LA MAISON AU MOYEN   ÂGE
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Groupe de travail

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RÉPERTOIRE GÉOGRAPHIQUE
FRANCE ~ DEUX-SÈVRES ~
PARTHENAY

 

Les maisons à pan de bois ~ Notice sur la ville de Parthenay ~ Images ~ Monographies

Site de la Ville de Parthenay : http://www.district-parthenay.fr/sommaire.htm


LES MAISONS A PANS DE BOIS

DE PARTHENAY

par Isabelle NAULEAU
Octobre 1999

 

INTRODUCTION

Parthenay a conservé plus d’une centaine de maisons à pans de bois, allant du XVe au XIXe siècle. Nous étudions les maisons au décor Renaissance avec celles datant du Moyen Age pour plusieurs raisons. Tout d’abord la Renaissance est un phénomène artistique tardif dans le Poitou. Il est certain que l’on a utilisé le décor gothique au cours de la première moitié du XVIe siècle. De plus, l’architecture des maisons à pans de bois n’évoluent pas, seul le décor change. Parthenay ne possède pas d’hôtel de cette époque, ni d’autre élément architectural marquant. Si la Renaissance a fait évolué les mentalités et la société à Parthenay, elle n’a pas modifié l’art de la construction, du moins d’après ce que nous en savons. Enfin, les archives sont très pauvres en documents concernant ces maisons médiévales. Il ne nous a été possible de dater qu'une seule habitation. Selon le décor, elle est gothique (XVe et première moitié du XVIe siècle) ou Renaissance (deuxième moitié du XVIe siècle). Or beaucoup n’ont pas de décor.

Pour toutes ces raisons nous incluons les maisons au décor Renaissance à l’étude des maisons à pans de bois médiéval.

 

I- HISTORIQUE

Les maisons à pans de bois de Parthenay ont été construites au cours des XVe et XVIe siècles. La trace des habitations antérieures est très ténue. Un nombre limité de pans de bois ont été modifié aux XVIIe et XVIIIe siècles. En revanche, les procédures d’alignement et le décret de destruction des encorbellements de 1817, ont provoqué d’importantes modifications. Certains propriétaires, assez aisés, ont remplacé la façade en pan de bois par une nouvelle en pierre, selon la mode de l’époque. Ceux qui avaient des moyens financiers plus limités, ont rentré les panneaux de bois des étages, coupé les solives et enduit la façade nouvelle, mise à l’aplomb, d’un crépis identique à celui des maisons en pierre. Dans ce cas, les baies n’ont pas été modifiés : la croisée et la demi-croisée ne sont pourtant plus à la mode. Alors, pour obtenir des travées de fenêtres, le pan de bois était totalement démonté et une nouvelle façade à pans de bois assemblée, avec de nombreuses poutres en réemploi. Un enduit avec de faux appareils recouvrait l’ensemble. 

Trois façades de la rue de la Vau Saint-Jacques : la première (en partant de la droite) est une reprise en pierre du XIXe siècle et remplace un pan de bois, la deuxième n'a pratiquement pas été modifiée, la troisième a été mise à l'aplomb et son enduit enlevé il y a quelques années seulement.

D’autres changements ont affectés l’habitat médiéval au cours des XIXe et XXe siècles. Parthenay est composé d’une ville haute et d’une ville basse, appelée quartier de la Vau Saint-Jacques du nom de la rue qui la traverse. Cet axe de circulation a été, tout au long du Moyen Age et au début de l’époque moderne, occupé par des artisans commerçants. L’essor économique du XIXe siècle a principalement profité à la ville haute et, peu à peu, le quartier de la Vau Saint-Jacques a perdu ses artisans, remplacé par des ouvriers. Au début du XXe siècle, c’était le " mauvais quartier ", le " bas quartier ". Ainsi les maisons à pans de bois ont été conservé tandis que, dans la ville haute, elles ont été remplacées par des immeubles et des maisons en pierre.

 

II- SITUATION GEOGRAPHIQUE, PARCELLAIRE ET DISTRIBUTION INTERNE

Le parcellaire médiéval en lanière est encore très bien conservé dans le quartier de la Vau Saint-Jacques. La maison, de 8 à 10 mètres de large et 6 à 12 mètres de long en général, est suivi d’un jardin. La densification n’a pas dépassé le front de rue : plusieurs maisons ont ainsi une façade large seulement de 4,5 mètres. La topographie de la rue est une vallée sèche. Le rez-de-chaussée côté rue est une cave côté jardin et des terrasses rythment les deux versants du val.

Dans la ville haute, on trouve des caves voûtées. Elles sont réalisées en blocage de moellons soutenus par des arcs en plein cintre ou brisés, en pierres de taille. Suivant la déclivité du terrain, le rocher granitique apparaît, ainsi que des sources. Dans les maisons à pans de bois, le puits était soit dans la cour, soit à l’intérieur de l’habitation, au rez-de-chaussée, sous l’escalier généralement.

Toutefois, certaines parcelles sont occupées par de vastes demeures bâties en pierre de granit et au décor gothique (portes et fenêtres en accolade, cheminée monumentale, etc.). L’on attribue ces constructions à la bourgeoisie marchande de Parthenay. Le plan est soit en L, en U ou en T, avec une tour d’escalier en vis dans ou demi-hors œuvre.

Dans ce type d’habitation, la distribution interne s’organise autour de cette vis. Elle est placée légèrement en retrait de la rue, on y accède après avoir traversée une cour ou un passage couvert. Le rez-de-chaussée est souvent très modifié et il n’est pas possible d’affirmer que des boutiques occupaient cet espace. La grande salle avec la cheminée monumentale et les fenêtres à coussièges est mise en valeur par la montée des marches dans une demi pénombre. D’autres pièces, plus petites, complétaient cette salle. Un deuxième étage habitable et des combles aboutissent à un bâtiment plus élevé que les maisons à pans de bois environnantes.

Dans ces maisons à pans de bois, sur des parcelles en lanière, l’escalier est une rampe droite, en granit, placée le long d’un mur latéral, en face de la porte d’entrée. Ainsi il était possible d’accéder directement aux pièces habitées du premier étage, sans passer par la boutique-atelier du rez-de-chaussée. Ces pièces étaient chauffées grâce à des cheminées, de grande taille, construites en granit. Les cloisons internes, en pan de bois hourdis de torchis, sont aujourd’hui très rares. Un petit espace, au premier étage, au-dessus de la porte d’entrée, était réservé à l’évier. Des pierres qui servaient à la vaisselle existent encore. La conduite d’évacuation des eaux usées est taillée dans le parement de l’angle de la façade et fermée par des tuiles en tige de botte. Les combles servaient de lieu de stockage ou et travail.

55 rue de la Vau Saint-Jacques. Sur le mur mitoyen on remarque un conduit d'évacuation d'évier. Cette rigole était fermée par des tuiles en tiges de bottes bloquées par deux feuillures.

 

III- LE PAN DE BOIS

Les premiers exemples de pan de bois dateraient du XIIe siècle, en Allemagne, en Angleterre et à Tourcoing (PESEZ 1991, p. 200). Il se généralise progressivement à partir du XIVe siècle. Mais un progrès technique, le passage du système à bois long au système à bois court, assure son succès au XVe siècle. La construction d'une maison à pan de bois est le fait d'un artisan spécialisé, un charpentier, et non du propriétaire. L'assemblage des différentes pièces de bois n'est pas effectué à l'emplacement de la future maison. Elles sont assemblées ailleurs et "levées" seulement sur place.

On distingue les maisons qui ont leurs quatre murs construits à pan de bois de celles qui n'ont qu'un seul mur, la façade sur rue, à pan de bois. Les premières sont appelées des "maisons-cages" et les secondes des "façades-écrans" ( TOULIER 1991, p. 206).

A Parthenay, toutes les maisons à pans de bois sont des "façades-écrans". Les deux murs latéraux et le mur arrière sont en moellons de granit et ont une épaisseur allant de 40 à 60 cm. Il existe deux exceptions, aux 16 et 15 rue de la Vau Saint-Jacques. Dans la première maison, la façade sur cour est à pans de bois sur un rez-de-chaussée en pierre. Au n° 15, ce n'est que l'étage de combles qui est à pan de bois. Les autres exceptions sont les maisons d'angles où les deux façades donnant sur la rue sont à pan de bois.

91 rue de la Vau St-Jacques. Maison d'angle à pan de bois.
Le rez-de-chaussée est remarquablement bien conservé avec ses deux étals et son pilier d'angle en granit.
Les deux façades viennent d'être restaurées. 

A- L'ASSEMBLAGE DU PAN DE BOIS

Pour éviter le pourrissement à partir du pied des poteaux en bois, ceux-ci ne sont pas enfoncés dans le sol, mais posés sur un solin en pierre, qui est plus ou moins haut. A Parthenay, ce solin a la hauteur du rez-de-chaussée. Le linteau de l'étal est la seule pièce de bois de ce niveau. Les solives du plancher s'appuient sur cette poutre, et sur le linteau ou les claveaux de l'arc de la porte. Cette sablière a donc une très forte section (environ 40 cm). En revanche, la poutre qui est posée sur les extrémités des solives, que l'on nomme sablière de chambrée, est de section plus réduite (environ 20 cm sur 20). De plus elle a toute la longueur de la façade. L’encorbellement naît de l’espace entre ces deux sablières. A Parthenay il existe deux modules, 20 cm environ ou 40 cm de saillie1. L’encorbellement des combles est toujours inférieur, ou égal, à celui du premier étage. La sablière de plancher est, à la différence du premier encorbellement, identique à la sablière de chambrée. Ce type d'encorbellement est appelé "surplomb simple sur solives" (TOULIER 1991, p. 211).

La cloison d'un étage est donc délimitée en bas par la sablière de chambrée, en haut par la sablière de plancher, et de chaque côté par un poteau cornier. Pour éviter que ce cadre ne bouge et pour le remplir, des poteaux d'huisserie s'assemblent à tenons et mortaises dans les deux sablières. Pour raidir le cadre, ils forment soit des croix de Saint-André, soit des décharges à Parthenay. Quelques façades de la rue de la Vau Saint-Jacques n'ont actuellement que des poteaux verticaux avec, parfois, une ou deux décharges aux extrémités.

Ces poteaux d'huisserie sont hourdés de briques. Celles d'origines sont de couleur ocre jaune clair et ont une épaisseur de 3 cm. N'étant pas décoratives, on peut supposer qu'elles étaient enduites à la chaux, l'enduit protégeant de l'humidité brique et mortier.

L’assemblage de ces panneaux avec les murs en pierre est partout le même. Les poteaux corniers terminent toujours le panneau. Autrement dit, ils ne s’encastrent pas dans les murs latéraux. Par ailleurs quand ces murs restent à l’aplomb du rez-de-chaussée, l’espace qui apparaît aux deux niveaux supérieurs est hourdé de brique. On y remarque parfois une toute petite fenêtre (une "boulite"). Dans les constructions plus soignées, cet espace n’existe pas et les murs, en suivant le mouvement des avancées, maintiennent latéralement le pan de bois. Remarquons que les moulures des encorbellements des murs latéraux sont identiques à celles des sablières de chambrée, quand elles subsistent.

Ainsi la façade à pan de bois est-elle dissociée des murs latéraux mais liée aux planchers puisque les solives créent l'encorbellement.

Notons enfin qu'en 1817 la municipalité a interdit les encorbellements et incité fortement les habitants des maisons à pans de bois à reconstruire leur façade en pierre. C'est la raison pour laquelle certaines façades à pans de bois sont à l'aplomb, c'est-à-dire sans encorbellement, et que d'autres sont en pierres ou en briques et recouvertes d'un crépis.

 

B- DEUX VARIANTES : LE PAN DE BOIS SUR POTEAUX ELARGIS ET D'ANGLE

Il existe d'autres techniques pour construire un surplomb, l'encorbellement sur poteaux élargis en est une. Dans ce cas, les têtes des poteaux du rez-de-chaussée reçoivent les deux sablières de chambrée et de plancher. Les solives, toujours perpendiculaires à la façade sur rue, sont cachées derrière la sablière de chambrée. Pour accroître l'effet d'horizontalité et la saillie, une troisième poutre, appelée entretoise, est ajoutée entre les deux sablières. 

A première vue au 2 et au 71 bis rue de la Vau Saint-Jacques, que l'on connait aujourd'hui uniquement par des cartes postales, les pans de bois sont de ce type. Cependant les solives, coupées, sont apparentes et placées entre les sablières de plancher et de chambrée. Autrement dit, c'est un encorbellement sur solives où la sablière de plancher repose sur trois poteaux élargis. La façade a donc deux décrochements issus de deux techniques différentes. 

La deuxième variante correspond à l'adaptation du type de pan de bois en surplomb simple sur solives à une position à l'angle de deux rues. Il existe une technique qui permet d'avoir deux façades identiques, c'est-à-dire avec les solives apparentes. Il s'agit du coyer. C'est une poutre horizontale qui est orientée à 45 degrés par rapport aux solives et qui part de l'angle. Ainsi sur une certaine longueur, deux rangées de solives, perpendiculaires aux deux façades, s'emboitent à tenons et mortaises de chaque côté du coyer.

Dans la maison sise 71 (disparue) rue de la Vau Saint-Jacques, le charpentier a utilisé la technique du surplomb simple sur solives sans coyer. Il a alors renforcé l'angle avec un pilier en pierre et la façade sur la rue Moque Souris avec une solive de rive de forte section (environ 40 cm). En revanche le coyer semble être présent au 91 rue de la Vau Saint-Jacques, pour le plancher du premier étage.

 

C- LE DECOR

Nous en avons identifié deux types de sculptures et bas-relief en bois : le premier reprend les éléments essentiels du Gothique tardif (accolade, pinacle), le second celui de la Renaissance (cordelière, balustre, végétaux en rinceaux). Chronologiquement, les charpentiers qui montaient les pans de bois ont longtemps, et même au XVIe siècle, utilisé le décor gothique, surtout le décor monumental. En revanche, la Renaissance est apparue tard dans la Gâtine, contrairement aux régions de la Loire. Par conséquent la fourchette chronologique du décor gothique est large, XVe siècle et première moitié du XVIe siècle, et celle du décor Renaissance étroite, deuxième moitié du XVIe siècle.

De plus l’ossature du pan de bois, ce que l’on appelle le colombage, forme un décor en lui-même, si on le désire. La disposition des briques peut également être décorative. 

1- Le décor gothique

Le dessin en accolade est présent sur les linteaux en bois des étals (1-13 rue du Château) et sur les appuis de fenêtres (54, 73-75 rue de la Vau Saint-Jacques). Les pinacles sont également courants bien que beaucoup aient été bûchés. Sur le panneau du premier étage, ces pinacles sont accrochés sur les poteaux corniers et les poteaux encadrant les baies. Ils débutent par une base quadrangulaire, puis en flacon. Le corps, de section carré, s’amincit progressivement et est orné d’une bague à deux ressauts. La tête s’épanouit en petits crochets et se termine par une bague, et non en pointe. Le pinacle est sculpté dans la pièce de bois, probablement avant l’assemblage. Au 54 rue de la Vau Saint-Jacques, on a ajouté à la base un rectangle, de même épaisseur et de même largeur que la poteau, qui possède un écusson en faible relief. Un motif particulier orne les quatre écussons. Malheureusement on ne reconnaît plus aujourd’hui qu’un seul des motifs, une navette.

54 rue de la Vau Saintt-Jacques. Maison au décor gothique. 
Quatre pinacles rythment le premier étage. Leur base est ornée d'un écusson. Sur l'un d'eux on peut voir une navette de tisserand.

Le dernier élément sculpté des pans de bois gothiques, ce sont les sablières et les linteaux des étals. Les moulures sont constituées de tores à profil demi-circulaire, de cavets et de réglets ou des baguettes. Le chanfrein est réservé aux fenêtres (piédroits, meneaux, traverses et linteaux). Les appuis des fenêtres multiplient les ornements : une accolade en bas, un corps de moulure en haut, ou bien une frise, de petits arcs brisés comme au 32 rue de la Vau Saint-Jacques. Sur l'appui de la croisée sud de la même maison on voit une guirlande et des feuillages.

2- Le décor Renaissance

Le décor Renaissance est plus riche que le précédent. Toutefois il est toujours placé au premier étage. A Parthenay, deux maisons seulement ont ce type de décors, sises aux n° 15 et 56 rue de la Vau Saint-Jacques. Toutes deux ont une cordelière qui entoure le panneau du premier étage. Les poteaux verticaux ont une baguette décorée d’un ou plusieurs motifs : écailles, torsades, bagues, petits crochets. Sur la façade de la maison au n° 56 rue de la Vau Saint-Jacques, le départ de chaque baguette et de la cordelière est traité comme une véritable base composée de trois tores, ou de deux baguettes ou filets qui ont la largeur du poteau. Par dessus est sculpté un motif toujours différent : un peson (?), une tête à barbe bifide, deux têtes humaines de profil et se faisant face, etc.. Le niveau de comble possède une tête barbue sculptée à la base d’un balustre tourné. Aux deux niveaux, l’appui de la croisée est orné d’une cordelière, d’une tige dessinant un rinceau avec des feuilles, peut-être avec un animal sur la façade du 15 rue de la Vau Saint-Jacques, à gauche. Au centre, l’appui possède un écusson lisse au 15 et avec un dessin non identifié au 56.

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Parthenay, 56 rue de la Vau Saint-Jacques.  Maison à pans de bois inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 13/07/1926.
Le rez-de-chaussée possédait une boutique qui a disparue. La façade possède deux encorbellements simples sur solives. Le décor est de style seconde Renaissance. Toutefois la date précise de construction de cette maison est inconnue.
La façade a été récemment restaurée.

La plaque sculptée placée entre la croisée centrale et la demi-croisée est l’élément principal du décor de la maison sise 56 rue de la Vau Saint-Jacques. Large d’une trentaine de centimètres, elle porte un ensemble de quatre bas-reliefs disposés dans un double rinceau. Le motif du haut est un oiseau à deux pattes et à deux têtes (deux coqs ? ). Ensuite vient un visage humain de profil, puis un visage de face (qui semble casqué). Enfin le quatrième, bûché, semble être une grappe de raisin ou une fleur de lys.
Existe-t-il une sculpture avec laquelle on pourrait la comparer ? De la Renaissance, Parthenay ne conserve que ces maisons. Autours de la Ville, peu de châteaux ont été bâtis par les nouveaux mécènes, comme à Oiron qui est à 40 km environ. D'où viennent les sculpteurs de ces maisons ? Qui les ont fait venir ?

 

3- Le colombage

Comparés aux maisons d’autres villes, les pans de bois de Parthenay sont très simples : croix de Saint- André de part et d’autre de la croisée, décharges aux extrémités des étages, poteaux verticaux rapprochés. De plus la différence gothique-Renaissance ne concerne que le décor. Le surplomb est resté le même tout au long de la période. Certaines villes, comme Vannes, ont ce même caractère, mais avec un autre type de surplomb : par exemple, le surplomb sur poteaux élargis à Bourges. Et si on ne voit actuellement qu'un seul type de surplomb, ce peut être à la suite d’un incendie comme à Bourges. Ainsi, dans les villes qui ont conservé des maisons à pans de bois de plusieurs époques, on remarque toujours une évolution de la structure et du décor. Or à Parthenay en dehors de deux grandes périodes pour le décor, nous n’avons pu trouver de différence chronologique pour l'architecture.

Le pan de bois de Parthenay est très peu décoratif en lui-même2. Le hourdis de brique pourrait créer un décor original. Par exemple entre deux poteaux verticaux, des briques disposées en biais forment le motif en arêtes de poissons. Il n’en est rien à Parthenay alors qu’à quinze kilomêtres au nord, à Saint-Loup-Lamairé, on l’observe sur plusieurs habitations. Des régions comme la Sologne, ont développé ce décor alors que d’autres zones ne l'ont pas fait parce qu’un enduit cachait les briques. Est-ce que le hourdis de brique était enduit d’un lait de chaux à Parthenay ? A-t-on eu un premier hourdis en torchis, puis un remplacement par la brique, ou bien des briques dès la construction ?

Les seuls colombages décoratifs de Parthenay sont ceux des deux maisons Renaissance. Ils se composent de petites croix de Saint-André disposées en deux registres et sur les allèges. A Vannes, Albert Degez appelle ces croix des "menues croisées" qui sont placées uniquement "dans la partie basse, en allège, où elles forment une suite continue", et elles donc rien à voir avec celles de Parthenay (DEGEZ 1980, p. 33). A Tours, par contre, on retrouve la même organisation des croix de Saint-André et des baies qu’à Parthenay (AQUILLON, TOULIER 1980, p. 70-71). Cet exemple est également daté de la Renaissance.

Par ailleurs il est important de noter que le type de surplomb de Parthenay, c'est-à-dire simple sur solives, ne fournit pas les mêmes emplacements pour le décor que le surplomb sur poteaux élargis qui est courant dans l’Ouest (poteaux ornés de personnages, entretoise avec des engoulants, etc.). 

 

IV- LES PROBLEMATIQUES

Les recherches actuelles abordent principalement la question de la datation des maisons à pans de bois.

Les archives sont quasi absentes car le bâtiment qui les abritait a brûlé au début du siècle. Les actes notariés qui sont conservés, très peu nombreux, remontent au XVIIe siècle. On sait comment était distribuée la maison. La rue de la Vau Saint-Jacques était occupée par des tisserands et des marchands. On le voit encore aujourd’hui, le rez-de-chaussée était percé d’un étal. Les métiers à tisser étaient sous les combles. Ces actes ne nous disent rien sur la date de construction ou sur des réparations.

La dendrochronologie pourrait répondre à ces questions. Le chercheur qui voudra y travailler, se heurtera à quelques difficultés. La principale est l’absence de courbes de référence locales et régionales qui soit publiées. Une courbe de la région Aquitaine existe, de même pour la Bretagne, mais il n'est pas sûr qu'elles puissent être utilisées pour Parthenay. La constitution d’un référentiel demande plusieurs années de travail.

La troisième méthode de datation est l’archéologie. Elle fournit des dates moins précises que les deux précédentes méthodes, mais avec des informations complémentaires : objets de la vie courante, outils, restes de l’activité artisanale, traces de bâtiment, etc… Au cours de l’été 1999, deux parcelles à l’angle des rues de la Vau Saint-Jacques et Moque Souris, ont été fouillées par le service patrimoine de la Ville. Cette fouille a mis au jour une succession de construction et de reprises architecturales. Deux maisons à pans de bois apparaissent sur des cartes postales du début du siècle. Démolies depuis, leurs murs sont apparus ainsi que les petites cours qui se trouvaient derrière. Un caniveau qui passent sous les murs de l’une d’entre elles, évacue les eaux de ruissellement dans le caniveau de la rue de la Vau Saint-Jacques. Un puits, en fond de parcelle, a été découvert. Il est piriforme et maçonné. Il doit atteindre le rocher granitique, comme les autres puits du quartier. (Des images de ces fouilles sont sur le site du service patrimoine.)

En conclusion, la datation des maisons à pans de bois s’appuie aujourd’hui uniquement sur le décor sculpté. Aucune différence architecturale n’a pu être décelée entre la période gothique et la période Renaissance. La fourchette chronologique est ainsi très large. Une datation fine et précise ferait faire un grand pas à la recherche sur la construction privée à Parthenay.

 

Une deuxième problématique concerne les influences architecturales. La vallée du Thouet, avec les ville de Thouars, Airvault, Saint-Loup-sur-Thouet et Parthenay, forment un ensemble bien conservé qu’il serait intéressant d’étudier dans cette optique. Des charpentiers des villes du Val de Loire sont-ils venus ? Un seigneur local a-t-il donné "exemple" ? Ou faut-il chercher du côté de la capitale du Poitou ? Cette étude ne pourra être réalisée que le jour où l’habitat médiéval de toutes ces villes sera bien connu et daté.

 

 

BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE

 

AQUILLON, P., TOULIER, B., MABIRE-LACAILLE, C., Architecture civile à Tours des origines à la Renaissance, Exposition à l'Hôtel Gouin, Tours, 1980, Mémoires de la Société Archéologique de Touraine, 1980, t. 10.

CROZET, R., "Recherches sur les maisons anciennes de Parthenay", Revue du Bas Poitou, 1968, t. LXXIX, p. 1-13.

GARRIGOU GRANDCHAMP, P. Demeures médiévales, Paris, 1994, 2e édi.

GUILLAUME, J., TOULIER, B., "Tissu urbain et types de demeures, le cas de Tours", dans La maison de ville à la Renaissance, Paris, 1983, p. 9-23.

PESEZ, J.-M., "Le bois dans les constructions de la ville médiévale : les questions", dans BIGET, J.L., BOISSIERE, J., HERVE, J.C., Le bois et la ville du Moyen Age au XXe siècle (colloque à Saint-Cloud, 1988), Fontenay-Saint-Cloud, 1991, p. 195-202.

TOULIER, B., "La maison à pans de bois aux XVe et XVIe siècles dans quelques villes du Val de Loire et de Berry", dans BIGET, J.-L., BOISSIERE, J., HERVE, J.C., Le bois et la ville du Moyen Age au XXe siècle (colloque à Saint-Cloud, 1988), Fontenay-Saint-Cloud, 1991, p. 203-222.

 

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NOTES

1 Lorsque la pièce mesure 10 m de longueur, le gain de superficie n’est donc pas très important.

2 Ces pans de bois peuvent avoir été démontés et remontés différemment. Toutefois nous utiliserons les exemples actuels qui sont assez homogènes.


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