Mémoires |
BULLETIN DE LANNÉE ACADÉMIQUE
2003-2004
établi par Patrice CABAU & Maurice SCELLÈS
Les parties non reproduites dans l'édition papier apparaissent en vert dans cette édition électronique.
Séances du 7 octobre 2003 au 3 février 2004 | Séances du 24 février 2004 au 1er juin 2004 |
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 221
SÉANCE DU 7 OCTOBRE 2003
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente,
MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Mmes Noé-Dufour, Watin-Grandchamp, M. Bordes, le Père
Montagnes, MM. Gilles, Hermet, Prin, membres titulaires ; Mmes Bayle, Béa, Fournié,
Marin, MM. Balagna, Lassure, Manuel, Stouffs, Testard, membres correspondants.
Excusés : MM. Cazes, Directeur, Scellès, Secrétaire général ; Mmes Bellin,
Cazes, MM. Cranga, Garland.
La Présidente ouvre la séance à 17 h et prononce louverture de lannée académique 2003-2004, quelle souhaite riche de communications et féconde en événements scientifiques. Elle espère que lété caniculaire na pas été trop pénible pour nos confrères qui nont pu quitter Toulouse.
Michèle Pradalier-Schlumberger rend
compte de labondant courrier qui nous est parvenu pendant les vacances, laissant de
côté les invitations ou annonces périmées. Elle présente la correspondance
manuscrite, qui comprend notamment deux lettres reçues du Conseil régional :
- lune nous confirme
lallocation dune subvention pour la publication des Actes du colloque
sur la maison médiévale ;
- lautre est la réponse de M.
Martin Malvy, Président du Conseil régional, faite aux courriers qui lui ont été
adressés au sujet de lancien collège de Périgord. La Présidente donne lecture de
cette lettre, qui ne sort pas de la phraséologie « technico-politique »
ordinaire et apparaît comme tout à fait symptomatique du manque dintérêt et de
compréhension dont le maître douvrage a fait preuve face aux problèmes qui
devaient inéluctablement résulter de linstallation dune École supérieure
daudio-visuel dans les bâtiments dune maison-forte et dun collège du
Moyen Âge ; il nest même pas donné suite à notre demande, instamment
réitérée, dune visite de chantier.
S'agissant de laffaire du collège de Périgord, la Présidente signale quelle va adresser lensemble du dossier au nouveau Directeur régional des Affaires culturelles, et elle informe la Compagnie que le Bureau a pris la décision de communiquer ce dossier à la presse. Des éléments seront publiés, notamment dans le premier numéro de la revue Patrimoine Midi-Pyrénées, à paraître prochainement.
La correspondance manuscrite contient en
outre :
- une lettre de notre confrère
Pierre Gérard, qui renonce à publier son article sur le collège de Foix (communication
du 20 mai) ;
- une lettre de notre confrère
Jean-Claude Richard annonçant les manifestations organisées pour célébrer
lannée prochaine le 1200e anniversaire de la fondation de labbaye
de Saint-Guilhem-le-Désert (804) ;
- une demande émanée de M.
Delbecque, qui nous interroge sur la présence des comtes de Toulouse lors des sacres de
rois de France.
Michèle Pradalier-Schlumberger fait ensuite circuler la correspondance imprimée, qui consiste en une série de
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dépliants et de brochures concernant lexposition de documents et de photographies anciennes présentée par lEnsemble conventuel des Jacobins du 17 septembre au 31 octobre 2003, le colloque sur Pierre de Fermat à tenir à lHôtel dAssézat le 15 octobre 2003, le colloque sur labbaye et le village de Caunes-Minervois (Aude) à tenir les 22 et 23 novembre 2003, le 129e congrès organisé par le C.T.H.S. et consacré au Temps ; sy ajoutent diverses annonces de publications.
Parmi les ouvrages reçus, il faut signaler :
- Patrimoine Midi-Pyrénées, n° 0, septembre 2003, Sarl Garonne Édition, 38 p. ; ce numéro de présentation dune future revue trimestrielle contient un article sur la S.A.M.F. (p. 5) et des extraits de contributions de plusieurs de nos confrères ;
- La céramique médiévale et moderne du centre-ouest de la France (11e-17e siècle), supplément à la Revue archéologique du Centre de la France, n° 20, 2003, 116 p. ;
- Dom Pierre Miquel, Dictionnaire symbolique des animaux. Zoologie mystique, Paris, Le Léopard dor, 1992, 286 p., volume offert par notre confrère Bruno Tollon ;
- Dom Pierre Miquel, Sur Paula Picard, Dictionnaire des symboles liturgiques, Paris, Le Léopard dor, 1995, 287 p., volume offert par notre confrère Bruno Tollon ;
- Dom Pierre Miquel, Sur Paula Picard, Dictionnaire des symboles mystiques, Paris, Le Léopard dor, 1997, 637 p., volume offert par notre confrère Bruno Tollon ;
- Fontaines toulousaines, catalogue dexposition (19 septembre-27 décembre 2003), Toulouse, Archives municipales de Toulouse, 2003, 293 p., volume offert par notre confrère François Bordes ;
- Michel Roquebert, Saint Dominique. La légende noire, Paris, Perrin, 2003, 341 p. env., hommage de notre confrère :
Mme Pradalier-Schlumberger remercie bien vivement les donateurs, qui contribuent ainsi de manière très appréciable à lenrichissement de notre Bibliothèque. Elle envisage avec François Bordes la possibilité dorganiser pour notre Compagnie une visite de lexposition présentée par les Archives municipales.
La Présidente présente enfin la dernière publication de notre Société : La maison au Moyen Âge dans le Midi de la France - Actes des Journées détude de Toulouse (19-20 mai 2001), M.S.A.M.F., hors série 2002, 288 p.
Elle fait voir ensuite deux travaux manuscrits, illustrés de nombreuses photographies :
- lun de M. Dedieu, sur la
chapelle castrale de Salies-du-Salat ;
- lautre de M.
Carsalade, consacré à linventaire des Vierges à lEnfant en Comminges.
Ce dernier recueil sera présenté au concours annuel de notre Société. Il est rappelé à ce propos que le Bureau a délibéré de fixer au 31 décembre la date limite pour la réception des travaux présentés, ceux-ci devant concerner lhistoire, lhistoire de lart ou larchéologie dans le Midi de la France, être inédits, et être de préférence envoyés à la S.A.M.F. par leurs auteurs. Le concours, jusquici trop confidentiel, doit souvrir plus largement au public : il conviendra de lui donner davantage de publicité.
La Présidente fait circuler le programme, à ce jour encore provisoire, des projets de communications prévus pour lannée 2003-2004.
La parole est au Secrétaire-adjoint pour la lecture des procès-verbaux des séances du 20 mai et du 3 juin, qui sont adoptés à lunanimité, le premier après adjonction de quelques détails.
Lordre du jour appelle Bernard Montagnes et Maurice Prin pour une communication intitulée Le tombeau des martyrs dAvignonet dans léglise des Jacobins, publiée dans ce volume (t. LXIV, 2004) de nos Mémoires.
La Présidente remercie les intervenants pour leur exposé tout à la fois savant et passionnant. Après avoir relevé que la sacristie des Jacobins était le lieu où se conservait, parmi tant dautres souvenirs ultimes, la dernière mémoire des martyrs dominicains, elle fait appel aux questions de lassistance.
Michelle Fournié demande ce quil en est au juste des reliques des martyrs transférées à la Révolution dans la crypte de Saint-Sernin. Maurice Prin déclare quil faudrait, pour pouvoir les authentifier, procéder à louverture du tombeau servant dautel, et disposer de moyens didentification ou de datation fiables. Le Père Montagnes note que la technique de datation par le carbone 14, naguère très destructrice, requiert aujourdhui de moindres quantités ; mais il fait observer quon ne sait pas exactement en quoi consistent les quantités osseuses conservées.
Dominique Watin-Grandchamp dit quil nest pas fait mention des reliques des martyrs dominicains dAvignonet dans le fonds des archives de la paroisse Saint-Sernin, qui contient de nombreuses pièces concernant diverses
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vérifications de dépôts. Elle note du reste que la procédure de ces vérifications visait à reconnaître les reliques, et non à les réauthentifier.
Bernard Montagnes revient sur les traces archéologiques de la translation des reliques opérée dans léglise des Jacobins en 1383, depuis une chapelle située au nord de léglise vers une chapelle située au sud. Le Père Percin paraît sêtre trompé, dans son ouvrage de 1693, en supposant que la chapelle méridionale avait été construite à loccasion du transfert : cette chapelle existait auparavant et elle fit alors lobjet dun remaniement destiné à loger les trois sarcophages des martyrs. Le Père Montagnes signale par ailleurs quil a publié une lettre de Sébastien Michaelis qui énumérait les « merveilles » visibles dans léglise des Jacobins au tout début du XVIIe siècle : le corps de saint Thomas dAquin, ceux des martyrs dAvignonet
Michèle Pradalier-Schlumberger sinterroge sur les restes de peintures murales existant dans la chapelle du Crucifix. Maurice Prin répond quil sagissait de peintures à la colle, qui ont été décomposées par lhumidité, et pour lesquelles il ne subsiste quune sinopia très vague.
La Présidente senquiert ensuite de l'architecture du tombeau primitif de saint Thomas dAquin. Maurice Prin précise quon nen connaît quune seule représentation, sur une gravure réalisée à Amsterdam pour un album consacré à la vie du saint Docteur ; malheureusement, cette image na pas été faite daprès nature ou daprès un croquis, mais sur la base dune description orale. On saccorde à comparer ce tombeau de la fin du XIVe siècle aux monuments érigés à Saint-Just de Valcabrère, à Saint-Maximin, à Saint-Savin-en-Lavedan, à Saint-Sernin de Toulouse où à la Sainte-Chapelle de Paris.
Michelle Fournié évoque les Frères mineurs également massacrés à Avignonet en 1242. Le Père Montagnes indique que leur épitaphe se trouvait dans lancienne église des Cordeliers et que le texte en a été donné par Guillaume de Catel. Maurice Prin précise que cette inscription était située dans le passage menant de léglise des Franciscains à la chapelle funéraire construite pour lévêque de Rieux Jean Tissandier.
Bernard Montagnes signale par ailleurs quune autre épitaphe, consacrée aux martyrs de lÉglise de Toulouse, se lisait dans lune des chapelles du chur de la cathédrale Saint-Étienne (chapelle Saint-Alexis). Maurice Prin remarque quil sagissait dune inscription ayant remplacé lépitaphe primitive du XIIIe siècle. Patrice Cabau précise que celle-ci était originellement dans la galerie nord du cloître canonial et que le texte en a été publié aussi par Catel ; la nouvelle inscription fut faite à lépoque de la translation des corps des martyrs à lintérieur de la cathédrale, transfert opéré au mois de novembre 1647 à linstigation de larchevêque Charles de Montchal.
SÉANCE DU 21 OCTOBRE 2003
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente,
MM. Cazes, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Noé-Dufour,
Watin-Grandchamp, MM. labbé Baccrabère, Bordes, le Père Montagnes, MM. Hermet,
Lapart, Peyrusse, Prin, membres titulaires ; Mmes Andrieu, Bellin, M. Balagna,
membres correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Czerniak, Fournié, Galés, Napoléone, MM. Cranga, Garland,
Laffont, Mgr Rocacher, M. Tollon.
Invitée : Mlle Martine Rieg.
La Présidente annonce quen raison d'une modification de programme, notre prochaine séance sera consacrée à la visite de lexposition organisée par les Archives municipales sur les Fontaines toulousaines. Rendez-vous est donc donné à 17 heures sur place, où nous serons accueillis par notre confrère François Bordes, qui nous présentera lexposition.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 7 octobre, qui est adopté.
La correspondance comprend une pétition pour sauver le Centre international dart mural de Saint-Savin-sur-Gartempe (Vienne, 86) que la Présidente fait circuler parmi lassemblée, et le bulletin de souscription pour les Actes du congrès des sociétés savantes qui sest tenu à Millau au printemps et auquel ont participé plusieurs membres de notre Société.
Notre bibliothèque senrichit de quelques ouvrages offerts à notre Société :
- Jacques Lapart, Les sculptures en
calcaire trouvées dans les piles gallo-romaines de Belbèze à Mirande (Gers)
daprès le carnet de fouilles inédit de Georges Fouet, tiré-à-part de Religion
et politique dans les sociétés du Midi, 126e congrès national des
sociétés historiques et scientifiques, Toulouse, 2002, p. 17-35 (don de
lauteur) ;
- Jacques Lapart, Données
nouvelles sur le peintre gersois Gustave de Lassalle-Bordes, tiré-à-part du Bulletin
de la Société archéologique du Gers, 2002, p. 95-120 (don de lauteur) ;
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- Les collégiales dans le Midi de la
France au Moyen Âge, sous la direction de Michelle Fournié, Actes de
latelier-séminaire des 15 et 16 septembre 2000 (Carcassonne), 290 p. (don de
Michelle Fournié) ;
- Marie Azam, Seix
en Languedoc. Des hommes et des rois, 2003, 185 p. (don de Mme Nicole
Lombrail-Akermann).
La Présidente remercie les donateurs et annonce à la Compagnie quelle a pu rapporter de Poitiers une collection presque complète (quatre années seulement sont manquantes) des Cahiers de civilisation médiévale, de 1958 à 2003. Le cadeau est très appréciable et notre Société remercie le Centre dÉtudes médiévales de Poitiers, avec lequel la Présidente souhaite que sinstaure un échange de publications.
La parole est à labbé Georges Baccrabère pour une communication sur une Fosse gallo-romaine au sud de la rue des Pénitents-Blancs (quartier Saint-Georges) à Toulouse, publiée dans ce volume (t. LXIV, 2004) de nos Mémoires.
La Présidente remercie labbé Baccrabère de nous avoir présenté une nouvelle fois, pour accompagner sa communication, les objets mis au jour au cours de la fouille et elle souligne combien il est important que ces découvertes ne soient pas oubliées.
Daniel Cazes relève que notre confrère a dit et écrit quil ny avait pas dhabitations dans cette zone et que, pourtant, des oscilla en marbre, récemment publiés par J.-M. Pailler, ont été retrouvés lors de la démolition du quartier Saint-Georges, attestant la présence à cet endroit ou au moins à proximité dune très belle maison urbaine. Il voudrait savoir ce que labbé Baccrabère en pense. Celui-ci confirme quil ny avait pas dhabitat à lendroit où la fosse a été mise au jour. Il sagit dune zone plus basse que les autres, ce que montrait très bien la coupe du terrain quil a pu voir lors de la construction du parking. On était donc dans une zone qui nétait pas construite car humide. Sur le plan de la ville, on voit très bien que le tracé du rempart fait un détour pour contourner cette zone marécageuse.
Louis Peyrusse demande si les fouilles de Michel Vidal ont été publiées. Labbé Baccrabère indique que Michel Vidal sest aujourdhui retiré pour achever létude des puits et les publier. Louis Peyrusse constate que notre confrère est donc encore pionnier et il linterroge sur le nombre de fouilles « clandestines » quil lui reste à publier. Labbé Baccrabère répond, avec un sourire, que la question est indiscrète.
Louis Latour note que lamphore découpée vient appuyer lhypothèse dune zone humide, ce procédé étant en effet souvent utilisé pour des conduits de drainage. Dominique Watin-Grandchamp rappelle par ailleurs que la construction du palais Niel a rencontré dimportants problèmes de fondation en raison de linstabilité du sol ; cette zone semble sétendre entre le Grand-Rond et Saint-Georges.
Labbé Baccrabère indique que personne navait fouillée cette zone et quil fallait donc le faire. Tout autour du creux de la place Occitane apparaissaient une terre noirâtre et un terrain en pente qui avait été utilisé comme poubelle.
Lordre du jour appelle la communication de Bruno Tollon sur Le tronc de la Confrérie des Corps-Saints à Saint-Sernin de Toulouse, présentée par Louis Peyrusse, qui demande dexcuser labsence de notre confrère empêché :
« Les réserves de la basilique Saint-Sernin conservent une pièce qui mérite mieux que la relégation à laquelle elle est condamnée. Oubliée dans les tribunes du monument où elle avait rejoint le mobilier déposé sur les indications de Viollet-le-Duc, lors de la restauration du Tour des Corps-Saints (l), elle na pas été prise en compte par Georges Costa quand on a réinstallé les boiseries autour du déambulatoire (1980). Cest Maurice Prin qui a attiré lattention sur ce rare élément de mobilier.
Notre savant confrère avait remarqué lintérêt de cette pièce restaurée au XIXe siècle, à partir déléments beaucoup plus anciens où il avait reconnu le style de la Renaissance. Cette pièce inédite est un objet de grand format qui comprend un coffret posé sur deux consoles, un haut dossier encadré de pilastres ; lensemble a pour couronnement un dais posé sur un entablement orné qui donne à lobjet plus de deux mètres de hauteur et lallure générale dun dressoir. Linscription qui figure sur le panneau : Donnez pour la restauration des Saints Tombeaux des Apôtres des Martyrs des Vierges et des Confesseurs de la Foi, en grandes capitales dorées, sur le mode épigraphique, appartient au XIXe siècle, ce qui explique peut-être le désintérêt dont lobjet fut victime et loubli total dans lequel il tomba jusquà nos jours.
Maurice Prin la connu accroché à un pilier près de lentrée de la Porte Miègeville, mais au témoignage du sacristain Boussaguel, qui le tenait de son prédécesseur, le tronc était autrefois placé à lentrée du déambulatoire, scellé à un pilier confirmant ainsi le fait que sa fonction navait pas cessé avec les
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Saint-Sernin, Le tronc de la Confrérie des Corps-Saints dans le dépôt lapidaire des tribunes.
restaurations intérieures du monument, et quelle avait pu perdurer jusque dans les années 1960 au prix dun déplacement dans lédifice.
Peu de références
Il faut avouer que les troncs nont pas beaucoup retenu lattention et les pièces anciennes sont trop rares ou trop modestes pour susciter leur prise en considération. Viollet-le -Duc leur accorde un brève notice dans son Dictionnaire du mobilier (2). Jacques Thirion, dans son monumental ouvrage consacré au Mobilier du Moyen Age et de la Renaissance (3), sen tenant au mobilier civil, laisse de côté un domaine riche de parallèles possibles avec le décor domestique. Les travaux de Charles Tracy consacrés au mobilier religieux apportent des lumières considérables quon retrouve dans son dernier ouvrage, Continental Churchs Furniture in England: A Traffic in Piety (4). Malheureusement aucun tronc na intéressé les antiquaires doutre-Manche lors de leurs achats de mobilier continental à lencan. Pas dexemplaire ici non plus. Faute de pouvoir vérifier si lassemblage actuel est composite ou non, la notice qui suit va se limiter à une analyse de louvrage et à quelques réflexions sur lintérêt de son décor.
Remisé dans le dépôt lapidaire des tribunes, le tronc présente aujourdhui sa structure héritée du XIXe siècle. Lanalyse détaillée de chacun des éléments permettra de distinguer ceux dorigine de ceux de la remise en état, sans doute antérieure à lintervention de Viollet-le-Duc dans le chur. Outre le grand panneau encadré de pilastres à candélabres, le montage actuel comprend le socle et son couvercle dont la fente forme la bouche dun masque grimaçant, dont la moustache et la barbe en forme de feuilles donnent naissance à un rinceau aux feuillages identiques. Ce bas-relief sculpté avec vigueur appartient à la tradition des têtes de feuilles et des masques fantastiques si nombreux dans la sculpture ornementale. Le cadre qui lentoure comprend une frise en candélabre dont les motifs se retrouvent sur les deux longs pilastres du dossier, et, sur le biais, une bordure de demi disques et de feuilles deau.Ce répertoire élégant se retrouve sur la corniche du baldaquin qui couronne le meuble. Ici aussi, une
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analyse de détail fera la part des compléments lors du remontage, en particulier pour les chérubins qui pendent sous les deux montants. Quant à la formule du décor sommital, on la trouve sur les dressoirs ou les couronnements de stalles. Ce petit baldaquin comprend deux supports latéraux surmontés dun attique ajouré orné de deux cornes dabondance issues dun masque, sur la face, et de simples rinceaux sur le côté, taillés avec la même vigueur. Vigueur qui caractérise aussi les quatre griffons juchés sur les angles.
Une dernière sculpture attire lattention au sommet du dorsal. On voit figurer, entre les deux consoles de lentablement, un buste de femme dans un médaillon ; la frontalité hiératique de la figure est soulignée par la longueur du cou et la lourde coiffe autant que par les boucles symétriques échappées des bandeaux des deux côtés de son étroit visage. La signification de cette figure énigmatique reste à découvrir (dans un tel contexte labsence dattributs peut surprendre) mais lintention emblématique ne saurait échapper à lobservateur : Foi ou Charité, on ne peut trancher, mais la comparaison simpose avec des représentations contemporaines où lintention allégorique est évidente, telles les deux figures de la Ville peintes dans le livre II des Annales (pages de titre de la chronique 210, 1532-1534), le rapprochement avec une médaille antique pour lune, et linstallation dans un clipeus soutenu par deux génies pour lautre, suffisent à exprimer clairement lintention.
Ce dernier relief, comme les autres, atteste une grande aisance dans le traitement plastique et lagencement ornemental comme dans le traitement des volumes, et trouve sa place parmi les travaux de huchiers chargés de construire stalles et clôtures de chur (comme celles de Saint-Bertrand-de-Comminges) mais aussi les meubles qui apportent un confort recherché. On y relève une souveraine aisance dans lexécution des parties ornementales tant animalières que florales, qui tranche avec le traitement plus sec des pilastres ou de la figure.Datation proposée
Si lon revient à lhistoire du monument, les années 1520-1540 correspondent à un moment où les chanoines et la confrérie des Corps-Saints entreprennent une série de travaux destinés à mettre en valeur les reliques et à faciliter laccès aux cryptes, en canalisant le circuit des pèlerins arrivés par le côté sud du sanctuaire (5). Les conditions de circulation sont améliorées par louverture de deux portes daccès pour mener aux cryptes basses et hautes. Les décors de ces deux portes jumelles, datés des années 1518 et suivantes, apportent pour la première fois dans le sanctuaire le thème du pilastre à lantique orné de candélabres et de chapiteaux. On doit remarquer quil reste associé à des linteaux sculptés de motifs profondément fouillés dans le style moderne cest-à-dire fidèle à la manière française ou flamboyante. Il est logique de proposer, pour lexécution et la mise en place du tronc sur le parcours des pèlerins, une date proche de lachèvement de cette campagne de travaux. Le style des reliefs comme le vocabulaire décoratif ne démentent pas le rapprochement proposé. Cest dire tout lintérêt dune pièce comme celle-ci pour mener à bien lexploration des vestiges conservés dans les édifices religieux ou les réserves des musées et tenter de mieux comprendre cette période si riche de tentatives multiples, et encore si méconnue, de linvention de la Renaissance pour reprendre le titre dun livre récent (6).
Jusquà plus ample information dans les comptes de la fabrique du XIXe siècle, et en attendant lexamen critique préalable à toute restauration, il faut souligner que luvre présente à tout le moins des éléments authentiques dun grand intérêt (dans un domaine où la rareté des pièces échappées aux destructions ou à la négligence, dont elles sont trop souvent victimes, impose un soin redoublé). Et dans le cas du scénario le moins favorable où ce serait un remontage du XIXe siècle lui-même, il apporterait un exemple significatif dun goût néo Renaissance auquel Alexandre Dumège, premier restaurateur de Saint-Sernin avec la Société Archéologique du Midi de la France, prit une part que lon connaît bien. Autant darguments qui militent pour insister sur lurgence de sa protection comme de sa restauration et pour voir ce témoignage du temps des pèlerinages installé enfin dans un lieu digne.
Bruno TOLLON »
1. Georges COSTA, « Remise en place des boiseries du Tour des Corps Saints », Monuments historiques, n° 112, 1980, p. 115.
2. E. VIOLLET-LE-DUC, Dictionnaire du mobilier, ad vocem.
3. Jacques THIRION, Le mobilier du Moyen Âge et de la Renaissance, Paris, Faton, 1999.
4. Charles TRACY, Continental Church Furniture in England: A Traffic in Piety, Antique CollectorsClub, Woodbridge, Suffolk, 2001.
5. Pascal JULIEN, Dor et de prière; Art et dévotion à Saint-Sernin de Toulouse, XVIe-XVIIe siècles, Presses Universitaires, Aix-en-Provence, 2004.
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6. Jean GUILLAUME (dir.), Linvention de la Renaissance, La réception des formes « à lantique » au début de la Renaissance, Paris, Picard, 2003.
La Présidente remercie Louis Peyrusse de sêtre fait le porte-parole de Bruno Tollon pour nous présenter cette belle uvre dont on ne peut que souhaiter quelle soit protégée au titre des Monuments historiques et réhabilitée. Elle mériterait sans aucun doute dêtre placée ailleurs, même si loubli dans lequel elle est restée jusquà présent la, dune certaine manière, protégée. La Présidente sétonne quaucune uvre semblable ne soit connue. Louis Peyrusse confirme quil sagit dun exemplaire unique.
Dominique Watin-Grandchamp rappelle que les registres de la Confrérie des Corps-Saints ont été entièrement dépouillés pour les XVe et XVIe siècles et que lon ny trouve aucune trace de ce tronc. Daniel Cazes pense quen effet les registres de fabrique pourraient donner des indications et il se souvient avoir noté quà Saint-Étienne, au début du XIXe siècle, on reprend et réutilise de nombreux objets ; il est dailleurs tout à fait possible que ce tronc provienne dune autre église de Toulouse. Dominique Watin-Grandchamp cite lexemple de la chaire de Saint-Sernin, qui comporte des panneaux anciens remis en uvre au XIXe siècle.
Pour Louis Peyrusse, un remontage est en effet possible et il ajoute quune analyse technique serait nécessaire. Les dragons sommitaux sont la partie la plus douteuse. Avant dêtre convaincus de lauthenticité de lobjet, au moins de ses parties principales, Maurice Prin et Bruno Tollon se sont dailleurs longuement interrogés. Patrice Cabau note que lespace laissé entre les deux pilastres fait un vide important qui nest meublé que par linscription.
Après avoir indiqué quelle a été chargée par Daniel Cazes de faire linventaire des objets conservés dans les tribunes de Saint-Sernin, Nicole Andrieu précise que linscription que lon voit aujourdhui en recouvre dautres, qui peuvent dailleurs également dater du XIXe siècle. Leur lecture pourrait en tout cas donner des pistes sur les utilisations successives du tronc. Daniel Cazes nécarte pas une réutilisation dès les années 1810-1820 et Patrice Cabau évoque la restauration des cryptes, en relevant toutefois que le tronc tel quil nous apparaît nest pas dans lesprit des aménagements réalisés par Alexandre Du Mège.
Maurice Prin pense que le tronc a été réutilisé avant lintervention de Du Mège. Il dit lavoir connu présenté sur un pilier proche de la porte Miégeville, emplacement qui était le sien depuis la restauration de Viollet-le-Duc ; il a été déposé dans les tribunes quand larchitecte en chef Sylvain Stym-Popper a fait enlever les enduits intérieurs. Il se rappelle lavoir retrouvé en cherchant autre chose et lavoir montré à Marie-Anne Sire qui avait été émerveillée.
Michèle Bellin fait remarquer que le saint Christophe peint sur lun des piliers proches de la porte des Comtes est accompagné de rinceaux Renaissance dun dessin tout à fait semblable à ceux du tronc.
Louis Peyrusse confirme que lenquête ne fait que commencer. La Compagnie estime que lauthenticité de lobjet dans son ensemble ne paraît guère contestable mais que le doute porte surtout sur son origine.
Au titre des questions diverses, le
Secrétaire général informe la Compagnie de létat davancement des Mémoires. Dimportants retards ont été pris
et le volume ne paraîtra pas avant le printemps 2004.
Puis le Secrétaire
général signale que linventaire du patrimoine de la ville de Cahors sera
prochainement mis en ligne sur le site Internet de la Ville.
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 2003
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente,
MM. Scellès, Secrétaire général, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Mmes Merlet-Bagnéris, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM.
labbé Baccrabère, Boudartchouk, Bordes, Peyrusse, Prin, Mgr Rocacher, membres
titulaires ; Mmes Andrieu, Bayle, Fournié, Galés, Pujalte, Suau, MM. Balagna,
Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Mmes Conan, Marin.
Invitée : Mlle Martine Rieg.
Notre confrère François Bordes,
Directeur des Archives municipales, accueille la Compagnie. Il se déclare heureux et
très honoré de recevoir pour la première fois la Société Archéologique du Midi de la
France dans les locaux des Archives municipales de Toulouse.
Lexposition consacrée aux Fontaines
de Toulouse, quil va avoir le plaisir de nous présenter, est le résultat
de deux années de travail. On navait, à vrai dire, que peu de données précises
sur les fontaines et lon a donc cherché à rassembler le plus dinformations
possible pour les mettre à la disposition des Toulousains et des touristes, mais aussi du
Service de lurbanisme de la Ville de Toulouse. Lenquête approfondie dans les
archives municipales a permis quelques découvertes, somme toute assez nouvelles.
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Lexposition propose essentiellement des documents appartenant au fonds des archives, mais sont également présentés une trentaine de documents et des objets prêtés par dautres institutions publiques ou privées, dont en particulier linscription médiévale appartenant à la Société Archéologique du Midi de la France. Après une première section consacrée à la distribution de leau et à sa circulation dans la ville depuis lAntiquité, ce sont les fontaines elles-mêmes qui sont montrées, fontaines anciennes encore existantes et fontaines disparues, fontaines éphémères puis fontaines contemporaines. Si toutes les fontaines nont pu être présentées dans lexposition, toutes figurent dans le catalogue que lon a voulu le plus complet.
La Présidente remercie François Bordes pour cette belle présentation de lhistoire de leau dans la ville et pour nous avoir fait participer, à chaque étape de cette visite, aux toutes dernières recherches.
Répondant à une question de Maurice Scellès, François Bordes précise quen effet le château deau de la prairie des Filtres était dépourvu de réservoir et que leau était donc envoyée sous pression dans les canalisations.
Louis Peyrusse ayant demandé si tous les projets avaient été étudiés, François Bordes confirme que tous ceux qui sont connus font lobjet dune notice dans le catalogue.
Maurice Scellès rappelle que, lorsquils furent assiégés dans leur couvent, les dominicains se trouvèrent empêchés daccéder à la Garonne où ils puisaient leau pour la cuisson des légumes (daprès le récit de Guillaume Pélhisson précise Louis Peyrusse), ce qui fait supposer quil ny avait alors pas de puits dans le cloître. François Bordes dit quils ne se préoccupèrent en effet de faire creuser un puits que plus tard et il ajoute que les équipements privés nont pas été pris en compte dans le cadre de ce travail.
Louis Peyrusse souligne à quel point létude des fontaines exprime une large part de lhistoire artistique en alliant le plus souvent architecture et sculpture François Bordes explique que lexposition a bénéficié du travail réalisé par Laure Crispin pour son mémoire de D.É.A. et que le Service régional de lInventaire a pu fournir quelques fiches. La conservation des Archives municipales sest en particulier appliquée à dépouiller toutes les pièces à lappui des comptes. Répondant à une question de la Présidente, François Bordes indique que cent cinquante notices environ ont été établies, ce qui nempêche pas, dit-il, que des lacunes subsistent : ainsi la date de la fontaine de la place Roland nest-elle pas connue Maurice Scellès affirme que le dépouillement de la presse donne le plus souvent de très bons résultats pour le XIXe siècle ; Louis Peyrusse fait remarquer que cela constitue néanmoins un travail considérable. François Bordes et Bernadette Suau constatent tous deux quaucune institution à Toulouse ne possède par exemple la collection complète de La Dépêche du Midi. La fiabilité de linformation donnée par la presse étant mise en doute, Louis Peyrusse rappelle quune erreur fait presque toujours lobjet dun rectificatif car il ny a pas à cette époque de monopole.
Guy Ahlsell de Toulza demande si lenlèvement des éléments en bronze des fontaines, dans le cadre de la récupération des métaux non ferreux, a eu lieu en 1942. François Bordes croit se souvenir quelle est décidée à Toulouse en novembre 1942 mais que la récupération et la fonte sont effectivement réalisées en 1943. Maurice Scellès dit que le gouvernement de Vichy met en avant les besoins de lagriculture pour les traitements au cuivre pour justifier la récupération des métaux non ferreux. Louis Peyrusse rappelle que cela a servi à épurer la statuaire publique jugée en général trop marquée à gauche, mais que lon na pas, néanmoins, porté atteinte aux plus grands des monuments érigés à la gloire de la République.
La Présidente layant interrogé sur les projets dexposition des Archives municipales, François Bordes annonce pour le printemps prochain une Toulouse impériale (1804-1814), à loccasion du cent quatre-vingt-dixième anniversaire de la bataille de Toulouse, le choix ayant porté sur une présentation de la vie à Toulouse de 1804 à Napoléon III. Le bicentenaire de la réouverture du Théâtre du Capitole sera célébré à lautomne par une exposition sur le théâtre. En 2005, les archives municipales se montreront hors les murs avec une grande exposition aux Jacobins pour commémorer le huitième centenaire de la naissance des archives municipales de Toulouse ; la mémoire de lespace en sera lun des thèmes François Bordes ajoute que nous aurons loccasion de parler des applications développées à partir du S.I.G. (système dinformation géographique) de la Ville de Toulouse La Présidente le remercie à nouveau au nom de la Compagnie.
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 2003
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Scellès, Secrétaire général, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Merlet-Bagnéris, Napoléone, Noé-Dufour, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Gilles, Lapart, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Prin, Mgr Rocacher, membres
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titulaires ; Mmes Fournié, Suau, MM. Balagna, Stouffs,
Testard, membres correspondants.
Excusés : M. Cazes, Directeur, Mmes Blanc-Rouquette, Galés, MM. Garland, Pradalier,
Tollon.
Invités : MM. Hugues Labarthe, Fabrice Rickebush.
La Présidente annonce une séance assez longue, en raison des élections inscrites à lordre du jour et de deux communications courtes qui seront présentées au titre des questions diverses.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 21 octobre dernier, qui est adopté.
La Présidente signale larticle paru dans la revue interne de lUniversité de Toulouse-Le Mirail à loccasion de linstallation de l'É.S.A.V. dans ses nouveaux locaux de la rue du Taur, et elle lit des passages qui intéressent particulièrement notre Compagnie. On propose de republier intégralement larticle, en en donnant une analyse, dans le dossier qui sera consacré au massacre de lancien collège de Périgord dans le prochain volume de nos Mémoires. Un membre exprime ses réserves, sagissant dun texte produit par un Service de communication ; un autre proteste de la nécessité de procéder de façon systématique à lanalyse critique de ce genre de distillats.
Plusieurs dons viennent enrichir notre bibliothèque :
- Maurice Prin, Notre-Dame
du Férétra, Toulouse, 2003, 52 p. (don de lauteur) ;
- Christophe Balagna,
« Lapparition des formes de la Renaissance dans larchitecture religieuse
de la Gascogne centrale », tiré-à-part de Du gothique à la Renaissance.
Architecture et décor en France, 1470-1550, Aix-en-Provence, Université de Provence,
2003, p. 154-162 (don de lauteur) ;
- Christophe Balagna,
« La collégiale de La Romieu : symbole de larchitecture rayonnante en
Gascogne centrale », tiré-à-part de Les collégiales dans le Midi de la France
au Moyen Âge, sous la direction de Michelle Fournié, Actes de
latelier-séminaire des 15 et 16 septembre 2000 (Carcassonne), p. 107-123 (don de
lauteur) ;
- Christophe Balagna,
« Larchitecture gothique en Gascogne gersoise : méthode et
résultats », tiré-à-part de Mémoire et actualités des pays de Gascogne.
Actes du 53e Congrès de la Fédération historique de Midi-Pyrénées, Auch
23-24-25 juin 2000, vol. 1, p. 235-248 (don de lauteur).
La Présidente remercie les donateurs au nom de notre Société.
Lordre du jour appelle lélection dun membre libre et celle dun membre titulaire. Pierre Gérard et Olivier Testard sont élus respectivement membre libre et membre titulaire de notre Société.
La Présidente rappelle quune sortie exceptionnelle aura lieu mardi prochain sur le site du chantier de fouilles de la place des Carmes, dont la présentation nous sera faite par notre confrère Jean-Luc Boudartchouk. Elle précise par ailleurs que la séance publique est fixée au samedi 27 mars 2004 à 16 heures : notre confrère Jean Catalo donnera une conférence sur le Château Narbonnais.
La parole est à Françoise Merlet-Bagnéris pour une communication sur La structure du chapitre de la cathédrale dAuch au XIIIe siècle, et ses relations avec les archevêques.
La Présidente remercie notre consur pour cette présentation très claire de lÉglise et du chapitre dAuch qui provoquera sans doute des discussions fructueuses et elle lui demande sil est possible détablir une relation précise entre la composition du chapitre et lorganisation du chur au début du XVIe siècle tel que nous le connaissons au travers des stalles de la cathédrale. Françoise Merlet-Bagnéris indique que les registres de fabrique ont disparu mais que les archives du XVIIIe siècle donnent la place de chacun dans le chur, selon un plan qui na probablement que peu varié depuis le Moyen Âge.
Henri Gilles fait remarquer quil ny a pas lieu de sétonner que les chanoines dAuch napparaissent pas dans les registres pontificaux à cette époque, car ce nest quà partir du XIVe siècle et les papes dAvignon que la papauté intervient dans ces nominations, la même remarque valant pour tous les évêchés de France.
Les stalles de la cathédrale dAuch étant au nombre de cent treize, Jacques Lapart doute que le personnel du chur ait jamais été aussi nombreux. Quitterie Cazes rappelle que de très nombreuses personnes autres que les chanoines prennent place dans le chur et Patrice Cabau ajoute que les autorités laïques y rejoignent les autorités religieuses.
À propos de la relation entre la richesse du chapitre et les travaux à la cathédrale, Quitterie Cazes souligne quà Toulouse il semble bien que le chapitre nait nullement à se prononcer sur la reconstruction de la cathédrale qui relève en fait de lévêque. Le chapitre ne participe quaux travaux dentretien et pour un tiers seulement. Elle demande ensuite à quelle date apparaît à Auch la fonction d« ouvrier », qui nest pas antérieure à la fin du XIIe siècle à
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Toulouse. Françoise Merlet-Bagnéris croit se souvenir que cela se passe assez tôt, au XIIe siècle, et reconnaissant avoir anticipé à partir de la situation du XVe siècle, elle se déclare tout à fait daccord avec Quitterie Cazes sur la répartition des rôles entre lévêque et le chapitre.
Interpellée par Françoise Merlet-Bagnéris, Michelle Fournié dit nêtre quune simple courroie de transmission entre léquipe dHélène Millet et les doctorants. Elle ne travaille pas en effet directement au sein de léquipe des Fasti Ecclesiae gallicanae. Fabrice Rickebush et, plus récemment, Hugues Labarthe sont eux impliqués, avec des études portant pour le premier sur le remodelage du diocèse de Toulouse par Jean XXII, pour le second sur le choix des prélats gascons au moment du Grand Schisme. Françoise Merlet-Bagnéris tient à leur manifester une nouvelle fois sa reconnaissance pour toute laide quils lui ont apportée.
Jacques Lapart annonce la disparition du professeur Maurice Bordes qui fut longtemps président de la Société archéologique du Gers, avant de commenter, au titre des questions diverses, le récent retour des éléments sculptés du cloître de Berdoues (Gers) :
« Lhistoire du cloître de labbaye cistercienne de Berdoues
Les élements lapidaires du cloître de labbaye cistercienne de Berdoues, démoli au début du XIXe siècle, ont été longtemps dispersés entre plusieurs propriétaires publics ou privés des environs de Mirande. Entre les deux Guerres mondiales, une partie importante du cloître devint la propriété du marchand dart parisien Paul Gouvert qui le vendit ensuite au maréchal allemand Goering (1). Un ensemble de blocs (chapiteaux, tailloirs, bases etc.) était entreposé depuis laprès-guerre au musée de Nuremberg. Le retour en Gascogne a été organisé par la D.R.A.C. de Toulouse (Conservation régionale des Monuments Historiques) (2).
Lhistoire de labbaye cistercienne de Berdoues, fondée en 1135 à quelques kilomètres au sud de Mirande, au bord de la Baïse, est assez bien connue grâce à lénorme publication de son cartulaire par labbé Cazauran en 1905 (3). Après une phase de croissance et denrichissement durant les XIIe, XIIIe et XIVe siècles, le nombre de moines diminua, dune vingtaine au XIVe siècle à sept seulement à la fin de lAncien Régime, et labbaye vécut une longue décadence.
Les moines possédaient environ 800 hectares répartis en treize métairies (4) le long des vallées de la Baïse, et le total de la vente, au début de la Révolution Française, fut de 675 000 livres. Les principaux acquéreurs sont les bourgeois de Mirande, bastide fondée par les moines cisterciens (5).
En 1791, la maison conventuelle et lenclos muré, ensemble la ci-devant église des ci-devant religieux de Berdoues sont acquis par le comte Pierre Anne de Montesquiou pour la somme de 46 500 francs. En novembre 1792, devenu suspect, il émigre. Ses biens sont confisqués (6) et revendus en 1793 pour 152 700 livres à un citoyen Saintes de Ponsampère, qui commence la démolition et la vente des matériaux des bâtiments anciens (7).
Daprès labbé Cazauran, qui avait eu le témoignage écrit de labbé Sothom, en partie contemporain des événements, Saintes a exploité les lieux comme une simple carrière : sous le Directoire et le Premier Empire, disparaissent tour à tour la moitié de la façade occidentale depuis le vestibule jusquà léglise, le beau clocher de la chapelle, léglise elle-même, les remises du midi avec leur tour, la majeure partie des bâtiments primitifs et du cloître (8).
Le mobilier de léglise est dispersé : vers 1806, léglise de Mirande achète le maître-autel, tabernacle, retable et toile de lAssomption du milieu du XVIIIe siècle (9), classé parmi les Monuments Historiques au titre objet depuis 1981. Les stalles sont enlevées et dispersées entre les églises de Saint-Orens dAuch, Mirande et Miramont dAstarac.En 1810, la nomenclature officielle des châteaux du Gers contient une description de labbaye de Berdoues : les anciens bâtiments nexistent plus, les nouveaux qui nétaient pas finis au commencement de la Révolution, servent de logement à M. Saintes qui en est devenu propriétaire. Ils noffrent rien de remarquable en architecture, sculpture ni peinture (10).
En 1842, le compte-rendu dune visite pastorale contient une description qui montre bien que le cloître a disparu : La grande porte dentrée à deux battants, souvre dans un vaste et haut vestibule pavé en pierre de taille éclairé par cinq croisées dont trois sont situées au dessus de la corniche de la porte du seuil. Lil plongeait autrefois dans lun des côtés du cloître où la vue se jouait en se perdant à travers les nombreuses arcades des voûtes soutenues si délicatement chacune par une double colonnette en marbre de couleurs
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diverses et dont les bases et les chapiteaux en marbre ciselé reproduisaient les mille caprices de limagination : lon en peut juger par ce que lon en voit de dispersé ça et là soit à la ville soit à la campagne. A la place de ces gracieuses richesses, lil déconcerté du visiteur ne rencontre plus aujourdhui que quelques légumes défendus par des clairevoies contre la voracité des poules (11).
Une autre description est publiée peu après, en 1857, par lérudit local Cénac-Moncaut : Léglise et le cloître, bâtis complètement en grandes briques, furent faits sur les dessins de larchitecture de transition. Le cloître avait trente mètres carrés, les galeries étaient voûtées avec nervures toriques à moitié engagées, réunissant leur croisure autour dun tourteau de pierre évidée. Chaque arcade regardant le préau, grande et large ogive privée de toute ornementation, fut subdivisée en deux pleins cintres romans supportés, à chaque retombée des voûtes par deux colonnettes de marbre. Ces colonnes, assises sur une base formée dun grand tore et dune baguette, avaient à chaque angle du soubassement ce quon appelle une griffe, et que nous préférons nommer un fruit car cet ornement nous paraît vouloir imiter les pommes tombées des branches du chapiteau. Ces chapiteaux de marbre blanc, qui réunissaient les colonnes gémissées, présentaient à chaque angle ces feuilles tantôt plates et entrelacées, tantôt volutées ou à crochets qui annonçaient la corbeille gracieuse et légère du treizième siècle.
Aucun oculus, aucune ouverture ne perçait les timpans des arcs du cloître. Les piliers des quatre coins intérieurs navaient pas de colonnes. Celui qui peut encore servir de spécimen présente un faisceau de quatre pilastres à angles droits appliqués contre un pilier également rectangulaire mais il ne reste aujourdhui que trois travées de la galerie méridionale et le mur appuyant les voûtes du couchant ; tout juste assez pour retrouver le plan primitif du cloître (12).
Justin Cénac-Moncaut (1814-1871) na pas pu voir labbaye avant sa destruction et on ignore les sources, sans doute des témoignages oraux, quil a utilisées.Au début du XXe siècle, labbé Cazauran donne encore une description des lieux : le cloître formait un carré parfait de quatre séries de cinq arcatures gothiques déterminées au moyen de colonnettes géminées en marbre qui soutenaient des chapiteaux doubles historiés est-il vrai certains lont prétendu que le cloître de labbaye fut modifié au 18e siècle sous ladministration de Dom Flory, avant dernier prieur de Berdoues ? Originairement, des arcatures ogivales ouvertes se montraient aux quatre faces du préau soutenues par des colonnettes doubles à chapiteau historié. Dans les derniers temps, on aurait, dit-on, subdivisé la moitié des arcatures (une entre autres) en deux baies au moyen dune colonnette en marbre de six centimètres de diamètre. Ainsi le veut M. Sothom qui a pu voir debout labbaye et son cloître (13).
Les hésitations de Cazauran sont surprenantes car, pour la première fois, il paraît mettre en doute labbé Sothom, qui est sa seule source. Il est vrai quon peut sinterroger car il indique par ailleurs que ce prêtre est né en lan VIII, vers 1800 (14). Il était donc un très jeune enfant au moment de la démolition, qui semble achevée en 1810. Sothom a pu recueillir des témoignages danciens moines mais il na certainement pas pu voir le cloître en élévation.À la fin du XIXe siècle, les lieux changent de propriétaires. Lintervention de labbé Darées, curé de Berdoues, permet linstallation de surs de la Sainte Famille venues de Bordeaux. Langle sud-ouest est alors transformé en chapelle comme le décrit labbé Cazauran en 1905 : cest à son goût exquis que le nouveau couvent dut la prompte fondation dune chapelle délicieuse pleine dharmonie qui sélève à lentrée de laile méridionale Glanant de tous côtés les fûts, les bases, les chapiteaux sculptés, des colonnettes de lancienne abbaye, il éleva un petit bijou darchitecture ogivale dont les nervures de la voûte reposent au nord et au midi sur la corbeille de colonnes de marbre rouge et blanc méthodiquement disposées contre les murs de la nef (15).
Vers 1880-1890, une petite note manuscrite, sans doute dAdrien Lavergne, excellent archéologue de lépoque, rapporte quun certain nombre de colonnes et de chapiteaux du cloître [sont] dispersé[s] dans les jardins les mieux entretenus de Mirande comme sièges et supports de leur cabinet de verdure (16).
En 1905, un témoin confirme : il ne reste quune belle partie dune allée du cloître qui sert de chapelle ; et dans les jardins de la ville de Mirande, on nous a montré des chapiteaux simplement épannelés comme ceux de Flaran (17).
La maison religieuse de Berdoues ferme. En 1905, la famille des propriétaires actuels achète les lieux mais la majeure partie du cloître se trouve désormais détachée de labbaye. Lantiquaire parisien des années 1930 na certainement pas pu racheter lensemble, qui comportait six chapiteaux et six colonnes sur chaque côté. Or il reste, semble-t-il dans la région, une demi douzaine de chapiteaux épars qui pourraient correspondre à une aile. De plus, la fiche de retour des vestiges ne mentionne que quinze chapiteaux, ce qui ne peut correspondre quà une moitié du cloître. Les décorateurs et les amateurs dautrefois souhaitaient
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souvent avoir "des ruines archéologiques" dans leur parc, et si lensemble nétait pas complet, il nétait pas rare quil fût achevé avec des copies.
Berdoues nest pas une exception. Dans le Gers, des monastères importants comme Bouillas près de Fleurance (18) ou La Case-Dieu près de Beaumarchés (19) ont totalement disparu en laissant très peu de traces. Il ne reste quune très petite partie de labbaye de Planselve à Gimont.Il ny a pas eu, semble-t-il, de mouvement en faveur du sauvetage archéologique de Berdoues à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle. En 1865, Justin Cénac-Moncaut a alerté les autorités sur lintérêt patrimonial des piles gallo-romaines du Gers : lÉtat achète celles de Saint-Lary et de Biran mais échoue dans sa tentative pour celle de Betbèze à Mirande du fait de lopposition du propriétaire (20). La législation sur la protection des vestiges du passé est lente à se mettre en place et la loi de 1913 est un premier pas important. La jeune Société archéologique et historique du Gers multiplie les démarches pour sauver le patrimoine architectural avec des succès : classement dobjets dart, sauvetage de labbaye de Flaran, et des échecs comme le départ de la porte gothique de Bassoues ou le démontage et la vente du cloître de Marciac (21). Le premier président de la Société, Jules de Carsalade du Pont, devenu évêque de Perpignan, fera acheter et restaurer les ruines de labbaye Saint-Martin du Canigou.
Avec le retour de cet ensemble de blocs de Berdoues débute un long travail dinventaire des palettes, didentifications et détude des vestiges, de comparaisons avec les autres cloîtres existants ou disparus de la région, danalyse des formes pour tenter de faire des propositions de remontage qui ne verra sans doute pas le jour avant de nombreuses années.
Jacques LAPART
conservateur des Antiquités et Objets dArt du Gers »1. Lynn H. Nicholas, Le pillage de lEurope, les uvres dart volées par les nazis, éditions du Seuil, Paris, p. 185.
2. Voir le journal Sud-Ouest du jeudi 25 septembre 2003, édition du Gers « Le cloître est de retour », le journal La Dépêche du Midi, même date « Berdoues, le retour du cloître » ainsi que plusieurs reportages des chaînes de télévision TF1, France 2, France 3, etc.
3. Abbé J.-J. Cazauran, Cartulaire de labbaye de Berdoues, gros volume, La Haye, 1905 ; résumé pratique de lhistoire de labbaye par M. Chanche, « Étude sur labbaye de Berdoues », Bulletin de la Société gersoise des études locales, 3e trimestre 1921, p. 1-14 et plus récemment par Jean Michel Lassure, notice « Berdoues », dans Flaran et lordre cistercien en Gascogne, catalogue de l'exposition du Centre culturel départemental de labbaye de Flaran, Condom, s.d., p. 8-9.
4. Yves Coustau, « La vente des biens nationaux dans le Gers, biens de première origine », Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Gers, 1962, p. 55.
5. Mirande et son pays, ouvrage collectif, Auch, 1981, p. 146 et 166.
6. Le 19 prairial an III, cf. Y. Coustau, « La vente des biens nationaux », p. 77.
7. Annuaire administratif du Gers, 1889, p. 331-332.
8. Abbé J.-J. Cazauran, Cartulaire de labbaye de Berdoues , p. 264.
9. Ibidem, p. 264, note.
10. Texte de 1810 publié par Henri Polge, « Nomenclature officielle des châteaux du Gers », Annuaire administratif du département du Gers, 1956, p. 644.
11. Texte sans doute écrit par labbé Sothom alors curé de Berdoues, inséré dans le volume des visites pastorales de Mgr de la Croix dAzolette, archevêque dAuch, conservé aux archives diocésaines dAuch.
12. M. Cénac-Moncaut, Voyage archéologique et Historique dans les anciens comtés dAstarac et de Pardiac, Paris-Mirande, 1857, p. 24-25.
13. J.-J. Cazauran, Cartulaire de Berdoues , p. 246. Je nai pas encore pu retrouver le gros manuscrit Jean Sothom, Essai historique sur la paroisse de Berdoues, grand cahier in 8° de plus de 400 pages signalé par Cazauran.
14. Abbé J.-J. Cazauran, Cartulaire de Berdoues , p. 261.
15. Ibidem, p. 264.
16. Archives diocésaines, Auch, dossier Berdoues.
17. Compte rendu bibliographique lors de la publication du Cartulaire de Berdoues, Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Gers, 1905, p. 330.
18. Chanoine Charles Bourgeat, « Labbaye de Bouillas », Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Gers, 1953, p. 273-282, 1954, p. 60-90, p. 388-405, 1955, p. 83-109, p. 180-205.
19. C. Balagna, « Quelques chapiteaux romans et gothiques de lancienne abbaye de la Case-Dieu », Actes de la 21e Journée des Archéologues gersois (Vic-Fezensac 1999), publication de la Société Archéologique du Gers, Auch, 2000, p. 100-132.
20. J. Lapart, « Les sculptures en calcaire trouvées dans les piles gallo-romaines de Betbèze à Mirande (Gers) daprès le carnet de fouilles inédit de Georges Fouet », 126e congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Toulouse, 2001, volume Religion et politique dans les sociétés du Midi, p. 17-35 ; voir p. 17 note 1.
21. Georges Courtès, « La Société archéologique du Gers et la sauvegarde du patrimoine (1891-1939) », Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Gers, 1995, p. 350-374.
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Christophe Balagna complète le rappel historique proposé par Jacques Lapart sur les circonstances de la démolition du cloître, la dispersion de ses éléments sculptés jusquà leur vente à Goering et leur retour sur le site de lancienne abbaye, par une présentation des bâtiments conservés et une analyse de larchitecture et du décor du cloître :
« Les vestiges de labbaye cistercienne de Berdoues
Le monastère de Berdoues est le premier monastère cistercien fondé en Gascogne centrale. Malheureusement, la quasi-totalité des bâtiments médiévaux a disparu au cours des siècles, en particulier après la vente de lensemble monastique en 1791. Néanmoins, grâce à la publication du cartulaire de labbaye au début du XXe siècle (1), quelques éléments chronologiques peuvent servir de point de départ à une étude densemble. Tout dabord, nous savons que lautel majeur de léglise a été consacré le troisième jour des ides doctobre 1157, par Guillaume Arnaud, évêque dAuch (2). Nous savons également quen 1164, un autel dédié à saint Paul et à saint Pierre est consacré dans le chur des convers. Lannée suivante, un nouvel autel est consacré ; dédié à saint Jacques et à saint Saturnin, il est placé dans la nef. Enfin, un autre autel, dédié à la Vierge et situé dans le chur des convers, est consacré en 1250 (3). Grâce à ces dates, et à quelques autres (4), on peut penser quà lextrême fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, une partie du monastère est construite, du moins léglise abbatiale et les bâtiments les plus importants.
En effet, les éléments en place sont tout à fait caractéristiques des constructions cisterciennes de Gascogne centrale de la fin du XIIe siècle et du premier quart du XIIIe : nervures de profil circulaire, terminaison en sifflet ou en biseau de ces nervures telles quelles apparaissent dans la sacristie de labbaye de Flaran (5). On y observe également une pénétration directe des nervures dans les angles des murs et labsence darcs formerets et de retombée harmonieuse pour les arcs doubleaux. De plus, on nutilise pas encore de véritable clef de voûte.
En fait, cest la salle capitulaire et le collatéral nord de léglise de labbaye de Flaran qui vont véritablement témoigner dune évolution dans la mise en uvre du voûtement sur croisées dogives. On y voit par exemple lutilisation darcs formerets qui reposent, avec les doubleaux, sur une console prévue à cet effet, placée soit le long des murs, soit dans les angles. On remarque aussi que les clefs de voûte circulaires apparaissent et quelles
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- le troisième est constitué dun chapiteau agrémenté aux angles dun motif de palmette renversée ou de coquille, très proche de la volute du chapiteau corinthien par son traitement et son emplacement (8).
Les quelques vestiges de lancienne abbaye de Berdoues encore en place constituent dimportants témoins de la présence des moines de Cîteaux en Gascogne centrale. En effet, ils démontrent toute limportance des constructions cisterciennes dans lévolution de larchitecture et du décor sculpté vers lart gothique. On y
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voit apparaître la voûte dogives associée à une véritable recherche structurelle concernant la retombée des éléments darchitecture, la modénature des arcs, leur profil et la constitution de la clef de voûte. Quant au décor, présent en particulier sur les chapiteaux, il démontre la recherche de simplicité et délégance des cisterciens, labandon définitif de corbeilles à figures et lévolution vers des compositions naturalistes, en harmonie avec le reste de lélévation. Dailleurs, il est tout à fait intéressant de remarquer que ce type de décor séduit des communautés non cisterciennes, comme on peut le voir dans ce quil reste de lancienne salle capitulaire de la cathédrale dAuch, construite dans le deuxième quart du XIIIe siècle ou parmi les vestiges conservés de lancienne abbaye de prémontrés de La Case-Dieu, à Beaumarchés (Gers) (9).
Larrivée dans le département du Gers des vestiges du cloître de Berdoues auparavant conservés en Allemagne doit permettre den savoir plus sur la structure du cloître, son élévation, son décor sculpté. En effet, très peu de cloîtres cisterciens sont encore debout dans le Midi de la France. Celui-ci a la particularité dappartenir probablement au premier quart du XIIIe siècle et donc aux premières phases de construction de ces monastères cisterciens. À ce titre, il est dun grand intérêt et il constitue un important témoignage de la vitalité des constructions cisterciennes en Gascogne centrale.
Christophe BALAGNA »
1. Cf. Abbé J.-J. Cazauran, Cartulaire de labbaye de Berdoues, La Haye, 1905.
2. Cf. également R. Favreau, J. Michaud et B. Leplant, Corpus des Inscriptions de la France médiévale, Gers, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques, t. 6, Paris, 1982, p. 36-37.
3. Ibidem, p. 38.
4. Cf. C. Balagna, Larchitecture gothique religieuse en Gascogne centrale, thèse, Université de Toulouse-Le Mirail, 2000, t. 1, p. 62-65.
5. Ibidem, p. 78-79.
6. Ibidem, p. 78-92.
7. Un chapiteau semblable est conservé au musée des Beaux-Arts de Mirande et provient sans aucun doute de lancien cloître de Berdoues. Cf. C. Balagna, « Le fonds lapidaire du musée des Beaux-Arts de Mirande (Gers) », dans M.S.A.M.F., t. LXI, 2001, p. 111-118.
8. Deux chapiteaux ont été remployés en tant que supports de croix dans le petit village de Sauviac, situé à quelques kilomètres de Berdoues. Ils sont issus eux aussi du cloître de Berdoues.
9. Cf. C. Balagna, « Quelques chapiteaux romans et gothiques de lancienne abbaye de La Case-Dieu (Gers) », dans Actes de la 21e Journée des Archéologues Gersois (Vic-Fezensac 1999), Auch, 2000, p. 100-133. Une mise au point plus complète est publiée dans ce même tome des Mémoires.
La Présidente remercie les deux intervenants pour ce point dactualité qui suscite bien des questions et des attentes et elle leur demande de bien vouloir informer notre Compagnie des suites qui seront données à cette affaire. Elle se souvient que Paul Gouvert est lantiquaire qui avait sévi à Saint-Genis-des-Fontaines : il serait donc possible que parmi les trop nombreuses sculptures rapportées à Berdoues se trouvent des éléments roussillonnais.
Louis Peyrusse demande si le musée de Nuremberg na pas de photographies de toutes ces pièces. Jacques Lapart sait que des photographies existent en effet, mais il explique les circonstances dans lesquelles sest fait ce rapatriement, qui a impliqué les ministères des Affaires étrangères et de la Culture ; il ajoute que le statut juridique de ces pièces est encore actuellement très incertain (on attend une confirmation écrite), que les conditions de conservation sur le site de Berdoues noffrent pas une garantie suffisante et que pour sa part il souhaite une protection de lensemble au titre des Monuments historiques. Jacques Lapart aurait préféré que pour entreposer tous ces éléments lon choisisse un lieu neutre, plutôt quun site privé, permettant plus aisément leur étude ; il rappelle par ailleurs les problèmes que posent des monuments importants à des communes trop petites pour en assumer lentretien. Christophe Balagna pense que le site de lancienne abbaye a été retenu dans la précipitation. Louis Peyrusse fait remarquer que leur dépôt à Mirande permettrait en outre de sauver les collections lapidaires qui sy trouvent déjà.
Dominique Watin-Grandchamp confirme quau moment de la vente, de nombreux éléments sculptés du cloître avaient déjà été dispersés et quune seule galerie semble alors avoir été vendue ; les sculptures provenant de Berdoues font donc partie dun lot dorigines diverses, ce qui complique encore son statut juridique.
Bernadette Suau indique que le fonds Gratien Leblanc a été légué aux Archives de la Haute-Garonne, puis, après avoir précisé quelle était originaire de Mirande, elle dit se souvenir de la visite de Gratien Leblanc alors quil parcourait la région à la recherche des éléments sculptés dispersés ; sa famille avait en effet un chapiteau de Berdoues, quelle possède encore et quelle se déclare prête à donner à une institution publique. Michèle Pradalier-Schlumberger rappelle quen effet Gratien Leblanc avait entrepris une thèse sur lart cistercien.
Louis Peyrusse pense que cette affaire est tout à fait passionnante et quun tel fonds, qui à lévidence nest pas homogène, mériterait une protection, surtout en raison de son histoire mouvementée et particulièrement romanesque. La discussion se poursuit sur les nombreuses questions posées par ce « retour » impromptu de Nuremberg à Berdoues.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 237
Quitterie Cazes signale quun chapiteau réputé provenir de Bonnefont est en vente chez un antiquaire parisien, rue des Saints-Pères ; elle propose den faire éventuellement une photographie. Louis Peyrusse recommande davertir la Société des Études du Comminges.
SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 2003
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente,
MM. Cazes, Directeur, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour,
Bibliothécaire-Archiviste, Ahlsell de Toulza, Trésorier ; Mmes Cazes, Napoléone,
Noé-Dufour, Pousthomis-Dalle, M. labbé Baccrabère, MM. Bordes, Peyrusse, Mgr
Rocacher, MM. Roquebert, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Andrieu, Bayle,
Bellin, Conan, Félix-Kerbrat, Fronton-Wessel, Galés, Suau, MM. Laurière, Manuel,
Pousthomis, Stouffs, membres correspondants.
Excusées : Mmes Fournié, Watin-Grandchamp.
La Présidente ouvre la séance à 17 h en annonçant quil ne sera pas procédé à lélection dun membre correspondant prévue à lordre du jour puisque limpétrante sest entre-temps portée candidate au concours annuel de notre Société. Puis elle informe la Compagnie de la tenue, au musée Saint-Raymond, dune belle exposition que nous sommes conviés à visiter : Périple méditerranéen (28 novembre 2003-4 avril 2004) ; elle en présente le riche catalogue, dont notre confrère Daniel Cazes nous fait lhommage. La Présidente fait ensuite circuler deux ouvrages relatifs aux maisons médiévales, offerts pour notre Bibliothèque :
- Gaël Carré, Emmanuel Litoux,
Jean-Yves Hunot, « Les ligneries à Charentilly (Indre-et-Loire) : du logis à
salle basse au manoir du XVe s. », photocopie dun article paru dans
la Revue archéologique du Centre de la France, t. 41, 2002, p. 239-263 ;
- les mêmes, Demeures seigneuriales en
Anjou - XIIe-XVe siècles, Patrimoine dAnjou :
études et travaux, 2, Conseil général de Maine-et-Loire, Service archéologique,
Angers, 2002, 84 p.
À l'occasion de l'entrée dans notre bibliothèque du tome XVIII des Analecta Mercedaria, Louis Latour donne diverses informations sur lordre de la Merci, fondé en Catalogne en 1218 par le Français saint Pierre Nolasque (+ 1249) et approuvé par le pape Grégoire IX en 1235 :
« Lordre religieux de Notre-Dame de la Merci est peu connu en France. Il nest représenté dans le Midi que par les couvents du Mas-Saintes-Puelles, dAuterive et de Cahors.
Lordre fondé par Pierre Nolasque, né au Mas-Saintes-Puelles vers 1186, se consacrait au rachat on disait la rédemption des captifs pris en otages par les pirates barbaresques. Créé le 10 août 1218, ses statuts ou constitutions furent formulés par écrit en 1272. Lordre se répandit rapidement en Espagne puis, bien plus tard, en Amérique latine où vivent encore plusieurs couvents des religieux de la Merci, les "mercédaires".
Notre bibliothèque possédait déjà un ouvrage de A. B. Marfan, Figures lauragaises (Perrin, 1937) qui consacre soixante pages à saint Pierre Nolasque et à lordre de la Merci. Elle senrichit aujourdhui du tome XVIII (1999) des Analecta Mercedaria, publication de lInstitut historique de lordre de la Merci dont le siège est à Rome.
Cet ouvrage renferme, entre autres, une très intéressante étude du frère Hugues Cocard, Les Mercédaires français et le rachat des captifs entre 1574 et 1789 (p. 75-143). Lauteur y définit dabord "le quatrième vu" auquel étaient astreints les religieux, fondé sur la parole du Christ, dans lévangile de saint Jean, "personne na de plus grand amour que celui qui livre sa vie pour ses amis". Il précise ensuite le financement nécessaire au paiement des rançons : quêtes et collectes, fonds provenant des corps, des confréries, des communautés, des dons des familles des captifs, du pouvoir royal même, des legs, des rentes, voire des emprunts. Lauteur montre les pressions nombreuses et variées que subit lordre pour accélérer la libération des prisonniers.
Il présente enfin la préparation et le déroulement des "rédemptions" : le départ des "rédempteurs", les négociations et le rachat, le retour en France des captifs libérés et les processions solennelles qui clôturent les cérémonies. Létude se termine par une évaluation chiffrée du bilan de lordre de la Merci nombre et diversité des "rédemptions", montant des rançons, nombre et condition des captifs libérés et par une analyse de lévolution des "rédemptions" à lépoque moderne. »
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 238
Le Trésorier dresse le bilan, inquiétant, des versements des cotisations des membres de la Société et rappelle que, comme régulièrement indiqué sur les convocations, « la cotisation annuelle doit être payée au cours du premier trimestre de lannée civile ».
La Présidente donne la parole à Sandrine Conan pour la communication du jour, intitulée La Casa Julia à Perpignan : lexemple dune demeure patricienne du XIIIe au XVIe siècle, publiée dans ce volume (t. LXIV, 2004) de nos Mémoires. Sandrine Conan prie la Compagnie dexcuser labsence de M. Laurent Hernandez, doctorant en Histoire à lUniversité de Perpignan, avec qui elle devait présenter cette rare maison médiévale et qui sest trouvé empêché ce soir.
Michèle Pradalier-Schlumberger remercie
Sandrine Conan pour une « belle communication » consacrée à un édifice
passionnant, dont létude est dailleurs loin dêtre terminée, des
analyses dendrochronologiques devant notamment permettre daffiner les datations.
Concernant les éléments de pierre sculptée du patio, la Présidente confirme que les
comparaisons pertinentes concernant les bases et les chapiteaux des colonnettes amènent
à les dater du début du XVe siècle.
Daniel Cazes se montre
très intrigué par le relief encastré dans le mur dune des galeries, à
létage du patio : sagit-t-il dun demi-relief, ou dune
statue, et est-ce vraiment une représentation de « saint
Jean-Baptiste » ? En revoyant les diapositives, notre confrère exprime son
sentiment de se trouver face à un portrait antique. À limpression esthétique
sajoute une constatation dordre technique : la tête est distincte du
buste dans lequel elle vient sencastrer, comme dans la statuaire romaine. Michel
Roquebert et Jeanne Bayle abondent en ce sens, puis ils font lhypothèse dune
réplique de lépoque de la Renaissance, ou plus récente. Interrogée sur le
matériau et la provenance de cette sculpture, Sandrine Conan dit quelle est
taillée dans le marbre, que tout ce quon en sait, cest quelle se
trouvait à la Casa Julia en 1868 et quelle était alors placée dans une niche,
dont il ny a pas de traces. Bernard Pousthomis signale que Pierre Ponsich
sétait intéressé à cette uvre, sans parvenir à en percer le secret.
Louis Peyrusse, frappé
par létat « 1900 » dans lequel la Casa Julia paraît figée,
senquiert de la nature et de limportance des coûts des travaux réalisés en
1914. Notre consur répond que les rapports des Monuments historiques suggèrent que
le chantier fut énorme. Considérables, les restaurations portèrent notamment sur
larcature du patio et sur les baies géminées.
Olivier Testard
sintéresse à la partie de lédifice qualifiée de « tour »,
laquelle na que trois côtés. Maurice Scellès évoque la possibilité que la
quatrième face ait reçu un pan de bois, et Louis Peyrusse quelle soit restée
ouverte.
Maurice Scellès veut
savoir si les maçonneries de la maison étaient enduites. Sandrine Conan répond que tous
les enduits anciens ont disparu. Maurice Scellès demande ensuite si la Casa Julia est
classée parmi les Monuments historiques, ce qui est effectivement le cas, puis il pose la
question de savoir si lArchitecte en chef des M.H. intervient sur ce chantier ;
il indique avoir récemment appris que cette intervention na lieu que dans le cas
où les travaux bénéficient dune subvention de lÉtat. De léchange de
vues qui sensuit, il ressort quen effet, dans le cas où il ny a pas de
demande de subvention publique, lavis conforme de lArchitecte en chef est
requis, mais que son intervention dans les travaux nest pas obligatoire.
Répondant à une
question de Guy Ahlsell de Toulza sur le devenir de la Casa Julia, vendue en 2000 et
destinée à être divisée en espaces locatifs, Sandrine Conan précise que la
rénovation, promue par la société Cogimm de Lyon, est conduite par M. Alain Vernet,
Architecte des Bâtiments de France pour lHérault, qui se montre soucieux de
respecter autant que possible le caractère de cette demeure patricienne. Elle ajoute que
le patio et tout le premier étage, dont les volumes seront conservés, resteront
accessibles au public.
Le Secrétaire général, heureusement parvenu jusquà nous, peut enfin faire entendre les procès-verbaux des séances des 4 et 18 novembre, qui sont adoptés.
En marge du dernier compte rendu,
Bernadette Suau dit quelle a été voir, lors dun récent séjour à Paris, le
chapiteau signalé par Quitterie Cazes. Exposé dans la vitrine dun magasin
dantiquités, ce chapiteau en marbre, à décor de feuilles de chêne, datable du
XIVe siècle, est accompagné dun cartel le réputant provenir de
« Bonnefont (Ariège) » ; il fut acquis à la Foire des Antiquaires de
Toulouse, à la suite de la dispersion de la collection Huc.
Michèle
Pradalier-Schlumberger précise que cette collection consistait en un décor de jardin
associant des chapiteaux du Moyen Âge et des moulages en terre cuite issus de la fabrique
des Virebent, quelle a fait lobjet dun travail universitaire dirigée
par Louis Peyrusse, et que la Ville de Toulouse refusa den faire lacquisition.
On fait remarquer que
le prix demandé pour le chapiteau en vente à Paris ne paraît pas excessif pour le
budget dune institution publique. Un membre signale par ailleurs lentreprise
de récupération déléments lapidaires lancée dans le cadre de lancienne
abbaye de Bonnefont en Comminges, initiative qui lui paraît tout à fait louable.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 239
Au titre des questions diverses, on signale que le portail du n° 56 de la rue du Taur, conçu vers 1910 par larchitecte Joseph Thillet pour la Bibliothèque universitaire à limitation du portail édifié par Nicolas Bachelier pour le collège de lEsquile (n° 69), vient dêtre partiellement ravalé et réparé, autrement dit massacré : lurgence de linauguration de lÉcole supérieure daudiovisuel, qui a eu lieu le 3 novembre, a déterminé une opération de sablage ou de « gommage », effectuée à très forte pression sur une pierre calcaire très fragile, poreuse et friable, doù une dégradation catastrophique de la surface de taille. La Compagnie examine un échantillon de cette pierre, prélevé le 5 novembre, au moment où lon reconstituait au ciment-pierre les claveaux vermiculés et autres éléments du portail endommagés par les camions du chantier ouvert dans lancien collège de Périgord.
Un membre indique ensuite que des travaux très importants, liés à une vaste opération de promotion immobilière, ont lieu dans les bâtiments délimités par les rues Clémence-Isaure (n° 2) et de lÉcharpe (n° 1 bis), sur lemplacement acquis au début du XIVe siècle par les Izalguier et que cette célèbre famille patricienne posséda jusquau début du XVIIe. Lenlèvement du crépi de la façade sud, sur la rue de lÉcharpe, a fait apparaître intégralement un grand arc de brique dont on apercevait naguère le départ, mais le filet de protection de léchafaudage ne permet guère den voir davantage. Guy Ahlsell de Toulza précise que cet arc, très vraisemblablement médiéval, est en plein cintre. Il y a malheureusement toute apparence que la façade en question sera prochainement à nouveau enduite.
On cite encore une décision de Justice placardée sur le portail du n° 8 de la rue la Trinité : un jugement de la Cour administrative dappel de Bordeaux, en date du 19 décembre 2002, annule dune part un jugement du Tribunal administratif de Toulouse, du 5 novembre 1998, dautre part un arrêté du maire de Toulouse, du 25 juillet 1995, lequel refusait daccorder un permis de construire modificatif se rapportant à la création de quatre fenêtres sur la cour intérieure ainsi quà la transformation de la toiture. Dans cette affaire, il paraît étonnant que ne soit pas évoqué le « Secteur sauvegardé » dans le périmètre duquel limmeuble se trouverait pourtant situé. La discussion qui sengage entre plusieurs membres fait apparaître quil nexiste pas à Toulouse de « Secteur sauvegardé », le projet publié dans les années 1970 nayant jamais été ratifié. On sinterroge sur lopportunité dadresser à la Ville de Toulouse un courrier visant à clarifier ce point.
Des indications sont données sur les
travaux en cours dans les bâtiments et la cour de lancien collège de
lEsquile : les planchers des étages du long bâtiment en façade sur la
rue des Lois ont été détruits et remplacés par des plateaux en béton, larcature
dordre toscan élevée au XVIIe siècle sur le côté ouest de la cour
intérieure vient dêtre rouverte et il apparaît que le niveau du sol de cette cour
avait été par la suite considérablement surhaussé. On déplore n'avoir eu aucune
information sur le projet que lÉtat fait exécuter dans un bâtiment important,
tout à la fois connu et méconnu, qui naura pas été davantage étudié que
lancien collège de Périgord.
Dans le même ordre
didées est cité le cas de lancienne maison des Théatins (rue du
lieutenant-colonel Pélissier), dont la façade vient dêtre badigeonnée à
litalienne, fraise et vanille, dans le goût de lArchitecte des Bâtiments de
France. Il est souligné quune fois encore, les dispositions intérieures du
bâtiment ont été sacrifiées, selon la logique dun « façadisme »
dont, ailleurs quà Toulouse, on commence à refuser les effets pervers.
SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 2003
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente,
MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Watin-Grandchamp, M. labbé Baccrabère,
le Père Montagnes, MM. Bordes, Testard, membres titulaires ; Mmes Bayle,
Fronton-Wessel, Suau, MM. Balagna, Burroni, Cranga, Laurière, Rebière, Stouffs, membres
correspondants.
Excusés : MM. Cazes, Directeur, Scellès, Secrétaire général ; Mme Cazes, M.
Hermet.
Invités : Mme Cranga, M. Jean-Pierre Amalric, Président de la Fédération
historique de Midi-Pyrénées.
La Présidente ouvre la séance à 17 h et commence par rendre compte de la correspondance manuscrite. Celle-ci comprend en particulier :
- le programme annoncé pour la
« 2e rencontre Pierre de Fermat », qui doit se tenir à
lHôtel dAssézat le 21 janvier 2004 ;
- une lettre de Mme Hélène Guiraud,
professeur dHistoire antique à lUniversité de Toulouse-Le Mirail, qui
remercie notre Compagnie de lui avoir permis dutiliser ses locaux.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 240
La Présidente présente ensuite une série de travaux dont notre confrère Raymond Laurière nous fait lhommage pour notre bibliothèque. Au nom de la Compagnie, la Présidente remercie notre confrère.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 2 décembre 2003, qui est adopté. À propos de limmeuble en façade sur la rue de lÉcharpe (n° 1 bis), Patrice Cabau annonce que, comme on pouvait le craindre, le crépissage a fait disparaître les traces archéologiques naguère visibles au niveau du premier étage, et Guy Ahlsell de Toulza signale quen revanche, au rez-de-chaussée, larc en pierre et brique alternées dun portail muré datable du XVIIe siècle a été laissé apparent.
La Présidente donne la parole à Yves Cranga et à son épouse pour la principale communication du jour, intitulée Le parc du château de Pompignan (Tarn-et-Garonne) : état des recherches, publiée dans ce volume (t. LXIV, 2004) de nos Mémoires.
Michèle Pradalier-Schlumberger remercie
les intervenants pour leur présentation très réussie : à partir de létude
dun parc se révèle tout un art de vivre, celui du XVIIIe siècle
finissant. Invité à réagir, Jean-Pierre Amalric sintéresse au problème posé
par lattribution des fabriques du parc soit au marquis de Pompignan, décédé en
1784, soit à son fils. Au sujet du père, il évoque une personnalité complexe, un homme
à double visage, aux dehors affables mais avec un côté inquiétant. Ainsi voit-on le
marquis se comporter en bienfaiteur des paysans et les poursuivre dans de rudes procès.
Yves Cranga souligne
tout lintérêt quil y a à croiser les perspectives sur le personnage, son
uvre, son château et son parc ; il dit avoir ainsi formé, avec le
propriétaire actuel du château, le projet dun colloque consacré à une approche
multiple. Concernant le parc, M. Cranga insiste sur le fait quil sagit
dune superposition de strates, dune addition diffuse et confuse détats
successifs réalisée sur une longue période, entre le milieu du XVIIIe
siècle et celui du XIXe, au cours de laquelle les fabriques furent
appropriées à des discours divers.
Jean-Louis Rebière se
fait confirmer que la « chapelle gothique » actuelle nest autre que le
noyau de lancien « temple gaulois », puis il relève le caractère
« très parisien » du parc, laspect « très moderne » du
château, son allure de « château russe ». Très cohérent, jusquau
mobilier de style « retour dÉgypte », lensemble lui paraît
sinscrire dans les toutes dernières décennies du XVIIIe siècle et
devoir être ainsi attribué au fils plutôt quau père.
La discussion porte
ensuite sur la protection du site, aujourdhui altéré par la
« banlieurisation », cest-à-dire la multiplication des constructions et
des « animations ».
Louis Latour signale
lexistence dans la région de Toulouse dun autre parc intéressant, celui du
Secourieu, près de Cintegabelle, que M. et Mme Cranga connaissent effectivement.
La parole est ensuite à Raymond Laurière pour une communication brève : À propos dune peinture murale civile gothique de Villefranche-de-Rouergue, problèmes iconographiques :
« À loccasion, en 1986, dun réaménagement intérieur total dune des plus anciennes maisons bourgeoises du centre ville, une peinture murale a été mise en évidence. Elle occupait un mur de séparation entre deux pièces, mur voué à la démolition immédiate dans le cadre des travaux prévus. Lurgence de ces travaux na permis quun examen dans des conditions précaires déclairage, un relevé photographique et la dépose partielle. Les fragments déposés sont conservés au siège de la Société archéologique de Villefranche. Nicole Fayel a consacré une notice à cette peinture dans Les peintures murales du diocèse de Rodez, mémoire de maîtrise sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger, Université de Toulouse-Le Mirail, 1988, p. 113-116.
Des aménagements multiples depuis sa réalisation (percements de portes et de placards, abaissement du plafond), ne permettent pas une lecture iconographique densemble cohérente dautant quil semble quil y ait eu deux campagnes successives aboutissant à deux décors superposés. On doit se contenter dimages certes fragmentaires mais fort intéressantes.Sur un semis de croix cantonnées de points ocre ou manganèse, on reconnaît essentiellement deux scènes. En haut un affrontement de cavaliers (dont on ne voit que la partie inférieure) évoque une classique scène de tournoi ; en bas un personnage féminin, dune réelle beauté, ostensiblement couronné, est vêtu dune robe simple avec surcots. Les bras sont ouverts à lhorizontale et portent, à droite un faucon dont on naperçoit que le bec, à gauche un animal fièrement campé sur ses pattes arrière, qui porte un bâton rectiligne et qui file quenouille. Bien que le dessin soit assez rustique on peut reconnaître dans cet animal une levrette.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 241
En dehors de ces deux éléments, le décor comporte quelques rinceaux et des armoiries (non identifiées) dans des quadrilobes.
On peut avancer comme datation la période du troisième quart du XIVe siècle. Mais la question est de savoir si ce personnage féminin qui, grâce surtout à la couronne, paraît de haute lignée, peut recevoir une identité. Certes une représentation symbolique est possible dans le contexte courtois de lépoque. Mais pourquoi ne pas voir une allusion directe à un personnage ayant existé ? À cette époque Villefranche est sous occupation anglaise et lon sait que des responsables anglais ont été hébergés dans la ville dans des maisons bourgeoises. Par ailleurs, la création de la ville sest faite dans la lignée comtale toulousaine.
Comme identification du personnage, on pourrait proposer Jeanne, fille dAliénor dAquitaine et épouse du comte de Toulouse Raymond VI, et pourquoi pas Aliénor elle-même ? Son sceau est très semblable la quenouille, la couronne de duchesse un certain nombre darguments ne permettent pas déliminer formellement cette proposition.Raymond LAURIÈRE »
La Présidente remercie M. Laurière
pour son exposé, puis elle fait appel aux questions de lassemblée.
On regrette en premier
lieu que cette opération de sauvetage hasardeuse ait conduit à une destruction. La
dépose
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 242
de cette peinture murale aurait dû être confiée à des
spécialistes maîtrisant lensemble du processus, et capables de réaliser au
préalable une couverture photographique.
Sagissant des
décors perceptibles sur les clichés présentés, M. Rebière fait observer que deux
sujets se superposent en décalage et quils sont donc sans rapport du point de vue
de leur signification. Pour la partie haute, dans la scène figurant des cavaliers, il
paraît primordial détudier les vestiges darmoiries, car celles-ci pourraient
permettre didentifier les propriétaires de la maison. Dominique Watin-Grandchamp
abonde en ce sens et lon évoque les décors héraldiques analogues connus à
Avignon, Périgueux, Gaillac, Vielmur, etc.
Raymond Laurière se
montre persuadé de limportance des éléments héraldiques ; il redit
quaucun des spécialistes quil a consultés nest parvenu à les
attribuer. Quant à lopération de dépose à laquelle il a cru devoir et pouvoir
procéder, il déclare sêtre conformé aux indications communiquées par le
spécialiste à qui des autorités lui avaient recommandé de sadresser.
Pour ce qui est de la
scène représentée en partie basse, une reine filant quenouille, Jean-Louis Rebière,
Olivier Testard et Dominique Watin-Grandchamp font observer quelle a une connotation
satirique très éloignée du sujet héraldique. M. Rebière note que la couronne
orfévrée à trois fleurons est de type royal et que le personnage représenté apparaît
comme lallégorie dune reine en général, quil est inutile de chercher
à identifier. Guy Ahlsell de Toulza évoque également une allégorie de Vertu, telle la
Charité. Avec Anne-Laure Napoléone, il rapproche cette figure de celle du roi
darmes paraissant sur la peinture de la maison Lobios, à Moissac, qui nous a été
présentée par Virginie Czerniak (M.S.A.M.F., t. LXII, 2002, p. 255-259).
SÉANCE DU 6 JANVIER 2004
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente,
MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mme Napoléone, M.
Bordes, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Prin, Roquebert, Testard, Tollon, membres
titulaires ; Mmes Bayle, Fournié, Stutz, MM. Ginesty, Gironnet, Manuel, membres
correspondants.
Excusée : Mme Cazes.
Invitée : Mlle Géraldine Cazals.
La Présidente ouvre la séance en
souhaitant que cette nouvelle année soit pour tous une année heureuse tant sur le plan
personnel que scientifique.
La Présidente informe
la Compagnie du décès de Me Viala, membre de lAcadémie des Jeux Floraux et
Président de lUnion des Académies et Sociétés savantes de lHôtel
dAssézat. Elle rappelle laction particulièrement importante de Me Viala tout
au long des négociations menées lors de linstallation dans lHôtel
dAssézat de la Fondation Bemberg et lefficacité avec laquelle il a toujours
su défendre les intérêts des académies et sociétés savantes.
La lecture du
procès-verbal de la séance du 16 décembre est reportée. La Présidente rend compte de
la correspondance manuscrite, qui compte des cartes de vux, le programme du colloque
organisé par lAssociation Française pour lÉtude de lÂge du Fer, qui
se tiendra à Toulouse les 20-23 mai 2004, et le compte rendu de lassemblée
générale de la Fédération Historique de Midi-Pyrénées.
Avant de donner la parole à Bruno Tollon et Henri Ginesty pour la communication du jour : Guillaume de La Perrière et la publication des Annales de Foix en 1539, la Présidente présente à la Compagnie notre invitée pour cette séance, Mlle Géraldine Cazals, auteur dune récente thèse de droit consacrée à Guillaume de La Perrière.
La Présidente remercie nos deux
confrères de nous avoir présenté ce travail original sur Guillaume de La Perrière et
demande si dautres contrats de fabrication de livres sont connus. Bruno Tollon croit
pouvoir affirmer que de tels contrats sont rares et que celui-ci est en outre exceptionnel
par les précisions quil contient.
Ayant relevé que Guillaume de La
Perrière serait le premier collectionneur attesté de médailles antiques, Louis Peyrusse
remarque que le graphisme très archaïque des médaillons reproduits dans louvrage
les rapproche cependant plus des médaillons sculptés. Est-il possible de proposer
dautres comparaisons ? Bruno Tollon regrette que le défaut de diapositives ne
lui ait pas permis de développer cet aspect comme il lavait prévu, et il acquiesce
au propos de Louis Peyrusse, reconnaissant avec lui un dessin très stéréotypé, que
lon retrouve dailleurs dans dautres ouvrages contemporains. Parmi les
acquisitions de la Bibliothèque municipale de Toulouse de ces dernières décennies
figure un livre imprimé à Lyon à 1505 qui présente des médaillons rectangulaires dans
des marges très larges et la
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 243
formulation des personnages se trouve déjà dans le
Calendrier des Bergers. Il ny a donc rien de neuf, même si, comme la supposé
Mlle Cazals, Guillaume de La Perrière a lui-même dirigé le travail.
Géraldine Cazals se dit convaincue
par les arguments présentés, tout en rappelant que, nétant pas historienne de
lart, cest une question quelle ne sest pas posée. Elle peut en
revanche affirmer que de La Perrière était collectionneur de médailles, mais elle ne
croit pas non plus quil ait été le premier collectionneur toulousain :
louvrage de Guillaume Budé publié en 1520 ou ceux de Jean de Pins ont eu un grand
succès chez les gens de justice ; le mouvement dintérêt des intellectuels
pour les monnaies antiques a sans doute été bien antérieur à ce que lon croyait.
François Bordes rappelle que le
deuxième livre des Annales manuscrites de Toulouse comporte des médaillons qui
sont dans cet esprit. Patrice Cabau pense que lintérêt pour les médailles
antiques traverse lHistoire et que des collections ont dû exister à peu près à
toutes les époques.
Mme Bayle fait remarquer que
certains des personnages arborent des armures de fantaisie ou de parade, et Daniel Cazes
évoque celles que fabriquent alors les grands armuriers dAllemagne et
dAutriche.
Louis Peyrusse dit avoir
limpression que lon a économisé sur lillustration. Henri Ginesty
précise quil nest fait aucune mention de lillustration de
louvrage dans le contrat. Il faut donc penser quelle a été payée par
Guillaume de La Perrière. Il ajoute que lon peut se demander si un ouvrage ancien
qui aurait été conservé dans les archives de Foix a pu servir de modèle. Géraldine
Cazals précise que lon a deux traditions manuscrites de lhistoire du comté
de Foix. Celle qui a inspiré Guillaume de La Perrière vient clairement dun
manuscrit religieux dû à Miègeville. Concernant les bois gravés, elle se demande si
limprimeur navait pas intérêt à les conserver. Henri Ginesty affirme que le
contrat parle des moles, cest-à-dire des caractères de plomb, mais
quil ne dit rien des bois des illustrations. Mme Bayle rappelle que lon peut
aussi avoir affaire à des bois récupérés. Pour Géraldine Cazals, il semble quil
ny ait aucun doute sur le fait que de La Perrière ait lui-même dessiné les
illustrations de tous ses ouvrages.
Patrice Cabau linterroge sur
la valeur historique des Annales de Foix. Géraldine Cazals dit quil
sagit dun bon livre même sil a assez peu dintérêt
aujourdhui pour lhistoire du comté de Foix. Il transcrit en partie un texte
en langue béarnaise enrichi dautres lectures. Guillaume de La Perrière
sexcuse dailleurs de lavoir arrêté à la fin du XVe
siècle. Louvrage de Bertrand Élie, publié lannée suivante et qui couvre le
début du XVIe siècle, aura plus de succès. Il nen demeure pas moins
que Montaigne fait référence à Guillaume de La Perrière et que ses Annales de Foix
sont encore citées au XVIIe siècle. On le cite également du point de vue de
lhistoire politique, louvrage étant en effet précédé dune copieuse
épître à Marguerite de Navarre avec des considérations sur le bon gouvernement, la
tyrannie, etc., en rapport avec les démêlés de lauteur avec lentourage de
la reine.
Patrice Cabau demande quelle est la
relation entre Guillaume de La Perrière et Nicolas Bertrand. Géraldine Cazals dit
quil ny a pas entre eux de relation familiale. Guillaume de La Perrière
intervient dans la traduction de louvrage de Nicolas Bertrand par amitié pour le
neveu dAntoine Noguier, un compagnon détudes, mais il est également possible
quil ait été lélève de Nicolas Bertrand. Patrice Cabau fait remarquer que
très tôt, en 1515, Nicolas Bertrand fait dialoguer le texte et limage.
Louis Peyrusse demande comment
sinscrit ce « coup éditorial » dans la carrière de Guillaume de La
Perrière. Pour Géraldine Cazals, cette affaire est marginale dans lactivité de ce
polygraphe.
Patrick Gironnet est frappé par la
précision des références architecturales que montre en particulier lillustration
du frontispice. Il rappelle que les livres sont chers et quils se transmettent de
génération en génération, fournissant des modèles aux maîtres duvre.
Ainsi le château du Masnau-Massuguiès, dans le Tarn, est-il construit au début du XVIIe
siècle dans un esprit qui est celui des années 1530-1540. Bruno Tollon souligne les
parallèles qui peuvent être établis dans la composition et la perspective entre
lart du dessin et celui de larchitecture. Patrick Gironnet note que ces
gravures sont à même de guider les restaurateurs daujourdhui.
François Bordes voudrait savoir si
les attributs des personnages représentés sont répétés de façon aléatoire ou
sils sont censés correspondre à des personnalités. Pour Bruno Tollon, ils ne sont
que des stéréotypes de lautorité. Géraldine Cazals dit que les attributs ne
reviennent pas en effet dans le même ordre et elle sinterroge sur le choix du type
de portrait et sa relation avec le texte qui laccompagne. Bruno Tollon signale que
lun des grands intérêts de lexposition en préparation sera de présenter un
grand in-folio antérieur à 1500 comptant des pages à cinq ou six vignettes.
La Présidente remercie tous les intervenants, et plus particulièrement Mlle Géraldine Cazals, disant que lon attend avec intérêt la publication de sa thèse.
Au titre des questions diverses, le Bibliothécaire-archiviste présente deux ouvrages offerts par des membres de la Compagnie et qui viennent dêtre reliés. Chacun peut ainsi constater que les dons qui sont faits à notre bibliothèque sont précieusement « thésaurisés », pour le plus grand bonheur des chercheurs daujourdhui et de demain.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 244
SÉANCE DU 20 JANVIER 2004
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente,
MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Napoléone,
Noé-Dufour, M. Lassure, Mgr Rocacher, M. Testard, membres titulaires ; Mmes Bayle,
Fronton-Wessel, MM. Garland, Ginesty, Manuel, membres correspondants.
Excusée : Mme Fournié.
La Présidente ouvre la séance en
regrettant une assistance peu nombreuse, sans doute en raison du mauvais temps, puis elle
annonce les modifications de calendrier affectant les prochaines séances :
lassemblé générale a été reportée à la séance du 24 février et la visite de
lexposition « Périple méditerranéen. Antiquités dAfrique du Nord et
du Moyen-Orient » du Musée Saint-Raymond aura lieu le mardi 23 mars, en sus des
séances ordinaires.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture
du procès-verbal de la séance du 16 décembre 2003, qui est adopté après deux
corrections.
Mgr Rocacher demande sil est
envisagé dinscrire au programme une visite du très important chantier de fouilles
de lHôtel Saint-Jean. La Présidente pense que Nelly Pousthomis-Dalle pourrait sans
doute lorganiser. Le Secrétaire général croit savoir quune journée porte
ouverte est prévue prochainement sur le site, ce que confirment le Directeur et Annie
Noé-Dufour.
De nombreux dons viennent enrichir notre bibliothèque :
- Jeanne Bayle, Les églises de Vals en Ariège, tiré-à-part du Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1980, p. 89-91 (don de lauteur) ;
- Jeanne Bayle, Histoire et archéologie à Saint-Volusien de Foix. Bref essai de chronologie, tiré-à-part du Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, t. XXIII (1967), p. 5-16 (don de lauteur) ;
- Jeanne Bayle, La Mise au tombeau de Foix, uvre dAuguste Virebent, tiré-à-part du Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1991, p. 107-125 (don de lauteur) ;
- Jeanne Bayle, Léglise de Lézat (Ariège), tiré-à-part du Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, t. XXII (1966), p. 1-8 (don de lauteur) ;
- Jeanne Bayle, Le sculpteur Pierre Cailhive, tiré-à-part du Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1995, p. 117-133 (don de lauteur) ;
- Jeanne Bayle, Chapiteaux dispersés des églises détruites de Pamiers, tiré-à-part du Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1982, p. 37-54 (don de lauteur) ;
- Jeanne Bayle, Le château de Longpré, tiré-à-part du Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1986, p. 5-22 (don de lauteur) ;
- Jeanne Bayle, Lindustrie dans la région de Mirepoix au XVIe siècle, tiré-à-part du Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1999, p. 111-135 (don de lauteur) ;
- Jeanne Bayle, Art et archéologie dans le canton de La Bastide-de-Sérou, tiré-à-part du Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, 1976, p. 233-272 (don de lauteur) ;
- Jeanne Bayle, Archéologie du canton de Varilhes tiré-à-part du Bulletin de la Société ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts, t. XXVI (1970-1971), p. 69-117 (don de lauteur) ;
- Jeanne Bayle, Le château de Montaillou en 1415, tiré-à-part du Colloque de Montaillou (25-27 août 2000), sous la direction dE. Le Roy Ladurie, p. 75-85 (don de lauteur) ;
- Geneviève Sendrail, Philippe Durand, Guide du haut Salat, Saint-Girons, 1981, 238 p. (don de lauteur) ;
- Geneviève Durand-Sendrail, Huit siècles dhistoire à Salau, Association pour la reconstruction de léglise de Salau, 1992, 59 p. (don de lauteur) ;
- Geneviève Durand-Sendrail, Clermont-le-Fort à travers les âges, Les Amis de Clermont-le-Fort, multigraphié, 33 p. (don de lauteur) ;
- Geneviève Durand-Sendrail, Léglise de Salau et la commanderie des chevaliers hospitaliers, Association pour la vie de Notre-Dame de Salau, 2003, 43 p. (don de lauteur) ;
- Du Gothique à la Renaissance. Actes du colloque de Viviers (20-23 septembre 2001), II. L'introduction de la Renaissance en Vivarais et Dauphiné (1520-1550) sous la direction d'Yves Esquieu, (Revue du Vivarais, t. CVII, n° 1, janvier-mars 2003, fasc. 753), 248 p. (don dYves Esquieu) ;
- Du gothique à la Renaissance, architecture et décor en France 1470-1550, textes réunis par Y. Esquieu, Actes
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 245
du colloque de Viviers (20-23 septembre 2001), Aix-en-Provence, Publications de l'Université de Provence, 2003, 318 p. (don dYves Esquieu).
Au nom de la Société, la Présidente remercie les donateurs en soulignant combien sont en particulier précieux pour notre bibliothèque les tirés-à-part et ouvrages qui resteraient sinon peu accessibles.
Lordre du jour appelle lélection dun membre libre, de deux membres honoraires et dun membre titulaire : M. Gillis est élu membre libre, MM. Blaquière et Manière sont élus membres honoraires, Mme Suau est élue membre titulaire.
La parole est à Jean-Michel Lassure pour une communication consacrée au Bilan de trois années de recherches sur le village potier de Cox, publiée dans ce volume (t. LXIV, 2004) de nos Mémoires.
La Présidente remercie Jean-Michel
Lassure en affirmant que sa communication na pas paru trop longue tant elle a été
passionnante, nous apportant nombre déléments nouveaux et la primeur dune
recherche en cours. Elle lui demande si certains des sites de Cox sont protégés au titre
des Monuments historiques, ou sil en est qui pourraient lêtre et pour
lesquels ce serait envisagé. Jean-Michel Lassure cite en particulier les maisons Laballe
et Laffont ; le propriétaire de cette dernière a beaucoup de mal à entretenir les
450 m2 de toiture. Il est probable que les ateliers et fabriques encore
conservés disparaîtront ou seront transformés au cours des dix prochaines années.
La Présidente layant
interrogé sur la commercialisation des poteries de Cox, comparée à celle des
productions de Giroussens, Jean-Michel Lassure indique quil sagissait surtout
dune vente indirecte, le transport seffectuant par voitures sur les foires et
les marchés de la région, jusque dans le Val dAran. Leur diffusion peut même
aller jusquà Bordeaux. Guy Ahlsell de Toulza rappelle que la commercialisation des
productions de Giroussens fait également appel au transport terrestre par voiture, mais
quelle utilise surtout la batellerie. Il signale quune terre cuite de
Giroussens a dailleurs été retrouvée sur le site dune abbaye vendéenne
abandonnée en 1717. Les productions de Cox et de Giroussens paraissent complémentaires.
Jean-Michel Lassure note que les poteries de Cox sont bien représentées dans les
fouilles préventives réalisées à Toulouse, alors que celles de Giroussens y sont
rares.
Guy Ahlsell de Toulza fait remarquer
que Cox a conservé ses fours, ce qui nest pas le cas de Giroussens, pour lequel il
faut souhaiter un travail semblable à celui qui a été réalisé par notre confrère.
Jean-Michel Lassure affirme quil est toujours possible de retrouver en fouille les
parties enterrées des fours, à la condition bien sûr que des fouilles archéologiques
soient possibles. Il signale par ailleurs que Séverine Jarland a lintention
dengager une recherche sur la commercialisation des productions de Cox et de
Giroussens.
On voudrait savoir si le musée de
Cox qui a été évoqué est propriété communale ou privée. Jean-Michel Lassure dit
quil sagit dune structure associative. La situation est en fait
complexe : il y a eu des velléités de protection au titre des Monuments
historiques, soutenues par le conseiller à lethnologie de la DRAC, mais lune
des manufactures appartenait au maire de lépoque. Il semble cependant que la
fabrique Laballe, où est installé le musée, soit protégée au titre des Monuments
historiques. Jean-Michel Lassure précise que la municipalité de Cox nest pas
favorable à des mesures de conservation préventives, dautant que la zone où sont
réalisées les fouilles est en cours de construction. Cox est très bien situé, pas
très loin de Toulouse et sur une route en bon état, et son inévitable urbanisation
entraînera la destruction des manufactures encore conservées. On fait observer
quil serait pourtant possible de renforcer le musée et den faire le centre
dune opération de sauvegarde. Guy Ahlsell de Toulza souligne que la manufacture
Laballe est si bien conservée que lon a limpression de retrouver intact un
état du XVIIe ou XVIIIe siècle ; M. Picard a pu réunir de
nombreuses pièces, dont certaines du XVIe siècle, qui font de ce musée un
ensemble tout à fait passionnant, mais cest aujourdhui un homme âgé.
Quadviendra-t-il des collections et de la documentation ? Certains
départements se sont dotés dun conservateur départemental, mais pas la
Haute-Garonne. On regarderait volontiers du côté de la Région, et on ajoute que le
travail scientifique tout à fait remarquable de Jean-Michel Lassure demanderait à être
suivi dune mise en valeur.
Répondant à une question
dAnnie Noé-Dufour, Jean-Michel Lassure confirme quen raison de la taille
très réduite de Cox, les recherches ont tout naturellement touché les villages voisins.
Dominique Watin-Grandchamp souligne la permanence assez exceptionnelle de lactivité
sur le site et demande si lon y connaît des dynasties de potiers. Jean-Michel
Lassure explique que des bancs dargile peu profonds et abondants ont favorisé
linstallation des potiers qui ont pu utiliser, dès le début de leur activité et
pendant plus dun siècle, une pâte blanche. Quant aux dynasties de potiers, elles
ne sont pas connues, faute de recherches darchives semblables à celles qui sont
menées pour Giroussens.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 246
Au titre des questions diverses, la Présidente donne lecture dun courrier qui nous a été adressé pour attirer notre attention sur létat de lancien Hôtel du marquis de Castellane, rue Croix-Baragnon. Guy Ahlsell de Toulza dit quil faudrait en effet protéger les parties les plus importantes de lHôtel, qui est dans un état de décrépitude avancé, mais il ajoute quon ne sait rien des décors intérieurs. Une discussion sensuit sur les effets et les intérêts respectifs du « secteur sauvegardé » et de linscription à lInventaire supplémentaire des Monuments historiques. Après avoir rappelé quune protection au titre des Monuments historiques est inutile sans la volonté de faire des travaux, on souligne quil faudrait, avant toute autre démarche, prendre contact avec les propriétaires.
La Présidente donne ensuite lecture de
la réponse que le Ministre de la Culture a faite à M. Lucien Remplon, Président des
Toulousains de Toulouse, à propos des travaux dans les bâtiments de lancien
collège de Périgord et la tour Maurand. La Compagnie est unanimement favorable à la
publication de cette lettre si M. Remplon en est daccord. La Présidente rend alors
compte à la Compagnie de son entrevue du 14 janvier avec le nouveau Directeur régional
des Affaires culturelles. Plusieurs membres déplorent que nous soyons les seuls à avoir
une conception archéologique de la restauration. On évoque le projet détude des
maisons en pan-de-bois de Toulouse, en signalant que deux de ces maisons situées rue des
Couteliers viennent de faire lobjet de relevés en élévation et de fouilles
archéologiques, ce qui na pas empêché lentrepreneur de détruire larc
de la porte.
On constate que la seule commune de
Toulouse compte 12000 ha et quil faut y ajouter les milliers dhectares soumis
à une urbanisation qui constituent de fait lensemble de lagglomération
(englobant par exemple la commune de Cox). La réflexion devrait porter sur ce que
lon veut et ce que lon doit conserver du patrimoine dans lensemble de ce
vaste territoire, en sinterrogeant sur la qualification et lutilisation des
bâtiments. Ainsi pourrait-on concevoir quun édifice comme lancien Hôtel du
marquis de Castellane devienne le siège dune entreprise dans une agglomération
dynamique. De la même manière, laménagement de lensemble du site de Cox
devrait être intégré dans une réflexion globale à léchelle de
lagglomération toulousaine des vingt ans à venir. Tout le travail accompli par
Jean-Michel Lassure est très intéressant, mais quen fait-on ?
Plusieurs membres évoquent la vente
prochaine de lhôpital de La Grave, dont seulement une petite partie est protégée
au titre des Monuments historiques, et lon note que cest encore là le type
dédifice dont la réaffectation devrait être raisonnée au niveau de
lagglomération. On fait remarquer que les interventions de la Ville, de la Région
et de la DRAC se limitent à du coup par coup et quil serait nécessaire de comparer
ce qui se fait à Toulouse avec la pratique dautres grandes villes européennes dont
les projets urbains intègrent la dimension patrimoniale. Pourquoi ne serait-il pas
possible de faire la même chose chez nous ? Les recherches réalisées ne
débouchent jamais sur une prise en compte du patrimoine ainsi révélé. Il faudrait sans
doute sensibiliser la population par la presse. On cite encore lexemple de la place
extérieure Saint-Cyprien, et le procès gagné par une Toulousaine qui retardera un peu
la destruction de lancien entrepôt de vins au port Saint-Sauveur, mais sur des
arguments de pure forme juridique. Cest pourtant tout ce qui subsiste des
équipements portuaires de Toulouse, tout le reste ayant été détruit ou presque.
Patrice Cabau signale larticle consacré à l« Hôtel Duranti », nos 4-8 rue du Lieutenant-Colonel-Pélissier, dans le dernier numéro de Capitole infos (n° 143, décembre 2003, p. 20), en relevant une erreur qui, après bien dautres, révèle une méconnaissance complète de lhistoire et des monuments de la ville. Le bâtiment, propriété de la Ville, vient dêtre « totalement réhabilité et rénové » pour héberger des services publics et des associations. La légende des photographies le présente comme « un ancien bâtiment religieux du XVIIe siècle » et un cliché reproduit linscription apposée par le Syndicat dinitiative en 1946 : « Commanderie de Saint Antoine du T par Jean-Pierre Rivalz XVIIe siècle ». Il sagit effectivement de lancienne commanderie de Saint-Antoine de Viennois, qui abrita de 1621 à 1790 des clercs réguliers appartenant à la Congrégation des Théatins. Lordonnance majestueuse du bâtiment en façade sur la rue, élevé de 1695 à 1702, où alternent des frontons triangulaires et curvilignes, est attribuée à larchitecte Jean-Pierre Rivalz, qui introduisit à Toulouse (Hôtel de Malte, n° 32 rue de la Dalbade) le grand style romain du palais Chigi. La Mairie de Toulouse confond ce bâtiment religieux avec lHôtel particulier situé de lautre côté de la rue (n° 3), qui fut édifié pour les présidents au Parlement Jean Étienne Duranti (+ 1589) et François de Rességuier (fin XVIe-XVIIIe s.) et presque complètement détruite à la fin des années 1950 pour la construction des « Nouvelles Galeries » : il nen subsiste que la façade sur rue.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 247
SÉANCE DU 3 FÉVRIER 2004
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente,
MM. Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Watin-Grandchamp, M. Bordes, le Père
Montagnes, MM. Peyrusse, Pradalier, Prin, Mgr Rocacher, MM. Roquebert, Vézian, membres
titulaires ; Mmes Bayle, Conan, Félix-Kerbrat, Pousthomis-Dalle, Noé-Dufour, MM.
Balagna, Manuel, Stouffs, membres correspondants.
Excusés : MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mmes Cazes, Fournié,
Marin.
La Présidente ouvre la séance à 17 heures. La parole est au Secrétaire général pour la lecture du procès-verbal de la séance du 6 janvier, qui est adopté après de menues corrections.
Michèle Pradalier-Schlumberger rappelle le calendrier des prochaines réunions. Sagissant du concours, trois candidats ont présenté leurs travaux :
- Mlle Karine Madiès, une thèse dhistoire de lart intitulée Les clochers « limousins » : origine, filiation et signification liturgique, soutenue en septembre 2003 à lUniversité de Toulouse II-Le Mirail ;
- Mlle Géraldine Cazals, une thèse de doctorat dhistoire du droit consacrée à Guillaume de La Perrière (1499-1554) - Un humaniste à létude du politique, soutenue en décembre 2003 à lUniversité des Sciences sociales-Toulouse I ;
- M. Jean-Claude Carsalade, un mémoire portant inventaire des statues médiévales de La Vierge dans lancien évêché du Comminges.
La Présidente annonce la récente
élection, en date du 27 janvier, de notre confrère Henri Pradalier à la Présidence de
lUnion des Six Académies et Sociétés savantes de lHôtel dAssézat
quil ne faut pas confondre avec lAssociation des Amis de lHôtel
dAssézat. La Présidente rappelle que cette Union a été créée à
loccasion de linstallation de la Fondation Bemberg dans lHôtel, afin
notamment de représenter les Six Académies et Sociétés savantes auprès de la Ville de
Toulouse. Son Conseil dadministration comprend douze membres, chaque Académie
étant représentée par deux délégués désignés. LUnion a été présidée
successivement par MM. Jean-Charles-Auvergnat, Jean Sermet, Lucien Remplon et Albert
Viala. Le Bureau qui vient dêtre renouvelé est formé de M. Henri Pradalier,
Président, Mme Lise Enjalbert, Vice-Présidente, MM. Lucien Remplon, Vice-Président,
Paul Féron, Secrétaire, Mme Arlet-Suau, Secrétaire-adjoint, MM. Pierre-Yves Péchoux,
Trésorier, Guy Ahlsell de Toulza, Trésorier-adjoint. On fait observer quil y a
tout lieu de se réjouir de lélection comme Président de lUnion du membre le
plus jeune de ce nouveau Bureau. LUnion a la charge des problèmes matériels
inhérents à la gestion de lHôtel, en particulier de laffectation de la
Salle Clémence-Isaure. Il est indiqué à ce propos que lutilisation des locaux de
lHôtel pour les soutenances de thèses, consécutivement à lexplosion de
lusine AZF, a pris fin le 1er février dernier.
LUnion a aussi
pour rôle de financer des projets communs, telle la mise en réseau des bibliothèques.
Louis Latour sétant enquis de la consistance du budget de lUnion, Louis
Peyrusse explique que celui-ci est alimenté par les cotisations des six Académies et
Sociétés savantes, par des subventions allouées par la Ville de Toulouse, ainsi que par
un reliquat résultant dune manifestation organisée par le passé.
La parole est à M. Christophe Balagna pour la communication du jour, intitulée Le monastère prémontré de La Case-Dieu, publiée dans ce volume (t. LXIV, 2004) de nos Mémoires.
La Présidente remercie notre collègue.
Elle le félicite pour son exposé, qui révèle un édifice jusquici quasi inconnu,
et pour sa recherche, qui rapproche utilement des éléments lapidaires dispersés et fait
apparaître des problèmes intéressants pour létude de la sculpture monumentale du
Moyen Âge central.
Michèle Pradalier-Schlumberger lui ayant
demandé sil existe en Gascogne dautres exemples de piédroits de portail
portant un décor de bâtons brisés, Christophe Balagna répond par la négative. Mme
Pradalier-Schlumberger sintéresse ensuite aux bases remployées sur le côté
gauche de la façade ouest de léglise de Marciac et qui portent un cordon
tressé ; on saccorde sur la rareté de ce motif. Puis la discussion porte sur
des problèmes de terminologie, certaines sculptures paraissant devoir être qualifiée de
« prégothiques » plutôt que de « romanes », et lon évoque
à ce sujet le portail occidental de léglise des Jacobins de Toulouse, datable au
plus tôt de 1234.
Mme Pradalier-Schlumberger souligne
la pertinence des rapprochements faits à propos de la série des chapiteaux des XIIIe-XIVe
siècles, qui, comme ceux du cloître des Jacobins de Toulouse ou les chapiteaux de Rieux
conservés au musée des Augustins de Toulouse, présentent des tenons entre les
corbeilles ; elle note ensuite la perduration des
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 248
chapiteaux à boules. La clef de voûte montrant une tête
dhomme lui paraît très intéressante, et elle la compare avec une clef de
léglise de Najac ; M. Balagna évoque quant à lui une clef de la tour de
Constance à Aigues-Mortes.
Henri Pradalier intervient pour
indiquer que la clef en question devait appartenir à une abside. Il souligne lui aussi
lintérêt de la série déléments lapidaires présentée et récuse
également lutilisation abusive du terme « roman ». Il met en évidence
la relation existant entre larchitecture ou la sculpture des établissements des
Cisterciens et des Prémontrés. Il mentionne en particulier des exemples espagnols :
le monastère prémontré dAguilar de Campo et léglise cistercienne de
Guadafes. Concernant les piédroits de portail à décor de bâtons brisés, il signale,
outre lexemple de Saint-Guilhem-le-Désert, des références dans la France de
lOuest, en Angoumois et en Anjou.
Louis Peyrusse pose la question du mode
darticulation des piédroits et des voussures du portail, que lon comprend
difficilement daprès la reproduction de la photographie qui a été distribuée.
Christophe Balagna répond que le raccordement était assuré par des impostes, ainsi
quon peut le voir sur un dessin réalisé en 1841 et publié par labbé Gaubin
en 1905. M. Peyrusse sinterroge sur les informations qui pourraient être tirées
des sources archivistiques. M. Balagna dit quil a fait aux Archives départementales
un dépouillement qui na livré que peu de renseignements sur les
constructions : les pièces conservées concernent tout au plus des réparations.
Maurice Scellès demande si des
plans anciens du monastère ont été conservés, et si les plans cadastraux donnent des
indications. Christophe Balagna donne une réponse négative.
Henri Pradalier exprime ses doutes
quant au chapiteau double remployé dans léglise de Marciac comme support de la
chaire. M. Balagna indique que ses dimensions sont conformes à celles des autres
chapiteaux et quil sagit très certainement dun élément authentique
réutilisé.
Revenant sur la question de la
sculpture, Nelly-Pousthomis-Dalle souligne limportance de linfluence
« cistercienne », et Henri Pradalier évoque le « style sobre »
auquel M. Pierre Dubourg-Noves a consacré un article.
Au titre des questions diverses, Patrice Cabau annonce que le compte-rendu critique quil a rédigé au sujet de la dernière édition du Cartulaire de Saint-Sernin de Toulouse, publiée en 1999 par Pierre et Marie-Thérèse Gérard, pourra être consulté sur le site Internet de notre Société : www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/memoires/t_64/cartul.htm.
La Compagnie examine ensuite un dossier
photographique qui montre létat préoccupant de lHôtel de Castellane,
sis au n° 10 de la rue Croix-Baragnon, sur lequel notre attention a été appelée par
une démarche des descendants du marquis de Castellane relayée par la Société des Amis
du Muretain. On rappelle que cest dans les salons de cet Hôtel que la Société
Archéologique du Midi de la France a été fondée en 1831. On signale la qualité
architecturale de cette demeure du XVIIIe siècle, remaniée dans la première
moitié du XIXe, en insistant sur la beauté de la cage descalier. Seules
sont protégées, au titre dune mesure dinscription prise en 1927, les
ferronneries des balcons et de lescalier. Les clichés présentés font voir que les
ornements de terre cuite sommant le portail sur la rue sont très abîmés.
On fait remarquer que les propriétaires
désireux de faire des travaux de restauration dans des bâtiments protégés reculent
souvent devant limportance des coûts. Plusieurs membres abondent en ce sens,
soulignant le fait que linscription ou le classement des édifices ne résout pas le
problème de leur état matériel, et quil est fréquent que les propriétaires
refusent des subventions publiques qui sont pour eux source de contraintes.
SÉANCE DU 24 FÉVRIER 2004
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente,
MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Watin-Grandchamp, MM. labbé
Baccrabère, Bordes, Catalo, Hermet, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Pradalier, Prin,
Mgr Rocacher, MM. Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Andrieu, Bayle,
Czerniak, Pousthomis-Dalle, Suau, MM. Burroni, Laurière, Manuel, Stouffs, membres
correspondants.
Excusé : M. Scellès, Secrétaire général.
La parole est au Secrétaire-adjoint pour la lecture du procès-verbal de la séance du 20 janvier, qui est adopté après suppression dune information restée invérifiable.
La Présidente fait état dun courrier de M. Rémy Pech, Président de lUniversité de Toulouse-Le Mirail, paru dans le n° 2 du magazine Patrimoine Midi-Pyrénées en réponse à larticle publié par la Société Archéologique critiquant le traitement infligé aux bâtiments du n° 56 de la rue du Taur pour linstallation de lÉcole supérieure daudio-visuel. La lecture de cette réponse est renvoyée à la prochaine séance, où devrait être présentée la version finale du document de synthèse sur laffaire du collège de Périgord.
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La Présidente détaille la correspondance imprimée, qui comprend essentiellement des annonces de publications et manifestations diverses :
- Centenaire de la Société préhistorique française célébré le 23 mars 2004 par lAcadémie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse ;
- Journée du Patrimoine de Pays organisée le 20 juin 2004 sur le thème « Pierre : pierre brute, pierre taillée » ;
- dixième Salon du livre dhistoire locale de Mirepoix (Ariège), à tenir le 4 juillet 2004.
La Compagnie se constitue ensuite en
Assemblée générale annuelle pour entendre dabord le rapport moral, puis le bilan
financier, et enfin procéder aux élections statutaires.
La Présidente retrace les
activités de notre Société pour lannée passée, féconde en travaux ; elle
insiste sur limportance du colloque sur la maison médiévale et annonce quun
projet similaire est à létude pour la maison moderne.
Guy Ahlsell de Toulza présente le
bilan financier pour lexercice courant du 22 janvier 2003 au 20 janvier 2004. Louis
Peyrusse demande quelques précisions concernant les subventions reçues par notre
Société.
Les rapports moral et financier sont adoptés et quitus est donné au Trésorier pour sa bonne gestion.
Les élections statutaires, qui portent sur la moitié du Bureau, concernent cette année les fonctions de Président, de Secrétaire général et de Bibliothécaire-Archiviste.
La Présidente rappelle que Louis Latour
a déjà exprimé le souhait de ne pas être reconduit dans sa charge, quil remplit
depuis 1993. Elle rend hommage au travail énorme accompli pendant une décennie décisive
pour notre Société, dont la Bibliothèque est devenue un instrument de travail
remarquable pour les chercheurs travaillant à Toulouse sur le fonds local. M. Latour a
organisé le déménagement de la Bibliothèque pendant les travaux de lHôtel
dAssézat, puis le rangement dans les nouveaux locaux, le classement des volumes et
linformatisation du fichier. Il a veillé à la conservation des collections et à
leur enrichissement, en multipliant notamment les échanges avec les revues étrangères.
Il a assuré une permanence hebdomadaire, ouvert la salle de lecture au public le mardi
après-midi. Ne ménageant ni son temps ni sa peine, rayonnant toujours de bonne humeur,
de cordialité et dérudition, il a fait de notre Bibliothèque un lieu de rencontre
où se sont nouées des sympathies. Louis Latour ne quitte pas tout à fait la
Bibliothèque, puisquil occupera le poste de Bibliothécaire-adjoint, créé
spécialement à son intention.
Louis Peyrusse, ancien Président,
se joint à Mme Pradalier-Schlumberger pour dire à Louis Latour toute la reconnaissance
que notre Compagnie lui doit pour son extrême efficacité ; par souci de ne pas
mettre trop à lépreuve la modestie de notre collègue, il nose insister sur
ses qualités humaines.
La Présidente présente ensuite la
candidature de Mme Suau, dont elle rappelle la formation darchiviste-paléographe et
la carrière comme Conservateur des Archives des départements de lEure, puis des
Landes, enfin de la Haute-Garonne. Conservateur général du Patrimoine, Bernadette Suau
est également Conservateur des antiquités et objets dart. Nous connaissons tous
son efficacité professionnelle et son rayonnement scientifique, et cest pour notre
Société un honneur que de lui proposer dexercer les fonctions de
Bibliothécaire-Archiviste.
Michèle Pradalier-Schlumberger
annonce que Maurice Scellès a souhaité être reconduit à son poste et
quelle-même brigue un nouveau mandat.
Daniel Cazes, Directeur de notre
Société, manifeste la satisfaction que lui procurent ces différentes candidatures. Il
est procédé au vote à bulletins secrets. À lunanimité des membres titulaires
présents, Michèle Pradalier-Schlumberger, Maurice Scellès et Bernadette Suau sont élus
ou réélus respectivement Présidente, Secrétaire général et
Bibliothécaire-Archiviste.
Lordre du jour appelant ensuite une communication consacrée à La restauration des peintures murales du XIVe siècle de léglise du Taur à Toulouse, la parole est à M. Jean-Marc Stouffs.
La Présidente remercie notre collègue et le félicite pour avoir présenté un bilan technique très précis du chantier de restauration ouvert voici trois ans dans la nef de léglise du Taur. Lanalyse révèle le caractère savant dune peinture dont les pigments rares ne laissent pas de poser de problèmes. Michèle Pradalier-Schlumberger demande pourquoi le blanc de céruse, qui ailleurs a si souvent viré au noir, ne sest pas oxydé ici. Jean-Marc Stouffs répond que le noircissement du carbonate de plomb nest pas systématique et il en indique les causes chimiques.
Mme Pradalier-Schlumberger note que lutilisation de lor devait donner à cette peinture murale un aspect somptueux. Elle évoque à cet égard le décor des chapelles du chevet de léglise des Augustins de Toulouse. M. Stouffs préfère rapprocher la peinture de la nef de celles de léglise des Jacobins, ainsi que duvres espagnoles, telles celles réalisées par Juan Oliver dans le réfectoire de la cathédrale de Pampelune.
Louis Peyrusse se déclare frappé par une « lecture technique » qui permet de reconnaître un grand degré de
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 250
sophistication à lutilisation de substances précieuses. Jean-Marc Stouffs précise que les analyses sont encore très récentes, que les éléments absolument caractéristiques sont peu nombreux, et quil avait pour sa part jusquici seulement travaillé sur des peintures romanes. Il relève par ailleurs le caractère très complexe de lexécution des peintures murales, fréquemment exécutées à la fois à fresque et à sec.
M. Peyrusse se demande pourquoi latelier du Taur a travaillé directement sur la paroi murale et non sur des panneaux de bois. Michèle Pradalier-Schlumberger fait observer que lon connaît très peu de peintures sur bois à Toulouse et dans sa région, exception faite du diptyque de Rabastens, exécuté sur parchemin collé sur bois, qui se trouve au musée de Périgueux. Virginie Czerniak évoque le décor peint réalisé pour léglise dAragnouet, dans les Pyrénées. Mme Pradalier-Schlumberger conclut en soulignant la grande qualité de la peinture sur mur à Toulouse dans la première moitié du XIVe siècle.
Henri Pradalier sintéresse aux écussons cantonnant la peinture de léglise du Taur. Ayant remarqué que les coiffes des trois têtes servant de meubles paraissent difficilement être du XIVe siècle, il se demande si elles nont pas été ajoutées postérieurement. Jean-Marc Stouffs répond par la négative, tout en signalant limportance des repeints. Virginie Czerniak et Dominique Watin-Grandchamp saccordent sur la possibilité que la forme des coiffes en question puisse remonter au XIIIe siècle ; il est dailleurs probable que la figuration héraldique ait figé un modèle antérieur à la date dexécution de la peinture.
Mme Watin-Grandchamp souligne la ressemblance du panneau mural peint de la nef de léglise du Taur avec une tapisserie à bordure qui aurait pu être accrochée au-dessus dun banc de confrérie. Mme Czerniak note à propos de la bordure à décor végétal encadrant le panneau que le type provient de lenluminure, et François Bordes, interrogé sur les corps de métiers liés à la coiffure, indique quaucun navait son siège dans léglise du Taur.
Séances du 24 février 2004 au 1er juin 2004
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