Mémoires |
BULLETIN DE LANNÉE ACADÉMIQUE
2003-2004
établi par Patrice CABAU & Maurice SCELLÈS
Les parties non reproduites dans l'édition papier apparaissent en vert dans cette édition électronique.
Séances du 7 octobre 2003 au 24 février 2004 | Séances du 2 mars 2004 au 1er juin 2004 |
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 250
SÉANCE DU 2 MARS 2004
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Scellès, Secrétaire général, Latour Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Noé-Dufour, Pousthomis-Dalle, Watin-Grandchamp, MM. labbé Baccrabère, Bordes, Gilles, Hermet, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Pradalier, Testard, Tollon, Vézian, membres titulaires ; Mmes Bayle, Marin, Pujalte, MM. Manuel, Molet, Stouffs, membres correspondants.
La Présidente rend compte de la
correspondance manuscrite. Ce sont tout dabord deux courriers en réponse au dossier
consacré à laffaire de lancien collège de Périgord qui a été adressé
avant publication dans nos Mémoires aux personnes intéressées en offrant la
possibilité duser dun droit de réponse. Le Président du Conseil régional,
M. Martin Malvy, nous assure quil en a pris connaissance avec intérêt et nous
propose de prendre contact avec le Directeur Général Adjoint des Services pour
compléter notre information. La Direction régionale des Affaires culturelles nous fait
savoir par courriel quelle compte user du droit de réponse proposé, mais pour le
volume de lannée prochaine, léchéance du 10 mars lui paraissant
irréaliste.
Un courriel du Canada demande des
renseignements sur lorigine du toponyme « Soupetard » : François
Bordes propose de répondre.
Par ailleurs, la Présidente est
très heureuse davoir reçu lannonce de la parution du colloque de Narbonne
auquel avaient participé de nombreux membres de lUniversité de Toulouse et de
notre Société ; le volume est disponible à la Mairie de Narbonne.
La Présidente signale également à
lattention de la Compagnie le dernier numéro (n° 15) de Momus, toujours
aussi intéressant. Il faudra communiquer le dossier de laffaire de lancien
collège de Périgord à la rédaction de Momus.
Notre bibliothèque senrichit de louvrage de Bruno Phalip, Auvergne et Bourbonnais gothiques. Le cadre civil, Paris, Picard, 2003, 263 p. (don de lauteur).
La parole est à Louis Peyrusse et Bruno Tollon pour une communication consacrée à La colonne Dupuy et Dame Toulouse, qui sera publiée dans le prochain volume (t. LXV, 2005) de nos Mémoires.
La Présidente remercie nos deux confrères pour ce complément dinformation sur Dame Toulouse et pour cette lecture du monument à Dupuy qui nous en a révélé des qualités insoupçonnées. Quant au portrait du général Dupuy, elle se demande si lon doit vraiment considérer quil sagit dun portrait idéalisé alors que sont représentés des détails très concrets de la chevelure. Louis Peyrusse rappelle que lidéalisation néo-classique insiste sur le portrait
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intérieur, qui na pas nécessairement à voir avec le
portrait réel ; Bruno Tollon dit que les cadenettes, bien connues des armées
napoléoniennes, étaient très appréciées des artilleurs.
François Bordes confirme
lanalyse du contexte développée par Louis Peyrusse et rappelle que trois monuments
assez symboliques ont été réalisés dans les années 1833-1834 à Toulouse : la
colonne Dupuy, le médaillon à Napoléon au Capitole et lobélisque de Jolimont.
Louis Peyrusse précise quen effet on utilise alors le sentiment bonapartiste pour
faire pièce aux républicains : cest dans ce contexte quest réalisé le
portrait sculpté du général Dupuy.
Après avoir revu les photographies
de Dame Tholose, Daniel Cazes sinterroge sur les sources dinspiration de Jean
Rancy. Son état actuel, sil nest pas le résultat de trop grandes
modifications, permet dévoquer un grand modèle classique créé à Athènes au Ve
siècle avant J.-C., celui de la Victoire en plein vol, le bras droit levé brandissant
une couronne, une palme dans la main gauche. Bruno Tollon rappelle quune description
du XVIIIe siècle indique que la main droite tient la girouette et que la main
gauche est posée sur un écu, et quun relief de lHôtel du Vieux-Raisin
réinterprète un dessin de Raphaël présentant une Minerve à lécu. Daniel Cazes
relève quil pourrait sagir dans ce cas dune contamination par le thème
de la Victoire à lécu. Il ajoute que, quant au canon de la statue de Jean Rancy,
le point de vue de Griffoul-Dorval sexplique par référence à la Grèce classique.
Le canon assez trapu, la poitrine généreuse de la statue se réfèrent plutôt à des
modèles hellénistiques qui perdurent au IIe siècle avant notre ère et
pendant toute lépoque romaine. En revanche, la draperie ne se rattache en aucune
manière à lAntiquité classique ou hellénistique mais appartient encore à
lart de lextrême fin du Moyen Âge. Le mode délaboration de cette
statue est donc très intéressant, mais une autre question se pose : pourquoi avoir
représenté une allégorie de Toulouse sous la forme dune Victoire alors que le
modèle de lallégorie de la ville existe ? Cest aussi la question de
lidée que les gens de la Renaissance se font de la ville. Bruno Tollon souscrit
pleinement à cette analyse et il se déclare très impatient de lire la thèse de Mlle
Géraldine Cazals qui apporte de nouveaux éclairages sur la pensée politique dans la
Toulouse de la Renaissance. Des monarques couronnés par une Victoire apparaissent dans
les gravures contemporaines et en 1565, cest une déesse debout qui figure la Ville
de Toulouse lors de lentrée de Charles IX et de Catherine de Médicis ; des
Victoires sont également représentées par des petits bronzes dont on ne connaît ni le
lieu de fabrication, ni la date dentrée dans les collections toulousaines. Bruno
Tollon rappelle que cest aussi la date de sa réalisation, 1550, qui fait de Dame
Tholose une uvre exceptionnelle, puisque lon sattendrait plutôt à une
uvre des années 1580.
Réitérant le vu déjà émis
par notre Société, Daniel Cazes insiste sur la nécessité absolue de descendre Dame
Tholose de la colonne Dupuy et de la placer dans un musée. Louis Peyrusse propose que
notre Présidente adresse un courrier à la Mairie de Toulouse en ce sens. Pour François
Bordes, cela nest peut-être pas nécessaire car il semble que la décision soit
près dêtre prise.
Guy Ahlsell de Toulza fait remarquer
que la position en hauteur de la figure de Dame Tholose et sa fonction de girouette
conviendraient mal à une statue assise. Il sinterroge encore sur le lien qu'il faut
peut-être établir entre la figure en bronze et le lieu auquel elle a été
destinée : en effet, ce nest pas sur le Capitole quon la place, mais sur
la tour des archives de la Ville, cest-à-dire le trésor de la Ville.
Bruno Tollon rappelle que pour
Guillaume de La Perrière la mémoire de papier est celle qui a la plus longue durée.
Sagissant des figures placées au sommet des monuments, il précise quelles
étaient beaucoup moins rares que lon a pu le penser. Henri Pradalier
linterroge sur les statues de Mars à Arles et de la Giralda à Séville. Bruno
Tollon répond que la statue arlésienne est de 1555, et donc postérieure de cinq ans à
celle de Dame Tholose, mais surtout quelle est moins intéressante dun point
de vue technique, car il sagit en fait dune uvre de dinanderie. La
Giralda de Séville a été réalisée en 1568 et il faut préciser quelle mesure
3,80 m de haut ; elle a été déposée vers 1986 et remplacée sur le monument par
une copie.
En réponse à une question de Louis
Peyrusse et dAnnie Noé-Dufour sur un dessin récemment acquis par le Musée
Paul-Dupuy, François Bordes affirme quil napporte rien de neuf sur le sujet
de la colonne Dupuy.
Lordre du jour appelle lexamen des rapports pour le concours. La Présidente donne la parole à Nelly Pousthomis-Dalle pour son rapport sur le travail présenté par Mlle Karine Madiès :
« Mlle Karine Madiès a soutenu à Toulouse, en septembre 2003, une thèse sur Les clochers « limousins » : origine, filiation et signification liturgique, sous la direction de Michèle Pradalier-Schlumberger et de Henri Pradalier. Le jury était également composé de Mmes Éliane Vergnolle et Claude Andrault-Schmitt.
Ce travail comprend cinq volumes : un volume de texte (520 p.), un catalogue de monographies (298 p.), un volume de figures et graphiques (282 p.) et deux volumes de photographies totalisant 1152 illustrations. Le texte est bien écrit, agréable à lire, la documentation est abondante et de qualité.
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Le premier volume constitue le corps de létude qui, partant de lhistoriographie, revisite la théorie dun type « limousin » de clocher, en propose une nouvelle chrono-typologie à partir de la définition de caractères discriminants et une synthèse sur les fonctions de ces clochers.
Sans pouvoir entrer dans le détail dun travail très fouillé, on retiendra quelques points forts.
Un gros travail historiographique montre comment sest forgée cette théorie dun type bien précis de clochers « limousins », notamment à partir de René Fage et Jean Valléry-Radot. Le corpus initial comprenait 14 clochers (Brantôme en Périgord, Collonges-la-Rouge, Uzerche, Saint-Martial et Saint-Étienne de Limoges, Saint-Léonard de Noblat, Saint-Junien en Limousin, Gardes, Pérignac, Blanzac en Charente, Notre-Dame et Saint-Michel de lAiguilhe au Puy, Valence et Die dans la vallée du Rhône). Karine Madiès reprend avec minutie létude de chacun deux, non seulement leur architecture, mais aussi leur décor sculpté, sans oublier une étude systématique des travaux de restauration des XIXe et XXe siècles.
Une analyse fine du bâti révèle les techniques de construction particulières à ce type douvrage. Lauteur redéfinit cette famille de clochers à partir de critères architecturaux qui la conduisent à en écarter certains, notamment les deux clochers de la vallée du Rhône, et à opérer une nouvelle classification en trois groupes. La tour, sans localisation prédéfinie, est composée de plusieurs niveaux en retrait, au-dessus dun soubassement carré ou plus souvent rectangulaire, généralement voûté. Aux premiers niveaux de plan carré succèdent des niveaux de plan octogonal, un gâble encadrant une fenêtre unique masquant la transition entre les deux plans. Ces caractères communs nexcluent pas de nombreuses variantes. Le noyau proprement « limousin » comprend les six clochers de lancien diocèse de Limoges, dont les prototypes ne sont pas les deux clochers limougeauds, désignés par J. Valléry-Radot, mais plutôt celui de Collonges-La-Rouge. Karine Madiès se démarque aussi de ses prédécesseurs en écartant Brantôme, qui paraît le plus ancien, antérieur au milieu du XIe siècle, et porteur de particularités architecturales qui seront diversement exploitées par les ouvrages ultérieurs. Elle ne retient pas non plus celui de Notre-Dame du Puy. Enfin, les clochers de Charente semblent devoir constituer une nouvelle série (Gardes, Pérignac, Blanzac).
Outre cette nouvelle thèse, on retiendra quelques révélations parmi lesquelles le décor sculpté de ces clochers, tellement négligé quil en est souvent inédit, et parfois surprenant par sa qualité (Blanzac). Le patient dépouillement des dossiers de restauration a permis didentifier les parties authentiques parfois considérées comme refaites. Il en est ainsi du clocher de Notre-Dame du Puy qui na pas été reconstruit en totalité, comme on sest plu à le dire jusque là. On soulignera aussi lintérêt du chapitre consacré à la représentation sculptée du clocher limousin, témoin du succès esthétique de cette forme architecturale dans les sculptures des porches de Beaulieu-sur-Dordogne, Moissac et La Graulière, tandis quil nest jamais représenté dans les arts de la couleur.
Enfin, la synthèse accorde une place importante aux fonctions possibles de ces clochers au travers de questions sur leur emplacement, leurs accès, leur visibilité, leurs divisions intérieures et leurs vocables.
Par sa qualité et ses aspects novateurs, cette thèse mérite dêtre récompensée par la Société Archéologique du Midi de la France. »
La Présidente rend compte de létude sur La Vierge dans lancien évêché de Comminges au Moyen Âge, présentée au concours par M. Jean-Claude Carsalade. Il sagit du travail dun amateur éclairé, qui ne peut être comparé avec les deux thèses universitaires présentées cette année au concours.
On sinquiète de labsence du Secrétaire-adjoint, chargé du rapport sur la thèse de Mlle Géraldine Cazals. M. Henri Gilles, qui a dirigé cette recherche, propose à la Compagnie den donner, de mémoire, un aperçu. La matière est extrêmement riche et notre Compagnie a pu juger lors dune séance récente de tout ce que lhistorien de lart pouvait en tirer. La première partie est constituée dune bibliographie remarquablement conduite, fruit dun travail considérable. La seconde est consacrée aux idées politiques de Guillaume de La Perrière. Mlle Cazals présente des idées assez nouvelles, par exemple sur la conception et lattitude quune municipalité pouvait avoir à légard du pouvoir royal. Sy ajoute toute une analyse de la vie toulousaine, intellectuelle et artistique.
La Présidente remercie M. Henri Gilles de ce rapport improvisé. Elle souligne que les deux thèses présentées pour le concours peuvent difficilement être comparées, étant tellement différentes : dun côté une recherche dhistoire de lart, de lautre une recherche dhistoire du droit. Pour Henri Pradalier l'attribution des deux prix ne doit pas pouvoir être interprétée comme un classement et il faut bien affirmer que les deux thèses sont de grande qualité. Il est proposé dattribuer les prix en fonction de la personnalité de leur fondateur. La Présidente soumet la proposition au vote. À lunanimité des voix des membres présents, les prix de Champreux et Ourgaud, dotés de 450 et 300 et accompagnés dune médaille dargent, sont respectivement décernés à Mlle Karine Madiès et à Mlle Géraldine Cazals.
Rapport de Patrice Cabau sur le travail présenté au concours par Mlle Géraldine Cazals :
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« Mlle Géraldine Cazals a soutenu en décembre 2003, à lUniversité des Sciences sociales - Toulouse I, une thèse de doctorat dhistoire du droit consacrée à Guillaume de La Perrière (1499-1554) - Un humaniste à létude du politique. Le jury comprenait Mlle Marie-Bernadette Bruguière, MM. Henri Gilles, Gérard Guyon, Michel Magnien, Jean-Louis Thireau, et Jacques Krynen, qui a dirigé la recherche.
Cette thèse est formée de deux volumes. Le premier, fort de 713 pages et illustré de nombreuses planches, contient un texte de synthèse très construit organisé en deux grandes parties : lune consiste en un essai biographique sur Guillaume de La Perrière, lautre est consacrée à lanalyse de sa philosophie politique. Le second volume, qui compte 331 pages, renferme un important corpus documentaire : la transcription de huit uvres manuscrites inédites et la reproduction du dernier des douze ouvrages imprimés que lhumaniste composa ou auxquels il contribua.
Fondé sur une très abondante et solide documentation, bibliographique autant quarchivistique, ce travail témoigne de grandes qualités danalyse et de synthèse ; agréablement rédigé, il manifeste en outre un réel souci littéraire.
Lauteur révèle une figure singulière, jusquici mal connue, de lhumanisme toulousain, et elle la replace dans le contexte français, voire européen, de la Renaissance.
Lessai biographique confirme la réputation dont Guillaume de La Perrière jouissait de son vivant. Ce Toulousain, né vers 1499 et mort en 1554, fit des études de droit, à Toulouse puis à Avignon, et obtint la licence, mais la science juridique ne paraît lavoir intéressé que le temps de sa formation. De retour à Toulouse, ayant rapidement trouvé les faveurs de certains patrons et obtenu quelques bénéfices ecclésiastiques, il se consacra aux belles-lettres. Ses premiers pas dans la littérature lui ouvrirent les portes de la Respublica litteraria et il se trouva impliqué dans dimportants enjeux intellectuels du premier seizième siècle français, notamment dans la Querelle des femmes. Cétait le type même du polygraphe : sa retraite, dans le vétuste collège de Saint-Mathurin, rue de la Porterie-Basse, dont il était le prieur, puis dans une maison de la rue de Villeneuve, fut mise au service des occupations littéraires les plus éclectiques. Curieux de tout, il écrivit sur les sujets les plus divers, sexerçant aux rimes comme il se plaisait à la prose, poussé par ce même souci didactique qui relie, au-delà des différences thématiques et formelles, la grande majorité de ses uvres. Il fut un pionnier de lemblématique en langue vulgaire avec le Theatre des Bons Engins et un précurseur de lemblématique bilingue avec la Morosophie. Passionné dhistoire, il participa à la restitution décrits historiques, telle la première édition de la Chronique de saint Louis du sire de Joinville, et il sy essaya lui-même avec la publication des Annales de Foix, quil dédia à Marguerite de Navarre. Dès 1533, il mit sa plume au service des magistrats municipaux de Toulouse, fort curieux dhumanités. Commandité par les capitouls, il sactiva à la mise en ordre des archives et des privilèges de la ville, conférant à lécriture de lhistoire municipale un lustre nouveau avec une Dissertation historique à la gloire de Toulouse, rédigée en 1538, ainsi que par les chroniques des Annales manuscrites de Toulouse pour les années 1538-1539, 1541-1542, et de 1548 à 1553.
Létude des idées politiques de Guillaume de La Perrière nous montre un moraliste tout entier préoccupé de léducation de ses contemporains. Nourrissant un véritable goût pour lart politique et ses méthodes, il composa un manuel de gouvernement destiné à guider ses mécènes dans la conduite des affaires publiques : Le Miroir Politicque, entrepris en 1540, repris vers 1550, fut achevé en 1553 et publié en 1555, un an après le décès de son auteur. Sinspirant très largement des théoriciens de lAntiquité, dAristote notamment, La Perrière sy révèle très informé des écrits contemporains, étant lun des premiers en France à citer Machiavel. Avec le Stagirite aussi bien quavec les humanistes italiens, il prône une éthique civique invitant chacun à servir, selon ses propres capacités, la République. Négligeant les questions qui passaient pour cruciales aux yeux de ses contemporains, il envisage bien des aspects de la République que ceux-ci passaient sous silence. La théorie de la souveraineté ne lintéresse pas : ce sont les règles concrètes régissant le politique quil recherche et la vision de la "gouvernementalité" quil développe apparaît pour le moins originale. En ce quil a uni dans ses commentaires les théories politiques les plus anciennes à la description de la société de la Renaissance, notre " Tolozain" a fait de son Miroir Politicque une uvre dun très grand intérêt.
Sa conception politique procédait dun idéal religieux ou philosophique dharmonie et de modération. À linstar des stoïciens, il considérait manifestement que le sage nagit pas sur le monde, mais quil en suit lharmonie. Lexistence retirée quil mena dans la ville où il était né, loin du monde des offices et des courtisans, paraît refléter cette sagesse.
Au soir de sa vie, Guillaume de La Perrière nous a laissé de lui une image quil fit graver en tête de sa Morosophie et que Mlle Cazals commente en ces termes : "[limage] dun homme aussi habile
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quénigmatique. Sous un bonnet de quatre boules formant saillie sur la partie supérieure, il montre un visage aux arêtes marquées, au regard méditatif fixé sur une main droite tendue vers une balance hésitant étrangement entre une marotte de folie et un objet mal identifié, un livre sans doute. Des lèvres minces et closes, cachées par une longue barbe, une peau que lon imagine blême révèlent lacuité du combat que lesprit mène avec le corps. Celui de la civilité contre la brutalité. De la sagesse contre la folie." Et de citer ces quatre vers de Guillaume : " Comme chascun sait par usage, / Que nest si bon vin qui nait lye, / Aussi nest il homme si sage, / Qui nait contrepois de folie".
Ainsi le parcours singulier de Guillaume de La Perrière témoigne-t-il de leffervescence intellectuelle qui agitait la "République de Toulouse" comme lEurope occidentale à lépoque de la Renaissance ; son uvre nous édifie sur la manière dont lhumanisme redécouvrait et réinventait le politique.Par ses apports substantiels et sa grande qualité, le travail de Mlle Géraldine Cazals est digne dêtre distingué par la Société Archéologique du Midi de la France. »
La Présidente clôt la séance après avoir demandé aux membres de notre Compagnie de prendre connaissance du dossier consacré à laffaire des bâtiments de lancien collège de Périgord, pour un dernier examen lors de notre prochaine séance.
SÉANCE DU 16 MARS 2004
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, M.
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Cabau,
Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Cazes, Watin-Grandchamp,
MM. labbé Baccrabère, Gilles, le Père Montagnes, MM. Prin, Testard, membres
titulaires ; Mmes Béa, Bayle, Noé-Dufour, Fronton-Wessel, M. Balagna, membres
correspondants.
Excusés : MM. Cazes, Directeur, Scellès, Secrétaire général, MM. Bordes,
Garland, Pradalier, Mgr Rocacher.
La Présidente ouvre la séance à 17 h 15 et prie la Compagnie dexcuser ce retard. Elle annonce le programme de nos prochaines réunions, dont, le vendredi 2 avril à 15 h, la visite du chantier de fouilles du cimetière Saint-Jean, à langle des rues Saint-Jean et Saint-Remézy. La Présidente signale à propos du site de Saint-Jean que les archéologues ont reconnu à ce jour près dun millier de sépultures médiévales et quils vont atteindre les niveaux antiques.
La parole est au Secrétaire-adjoint pour la lecture du procès-verbal de la séance du 24 février, qui est adopté après amendement.
La Présidente fait circuler des bulletins de souscription pour lédition du Cartulaire de la Cathédrale de Dax (Liber Rubeus), quaccompagne un volume dactes intitulé LÉglise et la société dans le diocèse de Dax aux XIe-XIIe siècles ces bulletins ont été procurés par Bernadette Suau.
Puis elle présente la correspondance reçue : un courrier de lUnion des Six Académies et Sociétés savantes de lHôtel dAssézat, en date du 8 mars, notifiant le renouvellement de son Bureau et présentant le texte dune convention réglant les conditions dutilisation des locaux dont elle dispose dans lHôtel, en particulier de la Salle Clémence-Isaure ; le programme dune série de conférences consacrées aux bastides du Rouergue. Concernant l'affaire de l'ancien collège de Périgord, nous avons reçu un courrier en forme de droit de réponse de la part du cabinet d'architectes Atelier 13, maître d'uvre de l'opération, dont la Présidente donne lecture.
La parole est à Mme Adeline Béa pour une communication consacrée à Léglise paroissiale de Fanjeaux, publiée dans ce volume (t. LXIV, 2004) de nos Mémoires.
La Présidente remercie notre collègue et la félicite pour sa présentation dun édifice pour la construction duquel on dispose de jalons chronologiques exceptionnellement précis. Sagissant des dimensions stipulées dans lacte de commande de 1276 (22 cannes de longueur, soit environ 39 m, sur 7 cannes de largeur et 7 de hauteur), elle relève que dautres églises de lAude, celle de Montréal ou Saint-Vincent de Carcassonne par exemple, présentent un système de proportions où hauteur et largeur sont égales. Elle se demande si le plan et le volume de ces édifices correspondaient à un souci de standardisation. Adeline Béa croit quil existe en effet un module architectural caractéristique de cette région à la fin du XIIIe siècle et dans la première moitié du XIVe.
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Le Père Montagnes déclare que Mme Béa
est la première à avoir étudié léglise paroissiale de Fanjeaux, quil
connaît fort bien lui-même, sous laspect de son architecture. Ayant constaté que
le côté nord montre des maçonneries dune grande irrégularité, il veut savoir si
lon a des précisions sur la construction des chapelles latérales. Mme Béa se
réfère à un travail de Bernadette Ferradou, qui a établi la chronologie de ces
chapelles, ajoutées aux XIVe et XVe siècles ; léglise
présentait à lorigine des murs latéraux à contreforts saillants, et le portail
ouvert dans le gouttereau méridional a été ultérieurement déplacé vers le Sud. Le
Père Montagnes signale que le plan présenté uniformise lédifice : les
irrégularités sont nombreuses pour les chapelles, qui diffèrent notamment par leur
profondeur. Adeline Béa confirme ces observations. Elle ajoute que les murs latéraux,
qui avaient été exhaussés au XIXe siècle pour établir une fausse voûte,
ont été ramenés lors de la restauration de 1921 à leur ancienne hauteur.
Louis Latour se rappelle avoir lu
que la construction des chapelles latérales avait été fréquente à lépoque des
Guerres de religion. Mme Béa dit que cela na pas été le cas en pays audois, où
ces adjonctions commencent dès le début du XIVe siècle.
Quitterie Cazes se montre très
vivement intéressée par le cadrage chronologique du chantier : passation du contrat
de commande de lédifice le 17 novembre 1276 et pose de la première pierre le 9
juin 1278. Elle note que la préparation de la construction a été rapide, sétant
faite sur environ un an et demi, puis elle souligne limportance dune étude
des matériaux pour comprendre le fonctionnement du chantier. Il conviendrait
deffectuer des mesures systématiques, de relever les hauteurs des assises, la
longueur des blocs
Adeline Béa indique que lappareillage présente une
certaine homogénéité. Interrogée sur lexistence de marques de tâcherons, elle
répond ne pas en avoir vu.
Christophe Balagna fait observer
quil existe manifestement une rupture dassises entre la nef et le
clocher-porche. Il juge le clocher nettement plus tardif que le reste de léglise.
Bernadette Suau et Jeanne Bayle
objectent que la date du 8 septembre 1281 portée par linscription comme étant
celle de la célébration de la première messe ne signifie pour autant lachèvement
de lédifice. Puis Mme Suau demande des précisions sur la transmission de
lacte de 1276 ainsi que sur les parties contractantes. Cette pièce, qui avait été
consignée dans le registre du notaire Jean dAuriac, est connue par la transcription
que le Père Cambefort en a faite dans un manuscrit daté de 1646. Daprès ce
contrat, cest le commanditaire qui paraît jouer le rôle darchitecte ;
le Frère Arnaud Séguier, représentant le monastère de Prouille, serait ainsi le
concepteur de lédifice.
Guy Ahlsell de Toulza rappelle que
les cérémonies de célébration de première messe étaient souvent destinées à
stimuler les offrandes permettant de financer la continuation de travaux encore
inachevés. Puis il met en évidence le problème stylistique que posent les chapiteaux du
portail occidental de léglise, quil paraît très difficile de placer au XIIIe
siècle. Michèle Pradalier-Schlumberger admet quils ne peuvent être antérieurs
par exemple à la réalisation du portail de la salle capitulaire des Jacobins de
Toulouse, élevé en 1309-1310, mais elle note que les bases des piédroits de Fanjeaux
portent de petites consoles ou modillons que lon retrouve à Saint-Nazaire de
Carcassonne. M. Ahlsell de Toulza objecte que les bases peuvent se perpétuer, alors que
les chapiteaux évoluent plus vite. Mme Pradalier-Schlumberger concède que les chapiteaux
formant frise montrent des feuilles boursouflées qui doivent appartenir au XIVe
siècle. Finalement, M. Ahlsell de Toulza et Mme Pradalier saccordent à constater
le décalage existant entre les sculptures des parties orientale et occidentale de
léglise de Fanjeaux.
Au titre des questions diverses, la
Présidente fait appel à déventuelles remarques suggérées par la lecture du
document de synthèse sur laffaire du collège de Périgord. Ce document est
considéré comme adopté et cest dans cette forme définitive quil sera
publié dans le volume LXIII de nos Mémoires. Seront également publiées les
réponses qui nous sont parvenues.
Analysant les prises de position
provoquées par le dossier que nous avons diffusé, plusieurs membres notent que nous
navons obtenu aucune réponse sur le fond du dossier la question de la
protection des éléments archéologiques , mais seulement des justifications
« techniques » en forme de plaidoyer : « Nous avons suivi les
procédures et lavis des spécialistes ». On suggère que remarque en soit
faite dans la publication sous forme davertissement de léditeur. Il sera
également utile de dresser un bilan des réponses reçues et de montrer comment le
problème patrimonial et archéologique a été systématiquement éludé. On fait encore
observer que la réaction des architectes peut sexpliquer par le souci de défendre
leurs possibilités dintervention sur des marchés ultérieurs.
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SÉANCE PUBLIQUE DU 27 MARS 2004
Elle se tient dans la grande salle de lHôtel dAssézat.
Allocution de la Présidente :
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, mes chers confrères,
La Société Archéologique se réunit
deux fois par mois, le mardi après-midi : nous avons eu en 2003 16 séances, souvent
très denses, puisquà côté dune communication principale, presque toutes
les séances ont comporté une seconde intervention, qui faisait en général le point sur
létat du patrimoine ou lactualité des découvertes archéologiques :
par exemple La Daurade au Moyen Age, par Quitterie Cazes, le rappel des objets
mobiliers classés, par Nicole Andrieu, la redécouverte du tronc des pèlerins de
Saint-Sernin par Bruno Tollon et Louis Peyrusse, la découverte de peintures
murales du XIIe siècle dans une maison de Périgueux, par Agnès Marin.
Dans le cadre de ces « questions dactualité » Jacques Lapart et
Christophe Balagna nous ont parlé du retour du cloître de Berdoues dans le Gers,
un véritable feuilleton à rebondissements multiples qui garde une partie de son
mystère.
Le hasard a voulu que
la plupart des communications aient porté en 2003 sur larchéologie ou
lhistoire de lart médiéval. En ce qui concerne Toulouse, Nelly
Pousthomis a fait le point sur Les recherches à lhôtel Saint-Jean (avec le
résultat des premières fouilles et des premières recherches historiques). Pierre
Gérard a étudié le collège de Foix, le père Montagnes et Maurice Prin le
tombeau des martyrs dAvignonet aux Jacobins ; on retrouve comme chaque
année un intérêt constant pour Saint-Sernin avec une relecture de la porte
Miégeville par Olivier Testard et lart gothique à Saint-Sernin par
Henri Pradalier.
Pour le Midi de la
France : Marie-Laure Fronton-Wessel a présenté la charpente peinte de
léglise de Trèbes, dans lAude, Emmanuel Garland la restauration de léglise N.-D. de Cap
dAran, Mme Jeanne Bayle les livres liturgiques de Philippe de Lévis,
évêque de Mirepoix. Françoise Bagnéris a fait une communication sur lhistoire
du chapitre de la cathédrale dAuch, Françoise Galés sur le château de
Sauveterre, en Béarn et Sandrine Conan sur la
Casa Julia à Perpignan, une maison patricienne du XIIIe au XVIe
siècle.
Les recherches sur lAntiquité et lAntiquité tardive ont été moins
nombreuses : Céline Piot nous a parlé dune inscription romaine de la cité
des Nitiobroges, labbé Baccrabère a rappelé le résultat de ses
recherches dans une fosse gallo-romaine du quartier Saint-Georges, découverte dans les
année 1970, au moment de la reconstruction du quartier. Jean-Luc Boudartchouk a fait le
point sur Toulouse à lépoque mérovingienne et Patrice Cabau sest
demandé, avec son habituelle érudition, si saint Saturnin avait bien été le premier
évêque de Toulouse.
Enfin rappelons
pour le XVIIIe siècle, la communication dYves Cranga sur le parc du
jardin de Pompignan (Tarn-et-Garonne) dont les curieuses fabriques sont un reflet
de la culture du siècle finissant.
La Société
Archéologique, comme elle le fait chaque année, est sortie de ses murs, pour la visite,
aux Archives municipales, de la belle exposition Fontaines toulousaines, sous la
direction de M. François Bordes, directeur des Archives. Nous avons également circulé
sur le chantier de fouilles de la place des Carmes, que nous a présenté Jean-Luc
Boudartchouk.
Le volume 63 des Mémoires de la Société Archéologique, qui paraîtra le mois prochain, rappellera ces différentes activités, avec la publication dune dizaine darticles, et, en seconde partie, le Bulletin de lannée académique, où sont réunis les comptes rendus des séances, transcrits avec beaucoup de soins par Maurice Scellès, Secrétaire général, et Patrice Cabau, Secrétaire-adjoint. Rappelons également le rôle du site Internet de la Société, où les comptes rendus sont régulièrement mis en ligne.
Cest dans le t. 63 que paraîtra également tout le dossier que la Société a consacré aux travaux faits par lUniversité de Toulouse-Le Mirail dans les bâtiments situés au 56 de la rue du Taur, pour y installer lESAV. Je rappellerai, comme je lavais fait lannée dernière, que ces bâtiments contiennent lHôtel Maurand, lune des plus anciennes maisons médiévales de Toulouse, dont seule la tour est classée Monument historique, et les restes de lancien collège de Périgord qui date du XIVe siècle. Le dossier que nous publions réunit les courriers échangés avec les différentes autorités responsables du chantier, Université, Conseil régional, DRAC et, sous le titre « Lancien collège de Périgord victime du vandalisme officiel », le point de vue de la Société Archéologique sur des travaux menés sans étude préalable et sans tenir compte de la valeur patrimoniale dun des plus anciens monuments historiques de Toulouse.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 257
Sur le plan scientifique, lannée
2003 a été exceptionnelle pour nous, puisque la Société a édité, sous forme
dun numéro spécial, le volume des actes du colloque La maison au Moyen Âge
dans le Midi de la France. Ce colloque, qui a eu lieu en mai 2001 sous la direction de
mon prédécesseur, Louis Peyrusse, a comme particularité dêtre une réflexion
thématique sur la maison médiévale, à la suite des très nombreux inventaires de
maisons médiévales menés depuis une vingtaine dannées dans le Sud-Ouest. Maurice
Scellès et Anne-Laure Napoléone se sont chargés de lédition, aidés par les
membres du Bureau et les bénévoles de la Société. Vous trouverez au fond de la salle
cet ouvrage, qui devrait être suivi dun second colloque en 2006, dont
linitiative revient à Anne-Laure Napoléone.
Au mois doctobre
auront lieu des journées détudes sur la Maison urbaine à lépoque
moderne, sous la direction de Bruno Tollon, avec la participation de chercheurs venus
duniversités françaises et catalanes. Ces journées détudes seront ouvertes
au public, auront lieu à lhôtel dAssézat et nous serons heureux dy
recevoir un maximum de participants.
Il faut enfin parler de la vie de la Société : il y a eu cette année un renouvellement notable du bureau puisque Louis Latour, qui occupait le poste de Bibliothécaire-Archiviste depuis onze ans, a souhaité le laisser pour celui de Bibliothécaire-adjoint. Je voudrais rappeler, et tous ceux qui fréquentent la bibliothèque de la Société Archéologique le savent bien, lénorme travail qua fait Louis Latour en une dizaine dannées, pour transformer une bibliothèque de société savante, difficilement accessible, en une bibliothèque moderne, informatisée, ouverte au public, un merveilleux outil de travail pour les chercheurs toulousains et un lieu de grande convivialité. Nous devons le remercier aujourdhui davoir tant donné à la bibliothèque : beaucoup dérudition, un grand amour des livres et une disponibilité sans limites à légard des lecteurs. Cest Bernadette Suau qui a été élue Bibliothécaire-Archiviste, et beaucoup dentre vous la connaissent pour lavoir rencontrée dans son dernier poste. Je rappelle cependant quaprès une carrière darchiviste-paléographe à la direction des Archives départementales de lEure, puis des Landes, Bernadette Suau est venue à Toulouse en tant que conservateur général du patrimoine, Directrice des Archives de la Haute-Garonne. Bernadette Suau est également conservateur des A.O.A., cest-à-dire des Antiquités et Objets dArt de la Haute-Garonne, et nous nous réjouissons de laccueillir dans notre nouveau Bureau. Je voudrais enfin profiter de loccasion pour remercier également notre directeur, Daniel Cazes, qui partage toutes les charges du Bureau (et qui est donc de toutes les corvées) et notre trésorier, Guy Ahlsell de Toulza, qui a le grand mérite de maintenir notre trésorerie à flot, ce qui nest pas facile.
Je vous remercie.
Rapport sur le concours présenté par Patrice Cabau. Le prix de Champreux est remis à Mlle Karine Madiès, le prix Ourgaud à Mlle Géraldine Cazals.
Conférence de Jean Catalo : Le Château-Narbonnais dans le quartier Saint-Michel.
SÉANCE DU 30 MARS 2004
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente,
MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme
Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Napoléone,
Pousthomis-Dalle, Watin-Grandchamp, M. labbé Baccrabère, le Père Montagnes, Mgr
Rocacher, MM. Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Bayle, Conan, Fournié, MM.
Burroni, Macé, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mme Cazes, MM. Peyrusse, Pradalier.
La Présidente ouvre la séance en rappelant que notre Compagnie est conviée à une visite des fouilles de lHôtel Saint-Jean, sous la conduite de M. Francis Dieulafait, le vendredi 2 avril prochain. À la demande de Guy Ahlsell de Toulza, Nelly Pousthomis-Dalle propose den faire un compte rendu résumé pour les absents.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture des procès-verbaux des séances des 24 février et 16 mars, qui sont adoptés après un complément apporté par la Présidente et des corrections. La présentation du compte rendu de la séance du 2 mars est reportée.
La Présidente rend compte de la correspondance manuscrite. Le Président du Conseil Régional, M. Martin Malvy, sexcuse de ne pouvoir assister à notre séance publique. Notre confrère Bruno Tollon nous communique le pré-programme des journées détude consacrées à La demeure urbaine dans le Midi de la France et la Catalogne,
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XVIe XVIIe siècles, qui se tiendront à lHôtel dAssézat les 8 et 9 octobre 2004 ; un colloque international sur le même thème est en préparation pour lannée 2005, dont les actes pourraient prendre la suite du volume sur La maison au Moyen Âge dans le Midi de la France, publié en 2003 par la S.A.M.F., lUniversité de Toulouse-Le Mirail et lU.M.R. FRAMESPA.
Suite à un échange de courriels, M.
Vincent Bachelot nous apporte de précieux renseignements sur le photographe G. Sommer,
dont un album en notre possession et mis en ligne sur notre site Internet contient
quelques clichés : « Voici le résultat de mes recherches à la bibliothèque
Montesquieu de Bordeaux. Il s'agirait de Giorgio Sommer (Francfort 1834-Naples 1914), qui
était un passionné d'archéologie et qui aurait réalisé des albums photographiques des
monuments italiens, ainsi que des reproductions de statues grecques et romaines des
musées de Rome et Naples. Ces renseignements ont été trouvés dans The Dictionnary
of Art, edited by Jane Turner, Growe 1996, vol. 29, p. 61. Ces photos étaient aussi
signées "G. Sommer Napoli" et certains de ses albums sont
répertoriés ».
Un autre courriel nous demande notre avis sur
un fragment peint trouvé à Dellys, à lest dAlger. Sous toutes réserves,
Guy Ahlsell de Toulza propose de regarder du côté des décors islamiques des Xe-XIIe
siècles.
Cest enfin M. Roland Chabbert, animateur
du patrimoine, qui nous adresse la toute récente publication de létude que notre
confrère Olivier Testard a réalisée sur un édifice de Montauban. Maurice
Scellès explique quil sagit dune nouvelle collection lancée par le
Service du patrimoine de Montauban pour faire connaître des édifices méconnus mais
remarquables à un titre ou un autre ; Olivier Testard précise que deux autres
monographies sont déjà prévues et que la prochaine mettra en particulier en évidence
une rue disparue, témoin dune organisation peut-être moins régulière à
lorigine que celle que lon connaît aujourdhui.
La parole est à Dominique Watin-Grandchamp, Patrice Cabau et Laurent Macé pour une communication consacrée à Deux inscriptions de lancienne Maison de lHôpital de Jérusalem à Toulouse (XIIIe siècle), publiée dans ce volume (t. LXIV, 2004) de nos Mémoires.
La Présidente remercie les trois
orateurs pour cette communication passionnante, au cours de laquelle ils ont su entretenir
un suspense intolérable avant de lever une partie du voile, pour finalement nous proposer
des inscriptions largement révélées.
Michelle Fournié se dit troublée de constater
quun Pierre de Toulouse qui épouse une Gailharde fille de Blanche nous ramène à
une hypothèse qui avait été proposée puis rejetée. Pour Laurent Macé, les tableaux
établis par John Hine Mundy sont sans doute à reprendre et il fait remarquer que, par
exemple, napparaît pas un Pierre de Toulouse prieur du Temple. Le tableau 25 de
Mundy paraît assez cohérent à Patrice Cabau qui note que Mundy signale de nombreux
personnages quil ne peut situer dans ses généalogies, surtout dans le cas de
carrières ecclésiastiques.
Michelle Fournié pense que la famille de
Lauraco pourrait être une piste à suivre, car si elle descend effectivement des
Latour et des Toulouse, ses armes pourraient en témoigner. Laurent Macé dit que cette
voie na pas encore été exploitée.
Dominique Watin-Grandchamp précise que la
présence dun autre écu, sans doute installé dans un quadrilobe, a été reconnue
dans le deuxième enfeu ; on peut espérer que la poursuite du dégagement des
peintures permettra de gagner dautres indications. La Présidente demande si
dautres éléments sont apparus dans la peinture où figure saint Jacques. Dominique
Watin-Grandchamp indique quun bon éclairage a permis de distinguer dautres
détails : le second personnage tient ainsi un livre, ce qui pourrait écarter
lhypothèse dune représentation de saint Rémy. Faut-il penser à saint
Jean ?
Nelly Pousthomis-Dalle rappelle que la fouille
doit se poursuivre jusquen juillet ou jusquen août et que le nettoyage des
peintures des enfeus ne sera pas engagé avant lautomne. Toute léquipe est
bien sûr très impatiente.
Daniel Cazes demande si lon dispose des
résultats des fouilles des tombeaux. Nelly Pousthomis-Dalle indique que seul le tombeau
à la gisante a été à ce jour entièrement fouillé. La fouille du deuxième tombeau
nest pas achevée, mais on est déjà assuré que les os ne sont pas en connexion.
La Présidente rappelle que des journées « porte ouverte » sont organisées les 24 et 25 avril prochain sur le site de la fouille de lHôtel Saint-Jean.
SÉANCE DU 20 AVRIL 2004
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Napoléone,
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Watin-Grandchamp, MM. Boudartchouk, le Père Montagnes,
Testard, membres titulaires ; Mmes Bellin, Piot, M. Laurière, membres
correspondants.
Excusés : MM. Cazes, Directeur, Bordes, Garland, Tollon.
Invitée : Mlle Laurence Alberghi.
La Présidente ouvre la séance en annonçant quen raison des obligations de notre consur, la présentation des procès-verbaux est reportée en fin de séance et elle donne la parole à Céline Piot pour la communication du jour, consacrée aux Importations damphores dans le sud-ouest de la Gaule au Bas-Empire et pendant lAntiquité tardive :
« Les très nombreuses découvertes damphores vinaires italiques Dressel 1 ont parfois occulté les trouvailles des récipients datant du Bas-Empire et de lAntiquité tardive. Néanmoins, depuis une vingtaine dannées, on sintéresse de plus en plus aux amphores allant du IIIe au VIIe siècle. Si la présence damphores ibériques ne surprend pas, celles venant dAfrique, puis dOrient, sont intéressantes, car elles sont très rares pour le Haut-Empire. Le vin est le produit le plus massivement diffusé (il vient surtout du nord de lAfrique et de Syrie-Palestine), mais les découvertes damphores à huile (de Bétique) et à garum (de Lusitanie et de Byzacène) montrent la progression de lacculturation des populations du Sud-Ouest à la "mode" romaine. Leur étude montre aussi que les circuits économiques se diversifient, semblant se traduire par un changement des voies commerciales empruntées, avec un certain abandon de laxe Aude-Garonne pour une route maritime qui contourne le détroit de Gibraltar. »
La Présidente remercie Céline Piot
pour cet exposé si clair et logique et, tout en sexcusant de son ignorance dans ce
domaine, elle sétonne quil ny ait pas eu de commerce du vin avec
lEspagne. Céline Piot explique que les vins espagnols, importés pendant le
Haut-Empire, subissent ensuite la concurrence des vins dAquitaine.
Maurice Scellès voudrait avoir des
explications sur le changement des routes commerciales qui ferait que les amphores
africaines transiteraient désormais par Bordeaux de préférence aux ports
méditerranéens.
Jean-Luc Boudartchouk attire
lattention sur le fait que ce type damphore nest identifié que depuis
dix ans, et pas par tous les archéologues, et que des confusions sont dailleurs
possibles entre amphores hispaniques et africaines ; les propositions actuelles
pourraient être inversées à lavenir. Maurice Scellès constate quil
sagit donc avant tout, comme pour dautres sujets, dune carte de
répartition des archéologues.
Jean-Luc Boudartchouk pense que la
rupture est provoquée dans le Midi par la conquête franque. Les quelques amphores
orientales ou byzantines retrouvées pour la période mérovingienne correspondent à des
produits de luxe : le vin de Gaza était ainsi très prisé pour un usage surtout
liturgique. La recension que nous propose Céline Piot a le grand intérêt de rassembler
pour la première fois des données éparses et de faire apparaître sur la carte les
villes où sont implantées des communautés orientales et les grandes villae.
Quant à lutilisation des spatheion pour les sépultures des périnataux,
Jean-Luc Boudartchouk rappelle que lon a lhabitude de considérer que ces
amphores avaient lavantage de présenter une gaine adaptée à la taille des corps.
Louis Latour ayant évoqué tout ce
que les fouilles dépaves en Méditerranée ont apporté à la connaissance des
amphores hispaniques, Céline Piot dit ne connaître aucune épave comparable en Gironde.
Jean-Luc Boudartchouk ajoute que si les datations sont en effet bien étalonnées par les
fouilles des sites de production et des épaves, il reste néanmoins très difficile
didentifier précisément ce type de matériel quand les tessons sont trop petits.
Guy Ahlsell de Toulza
sintéresse au goût que pouvait avoir le vin mentionné par Grégoire de Tours.
Céline Piot dit que cétait un vin très corsé, dont le goût était encore
renforcé par du miel et éventuellement du sel que lon ajoutait pour les transports
lointains. Jean-Luc Boudartchouk relève que la documentation carolingienne fait état de
vignobles et quil en allait probablement de même à lépoque mérovingienne.
Il y avait donc une production courante et des importations en petite quantité de vins de
provenance lointaine, à usage liturgique ou médical. Céline Piot rappelle
quAusone possédait 260 ha de vignes dans le Bordelais. Jean-Luc Boudartchouk
réaffirme son hypothèse dune césure qui intervient à la fin du Ve
siècle : Toulouse est alors coupée du commerce méditerranéen, ce qui nest
pas vrai de Bordeaux.
Le Secrétaire général donne lecture des procès-verbaux des séances des 2 et 30 mars et de la visite du 23 mars : les trois procès-verbaux sont adoptés.
En complément à la discussion du 30 mars, Patrice Cabau confirme que John Hine Mundy a exploité toute la documentation disponible pour ses travaux sur la société toulousaine au Moyen Âge, qui sont malheureusement très mal connus à Toulouse. À la demande de la Présidente, Patrice Cabau précise que lhistorien américain, qui a mené
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ses recherches à partir de 1946, a principalement publié ses travaux à New-York et Toronto ; sa bibliographie, qui comporte en outre de très nombreux articles dispersés sur les collèges, les hôpitaux, les familles , est dune utilisation assez difficile si lon ne pratique pas couramment langlais, car Mundy est peu traduit, et quand elles existent, les traductions sont souvent médiocres. Philippe Wolff avait cependant donné quelques traductions, mais résumées et simplifiées. La Présidente atteste que Philippe Wolff maîtrisait en effet langlais. Pour Dominique Watin-Grandchamp, Mundy est celui qui connaît le mieux les familles toulousaines au Moyen Âge ; elle évoque la possibilité de lui demander communication de ses fiches et souligne combien il serait utile de disposer de sa bibliographie. Le Secrétaire général propose que celle-ci soit intégrée au procès-verbal.
Interrogée par le Trésorier, la Bibliothécaire-Archiviste affirme quil serait en effet souhaitable dacquérir les ouvrages de Mundy. Une discussion sensuit sur les exemplaires éventuellement disponibles dans les bibliothèques toulousaines et sur la manière de se procurer ces ouvrages.
Concernant la visite des fouilles de lHôtel Saint-Jean, la Présidente dit quil faudrait en faire un compte rendu et elle suggère de le demander à Daniel Cazes, qui a été très intéressé par la partie antique.
À propos de la communication dAdeline Béa sur léglise paroissiale de Fanjeaux, du 16 mars dernier, Patrice Cabau fait observer que linscription commémorant la pose de la première pierre et la célébration de la première messe ne saurait dater la progression des travaux et, pour appuyer sa remarque, il donne lexemple des Jacobins de Toulouse où les deux événements interviennent en 1203, à peu de temps de distance, voire peut-être le même jour, daprès le témoignage de Guillaume Pélhisson précisé par Bernard Guy. Répondant à une question de la Présidente, Patrice Cabau rappelle que la date de 1234 est celle de lachat de la parcelle où sera construit le portail occidental des Jacobins. Bernadette Suau linterroge alors sur la fonction quoccupe alors Pierre de Toulouse : Patrice Cabau indique quil est viguier à partir de la fin de l'été 1235.
La correspondance manuscrite comprend
deux courriers de nos confrères MM. Manière et Blaquière, en réponse à leur élection
au titre de membres dhonneur de notre Société. Par ailleurs M. Manuel nous annonce
son départ de Toulouse pour Albi et nous dit son regret de ne plus pouvoir assister
désormais à nos séances.
Le Secrétaire général ajoute que
notre confrère Claude Péaud-Lenoël a signalé son changement dadresse
électronique, manifestant son intérêt constant pour les activités de notre Compagnie.
Nous avons également reçu une
lettre de candidature au titre de membre correspondant de Mme Hélène Guiraud, professeur
dart antique à lUniversité de Toulouse-Le Mirail. La Présidente propose de
se charger du rapport.
Deux courriers concernent laffaire de lancien collège de Périgord. L'un de nos correspondants explique pourquoi il considère que notre Société fait fausse route en faisant porter, dans ce genre daffaire, toute la responsabilité sur les Services du Ministère de la Culture. Des membres de la Compagnie adhèrent au pessimisme exprimé par l'auteur du courrier, dautres considèrent surtout que largumentaire est par trop corporatiste. On rappelle par ailleurs que larticle que nous nous apprêtons à publier ne met pas en cause les personnes et on fait observer que les Services du Ministère de la Culture pourraient au contraire être satisfaits de voir notre Société défendre des idées quils partagent a priori mais quils ne peuvent exprimer publiquement.
La Présidente donne lecture de la lettre que M. Remplon a adressée au Ministre de la Culture pour demander que le chevet de léglise Notre-Dame-de-la-Dalbade reste libre de toute construction, les Toulousains de Toulouse proposant à notre Société dappuyer leur démarche. Le chevet que la Dalbade était en effet masqué par le bâtiment de lÉcole de commerce qui a été récemment démoli pour être remplacé par un bâtiment neuf à construire pour la Direction régionale des Affaires culturelles. Un membre rappelle quil y a de cela quelques années, notre Société navait pas soutenu une démarche semblable visant à empêcher la reconstruction dun îlot jouxtant l'église Saint-Vincent dans la ville basse de Carcassonne, considérant qu'il n'y avait pas lieu aujourd'hui de systématiquement dégager les abords des édifices religieux.
Est ensuite évoquée la récente interruption des travaux qui étaient en cours dans lHôtel dit « des Coffres », situé à langle des rues de Metz et des Couteliers à Toulouse. En jouant sur une autorisation donnée pour de petits travaux, le promoteur a fait de grands travaux. À la suite de deux procès-verbaux dressés par la Mairie et par lArchitecte des Bâtiments de France, le chantier a été arrêté. Daprès larticle de La Dépêche, lArchitecte des Bâtiments de France sest appuyé sur la réglementation du « secteur sauvegardé » ; il sattend à une ou deux affaires de ce genre par an et considère que quelques épreuves de force seront nécessaires. Notre Société prend acte de la nouvelle attitude de lArchitecte des Bâtiments de France.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 261
SÉANCE DU 4 MAI 2004
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Napoléone, Noé-Dufour, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Hermet, le Père Montagnes, M. Prin, Mgr Rocacher, MM. Pradalier, Testard, membres titulaires ; M. Costa, membre libre ; Mme Andrieu, MM. Garland, Ginesty, Gironnet, membres correspondants.
La Présidente ouvre la séance en indiquant que, faute davoir été annoncée par la convocation du jour, lélection dun membre correspondant est reportée à la séance du 18 mai.
La correspondance manuscrite comprend
une lettre de M. Lucien Vieillard, Vice-Président de lAssociation des anciens
élèves du Lycée Pierre-de-Fermat, qui demande que soit excusée son absence à notre
séance publique.
Larchevêque de Toulouse, Mgr
Marcus, nous annonce que le Père Pierre Debergé a été nommé recteur de
lInstitut catholique de Toulouse.
Le professeur Richard A. Sundt, de
lUniversité de lOregon (États-Unis), fait appel aux membres de notre
Société qui seraient intéressés par une participation au colloque Brick and
Brickwork in the Medieval World : forms, production, construction, decoration,
historiography, qui se tiendra du 5 au 8 mai 2005 à la Western Michigan University à
Kalamazoo. Les propositions de communication devront être adressées aux organisateurs
avant le 1er août 2004.
Notre confrère Bruno Tollon nous
communique le programme du colloque des 13-16 mai prochain, dont les séances se tiendront
partie à la médiathèque José-Cabanis, partie à lHôtel dAssézat.
La parole est à M. Georges Costa pour une communication sur La chapelle Notre-Dame du Rosaire aux Jacobins de Toulouse, publiée dans ce volume (t. LXIV, 2004) de nos Mémoires.
Au cours de la communication, Georges Costa cède la parole à Maurice Prin pour quil présente lui-même à la Compagnie les croquis des vestiges apparus pendant la restauration de la chapelle par Sylvain Stym-Popper.
La Présidente remercie M. Georges Costa
pour cette communication étonnante qui nous a entraînés une fois de plus sur les traces
de Pierre Levesville, dont le catalogue est ainsi enrichi. À sa demande, Georges Costa
donne des précisions sur les entrées successives de léglise.
Patrick Gironnet remarque que le
texte a été dicté par larchitecte et quil montre parfaitement la nature et
les limites de lintervention du maître duvre. Le texte dit en effet
très bien quune part est laissée aux entrepreneurs et aux artisans. Louvrage
final nest pas seulement le résultat dun dessin de cabinet, il est la
synthèse des deux formes de la connaissance architecturale. Le regard que nous portons
sur les monuments anciens doit en tenir compte.
Le Père Montagnes demande sil
est possible de connaître les mesures des briques employées pour les fondations, les
murs, les voûtes
Georges Costa dit quen général les murs sont de deux
tuiles de pointe, soit 0,70 m ; dans le cas de la chapelle Notre-Dame du Rosaire, la
voûte est également composée de deux épaisseurs de briques, celles qui constituent
lextrados étant taillées. Le Père Montagnes observe que lon peut
considérer que les nervures font office déchafaudage pour la construction de la
voûte. Georges Costa rappelle que Levesville a construit sans nervures dautres
voûtes en arc de cloître. À son sens, la forme de celle de la chapelle du Rosaire lui a
été dictée par la nervuration en étoile de la travée droite qui la précède :
larchitecte ne sen est dailleurs pas tenu à quatre, six ou huit
nervures, mais il en a disposé douze, aboutissant ainsi à une coupole côtelée. Le
choix de la brique pour la couverture du dôme témoigne dun souci analogue de
respecter, pour ladjonction quil réalise, le matériau des constructions
existantes. Ce nest quaprès la mort de Levesville en 1632 que lon fait
couvrir le dôme de feuilles de plomb pour protéger les peintures de la chapelle. On est
aujourdhui revenu à létat initial et Georges Costa se souvient très bien de
Stym-Popper louant lintervention de son prédécesseur du XVIIe siècle.
Daniel Cazes voudrait avoir des
précisions sur le décor intérieur de la chapelle au moment de sa création :
peinture, retable, décor sculpté
Georges Costa dit que cet aspect, quil
na pas encore abordé, suscite de nombreuses questions. Il serait en tout cas
possible de létudier, en particulier grâce à la gravure du tabernacle, et il
rappelle que Mesuret a pu donner des peintures une description très précise. Maurice
Prin ajoute quun morceau de balustrade a été retrouvé dans les années 1950.
Henri Pradalier remarque que le
texte ne fait nullement apparaître les idées des commanditaires. Georges Costa explique
que ce qui importait pour eux, cétait que la nouvelle chapelle soit au plus près
des deux autres de façon à ce que des portes facilitent la circulation, mais il pense
que le plan carré est un choix de larchitecte. Reprenant la comparaison avec la
voûte rayonnante de léglise, Henri Pradalier note que celle de la chapelle donne
limpression
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 262
dun palmier pleureur. Georges Costa acquiesce en
soulignant que son uvre montre combien Levesville est imprégné par la culture
architecturale du Moyen Âge.
Daniel Cazes ayant demandé
sil y avait du nouveau concernant les pérégrinations de Notre-Dame de Grâce,
Georges Costa répond par la négative tout en disant tout lintérêt quil a
pris à la lecture des recherches réalisées par Maurice Prin.
Patrice Cabau se demande si les
douze nervures peuvent être mises en rapport avec le rosaire, et plus généralement avec
la Vierge, et le Père Montagnes évoque les douze étoiles.
En réponse à une question de
Patrick Gironnet, Georges Costa précise que le plan est en fait celui dun
quadrilatère à quatre côtés inégaux. Patrick Gironnet pense que le projet de
larchitecte de larchitecte prévoyait un plan carré et que ce sont des
raisons de chantier qui ont conduit à la transposition.
Après avoir affirmé que Maurice
Prin était trop modeste, Henri Ginesty souligne combien les observations faites par notre
confrère dans la chapelle ont été importantes, et il prend pour exemple la barre de
rideau qui authentifie la représentation donnée par la gravure.
La Présidente remercie à nouveau
Georges Costa en lui souhaitant un bon retour à Nérac.
La parole est alors à Louis Latour pour une communication consacrée à des Recherches campanaires : la cloche ancienne de Lherm (Haute-Garonne) :
« Dans notre communication du 5 janvier 1999, nous avions présenté la cloche ancienne de léglise Saint-Paul dAuterive et, daprès les moulages conservés dans notre Société, la cloche aujourdhui disparue de léglise Saint-Martial de Beaumont-sur-Lèze (1).
Nous avons eu loccasion détudier récemment une troisième cloche de même facture, celle de léglise Saint-André de Lherm, gros village proche de Muret.
Cette cloche ancienne, fêlée vers 1970, fut prêtée par la municipalité au Musée campanaire de L'Isle-Jourdain et, en compensation, remplacée en 1993 par une nouvelle cloche offerte par le Conseil régional, baptisée Maria par Mgr Collini, archevêque de Toulouse. Les habitants de Lherm, émus de son éloignement prolongé, signèrent une pétition qui aboutit à son retour dans léglise Saint-André où on peut la voir aujourdhui, sur un socle, au fond de la nef (2).Comme sur la cloche dAuterive, le cerveau de la cloche est orné dune inscription en belles majuscules onciales très décorées qui composent le texte suivant :
+ XPS : REX : VENIT : IN PACE :DEUS : HOMO : FACTUS EST
(Christ Roi vient dans la paix ; Dieu sest fait homme)
Deux inscriptions semblables ont été relevées dans le Volvestre par le général Henri Ménard :
- celle de Durfort (Ariège) : texte identique ;
- celle de Pailhès (Ariège) : même inscription mais complétée par linvocation à la Vierge : AVE MARIA G[RATIA ], cloche ancienne datée de 1405 (3).Marie-Agnès Winter signale la même inscription dans léglise de Saint-Julia de Gras-Capou (Haute-Garonne), sur une cloche non datée, accompagnée de deux bas-reliefs représentant lEcce homo et une Vierge à lEnfant (4) : Christus : rex : veniet : in : pace : deus : homo : factus : est.
Un texte très proche se retrouve enfin sur une cloche de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) : Christus rex venit in pace Deus homo est, cloche datée de 1591 (5).
Au-dessous de linscription court une frise dune douzaine de petits cartouches historiés semblables à ceux dAuterive et de Beaumont représentant dans un ordre aléatoire six scènes tirées de la Bible : lArbre de Jessé, le songe des rois mages, le bain de lEnfant Jésus, la fuite en Égypte, la crucifixion symbolique et le Christ en majesté entouré des symboles des quatre évangélistes (6).
Lexamen attentif de la cloche de Lherm confirme lanalyse technique que nous avions donnée en 1999. Les cinq premières scènes proviennent dun moule unique, sans doute une planchette gravée en creux, dont limpression sur une bande de cire donne les premiers motifs en relief dans lordre suivant, très peu logique : Bain de lEnfant Jésus / Fuite en Égypte / Songe des rois mages / Arbre de Jessé / Crucifixion.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 263
LHERM, CLOCHE, L'Arbre de Jessé. |
LHERM, CLOCHE, Le songe des rois mages. |
LHERM, CLOCHE, La fuite en Égypte. |
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 264
LHERM, CLOCHE, Le bain de l'Enfant Jésus - La
fuite en Égypte. |
LHERM, CLOCHE, La crucifixion symbolique. |
LHERM, CLOCHE, Le Christ en majesté. |
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 265
LHERM, CLOCHE, inscription et cartouches
historiés. |
LHERM, CLOCHE, lettre S serpentine. |
LHERM, CLOCHE, croix introductrice. |
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 266
Un ouvrier découpait ensuite la bande de cire et fixait les divers morceaux sur la fausse cloche. Mais ce découpage, fait par un ouvrier ignorant ou maladroit, ne respectait pas lunité de chaque scène : dans un cartouche on voit souvent la fin du motif précédent et le début de la scène suivante. Un cartouche contient même en entier le Bain de lEnfant Jésus et la majeure partie de la Fuite en Égypte
La sixième scène, enfin, représentant le Christ en majesté dans une mandorle, est tirée dun moule unique indépendant de la planchette précédente. Nous lavions déjà noté pour Auterive et Beaumont. Des symboles des évangélistes, seuls lange et laigle sont bien reconnaissables ; le taureau et le lion sont plus stylisés et évoquent le bestiaire "cubiste" des monnaies gauloises.
Laccès facile de la cloche de Lherm, sur le sol de la nef de léglise Saint-André, a permis à notre ami Henri Améglio de prendre les très belles photos que nous vous présentons aujourdhui : photos des scènes bibliques mais aussi de la croix introductrice et dune lettre serpentine de linscription.
Lettres et sujets historiés proviennent des mêmes moules que ceux des cloches dAuterive et de Beaumont datées, rappelons-le, du début du XVe siècle. Dernière parenté : la cloche de Lherm a été classée Monument historique, comme celle dAuterive, le 30 octobre 1914.
Louis LATOUR »
Notes
1. M.S.A.M.F., t. 59, 1999, p. 177-187.
2. Renseignements tirés de louvrage Lherm ou le Collier dispersé, monographie sur Lherm, par Suzanne DOUZAN-PECH, Rieumes, 1998, et précisés par H.-L. PETIT, initiateur des démarches qui ont permis le retour de la cloche à léglise Saint-André.
3. Henri MÉNARD, Cloches du Volvestre, SIVOM de Carbonne, 1988.
4. Marie-Agnès WINTER et AREC 31, Églises et chapelles du Canton de Revel, Toulouse, 1999, p. 198.
5. Bulletin Monumental, 1863, p. 345.
6. B. FAUCHER, ancien conservateur des A.O.A. de la Haute-Garonne, cité dans le Collier dispersé, avait cru y reconnaître « Le Christ au tombeau Le Christ entre la Vierge et Saint-Jean LÉglise et la Synagogue Le Christ de majesté sous une gloire, accompagné des symboles des évangélistes enfin, la Fuite en Égypte ».
La Présidente remercie Louis Latour et
lui demande si des rapports peuvent être établis avec la cloche de Cornebarrieu. Louis
Latour dit que les deux cloches sont très différentes, mais que la parenté peut en
revanche être établie avec des cloches de lAriège. La Présidente précise que la
Crucifixion symbolique ne disparaît pas au XIVe siècle et elle confirme que
le décor des cloches dAuterive, de Beaumont et de Lherm est encore très
médiéval.
Louis Latour indique que M. et Mme
Suau et lui-même ont fait tout récemment lascension du clocher de Grépiac pour
observer une cloche qui offre une grande parenté avec celle de
Montgaillard-Lauragais : sur un fond de petites roses, chaque lettre inclut une
scène tirée de la Bible. Bernadette Suau rappelle larticle de Paul Barrau de
Lorde, publié en 1939 dans les Mémoires de notre Société, et Louis Latour
indique quavec la cloche de Grépiac, on dispose maintenant dun alphabet
presque complet.
Guy Ahlsell de Toulza se demande si
la scène identifiée comme un Arbre de Jessé ne serait pas plutôt une Vierge de la
Nativité, avec Joseph à côté et peut-être une grosse lampe « hollandaise ».
Emmanuel Garland note que cet Arbre de Jessé serait en effet très curieux et il fait en
outre remarquer que ce thème nest en général pas associé à des scènes de
lEnfance du Christ.
Au titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza signale le récent décès de John Hine Mundy et la notice nécrologique qui lui a été consacrée dans Le Monde.
JOHN HINE MUNDY
(Londres, 1917 - New-York, 13 avril 2004)
Bibliographie établie par Patrice Cabau
- Liberty and Political Power in Toulouse, 1050-1230, Columbia University Press, New-York, 1954 (xiii-402 p.) ;
- J. H. Mundy, R. W. Emery et B. N. Nelson éd., Essays in Medieval Life and Thought Presented in Honor of Austin Patterson Evans, New-York, 1955 ;
- J. H. Mundy ; Philippe Wolff trad., « Un usurier malheureux », dans Annales du Midi, 68 (1956), Édouard Privat, Toulouse, 1956, p. 217-225 = Hommage à M. François Galabert, Édouard Privat, Toulouse, 1957, p. 117-125 ;
- J. H. Mundy et P. Riesenberg, The Medieval Town, Princeton (New-Jersey), 1958 ;
- J. H. Mundy et K. M. Woody éd. ; Louise R. Loomis trad., The Council of Constance: the unification of the Church, New-York, 1961 ;
- Charity and Social Work in Toulouse, 1100-1250, dans Traditio, 22, 1966, p. 203-288 ;
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 267
- « La Croisade contre les Albigeois et linterdiction de lusure à Toulouse », dans Archeologia, n° 19 (nov.-déc. 1967), Montségur : naissance dun mythe au XXe siècle, Paris, 1967, p. (29), 30-33 ;
- Europe in the High Middle Ages, 1150-1309, Londres, 1973 (XVI-611 p.) ; Longman, Londres, 1980 ; Longman, Harlow, 1991.
- « Noblesse et hérésie - Une famille cathare : les Maurand », dans Annales E.S.C., 29, 1974, p. 1211-1223 ;
- « The Origins of the College of Saint-Raymond at the University of Toulouse », dans Philosophy and Humanism, Edward P. Mahoney éd., Leyde, 1976, p. 454-461 ;
- « The Farm of Fontanas at Toulouse: Two Families, a Monastery, and a Pope », dans Bulletin of Medieval Canon Law, n. s. 11, 1981, p. 29-40 ;
- « Village, Town, and City in the Region of Toulouse », dans Pathways to Medieval Peasants, J. A. Raftis éd., Toronto, 1981, p. 142-190 ;
- recension : M. T. Clanchy, From Memory to Written Record: England, 1066-1307, dans Speculum, 56, 1981, p. 109 ;
- « Urban Society and Culture: Toulouse and Its Region », dans Renaissance and Renewal in the Twelfth Century, Robert L. Benson, Giles Constable et Carol D. Lanham éd., Cambridge (Massachusetts), 1982, p. 229-247 ;
- « The Financing of the Cistercian Order », dans The Journal of European Economic History, Banca di Roma, Rome, 12e année, n° 1, 1983, p. 203-209 ;
- The Repression of Catharism at Toulouse - The Royal Diploma of 1279, série Studies and Texts, 74, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, Toronto, 1985 (XIV-336 p.) ;
- « Des hommes et des femmes : le procès de Pierre de Dalbs, abbé de Lézat », dans Médiévales : langue, textes, histoire, 12, 1987, p. 85-99 ;
- « In praise of Italy: the Italian republics », dans Speculum, 64, 1989 ;
- Men and Women at Toulouse in the Age of the Cathars, Toronto, (1984 et) 1990 ;
- « The Parishes of Toulouse from 1150 to 1250 », dans Traditio, 46, 1991, p. 171-204 ;
- « Medieval Urban Liberty », dans The Origins of Modern Freedom in the West, Richard W. Davis éd., Stanford (Californie), 1995, p. 101-134 ;
- Society and Government at Toulouse in the Age of the Cathars, série Studies and Texts, 129, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, Toronto, 1997 (xiii-528 p.) ;
- « Philip Jones and the Medieval Italian City-State », dans The Journal of European Economic History, Banca di Roma, Rome, 28e année, n° 1, 1999, p. 185 ;
- recension : Jorg Oberste, Der Kreuzzug gegen die Albigenser: Ketzerei und Machtpolitk im Mittelalter, Primus Verlag, Darmstadt, 2003 (222 p.), dans English Historical Review, Oxford University Press, Oxford, vol. 119, fasc. 480, 2004, p. 166-168.Nécrologie
Jean-Claude Schmitt, « John Mundy - Historien de Toulouse au Moyen Âge », dans Le Monde, 28 avril 2004, p. 14.
Le Secrétaire général souhaite que soit examinée la question du statut de nos archives. Il rappelle que les procès-verbaux des séances enregistrent des informations qui concernent des personnes ou la vie de notre Société et qui ne peuvent être rendues publiques sans précautions. Il conviendrait sans doute de se donner des règles claires. Il s'ensuit une discussion que la Présidente conclut provisoirement en chargeant le Bureau de faire des propositions qui seront soumises à la Compagnie.
SÉANCE DU 18 MAI 2004
Présents : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente,
MM. Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Cazes,
Noé-Dufour, Pousthomis-Dalle, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Bordes, Gilles,
Peyrusse, Prin, Testard, membres titulaires ; Mmes Bayle, Fournié, Fraïsse, membres
correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Ahlsell de Toulza, Trésorier.
Invitée : Mme Foucaud.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 268
La Présidente ouvre la séance et indique une modification de lordre du jour : notre consur Anne-Laure Napoléone, empêchée par des obligations professionnelles, présentera la communication annoncée pour aujourdhui lors de la séance du 1er juin, à la suite de lexposé de François Bordes ; la Compagnie entendra ce soir une communication de Maurice Scellès, puis une intervention de Mme Odile Foucaud.
La lecture des procès-verbaux des deux séances précédentes, que le Secrétaire général na pu finir de rédiger, est renvoyée au 1er juin.
Michèle Pradalier-Schlumberger annonce pour le vendredi 28 mai, en début daprès-midi, une nouvelle visite du chantier de fouilles du cimetière Saint-Jean. Puis elle présente le dernier numéro de la revue Patrimoine Midi-Pyrénées (n° 3, avril-juin 2004), qui contient un intéressant dossier sur les Sociétés savantes, dont un article sur la Société Archéologique du Midi de la France dû à notre confrère Louis Peyrusse. Elle montre ensuite un ouvrage tout frais sorti de limprimerie, don de notre confrère Daniel Cazes : Gaulois des pays de Garonne, IIe-Ier siècle avant J.-C., guide de lexposition à voir au musée Saint-Raymond du 22 mai 2004 au 9 janvier 2005, puis au musée des Beaux-Arts dAgen de mars à fin septembre 2005 (92 p.).
Le Directeur fait circuler des photocopies de la notice nécrologique du Professeur John Hine Mundy, rédigée par le médiéviste Jean-Claude Schmitt et parue dans Le Monde du 28 avril.
Lordre du jour appelant lélection dun membre correspondant, la Présidente donne lecture de son rapport sur la candidature de Mme Hélène Guiraud, puis elle fait appel à déventuels commentaires. Il est procédé au vote. La candidate est élue au titre de membre correspondant.
La parole est à notre confrère Maurice Scellès pour sa communication, consacrée à La propriété multiple à Cahors au Moyen Âge :
Cahors, 88 rue des Soubirous. La cuisine disposée sur la galerie relève du corps de bâtiment arrière. Dessin G. Chiha.
« Cahors nest pas une ville neuve au Moyen Âge. La ville que nous tentons de connaître à travers les très nombreux édifices encore conservés a été façonnée par onze siècles dhistoire, dont elle a hérité lessentiel de sa structure : une partie de sa voirie, son enceinte, le site de la cathédrale et la plupart des églises paroissiales. Il faudrait y ajouter un nombre non évaluable dédifices privés qui subsistent probablement au début du XIIe siècle et seront remplacés au cours de lample reconstruction que connaît la ville jusquau milieu du XIVe siècle.
À lintérieur de la vieille enceinte du Haut Moyen Âge, où le bâti devient sans cesse plus dense, les propriétés sont constamment divisées ou recomposées au rythme des ventes et des héritages, concernant aussi bien les emprises au sol que les étages. Les servitudes et les imbrications de propriété qui peuvent découler de ces processus déterminent bien des aspects de la construction : elles sont parfois suggérées par les dispositions particulières quoffrent certains bâtiments.Au 46 rue Donzelle, nous supposons que la rupture de niveau de près dun mètre constatée à létage est la conséquence dune propriété indépendante de la boutique, portant à la fois sur lemprise au sol et sur la hauteur sous plafond. Le rez-de-chaussée du 62-68 rue Saint-Urcisse fige probablement un parcellaire antérieur, avec deux propriétaires différents, tandis que laula de la maison du début du XIIIe siècle se développe sur tout létage. Au 35 rue de Lastié ce sont trois propriétés distinctes, assorties dune servitude de passage à travers le couloir et la première cour, qui peuvent justifier la structure du rez-de-chaussée et la séparation des deux
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 269
cours par un mur montant jusquau troisième niveau. Dans ces trois cas la multi-propriété affecte les dispositions du rez-de-chaussée sans remettre en cause la composition la plus habituelle de la demeure familiale. Au 62-68 rue Saint-Urcisse comme au 35 rue de Lastié, les fenêtres sur la rue signalent laula à laquelle conduit directement lescalier qui peut être restitué ; au 35 rue de Lastié, un bâtiment secondaire au fond de parcelle complète le programme.
Les conclusions auxquelles on parvient pour le 88 rue des Soubirous sont tout autres, bien que lédifice ne se distingue pas à première vue du modèle de la demeure familiale à deux corps de bâtiment séparés par une cour. Létude, assez précise, a montré un décalage systématique entre les campagnes de construction et de réaménagement des corps avant et arrière : XIIe, XIIIe et XVe siècles pour
Cahors, 43 rue Nationale. Les trois teintes distinguent les différentes propriétés. Dessin M. Scellès.
le corps sur rue, fin du XIVe et XVIIe siècle pour le bâtiment en fond de parcelle. Lescalier construit à la fin du XIVe siècle et prolongé par une vis en bois au XVIIe dessert tous les étages des deux bâtiments, mais la cuisine établie dans la galerie dépend exclusivement du corps arrière. Il faut encore remarquer que lhabitation du premier étage du corps sur rue, du XIIe siècle, sétend au XIIIe en se développant à lhorizontale par annexion dune partie au moins de létage de la maison voisine. Les documents cadastraux des XVIe et XVIIe siècles confirment que les deux bâtiments relèvent de deux propriétaires distincts qui ont en copropriété le passage et la cour, qui comprend donc lescalier de distribution extérieur.
Notre propos est parfaitement illustré par un second exemple, apporté par lun des derniers édifices quil nous a été donné détudier dans la ville médiévale, au 43 rue Nationale. Cest aujourdhui dans un état qui résulte de travaux réalisés principalement aux XVe, XVIIe et XVIIIe siècles un ensemble constitué dun corps de bâtiment sur rue à deux étages, desservis par un escalier en vis demi hors-uvre placé dans la cour, relié au bâtiment arrière par un corps de galerie. Les aspects principaux de létat du XIIIe siècle peuvent être restitués. Le corps sur rue, élevé au siècle précédent, ne présente très probablement quun seul étage en pan-de-bois sur un rez-de-chaussée en pierre de taille ouvert par deux grandes arcades de boutique et un portail donnant accès au passage qui conduit à la cour. Le corps arrière, en brique, est en double profondeur. Son élévation sur la cour nest pas connue, mais nous savons quil comportait trois étages auxquels il faut ajouter un comble utile ou un couronnement masquant la toiture (comme à la tour dArles à Caussade ?) auquel on accédait par une échelle de meunier. La façade sur la rue secondaire, lactuelle impasse Catonne, superposait deux fenêtres géminées et un jour haut pour le premier étage, et quatre fenêtres géminées pour chacun des deuxième et troisième étages.
Le contraste est tel entre les deux bâtiments quil est difficilement concevable quils forment un ensemble. En outre, lactuelle rue Nationale est lancienne grand-rue médiévale sur laquelle saffichent habituellement les grandes demeures, et en particulier les séries des fenêtres de leur aula. Il faut donc faire lhypothèse que le modeste bâtiment sur rue à un étage et limposant logis arrière aient appartenu au XIIIe siècle à deux propriétaires distincts, le second ayant dailleurs peut-être acquis le droit de construire plus haut de son voisin, lempêchant ainsi de surélever son bâtiment. On remarquera encore que la boutique du
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rez-de-chaussée sur la grand-rue se développait sur la parcelle voisine, côté sud, puisquun grand arc mettait en communication les deux espaces.
Quelles conclusions tirer de ces quelques exemples ? La plus évidente, et elle était attendue, est que la complexité dune ville multi-séculaire se retrouve dans la structure des propriétés, exprimée par les bâtiments eux-mêmes. Pour ce qui est des méthodes appliquées à leur analyse, la principale conséquence est que le divorce constaté entre la forme et la fonction doit inciter à la prudence vis-à-vis des approches fondées sur des typologies formelles.
Si le principal modèle de la demeure familiale, à corps principal sur rue et aula en prise directe avec lespace public, nest pas remis en cause, il savère néanmoins insuffisant pour rendre compte de la totalité des édifices dhabitation. Les bâtiments établis en fond de cour ne sont pas en contact direct avec la rue et nentretiennent pas le même rapport avec lespace public. Le palais de Via, bâti en retrait de la grand-rue où il ne dispose même pas dune entrée, se signale par sa haute tour qui domine la vallée du Lot ; le bâtiment en fond de parcelle du 43 rue Nationale ne se retourne pas sur la ruelle arrière, lactuelle impasse Catonne, où il ne montre que des niveaux indifférenciés de fenêtres. Dans un cas comme dans lautre, la salle nest plus immédiatement identifiable et lorganisation générale de la demeure nous échappe. Faute de textes, cest exclusivement dune étude très précise des bâtiments que lon peut attendre la reconnaissance de ce type de programme.
Maurice Scellès »
La Présidente remercie notre collègue
pour cette lecture nouvelle de larchitecture des maisons médiévales de Cahors à
la lumière dune problématique stimulante, celle de la multiplicité des
propriétaires. Elle souligne que lon manque ici de textes, contrairement à la
Provence, où les actes des notaires, notamment les inventaires après décès,
témoignent de limbrication des propriétés.
Maurice Scellès note à cet égard
que la logique des notaires diffère sensiblement de la nôtre concernant la description
des circuits à lintérieur des ensembles de bâtiments et que les circulations
paraissent souvent fort curieuses.
Dominique Watin-Grandchamp signale
pour Saint-Antonin-Noble-Val des actes de vente portant seulement sur une salle ou une
chambre.
Quitterie Cazes sintéresse
aux maisons-tours jumelles de Cahors. Maurice Scellès répond quil sagit là
en effet de cas typiques posant le problème de la compréhension des édifices
lorsquil ny a plus adéquation entre architecture et habitat. Pour
linstant, on na pas trouvé de schéma explicatif valable pour la maison-tour.
La discussion sengage alors sur une
question de méthode pour létude des maisons médiévales : on a certainement
besoin délaborer un modèle théorique, mais il y a sans doute danger à rester
prisonnier de ce schéma ; il faut donc en permanence soumettre le modèle à
lépreuve de la réalité. Louis Peyrusse souligne tout lintérêt des écarts
et impasses par rapport au modèle. Maurice Scellès constate quil posent des
problèmes vraiment intéressants : la recherche des explications pertinentes permet
de mieux appréhender les édifices.
Jean Coppolani sinterroge sur
lutilisation de la brique dans les maisons médiévales de Cahors, ville où
larchitecture est en principe de pierre : répond-elle à des raisons
économiques ou culturelles ? Maurice Scellès montre que le phénomène peut avoir
ces deux dimensions : la pierre utilisée à Cahors est un calcaire froid très
difficile à tailler et donc moins employé lorsque se généralise le goût pour les
appareils réguliers ; la brique, pour laquelle on dispose de gisements dargile
situés à 5 ou 6 km de la ville, est moins coûteuse et elle permet de réaliser des
appareils très soignés. Il convient de noter la fidélité à la pierre pour les grands
édifices comme la cathédrale, ainsi que pour les palais, tel celui de la famille Duèze
ou celui de la famille de Via.
Au titre des questions diverses, la Présidente donne la parole à Mme Odile Foucaud pour une intervention concernant Le devenir de lhôpital Gérard-Marchant [images en ligne : www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/archsite/arch01/marchant.htm] :
« Les bâtiments des malades du XIXe siècle sont menacés en raison du coût élevé de leur restauration par rapport à une construction nouvelle. Limportance de ce patrimoine reconnu comme un modèle dépassant le cadre national doit faire réfléchir le Conseil dadministration de létablissement afin déviter une décision irréversible et catastrophique au plan patrimonial. La sauvegarde dun patrimoine représente un coût mais sa destruction, constitue une perte y compris économique irréparable. Lhôpital tire sa beauté et ses
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qualités reconnues de la cohérence de lensemble bâti, lamputer serait fatal. Lhôpital ne bénéficie actuellement daucune protection au titre des Monuments historiques.
L'Asile de Braqueville
Architecte : Jacques Jean Esquié ; avant-projet 1850 ; construction 1852-1864.
C'est le seul édifice du XIXe siècle de Haute-Garonne qui ait une telle importance historique, artistique et patrimoniale.Deuxième prix, en 1867, à lExposition universelle de Paris, pour larchitecte et son chef-duvre.
En 1865 et 1866, lasile à peine achevé fut érigé en modèle international par la célèbre Revue Générale de larchitecture et des Travaux publics, la plus importante du XIXe siècle, vendue dans de très nombreux pays, en Europe comme en dehors delle, qui lui réserva un nombre considérable de planches.
Dominique Esquirol, père de l'hôpital psychiatrique français, qui fit voter la loi de 1838 obligeant chaque département à se doter d'un hôpital spécialisé, était né à Toulouse. L'hôpital psychiatrique de Toulouse a été réalisé selon les directives dun de ses disciples, le psychiatre Gérard Marchant, et lui est dédié.
État actuel : exceptionnellement satisfaisant, seuls deux pavillons et les doubles galeries centrales furent rasés pour permettre la circulation automobile peu après la dernière guerre. Lexplosion du 21 septembre 2001 a détruit des bâtiments du XXe siècle mais pas ceux du XIXe siècle dont seuls les faux plafonds, vitres, etc. ont été abîmés, pas les maçonneries. Les toitures ont été soulevées par le souffle de lexplosion et, par une négligence coupable, la chapelle, en particulier, na plus de toit depuis trois ans, et personne na songé à la bâcher. Que sont devenues aujourdhui les peintures de Denuelle ?
Analyse architecturale
Lasile est structuré par un axe principal de symétrie reliant lentrée, la cour dhonneur de lAdministration, la chapelle, larrondi des Services généraux, le château deau. De part et dautre se développent les deux sections affectées aux deux sexes. Chacune comprend sept pavillons établis sur deux lignes liés par des galeries couvertes à lAdministration, améliorations inventées par laliéniste Brière de Boismont. Recommandée par Esquirol mais généralement abandonnée pour son coût, la séparation thérapeutique absolue des quatorze quartiers a ici été obtenue.
Ce beau plan symétrique et hiérarchisé, parangon de rationalisme, fut allié à des façades colorées dune grande qualité architecturale. Les deux bâtiments de lAdministration relèvent des classicismes français et italiens avec leur double hauteur darcades en plein cintre et leur composition en cinq parties dont trois avant-corps abritant les principaux éléments de la circulation. Classiques aussi les arcades en plein cintre qui les relient tandis que la chapelle romano-gothique a reçu un décor peint du célèbre peintre parisien Alexandre Denuelle. Les pavillons des malades et leurs jardins à langlaise relèvent du vocabulaire pittoresque. Ce modèle déclectisme recèle quelques formes toulousaines telles que les "mirandes", le souvenir du plan des Jacobins de Toulouse pour la chapelle. Les matériaux locaux très économiques et très colorés la brique "foraine" de grand format et de tonalité rose-orangé, les tuiles creuses caractérisent cet exceptionnel ensemble architectural toulousain.
Létablissement fut dédié à laliéniste toulousain J.-E.-D. Esquirol, qui en inspira la réalisation. Son portrait, un médaillon, domine larc dentrée à la cour dhonneur.
Odile FOUCAUD
Maître de conférences dHistoire de lArt moderne
à lUniversité de Montpellier »
Bibliographie
J.-B. DELAYE, G. MARCHANT, Programme pour la construction dun asile daliénés dans le département de la Haute-Garonne, Toulouse, 1850, 55 p., plan de J. Esquié.
J. ESQUIÉ, « Construction dun asile dAliénés aux environs de Toulouse », dans Revue Générale de larchitecture et des Travaux publics, t. 23, 1865, col 107-116, 147-150, pl. 24-32 suite par C. DALY, t. 24, 1866, col. 18-19, pl. 9-13.
O. FOUCAUD, Jacques-Jean Esquié, 1817-1884, architecte toulousain, Doctorat, Université de Toulouse II, 1989.
O. FOUCAUD, Jacques-Jean Esquié, architecte de fonction toulousain, 1817-1884, Toulouse, catalogue d'exposition, musée Paul-Dupuy, 1992, 112 p.
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 272
La Présidente remercie Mme Foucaud,
dont lexposé met en évidence lintérêt des bâtiments du Centre hospitalier
spécialisé Gérard-Marchant construits en 1853-1864 selon le projet de larchitecte
Jacques-Jean Esquié, et leur bon état actuel, malgré lexplosion de lusine
AZF située à proximité.
Louis Peyrusse insiste sur le fait
que lasile de Braqueville est « le chef-duvre absolu de
larchitecture hospitalière du XIXe siècle français » ; les
constructions sont de bonne qualité, elles ont été bien entretenues et leur
réhabilitation est possible sans frais énormes. Il demande si la décision de
démolition a été prise. Odile Foucaud ne croit pas que le Conseil général de la
Haute-Garonne, qui est prépondérant dans le Conseil dadministration de
lhôpital, ait encore fait connaître sa décision.
Mme Foucaud note quun dossier
de classement avait été élaboré, mais que la procédure a été abandonnée après
changement de la Direction de lhôpital ; les autorités responsables ont
actuellement une vision toute fonctionnelle de larchitecture de
létablissement et elles refusent de prendre en compte sa valeur patrimoniale. On
abonde en ce sens : il ny pas de volonté de protection ; du reste, il
paraît plus facile de protéger les édifices privés que les édifices publics. On
rappelle encore que lhôpital Marchant était « honteusement absent »
des listes de classement des édifices modernes dressées en 1974 à la demande du
ministre de la Culture Michel Guy.
Plusieurs membres se déclarent
horrifiés devant le projet de restructuration de lhôpital Marchant, qui pose une
fois encore le problème de la politique menée en matière de conservation du patrimoine.
Quid de la cohérence des décisions, alors que lon veut convertir
lancienne maison darrêt Saint-Michel en établissement culturel ? Quid
du rôle de lAdministration des Monuments historiques ? Quid de la
culture historique, architecturale et urbanistique des architectes auteurs de projets
daménagement ? La liste est longue des bâtiments sacrifiés qui relevaient
dune Administration (hospitalière, militaire ou universitaire) et le contraste est
grand avec les réhabilitations admirables que lon a voulu et su réaliser à
létranger, en Espagne par exemple avec le musée dAlicante. En France, la
population croit que les édifices publics sont protégés : cest une illusion.
La situation requiert plus que jamais la vigilance des Associations de défense du
patrimoine et des Sociétés savantes ; mais quels sont leurs moyens
daction ? On indique quun moyen très efficace serait la constitution par
les Associations et Sociétés dune cellule daction judiciaire, mais
quune telle création na pas dépassé à Toulouse le stade de la déclaration
dintention.
Concernant lhôpital Marchant,
Odile Foucaud se déclare convaincue que tout peut être encore sauvé. On préconise une
demande dinstance de classement relayée par des courriers aux autorités
compétentes et des communiqués à la presse. Pour Louis Peyrusse, une demande de
classement serait parfaitement justifiée, car lédifice a fait déjà lobjet
de plusieurs publications. Un membre constate cependant que les Administrations publiques
ne répondent guère aux courriers qui leur sont adressés.
Louis Peyrusse intervient à propos des travaux exécutés dans la cour de lHôtel dAssézat : l'Architecte en chef des Monuments historiques en a profité pour faire gommer par un badigeon le jeu de la brique et de la pierre alternées sur la façade de laile ouest.
SÉANCE DU 1er JUIN 2004
Présents : MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza,
Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM.
Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint ; Mmes Cazes, Napoléone,
Noé-Dufour, Pousthomis-Dalle, Watin-Grandchamp, MM. labbé Baccrabère, Bordes, le
Père Montagnes, M. Prin, Roquebert, Testard, membres titulaires ; Mmes Andrieu,
Bayle, Bellin, Conan, Fournié, Jiménez, Marin, MM. Garland, Macé, Stouffs, membres
correspondants.
Excusés : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, Mme Galés, MM. Peyrusse,
Pradalier, Tollon.
Invitée : Mlle Martine Rieg.
Le Directeur ouvre la séance en demandant à la Compagnie dexcuser labsence de notre Présidente, en voyage détude.
Le Secrétaire général donne lecture des procès-verbaux des séances du 20 avril et du 4 mai, qui sont adoptés, le second après deux corrections. En complément à ces procès-verbaux, Patrice Cabau présente la bibliographie de John Hine Mundy, telle quil a pu létablir : le Directeur le remercie en rappelant que cette bibliographie sera publiée dans le Bulletin.
Le Secrétaire-adjoint donne alors lecture du procès-verbal de la séance du 18 mai, qui est adopté.
Un membre fait remarquer quil ne faudrait pas attendre pour se manifester que les bâtiments de lancien hôpital de la Grave soient vendus. Elle constate que les protestations concernant lhôpital Marchant viennent un peu tard,
M.S.A.M.F., t. LXIV, p. 273
alors que lon sait depuis trois ans quil y a un risque de démolition. Il en va de même de la caserne Niel alors que la réaffectation des bâtiments de La Grave, très bien placés au centre de Toulouse, est encore à létat de projet. Il faudrait relancer lidée dune association de défense du patrimoine, regroupant en particulier les Toulousains de Toulouse et notre Société, qui aurait vocation à agir en justice.
La parole est à François Bordes pour une communication sur les Cortèges et processions à Toulouse aux XVe et XVIe siècles, publiée dans ce volume (t. LXIV, 2004) de nos Mémoires.
Le Directeur remercie François Bordes
pour cet exposé très vivant et cette approche tout à fait nouvelle de la topographie
urbaine. Il remarque que certains quartiers sont systématiquement évités : ce sont
les quartiers proches de la Garonne, avec les églises Saint-Pierre, Notre-Dame la Daurade
et Saint-Nicolas. Le plus surprenant est que la grande église dédiée à la Vierge
quétait la Daurade ne soit jamais incluse dans le circuit des processions.
François Bordes le confirme pour les processions générales, sans pouvoir expliquer
pourquoi leur itinéraire ne va pas jusquaux extrémités de la ville. Bien sûr, la
Daurade est incluse dans toutes les processions rogatoires en relation avec leau.
Guy Ahlsell de Toulza fait observer que la circulation devant léglise de la Daurade
nétait pas facile, François Bordes quil y a toujours des problèmes de
droits de passage.
Répondant à une nouvelle question
de Guy Ahlsell de Toulza, François Bordes dit quil na pas calculé la
longueur des cortèges.
Michelle Fournié fait observer que si
Saint-Pierre-des-Cuisines et la Daurade sont laissées à lécart, cest
quelles nont pas de fonction civique à la fin du Moyen Âge, à la
différence de Saint-Sernin, qui est inévitable. Elle note en outre quil pourrait
être intéressant de savoir pourquoi les processions de Pentecôte et des Corps-Saints
sont identiques. La confrérie des Corps-Saints de Saint-Sernin entretient des rapports
étroits avec le pouvoir municipal et Michelle Fournié croit se rappeler que la zone de
recrutement de la confrérie ressemble assez à celle circonscrite par le 8 tracé par les
processions.
Dominique Watin-Grandchamp se
demande si le circuit na pas également une valeur sociale, les parlementaires
cherchant à faire passer la procession dans leur quartier, et elle évoque des situations
semblables en Espagne et au Portugal. François Bordes rappelle que des villes comme
Aix-en-Provence ou Montpellier témoignent dorganisations très différentes. La
difficulté est que lon ne sait pas qui, exactement, décide des parcours ; en
outre, la documentation analysée na pas permis de constater de changements de
parcours lors de la consultation du bayle ou des capitouls. Toute la bibliographie
relative aux autres villes montre quil existe un trajet par type de procession,
alors quil y en a plusieurs à Toulouse, avec un jeu subtil entre Saint-Sernin,
Saint-Étienne et Notre-Dame-du-Taur pour la Fête-Dieu et que toutes tournent à
lintérieur de certaines limites.
Après avoir rappelé que les
basiliques martyriales semble parfois avoir joué le rôle de cathédrale primitive,
Michelle Fournié observe que la procession dintronisation de larchevêque
passe par Saint-Sernin pour gagner seulement ensuite la cathédrale Saint-Étienne, selon
un schéma que lon connaît aussi à Agen. Pour Quitterie Cazes il faut aussi avoir
à lesprit que larchevêque affirme à cette occasion son autorité sur
Saint-Sernin. Michelle Fournié précise que la procession passe par Saint-Sernin et
Notre-Dame du Taur, qui lui est liée, avant de se rendre à la cathédrale.
Labbé Baccrabère intervient
pour souligner limportance de léglise Notre-Dame la Daurade au Moyen Âge, en
raison de son antiquité mais également de son emplacement au bord de la Garonne.
La parole est à Anne-Laure Napoléone pour une communication consacrée au Collège de Périgord, qui sera publiée dans le prochain volume (t. LXV, 2005) de nos Mémoires.
Le Directeur remercie Anne-Laure Napoléone et lui exprime la gratitude de notre Compagnie pour avoir ainsi entièrement repris létude de lancien collège de Périgord. La Société Archéologique du Midi de la France ne peut que regretter quune plus grande attention nait pas été accordée aux vestiges du collège médiéval. Le Directeur rappelle quaucun des collèges médiévaux de Toulouse na jusquà présent été étudié et il prodigue tous ses encouragements à note consur pour la poursuite de son travail, en espérant quelle puisse le mener à terme avant la fin de lété.
Le Directeur prononce la clôture de lannée académique 2003-2004 après avoir souhaité à tous des vacances riches en découvertes et en promesses de communication pour la rentrée.
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