire, Toulouse, 1904, p. 52.


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FIG. 6. CHÂTEAU DE SAINT-ÉLIX. Cheminée monumentale de la salle, sculptée en 1543. Cliché Bruno Tollon.

couramment utilisés, comme à Saint-Jory ou à Castelnau, avec des bâtiments autour d’une cour (61). Le choix du plan massé retenu ici suppose un projet plus ambitieux que confirme le recours aux façades régulières et le grand comble d’ardoise à lucarnes, rare dans la région, invite à rechercher des modèles dans la vallée de la Loire ou en Île-de-France. Il convient de relever surtout l’intérêt que présente la distribution intérieure orchestrée par la présence de la galerie centrale. Le château de Chenonceau avait fourni le modèle de cette disposition destinée à favoriser le rapport entre l’espace intérieur et le paysage. Jean Guillaume en avait montré tout l’intérêt en insistant sur la présence, dès l’origine, des balcons accessibles par de larges portes-fenêtres. À Saint-Élix, la présence d’une disposition comparable, au bout de la galerie de dimensions assez voisines, invite à souligner le rapport entre les deux édifices (62). En outre, la volonté de mettre en évidence la galerie largement éclairée, conduit à placer l’escalier dans une position latérale parallèle à celle-ci. La solution n’a pas le résultat spectaculaire de celui de Chenonceau.
    Il reste que Pierre Potier exprime clairement son intention de dresser un édifice imposant dont les tours, la forme ramassée et la haute toiture affirment la pérennité du siège de la seigneurie en perpétuant la valeur symbolique du donjon. L’organisation fonctionnelle de la distribution qui sépare le niveau des cuisines et services en sous-sol, des étages d’habitation permet d’en répartir les éléments de part et d’autre de la galerie. D’un côté, salle et chambre du seigneur, et de l’autre les chambres d’un logis ; ce système se répète sur trois niveaux, avec pour chacun des appartements une pièce complémentaire et les petits dégagements des « cabinets » dans les tours.

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    61. Élie SZAPIRO, art. cit., p. 241-259 ; Jean CONTRASTY, Histoire de Saint-Jory et de ses seigneurs, Toulouse, p. 19 ; comte de Pibrac, Le château de Pibrac, Toulouse, 1901.
    62. Jean GUILLAUME, « Chenonceau avant la construction de la galerie », Gazette des Beaux-Arts, janvier 1969, p. 19-46, et la « Première Renaissance, 1495-1525 », dans Le château de France, sous la direction de J.-P. BABELON, Paris, 1986, p. 179-190.


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   Nous sommes donc en présence d’une de ces « grandes demeures seigneuriales » construites dans les années 1540. David Thomson s’est attaché, récemment, à en montrer le développement à propos d’une publication de Jacques Androuet Du Cerceau qui jusqu’ici n’avait pas retenu l’attention (63). L’édition, après 1545, de six modèles de châteaux représentés en plan et en élévation constituait la première tentative éditoriale de cet architecte qui sous l’influence de Serlio allait multiplier les ouvrages consacrés aux demeures privées et fournir ainsi des catalogues accessibles à la clientèle nouvelle de la haute bourgeoisie urbaine. Deux des six modèles de Du Cerceau retiennent le plan massé. Le plus proche de Saint-Élix (le plan C) répartit les différentes pièces de part et d’autre de l’« allée » centrale qui prend les proportions d’une galerie (64). La répartition des pièces y répond à un grand souci de logique et de confort. Toutes ces caractéristiques figurent déjà dans le château de Potier de la Terrasse. 


 

FIG. 7. CHÂTEAU DE SAINT-ÉLIX. Culot de la voûte du couloir central du rez-de-chaussée surélevé. Cliché Bruno Tollon.

    Cette constatation permet de confirmer que les projets dessinés par Du Cerceau répercutent une mode déjà lancée et qui ne se limite pas aux pays de la Loire, à la Normandie ou à l’Île-de-France. Dans tout le royaume cette grande bourgeoisie d’offices, dévouée au roi et rapidement enrichie, rêve de châteaux. Toutefois l’adoption du plan massé, rarement utilisé dans l’architecture française, et la volonté d’organiser les volumes et les percements en respectant des règles de composition équilibrées, ne doivent pas nous empêcher de constater que le caractère des ornements sculptés (fig. 7), l’utilisation des sources antiques pour les ordres, sont loin de répondre aux exigences qu’on constate sur un chantier comme celui de Castelnau-d’Estrétefons confié à Nicolas Bachelier (65).
    Ce château neuf invite donc à porter un regard plus critique sur l’histoire de la Renaissance française qui ne saurait se réduire à celle de ses avant-gardes. Le seul cadre du centre artistique toulousain atteste de la grande diversité des attitudes qui relèvent, en fait, de niveaux de culture différents. Les références de Potier de la Terrasse ne sont pas celles des frères Du Faur ni celles d’un Jean de Bagis ou d’un Pierre Assézat. Pour être moins novateur que d’autres édifices, Saint-Élix n’en est pas moins révélateur de la diversité de la demande, des niveaux de culture et des aspects apparemment contradictoires de l’imaginaire social.

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    63. David THOMSON, « France's Earliest illustrated Printed Architectural Pattern Book Designs for living « à la française » of the 1540's », dans Architecture et vie sociale à la Renaissance, Paris, 1994, p. 221-234. Toutes les gravures sont reproduites.
    64. David THOMSON, art. cit., plan marqué par la lettre C (fig. 8).
    65. Le type de chapiteaux sculptés dans le couloir appartient à la tradition des années 1525-1530 et tranche par rapport au corinthien rigoureux de l’escalier de Castelnau ; le ton de déférence à l’égard de Bachelier, employé par Laurent Clary devant l’expertise de ce château est d’ailleurs un élément frappant et inattendu. Cf. Elie SZAPIRO, art. cit., p. 274 à propos du chapiteau de cet escalier « car sont beaux magnifiez beaulx et riches ou y a grand besogne […] ».


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Pièces justificatives

    1. Toulouse, 18 mai 1541. marché pour la maçonnerie et taille de la brique du château de Saint-Élix, passé entre Pierre Potier et Jacques Séguy et Arnaud Dorgueilh, maîtres-maçons de Toulouse (A.D. 31, 3 E 5191, f° 375).

Pactes d’édifier pour Pierre Potier de la Terrasse

    L’an 1541 et le 18e jour du mois de may regnant Francois etc en la cite de Toulouse par devant moy notaire personnellement establi noble Pierre Potier ecuyer seigneur de la Terrasse et de St Elix secretaire du Roy notre Sire d’une part et Jacques Seguy et Arnaud Dorgueilh massons de Toulouse d autre part lesquelles parties de leur bon gre nous ont dict avoir entre elles faict et passes certains pactes pour la continuation de l’edifice du chateau du dict St Helix que le dict sieur de la Terasse y faict faire touchant la maconerie lesquels pactes ont bailles #a moy notaire sous signe # pour proceder au present instrument desquels la teneur sensuit — sensuyvent les pactes faicts et passes entre noble Pierre Potier scuyer seigneur de la Terrasse et de St Helix d une part et Jacques Seguy et Arnaud Dorgueil massons de Toulouse d autre part et ce sur la continuation de l edifice du chateau que le dict sieur de la Terrasse faict faire au dict St Helix et premierement est pacte que les dicts Seguy et Dorgueilh massons sont tenus continuer et parachever le dict St Helix quant à la massonnerie de brique de toutes les tours portes et fenestres cheminees scrouses chafrans batams et autres rouis et machicoulis carneaulx les piliers de cheminees et canonnieres et toute autre taille de brique et non de pierre et cela en la forme et maniere que sera advise par le maistre que aura charge de conduire le dict edifice et Monsieur Laurens Clary macon du dict Toulouse Item est pacte que le dict sieur de la Terrasse sera tenu doner et payer aux dicts Seguy et Darguielh pour chacune cane carree deux livres tournois tant que vuyde que de plain Quant aux portes et fenestres et les murailhes prinses elles aussi seront reduites a canes carees et fere bon et beau ouvrage en la maniere que court a chacune et selon que a este convenu Item est pacté que le dict sieur de la Terrasse sera tenu fornir aux dicts macons toutes choses necessaires a pie de besoingne comme tuile chaux sable aigue des fosses et puits laquelle eaue les dicts macons seront tenus aller querir es puits du jardin et du peyrier de la maison et es dict fosses # et autre eaue ne sera tenu leur fornir mais bien fornira # postam barriels scales senauls cordes et ferrats et toutes autres fornitures exeptees la main et depens des dict macons et manobres Item est accorde que les dicts macons seront tenus a commancer et continuer jusque louvrage parfaict tant qu’ils auront de matieres et fournitures Item a este accorde que oultre les dictes deux livres pour chacune cane le dict sieur de la Terrasse sera tenu donner et payer aux susdicts macons la quantite de ung carton de blé pour une foys qu est deux cestiers pour chacun lesquels sera tenu payer au premier jour que commenceront de besoigner et aussi convenu le dit sieur de la Terrasse bailler aux susdicts massons depresent pour commencement de paye la somme de soixante livres tournois pour tous deux que sont trente livres pour chacun laquelle somme leur a paye reellement en vingt escus soleilh et trente sous tournois en monnoye… presents Ramond Arnaud terrier Laurens Clary et Martial de Cols massons de Toulouse.

    2. Toulouse, 18 mai 1541. Pacte passé entre Pierre Potier et Martial de Colz, maître maçon de Toulouse pour la surveillance du chantier tant pour les travaux de brique que de pierre (A.D. 31, 3 E 5191, f° 376).

Autres prix faict pour led. Sr de la Terrasse

    Les an et jour susdictz (1541 18 mai).
    Personnalement estably noble Pierre Potier, scuyer, Sr de la Terrasse et de St Helix, secrétaire du Roi, nostre sire, d’autre part, et Marcial de Colz, maistre maçon de Thoulouze, d’autre part,
    Lesquelles parties, et chacune d’elles, de leur bon gré, etc., ont dict entre elles avoir faictz et passez certains pactes sur la conduicte et continuacion de l’édifice du chasteau dud. St Helix, que led. Sr de la Terrasse faict continuer à faire, etc.
    Premierement est pacte que led. Marcial, maistre maçon, sera tenu conduire et faire continuer led. édifice à entière perfection d’icelluy, tant la massonnerie de brique planière que aussi la talhe tant de bricque que de pierre, et aussi Ibolles, caves, heminées, vidz arrepoz et autres ; et, pour conduire lad. besoigne, sera tenu demeurer sur le lieu, tant que les maçons, que ont prins de faire led. efioffice, y besoigneront, et tant que led. Sr de la Terrasse plaira, sans en despartir.
    Item est pacte acordé entre lesd. parties que, où et quant led. Me Marcial maçon fauldroit se tenir sur lad. besoigne de ung jour en là, tant que lesd. maçons trevalheront, ne gaignera rien de sa journée durant son abscence ; et où et quant lesd. maçons feroient aucune faulte aud. édifice à faulte de la conduicte dud. Me Marcial, aud. cas led. Me Marcial sera tenu la réparer, et demeurer aud. Sr de la Terrasse à toutz despens, domaiges et interest.
    Item a esté accordé entre lesd. parties que led. Sr de la Terrasse sera tenu donner et payer aud. Marcial, pour chascun jour ouvrier qu’il vaquera à conduire led. edifice, sept sols six deniers ts. payables de jour en jour, ains qu’il besoignera et continuera led. édifice, et de lad. somme led. Me Marcial fera ses despens. Et, pour commencement de paye, led. Sr de la Terrasse lui a donné et payé la somme de cinq livres ts… (témoins) Laurent Clary.


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    3. Toulouse, 2 novembre 1541, marché de sculpture passé entre Pierre Potier et Jean de Moris dit le Gascon, maçon de Toulouse, pour les lucarnes du château (A.D. 31, 3 E 5193, f° 255).

Instrument de pacte pour le seigneur de la Terrasse et jehan de Moris.

    Sachent tous presents et advenir que aujourd hui second du mois de novembre l an mil cinq cens quarante ung devant moy notaire etc estably en sa personne Jehan de Moris dict le Gascon maçon de Toulouse lequel de son bon gre etc a promis a noble Pierre Potier escuyer seigneur de la Terrasse et de St Helix notaire et secretaire du Roy notre sire illec present etc ainsi qu il sera tenu de luy faire pouser et massoner a tous ses propres costz et despens toutes et chascunes les lucarnes et demi lucarnes que le dict seigneur de la Terrasse veult et entend faire en son chasteau qu il a fait et fait edifier au dict Saint Helix lesquelles lucarnes et demyes lucarnes le dict Moris macon sera tenu faire et pouser en la forme et manyere et qualite qu est contenu au portrait que le dict de Moris sitost faict et signé de sa main et pour le dict seigneur de la Terrasse Maistre Ramond Clari macon de Toulouse et moy notaire soussigne et icelles y signés Lequel portrait le dict de Moris a prins pour en tirer les traicts y contenus et apres ne faut les rendre et bailler au dict seigneur de la terrasse et en faisant les dictes lucarnes et demyes lucarnes le dict de Moris sera tenu y mettre les armes tant du dict seigneur de la Terasse que aultres que par le dict seigneur de la Terrasse luy seront baillees ensemble au debas a chascune une salamandre ung porc espic et aultre deseing que par le dict seigneur de la Terrasse luy seront baillées Item est pacte que le dict de Moris en faisant les dictes lucarnes et demi lucarnes sera tenu en pousant la maconnerie y faire les bregets sive carreaulx le tout de pierre de taille aux coustes des dictes f° 256 v lucarnes et demi lucarnes y mettre pareillement semblables roleaulx que sont iceulx que sont aux fenestres crosees du dict chasteau et les cimenter monter que ayent autant de jour que ont les fenestres que y sont a present et faire et pouser les dictes lucarnes et demyes lucarnes a l endroit des fenestres que y sont a present et tout en bonne massonerie et beton et au meilleur prouffit dudict sieur de la Terrasse que faire se pourra. Et le dict sieur de la Terrasse sera tenu fournyr toutes choses necessaires a faire et pouser les dictes lucarnes et demyes lucarnes comme pierre chaulx sables echaffaulx couls et carelles pour monter les pierres en telle sorte que le dict de Moris ne fournyra que la main mays sera tenu les monter pouser et massoner à ses propres coults et despens et comencera de besonnes au premier jour et continuera jusques la dicte oeuvre faicte laquelle sera tenu avoir faicte et parfaicte et pousee par tout le mois d’avril prochainement venant bien et duement comme ci dessus dict selon l art de maconnerie Item le dict seigneur de la Terrasse a promis aussi que sera tenu de donner payer et reallement deslivrer au dict de Moris macon scavoir est pour chascune lucarne entiere comme dessus est dict pousee et duement faicte selon le dict art de maconnerie la somme de vingt trois livres tournois et pour chascune demye lucarne duement bien faicte et pousee la somme de vingt livres tournois et lesquelles sommes le dict seigneur de la Terrasse a promis ainsi que sera tenu payer bailler et deslivrer et au dict de Moris ainsi que la dicte besoigne se fera et continuera et en deduction f° 257 de la dicte besoigne le dict seigneur de la Terrasse a baille et reellement paye au dict de Moris la somme de vingt cinq livres tournois en onze escus dor soleil et cinq sols monoye montant la dicte somme de vingt cinq livres tournois de laquelle somme s’en est tenu pour content et en a quiste le dict seigneur de la Terrasse (en) desduction de la dicte besoigne avec pacte de ne plus la dicte somme demander et en oultre establis en sa personne Me Massiot Gaucher maistre masson de Toulouse lequel de son bon gre a protege et cautionne pour le dict jehan de Moris envers le dict seigneur de la Terrasse et lequel Gaucher a promis et promet au dict seigneur de la Terrasse present de lui faire faire et parfaire la dicte besoigne dessus especifiee en la forme et maniere et dans terme dessus escript et pour ce faire en a faict son propre debte et s’en est constitue principal facteur et payeur et en a oblige ses personnes et biens et le dict de Moris a promis et promet relever indempne le dict Gaucher de tous despens dommages et interets que pour raison et a cause de la dicte plege* et caution lui pourroient advenir et la consignant dans le dict temps dessus especifie que la dicte besoigne ne seroit faicte et parfaicte les dicts de Moris et Gaucher son protege et caution seront tenus demeurer au dict seigneur de la Terrasse a tous despens dommages et interets qu ils pourroit souffrir pour a raison de la chamine que auroit ete faicte a ses maisons et chasteau de Saint Helix et acomplissement de la dicte besoigne et deterioration de ce que sera faict et ce a la dicte des maistres et experts entendans au dict art de massonerye et pour tout ce dessus
                                                                                                                                            f° 257 v tenir et accomplir les dictes parties ont soubmis et obliges tous et chascuns de leurs biens meubles et immeubles presens advenir ont voulu estre contraincts par les rigueurs des courts et scel mage de la senechaussee viguerie et capitols de Toulouse petit royal de Montpellier prinse de biens et personnes des dicts de Moris et Gaucher ont reconnu et ont jure et en presence de Monsieur Pierre lucas Laurens Clari et Augustin Turrit macons habitans de Toulouse tesmoings a ce appelez.
 
 

    4. Toulouse, le 13 février 1542 (1543 n.s.) marché pour l’escalier, les portes et les fenêtres de pierre entre Pierre Potier et Pierre Saint Brisse tailleur de pierres de Toulouse. (A.D. 31, 3 E 5 197, f° 155).

    Prix faict et besoigne a faire pour le seigneur de la Terrasse.
    L’an mil cinq cens quarante deux et le treizieme jour du mois de fevrier regnant Francois etc en la cite de Toulouse et dans la maison de noble Pierre Potier ecuyer seigneur de la Terrasse et de Saint Helix par devant moi notaire establys en leurs personnes le dict noble Pierre Potier escuyer seigneur de la Terrasse d’une part et Pierre Saint Brisse tailheur de pierre dudit Toulouse habitant lequel Saint Brisse tailheur a promis au dict seigneur de la Terrasse ainsi que sera tenu luy continuer l’edifice


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    de tailhement a son chateau que de nouveau il a faict faire au dict Saint Helix en la forme et maniere que s’ensuyt etqu’est contenu aux dicts pactes que mont baille de ceste teneur s’ensuit la tailhe que fault faire pour achaver le chateau de Monsieur de la Terrasse de Saint Helix ensemblela tailhe qu’est faicte
    Premierement fault faire quatre voultes regles aux fenestres crosees et accorder ensemble les formerets des voultes plus pour achaver la dicte vys fault tailher doutze marches et massoner toutes les marches que y en a au nombre de vingt huit.
    Plus sera tenu tailler cinq marches del trepail et les massoner.
    Plus avons treuve deux archieux que ne sont encore faicts car fault faire les parquets et massoner.
    Plus fault faire autres trois archeux pour les trois portes ensemble les pieds droicts de la dicte porte
    Plus fault scavoir que y a deux chappiteaulx demy faicts et pour porter les archeux de la dicte voultes des portes encores en fault faire aultres cinq achaver les susdicts
    Plus fault faire a la dicte vys deux rempans faicts suyvant les aultres lesquels portent le marches
    Plus fault faire quatre plates grandes de la largeur de la dicte vys faictes en parquets comme les aultres
    Plus fault faire setze pieds drois de lauteur de la dicte vys talher massoner
    Plus fault faire trois saulmiers et une couverte de fenestre
    Item massoner les fenestres que sont tailhes
    Item est convention le dict tailleur continuer la dicte besoigne laquelle il aura faicte et parfaicte d’icy a la fin du mois de may prochain venant et sera tenu le dict tailheur talher et pousser la dicte besoigne en la venant de tout ce qu’est faict jusqu’a present et le tout a ses propres couts et despens sensuit que le dict sieur sera tenu luy rien fornir sy nest tant seulement la pierre et le cordage pour monter la dicte pierre.
    Item et pour toute la dicte besoigne main et forniture le dict seigneur de la Terrasse sera tenu donner payer et deslivrer au dict tailheur la somme de cens quatre vingt livres tournois laquelle somme le dict sieur de la Terrasse a promis payer et deslivrer au dict Sainct Brisse de jour en jour ainsi que la dicte besoigne se fera
    Item et pour le dict Pierre Sainct Brisse tailheur ont plege et cautionne sieur Antoine Lescalle masson et Guilhaume Bilhere fustier de Toulouse lesquels tous deux ensemble et chacun pour le tout ont plege pour le dict Saint Brisse et ont promis au dict sieur de la Terrasse avoir faict et parfaict la dicte besoigne dans le temps et terme dessus espicifie et ou et quand ne auroient faicte la dicte besoigne en la forme que dessus et dans les termes dessus especifies seront tenus luy demeurer a tous dommages et interets et pour ce en ont faict leur propre fait et sen sont constitues principaux facteurs [engagements habituels — juridictions habituelles] ont jure presents noble Jean Bartier sieur de Pinsaguel et sieur Pierre Riviere bourgeois de Toulouse et Laurens Clary me masson du dict Toulouse témoins a ce appeles et de moy
 
 

    5. Toulouse, le 14 février 1542 (1543 n.s.) marché passé entre Pierre Potier et Jehan de Molis, tailleur de pierre pour la cheminée de la salle du château en suivant le dessin fourni par Laurent Clari (A.D. 31, 3 E 5 197, f° 158).

Pris faict pour le sieur de la Terrasse

    L’an mil cinq cens quarante deux et le quatorzieme jour du mois de fevrier regnant Francois etc dans la cite de Toulouse et dans la maison du sieur de la Terrasse par devant moy notaire estably en sa personne Jehan de Molis tailheur de pierre habitant de Toulouse lequel de son bon gre a promis a noble Pierre Potier escuyer Sieur de la Terrasse et de saint Helix prendre a luy faire la besoigne qu est especiffiee a certains articles que me ont bailles de ceste teneur s ensuit soy que est fere a la cheminee et ce que fera fere a la cheminee de Monsieur de la Terrasse a son chasteau de sainct Helix
    Premierement fault savoir que tous les pieds droits basses des chemynees sont reserve qu il fault faire la laudiment del feu
    Plus fault faire pour les pieds droits une grande corniche et une frise accompagnee de l’arc que treve
    Plus fault faire par dessus la dicte corniche deux pieds droits accompagnes de deux demy colonnes et par devant les dicts pied droits quatre termes portant le tryomfle par dessus les armes et aussi fault faire les armes au mytan de la dicte chamynee acompaignees de trois enfans nuds et de deux angels que pourteront les armes.
    Plus fault faire par dessus les termes une cornyche frise acompagne en larc qui treve et faire tout se dessus en la forme del portret tailher poser et massonner a ses despens
    Lequel portret sur ce faict signe des mains du notaire et de Monsieur Laurens Clari est demeure devers le dict Molis talheur pour mieulx faire la dicte besoigne.
    Item est pacte que le dict sieur de la Terrasse sera tenu fornir toute pierre mortier eschafaults et corgages necessaires a faire et pouser la dicte besoigne laquellele dict Jean de Molys tailheur avoir faicte tailhe et pousee faicte et parfaicte la dicte besoigne dicy a la fin du mois d’avril prochain a ses propres cots et despens et que le dict sieur de la Terrasse sera tenu rien fornir que ce dessus est specifie. Item lest pour ses despens peines travaux fournees vacations le dict sieur de la Terrasse a promis et sera tenu de donner et payer au dict de Molis la somme de 70 £ ts payable de jour en jour ainsi que besoignera et tout ce dessus ont promis tenir Sur l’obligation ont voulu estre contraincts et par les forces et rigueurs des courts et scel mage de la senechaussee viguerie et Capitols de Toulouse petit Royal de Montpellier prise de biens et presence du dict Molis ont… et ont jure en presence du sieur Pierre… bourgeois Guillaume Vinhaull marchand de Toulouse habitans temoins a ce appeles et de moy.


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    6. Toulouse, 1er mai 1543, marché passé entre Pierre Des Puy, procureur de Pierre Potier, et le charpentier Adam Mayne de l’Agenais, et Pierre de la Nau, de Saint-Élix, pour pose des planchers et de la toiture en pavillon du château (A.D. 31, 3 E 5 198, f° 304).

Pactes a edifier la charpenterie pour le sieur de la Terrasse et Adam Mayne le 1er mai 1543

    L’an mil cinq cens quarante trois et le premier jour du mois de may regnant Francois etc en la cité de Toulouse et dans la maison du sieur de la Terrasse par devant moy notaire etc establys en leurs personnes sieur Pierre Des Puy procureur et soy disant de noble Pierre Potier escuyer sieur de la Terrasse et de Saint Helix de pour et au nom du dict seigneur de la Terrasse d’une part et Adam Mayne et Pierre de la Nau fustier le dict Mayne habitant du pays d’Agenes et le dict de La Nau demeurant au dict Saint Helix d’aultre lesquelles parties ont dict entre elles avoir faicts passes et accordes certains pactes touchant ledifice de charpenterie que le dict sieur de La Terrasse entend faire a son chateau du dict Saint Helix lesquels ont baille a moy notaire soubs signe pour les inserer au present instrument de ceste teneur S’ensuivent les pactes faicts et passes entre noble Pierre Potier escuyer sieur de La terrasse et de saint helix secretaire du Roy notre sire d’une part et Adam Mayne habitant du pays d’Agenoys et le dict de la Nau habitant du dict Saint Helix d’autre part et sur l edifice de charpenterie que le dict sieur de la Terrasse veut faire faire en son chateau de que de nouveau il a fait edifier au dict Saint Helix et premierement a este convenu et accorde que les dict Mayne et de La Nau seront tenus faire a la dicte maison et chateau du dict Saint Helix appartenant au dict sieur de La Terrasse trois planchers sur travaisons de leur mestie une sur l’autre en y comprenant icelle du galata qu est dans la couverte/du bois et fustaige que par le dict sieur de La Terrasse leur sera baillee et pouseront les travatels engranes dans les saulmiers de leur grosseur a demi pye ung de l’autre tans plain que vuyde et mettre par dessus les tables du long des dicts travatels et seront les dictes tables parees darminette et ce a chascun des dits trois planchers sur travaisons Item seront tenus les dicts charpentiers revestir
    F° 305 les saulmiers que sont pousee sur les salle et chambre du dict sieur de La Terrasse qu’est la premiere au dessus la voulte haulte du quartier du lieu du Fousseret et les revestements des dicts saulmiers par dessous porteront molure Item seront tenus les dicts maistres charpentiers lever la charpenterie qu’est a present tailhee du grand pavillon couvrant tout le corps du dict chasteau reservé les bois en bonne et vraie charpenterie et si le dict seigneur de la Terrasse veult later le dict pavillon de postam les dicts charpentiers seront tenus de later avec le postam qui leur sera baillé Item seront tenus les dicts maistres charpentiers faire les attentes des lucarnes qui y seront faictes de pierre entre la lucarne de pierre de la couverte et s’il est necessaire de faire aulcune seront tenus les y fere et pouser aux lieux que le dict seigneur de La Terrasse les vouldra a son dict chasteau et generalement faire toute autre besoigne de charpenterie necessaire au dict chasteau reserve le plancher de la cave et des tours Item le dict seigneur de la Terrasse a promis et sera tenu fornir tout le bois necessaire a faire la dicte besoigne et le rendre pourte sur place pres du dict chasteau et les dicts charpentiers seront tenus les talher et pouser et faire la dicte besoigne de charpenterie a leurs propres couts et despens et laquelle besoigne les dicts maistres auront parfaicte et pousee dici a la feste de touts saints prochains venant et ce ont promis faire tous deux ensemble et chacun seul pour le tout Item et le dict sieur de la Terrasse
    f° 305 pour les pennes travaulx labeurs et despenses des dicts maistres et leurs serviteurs sera tenu ainsi que a promys donner et payer aux susdicts Mayne et de La Nau maistres charpentiers la somme de cinq cens livres tournois vallant chascune livres vingt sols tournois laquelle somme le dict sieur de La Terrasse a promys et sera tenu payer aux dicts maistres charpentiers scavoir est de present cent livres tournois lesquelles cent livres leur ont ete payees reallement present le notaire et temoins sous nommes par les mains de Pierre Deu Puy procureur du dict sieur de la Terrasse au dict Saint Helix et les quatre cens livres restant le dict sieur de La Terrasse sera tenu payer de jour en jour ainsi que la dicte besoigne se sera faicte A Toulouse le premier jour de May l’an mil cinq cens quarante trois en presence de sire Jehan Fauldiere et du dict Pierre Deu Puy et Pierre Pages sergent de la tresorerie et lesquels pactes dessus inseres et contenu en isseulx les dictes parties es noms ont promis les garder faire et accomplir.
    [Paient les cent livres- Les quatre cent livres le seront aux conditions prevues dans les pactes- Les litiges seront soumis aux tribunaux habituels.]
 
 

7. Toulouse, 23 juillet 1543, mise en jeu des garanties prévues dans l’acte du 3 novembre 1541 (n° 3) et reprise des travaux pour Jean de Moris associé à Massiot Gaultier (ou Gaucher) pour l’exécution des lucarnes (A.D. 31, 3 E 5202, f° 043).

    Comme fut ainsi que noble Pierre Potier escuyer sieur de la Terrasse et de saint Helix secretaire du Roy eust baillé à prix fait à Jehan de Moris dict le Gascon masson de Toulouse certaines lucarnes et demi lucarnes pour les faire mettre et pouser au chateau et maison que le dict sieur de la Terrasse de nouveau a faict ediffier au dict saint Helix et aussi a faire et pouser autre besoigne et ouvraige comme plus a plein est contenu et expeciffie aux pactes et pourtraict sur ce entre les dictes parties faict et passes et pour le dict de Moris eust plegie et cautionne Massiot Gautier masson de Toulouse a promis de la dicte besoigne faire se serait constitué principal facteur et debiteur comme plus a plein est contenu en l’instrument sur ce passe et par moi notaire soubsigne retenu soubs L’an mil cinq cens quarante et un et le second


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jour du mois de novembre l’an mil cinq cens quarante et ung (sic) et que le dict de Moris auroit prins et receu du dict sieur de la Terrasse plusieurs sommes d’argent en deduction de la dicte besoigne laquelle n’auroit guere continue ne avance au grand dommage et prejudice du dict sieur de la Terrasse pour raison de quoi le dict sieur de la Terrasse aurait fait constituer prisonnier le dict de Moris et seroit demeure detenu prisonnier lequel de Moris pour estre eslargi aurait offert au dict sieur de la Terrasse de aller continuer sa dicte besoigne tout incontinent tant par luy que par le dict Gautier sa plege et caution et apres faire se obliger et faire obliger le dict Gautier ensemble Domenge Deupoy femme du dict de Moris ce que le dict sieur de la Terrasse pour continuer sa dicte besoigne fust content faire A cette cause aujourd’hui vingt trois de juillet l’an mil cinq cens quarante trois regnant Francois etc en Toulouse par devant moy notaire etc estably en leurs personnes savoir este le dict Jehan de Moris et Massiot Gautier sa plege et caution lesquels tous deux ensemble et chacun deulx seul et pour le tout ont promis au dict sieur de la Terrasse illec present luy faire et continuer la dicte besoigne et la parfaire et parachever en la meme forme et maniere qui est contenu
                                                                                                            et spécifiee aux susdict intrument pactes et pourtraict et ont promis et seront tenus a commencer au premier jour et continuer avec huyt compagnons ou plus bien besognans et travaillans et ne faire chaumer la dicte besoigne ne permettre que les fustiers plombiers ne autres que travaillent a icelle besoigne cessent a travailler pour raison de la chaume et negligence des dicts de Moris et Gautier et ou et quand la dicte besoigne demeurerait a chaumer que les fustiers plombiers ne autres ne pourroient travailler au dict cas les dict Gautier et Moris seront tenus au dict sieur de la Terrasse de tous depens dommaiges et interets et avec establye la dicte Domenge Doupoy femme du dict de Moris laquelle de son bon gre et de licence du dict Moris son mary illec present et sa dicte femme duement autorisee a aussi plege et cautione pour le dict de Moris et la promis aussi faire faire et continuer la dicte besoigne en la forme et maniere susdicte et pour ce faire a obliges tous et chacuns ses biens meubles et immeubles (etc.. scels habituels) present noble Pierre Rome trechourier de Toulouse sieur de la Guepie et monsieur Germain Boyer notaire de Toulouse.
 
 

    8. Toulouse, 26 février 1543 (1544 n.s.). Marché passé entre Pierre Potier et Jehan Besson, maître charpentier de Toulouse pour la charpente et les planchers de la tour sud-ouest où est la vis. (Corrigé et complété). (A.D. 31, 3 E 5 202, f° 489).

    L’an mil cinq cens quarante trois et le XXVI jour du mois de février regnant Francois etc. en la cite de Toulouse et dans la maison du seigneur de la Terrasse par devant moy notaire estably en sa personne noble Pierre Potier scuyer seigneur de la Terrasse et de saint Helix secretaire du Roi notre Sire qui de son bon gre a baille a prix faict et a faire a Jehan Besso me fustier de Toulouse illect present a luy faire la besoigne du fustage a la tour la ou est la petite vis estant a son chasteau de Saint Helix
                                                                       a laquelle tour sera tenu faire trois planchers sive travaisons de chesne et a chacune travaison mectra unq saulmier revestu de molures honestes et symaisals de l espesseur et haulteur des autres saulmiers qui sont mys au corps du dict chasteau et y mettre les travatels semblables a iceulx qui sont au dit chasteau et entailhera les dicts travatels aux susdicts saulmiers et postat du long de semblable speceur et grosseur qu est au corps du dict chasteau et a l’entour de la dicte tour # et eus esgard a la charpenterie du dict corps du dict chasteau # contre les murs seront mys des raccordemens de saulmiers de semblables molures des saulmiers du milieu de la tour lesquels raccordemens auront un drin (ou un doigt) de main ou plus si besoing est d’espesseur pour tendre les tapisseries reserve faict a chascun des dicts trois planchiers le dict raccordement combien que au corps du chasteau ny aist poinct.
    Item sur les dicts trois planchiers fera un grand reher sur les murs de la dicte tour pour porter la couverture d’icelle tour ensemble toute la couverture rouhets et planchiers corbes et strez et toutes choses necessaires a la dicte tour pour estre parfaitement bien et deuement faicts au dire d’espertz charpentiers et suyvant la modele que luy a este monstree signee de sa main et marquée de la marque de Laurens Savy ses cautions et sera tenu le dict fustier fournier toutes choses que sont clous, chevilles de boys et de fer la ou seront necessaires et la latte et commncera faire la dicte besoigne au dessus
                                                                                    la dicte tour plus tost que les planchers afin que la dicte tour demeure couverte dardoise ou aultre couverture que au dict sieur bon semblera et aussi faire un sallin de charpenterie bien deuement et honestement faict pour mettre au dessus la dicte tour et aux rouhets d’icelle le tout faict de chesne et corailh bien et duement a ses propres couts et despens sanq que le dicts sieur de la Terrasse soit tenu rien fornir et aura le dict Besson charpentier faite et parfaite et parachevee la dicte besoigne par tout le moys de mai prochain venant et suivant le dict pourtraict de la grosseur des corbes. boys sera de souffisante grosseur et apres avoir faicte la dicte besoigne sera visitee par maitres experts idoines et souffisants a ce entendus et avant que le dict sieur de la Terrasse luy soit tenu faire aucun payement et ou et quand la dicte besoigne ne soit trouve bonne et souffisante a dicte des dicts maistres le dict Besson et ses cautions seront tenu la refaire a leurs propres couts et despens et suivant le dire des dicts experts que l’auront visitée Et pour faire toute la dicte besoigne en la forme que dessus et au dire des dicts experts
pour le dict Besson a plege et cautione le dict Laurens Savy, hjoste de Toulouse lequel de son bon gre a plege pour le dict Besson et a promis au dict sieur de la Terrasse luy faire faire la dicte besoigne en la forme et maniere et dans le temps dessus speciffiee et pour ce faire s’en est contitue et constitue principal facteur et debiteur et payeur pour toute la dicte besoigne peines
travaux fournitures et vacations le dict sieur de la Terrasse a promis et sera tenu duement de payer au dict Besso et ses pleges et cautions que ont pour lui plege et cautionne la somme de sept vingt livres tournois et de laquelle somme leur en a paye 


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la somme de vingt quatre livres tournois et le reste en monnoye de laquelle somme s’est tenu pour content et en a quite les dictes vingt quatre livres le dict sieur de la Terrasse avec pacte la somme restante le dict sieur de la Terrasse a promis payer au dict Besson et susdict pleges de jour en jour ainsi que la dicte besoigne continuera.
(garanties habituelles-recours aux tribunaux habituels) temoins Antoine Faget. et Laurens Clary masson de Toulouse.

Cancellations

    L’an 1544 et le 28e de mars estably en sa personne Monsieur Laurens Savy caution lequel de son bon gre confesse avoir ainsi que a promis reallement recu dix escuts sol de noble Pierre Potier sieur de la Terrasse en deduction de la somme contenue au present instrument desquels se tient content et en tient quitte le dict sieur de la Terrasse. Pierre Ducas et Estienne Destres fustier

    L’an mil cinq cens quarante quatre et le dixieme de may establi en sa personne Monsieur Laurens Savy caution du dict Besson lequel de son bon gre a confesse avoir eu de noble Pierre de Potier sieur de Saint Helix et de la Terrasse present scavoir est la somme de 33 livres dix sols tournois en deduction de la somme contenue au present instrument de laquelle somme se tient pour content et la quite au sieur de la Terrasse avec pacte present M. Germain Seyer chaussatier de Toulouse.
 
 

    9. Toulouse, 10 avril 1544, marché passé entre Pierre Potier et Simon Beaulieu, couvreur d’Oloron en Béarn, pour la couverture en ardoise de la tour de la vis (S.O.) (A.D. 31, 3 E 5 206 (65), f° 098).

Bail a besogne avec Simon Beaulieu

L’an mil cinq cens quarante quatre et le dixiesme jour d avril regnant Francois etc en la cite de Toulouse et dans la maison de noble Pierre Potier scuyer seigneur de la Terrasse et de saint Helix par devant moy notaire estably en sa personne Symon Beaulieu recreuvreyre de la cite deuloron en Bearn lequel de son bon gre a promis au dict noble Pierre Potier scuyer sieur de la Terrasse et de St Elix present de luy couvrir une des tours qu’il a a son dict chateau de Saint Helix
et icelle ou est la vis de pierre et du couste du lieu du fousseret et ce en la forme et maniere que s’ensuyit Et premierement le dict Simon Beaulieu couvrira la dicte tour d ardoyse et mectra les quanti(e) lhas rondes d’un demy pie de large et trois doibts davant et de l’ardre pour d’aroner et de l espaisseur d un travers doibt et les dictes hornitelhas seront clavelles d un cabiron a l’autre de deux clous a chascun bout de (mar) che. Item fera la late fendre laquelle late aura de largeur trois doibts et un poutx d espeys par ung couste et fera de l ardee ainsi que s apartient par raison de la dicte late sera tenu de faire naturellement sans y metre aucun aubuin ny aucun boys qui soit fendable et en ce faisant que la late sera bonne et naturelle. Item la dicte late sera clavellee de cabiron en cabiron de cloux de trois ongles bien resforces lesquels tiendront les lates bien seures. Item entre deux cabirons tout a l entour sera tenu mettre deux contre lates lesquelles auront quatre doibts de large et un poutx d espeys et les dicte lates seron botees par dessouls les dictes autres lates despuis le cantilhac jusqu a deux canes de hault tout a l entour et deux canes jusques au bout une lesquelles contre lates seront clavellees une en chacune despuis le fons jusques a la syme afin que soit chose perdurable Item ledict latement sera faict a soin joint d equerre et suivra le dict latement a l entour de la tour ains que merite Item la dicte besogne apres etre faicte sera visitee par maistres experts a ce entendus pour scavoir si elle est bonne ou soufisante selon les pactes dessus specifies et sera tenu le dict Beaulieu fornir late ardoyse clous enartemens et toutes autres choses necessaires a faire la dicte couverture a ses propres couts et despens sans que le dict de la Terrasse soit tenu rien fornir ne faire sans en ce comprendre la plomberie Et la dicte besoigne sera faicte et parfaite et parachevee dici                                                     a la feste de la sainct Jean Baptiste prochain venant et pour toutes les dictes fornitures peines travaux et vacations le dict sieur de la Terrasse a promis et sera tenu donner et payer au dict Beaulieu la somme de cinquante scuts dor seleilh de laquelle somme luy en a paye la somme de vingt scutzsol realement a la presence de moy notaire en vingt scutz sols realement nombres et les autre trente scutz sol restans le dict sieur de la Terrasse luy a promis payer apres que la dicte besoigne sera faicte parfaicte visite et retenue car jusqu alors le dict Bonnieux a dict ne vouloir argent et avec ce establys en leurs personnes Ramond de Lambrespy dict Motalpa macon et Guillaume Roset fustier habitans de Toulouse lesquels tous deux ensemble et chacun deulx seul et l’un pour l’autre principalement et pour le tout ont plege et cautionne pour le dict Simon Beaulieu present et ont promis au dict sieur de la Terrasse present de luy faire faire la dicte couuverture de la forme maniere et. dessus specifies et pour ce faire s en sont reconnus pour principaux facteurs et debiteurs et le dict Beaulieu leur a promis les relever indemnes de tous despens dommages et interets (tribunaux habituels ? garanties habituelles) Present Jehan Delpech plombeur et Mathurin Berou fustier. 


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    10. Toulouse, 12 avril 1544. Marché de construction de « trois logis » et du « corradou » avec portes et fenêtres, passé entre Pierre Potier et Jacques Séguy maçon de Toulouse (A.D. 31, 3 E 5207, f° 107).

Priffaict de massonerie pour le seigneur de la Terrasse

    L’an mil cinq cens quarante quatre et le douzieme jour du mois d’avril regnant Francois etc en la cite de Toulouse et dans la maison du seigneur de la Terrasse par devant moy notaire estably en sa personne Jacques Seguy maistre macon de Thoulouze lequel de son bon gre a prins a faire a priffaict et promis a noble et puissant seigneur Pierre Potier scuyer seigneur de la terrasse et de Saint Helix present faire la besoigne de maconnerie qu est specifiee a certains pactes entre les dictes parties faicts passes et accordes desquelles la teneur sensuit Ce sont les articles desquels Monsieur de la Terrasse veut faire en son chasteau de Saint Helix Premierement le maistre masson que prendra a faire le dict ouvrage sera tenu de faire trois logis ayant chascun dix canes de longour ou environ et de autour vingt pams de sorte que les sommiers sont arasés et la dicte muralhe aura despesseur ainsi que et apres la ou fault prendre et pour la comancer de fere ce dessus Item plus sera tenu lier les dicts lougies avesques les murailhes que portent les cheminees esgales des autres Item plus sera tenu fere es dicts lougis toutes les portes asaude et les pied droits de brique sauf que a chascune porte aura deux gafonieres et une barroliere et aussi la couverte
    sera faicte de pierre blanche et le soleil de peyre rose et sera fait tout le dessus a chacune porte et en fera toutes que sera besoing comme las portas de bas des autres corades sauf que les pies dreys seront de brique comme dessus est dict. Item plus sera ténu le dict masson de monter troys corades de la longour des dicts cors de lougys et fere les voultes au fason de breses [berceau] comme luy sera monstre par susdict qu il playra au dict sieur de la Terrasse et las susdictes voultes auront une teule de long despesseur. Item plus sera tenu le dict masson fere deux portes ayant un maynier al mitan lequel portara deux batens et sera faict de pierre de talhe et aussi les pieds dreys des dictes portes se feront devers la myne del dit sieur et au bot del dite corade Item plus sera tenu fere per desus les dictes portes une fenestre bastarde a deux voutes en fasant ung maynier al mytan per portar la coverte de peyro des dictes fenestres laquelle aussi sera de peire de talhe de cap a pied et deffera la muralhe du dict bout de coradour. Item plus sera tenu fere le dict masson tout ce dessus a ses propres costs et despans comme teule chaux sable
    pierre boys postam pasimente de lougie tout ce qui sera fait rendre le tout parfaict a ses despens sauf que le dict sieur de la Terrasse sera tenu de luy rien fornir sinon eschelles. ; de y a et. tera les r. rr. sdes de pierre de talhe que y sont comprises les rompre (?) et les mettra et… tous affin qu’elles ne se gastent Item plus est pacte que le dict sieur de la Terrasse donne au dict mestre de tout ce dessus la somme de quatre cens cinquante (soixante) [barré] cinq livres tournois et lesquels pactes dessus inseres et conttenu dans iceulx des dictes parties et chascune d elle ont promis tenir faire accomplir de poinct en poinct et ne y contrevenir et le dict Seguy a promis d’avoir faicte parfaicte et parachavee la dicte besoigne d’icy partout le mois de fuillet prochainement venant et le dict sieur de la Terrasse luy a promis payer la dicte somme de quatre cens cinquante cinq livres de jour en jour ainsi que la dicte besoigne se continuera et en deduction en a recu ving livres tournois reellement present moy notaire en deus scuts soleilh et dix sols tournois monnaye et s’en tient pour content et en quite le dict
                                                                                                                                                                    sieur avec pacte et sous l’obligation (garanties habituelles-tribunaux habituels) temoins Laurens Clary et Michel Valentin bazochien et Guillaume Castel masson habitans de Toulouse et de moy
 
 

    11. Toulouse, 16 avril 1544. Association entre Jacques Séguy et Guillaume Castel et Pierre Armilhac, maçons de la ville pour exécuter le marché signé le 12 avril 1544 (A.D. 31, 3 E 5206, f° 107).

Association en ouvrage de massonerie par Jacques Seguy Guillaume Castel et Pierre Armilhac.

    Ainsi soir advis que Jacques Seguy masson de Toulouse esut prins a prix faict a faire certaine besoigne de massonnerie de noble Pierre Potier scuyer seigneur
                                                                                de la Terrasse a son chasteau de Saint helix comme est contenu aux pactes entre eux accordes et instrument… passes par moy notaire soubsigne retenus le douziesme jour d’avril mil cinq cens quarante quatre a ceste cause aujourd’hui seiziesme jour du dict moys d’avril au susdict mil cinq cens quarante quatre regnant Francois et en la cite de Toulouse e dans la boutique de moy notaire soubsigne estably en sa personne le dict Jacques seguy lequel de son bon gre a prins pour compagnons a faire la dicte besoigne especifiée au susdict instrument pour garder et en compagnie mys et associe scavoir est Guillaume castel et Pierre Armilhac maistres massons habitans de Toulouse illec presents et lesquels Castel et Armilhac ensemble le dict Seguy tous trois ensemble ont promis. a l avenir faire la dicte besoigne specifiee au dict instrument et dicts pactes especifies et le dict Seguy a aussi promis ainsi que sera tenu faire… proportion aux dicts Castel et Armilhac de la somme de quatre cens cinquante cinq livres tournois specifies au dict instrument… faite et en bailler a chascun la tierce partie ainsi quele dict sieur de la Terrasse la payera et baillera Item est pacte convenu et accorde que chascun ds dicts seguy Castel et Armilhac a promis faire son debvoir a la dicte besoigne et brelever l’un l’autre par cotta de la dicte besoigne et quand tous trois ou chascun d’entre eux ne y pourront vaquer la dicte besoigne en baillant pour chascun d’eulx ung compagnon… et souffisant pour faire la dicte besoigne les dicts compagnons seront receus et tiendrons en lieu
                                                                                                                                    des maistres et tout ce ont promis tenir et ne y


M.S.A.M.F., T. LVI, page 147

contrevenir [tribunaux habituels-garanties habituelles] Present Michel Balentin bazochien Laurens Clari et Antoine Maciton macons de Toulouse temoings a ce appeles et de moy.
 
 

    12. Toulouse, 14 septembre 1545. Marché passé entre Pierre Potier et Joseph Greyssier, maître verrier de Toulouse, pour la fourniture des vitres et vitraux du château (A.D. 31, 3 E 5210, f° 101). Date rectifiée.

    L’an mil cinq cens quarante cinq et le quatorziesme jour du mois de septembre regant Francois en la cite de Toulouse et dans la maison du seigneur de la terrasse par devant moy notaire estably en sa personne Joseph Greyssier me verrier de Toulouse lequel de son bon gre etc a prins a pris faict et promis faire a noble Pierre Potier scuyer seigneur de la Terrasse et de Saint Helix secretaire du Roy notre sire illec present scavoir est liy faire tant de verrines a son chasteau de saint Helix que le dict sieur y voldra faire faire et a chacune vitre sive verrine sera tenu faire et mectre une devise au millieu avec les scriptaulx par dessoubz selon la devise que y syront et a chacun angle sive coing de chascune verrine y mettra une medailhe qui syront bien cuytes et les lettres bien faictes formees et remplies et le demeurantdes dictes verrines sera en verre blanc le tout bien plombe de plomb bien spoix et bien lie et de bon verre de Loraigne bien nect Lesquelle vitres le dict verrier sera tenu aller pauser au dict chasteau et fornira tous clous necessaires a les pauser a ses despens et en fera tant de vroisieres que le dict sieur de la Terrasse bon semblera y faire faire et commencera a besoigner au premier jour et continuera tant que le dict seigneur voldra et le dict sieur de la Terrasse a promis donner et payer au dict Gressier pour les dictes fornitures penes et travaulx la somme de trois sols tournois pour chaque pam carre pause mys et ourne et luy a paye en deduction des dictes vitres la somme de huit scuts dor soleilh. reallement a la presence de moynotaire desquels huit scuts ledict verrier s esyt tenu pour content et en a quite le dict sieur de la Terrasse Pour le surplus que monteront les dicte vitres le dict sieur de la Terrasse a promis payer au dict Greyssier verrier de jour en jour ainsi que la dicte besoigne se fera et continuera sur l’obligation [tribunaux habituels-témoins sans intérêt].

    Cancellation

    L’an mil cinq cens quarante six et le vingt sixiesme jour d avril Joseph Gressier a cofesse avoir recu de noble Pierre Potier sieur de la Terrasse la somme de neuf livres tournois baille par moy notaire en quatre scuts sol et a eu paiement de la besoigne contenue au present instrument et outre a receu la somme ci devant En presence de M. Me Roure huissier de la chacellerie…
 
 

    13. Toulouse, 17 septembre 1545, marché de plomberie passé entre Pierre Potier et Bernard Valenton, plombier de Casteljaloux en Bazadais (AGHG, 3 E 5 212 f° 109).

Prix fait de plomberie pour le seigneur de la Terrasse

    L’an mil cinq cens quarante cinq et le dix septieme du mois de septembre regnant Francois etc dans la cite de Toulouse et dans la maison de noble Pierre Potier scuyer seigneur de la Terrasse par devant moy notaire establi en sa personne Bertrand Valenton plombier habitant de la ville de Castel Gelos en Bazadaois lequel de son gre a promis a noble Pierre Potier squier seigneur de la Terrasse et de saint Helix secretaire du Roy notre sire present luy
                                                                                                                                            fere et couvrir de plomberie quatre pams de couverture destoc garny une tour estant au chasteau de Saint Helix icelle qui est maintenant preste a couvrir et lequel Valenton a dict et affirme au dict seigneur de la Terrasse y avoir besoin pour icelle couvrir de pomberie quinze quintaulx de plomb et seize livres d’estaing et non plus et avec la dite monition la […] sans ce que le dict sieur de la Terrasse soit tenu lui en bailler davantage au cas il en y failloir plus le dict Valenton sera tenu le fornir a ses despens […] que luy a affirme de present en y avoir assez des dicts quinze quintals plomb et seize livres staing et sera tenu faire la dicte couverture et besoigne en la forme maniere et tout insi qu est convenu à un pourtraict entre les mains du capitaine du dict Saint helix et le dict sieur de la Terrasse sera tenu luy fornir tant seulement les plombs staing clous et fer necessaires et le dict Vallenton fere et pourté tout le demeurant a ses pespens et aura faict et parfaict dicy a la feste de Touts les Sainctz prochain venant et apres la dicte besoigne faicte sera visitée par mestres a ce entendus pour scavoir sy la dicte besoigne sera bonne et bien faicte selon le dict pourtraict et au profit de la maison et pour ses peines travaulx despens et autres fornitures le dict seigneur de la Terrasse a promis et sera tenu donner et peyer au dict Vallenton la somme de cinquante sols tournois
                                                                                                                                                                                        pour chacun quintal ouvre et pouse et laquelle somme le dict seigneur de la Terrasse a promis et sera tenu payer au dict Vallenton incontinent apres la dicte besoigne faicte pousee visitee et que aura este retene et trouvee bonne par experts et le refere a ses propres couts et despens et avec ce estably en sa personne Bertrand de Capdeport maistre porpoinctier de Toulouse deumeurant a la rue de Servinhieres lequel a plege et cautione pour le dict Vallenton et a promis au dict sieur de la Terrasse luy fere la dicte besoigne en la forme et maniere et dans le temps dessus specifie et acomplir tout ce dessus et pour ce faire a faict son propre et privé faict et dette et constitue principal facteur et debiteur et le dict Vallenton la promis relever indemne de tous despens dommages et interets sur la dicte obligation […]. 


M.S.A.M.F., T. LVI, page 148

    14. Toulouse, 17 septembre 1545, marché pour la couverture d’ardoise de la tour sud-ouest, passé entre Pierre Potier et deux couvreurs de Bordeaux Jean Folcher et Nicolas Sanias (A.D. 31, 3 E 5211, f° 111).

Autre prix faict pour le dict seigneur de la Terrasse

    L’an mil cinq cens quarante cinq et le dix septembre jour du mois de septembre regnant Francois etc en la ville de Toulouse et dans la maison du seigneur de la Terrasse par devant moy notaire establis en leurs personnes Jehan Folchier (plombeur barre) et Nicolas Sanias recouvreurs citoyens de Bordeaux lesquels tous deux ensemble et chacun deulx seul et ung pour l’autre et l autre principalement et pour le tout sans division ont promis a noble Pierre Potier scuyer et sieur de la Terrasse et de Saint Helix secretaire du Roy notre Sire illec present luy recouvrir d’ardoyse la tour qu est dresse et preste a recouvrir a son chasteau de Saint Helix et laquelle tour les dict recouvreurs seroient tenus recouvroir d’ardoyse a joinct de quart et fendre la late et la rendre preste pour mestre en besoigne et apres rendre la dite late et ardoyse posee sur la dicte tour et les sclatès sive stelles seroient pour le chauffage et acoustrer le mangier des dicts recouvreurs et le dict seigneur de la Terrasse fornira lardoyse cloux et late fendue en quartiers et seront tenus les dicts recouvreurs aller choisir la latte au boys et apres l avoir choisie le dict seigneur de la Terrasse sera tenu la faire porter sur le lieu en rondaulx ou a quatre quatiers et commencront aux premier jour et auront faicte et parfaite dici a la feste de Noel prochain venant et le dict seigneur de la Terrasse leur a promis payer pour leurs peynes et travaux et despens la somme de cent livres laquelle somme le dict seigneur leur a promis payer de jour en jour ainsi qu ils feront la dicte besoigne et oultre ce ont les dicts recouvreurs receu du dict seigneur de la Terrasse la somme de quatre scuts sol pour les journees et despens qu ils ont faictes despuis le despartement de Bordeaux
                                                                                                                                    jusques au jou present et ne sera tenu le dict seigneur de la Terrasse de leur payer le retour se n’est seullement la dite somme de cent livres et apres la dicte besoigne faicte sera visitee si elle sera duement faicte et si n’estoit trouvee bonne seront tenus la reabilher que… biens a leurs despens et le dict seigneur de la Terrasse leur a baille en deduction la somme de dix scuts solel desquels se sont tenus contens et en ont quiete le dict seigneur de la Terrasse avec pacte etc et tout ce dessus ont promis tenir et ne pas contrevenir sur l’obligation etc ont voulu estre contrainctz par les rigueurs du scel mage… [tribunaux habituels-garanties personnelles] pressens a ce Bidault habitant de Toulouse et Bernard Valenton plombeur habitant de Chateau Gelos en Bazadois temoins a ce appeles.
 
 

    15. Toulouse, 25 mai 1546, marché passé entre Pierre Potier et Jehan Comye, plombier de Beauvais en Beauvaisis pour la pose des ardoises et la plomberie de la tour de l’Horloge (nord-est) et le lanternon de l’horloge et annulation de l’acte, le 5 juin 1546 (A.D. 31, 3 E 5214, f° 278).

Autre prix faict pour le dict seigneur de la Terrasse

    L’an mil cinq cens quarante six et le vingt cinquiesme jour du mois de may regnant Francois etc en la cite de Toulouse et dans la maison du seigneur de la Terrasse par devant moy notaire estably en sa personne Jehan de Comye compagnon plombeur de Beauvay en Beauvassis au pays de Picardie lequel de son bon gre a promis a noble Pierre Potier scuyer seigneur de la Terrasse et de Saint Helix secretaire du Roy notre Sire present de lui couvrir tant d ardoyse que de plomberie une tour estant en son chasteau de St Helix et icelle tour ou est le hologie et aussi sera tenu couvrir la lanterne de arologe d ardoise a joinct de quart bien et duement et honestement et aussi faire la plomberie tant que sera necessaire pour couvrir tant ladicte tour que arologie l’antour et fera les dicts stocs [estoc] late lucarne et autres choses necessaires tant a la dicte couverture d ardoyse que plomberie bien duement et honestement encore que ne soit guere bien par le menu specifie ce que y conviendra fere Item est pacte que le dict de la Comye sera tenu recouvrir et mettre l’ardoise necessaire
                                                                                f° 279 a l’autre tour qu’est deja couverte et pour ce que le maistre que l’avait acoustree ceste presente annee ne l’a pas bien faist et sera tenu reacoustrer l estoc de la plomberie de la dicte tour et y mestre les plates et le plomb dessus le dict stoc et le bien et duement accoustrer selon la facon de plomberie et y mestre pour faire la dicte besoigne quatre vrais compagnons souffisants et non point apprentisses et commencera au premier jour et aura faicte et parachave le tout d icy a troys moys prochains venens a compter du jour et date du present instrument et le dict seigneur de la Terrasse sera tenu luy fornir et faire pourter sur le lieu toute late cloux ardoyse plomb estaing boys et charbons et non point courdaiges postes ne chefaux ne autre choses et pour les despens peynes et travaulx du dict Comye le dict seigneur de la Terrasse lui a promis payer et donner la somme de sept vingt livres tournois desquelles lui en a paye dix scuts sol reallement prsent moy notaire en monnaye reallement nombree en deduction des dictes sept vingt livres et le dict surplus de la dicte somme le dict seigneur de la Terrasse a promis payer au dict Comye de jour en jour ainsi que la dicte besoigne se fera et continuera Estably en sa personne Maistre Serve Cornoalhe peintre de Toulouse qui de son bon gre en a plege et cautionne pour le dict Comye et a promis au dict sieur de la terrasse illec present et a promis luy faire faire la dicte basoigne de laquelle cidessus est faicte mention en la forme maniere et dans le temps dessus especifie et au cas le dict Comye ne deroit la dicte besoigne le dict Cornoailhe a promis la faire faire a ses despens tout ainsi que cy dessus est specifie et pour le faire le dict de Cornoalhe en a faict son propre debte et s en est constitue et constitue principal facteur et debiteur obligeant ses personnes et biens [garanties réciproques-recours habituels-témoins sans intérêt] 


M.S.A.M.F., T. LVI, page 149

Cancellation : L’an mil cinq cens quarant esix et le cinquiesme jour du mois de juin parce que Jehan de Comye que avait pris a precedent prisfaict est venu malade ainsi que Serve Cornoailhe sa plege et caution a dict et remonstre a noble Pierre Potier sieur de la Terrasse qu’estoit venu malade et luy estoit impossible prendre la besoigne que avoit pris a faire lui suppliant de consentir a la cancellation de l’instrument offrant luy rendre les dix escus sol le dict sieur de la Terrasse a la supplication du dict Cornoailhe apres avoir recu les dicts dix escus sol a consenti a la cancellation du dict instrument a la supplication du dict Cornoailhe en presence de Me Marty Renoc huissier de la Chancellerie et de M. Raymond Moyne peintre

    16. Toulouse, 25 juin 1546, marché passé entre Pierre Potier et Arnaud Dorgueilh et Antoine Nolan, maçons de Toulouse pour aménager les pièces et cabinets des trois tours (A.D. 31, 3 E 5216, f° 344).

    Maison de Pierre Potier etabli Pierre Potier d’une part et Arnaud Dargueilh et Antoine Nolan maitres massons, accorde certains pactes touchant la massonnerie que le dict signeur de la Terrasse veult et entend faire a trois tours qu’il a a son chasteau de saint Helix desquels pactes la teneur sensuit ce sont les pactes passes et accordes entre M. de la Terrasse et Arnauld Dorgueilh et Antoine Nolan massons de Toulouse touchant certains batiments que le dict de la terrasse veult faire a son chasteau de saint Helix Premierement est pacte que les dict Dorgueilh et Antoine seront tenus faire trois tours ainsi que s’ensuit
    A savoir est faire a chascune tour une volta avec clef faicte a branches comme est faicte l’autre tour et après seront tenus la pagimeler par dessus de conpagiment bien cuyt et par le debas seont tenus la paver de calhou et la illusir par le dedans Item plus seront tenus les dicts massons pasimenter les autres tranailhes des dictes tours et faire les arcs des cheminees a molures a l’antique bien faicts et aussi seront tenus de faire les canons des cheminees de bonne teule bien cuyte et illusir toutes les dictes tours et monter les canons bien a plein affin que ne soient fumeuses et seront les dictes chemynees de la facon de la chemynee qu’est a l’autre tour et si les dictes chemynees estaient fumeuses les refferont a leurs despens Item seront tenus illusir tous les cabinets et les pasimenter de bon pagiment bien cuyt Item plus seront tenus de faire par dessus les arcs des chemynees une corniche pour tenir les emboles faicts ainsi qu’estqu’est la raison de bonne tuyle bien cuyte Item est pacte que si a la tour de la prison y fault faire deux arvoults les susdicts massons seront tenus les y faire a mode de four Item plus seront tenus les dicts massons de araser les
                                                                                                            f° 345 les sablieres de maçonnerie et les pagimeler comme l’autre tour qui est faicte a présent et se falet rien faire a la dicte tour seront tenus le faire touchant la dicte de massonerie encore que ne soit ycy speciffie Item plus est pacté que les susdicts massons sont tenus de fornir a faire tout ce dessus toutes choses necessaires comme teulle piere chaulx sabble boys postain calmes clavels et autres choses a ce necessaires sans ce que le dict seigneur soict tenu rien fornir ny bailher Item plus est pacte que le dict de la Terasse donne de chaque tour aux susdicts maistres la somme de quatre vingt livres tournois reallement present moy notaire en onze doubles ducats et le surplus de la dicte somme le dict seigneur de La Terrasse a promis leur payer de jour en jour ainsi que la dicte besoigne se faira et avec ce establis en leurs personnes Maistres Laurens Clary masson et Pierre faget sergent ordinaire de la tresorerie lesquels tous deux ensembles et chascun deulx seul et pour le tout ont pleige et cautionne pour les dicts Dargueilh et Nalon et promis faire la dicte besoigne et accomplir ce dessus tout ey ainsi mesme forme et maniere que cy dessus est specifie Present Pierre Lucas habitant de Toulouse Marc Roure huissier de la chancellerie

    17. Toulouse, 18 juillet 1546. Marché passé avec Nicolas Grassin et Bernard Born, « couvreurs d’ardoises » de Bordeaux pour la couverture des trois tours sur le modèle de celle qui est terminée (A.D. 31, 3 E 5214, f° 398).

    L’an mil cinq cens quarante six et le huitesme jour du mois de juillet regnant Francois etc en la cite de Toulouse et dans la maison du dict noble Pierre Potier sieur de la Terrasse et de Saint Helix secretaire du Roy notre Sire par devant moy notaire establys en leurs personnes Nicolas Grassin dict Brisefert et Bernard Born recouvreurs d’ardoise habitans de la cite de Bordeaux lesquels tous deux ensembles et chascun deux seul un pour l’autre et l’autre principalement pour le tout de leur bon gre ont promis au dict Potier sieur de la Terrasse illec present scavoir est lui couvrir d’ardoise les troys tours que sont a recouvrir a son chateau qu il a faict faire au dict Saint helix comme est couverte l autre tour qui est deja couverte d’ardoyse ensemble les oteauts et veves necessaires Item seront tenus les dicts recouvreurs recouvrir bien et deuement d’ardoise la lanterne et piliers de lareloge estant sur une des tours que sont bien et duement revestus sellon l art de leur mestier et a dicte de maistres laquelle couverture de toutes les dictes trois tours lanterne et piliers sera comme dict est d’ardoise a joint de quart bien duement et honnestement faicte et feront les dicts maistres les estocs lattes lucanes et autres chouses necessaires a la dicte couverture d’ardoyse entourees de ce que y conviendra faire et reparer ce que sera necessaire a l’autre tour qu’est couverte et le tout bien et duement accouster
                                                    f° 398v° selon leur art et mestier et pour parfaire la dicte couverture le dict seigneur de la Terrasse sera tenu fornir toute la latte cloz ardoyse et autres choses necessaires a la dicte couverture d’ardoyse (sauf) le cordage et chaffauts que les dicts maistres forniront sauf ce que y est que les dictsq maistres pourront prendre et les dicts recouvreurs commenceront au premier jour et continueront jusques a la fin sans cesser et y mettront tant de compagnons souffisants qu’ils pourront avoir et finir et avoir faicte parfaicte et parachavee a dicte de maistres la dicte besoigne d’icy a la feste de Tous Saincts 


M.S.A.M.F., T. LVI, page 150

prochain venant a leur propres cots et despens et poiur ce faire le dict sieur de la Terrasse leur a promis donner et payer pour chacunetour la somme de cent livres tournois et vingt livres tournois pour couvrir tant la dicte lanterne piliers de larologe que pour les despens qu’ils ont faicts pour estre venus de Bordeaulx jusques icy et qu’ils feront lorsque ils s’en retourneront au dict Bordaulx quand ils auront faict le dict ouvrage de laquelle somme le dict sieur de la Terrasse en a paye au dict recouvreurs reallement a la presence de moy notaire la somme de trente livres tournois en treize escuts sol et quinze sols tournois de monnaye de laquelle somme les dicts maistres se sont tenus pour contents et en ont quite ledict sieur de la Terrasse avec pacte que la somme restante ledict seigneur de la Terrasse a promis payer aux dicts recouvreurs de jour
                                                  f° 399 en jour ainsi que la dicte besoigne se fera sur l’obligation [tribunaux habituels] present Jehan dict Jehannet de la Croix du lieu de Salles diocese de Rieux et Jehan Barrau du lieu de castelnau de Montmirail diocese d’Alby temoins.

Cancellation

L’an mil cinq cens quarante six et le dix huitiesme du mois de decembre establis en leurs personnes Bernard Born et Nicolas Grassin dit Brisefert et autres deux leurs compagnons lesquels ont confesse avoir eu et recu de monsieur Pierre Potier secretaire du Roy notre Sire et sieur de la Terrasse par les mains de Monsieur Marc Rouve huissier de la chancellerie la somme de trente livres dix sous et ce pour raison et a cause de avoir acoustre le pavillon et cheminee et autres choses au chateau de Saint Helix de laquelle somme les dicts dessus nommes ont este payes pour vingt trois jours a raison de huit sous por jour pour chascun d’eulx que monte a la dicte somme de trente quatre livres tournois de laquelle somme se sont tenus pour contens et ont quite le dict sieur de la Terrasse avec pacte de ne leur rien plus demander pour raison de ce dessus.

    18. Toulouse, 26 mars 1547. Prix fait passé entre Pierre Potier et Jean Lebon, horloger de Toulouse, pour la fourniture d’une horloge qui occupera un petit pavillon en haut de la tour nord-est du château de Saint-Élix (A.D. 31, 3 E 5221, f° 9).

Prix faict pour pauser une arologe pour noble Pierre Potier, Sr de la Terrasse

    L’an mil cinq cens quarante sept, et le 26e jour du moys de mars.
    Estably en sa personne, Jehan Le bon, arologeur de la cité de Thoulouze.
    Lequel, de son bon gré, a promis à noble Pierre Potier, scuyer, Sr de la Terrasse, de lui ferrer une cloche, qu’il a a son chasteau de St Helix, pour sonner a arologe et la pouser dans ung petit pavillon, et luy fornir ung mouvement d’arologe, ensemble le gimon du cadran et les contrepoix de pierre à bocles et cordes, et toutes aultres choses nécessaires au pausement et sonnerie dud, arologe, refaire la charpenterie et la peinture, que led. Sr de la Terrasse fera faire, ainsi que bon luy semblera, et à la monstrée ; et sera tenu aussi fornir et mettre le batailh à lad. cloche, et les contrepoix yront en sus, au dessus du movement, sans fracture. Et lequel arologe sera tenu led. le Bon pouser a ses propres coustz et despens et le randre pousé et sonnent, que ny failghe rien, mais bien acoustré au dire d’expertz et maistres à ce entendeus, et le tout avoir faict et achavé dans trois sepmaines après la feste de Pasques prochaine, et plus tost s’il est poussible.
    Et pour toutes lesd. fornitures, peines et trevaulx led. Sr la Terrasse a promis donner et payer aud. le Bon la somme de 20 escus sol, etc.

 


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