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Dernière mise à jour le 23/12/12
Depuis 1989, les comptes rendus des séances sont publiés dans le Bulletin annexé au volume de Mémoires de l'année, et sont disponibles en version électronique. Voir les sommaires des Mémoires.
Le Bulletin 2010-2011 est disponible en version de pré-publication.
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 2011
Présents :
MM. Cazes, Président, Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste,
M. Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber, Cazes, Napoléone, MM. Bordes,
le Père Montagnes, MM. Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ;
Mmes Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, MM. Boyer, Burroni, membres
correspondants.
Excusés :
MM. Pradalier, Directeur, Guy Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-adjoint,
Mmes Andrieu, Balty, Friquart, Guiraud, Krispin, Lamazou-Duplan,
Pradalier-Schlumberger, MM. Balty, Catalo, Chabbert, Garrigou Grandchamp,
Garland, Peyrusse.
Daniel
Cazes ouvre l’année académique 2011-2012. Occupant pour la première fois le
fauteuil de Président, il déclare qu’il essaiera de se montrer digne de cet
un honneur. Notre Société est maintenant très ancienne, avec ses cent
quatre-vingts ans, et si l’on osait faire un peu de prospective, c’est son
bi-centenaire qu’il faudrait commencer à préparer. Ce qui pourrait sembler
une plaisanterie n’en est pas une : nous avons sans aucun doute à penser
ce que sera la Société Archéologique du Midi de la France dans vingt ans et
à préparer le travail de nos successeurs.
Daniel
Cazes se dit très impressionné par ce fauteuil de Président. Il a connu cinq
de ses prédécesseurs, dont deux sont décédés. Chacun avec sa compétence,
sa culture, son sens des relations humaines, a réussi à créer ce lien qui
fait notre Société, entre des personnes de formations et de métiers différents.
La Société Archéologique est le seul endroit à Toulouse où cette rencontre
se fait, rencontre d’autant plus indispensable que le savoir est de plus en
plus spécialisé et fragmenté. Daniel Cazes souhaite que nous partagions tous
ce goût du dialogue et que nous poursuivions l’engagement qui a fait ce
qu’est notre Société.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 7 juin 2011, qui est adopté.
Le
Président rend compte de la correspondance reçue au cours de l’été.
Notre
confrère Yves Cranga demande de ne plus être compté parmi nos membres, son
retour à Toulouse longtemps espéré lui apparaissant de plus en plus
improbable. Nous recevons sa demande avec regret.
Pierre
Garrigou Grandchamp nous adresse un tiré-à-part de son compte rendu du Bilan du programme de dendrochronologie en Midi-Pyrénées
paru dans le dernier volume de nos Mémoires
(t. LXIX, 2009).
Nous
avons encore reçu un courrier de la Mairie de Toulouse, en réponse à nos
interrogations sur les travaux en cours place Esquirol, courrier très
administratif et qui ne répond pas sur le fond. Il faudra relancer la
discussion avec Guy Ahlsell de Toulza au cours d’une prochaine séance. Pour
Maurice Scellès, ce courrier montre en tout cas que la Mairie de Toulouse n’a
pas envie de s’engager dans une politique du patrimoine.
Notre bibliothèque s’enrichit d’un très joli cadeau du Père Montagnes, avec le reprint du Don du corps de Saint Thomas d’Aquin…, traduit par J. Lavaur, avocat, Toulouse, 1628, et du volume Toulouse au Moyen Âge, 1000 ans d’histoire urbaine (400-1480), sous la direction de Jean Catalo et Quitterie Cazes, Toulouse, Loubatières, 2010, 272 p.
Plus
exceptionnel est le don que nous fait Maurice Prin. Il s’agit tout d’abord
d’un fragment de colonne à cannelures torses provenant de l’ancienne église
Notre-Dame la Daurade, qui avait été remployé comme borne rue de l’Écharpe.
Un petit fragment de remplage gothique, avec des traces de badigeon jaune,
provient des remblais du couvent des Jacobins : il ne peut avoir appartenu
à une fenêtre et il faut peut-être songer à une clôture ou un tombeau.
C’est encore un petit dais néogothique, du XXe siècle, intéressant
pour l’histoire des membres de notre Société puisqu’il a été taillé par
Maurice Prin lui-même, pour mieux comprendre le travail des sculpteurs.
Le
Président propose d’accepter le don et de remercier Maurice Prin au nom de
notre Société. Il rappelle que notre Société possède une collection
importante de sculptures et d’objets archéologiques, ainsi que de dessins, de
gravures et de photographies dont un grand nombre a été déposé dans les musées
de Toulouse.
Le Président doit encore annoncer la triste nouvelle du décès, cet après-midi, de Jean Boube, qui n’a jamais été membre de notre Société mais qui avait été primé dans sa jeunesse. Jean Boube s’est passionné pour Martres-Tolosane, sa ville natale, dont il a découvert la nécropole, réalisant une fouille archéologique remarquable pour l’époque, mais dont l’intérêt n’a été compris ni par la municipalité ni par le service des Monuments historiques, et tout a été comblé. Jean Boube est devenu par la suite le « grand Monsieur » des fouilles de Salé, près de Rabat. Sa disparition est une grande perte.
Patrice Cabau donne les résultats de la vente aux enchères de la collection Dupré à Bruniquel : les pièces lapidaires que nous avions jugées les plus intéressantes sont revenues sur leurs lieux d’origine et nous avons acquis pour le Musée des Augustins un chapiteau réputé provenir de Saint-Sernin. Jean Le Pottier ajoute qu’une seconde vente, de petits objets cette fois, sera organisée à Bruniquel. Le Président dit que le Musée Paul-Dupuy pourrait être intéressé, mais que cela dépend sans doute des provenances, car le docteur Dupré collectionnait des œuvres de toute la région.
La parole est à Hiromi Haruna-Czaplicki pour une communication sur Deux manuscrits d’un enlumineur occitan vers 1300.
Le
Président remercie Hiromi Haruna-Czaplicki pour cette communication très
savante, dont nous apprécierons d’autant plus la richesse avec la publication
de toutes les images et de leurs commentaires. Il remarque que l’architecture
représentée dans le manuscrit d’Amiens est essentiellement décorative alors
que la miniature toulousaine du manuscrit de la Légende dorée conservé au
Vatican présente une architecture mise dans l’espace, avec une appréhension
du volume plus proche de ce qui se fait en Italie. Hiromi Haruna-Czaplicki
explique que si les enlumineurs toulousains contribuent de façon importante au
tout début de la production avignonnaise, la cité pontificale attire bientôt,
à côté de Français et d’Espagnols, des Italiens parmi lesquels figurent
des peintres de premier plan. Dans le même temps, l’enluminure toulousaine évolue
aussi.
Michelle
Fournié note qu’après avoir étudié dans sa thèse les manuscrits de
Bernard de Castanet, notre consœur nous a présenté ses travaux sur les
manuscrits du Bréviaire d’amour, dont sept sur dix-huit peuvent être considérés
comme toulousains, puis sur les manuscrits enluminés de l’abbaye de Lagrasse.
Ce sont deux autres manuscrits que nous examinons aujourd’hui, tous deux
attribuables à un enlumineur occitan. Michelle Fournié voudrait savoir si ces
études successives suivent un plan d’ensemble, dont le fil conducteur serait
de rechercher l’origine méridionale et plus particulièrement toulousaine de
ces manuscrits. Michelle Fournié croit avoir compris que les spécialistes ont
plus généralement réattribué de nombreux manuscrits avignonnais à la région
toulousaine, ce qui laisse entendre que Toulouse était une capitale artistique
vers 1300, et une capitale intellectuelle. Si cette idée est exacte, on
aimerait disposer à ce stade d’un début de synthèse, ou tout au moins
d’une liste de tous ces manuscrits qui peuvent être considérés comme
toulousains, mais est-ce possible ? Hiromi Haruna-Czaplicki dit qu’il est
très difficile de répondre. Donner une localisation est toujours délicat,
notamment pour les années 1300-1350. Nous ne disposons pas de sources
permettant de confirmer les attributions, qui restent des exercices caractéristiques
de l’histoire de l’art et qui demandent encore à être vérifiées. Les
attributions entre Montpellier et Toulouse sont encore difficiles, notamment
pour les manuscrits juridiques. Il faut aussi avoir à l’esprit que les
artistes se déplacent, certains plus que d’autres. Il est donc trop tôt pour
dresser une liste fiable, alors qu’il s’agit encore d’une recherche
ouverte, et Hiromi Haruna-Czaplicki pense qu’il serait même dangereux que ces
résultats provisoires soient utilisés par des historiens.
Bernadette
Suau remarque qu’Hiromi Haruna-Czaplicki nous a montré des notes marginales
en occitan, mais elle se demande si les textes eux-mêmes des ouvrages, tant
dans la forme que dans le fond, ne seraient pas susceptibles de conforter
l’hypothèse d’une origine occitane. Hiromi Haruna Czaplicki indique que les
juristes travaillent sur ce thème.
Le
Président encourage Hiromi Haruna-Czaplicki à poursuivre l’étude des
manuscrits, qui permettra sans doute de proposer une vue d’ensemble dans les
prochaines années.
En
faisant appel aux questions diverses, le Président insiste sur l’intérêt de
ces informations variées qui peuvent être ainsi échangées et commentées.
François
Bordes informe la Compagnie de la tenue, le 17 octobre prochain, d’une réunion
régionale autour de la Maison de l’Histoire de France,
qui a défrayé la chronique. Quitterie Cazes ajoute que le projet mis en ligne
sur Internet est assez instructif.
Jean
Le Pottier signale à l’attention de la Compagnie la conférence que Jérôme
Ruiz fera à Saint-Bertrand-de-Comminges sur une châsse-reliquaire du XIIIe
siècle, une importante découverte récente, et François Bordes l’intéressante
exposition que la Bibliothèque du patrimoine de la rue de Périgord consacre
aux sociétés de géographie.
Michelle
Fournié annonce que Maria Alessandra Billota organise une exposition autour du
parement d’autel franciscain du Musée Paul-Dupuy, qui ouvrira au printemps
2012. L’exposition présentera une sélection des plus beaux objets
franciscains.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 2011
Présents :
M. Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber, Cazes, Napoléone,
Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Boudartchouk, Catalo, Peyrusse, Surmonne, Testard,
Tollon, membres titulaires, Mmes Balty, Haruna-Czaplicki, Jaoul, MM. Balty,
Darles, membres correspondants.
Excusés : MM. Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général,
Latour, Bibliothécaire adjoint, Mme Pradalier-Schlumberger, membre titulaire,
Mmes Friquart, Heng, Krispin, membres correspondants.
Invitée : Mme Christine Delaplace.
Le Président ouvre la séance à 17 h. Il commence par se réjouir que le calendrier des séances se soit progressivement complété, et il fait appel à d’ultimes propositions de communications, longues ou courtes. Le programme actualisé sera envoyé dès que possible.
Véronique Lamazou-Duplan nous a fait parvenir la nouvelle du décès, survenu à Pau le 2 septembre dernier, de Françoise-Claire Legrand, professeur aux Universités de Bordeaux et de Pau, qui a consacré une partie de ses travaux aux Landes et au Gers.
Daniel
Cazes annonce avoir reçu de deux lettres de candidature au titre de membre
correspondant. La première émane de Mme Vallée-Roche, auteur notamment
d’une étude sur l’autel paléochrétien de Minerve. La seconde provient de
M. Christian Péligry, Conservateur général du Patrimoine et ancien
Conservateur de la Bibliothèque Mazarine, qui a déjà été notre confrère et
qui, de retour à Toulouse, souhaite faire de nouveau partie de notre Compagnie.
Les rapports sur ces deux candidatures sont confiés à Bernadette Suau.
Le
Président fait ensuite état d’un courrier de l’Association des Amis des
Archives de l’Ariège, daté du 15 octobre, qui annonce pour le 2 novembre une
visite guidée de ses locaux rénovés et agrandis, accompagnée une séance
d’initiation à l’utilisation du moteur de recherche des Archives.
La
correspondance imprimée comprend divers programmes d’activités (Musée
Saint-Raymond et Muséum d’Histoire naturelle de Toulouse, Musée de la
Renaissance d’Écouen) ainsi que plusieurs annonces d’expositions :
« Travail d’Orfèvre » au Musée languedocien de Montpellier
(inauguration le 22 octobre 2011), « Petits théâtres de l’intime. La
peinture de genre française entre Révolution et Restauration » au Musée
des Augustins de Toulouse (22 octobre 2011-22 janvier 2012).
Daniel Cazes rend compte de la visite qu’il a faite cet été sur le site de la villa romaine de Chiragan, à Martres-Tolosane. Il a pu constater que les terrains appartenant à notre Société, cédés en usage gracieux à M. Saboulard et laissés en prairies, sont bien entretenus. Cependant, la signalétique du sentier archéologique aménagé sur le site, qui traverse la Nauze (ancien aqueduc), a disparu. Il conviendra de reprendre contact avec la municipalité de Martres pour la rétablir. M. Cazes déclare que la fréquentation touristique de la région lui a en effet paru fort dense.
La parole est à Quitterie Cazes pour une communication courte sur Deux sondages archéologiques à Moissac (janvier 2010).
Le Président remercie Mme Cazes de ces informations, puis il fait appel aux questions de l’assemblée. François Bordes, « réagissant en archiviste », demande si l’opération archéologique précédente n’a pas laissé de traces autres que mémorielles : n’y aurait-il eu aucun rapport ? Quitterie Cazes dit que dans les années 1950-1960 (à l’époque de Marguerite Vidal) il n’existait pas d’obligation de fournir de rapport. Alors que l’on possède de très abondantes archives concernant les travaux sur les monuments historiques au XIXe siècle, il n’y pratiquement rien sur l’activité des années 1920-1970. Dominique Watin-Grandchamp signale qu’il existe un embryon de rapport dans la série T des Archives départementales de Tarn-et-Garonne. Au sujet des tuyaux de plomb qui alimentaient la fontaine, elle précise que ceux visibles sur les photographies du second sondage sont différents de ceux qui existaient au XIXe siècle. Jean-Luc Boudartchouk déclare que de nouveaux sondages sont prévus à Moissac, qui seront conduits par notre confrère Patrice Georges.
La parole est à Jean-Luc Boudartchouk et Patrice Cabau pour une autre communication courte sur Les deux tables d’autel paléochrétiennes de Saint-Bertrand-de-Comminges.
Daniel Cazes remercie les deux intervenants pour cette longue double communication courte, puis il s’interroge sur la possibilité d’un décalage chronologique entre les inscriptions et leurs supports. Le décor sculpté des deux tables lui paraît différent de celui des sarcophages dits du sud-ouest de la Gaule, réalisés dans le dernier quart du IVe siècle ou la première moitié du Ve. La facture renvoie ici plutôt aux deux sarcophages de La Mégie-Saint-Martin, en Dordogne, ainsi qu’à celui de Soissons conservé au Musée du Louvre. La sculpture en semi-méplat paraît caractériser la fin du IVe siècle et le Ve siècle. Christine Delaplace voudrait en savoir davantage sur l’histoire des deux fragments. Jean-Luc Boudartchouk lui indique que les informations utiles à ce sujet sont contenues dans la plaquette récemment éditée par le Musée archéologique départemental de Saint-Bertrand-de-Comminges : Une table d’autel pour Conuenae. Par ailleurs, M. Boudartchouk ne se souvient pas que le premier fragment ait été reproduit dans Puchra Imago. Quitterie Cazes signale le catalogue établi par Jean Guyon ; elle se déclare convaincue que les deux éléments appartiennent à deux tables contemporaines (Ve siècle) mais distinctes. Christian Darles note que les textes portés par les fragments relèvent davantage du graffito que de l’inscription véritablement gravée. Dominique Watin-Grandchamp fait observer que les deux pièces, dont le matériau est identique, semblent provenir d’un même lit de marbre, et elle avance l’hypothèse que les deux tables puissent avoir correspondu à des autels latéraux dans la basilique relevée après destruction. Puis, elle se demande si Robert Gavelle a laissé dans ses notes quelque chose sur le premier fragment. François Bordes se déclare d’accord avec Patrice Cabau sur la cursivité paléographique des divers textes tracés sur les marbres. On s’interroge pour savoir si Jean-Luc Schenk a un projet de publication scientifique de « la » table d’autel. Quoi qu’il en soit, Jean-Luc Boudartchouk dit avoir prévu d’envoyer à Jean Guyon la documentation qu’il a réunie.
Au titre des questions diverses, Christian Darles annonce que se tiendra, les 3 et 4 novembre prochains, à l’Université de Pau, un colloque sur la fortification de la Novempopulanie, où il sera notamment question de Saint-Bertrand-de Comminges et de Saint-Lizier.
Guy Ahlsell de Toulza nous informe que la sacristie de l’ancienne église des Cordeliers de Toulouse, restaurée voilà plus d’une décennie, est désormais ouverte au public une fois par trimestre pour une exposition temporaire. Il y a là l’occasion de voir une grande peinture murale, de la seconde moitié du XIVe siècle ou de la première du XVe, représentant une Vierge trônante. M. de Toulza projette de nous montrer un reportage photographique sur cette belle salle. Daniel Cazes se déclare enthousiasmé et propose que notre Société tienne sur place l’une de ses réunions.
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 2011
Présents :
M. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme
Suau, Bibliothécaire-Archiviste, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber,
Napoléone, Watin-Grandchamp, le Père Montagnes, MM. Lassure, Peyrusse,
Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mmes Haruna-Czaplicki, Fournié,
MM. Darles, Molet, membres correspondants.
Excusés : MM. Scellès, Secrétaire général, Latour, Bibliothécaire-adjoint,
Mmes Cazes, Pradalier-Schlumberger, MM. Boudartchouk, Tollon, membres
titulaires, Mme et M. Balty, membres correspondants.
La Compagnie entend lecture du procès-verbal de la séance du 4 octobre, rédigé par le Secrétaire général ; ce compte rendu est adopté.
Daniel
Cazes présente deux publications toulousaines : le livret de
l’exposition organisée par la Bibliothèque d’étude et du patrimoine (13
septembre-10 décembre 2011) : Explorer
le Monde : les Sociétés de Géographie (1880-1960), 16 p ;
un DVD édité par la Ville de Toulouse, « livre numérique interactif »
inaugurant une série consacrée au patrimoine de notre cité : premier
volume (septembre 2011) intitulé Toulouse
pour apprendre.
Puis
il fait circuler une invitation de M. Christophe Marquez, Président de la Société
du Patrimoine du Muretain, à la conférence prononcée aujourd’hui même au
Théâtre municipal de Muret par M. Lucien Ariès : « Clément Ader
en Lauraguais ». Circulent également des bons de commande pour deux
ouvrages récemment édités par le Centre d’Archéologie médiévale du
Languedoc (Carcassonne) : Sylvie Campech et autres, Le
Castrum de Mouret et ses châteaux,
2011, 64 p. ; Archéologie du Midi médiéval,
tome 28 (2010), 2011, 374 p.
Le Président
lit ensuite un courrier reçu de Mme Isabelle Hardy, adjointe au Secteur Centre
à la Mairie de Toulouse, nous conviant à participer à la prochaine réunion
de la Commission du quartier « Capitole », à tenir demain 9
novembre, et dont l’ordre du jour portera notamment sur les questions
suivantes : « Révision du Plan Local d’Urbanisme (PLU) – présentation
de enjeux et des propositions d’évolution pour le quartier », « Projet
Urbain Toulouse Centre : information sur la mission confiée à Joan
Busquet’s ».
Guy
Ahlsell de Toulza précise qu’il s’agit de la troisième réunion de ce type ;
selon lui, ces consultations sont toutes formelles. La première réunion
concernait l’élargissement du trottoir sur le côté ouest de la place des
Carmes, avec pour effets la création de terrasses de cafés ou autres
commerces, et la suppression de sept places de stationnement ; bien que le
projet ait provoqué un tollé, les travaux viennent de commencer.
M.
Cazes fait part de ses inquiétudes au sujet du « Projet Urbain Toulouse
Centre ». Tel qu’il est présenté par des images de synthèse, le plan
proposé par l’architecte catalan porterait une grave atteinte au patrimoine
architectural de la ville et à sa physionomie : l’ordonnance des quais
de brique du XVIIIe siècle serait coupée par un monumental escalier
en granit !
Le
Président rend compte enfin de deux articles parus dans la Dépêche
de ce jour.
Le
premier annonce qu’on vient de trouver à L’Isle-Jourdain, dans trois
amphores, plusieurs milliers de pièces de monnaie romaines en bronze argenté,
datant de la fin du IIIe siècle ou du début du IVe.
Jean-Michel Lassure, qui participé à la découverte, donne des précisions :
la trouvaille a été faite sur le site d’un établissement antique, dans une
zone correspondant à une cour. Christian Darles indique que ce trésor compte
plus de 35 000 pièces, nombre supérieur à celui du dépôt d’Eauze,
qui en comprenait déjà 28 000. L’étude du trésor d’Eauze a nécessité
six mois ; la fouille en laboratoire des amphores de Lectoure devrait en
exiger trois.
Le
second article déclare qu’« On a retrouvé le tableau volé en 1818 ».
Il s’agit du « Christ portant la croix » peint par Nicolas
Tournier vers 1632 pour la chapelle des Pénitents noirs de Toulouse, qui avait
anciennement disparu des collections du Musée des Augustins (alors Musée de
peinture), et qui vient de réapparaître une nouvelle fois en vente, à Paris,
à la fin de la semaine dernière. M. de Toulza indique qu’il s’agit là
d’une œuvre majeure de l’artiste toulousain ; du reste, il note une
envolée prodigieuse des prix successifs, plus que décuplés en trois ans :
57 500 € en 2009, 400 000 € en 2010, 675 000 € en 2011...
Louis Peyrusse signale que, selon le journaliste de la Dépêche,
« l’État a interdit le tableau de sortie du territoire ». Pour
l’État, fondé à revendiquer la restitution d’une propriété publique
inaliénable, il ne saurait être question de racheter une œuvre volée.
La parole est à Bernadette Suau pour son rapport sur la candidature renouvelée de M. Christian Péligry, déjà élu au titre de membre correspondant en 1989. Il est procédé au scrutin. Notre ancien confrère est de nouveau admis au sein de la Compagnie.
L’ordre du jour appelle la communication d’Henri Molet intitulée Étude sur le tracé de la muraille de Garonne à Toulouse.
Le
Président adresse à notre confrère un grand merci pour nous avoir révélé
quantité d’informations inédites. Il souhaite que son enquête se poursuive
et permette de compléter le tracé esquissé. Daniel Cazes pose la question de
la fonction de digue que peut avoir eue la muraille de Garonne : absence de
tours, présence de contreforts intérieurs ; il évoque le cas de Mérida.
Ce rempart a certes eu aussi un rôle défensif, et ce n’est sans doute pas un
hasard si le palais des rois wisigoths de Toulouse a été établi à la
rencontre de la muraille et de l’enceinte du Ier siècle.
Concernant un point particulier du tracé, M. Cazes se demande si la bosse de la
descente de la Halle-au-Poisson et l’arche que l’on peut voir dans les
sous-sols de l’ancien magasin Sicre, ne s’expliquent pas par le seuil que la
descente elle-même devait franchir au niveau de la muraille et le saut qui
s’ensuivait, plutôt que par un pont hypothétique.
Louis
Peyrusse interroge Henri Molet sur la fiabilité des mesures données pour les
brasses et les cannes au Moyen Âge. M. Molet en indique très précisément les
valeurs respectives à la fin de l’époque médiévale et à l’époque
moderne. M. Peyrusse voudrait pouvoir imaginer plus précisément la
communication entre la ville et le fleuve. M. Molet redit que la liaison était
assurée par des ruelles partant du Chemin français. Christian Darles ajoute
qu’il devait exister une série de poternes.
M.
Darles poursuit son intervention en soulignant que la « poterne » de
l’Institut catholique, large de 3 m, est en fait une véritable porte. En étudiant
la muraille de Garonne dans ce secteur, sur 80 m, il a relevé un décalage de
80 cm des axes des courtines situées de part et d’autre de la porte, la mise
en œuvre systématique de briques de remploi, le recours à cinq méthodes de
construction différentes, l’absence d’exutoires pour les eaux. Des
investigations menées à l’Hôtel de pierre sont restées sans résultat,
sans doute parce que les démolitions y ont été sévères. Les percements de
la muraille ont dû être fréquents et puissants, vu les activités nombreuses
sur les bords de la Garonne. À ce propos, Henri Molet signale qu’il faut
envisager pour l’Antiquité l’existence de ports : à la Dalbade, à la
Daurade...
Michelle
Fournié et Henri Pradalier s’intéressent aux coïncidences entre le tracé
de la muraille et les limites des parcellaire médiéval et moderne. M. Molet
note dans la construction de la muraille la juxtaposition de segments plus ou
moins décalés, et donc l’absence de tracé biais.
La
question de l’âge de la muraille de Garonne finit par être posée. Pour
Daniel Cazes, il n’est pas inconcevable qu’elle puisse remonter au
Haut-Empire.
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 2011
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, MM. Catalo, Lassure, Peyrusse, Surmonne, Testard,
membres titulaires ; Mmes Guiraud, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Lamazou-Duplan,
MM. Chabbert, Darles, Péligry, membres correspondants.
Excusés :
M. Guy Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M.
Latour, Bibliothécaire-adjoint, MM. Garrigou Grandchamp, Garland, Tollon.
Invitées :
Mmes Fabienne Carme, Christine Delaplace, Jeanne Péligry.
La Compagnie se retrouve à 16 h sur le site de la Cité universitaire de l’Arsenal, où elle est accueillie par le Président et Jean Catalo, responsable du chantier de fouilles. Un groupe d’étudiants en histoire du droit a été invité à suivre la visite.
Jean
Catalo rappelle que la zone fouillée se trouve à l’extérieur du rempart
antique mais à l’intérieur de la ville du Moyen Âge. Lors de la
construction de la cité universitaire dans les années 1970, elle a fait
l’objet d’un décaissement de plus d’un mètre, qui a fait disparaître
toutes les couches d’occupation. Aussi les vestiges des fondations des bâtiments
apparaissent-ils immédiatement sous le sol actuel.
La
fouille a mis au jour l’angle nord-ouest du grand édifice du Ve siècle
découvert en 1996 immédiatement au nord de l’église
Saint-Pierre-des-Cuisines. On ne peut toujours pas déterminer la fonction de ce
bâtiment de 40 m sur 50, qui était entouré d’une galerie et qui avait été
construit sur une nécropole des IIIe-IVe siècles, dont
on a reconnu une centaine de tombes chrétiennes avec dépôt de tradition
antique.
Il
semble que ce grand bâtiment était encore débout lorsqu’est aménagé, au
Moyen Âge, le fossé du bourg, auquel succédera aux XIVe-XVe
siècles le mur d’enceinte établi un peu plus loin et dont une grande partie
est encore conservée le long du boulevard Duportal. La fouille a mis au jour
des bassins liés à l’activité des pareurs de draps installés dans le
quartier et de nombreuses fosses à déchets creusées à partir de la fin du
XIIIe siècle et qui ont recoupé les tombes creusées dans le sol de
graves. Le contenu de la soixantaine de fosses-dépotoirs est prélevé pour être
tamisé et pourra faire l’objet de traitements statistiques.
Le
Président fait remarquer que le fait que l’on ait conservé une partie de
l’extrémité sud du grand édifice du Ve siècle sous l’école
de musique devrait être un argument supplémentaire pour ne pas détruire
l’angle qui vient d’être mis au jour, d’autant que le reste subsiste sans
doute sous les allées et pourrait être fouillé. Jean Catalo indique que les
allées seraient classées au titre des espaces verts, puis il rappelle que de
nombreuses destructions sont dues aux réseaux d’eaux usées, ou à des
changements de lampadaires, ou encore à l’installation de fosses de récupération
du verre ou du papier… En 2005, lors de la rénovation du restaurant
universitaire, la zone fouillée cette année a été occupée par des modules
temporaires, dont l’installation est dispensée de permis de construire, mais
qui ont nécessité la mise en place de réseaux dans le sol réalisée de ce
fait sans surveillance archéologique.
Après
avoir remercié Jean Catalo, le Président félicite toute l’équipe de
l’INRAP pour les très beaux résultats de cette fouille qui permet de mieux
comprendre l’évolution de cette zone, d’un grand intérêt pour notre
connaissance de la ville. Daniel Cazes maintient qu’il regrettera la
disparition de tels vestiges, que l’on saurait pourtant conserver et mettre en
valeur dans d’autres villes d’Europe. Il nous appartient d’appeler les
populations à une prise de conscience : veulent-elles ou non conserver
leur patrimoine monumental et archéologique ?
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 2011
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Guy Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM.
Boudartchouk, Catalo, le Père Montagnes, MM. Surmonne, Testard, membres
titulaires ; Mmes Haruna-Czaplicki, Jaoul, Lamazou-Duplan, MM. Burroni, Péligry,
membres correspondants.
Excusés :
M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Cazes, Fournié, MM. Chabbert, Garrigou
Grandchamp, Garland, Mattalia, Peyrusse, Tollon.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 15 novembre dernier, qui est adopté.
Le
Président rend compte de la correspondance qui comprend les programmes du
festival du film archéologique et des Rencontres de l’Institut catholique de
Toulouse, et l’avis de la vente de livres anciens et modernes, le 15 décembre
prochain, à l’Hôtel des ventes Saint-Georges.
Il
faut par ailleurs signaler la très intéressante petite exposition présentée
dans le temple protestant du Salin, consacrée à l’histoire du protestantisme
à Toulouse. On y voit en particulier des relevés du temple du Salin, dont on
sait qu’il est installé dans l’ancienne Trésorerie. Michèle
Pradalier-Schlumberger en a étudié les sculptures en remploi.
Le Président fait état de l’inquiétude de Maurice Prin devant les travaux en cours aux Jacobins. L’architecte en chef des Monuments historiques, Bernard Voinchet, reconstruit en effet l’une des chapelles rayonnantes, sur des critères que Maurice Prin ne connaît pas. Son inquiétude vient aussi du fait que cette nouvelle chapelle est appelée à devenir la sacristie, tandis que la sacristie actuelle deviendrait une boutique, dans un circuit de visite qui ne paraît pas très logique. Henri Pradalier demande quel sera le sort du mobilier très intéressant qui se trouve dans l’actuelle sacristie. Pour le Président, il serait souhaitable que l’ensemble soit conservé dans un musée de l’œuvre, mais il semble que cela n’intéresse pas grand-monde. Daniel Cazes rappelle que ce mobilier relève juridiquement de la paroisse de La Daurade, dont on ne connaît pas les intentions.
Le Président signale que l’on vient de retrouver un tableau de Nicolas Tournier disparu en 1818 du Musée de Toulouse, représentant le Christ portant sa croix. L’État a interdit sa sortie du territoire, et on laisse entendre qu’il pourrait être à nouveau mis en dépôt au Musée des Augustins où se trouvent deux autres tableaux provenant de l’église des Pénitents noirs. Guy Ahlsell de Toulza dit que, d’après les dernières nouvelles, le tableau est revenu dans les collections nationales, et que reste la question du dédommagement du propriétaire. Daniel Cazes rappelle que selon la loi, aucun dédommagement n’est dû puisque le tableau est une propriété inaliénable de l’État. Dans le contexte des restrictions budgétaires actuelles, une telle indemnisation serait particulièrement scandaleuse.
Il faut encore signaler que les fouilles en cours sur le square Charles-De-Gaulle ont mis au jour les vestiges d’un bâtiment du XIIIe siècle. Notre Compagnie suivra avec attention la progression du chantier.
Notre
bibliothèque s’enrichit d’un don de Véronique Lamazou-Duplan : Ab urbe
condita… Fonder et refonder la ville : récits et représentations
(second Moyen Âge – premier XVIe siècle), Actes du colloque
international de Pau (14-15-16 mai 2009), textes réunis par V.
Lamazou-Duplan, PUPPA-Méridiennes, Pau-Toulouse, 2011, 589 p.
Henri
Pradalier et Michèle Pradalier Schlumberger annoncent qu’ils viennent de déposer
pour notre bibliothèque tout un lot de mémoires de maîtrise et de thèses, en
rappelant que les plus récents ne pourront être mis en consultation publique
que cinq ans après la soutenance. Le Président les remercie au nom de la Société.
Henri Pradalier ajoute qu’ils se séparent aussi de nombreux livres, dont
certains pourraient peut-être intéresser notre Société. La Bibliothécaire-archiviste
s’inquiète du peu de place disponible sur nos rayonnages. Le Président
propose que la question soit examinée par le Bureau.
L’ordre du jour appelle l’élection d’un membre correspondant. Bernadette Suau présente son rapport sur la candidature de Mme Marie Vallée-Roche, puis on procède au vote : Mme Marie Vallée-Roche est élue membre correspondant de notre Société.
La parole est à Patrice Cabau pour une communication sur Une double invention épigraphique du chevalier Alexandre Du Mège.
Le
Président remercie Patrice Cabau pour cette communication très fouillée et,
comme d’habitude, très intéressante. Il remarque de la question des Samatan
est l’une de ces parties mystérieuses de l’œuvre de Du Mège. Comme Guy
Ahlsell de Toulza relève que la généalogie présente des raccourcis étonnants,
Patrice Cabau précise qu’il a juste reproduit celle donnée par Charles
Higounet, et que tout ça demande en effet à être repris dans les détails.
Guy Ahlsell de Toulza s’intéresse ensuite aux différentes représentations
des armoiries des Samatan, dont les variations semblent être en effet une piste
à suivre. Quant à l’inversion du senestrochère en dextrochère, elle relève
d’une erreur due à l’imprimerie.
Le
Président attire l’attention sur la planche de dessins, et en particulier sur
les visages. Il a la conviction que les dessins sont de Du Mège lui-même, qui
utilise les mêmes procédés quand il représente, par exemple, un portrait
romain.
Jean
Catalo rappelle que Maurice Prin a réalisé un calque de l’inscription de
Jean Lévêque provenant de l’église Saint-Michel, bien plus précis que le
dessin donné par Castellane. Pour Patrice Cabau l’intérêt de la planche de
Castellane tient bien sûr à la date de sa publication, dans un ensemble qui
est impressionnant, mais les dessins présentent en effet des déformations dans
les détails.
Le
Président précise que Du Mège n’est pas le fondateur du Musée du Toulouse,
mais seulement du Musée des Antiques. Le musée des peintures existait depuis
1794 et avait son propre conservateur.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 2011
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Guy Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Cabau,
Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, le Père
Montagnes, MM. Peyrusse, Testard, membres titulaires ; Mmes de Barrau, Félix,
Fournié, Haruna-Czaplicki, Vallée-Roche, M. Péligry, membres correspondants.
Excusés :
M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mme Lamazou-Duplan, MM. Chabbert, Garrigou
Grandchamp, Garland, Tollon.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 22 novembre, qui est adopté après deux corrections.
Concernant
le tableau de Nicolas Tournier, Guy Ahlsell de Toulza dit
qu’il a eu l’occasion de discuter de l’affaire avec Marie-Anne Sire. La déclaration
officielle diffère sensiblement de ce qui se dit au ministère. Il faut savoir
que la disparition du tableau n’a jamais fait l’objet d’une déclaration
de perte ni de vol. Par ailleurs, en matière d’objets mobiliers, possession
vaut titre selon la loi. S’ajoute à cela que la Direction des musées de
France a déjà autorisé dans le passé l’entrée de l’œuvre sur le
territoire et sa sortie, et que le Musée des Augustins n’a pas répondu quand
il a été contacté par le propriétaire.
Pour
le Président, l’affaire peut se discuter très longuement. Il reste cependant
convaincu qu’il est toujours possible de revendiquer une œuvre qui a fait
partie d’une collection publique.
Le Président salue la présence de Marie Vallée-Roche, qui prend séance ce soir, en lui souhaitant de participer le plus souvent possible à nos activités et en l’engageant à proposer communications et publications.
Le
Président rend compte de la correspondance reçue.
Le
maire de Toulouse nous adresse une invitation à assister aux conférences-débats
sur l’histoire des noirs en France.
La
Société d’archéologie et d’histoire de la Charente-Maritime souhaite que
nous l’aidions à organiser son voyage annuel, qui se fera cette année le
premier week-end de juin à Toulouse.
Nous
sont également parvenues une invitation à participer à la Xe
triennale internationale des mini-textiles et l’annonce de la parution d’un
ouvrage de notre confrère Germain Sicard, Un médecin toulousain. Des tranchées
de l’Aisne aux Monts de Champagne (1915-1918).
Michelle Fournié présente l’ouvrage qu’Hélène Millet et Claudine Rabel, avec une contribution de Bruno Mottin, ont consacré à La Vierge au manteau du Puy-en-Velay, dont elle fait circuler son exemplaire dans l’assemblée.
Le
Président évoque ensuite différents articles de presse parus récemment.
A
propos du Coder, dans La Voix du Midi, la proposition est faite d’installer dans
l’ancienne prison Saint-Michel un musée de l’histoire de la ville : il
faudrait débattre au cours d’une prochaine séance, parmi les questions
diverses, de ce qu’est un musée, notion qui paraît se diluer dans un flou très
général.
La
Dépêche du Midi s’émeut
devant le vertigineux palmier des Jacobins révélé depuis quelque par
l’installation, par une plasticienne, d’un miroir qui le reflète, et devant
le si merveilleux dialogue instauré entre la création contemporaine et le
monument, l’article laissant entendre qu’il serait souhaitable de conserver
l’installation. Peut-être faudrait-il rappeler qu’il suffit de lever la tête
pour voir le palmier ? Le Directeur ajoute que le miroir masque une partie
du carrelage noir qui évoque la première église et que c’est ainsi une
partie de l’histoire de l’édifice qui est cachée au visiteur.
C’est
encore La Dépêche du Midi qui consacre un article au projet
« fou » de Joan Busquet pour la Garonne : une affaire à
suivre. Rappelons que le projet prévoit la démolition des ports Saint-Pierre
et de la Daurade du XVIIIe siècle. Louis Peyrusse fait observer que
l’ensemble des quais est classé au titre des Monuments historiques et que le
projet est de ce fait absurde. Il faudrait néanmoins que nous intervenions dans
la presse. Le Directeur pense aussi qu’il serait bon de le rappeler, en
adressant un courrier à Joan Busquet avec copie au Maire et à la DRAC, et par
un article dans Midi-Pyrénées patrimoine.
Le Président s’inquiète enfin des fouilles en cours sur le square Charles-De-Gaulle, ou square du Capitole. Lors de la création de la station de métro, on a détruit les vestiges d’une tour de l’enceinte romaine, et les fouilles actuelles devraient mettre au jour la courtine : or on plante des arbres sur son emplacement et le projet n’en fait pas état, alors qu’il prévoit la mise en valeur de la tour dite « tour Charlemagne ». Et que sont devenus les tronçons de la courtine qui avaient été sciés sur le site du Théâtre de la cité et disposés sur les pelouses du square du Capitole ?
La parole est à Bernadette Suau pour une communication intitulée : Entre dédicace et vocable : l’exemple de l’église Saint-Exupère de Coupiac (Aveyron).
Le
Président remercie Bernadette Suau pour cette communication passionnante, et précieuse
pour la connaissance de cet édifice, et il la félicite d’avoir su démêler
l’histoire très complexe de l’évolution des vocables. La démonstration
est tout à fait convaincante. Mais existe-t-il un saint Exupéry en dehors de
saint Exupère et de sainte Exupérie ? Bernadette Suau répond que Superi
est la traduction occitane d’Exupère et qu’elle ne connaît aucun saint
Exupéry.
Le
Père Montagnes souhaite revoir la photographie du retable de Notre-Dame.
Bernadette Suau dit qu’il lui faudrait trouver la date de l’apparition de la
confrérie du Rosaire. La peinture du retable représente une Vierge à
l’Enfant accompagnée de saint Dominique et de sainte Catherine.
Pour
Henri Pradalier, il serait possible de rapprocher stylistiquement le retable et
les clefs de voûte, et l’ensemble donne l’impression d’être plus ancien
que le XVIIe siècle. Or si la démonstration iconographique est peut
être convaincante pour les clefs de voûte, la question de la datation du
retable reste entière. Guy Ahlsell de Toulza n’est pas sûr, quant à lui,
que des voûtes à liernes et tiercerons soient encore possibles au milieu du
XVIIe siècle, pas plus que la forme à l’italienne de l’écu.
Bernadette Suau dit qu’elle en conviendrait en d’autres lieux, et qu’elle
comprend parfaitement les réticences exprimées. France Félix rappelle que
c’est pourquoi elle avait daté l’ensemble du XVIe siècle ;
elle signale en outre qu’une représentation de Dieu le Père de l’église
de Saint-Sernin-sur-Rance est stylistiquement assez proche de celle de Coupiac,
et qu’elle date du milieu du XVe siècle, mais que l’on connaît
d’autres sculptures semblables qui sont au contraire tardives. Louis Peyrusse
souligne que cependant, s’il y a un style qui ne dure pas, c’est celui de la
Renaissance.
Henri
Pradalier pense que le fait que le décor sculpté ne soit pas mentionné par la
visite pastorale ne peut servir de repère, et Louis Peyrusse s’interroge sur
la part de rhétorique dans les comptes rendus qui en sont faits.
Caroline
de Barrau signale par ailleurs que François d’Estaing portait des fleurs de
lis dans ses armes.
Bernadette
dit comprendre les réactions, auxquelles elle s’attendait, mais elle ne croit
pas qu’un tel programme iconographique soit possible au XVIe siècle.
Ne serait-il pas possible de l’envisager dès les premières décennies du
protestantisme ? demande Louis Peyrusse.
Le
Président se félicite que notre Société soit pleinement un lieu d’échanges
et de débats. Louis Peyrusse dit avoir été particulièrement intéressé par
l’analyse du changement de vocable, avec le passage d’une sainte à un
saint, et Henri Pradalier par la question du rapport entre vocable et
titulature.
Au
titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza présente des images du
temple du Salin, en s’attachant plus particulièrement aux sculptures en
remploi.
Les
culots du porche présentent des personnages accroupis et peuvent être datés
de la fin du XIIIe siècle, à l’exception d’un culot qui porte
un écu tenu par deux cerfs ailés, thème qui apparaît avec les armoiries de
Charles VI et se maintient avec Charles VII.
Sur
quatre des culots du chœur sont sculptés les symboles des évangélistes, le
cinquième figurant deux anges tenant un blason. C’est vers 1330 que prend
corps la légende de Loyenval, et Charles V prend pour armes un écu à trois
fleurs de lis tenu par deux anges.
Quant
à la porte, son décor sculpté la place à la fin du XVe siècle.
Michèle
Pradalier remarque que cette iconographie royale confirme que ces sculptures
proviennent de l’ancienne Trésorerie. Michelle Fournié évoque le long séjour
de Charles VI à Toulouse et la légende selon laquelle le roi se serait perdu
dans la forêt de Bouconne et aurait fondé la chapelle Notre-Dame de l’Espérance.
Louis
Peyrusse ajoute qu’il faut rendre hommage à l’architecte qui a su les
conserver en les intégrant dans les aménagements du début du XXe
siècle.
Le
Président remercie Guy Ahlsell de Toulza, et aussi Michèle Pradalier pour
avoir attiré l’attention sur ces sculptures tellement intéressantes
finalement, et qui nous rappellent qu’il y a encore beaucoup à apprendre sur
la fin du Moyen Âge.
SÉANCE DU 3 JANVIER 2012
Présents :
M. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme
Suau, Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Barber, Cazes, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, le Père Montagnes, le général
Garrigou Grandchamp, MM. Le Pottier, Peyrusse, Surmonne, Testard, Tollon,
membres titulaires ; Mmes de Barrau, Cassagnes-Brouquet, Czerniak,
Escard-Bugat, Fournié, Friquart, Galés, Haruna-Czaplicki, Heng, Viers, MM.
Chabbert, Darles, Laurière, Mattalia, Péligry, membres correspondants.
Excusés :
Mmes Andrieu-Hautreux, Balty, MM. Balty, Bordes, membres titulaires ; Mme
Lamazou-Duplan, membre correspondant.
Invitée :
Mme Delaplace.
Le
Président ouvre la séance à 17 h et commence par présenter aux membres de la
Compagnie tous ses vœux de bonheur personnel et scientifique ; il souhaite
que l’année qui s’ouvre soit pour notre Société féconde en travaux et en
découvertes.
Le
Secrétaire-adjoint donne lecture du compte-rendu de la séance du 18 octobre
2011, qui est adopté. Le Secrétaire général lit le procès-verbal
de celle du 12 décembre 2011, adopté après amendements.
La
correspondance comporte notamment les vœux de M. Martin Malvy, Président du
Conseil régional de Midi-Pyrénées, et de M. Pierre Cohen, maire de Toulouse
et député. Une lettre reçue de la Société savoisienne d’Histoire et
d’Archéologie, dont la bibliothèque manque actuellement d’espace, nous
prie de surseoir pendant quelque temps à l’envoi de nos publications.
Daniel
Cazes rappelle la date limite pour les candidatures au concours
2012 de notre Société, fixée au 31 janvier. Bernadette Suau
annonce avoir reçu aujourd’hui même le travail d’un premier candidat.
La parole est à Françoise Galés pour la première communication du jour, intitulée La maison médiévale n° 12 de la rue de la Capelle à Millau (Aveyron).
Le
Président remercie notre consœur pour cette présentation extrêmement intéressante,
« pas facile », d’un bâtiment qui a été remanié à toutes les
époques. Il invite les spécialistes de la maison médiévale présents à
croiser leurs interprétations.
Pierre
Garrigou Grandchamp dit que dans cette région sud du Rouergue, il n’est pas
illégitime de rechercher des influences venues de Montpellier. Après avoir
relevé la belle qualité de la cheminée du rez-de-chaussée, il s’interroge
sur sa date et propose dubitativement le XIIIe
siècle ; Mme Galés répond : « Je ne date pas ». À une
autre question sur la contemporanéité de la porte de l’étage et des deux
arcades segmentaires, ce qui implique le problème de la détermination du
niveau du sol médiéval, elle objecte la difficulté que pose pour pouvoir en
juger la présence d’une voûte ajoutée afin de couvrir le rez-de-chaussée.
Maurice
Scellès, après avoir relevé que des galeries de bois paraîtraient en effet
étonnantes, demande s’il subsiste des traces d’ancrage dans le mur ;
Françoise Galès dit que la zone concernée est dissimulée par la voûte. M.
Scellès fait ensuite remarquer qu’on part d’emblée sur l’hypothèse
d’une demeure d’habitation, alors que d’autres fonctions pourraient être
envisagées pour le bâtiment originel. Pierre Garrigou Grandchamp hasarde une
hypothèse : « Vous avez peut-être une auberge ! » Après
discussion, la question reste ouverte.
Mme
Galés se rend compte qu’elle a oublié de dire qu’il n’existait au
rez-de-chaussée aucune fenêtre ancienne ; elle précise en outre que les
montants des baies de l’étage ont conservé leurs gonds d’origine, pris
dans le mortier des joints.
Olivier
Testard intervient pour montrer que, dans un immeuble comportant un corps de bâtiment
sur rue et un corps de bâtiment sur cour desservis tous deux par un escalier
commun à plusieurs volées, il n’est pas anormal que le niveau du sol du
premier étage de celui-ci soit moins élevé que le niveau du sol du même étage
de celui-là.
Bernadette
Suau, après s’être intéressée aux informations à tirer des cadastres,
veut savoir si la rue de la Capelle a toujours porté ce nom. Françoise Galés
indique qu’aux XIIIe et XIVe
siècles, elle était appelée rue de la Bouquerie.
La parole est à Guy Ahlsell de Toulza et Henri Pradalier pour la seconde communication, consacrée à La sacristie du couvent des Cordeliers de Toulouse : état des lieux.
Le
Président remercie les deux intervenants pour cette étude très complète
d’un vestige d’un ancien grand couvent toulousain mal connu. Daniel Cazes se
pose deux questions.
En
premier lieu, il se demande s’il n’aurait pas fallu abaisser encore le sol
d’une vingtaine de cm au moins pour retrouver le niveau d’origine. La vue en
enfilade des quatre travées donne en effet l’impression d’un volume un peu
« trapu », les bases des colonnettes paraissent manquer d’élévation,
et le bas de l’armoire murale semble trop proche du sol actuel. Henri
Pradalier dit que les sols ont été remaniés à plusieurs reprises ; le
problème des niveaux apparaît nettement dans la travée la plus orientale, qui
accuse un dénivelé de 1,50 m à 1,70 m par rapport au sol de la cour intérieure
de l’immeuble.
En
second lieu, M. Cazes s’interroge sur la datation de la peinture murale
figurant la Vierge et l’Enfant, qu’accompagnent, en un raccourci saisissant,
des anges porteurs des instruments de la Passion. Il inclinerait à la placer
plutôt au XIVe siècle. Guy Ahlsell de Toulza opine pour la seconde
moitié de ce siècle. Virginie Czerniak signale que les éléments de la
composition iconographique se rencontrent dans l’ivoirerie parisienne du XIVe
siècle. Puis elle note que la couche picturale paraît très usée et que cette
peinture devait être autrefois beaucoup plus colorée. Elle relève ensuite que
la disposition en tableau est relativement rare. Enfin, elle qualifie de
« beau » le style de cette œuvre. Concernant la polychromie, Louis
Peyrusse observe qu’effectivement elle se montrait beaucoup moins éteinte sur
les photographies prises antérieurement à la restauration récente. Guy
Ahlsell de Toulza souligne tout l’intérêt des clichés anciens pour
comprendre l’évolution de la sacristie ; par exemple, ce qui, dans le
mur nord de la travée occidentale, paraît être une porte murée est en réalité
une armoire murale : à la feuillure ménagée sur les montants et
l’intrados de l’arc, la restauration a substitué une arête en angle droit.
Henri
Pradalier avance l’hypothèse que l’agrandissement de la sacristie intervenu
au XVIe
siècle puisse avoir été lié à deux grands événements de l’histoire du
couvent des Cordeliers : son passage à la Grande Observance en 1522 et la
consécration du grand autel de l’église en 1533.
Michelle
Fournié évoque quant à elle les dévotions pratiquées au Moyen Âge dans le
couvent. Elle rappelle qu’il y existait notamment une Confrérie du Sépulcre,
attestée en 1385. Puis elle aborde la question des reliques de saint Louis
d’Anjou qui auraient été conservées dans la sacristie. Daniel Cazes
note que le décor de pierre sculptée et polychromée de la chapelle dite de
Rieux, toute voisine, comprenait une très belle statue du saint évêque
franciscain de Toulouse.
M.
Pradalier conclut l’échange de vues en déclarant que c’est « l’étude
en bloc de l’ensemble oriental du couvent des Cordeliers » qu’il
conviendrait désormais d’entreprendre.
SÉANCE DU 17 JANVIER 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Guy Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste ;
Mmes Andrieu-Hautreux, Barber, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Bordes, Lassure, le Père
Montagnes, MM. Peyrusse, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ;
Mmes Haruna-Czaplicki, Heng, Jaoul, MM. Chabbert, Stouffs,
membres correspondants.
Excusés :
MM. Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes Balty, Béa,
Lamazou-Duplan, MM. Balty, Garrigou Grandchamp, Garland, Le Pottier.
Le
Président rend compte de la correspondance.
C’est
avec regret que nous enregistrons la démission de Michèle Bellin, membre de
notre Société depuis 2003.
Mme
Monique Bourrin, professeur à l’Université de Paris I-Sorbonnne, nous
adresse sa candidature au titre de membre correspondant.
Nous
avons également reçu de la B.N.F., sous la signature de M. Arnaud Dhermy, responsable de la numérisation
des revues savantes et de patrimoine, un projet de convention en vue de la numérisation
et de la mise en ligne sur le site Internet Gallica de l’ensemble des volumes
de notre Bulletin et de nos Mémoires
postérieurs à 1941. Le Secrétaire général précise les origines du projet
et son intérêt pour notre Société, puis il rappelle que la publication en
ligne sans délais de nos Mémoires est déjà réalisée
depuis quelques années sur notre site Internet.
Puis le Président donne la parole à Maurice Scellès pour une rapide présentation de l’ouvrage publié par le Conseil général du Lot, Archives de pierre. Les églises du Moyen Âge dans le Lot, que notre Société devrait recevoir bientôt.
Le
Président fait circuler parmi la Compagnie les trois mémoires présentés
cette année pour le concours :
- Gauthier
Langlois, Dame
Carcas, une légende épique occitane, Version 0.7.2., 7 décembre
2011, 313 p.
- Claire
Rousseau, La
figure de saint Dominique dans les dorsaux de stalles trévirois du XVIIIe
siècle, mémoire de Master I sous la direction de Christine Aribaud,
Université de Toulouse-Le Mirail, mai 2011, 2 vol.
- Élisabeth
Astruc, L’architecture
préromane en Languedoc méditerranéen : l’Hérault, mémoire
de master II sous la direction de Mme Géraldine Mallet, de M. Simone Piazza et
de Mme Françoise Robin, Université Paul-Valéry - Montpellier III, juin 2011,
60 p. + catalogue en 2 vol., 199 p. et 156 p.
Les
rapports sur ces travaux seront examinés au cours de la séance du 28 février.
La
Compagnie se constitue en Assemblée générale.
Le
Président présente le rapport moral de l’année écoulée, puis il cède la
parole au Trésorier pour le rapport financier.
François
Bordes pense qu’il serait intéressant de disposer des chiffres de l’année
précédente, qui permettraient de mieux apprécier les évolutions des différents
postes. Guy Ahlsell de Toulza retient volontiers la proposition, qui sera
appliquée dès le prochain rapport financier.
Bernadette
Suau présente son rapport sur la bibliothèque. François Bordes rappelle que
tous les services d’archives constatent la même baisse quantitative et
qualitative de fréquentation. Pour Bernadette Suau, il y a sans doute aussi des
raisons de s’en réjouir.
Le
Président soumet l’approbation des trois rapports au vote de la Compagnie. A
l’unanimité des membres présents, le rapport moral et le rapport sur la
bibliothèque sont adoptés, et quitus est donné au Trésorier pour sa bonne
gestion.
On
procède aux élections statutaires. Daniel Cazes, Maurice Scellès et
Bernadette Suau sont réélus respectivement Président, Secrétaire général
et Bibliothécaire-Archiviste.
La parole est à Roland Chabbert et Anne-Laure Napoléone pour une communication sur Une maison à pan-de-bois de Brousse-Le Château (Aveyron).
Le
Président les remercie tous deux de nous avoir fait connaître cette très
jolie maison, dont l’état de conservation est remarquable et dont ils ont su
nous montrer l’intérêt.
Louis
Peyrusse voudrait connaître la nature de la menace qui pèse sur la maison.
Roland Chabbert explique qu’elle est menacée de rénovation, avec un premier
projet qui prévoyait par exemple des dalles de béton.
Bruno
Tollon rappelle que la réglementation toulousaine imposait des enduits sur les
façades en pan-de-bois. Le Président fait observer que l’application d’un
enduit pose des problèmes d’adhérence sur les bois, qui doivent être préparés
afin de permettre l’accroche du mortier. Les techniques sont variées en
fonction des époques : encoches, clous, grillage… La discussion se
poursuit, sur les différentes techniques et les traces observables sur la façade
de la maison de Brousse-Le Château. Jean-Marc Stouffs remarque qu’un éventuel
coffrage du hourdis du deuxième étage exclurait qu’il ait été enduit.
Oliver Testard demande s’il a été possible de reconnaître quelque trace de
maintien des planches de coffrage. Anne-Laure Napoléone fait état de trous
traversants sous les appuis, dont la fonction n’est pas identifiée. Maurice
Scellès l’évoque une hypothèse hasardeuse de perches montant du sol, et il
souligne le fait que seul le hourdis du deuxième étage aurait été coffré.
Roland Chabbert dit que l’étude de la maison voisine permettra apportera
peut-être d’autres indications sur la mise en œuvre de ces pans-de-bois.
Le
Président encourage Roland Chabbert et Anne-Laure Napoléone à poursuivre
cette étude.
Le Président ayant fait appel aux questions diverses, le Secrétaire général souhaite revenir sur le projet de numérisation de nos publications par la B.N.F. Nous sommes attachés au livre, et certaines sociétés savantes sont très réservées voire opposées à la numérisation de leurs publications et de leurs collections. Il est important que les différentes opinions puissent s’exprimer avant toute décision qui engagera notre Société. La rapide discussion qui s’ensuit montre un accord complet de la Compagnie, qui considère que la publication numérique fait partie d’une évolution générale qui de toute façon nous dépasse, mais qu’elle répond aussi au besoin de notre Société de faire connaître ses travaux. Le Président est donc autorisé à signer la convention avec la B.N.F.
François Bordes annonce que la Ville de Toulouse vient de recruter pour une durée de trois ans un archéologue qui sera chargé de la carte archéologique, dont les données enrichiront aussi le site Urban-Hist des Archives municipales. Il rappelle que, par ailleurs, la communauté urbaine du Grand Toulouse est en train de mettre sur pied un service archéologique qui aura en particulier pour tâche, sous réserve de sa labellisation par la D.R.A.C., de réaliser les diagnostics et les fouilles préventives. Pour le Président, nous ne pouvons que nous réjouir de ces nouvelles. Il faut cependant souhaiter que l’on ne se limitera pas à l’étude des sites, mais que l’on saura aussi mettre en œuvre une véritable politique de conservation des vestiges archéologiques, domaine dans lequel nous sommes très en retard.
SÉANCE DU 31 JANVIER 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste,
MM. Scellès Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes
Barber, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, le Père
Montagnes, MM. Catalo, Geneviève, Le Pottier, Peyrusse, Surmonne, Testard,
Tollon, membre titulaires ; Mmes Balty, Escard-Bugat, Félix-Kerbrat,
Haruna-Czaplicki, Heng, Ugaglia, MM. Balty, Burroni, Capus, Darles, Macé, Péligry,
Veyssière.
Invités : Mme Péligry, MM. Kerbrat, Suau.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 2012
Présents : MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de
Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ;
Mmes Barber, Cazes, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM.
Boudartchouk, Garland, Lassure, le Père Montagnes, MM. Peyrusse, Testard,
Tollon, membres titulaires ; Mmes Cassagnes-Brouquet, Fournié, Guiraud,
Haruna-Czaplicki, Vallée-Roche, MM. Garrigou Grandchamp, Péligry, membres
correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour,
Bibliothécaire-adjoint, Mmes Jaoul, Krispin, Lamazou-Duplan, MM. Chabbert, Le
Pottier.
Le
Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 17
janvier dernier, qui est adopté. Puis
le Secrétaire-adjoint donne lecture des procès-verbaux des séances du 8
novembre 2011 et des 3 janvier et 31 janvier 2012, qui sont adoptés.
La
correspondance se résume à la Lettre des Amis de l’Hôtel d’Assézat,
enfin parue.
Guy Ahlsell de Toulza offre une très belle photographie ancienne de l’Hôtel d’Assézat, qu’il a fait encadrer à ses frais pour notre Société. Il précise qu’elle est, semble-t-il, légèrement antérieure à celle publiée par Bruno Tollon dans l’ouvrage consacré à l’Hôtel d’Assézat.
L’ordre du jour appelle l’élection d’un membre correspondant. Michèle Pradalier présente son rapport sur la candidature de Mme Monique Bourin, professeur émérite à l’Université de Paris I – Sorbonne. Michelle Fournié et Quitterie Cazes soulignent le caractère généreux et très sympathique de la postulante. On procède au vote : Mme Monique Bourin est élue membre correspondant de notre Société.
Le Président présente ensuite à la Compagnie les propositions du Bureau concernant l’élection d’un membre honoraire et de cinq membres titulaires. M. Henri Gilles est élu membre honoraire de notre Société. Sont élus membres titulaires Michelle Fournié, Martine Jaoul, Véronique Lamazou-Duplan, Hiromi Haruna-Czaplicki et Pierre Garrigou Grandchamp.
Le Président donne la parole à Hélène Guiraud pour une communication sur les Intailles et camées antiques sur des pièces d'orfèvrerie : l'exemple de l'abbaye de Grandselve.
Le
Président remercie Hélène Guiraud de nous avoir aidés à réfléchir à la réutilisation
de ces intailles et camées antiques et au sens que pouvaient avoir ces
remplois.
Emmanuel
Garland fait remarquer qu’à Saint-Just de Valcabrère, les remplois de
sculptures antiques sont également disposés à l’envers dans les élévations
intérieures. Il est probable que l’on voulait ainsi enlever leur vertu à ces
pierres sculptées.
Louis
Peyrusse remercie à son tour Hélène Guiraud de nous avoir montré l’esthétique
du remploi et les changements de sens que peut supposer la réutilisation. Il se
demande s’il ne faut pas y voir pour les périodes mérovingienne et
carolingienne l’une des manifestations du regain d’intérêt pour
l’Antiquité.
Michèle
Pradalier-Schlumberger note que des représentations de camées sont peintes sur
des manuscrits carolingiens, sans significations iconographiques propres. Hélène
Guiraud rappelle que l’on identifie à cette époque les personnages représentés,
dans une vision le plus souvent chrétienne cependant : Constantin plutôt
qu’Auguste, et Hercule comme une préfiguration du Christ…
Sophie
Cassagnes-Brouquet croit qu’il faut nettement distinguer les deux périodes.
Les historiens considèrent de plus en plus que l’Antiquité se prolonge
jusqu’à Charlemagne. Après l’an mil, la signification des figures représentées
est perdue, et le fait que le motif de l’intaille soit à l’endroit ou à
l’envers n’a plus aucune importance. Les pierres sont alors utilisées pour
leur couleur, leur valeur magique… L’émeraude a des vertus thérapeutiques.
Henri Pradalier rappelle que si le vert est peu utilisé dans la peinture
religieuse, c’est qu’il est considéré comme trop proche du naturel. Hélène
Guiraud a constaté en préparant cette communication que la couleur des pierres
remployées était en effet importante. Leur remploi témoigne en outre d’un
indéniable respect pour l’Antiquité. Sophie Cassagnes-Brouquet rappelle que
l’on a trace de collections d’intailles et de camées au moins depuis le
XIIe siècle.
Pour
ce qui est de certains reliquaires de Grandselve, le Président pense que ce qui
prime, c’est sans doute la forme architecturale, les pierres n’intervenant
qu’à titre d’ornements. Une question se pose encore : ces pierres
avaient-elles été offertes à l’abbaye ou bien l’orfèvre disposait-il
d’un stock pour répondre à la commande ?
Jean-Luc
Boudartchouk note que qu’une croix associe des pierres et des grenats, ce qui
indique des remplois recomposés.
Au titre des questions diverses, on attire l’attention de la Compagnie sur un article de Viuvre al país, qui rend compte du livre Clochers et minarets d’Alain Surre-Garcia, et dans lequel on lit des choses étonnantes. Notre Société devrait faire une mise au point sur cet ouvrage, d’autant que la revue est distribuée gratuitement. L’auteur a en effet, pour le moins, une très mauvaise connaissance du Moyen Âge, et une lettre de mise au point est une très bonne idée. On pense à un compte rendu dans la revue Midi-Pyrénées patrimoine, la préférence allant pour d'autres à une note rédigée sur le mode humoristique pour pointer les multiples élucubrations de l’auteur.
SÉANCE DU 6 MARS 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber,
Haruna-Czaplicki, Fournié, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Catalo,
Garland, le Père Montagnes, MM. Le Pottier, Peyrusse, Roquebert, Surmonne,
Testard, membres titulaires ; Mmes Balty, de Barrau, MM. Balty, Péligry,
membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes
Cazes, Lamazou-Duplan, Watin-Grandchamp, MM. Chabbert, Garrigou Grandchamp.
Le
Président demande à la Compagnie d’excuser l’absence de notre Bibliothécaire-Archiviste,
toujours souffrante. La
présentation du procès-verbal de la séance du 28 février est reportée.
Le
Président rend compte de la correspondance reçue. En nous adressant ses vœux,
le maire de Saint-Lizier, M. Etienne Dedieu, nous évoque l’énorme gâchis du
palais des évêques. Le Président rappelle que nous avions pu constater au
cours d’une visite sur place le désastre archéologique qu’était l’aménagement
en cours du site, visite à la suite de laquelle M. Dedieu n’a cessé de nous
tenir informés de l’évolution du chantier et de ses combats pour tenter
d’empêcher le massacre.
Nous
avons également reçu une lettre de candidature au titre de membre
correspondant de Mme Diane Joy, chef de la mission Inventaire au Grand Rodez. Un
rapporteur sera désigné lors d’une prochaine réunion du Bureau.
L’ordre du jour appelle l’examen des rapports pour le concours.
Michelle Fournié rend compte du travail présenté par M. Gauthier Langlois, Dame Carcass, une légende occitane.
Le mémoire de Gautier Langlois, est copieux : 313 pages en interligne simple dont 257 pages de texte proprement dit. Une bibliographie et des index complètent l'ensemble; les annexes sont consacrées à des poèmes et des chansons. Le corps du travail comprend de nombreux documents illustrés souvent en couleur et des encadrés pédagogiques très bien venus.
Le contenu est organisé en fonction d'un plan en 8 parties, un peu surprenant pour les habitudes universitaires. En fait, on peut distinguer trois ensembles très inégaux. Un premier ensemble, qui englobe les 5 premières parties correspond à une enquête de type ethnologique sur la légende de Dame Carcass à partir des sources écrites. Un deuxième ensemble, beaucoup plus court et moins systématique s'apparente à une enquête ethnologique contemporaine à partir des objets (poupées, assiettes, enseignes...), des créations littéraires ou festives, des articles de journaux, BD et blogs des internautes, qui témoignent des utilisations actuelles de la légende. Entre ces deux éléments figure une proposition de datation concernant la période de formation de la légende, à partir des sources écrites et archéologiques, ce qui correspond aux parties 6 et 7 du mémoire.
Dans le premier ensemble l'auteur regroupe les versions de la légende, du XVIe au XXe siècle; la plupart sont chrétiennes mais il en existe une version musulmane du XVIe siècle. Dans le deuxième chapitre l'auteur étudie le cadre historique des sièges réels ou imaginaires de Carcassonne qui ont pu inspirer la légende dans le contexte de la reconquête franque sur les musulmans. Il cartographie le légendaire carolingien dans le Languedoc autour des personnages de Charlemagne, Roland et Olivier à partir des textes épiques. La troisième partie et la quatrième parties, très intéressantes, décomposent les éléments de la légende. Il s'agit d'abord d'étudier les stratagèmes militaires du siège : le cochon gavé de nourriture que dame Carcass fait jeter du haut des remparts et les faux soldats simulés par des mannequins de paille (ou des chèvres aux cornes pourvues de torches allumées). C'est le stratagème de l'armée augmentée et des assiégés bien nourris, qu'on trouve dans divers contes occidentaux. Ces ruses sont connues, avec plusieurs variantes, depuis l'antiquité et Olivier Langlois cartographie les différentes versions antiques et médiévales en prenant soin d'expliciter ses réserves méthodologiques : son enquête n'a porté que sur les récits en langue romane (français, occitan, italien, espagnol) et en anglais, ce qui peut contribuer à sous estimer la part des régions germaniques dans les cartes par exemple. Celles-ci mettent en valeur une concentration d'éléments dans une zone « occitane », sur les chemins de saint Jacques. L'auteur étudie ensuite les personnages, Charlemagne, l'assiégeant et ses miracles (le jaillissement d'une source, l'inclinaison d'une tour), dame Carcass l'assiégée musulmane prête à la conversion, héroïne guerrière et éponyme de la ville, et son époux défunt. Il suggère quelques modèles réels comme Ermengarde de Narbonne ou Alazaïs de Lavaur, susceptibles d'avoir inspiré le personnage. La cinquième partie consiste en une analyse morphologique du conte : la ville reçoit une identité et une nouvelle religion, sorte de baptême qui s'accompagne de l'attribution d'un nom.
L'auteur propose ensuite trois datations pour la naissance de la légende : l'antiquité tardive, le Moyen Age central et le Bas Moyen Âge. Sa préférence va à l'hypothèse médiane, car il est convaincu de l'existence d'un roman épique médiéval et disparu, centré sur Carcassonne; cette oeuvre pourrait avoir été composée à la cour des Trencavel, à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe. Cette création destinée à renforcer la légitimité des vicomtes de Carcassonne serait contemporaine de la fresque qui subsiste au château comtal. L'étude de la statue-buste qui orne la porte narbonnaise de la Cité viendrait renforcer cette hypothèse; composite, le buste comprend une clé de voûte représentant le visage de l'héroïne et datable de la fin du XIIIe siècle.
La dernière partie est un survol de la situation contemporaine pour reprendre les termes de G. Langlois.
En définitive, il s'agit d'un travail considérable d'enquête ethnologique à partir de matériaux très divers. La collecte de textes est un apport essentiel et les cartes proposées tout-à-fait nouvelles. On apprécie l'honnêteté intellectuelle de l'auteur qui signale l'absence de preuve incontestable de ses hypothèses de datation. On le suit cependant volontiers sur ce terrain, car les indices rassemblés sont convaincants.
Dame Carcass et sa légende ont trouvé leur historien-ethnologue. Ce travail mérite de recevoir une récompense de la Société archéologique du Midi de la France.
Le Président rappelle que M. Gauthier Langlois présente lui-même son travail comme une étape pour un livre. C’est en outre un chercheur déjà confirmé. Michel Roquebert ajoute qu’il est un bourreau de travail et un passionné. Louis Peyrusse fait remarquer que cela fait très longtemps que nous n’avons pas eu à examiner de travaux indépendants, réalisés en dehors de la recherche universitaire.
Louis Peyrusse donne lecture de son rapport sur le mémoire de Mme Claire Rousseau, La figure de saint Dominique dans les dorsaux de stalles trévirois du XVIIIe siècle, mémoire de Master I sous la direction de Christine Aribaud, Université de Toulouse-Le Mirail, mai 2011.
Mme Claire Rousseau a présenté en mai 2011 un mémoire pour l'obtention du master1 d'histoire de l'art moderne, préparé sous la direction de notre consœur Christine Aribaud. Le travail est de dimensions conséquentes : un premier volume de 212 pages (avec photographies dans le texte) et un second consacré aux annexes : pièces justificatives, corpus, documents, illustrations, historiographie, le tout sur 167 pages. En bonne logique, votre rapporteur se serait arrêté là et aurait demandé de juger le mémoire final de master 2 l'année prochaine. Or il s'agit d'un travail exceptionnel, d'une étude d'une qualité rare, tant au niveau de l'expression, de la maîtrise du savoir, de l'excellence de la réflexion, de l'articulation entre savoir et image. Le chapitre rédigé de 80 pages [p. 96-176] montre à l'évidence ces qualités, tout comme la synthèse sur la recherche menée et à mener à bien.
Le travail de Mme Rousseau s'intéresse à « la figure de saint Dominique dans les dorsaux de stalles trévirois ». Le titre peut surprendre, mais les œuvres sont bien connues à Toulouse : les six tableaux de stalles qui se trouvent actuellement à la Maison Pierre Seilhan et que Robert Mesuret avait dans un article de 1956 donnés à Balthazar Thomas Moncornet, le créateur du plafond peint de la chapelle de l'Inquisition, mort en 1716. Le rapprochement des deux ensembles ne peut être soutenu. À la restauration une date de 1754 est apparue. Après enquête, on sait que les tableaux ne sont pas toulousains mais acquis en 1861 par le père jésuite Frédéric Struder pour les sœurs de la Société de Marie Réparatrice, qui les placèrent dans la chambre de saint Dominique à Toulouse, puis à Fanjeaux et derechef à Toulouse. Ces œuvres provenaient du couvent dominicain de Trèves, en Rhénanie, aujourd'hui détruit. Une comparaison avec trois tableaux conservés au musée diocésain de Trèves, consacrés à saint Siméon et signés par Vérotius, conduit à donner à ce peintre quasi inconnu la paternité du cycle dominicain, en l'absence d'autres références. Cette attribution pose problème, pour autant que l'on puisse juger d'après des photographies.
L'analyse iconographique présentée est de grande qualité. Refusant une lecture simplement biographique, Mme Rousseau s'interroge sur ces dix scènes en six tableaux : sont-elles les illustrations d'une vie ou un discours articulé à partir d'exempla ? Quels sont les éléments iconographiques choisis entre tupoï et spécificités (les attributs, les adjuvants, les rapports avec les autres personnages...) ? Elle analyse comme figure de rhétorique nombre d'éléments de composition qui visent à magnifier en saint Dominique un alter Christus et qui forment, à la réflexion, un programme iconographique très savant. Les seules réserves que l'on pourrait avancer risquent fort de tomber avec l'arrivée de la rédaction complète du master2. Mme Rousseau a magistralement revisité les bases de l'iconographie de saint Dominique, ses sources médiévales. On souhaiterait la même familiarité avec le monde de la dévotion germanique, le culte des images dans l'Allemagne des Lumières.
Chef d'œuvre de maîtrise, ce premier travail l'est pleinement et justifie cette variante inédite du vers de Corneille : « La valeur n'attend pas la fin du master2 ». Il mérite le prix Ourgaud et je recommande chaleureusement cette belle étude d'un niveau exceptionnel.
Le Père Montagnes confirme qu’il s’agit d’un travail très considérable. Le seul fait de pouvoir échapper à l’attribution de Robert Mesuret en orientant les recherches vers Trèves était de première importance, mais Mme Claire Rousseau a également fait progresser l’analyse iconographique.
Maurice Scellès lit son rapport sur le travail présenté par Mme Élisabeth Astruc, L’architecture préromane en Languedoc méditerranéen : l’Hérault, mémoire de master II sous la direction de Mme Géraldine Mallet, de M. Simone Piazza et de Mme Françoise Robin, Université Paul-Valéry - Montpellier III, juin 2011.
Jean Catalo donne lecture de son rapport sur le mémoire de Mme Anaïs Dutard, Les prisons de Toulouse à la fin du Moyen Âge (1445-1550), mémoire de Master 2, Université de Toulouse-Le Mirail, 2011.
L’ouvrage présenté au concours par mademoiselle Anaïs Dutard est un mémoire de Master 2 d’études médiévales ayant pour sujet « Les prisons de Toulouse à la fin du Moyen Age (1445-1550) » et réalisé sous la direction de Mme Sophie Cassagnes-Brouquet, professeur d’Histoire médiévale à l’Université Toulouse II-Le Mirail. Il se compose de deux volumes. Le premier de 170 pages présente l’inventaire des sources purement historiques, en particulier celles non publiées nombreuses dans ce travail, ainsi qu’une bibliographie thématique et le corps de l’étude. Le second volume regroupe 136 pages d’annexes, illustrations et iconographies, mais surtout les transcriptions de nombreux arrêts du Parlement de Toulouse qui fondent le cœur de l’étude.
La première partie de ce mémoire est consacrée aux principaux lieux d’incarcération de Toulouse à l’époque considérée. Axée sur le recueil de données topographiques des différentes prisons, on peut regretter que cette introduction n’ait pu profiter des plus récentes informations recueillies lors des travaux de l’actuel Palais de justice ou de l’ancienne prison de la place des Hauts-Murats. Il en ressort une certaine confusion, entre les sites et leur évolution dans le temps, inhérente à une bibliographie déjà ancienne mais la seule à disposition.
La deuxième partie, qui étudie plus précisément les conditions de vie des prisonniers et de leurs geôliers, apparaît plus novatrice à l’appui de sources de première main que constituent les arrêts de Parlement de Toulouse. Bien que ces textes n’aient pas pour objet de décrire les conditions de détention, ils permettent d’appréhender assez concrètement le système pénitentiaire de la fin du Moyen Age. La prison n’a pas alors de fonction répressive, mais le recours à la caution et le mode de financement constitué à partir des amendes induisent une inégalité fondée sur l’argent entre prisonniers.
À partir du même corpus de sources, mademoiselle Dutard essaie d’analyser dans la dernière partie les conséquences des conditions de rétention sur les individus. Du manque d’hygiène aux tentatives d’évasion, elle les synthétise sous le titre évocateur de « La prison, un supplice pire que la mort ? ». On devine là un certain manque de distanciation du chercheur qui résiste difficilement à la tentation d’une comparaison avec les conditions d’incarcération actuelles.
En conclusion, cette étude nous livre une facette originale et pourtant extrêmement significative des institutions de la justice toulousaine. Il faut se féliciter du recours à des sources encore inexploitées qui montrent un potentiel dont il convient d’élargir encore le champ. Si on peut souhaiter plus de précisions et de maturité dans l’analyse, il est du rôle de notre Compagnie d’encourager les jeunes chercheurs qui s’attachent à transcrire et à étudier des documents inédits. C’est dans cette perspective que je convie la société archéologique à récompenser cette étude dans le cadre de son concours annuel.
Répondant à une question d’Henri Pradalier, Michelle Fournié et Jean Catalo précisent qu’Anaïs Dutard a obtenu la mention Très bien.
Après
avoir repris les conclusions des rapporteurs, le Président propose
d’attribuer le prix Ourgaud à Mme Claire Rousseau.
Une
discussion s’engage alors sur l’éventuelle attribution d’un prix spécial
de la Société Archéologique, ou de deux prix spéciaux dotés d’un montant
différent. Le
Président soumet la décision au vote : le
prix Ourgaud, doté de 1000 €, est attribué à Mme Claire Rousseau ; un prix spécial de la Société Archéologique du Midi de
la France doté de 750 € est attribué à M. Gauthier Langlois ; un prix spécial de la Société Archéologique du
Midi de la France doté de 500 € est attribué à Mme Anaïs Dutard.
La parole est à Emmanuel Garland pour une communication sur Le premier âge roman dans le Val d’Aran.
Le
Président remercie notre confrère pour cette très belle communication qui
nous a fait découvrir ou redécouvrir un ensemble remarquable d’édifices. La
première réflexion que lui inspire cette série d’églises est que les
techniques constructives qui la caractérisent perdurent longtemps. Henri
Pradalier signale à ce propos le mémoire de maîtrise de J.-P. Dutrieux qui a
recours à une démarche semblable pour la datation. Emmanuel Garland acquiesce :
on parvient à déterminer deux édifices plus anciens que le reste du corpus
qui paraît assez tardif, sans phase intermédiaire dans le Val d’Aran.
Pour
Cardona, Henri Pradalier s’est demandé si l’église n’avait pas fait
l’objet d’une surélévation ultérieure du vaisseau central, ce que
pourrait indiquer l’interruption des dosserets. On a, en outre, ajouté des
tirants en métal. Il note qu’à San Pere de Caceres, la voûte commence au
niveau de l’arrêt des dosserets.
Jean
Catalo remarque que les arcatures à dents d’engrenage sont presque toutes
dans le même matériau. Emmanuel Garland précise qu’il s’agit de tuffeau,
mais il avoue ne pas en connaître la provenance.
La
datation proposée pour Obarra, vers 1030, paraît un peu haute à Henri
Pradalier. Emmanuel Garland explique que l’examen des bases des piliers révèle
des hésitations quant au futur voûtement, et l’on est donc tenté de situer
le chantier dans une période de tâtonnements.
Jean
Le Pottier indique que ceux qui le souhaitent peuvent encore s’inscrire à une
visite du Larboust et du Val d’Aran organisée le 27 avril, au cours de
laquelle Henri Pradalier présentera les édifices.
Au titre des questions diverses, Michelle Fournié rappelle que l’exposition organisée autour du parement d’autel franciscain sera inaugurée au Musée Paul-Dupuy le 15 mars prochain à 17 h 30, et que Maria-Alessandra Billota donnera une conférence le 21.
Le Président signale l’article « Carmélites de Toulouse : l’impossible dialogue », paru dans le n° 25 (2011-2012) de la revue Momus. Pascal Dupuy y analyse les conditions du transfert du monument par l’État à la Ville le 31 juillet 2007 et constate l’absence de toute véritable gestion et mise en valeur (pas de signalétique, billetterie fermée) depuis. Plus grave encore est le défaut de surveillance sanitaire de la chapelle, qui met en péril sa sauvegarde : on « observe un début de dégradation de la voûte peinte ». On pourrait s’attendre à trouver un écho de cet article sur le patrimoine toulousain dans la presse locale : pour l’heure, ce n’est pas le cas.
En rappelant que la séance publique de notre Société se tiendra le 18 mars prochain dans la grande salle de l’Hôtel d’Assézat, le Président engage tous les membres qui le pourraient à être présents.
SÉANCE DU 20 MARS 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Andrieu-Hautreux, Cazes, Fournié,
Haruna-Czaplicki, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM. Bordes, Darles, Péligry,
Peyrusse, Surmonne, Testard.
Excusés :
M. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, Mmes
Barber, Cassagnes-Brouquet, Friquart, Krispin, Lamazou-Duplan, le Père
Montagnes, MM. Chabbert, Le Pottier.
Invitée :
Mme Maria Alessandra Bilotta.
Le Président ouvre la séance à 17 heures. Il commence par donner des nouvelles de Bernadette Suau. Il remercie Jacques Surmonne, Michèle Pradalie-Schlumberger et M. Georges Cugulières, d’assurer la continuité du fonctionnement de notre bibliothèque et de la salle de Lecture. Puis Daniel Cazes nous informe du décès de Giles Barber, dont les obsèques ont eu lieu vendredi dernier.
Christian Darles donne lecture du petit texte qu’il a rédigé à la mémoire de son ami :
Il y a tout juste une semaine Giles Barber nous quittait.
Installé depuis douze ans avec son épouse Lisa en Ariège, à Lescure en Couserans, cet érudit issu d’une grande famille d’intellectuels avait continué à mener localement de nombreuses recherches après avoir occupé bien des fonctions dans les bibliothèques universitaires d’Oxford.
Conservateur en chef de la Taylor’s Institution Library, il avait ainsi multiplié ses engagements et ses travaux au sein de la prestigieuse Bodleian Library.
D’origine suisse, parfaitement bilingue, Giles avait entamé en Couserans une nouvelle vie de militant intellectuel, en compagnie de son épouse et complice Lisa, également docteur de 1’université d’Oxford. Ils s’investirent, inséparables, discrets et chaleureux dans de nombreuses associations de la région. Leur présence au sein de notre Société en est un parfait témoignage.
En Ariège, ils ont fait ressurgir la vie anglaise d’Aristide Bergès, inventeur de la houille blanche et originaire de Llorp-Sentarailles, allant jusqu’à rechercher 1’église londonienne où 1’inventeur ariègeois s’était marié (église détruite lors des bombardements de la capitale britannique).
Arpenteur de sa terre d’adoption, ce couple d’érudits se passionna autant pour l’architecture (le clocher de Noguès à Lescure), pour 1’histoire urbaine (histoire des rues de Saint-Girons), que pour les trésors enfouis sur les étagères de nombreuses maisons. Ils inventorièrent ainsi les archives de la mairie de Saint-Lizier et celles de 1’Hôtel-Dieu, trouvant en Étienne Dedieu un partenaire de choix. La bibliothèque de Carla-Bayle ou celle du château de Fiches (et de son herbier magnifique) retint toutes les attentions de Giles, qui retrouvait là ses démons sacrés consacrés à la bibliophilie.
Nombreux étaient les amis ariégeois qui ont accompagné Giles lors de ses obsèques et qui ont témoigné de sa modestie, de sa gentillesse et de sa courtoise délicatesse.
Toujours présent avec son sourire chaleureux, toujours curieux, il savait dire à chacun ses passions et faire partager ses convictions.
Je terminerai en pensant à Lisa, bien seule aujourd’hui dans cette maison ariégeoise remplie de livres et de souvenirs.Christian Darles
Daniel Cazes remercie M. Darles et invite la Compagnie d’observer un moment de silence en hommage à notre confrère disparu.
Le
Président rend compte ensuite de l’abondant courrier reçu par la Société.
Parmi
la correspondance manuscrite, il relève :
-
une demande de stage dans notre bibliothèque ;
-
les lettres d’excuses du Maire de Cahors et du Sous-Préfet de Saint-Gaudens,
qui n’ont pu assister le dimanche 18 mars à notre Séance publique annuelle ;
-
les remerciements de Mme Claire Rousseau, à qui notre Société vient
d’attribuer le prix Ourgaud pour son mémoire de Master 1 , et qui se dit
ainsi encouragée à poursuivre ses recherches dans le cadre d’un Master 2 ;
-
une invitation de l’Association des Amis des Archives de l’Ariège à son
Assemblée générale annuelle, qui se tiendra à Foix le jeudi 29 mars.
Dans la correspondance imprimée, il signale le dernier numéro du magazine du Conseil général de la Haute-Garonne (n° 121, mars 2012), consacré notamment à la « Culture pour tous ! ».
Daniel
Cazes présente ensuite plusieurs d’ouvrages offerts à la Société pour sa
bibliothèque.
M.
Gérard Pradalié nous a fait parvenir une série de publications espagnoles :
-
Cuadernos de arte gallego, nos
40, 41, 42, 43 (Monasterios),
Ediciones Castrelos, Vigo, 1966, 1966, 1968, 1968 ;
-
José F. Ráfols, Techumbres y artesonados
españoles, 3e édition, Editorial Labor, Barcelone, 1945
(110 p., LXXVI pl. h.-t.) ;
-
Jaime-Frederico Rollan Ortiz, Iglesias
mozarabes leonesas, Colleccion iberica, Editorial Everest, Leon,
1976, (64 p.).
Louis Peyrusse nous transmet le beau cadeau offert par le Dartmouth College en remerciement de l’hospitalité de notre Société, qui a permis que des cours se déroulent cet hiver dans sa salle des séances, alors que les locaux de l’Université de Toulouse-Le Mirail étaient privés de chauffage ; il s’agit d’un ouvrage magnifique sous emboîtage : Jean-René Gaborit, La Sculpture romane, Hazan, Paris, 2010 (440 p. ill.).
Le Président rend compte enfin de l’Assemblée générale de l’Union des Six Académies et Sociétés savantes de l’Hôtel d’Assézat à laquelle il a assisté le lundi 19 mars. Cette réunion lui a fait prendre conscience des problèmes qui se posent de façon récurrente dans l’Hôtel : nettoyage, entretien, travaux qui s’éternisent (cour Pierre-de-Gorsse) ; un point majeur concerne la sécurité (particulièrement, l’issue de secours de notre salle des Séances demeure bloquée en permanence). Louis Peyrusse et Henri Pradalier abondent en ce sens, s’accordant à rappeler que la coordination est nécessaire entre les Académies ou Sociétés savantes et la Fondation Bemberg afin que soient respectées les conditions de sécurité et d’accessibilité auxquelles ont droit tous les usagers de l’édifice.
L’ordre du jour appelle deux communications courtes. Daniel Cazes annonce que la contribution de Jean-Luc Boudartchouk initialement prévue a été reportée et qu’elle sera remplacée par une intervention de Maurice Scellès.
La parole est à Hiromi Haruna-Czaplicki pour le premier exposé, intitulé Quelques observations sur les Bibles enluminées confectionnées dans le Sud-Ouest de la France vers 1300.
Le Président remercie notre consœur pour cette nouvelle communication, très intéressante, sur les manuscrits enluminés toulousains et fait appel aux réactions de l’assemblée, qui compte ce soir plusieurs spécialistes de la question. Maria Alessandra Bilotta demande s’il est possible d’identifier le commanditaire de la Bible conservée à Stuttgart (WLB, Cod. bibl 2° 8), qui appartint à la fin du XIVe siècle à l’archevêque de Toulouse Jean de Cardaillac (+ 1390). Mme Haruna-Czaplicki, après avoir souligné l’importance des informations contenues dans le catalogue de la Bibliothèque de Stuttgart, répond que l’on peut faire l’hypothèse que cette Bible fut exécutée pour un membre de l’entourage de l’évêque de Toulouse Louis d’Anjou, mais qu’en tout cas ce manuscrit enluminé fut confectionné après 1297, date de la mort de ce prélat.
La parole est à Maurice Scellès pour le second exposé, consacré à L’église de Venerque (Haute-Garonne) ; M. Scellès prie la Compagnie d’excuser l’absence de Mme Diane Joy, qui n’a pu se joindre à lui ce soir pour cette présentation impromptue de l’état actuel de leur recherche commune.
Le
Président remercie notre confrère d’avoir fait le point sur un édifice très
attachant, dont un très beau dessin de Malbos nous a révélé l’aspect antérieur
aux restaurations qui se sont succédé depuis la fin du XIXe siècle
jusqu’au début du XXIe. Pour ouvrir la discussion, Daniel Cazes
dit s’être posé deux questions : d’une part, celle de la date du
reliquaire de saint Phébade, qui lui paraît fort intéressant et très
comparable à celui de saint Saturnin à Saint-Sernin de Toulouse (XIIIe
siècle) ; d’autre part, celle de l’appartenance de la niche axiale à
l’organisation romane du chœur. Concernant la première interrogation, M.
Scellès répond que l’on s’accorde à dater le reliquaire de saint Phébade
du XIIIe siècle. Nicole Andrieu-Hautreux donne quelques précisions
sur cette pièce, classée parmi les Monuments historiques, mesure
approximativement 30 à 40 cm de long, une largueur d’environ 20 cm ; sur
les côtés du coffre sont figurés plusieurs personnages parmi lesquels on
reconnaît saint Pierre et saint Paul, un évêque (peut-être Phébade), sainte
Alberte, sœur de sainte Foy d’Agen... Quant la seconde interrogation, Maurice
Scellès confirme que la niche axiale voûtée traversant l’épaisseur du mur
et fermée par le massif extérieur appartient à la structure romane ; les
deux chapiteaux d’angle sont anciens, l’arc a
été repris au XIXe siècle et les deux impostes refaites en plâtre.
M. Cazes ayant évoqué une possible fonction funéraire (enfeu), M. Scellès
écarte l'hypothèse au profit de celle d'une niche destinée à abriter des reliques.
Henri
Pradalier veut savoir si la voûte de l’abside est médiévale, autrement dit
si les arcs en mitre sont réellement romans. M. Scellès dit que la voûte
date, au moins, du XIVe siècle, et que les arcs et les chapiteaux
sur lesquels ils reposent sont en parfaite cohérence avec la structure – les
arcs brisés ne sont donc pas de Du Mège. L’extrados de la voûte en blocage
et sa couverture de brique potentiellement du XIIe s. peut avoir été
repris en périphérie pour aménager un chéneau encastré derrière la surélévation
du mur de l’abside, d’où la présence d’un fragment de céramique daté
du XIVe siècle pris dans le mortier de pose de la couverture ;
on manque toujours d’une étude archéologique fine pour pouvoir en juger.
Louis
Peyrusse souligne la qualité archéologique et architecturale des interventions
successives d’Alexandre Du Mège, de Jacques-Jean Esquié et de Pierre-Joseph
Esquié, qui ont fondé leurs restaurations sur une observation précise des
vestiges et qui ont par ailleurs laissé d’utiles témoignages ou documents
sur l’état ancien du monument.
M.
Pradalier, après avoir relevé la rareté des chevets à pans coupés, note que
des rapprochements pourraient être faits avec les églises de Ravenne ;
quant au décor intérieur, il évoque en outre des similitudes avec celui du
baptistère ravennate des Orthodoxes. M. Scellès dit avoir pensé aussi à des
influences plus orientales, comme la Géorgie. Daniel
Cazes cite quant à lui le modèle que pouvait constituer à Toulouse le chevet
polygonal de l’ancienne basilique de la Daurade.
Au
sujet de la dernière restauration, due à M. Bernard Voinchet, Henri Pradalier
juge que la réfection systématique des parements a « tué » le
monument. Cette intervention, qui visait à « rendre les traces mieux
lisibles », apparaît à Maurice Scellès comme « une réécriture
faite par quelqu’un qui n’a pas compris le texte et qui a écrit au stylo à
bille sur un parchemin » ; ici comme ailleurs, les erreurs
d’interprétation sont largement imputables à l’absence d’étude archéologique
préalable du monument. On estime cependant que l’Architecte
en chef a fait des progrès depuis l’époque où il remaillait des maçonneries
gothiques avec des maçonneries romanes (chapelle de l’Agonie de la cathédrale
de Toulouse, 1985).
En
réponse à une question d’Olivier Testard, et en se référant à un article
de Gratien Leblanc, M. Scellès indique pour les niches du chœur de
l’ancienne abbatiale d’Alet (Aude) une fonction de receptacle de reliques,
notamment une relique de la Vraie Croix.
Au titre des questions diverses, Henri Pradalier propose que soit publiée dans nos Mémoires la première partie de l’allocution que le Président a prononcée lors de la séance publique, dans laquelle il a mis en perspective les origines, l’histoire et le devenir de la Société archéologique du Midi de la France. Louis Peyrusse suggère que le texte de ce discours soit mis en ligne sur le site internet de la Société.
SÉANCE DU 3 AVRIL 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes,
Haruna-Czaplicki, Lamazou-Duplan, Napoléone, Pradalier-Schlumberger, MM.
Bordes, Boudartchouk, Geneviève, le Père Montagnes, MM. Roquebert, Surmonne,
Testard, Tollon, membres titulaires ; Mme Vallée-Roche, membre
correspondant.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mmes
Andrieu, Barber, Heng, Fraïsse, Rousset, MM. Chabbert, Garland, Garrigou
Grandchamp, Le Pottier, Péligry, Peyrusse.
Le Président ouvre la séance en annonçant une modification de programme due à l’absence de Valérie Rousset, qui devait nous entretenir de l’abbaye de Lantouy, dans le Lot, mais qui n’était finalement pas disponible ce soir.
La parole est au Secrétaire général pour la lecture des procès-verbaux des séances des 28 février et 6 mars derniers, qui sont adoptés après un amendement. Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 20 mars 2012, qui est adopté.
Le Président rend compte de la correspondance. Nous avons reçu des remerciements de Lisa Barber, que nous souhaitons revoir bientôt parmi nous.
Les premières propositions de communications pour l’année 2012-2013 nous sont parvenues. Le Président espère ainsi que nous nous serons en mesure d’établir le calendrier des séances de la prochaine année académique sans prendre de retard.
L’ordre
du jour appelle l’élection d’un membre honoraire et de deux membres
correspondants.
Le
Président rappelle que Maurice Prin, que le Bureau propose au titre de membre
honoraire, est membre de la Société Archéologique du Midi de la France depuis
1956, soit 56 années de fidélité au cours desquelles notre confrère a fait bénéficier
nos séances de ses nombreuses communications. Maurice Prin, c’est bien sûr
aussi une action de longue haleine pour réussir à sauver l’ensemble
conventuel des Jacobins auquel son nom est désormais attaché. À l’unanimité
des membres présents, Maurice Prin est élu membre honoraire de notre Société.
Maurice
Scellès et Quitterie Cazes présentent leurs rapports sur les candidatures de
Mmes Diane Joy et Inocencia Queixalós. On procède au vote : Mmes Diane
Joy et Inocencia Queixalós sont élues membres correspondants de notre Société.
Daniel
Cazes se réjouit que notre Société accueille de jeunes membres qui viendront
enrichir encore nos débats et nos échanges.
Le Président annonce que lors de sa dernière réunion, le Bureau a souhaité soumettre à la Compagnie la proposition de créer une cotisation spécifique pour nos membres encore étudiants. Le Trésorier explique que le problème est apparu récemment avec les difficultés rencontrées par l’un de nos jeunes membres à régler un arriéré de cotisation. Il rappelle que les étudiants primés par notre Société peuvent être élus membres correspondants, et que la Société Française d’Archéologie propose pour sa part un tarif « jeunes ». Deux propositions se dégagent de la discussion qui s’ensuit : appliquer une réduction de cotisation aux membres de moins de trente ans, ou bien aux membres étudiants de moins de trente ans. La cotisation actuelle étant de 45 €, la cotisation réduite pourrait être de 20 €. Le Président dit que nous pouvons nous donner le temps de la réflexion, pour une décision qui devrait être prise avant la fin de l’année académique. Le Secrétaire général rédigera une proposition de modification du règlement intérieur qui sera discutée et soumise à approbation en séance.
La parole est à Jean-Luc Boudartchouk et Daniel Cazes pour une communication sur Le sarcophage antique tardif d’Arpajon-sur-Cère et la nécropole chrétienne d’Arepagone.
Après
avoir précisé qu’il n’avait apporté qu’une modeste contribution à
cette étude, le Président remercie Jean-Luc Boudartchouk pour cette
communication, et pour avoir su solliciter le boucher d’Arpajon sans lequel
bien des informations sur cette découverte auraient été irrémédiablement
perdues.
Maurice
Scellès s’intéresse à l’usure du couvercle et aux prélèvements dont il
aurait fait l’objet. Jean-Luc Boudartchouk précise que des prélèvements
sont incontestables et que c’est toute l’arête du couvercle qui a été
arasée par des enlèvements volontaires ou une usure progressive, qui s’est
donc faite sur une très longue durée. Henri Pradalier constate que le
sarcophage est donc resté visible pendant des siècles. Maurice Scellès
demande si l’on connaît un saint local. Jean-Luc Boudartchouk répond que
l’on ne sait rien à ce sujet, mais que le travail reste à faire. Il ajoute
que l’on a dans la Vie de saint Géraud des informations intéressantes, par
exemple sur un sarcophage qui apparaît petit à petit.
Répondant
à une question de Patrice Cabau, Jean-Luc Boudartchouk dit que le sarcophage se
trouvait a priori à l’extérieur de l’église médiévale, mais que l’on
a cependant trouvé à proximité du mortier de tuileau.
Quitterie
Cazes juge très convaincante l’interprétation proposée pour l’usure du
sarcophage. Elle remarque par ailleurs que l’empilement des autres sarcophages
à proximité immédiate suppose la présence d’un mur, et sans doute d’une
construction abritant le sarcophage d’un personnage sans doute réputé saint
pour qu’il attire ainsi une accumulation de sépultures. Jean-Luc Boudartchouk
considère que l’hypothèse est très probable. Puis il confirme que le
sondage du S.R.A. a été réalisé à deux mètres de la découverte et
qu’aucune connexion n’a donc pu être observée.
Quitterie
Cazes ayant demandé si une reprise des fouilles serait envisageable, Jean-Luc
Boudartchouk dit ne pas croire que la commune en ait envie, alors que la
fontaine située sur la place a déjà été refaite trois fois. La commune
est-elle consciente de ce qui s’est passé ? demande Guy Ahlsell de
Toulza. La municipalité a changé depuis 1988, répond Jean-Luc Boudartchouk,
qui précise que le sarcophage, propriété de la commune d’Arpajon, est
aujourd’hui présenté dans le château de Conros, qui est une propriété
privée. Pour Quitterie Cazes, une protection du sarcophage au titre des
Antiquités et Objets d’art pourrait permettre de mieux assurer sa
conservation.
Au titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza évoque le dernier numéro de Midi-Pyrénées patrimoine. La lecture de l’article consacré au parc du château de Bonrepos-Riquet l’a de nouveau beaucoup agacé, avec trois pages sur la soi-disant « machine hydraulique » de Riquet, qui va ressembler de plus en plus à une « escroquerie à la cathare ».
SÉANCE DU 24 AVRIL 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Fournié,
Haruna-Czaplicki, Napoléone, MM. Boudartchouk, Catalo, Garland, Geneviève, le
Père Montagnes, MM. Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Friquart,
Jaoul, Queixalos, MM. Macé, Péligry, membres correspondants.
Excusés :
M. Pradalier, Directeur, Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour,
Bibliothécaire-adjoint, Mmes Andrieu, Barber, Cassagnes-Brouquet, Cazes, Heng,
Lamazou-Duplan, MM. Bordes, Chabbert, Garrigou Grandchamp, Surmonne.
Invités :
Mme Florence Journot, MM. Gilles Bellan, Sébastien Gasc, Guillaume Sarah, Éric
Tranier.
Le Président souhaite la bienvenue à Inocencia Queixalos, tout récemment élue membre correspondant de notre Société et qui prend séance ce soir.
Puis le Président annonce un don de Gérard Pradalier pour notre bibliothèque : Pierre et métal dans le bâtiment au Moyen Âge, études réunies par Odette Chapelot et Paul Benoit, Paris, Éditions de l’E.H.E.S.S., 1985, 370 p.
La parole est à Vincent Geneviève et Guillaume Sarah, pour une communication sur Le médailler carolingien du Musée Paul-Dupuy à Toulouse.
Le
Président remercie les deux intervenants pour cette communication qui nous
montre tout ce que l’on peut tirer de l’étude d’un médailler comme celui
du Musée Paul-Dupuy, en faisant apparaître des perspectives passionnantes. Le
problème de la conservation des monnaies a été le cauchemar des conservateurs
jusque dans les années 1980. La confiance absolue qui était faite aux plus
grands spécialistes a engendré toutes ces substitutions, d’autant plus que
les mouvements lors des expositions n’étaient pas contrôlés. Bien souvent
d’ailleurs, les fiches d’œuvre et les photographies faisaient défaut. Les
pertes de monnaies étaient également fréquentes, et Daniel Cazes se souvient
avoir retrouvé par hasard des monnaies après une conférence.
Sur
la question de la fameuse monnaie au nom de Carolus, le Président considère
qu’il s’agit d’un faux tout à fait extraordinaire d’un point de vue épigraphique,
et qui lui paraît d’autant plus étonnant que le milieu barcelonais a
abondamment puisé dans ces motifs au début du XXe siècle. S’agit-il
vraiment d’une graphique carolingienne ? Guillaume Sarah confirme que le
style est réellement carolingien, et que le faux est plutôt bien réalisé. Il
ajoute qu’un travail de recension appuyé sur des polices de caractères spécifique
pour retranscrire ces légendes est en cours. Et comme Laurent Macé mentionne
les sceaux, Guillaume Sarah évoque un article récent sur l’épigraphie
circulaire qui met en évidence nombre de points communs entre monnaies et
sceaux.
Guy
Ahlsell de Toulza demande à Vincent Geneviève et Guillaume Sarah si la monnaie
passée en vente récemment pourrait être revendiquée sur la base de leur
identification. Vincent Geneviève ne le croit pas, plusieurs possesseurs ayant
pu se succéder depuis la disparation de la monnaie il y a plus de 10 ans. Si
c’est bien la personne supposée, il sera peut-être possible, en tout cas, de
prendre contact avec elle. Le Président rappelle qu’au terme de la loi, la
monnaie peut être revendiquée sur tout le territoire national, et il ajoute
que les conservateurs demandent que l’application de la loi soit étendue à
l’ensemble de l’Europe.
Guy
Ahlsell de Toulza s’étonne qu’il soit rentable pour un faussaire de
fabriquer un coin pour un ou deux exemplaires. Guillaume Sarah explique que la
gravure d’un coin ne requiert pas plus d’une journée de travail, et que
l’opération est donc tout à fait rentable. Vincent Geneviève ajoute qu’il
y a sans doute aussi le plaisir de tromper les experts. Les faussaires fondent
aujourd’hui des monnaies anciennes pour déjouer les analyses qui permettent
d’identifier les faux à partir de la composition du métal.
La parole est à Éric Tranier, Florence Journot et Jean-Luc Boudartchouk pour une communication intitulée : Le tombeau de saint Majan à Villeneuve l’Argentière (Hérault) ?
Le
Président les remercie tous trois pour cette communication courte qui a été
longue (ce qui est normal après une communication longue qui a en fait été très
longue), et aussi intéressante que longue.
Michelle
Fournié demande des précisions sur la documentation utilisée pour la vie de
saint Majan. Éric Tranier dit que l’on ne dispose que d’éléments épars,
des bribes contenues dans le cartulaire de Saint-Thibéry par exemple, ou dans
celui d’Eysses. Comme Emmanuel Garland demande s’il y a quelque probabilité
pour que le saint breton soit le même que celui de Lombez, Jean-Luc
Boudartchouk précise que les convergences sont minimes, mais que la phrase qui
fait du saint un personnage « ultra-marin » est semblable. Répondant
à une nouvelle question de Michelle Fournié, Jean-Luc Boudartchouk dit que
saint Majan est probablement un personnage historique.
Le
Président remarque que la plaque est elle-même très intéressante, et
qu’elle vient enrichir le corpus de la sculpture carolingienne dans la région.
Après
avoir observé que c’était en effet une chance d’avoir conservé les
lettres initiales MA plutôt que les finales VS, Vincent Geneviève se demande
s’il n’est pas possible de restituer MARTINVS aussi bien que MAIANVS.
SÉANCE DU 15 MAI 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire général,
Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Haruna-Czaplicki, Napoléone,
Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Bordes, Catalo, Geneviève,
Surmonne, le général Garrigou Grandchamp, membres titulaires, Mme Krispin, MM.
Corrochano, Macé, membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Mmes
Barber, Cazes, Fournié, Friquart, Heng, Lamazou-Duplan, le Père Montagnes, MM.
Chabbert, Garland, Péligry, Prin.
Le Président donne la parole au Secrétaire général pour la lecture des procès-verbaux des séances des 3 mars et 24 avril 2012, qui ont adoptés.
Daniel
Cazes présente ensuite la correspondance reçue par la Société, qui comprend
notamment :
-
le compte rendu de l’Assemblée générale annuelle de l’Association des
Amis des Archives de l’Ariège, qui s’est tenue à Foix le 29 mars 2012 ;
-
une invitation de M. Christophe Marquez, Président de la Société du
Patrimoine du Murétain, à la conférence que M. Gérard Villeval,
Conservateur-adjoint du Musée du Vieux-Toulouse, doit prononcer au Théâtre
municipal de Muret, le mercredi 2 mai 2012 à 20 h 30, sur « Le livre
de chasse de Gaston Fébus » ;
-
une invitation pour l’exposition présentée à l’« Espace
Georges-Baccrabère » de l’Institut catholique : « Sauver les
enfants. 1938-1945 » ;
-
une invitation pour l’exposition présentée par le musée des Beaux-Arts
d’Angers du 25 mai au 2 septembre 2012 : « La Dernière Nuit
de Troie. Histoire et violence autour de La
Mort de Priam de Pierre Gérin » ;
-
le programme des activités organisées de mai à septembre 2012 par la Bibliothèque
de Toulouse.
Puis
M. Cazes rappelle la date et l’heure de la visite que la Société doit faire
au musée Paul-Dupuy pour y voir l’exposition du parement d’autel des
Cordeliers de Toulouse : mardi 22 mai 2012 à 16 h.
Le
Président rend compte enfin de l’excursion qu’une dizaine de membres de
notre Compagnie ont faite à Pau le samedi 12 mai 2012 : sous la conduite
passionnante de M. Paul Mironneau, Conservateur général du Patrimoine et
Directeur du musée national du Château de Pau, ils ont pu apprécier les pièces
exceptionnelles réunies dans le cadre de l’exposition consacrée à Gaston Fébus.
M. Cazes présente le catalogue édité à l’occasion du volet parisien de
cette manifestation (Gaston Fébus 1331-1391
Prince Soleil, musée de Cluny-musée national du Moyen Age, Paris,
30 novembre 2011-5 mars 2012, et musée national du Château de Pau, 17 mars-17
juin 2012, Rmn-Grandpalais »
et « Bnf », 2011, 176 p.), qu’il offre à notre bibliothèque.
Maurice
Scellès annonce avoir eu connaissance du fait que le courrier portant accord
pour la numérisation par la B.N.F. d’ouvrages de la bibliothèque de la
S.A.M.F. vient d’être signé.
La parole est à Jean Catalo et Vincent Geneviève pour la communication du jour : Sondages archéologiques aux allées Jules-Guesde à Toulouse.
Le Président remercie nos deux confrères et souligne tout l’intérêt du croisement des données archéologiques et archivistiques qui a donné à leur exposé une grande valeur démonstrative. Il fait ensuite appel aux réactions et questions de l’assemblée.
Pierre
Garrigou Grandchamp pose la question du statut social des habitants des maisons
de terre dont les vestiges ont été retrouvés. Jean Catalo commence par
indiquer que la technique de construction en terre a déjà été observée dans
la bastide suburbaine explorée lors des fouilles du chantier du Muséum
d’Histoire naturelle ; les bastides étaient des lotissements à vocation
le plus souvent artisanale, comme la bastide de Prignac, qui rassemblait des
tisserands. Avec la dynamique économique qui caractérise la première moitié
du XIVe siècle se développe une catégorie d’artisans « cossus ».
Cependant, les trouvailles sont souvent difficiles à interpréter, telle cette
petite enclume qui peut être aussi bien un élément de patrimoine, un
instrument d’usage ou un objet destiné à la vente ; la petite plaque de
bronze dorée et émaillée pose le double problème de sa date de fabrication
et du contexte dans lequel elle a été rejetée.
Laurent
Macé fait observer que cette plaque armoriée est intéressante du point de vue
héraldique, puisqu’elle montre sur champ d’azur un semis de fleurs de lys
d’or sans nombre et qu’elle paraît donc au moins antérieure à 1350. M.
Catalo précise les dimensions de la pièce : 3 cm sur 1 cm.
En
réponse à une question de M. Scellès, Jean Catalo indique que
l’installation de populations hors de l’enceinte de la ville « explose »
entre 1280 et 1310, mais qu’il n’y a pas véritablement de coupure avec le début
de la guerre dite de Cent Ans ; dans la seconde moitié du XIVe
siècle se produisent une dépression démographique et un ralentissement économique,
mais l’abandon des abords de la ville ne se fait qu’au début du XIVe
siècle. Quant au repli des établissements religieux à l’intérieur des
remparts, loin d’être précipité, il s’est étalé dans le temps, comme
c’est le cas pour les Trinitaires, les Mercédaires, les Augustines.
Répondant
à une nouvelle question de Maurice Scellès, M. Catalo dit que l’occupation
des lices, propriété de la Ville, a résulté de compromis entre
l’administration consulaire, l’autorité royale et l’initiative privée.
De 1274 à 1281, Philippe III a ainsi acheté les terrains nécessaires à
l’extension du château des anciens comtes de Toulouse. En 1305-1308 a lieu un
procès qui aboutit à un partage de l’espace situé entre les deux fossés.
François
Bordes note que la mise en défense de la ville au XIVe siècle
s’est effectuée en deux temps : à une phase « active » de réfection
des fortifications a succédé une phase « passive » de dégagement
des lices.
Daniel
Cazes fait part de ses interrogations au sujet du contexte démographique et de
l’impact foncier de l’implantation à l’intérieur des murs – considérable
en termes de surface occupée – des établissements religieux, notamment des
couvents de mendiants, et des collèges monastiques ou universitaires.
Au titre des questions diverses, Daniel Cazes donne des nouvelles concernant l’ancien Palais de Via à Cahors, grand édifice médiéval devenu prison départementale. Le ministère de la Justice envisage de se défaire du bâtiment avant la fin du mois de juin prochain, et le problème se pose désormais avec acuité du devenir du Palais ; en particulier, que compte faire la Ville de Cahors ? La Société archéologique avait déjà adressé un courrier à ce sujet. Un membre ayant indiqué qu’un investisseur chinois aurait le projet d’y aménager un hôtel de luxe, la Société décide de faire un nouveau courrier concernant la protection, l’étude archéologique et la mise en valeur de cet ensemble monumental.
Henri
Pradalier demande si l’on a des informations sur le Plan local d’urbanisme
de Toulouse. Un membre précise que sur le plan du patrimoine une enquête a
commencé pour le quartier de Croix-Daurade. S’agissant ensuite du « secteur
sauvegardé » de Toulouse, un échange entre plusieurs intervenants amène
à conclure qu’il ne sera pas adopté avant la fin des opérations de « densification »
du bâti.
Daniel
Cazes relève la contradiction flagrante entre le projet de réaménagement du
square Charles-de-Gaulle, tel qu’il est expliqué et illustré sur des
panneaux de communication prolixes, et les réalisations en cours. La mise en
valeur des vestiges de la tour romaine dite « tour Charlemagne » est
abandonnée ; explication : « cela ne plaisait pas à
l’urbaniste ». Par ailleurs, M. Cazes signale que sur toute
la longueur de la rue d’Alsace-Lorraine des excavations ont atteint les
niveaux archéologiques, sans surveillance archéologique.
SÉANCE DU 29 MAI 2012
Présents :
MM. Cazes, Président, Pradalier, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Barber,
Haruna-Czaplicki, Pradalier-Schlumberger, M. Lassure, le Père Montagnes, MM. Surmonne, Testard, membres titulaires ; Mme Viers, MM. Chabbert, Darles,
membres correspondants.
Excusés : Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, M. Latour, Bibliothécaire-adjoint,
Mmes Cazes, Krispin, Lamazou-Duplan, MM. Garland, Garrigou Grandchamp, Georges.
Invitée : Mme Anaïs Comet, chargée d’inventaire au Conseil général
du Gers.
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 15 mai dernier, qui est adopté.
Le
Président rend compte de la correspondance reçue.
Sa
famille nous annonce le décès de Jean Vézian, survenu le 14 février dernier
mais dont nous n’avions pas été informés, probablement parce que notre
confrère ne participait plus à nos séances depuis quelque temps déjà et que
les liens s’étaient distendus. Jean Vézian était un homme aussi savant que
discret, et c’était le dernier préhistorien de notre Société.
Avec
sa cotisation, Henri Gilles nous adresse son bon souvenir.
En
précisant qu’une grande partie de l’abondant courrier que reçoit notre
Société concerne la bibliothèque et les échanges de publications, le Président
fait circulation plusieurs invitations, dont celle de l’exposition du Musée
Saint-Raymond, Brut de fouilles, qui présente
les résultats de l’opération archéologique du site de la caserne Niel.
Le Président présente à la Compagnie Mme Anaïs Comet, invitée par Christian Darles et Jean-Michel Lassure, auxquels il donne la parole pour une communication intitulée : Naudin-L’Isle Bouzon (Gers), études architecturales et évolution d’un hameau.
Le
Président remercie nos deux confrères pour cette étude d’autant plus intéressante
qu’elle prend en compte les aspects ethnographiques, historiques et
architecturaux du hameau. Celui-ci ressemble sans doute à beaucoup d’autres,
mais il a eu la chance de bénéficier de toute la patience qu’il faut pour étudier
un tel ensemble. Reste la question des datations des différentes parties, qui nécessiterait
sans doute de prolonger encore l’étude. Daniel Cazes regrette que l’on ne
porte pas plus d’attention à ces ensembles qui sont en train de disparaître.
Patrice
Cabau voudrait connaître la période sur laquelle s’étale la construction du
bâtiment le plus complexe. En s’appuyant sur les formes des encadrements des
baies, en particulier chanfreinés ou à feuillure, Christian Darles situe l’état
le plus ancien à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe,
qui est le moment de l’implantation, et une seconde phase importante au XVIIIe
siècle, de 1720 à 1760. Ensuite l’occupation stagne ou périclite, jusqu’à
la mort du hameau dans les années 1950.
Maurice
Scellès demande si les ensembles qui agglomèrent des constructions successives
correspondent à des groupes familiaux. Christian Darles dit que ce n’est pas
le cas, et il précise que le hameau compte 12 familles en 1620. Le premier bâtiment
ne contient que deux habitations, ou à peine plus, et le hameau est
aujourd’hui constitué d’une vingtaine de bâtiments, dont certains comptent
jusqu’à sept logements. Les archives font malheureusement défaut pour
pouvoir en dire plus.
Jean-Michel
Lassure souligne que l’intérêt de L’Isle-Bouzon réside dans la succession
des sites d’occupation : le site du XIe siècle est abandonné
lors de la création du castelnau qui impose le regroupement de la population,
regroupement forcé dont les gens se libèrent, semble-t-il, au début du XVIe
siècle. Le temps a malheureusement manqué pour étudier en détail le
castelnau. Christian Darles ajoute qu’il faudrait pouvoir faire des fouilles
archéologiques sur le site du hameau de Naudin.
En
faisant remarquer la belle qualité des constructions, Christian Darles se
demande où et comment les habitants ont appris à construire aussi bien, ou si
l’on a fait appel à des maçons extérieurs à la commune. Cette belle qualité
des constructions paraît au contraire à Maurice Scellès très générale pour
cette période.
En
rendant hommage au dernier propriétaire qui a eu à cœur d’entretenir les
toitures de tous les bâtiments du hameau, ce qui a leur a épargné la ruine,
Jean-Michel Lassure souligne qu’il s’agit de l’un des rares ensembles de
ce type à n’avoir pas encore été repris par des néo-ruraux. Il craint que
rien ne puisse désormais en assurer la conservation, et regrette qu’un
ensemble aussi représentatif de l’activité agricole du Gers ne suscite pas
plus d’intérêt.
Au titre des questions diverses, le Président rend compte de la visite, le 22 mai dernier, de l’exposition consacrée au parement d’autel des Cordeliers au Musée Paul-Dupuy. Jean Penent, conservateur du musée, a offert pour notre bibliothèque le catalogue de l’exposition auquel on contribué plusieurs membres de notre Société. La visite a suscité plusieurs interventions, dont celles de Michelle Fournié et de Guy Ahlsell de Toulza.
Le Président évoque ensuite les travaux d’extension du musée de l’Arles antique, sur lesquels Jacques Surmonne a attiré son attention. Daniel Cazes rappelle que cette création de la Ville d’Arles a été transférée au Conseil général des Bouches-du-Rhône, lequel a décidé de construire une extension du musée pour présenter l’épave d’un chaland romain d’une trentaine de mètres de long retrouvée dans le Rhône, en portant atteinte à l’architecture du bâtiment conçu par Henri Ciriani. Recevant nombre de documents dans lesquels sont rapportées des plaintes similaires exprimées par des confrères, Olivier Testard a souvent envie de leur rappeler qu’il faudrait qu’eux-mêmes donnent l’exemple en respectant l’architecture antérieure. Le Président en convient en soulignant toutefois que le musée d’Arles compte parmi les grandes œuvres de la fin du XXe siècle.
Pour l’actualité toulousaine, c’est le devenir du fonds de Jean Dieuzaide qui peut nous inquiéter. Ce fonds photographique considérable risque d’échapper à Toulouse. La question est posée depuis plusieurs années, et les différentes instances de la Ville, du Département, de la D.R.A.C., etc. ont dû en être saisies. On constate cependant que rien n’a été fait, et que de nombreuses institutions françaises et étrangères sont sur les rangs. Le Président rappelle que la valeur de ce fonds est non seulement artistique, mais également documentaire, Jean Dieuzaide ayant réalisé de très nombreux clichés dans tout le Midi de la France, mais également en Espagne, au Portugal… autant de clichés qui font aujourd’hui partie de l’Histoire. Mme Jacqueline Dieuzaide, la veuve du photographe toulousain, aimerait être rassurée sur le devenir de l’ensemble de cette œuvre. Il faut préciser que la famille ne vend pas, demandant seulement à être dédommagée pour les droits, qui représentent à peu près 10 % de la valeur du fonds, ce qui est très généreux.
Jean-Michel Lassure annonce que la campagne de fouilles subaquatiques dans le lit de la Garonne, qui avait dû être annulée l’année dernière en raison de conditions climatiques défavorables, a été reprogrammée pour cet été.
Texte à insérer.
Le Président remercie Jean-Michel Lassure, dont le souligne le rôle pionnier dans ce domaine pour notre région.
SÉANCE DU 5 JUIN 2012
Présents :
MM Cazes, Président, Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire-adjoint,
Mmes Bagnéris, Barber, Cazes, Fournié, Haruna-Czaplicki, Napoléone, le Père
Montagnes, MM. Bordes, Le Pottier, Surmonne, Testard, membres titulaires ;
Mmes Agudo, Cassagnes-Brouquet, Éclache, Heng, Jiménez, Krispin,
Lamazou-Duplan, Queixalós, Vallée-Roche, MM. Laurière, Macé, Péligry,
membres correspondants.
Excusés :
Mme Suau, Bibliothécaire-Archiviste, MM. Pradalier, Directeur, Scellès, Secrétaire
général, Latour, Bibliothécaire-adjoint, Mme Pradalier-Schlumberger, MM.
Garrigou Granchamp, Garland, Peyrusse.
Le
Président ouvre à 17 heures la séance du jour, qui est la dernière de
l’année académique en cours.
Le
Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 29 mai, rédigé
par le Secrétaire général. Ce compte rendu est adopté.
Daniel
Cazes procède au dépouillement de la correspondance, qui comprend notamment :
-
un invitation au colloque qui se tiendra à l’Hôtel d’Assézat le mardi 19
juin 2012 : « Montmaurin, Lespugue : 200 000 ans
d’occupation humaine dans les gorges de la Save, de la Seygouade et de leurs
environs – Un patrimoine menacé » ; cette manifestation est
organisée par l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de
Toulouse, qui s’oppose vigoureusement au projet de carrière dont
l’ouverture menacerait un ensemble de sites préhistoriques et antiques unique
au monde ;
-
une lettre de candidature au titre de membre correspondant reçue de M. Nicolas
Buchaniec ; cette demande sera examinée à la rentrée par le Bureau.
Le
Président présente ensuite deux publications offertes par notre confrère
Raymond Laurière, qu’il remercie au nom de la Société :
-
Gabrielle Bonnet, Maurice Clerc, « Confréries religieuses
villefranchoises : Pèlerins de Saint-Jacques, Pénitents bleus, Pénitents
blancs », Mémoires de la Société des
Amis de Villefranche et du Bas-Rouergue, années 1996-1997, 272 p. ;
-
Dominique Mailles, « Occupation du sol et habitat au Moyen Âge dans le
canton de Villefranche-de-Rouergue », Mémoires
de la Société des Amis de Villefranche et du Bas-Rouergue, années
1998-1999, 216 p.
Le
Trésorier annonce avoir fait plusieurs acquisitions pour la bibliothèque et
les archives de la Société :
-
un ouvrage consacré au sculpteur Henry Parayre (1879-1970), édité par Chemins
d’encre ;
-
deux documents achetés le jeudi 31 mai 2012 lors de la vente aux enchères
publiques des archives de Raoul Lafagette (1842-1913), « poète des Pyrénées
et poète révolutionnaire » :
1°) le manuscrit original de la belle préface d’Émile Mâle pour
l’Album archéologique du Midi de la France,
publié en 1914 (17 feuillets r°, quelques ratures et corrections autographes) ;
2°) un portrait photographique d’Émile Cartailhac, qui fut Président
de la Société archéologique du Midi de la France de 1914 à sa mort en 1921
(tirage dédicacé à Raoul Lafagette).
Puis Guy Ahlsell de Toulza rend compte de la réunion à laquelle il a participé ce matin 5 juin à l’Observatoire à propos de l’organisation de la « Novela » du mois d’octobre. La S.A.M.F. pourrait être représentée dans le « séminaire populaire » dédié au thème « Tes ancêtres, et Mes ancêtres : la génétique et la généalogie pour remonter le temps ». François Bordes, co-organisateur des trois tables rondes programmées pour le dimanche 7 octobre 2012, en indique les sujets : génétique, généalogie, Charles Darwin. Patrice Cabau et Laurent Macé sont sollicités pour participer à ces rencontres.
Ainsi que prévu à l’ordre du jour, la Compagnie se constitue en Assemblée générale extraordinaire, afin d’examiner un projet de modification de l’article 15 du Règlement intérieur de la Société adopté le 29 mai 2007, dont le premier paragraphe serait amendé comme suit : « Les membres titulaires et les membres correspondants de la Société sont tenus d’acquitter le montant de leur cotisation annuelle au cours du premier trimestre de l’année civile. Les membres inscrits dans un établissement universitaire et âgés de moins de trente ans au 1er janvier bénéficient d’une cotisation réduite. Le montant des cotisations est fixé chaque année au cours de la deuxième séance de janvier, sur proposition du Bureau approuvée par la majorité des membres titulaires présents ». Ce remaniement est adopté à l’unanimité des seize membres titulaires présents. Le texte ainsi modifié s’appliquera à partir du 1er janvier 2013.
La parole est à Sophie Cassagnes-Brouquet pour la communication du jour, intitulée Les métiers de la couleur à Toulouse à la fin du moyen Âge.
Le
Président remercie notre consœur pour cette évocation très solidement
documentée et l’interroge sur la position des artistes dans société la
toulousaine du temps. Mme Cassagnes-Brouquet répond que les enlumineurs,
peintres, peintres-verriers, brodeurs... venaient après les orfèvres, qui
tenaient le premier rang parmi les artistes ou artisans. M. Cazes fait ensuite
appel aux réactions de la Compagnie.
Quitterie
Cazes, après avoir précisé que notre confrère Henri Molet a pu restituer
l’occupation de la rue des Imaginaires (actuelle rue de la Pomme) à la fin du
XVe siècle d’après le cadastre de 1478, demande s’il est
mention dans les documents de l’emplacement des fours des verriers. Mme
Cassagnes-Brouquet dit que les plaques de verre, blanc ou coloré, étaient
achetées à l’extérieur ; on a ainsi l’indication d’un achat fait
à Massat, dans la haute Ariège. Mme Cazes s’enquérant des recuissons, il
lui est indiqué qu’il n’en est jamais question. Par ailleurs, il apparaît
que les peintres-verriers de Toulouse se revendaient entre eux la matière première.
Françoise Bagnéris confirme les achats de verre à l’extérieur de Toulouse,
motivés peut-être par le manque de place pour le stockage. La lecture des
inventaires après décès ne permet pas de souscrire à cette explication.
Sophie Cassagnes-Brouquet rappelle ensuite que les métiers auxquels elle
s’est intéressée étaient des métiers très minoritaires, occupant une part
infime de la population de la ville. S’agissant de leur organisation, elle précise
que la confrérie des peintres, placée sous le patronage de saint Luc, était
sise dans l’église des Jacobins ; elle note enfin que les peintres étaient
aussi très attachés à Saint-Sernin (confrérie des Corps-Saints, bassin du
Purgatoire) et à la Daurade.
Michelle
Fournié et Jean Le Pottier s’intéressent aux registres, de confréries ou de
notaires, qui constituent la base documentaire de l’étude. Mme
Cassagnes-Brouquet déclare avoir procédé au dépouillement systématique de
l’ensemble des registres notariaux toulousains jusqu’à la date de 1515, ce
qui lui a demandé trois pleines années de travail ; elle rappelle du
reste qu’elle nous a communiqué naguère des listes établies à la suite de
ces recherches. Sur le point de savoir si certains notaires étaient spécialisés,
elle répond par la négative : l’enregistrement des actes relatifs aux métiers
étudiés reflète la répartition spatiale de ceux qui les exerçaient (ainsi,
rien pour le quartier de Saint-Cyprien).
Christian
Péligry demande s’il existe des commandes pour la décoration de manuscrits
ou de livres imprimés. Sophie Cassagnes-Brouquet en a noté quelques-unes, par
exemple celle d’un missel commandé par les consuls de Pechbonnieu et les
marguilliers de l’église de cette paroisse ; elle évoque également le
missel de Portet-sur-Garonne. Quant aux livres d’imprimerie, elle signale la
supplique émanée en 1478 des enlumineurs de Toulouse, qui se plaignaient de
l’apparition d’impressure.
Mme
Cazes veut savoir si l’on possède des actes de commande pour des œuvres
connues ou encore conservées. La réponse est non ; le cas d’une
peinture des neuf preux qui se voyait dans l’ancien couvent des Grands-Carmes
de Toulouse aurait pu peut-être constituer une exception, mais cette œuvre a
disparu avec le couvent, démoli dans les premières années du XIXe
siècle.
Christine
Jiménez signale l’aide apportée par le capitoulat aux enlumineurs, peintres,
orfèvres... En effet, la municipalité toulousaine prodiguait, outre les
commandes (mal rétribuées), les récompenses, titres ou fonctions (portier,
appariteur, trompette...), assurant ainsi pendant des années aux artisans et
artistes un emploi durable.
Le Président conclut cet échange de vues en remerciant de nouveau notre consœur et en l’encourageant à poursuivre un travail déjà très fructueux.
La parole est à Laure Krispin pour une communication brève consacrée aux Plafonds peints découverts en 2011 au 7 rue de la Dalbade.
Daniel
Cazes remercie notre consœur de sa présentation, qui montre qu’il reste
beaucoup à découvrir à Toulouse, en particulier dans des immeubles privés
difficilement accessibles.
Mme
Cazes demande s’il est prévu de restaurer ces peintures. Mme Krispin répond
par l’affirmative : un devis a été demandé à Jean-Marc Stouffs ;
toutefois, les éléments historiés du décor ne paraissent pas restituables
dans leurs détails.
Au titre des questions diverses, le devenir du fonds Dieuzaide reste un sujet de préoccupation. François Bordes indique que la solution proposée par la Ville de Toulouse, soit la conservation dans les locaux des Archives municipales, est compromise par les exigences de la famille du photographe en matière de présentation et de valorisation de la collection. Daniel Cazes exprime de nouveau sa crainte de voir un patrimoine artistique et documentaire de valeur locale et internationale disparaître de notre ville, par manque de moyens, autrement dit de volonté et de vision.
Le Président informe la Compagnie que le calendrier de l’année à venir (2 octobre 2012-4 juin 2013) est désormais fixé, que le programme des séances est établi en partie et qu’il peut encore accueillir des propositions de communications, longues, courtes ou brèves. À 19 heures, Daniel Cazes lève la séance en prononçant la clôture de l’année académique 2011-2012, et invite les membres présents à prendre une collation.
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