Mémoires |
L'APPUI DE COMMUNION DE L'ÉGLISE SAINT-PAUL D'AUTERIVE
par Louis LATOUR *
Cette édition électronique respecte la mise en page de l'édition imprimée des Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LVI, 1996, dont nous indiquons la pagination. (Mise en page html : Cécile Glories, juillet 1999.)
M.S.A.M.F., T. LVI, page 251
Paris, comme toujours, imposait la mode : seulement la province,
douée dune indépendance dallures qui fut jusquà la fin du
dix-huitième siècle un des traits fondamentaux des murs françaises,
naccepta pas en bloc le nouveau style antique avec ses exagérations de sécheresse
et de maigreur : les principes généraux restèrent partout les mêmes, mais chaque
région les modifia dans le détail selon son goût à elle et ses traditions. De là
lintérêt qui sattache aux recherches de ces tentatives, maladroites parfois,
favorables le plus souvent, qui dénoncent à ce moment dans chaque coin de notre pays une
vie intense ; de là le plaisir de découvrir ces artistes locaux, entourés, choyés,
poussés à bien faire par leurs concitoyens, et qui, à côté du désir de laisser
derrière eux des uvres durables, furent entraînés vers le beau et la grâce par
ce mouvement général que subissaient les Français dalors à confondre dans une
égale admiration tous les chefs-duvre, que ce fût peinture, sculpture,
céramique, fers ou meubles. Baron R. de Bouglon** |
La ville dAuterive, dévastée par les protestants en 1574, ne se remit que lentement de sa ruine. Ses églises détruites, cest la chapelle de la Confrérie Sainte-Trinité, dans lhôpital de la ville, qui accueillit pendant un quart de siècle la communauté paroissiale pour la célébration des offices divins.
La reconstruction et lembellissement de léglise
Léglise intra muros,
primitivement dédiée à saint Michel, fut rebâtie de 1599 à 1618 et devint la nouvelle
église paroissiale sous le vocable de Saint-Paul. Elle reçut en 1607 un retable de
noyer, uvre conjointe du sculpteur toulousain Arthur Legoust et du menuisier Hugues
Coculas (1) puis, en 1691, un orgue de quatorze jeux commandé à François du Fayet,
facteur dorgues lyonnais (2).
Pendant la première moitié du XVIIIe siècle, la mauvaise gestion de
la ville par Gabriel-Étienne de Calvet juge et maire (3) eut des répercussions
sur lentretien et la décoration de léglise qui ne cessèrent de se
dégrader. En 1746,
* Communication présentée le 6
février 1996, cf. « Bulletin de lannée académique 1995-1996 », infra p.
301.
** R. de BOUGLON, « La ferronnerie Louis XVI à Toulouse », dans Album
des monuments et de lart ancien du Midi, S.A.M.F., Toulouse, 1897.
1. A.D. 31 : 3 E 15 740, f° XIV et XV.
2. A.D. 31 : 3 E 15 870, 2 novembre 1691, Hiérosme Brus notaire.
3. BARRIÈRE-FLAVY (C.), « Un magistrat royal au XVIIIe siècle,
Gabriel-Étienne de Calvet juge et bailli dAuterive », Revue des Pyrénées,
éd. Privat, 1904.
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le curé de Saint-Paul, Hector
Daldeguier, en fut réduit à vendre le lampoisier (4) et létain de
lorgue pour payer, sur ordre du maire, la réparation de léglise
La situation changea, au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle,
grâce à lardeur novatrice et à la générosité de la Confrérie Sainte-Trinité
(5). Celle-ci possédait à Puydaniel des terres qui lui rapportaient près de vingt
setiers de blé chaque année. Cette richesse relative lui permit, en 1748, de commander
à Grimes, marbrier de Caunes-Minervois, un magnifique autel en marbre griotte avec une
corniche et des consoles gris agate et des incrustations de marbre brelatel
dEspagne. Lautel fut complété par un retable du sculpteur toulousain Antoine
Rustan et lensemble de la chapelle fut doré par François Mortreuil en 1754.
Les autres confréries ne tardèrent pas à limiter et se
dotèrent à leur tour de splendides autels en marbre de Caunes.
En 1783, enfin, toujours sous limpulsion de la Confrérie
Sainte-Trinité, la paroisse commanda à Grimes le maître-autel, les adorateurs et
lensemble de colonnes et de revêtements de marbre du grand retable. Au début de la
Révolution, léglise Saint-Paul pouvait senorgueillir de posséder onze
autels de marbre : le maître-autel et les autels des dix chapelles latérales (6).
La commande de 1789
Cest
pour parachever cet embellissement général de léglise que la paroisse commanda en
1789 un appui de communion en fer forgé et le carrèlement de lensemble du
chur.
La commande nous est connue par un document des Archives Paroissiales
dAuterive, les comptes de dépenses de la (Confrérie) Ste Trinité pour servir
de double pour lannée 1789 commensée à la feste de la Ste Trinité et finissant
à pareil jour 1790. Au nombre des dépenses, on relève :
Le 5. 8 bre (1789) avons passé police avec Me Perie serrurier de
Villenouvelle pour faire un appui de communion au prix de deux cens cinquante livres
[
] (7).
La grille coûtera en fait bien plus cher. Le relevé des paiements
successifs au serrurier, doctobre 1789 à avril 1791, élève la dépense à 475
livres auxquelles sajouteront 471 livres pour le carrèlement du chur. Cette
dépense totale de 946 livres sera prise en charge pour la plus grande part par la
Confrérie Sainte-Trinité, luvre de léglise Saint-Paul et les
autres confréries ne participant que pour la somme modeste de 203 livres soit à peine
plus de 20 %. Il est vrai que la Confrérie Sainte-Trinité est alors relativement riche :
le blé quelle reçoit pour ses terres de Puydaniel, aux prix records des années
1789 et 1790, lui rapporte en deux ans plus de neuf cents livres (8).
Ce prix de 475 livres pour un appui de communion de 12,80 m de
longueur, soit environ 7 cannes 1 empan, est relativement modeste. Il équivaut à une
dépense de 67 livres la canne, à comparer à celle de 80 livres la canne payée à Ortet
pour la rampe du château de Larra, en 1764, ou au prix global de 800 livres pour la
balustrade réalisée par Ortet en 1750 pour léglise des surs tiercerettes de
Toulouse (9).
Lappui de communion
Chaque demi-grille comprend un flan formant portillon latéral, un petit panneau, un grand panneau et un portillon central, séparés par trois pilastres identiques (Pl. I).
4. Lampoisier : lustre.
5. LATOUR (L.), « La gestion et ladministration dune
confrérie sous lAncien Régime : la vénérable confrérie Sainte-Trinité érigée
en léglise paroissiale Saint-Michel-Saint-Paul de la ville dAuterive », M.S.A.M.F.,
t. XLIX, 1989, p. 147 à 189.
6. A.D. 31. Série L n° 4154 (ancienne cote), page 20.
7. Archives paroissiales dAuterive Saint-Paul, n° 171.
8. 1789 : 20 setiers de blé à 21 livres 10 sols : 430 livres. 1790 :
20 setiers de blé à 22 livres : 440 livres. En 1791, les 20 setiers, vendus à 15 livres
chacun, ne rapporteront plus que 300 livres.
9. PELOQUIN-CAVAILLÉ (D.), Le fer forgé à Toulouse au XVIIIe
siècle, Diplôme de maîtrise, direction Yves Bruand, Université Toulouse-Le Mirail,
octobre 1988.
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Pl. I.
LAPPUI DE COMMUNION DE LÉGLISE SAINT-PAUL. |
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Pl. II. UN GRAND
PANNEAU : |
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Chaque panneau
est composé dun châssis extérieur et dun double cadre dont les lignes
brisées se coupent à angles droits. Dans la partie médiane, les lignes de ces fers
sassouplissent pour encadrer de volutes ou pour soutenir le médaillon central. Un
troisième cadre, plus léger, renferme les ovales qui servent de soutien aux éléments
en tôle repoussée. Les cadres et le châssis sont fixés entre eux par des éléments de
liaison ronds, ovales ou dérivés du rectangle. Des frises de petites volutes en S
décorent les longueurs des panneaux.
Dans la planche II, la dissociation des éléments forgés et des
décors en tôle repoussée permet de mieux saisir lintention de lartisan et
lharmonie quil a su réaliser. Dans la partie forgée il y a un contraste
voulu entre les deux hauteurs et les deux longueurs du cadre : alors que les volutes
horizontales attirent lil sur les longueurs, cest lagencement
habile des lignes brisées qui retient plus longuement lattention sur les parties
verticales. Pleins et vides se juxtaposent judicieusement : les frises de volutes
resserrent la grille dans sa bordure alors que les grands ovales laèrent dans sa
partie centrale (Pl. II).
Le décor de tôle repoussée vient sinsérer heureusement dans
cette zone aérée, selon un axe horizontal majeur situé dans la partie médiane et un
peu au-dessus, et selon un axe vertical déterminé par le médaillon central et le grand
fleuron inférieur.
Le décor estampé de chaque panneau est composé de deux draperies aux
plissés bien dessinés qui recouvrent en partie quatre chutes de feuilles de laurier
inscrites dans de grands ovales. Dans les grands panneaux, les chutes de feuilles sont
séparées par des rosaces à quatre pétales inscrites dans les cercles médians.
Le grand fleuron du registre inférieur est serré entre les volutes du
cadre. Au-dessus de lui, deux grandes feuilles dacanthe entourent le médaillon
central. Elles jouent ici le rô1e des rocailles de lépoque Louis XV et mettent en
relief le motif des médaillons en tôle repoussée.
On retrouve dans les portillons centraux le double cadre des panneaux.
Les lignes brisées y forment les mêmes motifs géométriques mais ne se terminent pas en
volutes. Ni courbes, ni frises de volutes en S : on ressent ici une plus grande rigidité
assouplie seulement par les éléments de liaison ronds ou ovales, par lépingle
inférieure (10) et surtout par le médaillon estampé surmonté dun grand nud
de ruban.
Les flans servant de portillons latéraux sont décorés des mêmes
motifs géométriques mais le cadre intérieur se termine en doubles volutes entourant
deux grandes feuilles dacanthe finement découpées qui encadrent un grand cur
en tôle repoussée. Les éléments de liaison sont des ronds et des ovales, mais aussi
des éléments droits ou curvilignes dérivés du rectangle.
Les pilastres, enfin, qui séparent flans, panneaux et portillons, ont
un cadre unique à lignes brisées dans la partie supérieure mais qui évolue en double
volute dans le registre inférieur. Les volutes reposent sur un grand rectangle dans
lequel sinscrit un motif dérivé du rectangle qui est ici un élément décoratif
et non un simple élément de liaison mécanique comme dans les panneaux ou dans les
portillons. Les parties estampées sont dérivées de la feuille dacanthe : une
demi-feuille dans la partie géométrique supérieure, une feuille entière au-dessus des
volutes, prolongée vers le bas par un long pistil. Les feuilles sont finement
découpées, bien galbées, et surtout estampées avec beaucoup de netteté selon un
dessin dune grande élégance.
Lensemble de la balustrade témoigne de la recherche artistique
de celui qui la conçue, de sa connaissance des modèles parisiens et toulousains,
ainsi que de la maîtrise technique de celui qui la réalisée.
Des éléments de comparaison
Le serrurier
Perie a-t-il réalisé dans la région dautres appuis de communion de même qualité
? Pour nous en assurer nous avons visité toutes les églises du Lauragais toulousain, de
Toulouse à Revel, renfermant des grilles de communion du XVIIIe siècle inscrites ou
classées. Dans les églises dAuriac-sur-Vendinelle, Deyme et Belberaud, nous avons
pu admirer ainsi de très belles balustrades Louis XV dont les fers forgés tout en
volutes sornent dimportants motifs en tôle repoussée. Lappui de
communion de Nailloux, de facture assez modeste, voit apparaître une frise de losanges
inédite. Celui de Donneville comporte, à côté de panneaux Louis XV enrichis de
fleurons et de rocailles, des pilastres où les lignes droites côtoient de souples
volutes.
Cest encore plus loin, à Loubens-Lauragais et à Caraman, que
nous avons pu contempler enfin de très belles grilles de style Louis XVI.
10. Épingle : le terme est de D.
PELOQUIN, op. cit.
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Dans
lappui de communion de Loubens, daté de 1780, la partie centrale des panneaux est
composée de volutes sur lesquelles senroulent de grandes feuilles dacanthe
autour dun grand fleuron central. Mais un double cadre aux lignes brisées
sorne de motifs géométriques de pur style Louis XVI. Les pilastres reprennent ces
mêmes motifs géométriques qui ne comprennent plus que des éléments rigides assouplis
seulement par des décors estampés dérivés de la feuille dacanthe. Dans le bas
des panneaux nous remarquons, entre cadre et châssis, lélément de liaison
dérivé du rectangle déjà signalé à Auterive.
Non loin de là, léglise de Caraman construite au XIXe siècle
conserve la très belle grille de communion de léglise antérieure. Les fers de
remplissage dessinent un grand motif central en forme durne, entouré de volutes
soulignées par de grandes feuilles dacanthe en tôle repoussée. Le cadre, en fers
à lignes brisées, repose sur une longue ligne dépingles décoratives. Le
motif qui orne les hauteurs des panneaux, géométrique dans la partie supérieure, se
termine en bas par une grande volute. On retrouve ici encore lélément de liaison
dérivé du rectangle.
Ces deux très beaux appuis de communion de style Louis XVI offrent des
analogies certaines avec celui dAuterive : cadre géométrique à lignes brisées
dont le motif est repris dans les pilastres, persistance des lignes courbes dans la partie
centrale des panneaux, importance du décor estampé, usage des épingles et de
lélément de liaison dérivé du rectangle. Mais la conception et
larchitecture de ces grilles sont bien différentes de celles de la balustrade
dAuterive. À Loubens, par exemple, il y a opposition voulue entre les panneaux où
prévalent les lignes souples des volutes et la rigidité des pilastres où domine la
ligne droite, alors quà Auterive règne une unité plus grande dans le dessin des
panneaux, des portillons et des pilastres. Le vocabulaire des décors estampés est aussi
bien différent : limité à des fleurons et à des feuilles dacanthe à Loubens, il
senrichit à Auterive de médaillons, de draperies, de chutes de feuilles, de
rosaces et de nuds de ruban. Leur réalisation même est différente : les feuilles
dacanthe de Loubens et de Caraman, de grande taille, très découpées, à fort
relief, restent davantage dans la tradition Louis XV que celles dAuterive, plus
discrètes, moins déchiquetées, très finement travaillées mais au relief plus sage.
Un même serrurier travaillant daprès des cartons
dorigines diverses aurait-il pu réaliser des grilles aussi différentes que celles
de Loubens, de Caraman et dAuterive ? Oui, certainement, pour le travail du fer
forgé proprement dit. La réponse est plus réservée en ce qui concerne lestampage
des tôles qui nécessite une importante évolution de technique pour passer des grands
décors à fort relief à des éléments plus réduits, plus finement travaillés et à
relief moins accusé.
Dautres exemples ruraux
Une
prospection semblable (11) dans dautres secteurs ruraux de la Haute-Garonne a
confirmé la prédominance des décors Louis XV, tant dans la région de Cadours et
Grenade où les églises de Thil et de Pelleport conservent des grilles identiques
provenant sans doute dun même atelier, que dans le Bas-Comminges où les églises
de Muret, de Longages, de Marignac-Lasclares et de Lavelanet-de-Comminges présentent de
très beaux appuis de communion tout en courbes et en volutes avec, très souvent, un
motif central qui sépanouit en éventail tel une palme ou un bouquet de feuillage.
Seule la balustrade semi-circulaire de la petite église de Francon
(canton de Cazères) offre un cadre aux lignes brisées très semblable aux modèles
toulousains dépoque Louis XVI, mais dont les fers de remplissage, tant dans les
panneaux que dans les pilastres, perpétuent la souplesse et la grâce du style Louis XV.
Les exemples toulousains
Les églises toulousaines de Notre-Dame-du-Taur et de Saint-Pierre-des-Chartreux nous offrent les plus intéressants éléments de comparaison stylistique, même sil peut paraître prétentieux de comparer lappui de communion dune modeste bourgade rurale aux grilles prestigieuses des grands sanctuaires urbains.
11. Nous remercions ici Mme
FANTUZZO, dAuribail, qui a assuré cette prospection complémentaire dans la région
de Grenade et dans le Bas-Comminges.
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Dans
léglise du Taur, lappui de communion du grand autel est une uvre de
Bernard Ortet datée de 1778. Le cadre double, en fers à lignes brisées, entoure de
grands motifs en forme durnes reposant sur de longues épingles. Dans la
partie centrale, les fers de remplissage sassouplissent en lignes courbes pour
soutenir de grandes feuilles dacanthe très découpées. Dautres panneaux,
séparés des précédents par de longues chutes de feuilles, sont ornés de grands
médaillons ovales richement décorés, surmontés de nuds de ruban et accompagnés
de feuilles dacanthe. Des motifs en tôle repoussée reprennent, comme à Auterive,
le thème du Sacré-Cur, mais dans un environnement décoratif dune plus
grande richesse. Cest cependant dans les grands panneaux latéraux que se manifeste
pleinement lart original de Bernard Ortet. Autour dun médaillon ovale orné
soit dune grande rosace soit du taureau de saint Saturnin, sorganise un
splendide décor de fleurons et de feuilles dacanthe accompagnant les volutes de fer
forgé. Les fers de remplissage sont remplacés ici par des panneaux de treillis dont les
limites courbes prolongent le mouvement général du décor. Une grande harmonie se
dégage de lensemble où, loin de sopposer, courbes, droites, décor estampé
et treillis se complètent heureusement. Ajoutons enfin que la grille de
Notre-Dame-du-Taur utilise elle aussi de longues frises dépingles et
lélément de liaison dérivé du rectangle.
Lappui de communion de Saint-Pierre-des-Chartreux, presque
contemporain de celui dAuterive puisque daté de 1787, montre une évolution
radicalement opposée. Alors que la grille dAuterive combine harmonieusement les
lignes brisées de son double cadre avec les volutes et les décors estampés hérités du
style Louis XV, celle de Saint-Pierre évolue vers une plus grande rigidité des lignes,
du fait surtout de la large frise de grecques qui entoure tous les éléments de la
grille, du treillis central des panneaux et des motifs géométriques qui décorent
pilastres et portillons. Les oves encadrant le treillis, les coupelles de ce grillage et
les motifs dangle nadoucissent que peu limpression générale de
dépouillement et de lourdeur géométrique.
Si dans la majorité des églises de notre région, le style Louis XVI
réalise un heureux compromis entre lignes droites et lignes courbes, entre souplesse et
rigidité, entre grâce et classicisme, la grille de Saint-Pierre-des-Chartreux qui tend
à une plus grande austérité marque sans doute ici lultime évolution de cette
période.
Le cadre géométrique à lignes brisées
Les cadres
dont les fers dessinent des lignes brisées à angles droits, apparaissent à partir de
1760 environ (12). Labus des courbes et des volutes du style Louis XV conduit, par
réaction, à un raidissement des formes qui se manifeste dabord dans le cadre des
panneaux (Pl. III).
Létude systématique du remarquable inventaire photographique
des balcons, des rampes et des appuis de communion toulousains du XVIIIe siècle réalisé
par Danièle Peloquin-Cavaillé, nous a permis de relever les motifs géométriques les
plus fréquents (Pl. III, nos 1 à 8). Très variés en apparence, ils
dérivent en fait de modèles de base (nos 1 et 3) que chaque serrurier
personnalise par quelques détails originaux, dans le but évident de réduire la longueur
du segment vertical (nos 2, 4, 6). À Loubens et à Caraman,
loriginalité réside dans des éléments verticaux indépendants dont les lignes se
referment sur elles-mêmes (nos 9 et 10).
La particularité de la balustrade dAuterive consiste en un
croisement des fers du double cadre, dans le registre inférieur des panneaux. De ce fait
le fer qui est extérieur dans la partie supérieure devient intérieur dans le bas du
panneau, et inversement. Le but est évidemment déviter laspect grille de
prison que donnerait la répétition de barreaux verticaux. Le croisement des lignes donne
un motif proche du svastika qui attire et retient le regard, rythmant le déroulement des
flans, des panneaux et des portillons de la grille de Saint-Paul, et lui conférant une
originalité certaine (nos 12, 13, 14).
Nous navons pas retrouvé, en effet, dans les uvres
toulousaines dautres exemples de doubles cadres avec croisement des fers. Nous avons
observé cette particularité, en revanche, dans lappui de communion de la
cathédrale Saint-André de Bordeaux, daté de 1779 et dans un balcon de Dijon
dépoque Louis XVI (nos 15 et 16) (13). Dans les deux cas, le croisement
des fers évoque le motif géométrique dune grecque : la grecque ou plutôt le
guillochis double est utilisé comme graphisme de base pour le remplissage des panneaux
des portes, utilisant le trait en bâton
12. PELOQUIN (D.), op. cit.,
t. I, p. 77-78.
13. FAURE (Ph.), La ferronnerie dart dans larchitecture,
des origines à nos jours, Paris, 1978, t. 2, p. 71, 73.
M.S.A.M.F., T. LVI, page 258
Pl. III. CADRES À
LIGNES BRISÉES. |
M.S.A.M.F., T. LVI, page 259
brisé à la place de la courbe pour résoudre ladéquation du
carré (caractéristique des proportions des uvres de style Louis XVI) au cercle
(14).
Mais lusage exclusif des lignes droites ou brisées peut conduire
à une certaine raideur. Pour éviter cette rigidité, le double cadre de lappui de
communion dAuterive évolue, dans la partie médiane, en courbes et en volutes qui
entourent ou soutiennent le médaillon central. On retrouve cette même évolution dans
les pilastres où les lignes brisées de la partie supérieure se terminent par les
volutes qui soutiennent la feuille dacanthe. La double frise de petits fers en S
concourt au même résultat en évitant la sécheresse des frises géométriques.
Le décor en tôle repoussée (Planches IV et V)
Pl. IV. LES MÉDAILLONS EN TÔLE REPOUSSÉE. |
À la
profusion et à la luxuriance du décor Louis XV succède, à lépoque Louis XVI,
une ferronnerie estampée plus sage et plus ordonnée.
Lappui de communion dAuterive appartient à ce que
Marie-France Lacoue-Labarthe appelle le style Louis XVI riche où le décor en
tôle repoussée joue encore un rôle important en accompagnant, sans locculter,
larchitecture des lignes du fer forgé.
Si les grandes feuilles dacanthe, larges et bien galbées,
dominent encore dans les pilastres (fig. 1), elles se font plus légères dans les flans
et dans les panneaux où elles remplacent les rocailles de lépoque précédente
pour encadrer et mettre en valeur curs et médaillons.
FIG. 1. FEUILLE DACANTHE. Détail. |
Mais le goût
nouveau se caractérise aussi par la variété et la richesse du vocabulaire décoratif :
grandes draperies aux retombées harmonieuses, chutes de feuilles de laurier séparées
par des coupelles en forme de rosaces, fleurons resserrés entre les volutes, grands
nuds de ruban dans les deux portillons (Pl. V).
Les lignes du double cadre et le mouvement général du décor estampé
concourent à mettre en valeur les grands médaillons en tôle repoussée. Dans les flans,
lélément central est un grand cur le Sacré-Cur
surmonté dune flamme qui témoigne de lamour dont il est embrasé, thème que
lon retrouve dans les portillons de Notre-Dame-du-Taur. Dans les petits panneaux,
les médaillons représentent un ciboire et un seau muni de son aspersoir. Dans les grands
panneaux figurent des tabernacles en forme de pots-à-feu richement décorés. Les
portillons médians, enfin, sont ornés dun soleil ou ostensoir encadré
dépis de blé et dun calice entouré de rameaux dolivier (Pl. IV).
14. LACOUE-LABARTHE (M.-F.), «
Lart du fer forgé en pays bordelais de Louis XIV à la Révolution », Société
Archéologique de Bordeaux, Bordeaux, 1993.
M.S.A.M.F., T. LVI, page 260
Pl. V. DÉTAIL DES
DÉCORS ESTAMPÉS. |
Lensemble des médaillons rassemble ainsi des vases sacrés et des objets
liturgiques qui constituent dans le domaine religieux léquivalent des trophées
profanes épées, arcs, flèches, carquois
que lon retrouve
souvent, à la même époque, dans les édifices civils.
Quant aux grands nuds de ruban qui surmontent les médaillons des
portillons, ils représentent un motif apparu dès lépoque Louis XV mais qui
devient ensuite un élément caractéristique du style Louis XVI.
Les éléments de liaison « toulousains » (Planche VI)
Les éléments
métalliques qui permettent de fixer les cadres au châssis et les cadres entre eux sont,
à lépoque Louis XV, des ronds et des ovales parfois prolongés par des fers
ondulés rappelant des pistils. On retrouve dans la grille dAuterive des ronds et
des ovales qui assurent ce rôle de liaison. Mais on y trouve aussi des éléments
dérivés du rectangle qui jouent ce même rôle.
Ils sont constitués de douze éléments rectilignes assemblés à
chaud (15) qui, à laide de boules rivetées, permettent lassemblage des
cadres et du châssis.
15. Lobservation attentive de ces
éléments montre quil ne sagit pas dobjets moulés mais bien de fers
travaillés à la forge.
M.S.A.M.F., T. LVI, page 261
Pl. VI. ÉLÉMENTS
DE LIAISON DÉRIVÉS DU RECTANGLE :
|
Ces mêmes
éléments peuvent devenir des motifs décoratifs, comme cest le cas dans le
registre inférieur des pilastres et des portillons. On les retrouve encore, mais cette
fois curvilignes, entre les volutes qui entourent le cur au centre de chaque flan.
Ce motif décoratif est sans doute calqué sur les panneaux de pierre
ou de bois, à faible relief, échancrés aux quatre angles, qui décorent les murs ou les
boiseries de certains édifices (Pl. VI, n° 2) ; il est aussi apparenté à un motif de
ferronnerie qui figure dans le Nouveau livre de grille de Crépy (16), dont les
angles sont aussi remplacés par des échancrures courbes (Pl. VI, n° 1).
Droit, courbe ou évasé, cet élément de liaison dérivé du
rectangle revient fréquemment dans les grilles de notre région. Nous lavons déjà
signalé dans les appuis de communion de Loubens, de Caraman et de Notre-Dame-du-Taur.
Nous avons relevé sa présence dans une vingtaine de grilles du corpus de D.
Peloquin-Cavaillé, à commencer par la belle grille dOrtet conservée au Musée
Paul-Dupuy. Nous ne lavons pas retrouvé, en revanche, dans des grilles extérieures
à notre région ; il représente donc, à nos yeux, en létat actuel de notre
recherche, un élément caractéristique des ateliers toulousains du dernier tiers du
XVIIIe siècle.
FIG. 2. ÉLÉMENTS DE LIAISON. |
Un autre élément de liaison entre cadre et
châssis est constitué par le fer courbe, en U renversé, appelé épingle par D.
Peloquin-Cavaillé. Lui aussi, seul ou en série, peut être utilisé comme motif de
décoration, en général à la base des grilles. Lui aussi dérive de décors
architecturaux, doves renversés, de cannelures ou de motifs creusés dans les
moulures, que Bruno Tollon nous propose de désigner par le terme de glyphe (Pl.
VI, 6 et 7).
Nous trouvons ce motif, isolé, à la base des portillons
dAuterive. Nous lavons rencontré dans les églises de Caraman et du Taur en
longues frises décoratives ainsi que dans une dizaine de grilles toulousaines
photographiées par D. Peloquin-Cavaillé. Ce motif nous semble aussi un élément
caractéristique des ateliers toulousains de la fin du XVIIIe siècle.
16. « Nouveau livre de grille,
à Paris chez Crépi le fils, rue Saint-Jacques, près Saint-Yves », XVIIIe siècle.
M.S.A.M.F., T. LVI, page 262
Pl.
VII. COUPELLES EN FORME DE ROSACES. |
Fig. 3. GRILLES DE RELIQUAIRES.
Chapelle de la Vraie-Croix. |
Chapelle Saint-Simplicien. |
M.S.A.M.F., T. LVI, page 263
Des rosaces venues de Paris
À côté des
détails techniques de tradition locale, il convient de montrer que dautres
éléments techniques ou décoratifs sont directement inspirés de modèles parisiens
diffusés dans toute la France (Pl. VII).
Cest le cas des coupelles en forme de rosaces à quatre pétales
que nous trouvons à Auterive séparant les chutes de feuilles dans les grands panneaux.
On retrouve le même modèle dans une grille du château de Commarin, en Côte dOr,
et des modèles très voisins dans toute la France, en particulier dans la cathédrale de
Bordeaux et, à Toulouse, à lHôtel de Campaigno (10 rue Croix-Baragnon) et dans
léglise Saint-Pierre-des-Chartreux. De telles ressemblances ne sont évidemment pas
fortuites et témoignent clairement de la large diffusion des modèles parisiens.
Comme la bien montré le baron de Bouglon dans le texte que nous
avons mis en exergue, la mode vient de Paris et les ateliers toulousains sen
inspirent largement. Ils allient le classicisme de cadres aux lignes brisées aux courbes
harmonieuses des fers de remplissage, ils perpétuent un décor estampé encore riche mais
plus léger et plus sobre dont les motifs sont largement inspirés par les modèles
parisiens. Linfluence des maîtres serruriers toulousains se fait cependant sentir
dans toute la région où lon retrouve, nous lavons signalé, des dessins et
des éléments caractéristiques.
Après lheureux compromis du style Louis XVI, les tentatives de durcissement
du décor central napparaîtront à Auterive quau XIXe siècle, dans les
motifs géométriques des grilles protégeant des reliquaires : treillis de la
chapelle de la Vraie-Croix (1837), motifs asymétriques de la chapelle Saint-Simplicien
(1846) (fig. 3).
Le serrurier Perie, de Villenouvelle
Qui est
lauteur de lappui de communion de léglise Saint-Paul dAuterive ?
Malgré tous nos efforts, nous ignorons tout du serrurier Perie, de
Villenouvelle.
Les archives détat-civil et les recherches dhistoire
locale (17) ne nous ont révélé aucun ferronnier ni même aucune famille du nom de Perie
à Villenouvelle dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (18).
De même, les archives municipales de Toulouse ne nous ont pas permis
de retrouver un Perie ayant accédé à la maîtrise ou ayant postulé à ce titre
au cours de la même période (19).
Dans létat actuel de nos recherches, il nous est difficile de
croire quun serrurier de village, nayant laissé aucune trace dans la mémoire
écrite ou orale de son temps, ait pu concevoir et réaliser la balustrade de
léglise Saint-Paul.
Il nous paraît possible, certes, quun très habile artisan ait
pu en assurer la réalisation après avoir subi une solide formation professionnelle, soit
par un tour de France de compagnon serrurier, soit par un apprentissage de qualité
dans latelier dun des maîtres toulousains.
Il est tout à fait improbable, en revanche, quun simple
serrurier de campagne ait pu concevoir et dessiner la grille dAuterive. Les
rapprochements que nous avons tentés montrent en effet que le concepteur était au
courant aussi bien des modèles parisiens que des tendances toulousaines et des modes
locales. Aussi lauteur de la composition est-il à rechercher parmi ceux qui
fréquentaient lAcadémie royale de peinture, sculpture et architecture, créée à
Toulouse en 1750, et de son école de dessin.
Parmi les membres de cette Académie, nous trouvons précisément deux
Auterivains qui se sont distingués dans les événements politiques ou artistiques de
notre cité. Le premier, Antoine-Marie-Joseph-Mélanie Gilède de Pressac, qui fut
commandant de la Garde Nationale dAuterive en 1789 et se signala plus tard par son
zèle royaliste lors de linsurrection de lan VII, était membre de
lAcadémie royale de Toulouse. Le second, François Mortreuil cadet, qui avait
travaillé à la sculpture et à la dorure de lorgue dAuterive en 1770 (20),
lauréat du grand prix de sculpture en 1773, avait été reçu en 1777 à lAcadémie
de Toulouse où il exerça aussitôt les fonctions de professeur adjoint de
17. Nous tenons remercier ici M. Jacques JOULIA, de
Villenouvelle, pour ses recherches personnelles dans les archives de sa commune au XVIIIe
siècle. Notons dautre part que léglise Saint-Saturnin de Villenouvelle ne
renferme aucune ferronnerie remarquable.
18. A.D. 31. 4 E 2303 (1737 à 1792) et 2 E 2730 (1751 à 1780). Le
dépouillement dun brouillon de cadastre, fin XVIIIe siècle, (2 E 1200 et 2 E 1201)
sest également révélé infructueux.
19. A.M. Toulouse. Registres des maîtrises : HH 92 à 95, et HH 99 :
dossiers de candidatures à la maîtrise.
20. LATOUR (L.), « Auterive (H.-G.). Une communauté et son orgue,
trois siècles dhistoire », M.S.A.M.F., t. XLVI (1985-1986), p. 115.
M.S.A.M.F., T. LVI, page 264
dessin (21). Il sinstalla
bientôt à Auterive où il fit souche. En 1781, Laurent Mortreuil doreur
vraisemblablement fils de François baptisa son enfant Marie-Bernard dans
léglise Saint-Paul (22). Cest probablement le même Laurent qui travailla
dans notre église, en 1783, à des travaux de menuiserie et de dorure (23).
Sans doute est-ce parmi les membres de la famille Mortreuil quil
faut chercher le dessinateur de la balustrade dAuterive : ils avaient pour cela la
formation et les qualités requises, et des liens déjà anciens les unissaient à la
paroisse Saint-Paul et, plus précisément, à la confrérie Sainte-Trinité qui
finançait lessentiel des travaux. Lassociation entre un sculpteur (ou un
architecte) et un serrurier pour la réalisation dune grille est dailleurs
bien connue. À Toulouse, par exemple, lappui de communion de léglise des
surs tiercerettes est conçu par Étienne Rossat sculpteur, auteur du dessin,
et réalisé par Bernard Ortet, maître serrurier (24). De même, à Bordeaux, les
exemples sont nombreux douvrages de ferronnerie dessinés par des architectes ou
conçus en collaboration étroite entre le serrurier et larchitecte (25).
Sil nest pas question de mettre en doute le document des
archives paroissiales dAuterive attribuant la réalisation de notre appui de
communion à Me Perie, serrurier de Villenouvelle, il est permis de croire que
le concepteur, au courant des modèles parisiens et des adaptations locales, est
vraisemblablement un de ces Auterivains de la fin du XVIIIe siècle.
Les appuis de
communion de style Louis XVI sont, nous lavons vu, rares dans les églises rurales
de la région toulousaine. Celui dAuterive en est un exemple original. cest
une uvre de qualité qui allie la sobriété du fer forgé à la richesse
décorative des tôles repoussées.
Classé Monument Historique le 8 mars 1924, il a fait lobjet, en
1995, dune magnifique restauration par Daniel Marty, ferronnier dart à
Airoux, et Fabio Da Tos, doreur et restaurateur dart à Toulouse, sous la direction
de Philippe Witt, architecte, et le contrôle de Marie-Anne Sire, inspecteur des Monuments
Historiques.
Des renseignements trouvés in fine dans les registres de capitation de Villenouvelle (A.D. 31, C 1 306), nous apportent quelques précisions sur lauteur de la balustrade dAuterive et dabord sur son état civil : en 1789, il est appelé Pierre Perrie Anjuvain, serrurier, mais dès lannée suivante son nom est accentué à loccitane Pierre Péÿré dit Anjuvain. Ce surnom, LAngevin, évoque à la fois son origine géographique et son appartenance probable au compagnonnage. Cest sans doute dans le Lauragais quil termina son Tour de France en sassociant en 1788 à Jean-François Raubaly, serrurier de Villenouvelle. Lannée suivante, il sinstalle à son compte dans la même communauté et signe alors avec la paroisse dAuterive la police pour lappui de communion de léglise Saint-Paul.
21. MESPLÉ (P.), Notes et documents sur les Mortreuil,
sculpteurs et architectes, Éditions de LAuta, Toulouse, 1958.
22. A.D. 31, 2 E 4. Marie-Bernard, fils de Sr Laurent Mortreuil,
doreur, né le 21 janvier 1781 a été baptisé le 22 janvier 1781.
23. Archives paroissiales dAuterive Saint-Paul. Il signe
simplement Mortreuil, sans autre précision, mais la signature est bien différente de
celle de François Mortreuil cadet.
24. PELOQUIN-CAVAILLÉ (D.), op. cit.
25. LACOUE-LABARTHE (M.-F.), op. cit., p. 126.
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