LA MAISON AU MOYEN ÂGE
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Groupe de travail
RÉPERTOIRE GÉOGRAPHIQUE
FRANCE ~ DEUX-SÈVRES ~ PARTHENAY
Bibliographie séléctionnée ~ Les maisons à pans de bois de Parthenay ~
Site de la Ville de Parthenay : http://www.district-parthenay.fr/sommaire.htm
Notice sur la ville de Parthenay
par Isabelle NAULEAU
NAULEAUIs@DISTRICT-PARTHENAY.FR
avril 1999
Entre Haut et Bas-Poitou, au centre dun petit pays appelé la Gâtine, terre de granit et de forêts irriguée de nombreux cours d'eau, Parthenay sest développée sur un éperon rocheux défendu naturellement, au Nord, par une boucle du Thouet.
Les environs sont occupés dès la période néolithique, comme l'indiquent un certain nombre de découvertes archéologiques faites au XIXe siècle : des silex taillés, des haches polies, une hache à talon en bronze. Mais le site même de Parthenay n'a livré à ce jour aucune trace probante d'occupation avant le Moyen-Âge. Il reste à l'écart des voies romaines qui traversent la Gâtine, la route Nantes-Poitiers près de Gourgé (où un gué facilitait la traversée du Thouet) et la route Nantes-Rom près de Secondigny.
Un castrum vers lan mil
Parthenay est lune des nombreuses châtellenies qui apparaissent vers l'an mil, en dehors des anciennes circonscriptions carolingiennes du comté de Poitou. Son histoire est liée dès lorigine à celle de son château. Joscelin Ier de Parthenay et le castrum du même nom sont mentionnés pour la première fois en 10121.
Des structures d'habitat (fonds de cabanes) ont pu être relevées sur les bords du Thouet, correspondant peut-être à un premier aménagement des berges dès cette époque2.
L'église Saint-Laurent semble être lédifice religieux le plus ancien de Parthenay. Elle possédait une élévation de type basilical, très rare dans notre région et une tour-porche semblable à celles que lon trouve en construction dans le Poitou jusque vers 10803. L'existence de la collégiale Sainte-Croix est attestée au XIe siècle par la mention d'un chanoine dans une charte datée de 10904.À la fin du XIe siècle, les seigneurs de Parthenay sont tout puissants en Gâtine et participent au développement des bourgs et à la mise en culture des terres autour des châteaux et des églises quils ont fondés. À travers des concessions et des exemptions, ils favorisent l'établissement de prieurés avec la volonté souvent explicite dans les chartes de favoriser la création d'un bourg. C'est ainsi que sont fondés l'église Saint-Paul et son faubourg à l'Ouest de la ville, vers 1070, et l'église Saint-Pierre au Sud5.
Parthenay est située sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, qui traverse la ville du Nord au Sud. Le souvenir du passage des pèlerins, nombreux dès le XIIe siècle, est encore très présent dans le paysage urbain. À lentrée du faubourg Saint-Jacques, ils étaient accueillis dans la Maison-Dieu du bourg de Châtillon, ou prieuré de la Madeleine. Avant dentrer dans la ville, ils pouvaient se recueillir dans léglise romane Saint-Jacques. La fondation de ces deux édifices est attribuée à Guillaume IV, seigneur de Parthenay, vers 1170.
Une place-forte du roi dAngleterre en Poitou (XIIIe siècle)
Cest probablement au début du XIIIe siècle quest édifié lensemble des murailles de la ville et du château, avec laide directe du roi dAngleterre. Seule lintervention de ce dernier peut expliquer la construction des trois lignes de fortifications, dont lampleur et larchitecture dépassent largement les possibilités financières des seigneurs de Parthenay.
Les textes mentionnent sans ambiguïté les différents subsides qui sont accordés par les rois dAngleterre à leur vassal de Gâtine « pour la fortification de ses châteaux », en 1202 et 1227 notamment6. La conception des fortifications dotées darchères à niches, et la qualité des vestiges conservés, font du site une des constructions majeures des Plantagenêt dans lOuest de la France.L'enceinte qui enserre encore la ville médiévale se développe sur près de 3 km. Au Nord et à l'Ouest, la muraille épouse simplement le contour du plateau rocheux sur lequel elle est assise, et na subi dautre altération que celle provoquée par son abandon (ruine, végétation). À lEst et au Sud, elle a été systématiquement rasée ou enveloppée par des maisons, au XIXe siècle, enserrée par les grands boulevards qui empruntent très exactement le tracé des anciens fossés. Là où elle existe encore en élévation, lenceinte de ville se présente comme une muraille de granit défendue régulièrement par des tours rondes. Sur le front Est, elle intègre le chevet de l'église Saint-Jean (citée dès le XIe siècle). Elle était percée de quatre portes. Seule subsiste la porte Saint-Jacques au Nord.
Les habitants de Parthenay appellent, depuis le
XVIIe siècle, « la citadelle » la seconde enceinte flanquée circonscrite dans la partie haute de la ville. Il sagit en fait de lextrémité de léperon rocheux qui porte lagglomération de Parthenay. Il est barré par une muraille percée dune porte, dont larchitecture est comparable à celle de la porte Saint-Jacques. Ce quartier na jamais été véritablement loti. Il renfermait autrefois des halles, la collégiale Sainte-Croix et léglise Notre-Dame de la Couldre (siège de larchiprêtré), près du château. Il sagit probablement du centre politique et religieux de la ville, placé sous la domination directe des seigneurs de Parthenay.Le château est isolé de la citadelle par des fossés très profonds, taillés dans le granit. Son plan triangulaire irrégulier reflète deux préoccupations : ladaptation aux contraintes topographiques et la recherche dun flanquement régulier. La muraille était à lorigine défendue par trois grosses tours rondes aux angles du château. Dotées de salles à archères, elles flanquaient les abords du site, selon des principes défensifs qui se développent dans les années 1200. Quelques ouvrages moins importants complétaient le système défensif.
Dès le milieu du
XIIIe siècle, des Cordeliers sinstallent à Parthenay, à l'Est de lenceinte urbaine. Le choix de leur implantation nest pas fortuit : les Franciscains sinstallent au cur du quartier juif de la ville (cité dans les textes dès le début du XIIIe siècle). C'est la dernière grande construction gothique conservée à Parthenay (les deux premières travées et les bâtiments conventuels ont disparu). Cette chapelle est dotée un siècle plus tard dun nouveau chur, où sont aménagés et décorés quatre enfeus. Les travaux de restauration ont nécessité une opération archéologique qui a permis de mettre au jour une cinquantaine de fosses sépulcrales.Deux autres fondations religieuses sont attestées en dehors de la ville. Au-delà du faubourg du Marchioux, sélève la chapelle Sainte-Catherine et sa maladrerie, et au-delà du faubourg Saint-Paul, on construit la chapelle de Notre Dame des Vertus (siège de la confrérie du Rosaire au
XVIIe siècle) qui avait la particularité dêtre orientée Nord-Sud.Parthenay au XVe siècle : la ville dArthur de Richemont
En 1427, Arthur de Richemont, connétable de France et futur duc de Bretagne, prend possession de la ville. La puissance de ce seigneur, qui sopposa un temps au roi de France, et son expérience de la guerre, expliquent la construction à Parthenay douvrages défensifs tout à fait novateurs, adaptés à lusage de lartillerie.
La période de prospérité que connaît Parthenay sous le contrôle dArthur de Richemont, au milieu du
XVe siècle, ne se traduit pas seulement par la reconstruction du château. En 1442, Arthur de Richemont mentionne des travaux à effectuer « aux château, halles, moulins, chaussées, étangs, maisons de la ville et châtellenie »7. On peut lui attribuer la remise en état dun grand nombre dédifices.Cette période est marquée par ailleurs par la construction, ou la reconstruction, dun grand nombre de maisons dans la ville. Parthenay conserve en effet des constructions civiles, à pans de bois, ou en granit, que le style permet de dater des années 1450. Une description contemporaine de la ville nous indique que le tissu urbain est désormais fixé
8.Les tisserands du quartier Saint-Jacques
Parthenay développe un artisanat textile qui dépasse le simple cadre local dès la fin du
XIe siècle. En 1076, des pièces de drap « qui dicitur de Partiniaco » sont citées à Saint-Jean d'Angély9. Au cours du XIIe siècle, les mêmes marchandises sont soumises à une taxe, sur la Loire, au Pont de Cé, et sont exportées vers le nord de la France, voire vers les Flandres.Le travail des tisserands s'est développé au bord du Thouet, dans le quartier Saint-Jacques. On y cultive des plantes tinctoriales, telles que la guède, et c'est encore là que sont rassemblés les ateliers des tisserands.
Au
XVe siècle, Parthenay est un centre économique important, où lessentiel de lactivité commerciale est concentré intra-muros, en particulier le long de la rue de la Vau Saint-Jacques, où lon voit encore les traces de boutiques sur les façades des maisons à pan de bois.La plupart ont été bâties pour des artisans ou des marchands de toile comme au n° 54 rue de la Vau Saint-Jacques (une navette de tisserand est sculptée sur la façade). La boutique, avec son étal, occupe le rez-de-chaussée. Un escalier droit placé le long du mur mitoyen donne accès au premier étage. Cest là que réside la famille, dans une ou deux pièces, avec une cheminée et un évier. Un second escalier droit, placé au-dessus du premier, permet laccès au grenier qui était un lieu de stockage.
Une autre activité artisanale est née de la rivière : les tanneries et les moulins à tan du quartier Saint-Paul sont cités en 1450.
Le commerce dans la ville haute
Le commerce du sel est important à Parthenay car les habitants de cette ville sont exonérés de la gabelle. Ils échangent leur sel contre des produits manufacturés
10. Les rues de la Petite Saulnerie et de la Grande Saulnerie témoignent encore de cette activité commerciale.
La place des Bancs est lun des autres pôles commerciaux de la ville. Elle est mentionnée dès 1281. On y trouve essentiellement les boucheries.La ville à lépoque moderne
À la suite de la mort dArthur de Richemont, la famille des Dunois-Longueville, de 1458 à 1641, puis La Meilleraie, portèrent un intérêt très relatif aux domaines de Parthenay et déléguèrent la plupart de leurs pouvoirs. La ville ne connu pas de grand bouleversement jusquau début du
XIXe siècle. À partir de cette époque, de grands travaux durbanisme vont modifier la physionomie de la ville sans toutefois faire table rase de la ville médiévale. Parthenay va sétendre hors de ses murs avec la construction de la gare à lest de la ville.____________________________________
NOTES
1- LABBE, le père P., 1657, t. II, p. 185.
2-Maison des cultures de pays, ville de Parthenay, Sauvetage programmé, Mars-Juin 1990.
3- BEJA, T., Léglise Saint-Laurent de Parthenay (Deux-Sèvres), Université de Poitiers, Mémoire de maîtrise dirigé par M.-T. Camus, 1996.
4- NICOLET, S., L'églises Sainte-Croix de Parthenay (Deux-Sèvres), Université de Poitiers, mémoire de maîtrise dirigé par M.-T. Camus, 1997.
5- PIGEAU, C., Léglise Saint-Pierre de Parthenay-le-Vieux (Deux-Sèvres), Université de Poitiers, mémoire de maîtrise dirigé par M.-T. Camus, 1994.
6- Lettre citée par SHIRLEY (Rév. W.W.), Royal and other historical letters illustrative of the reign of Henry III, vol. I, (1216-1235), London, 1862, p. 202.
7- Archives Nationales, R1 192. Lettre du 2 Mai 1442 que Richemont adresse à son receveur Marc le Marçon.
8- Bibliothèque municipale de Poitiers, fonds Bélisaire Ledain (manuscrit non inventorié).
9- BESLY, J., Histoire des Comtes de Poictou et ducs de Guyenne, Paris, 1647, p. 363.
10- LEDAIN, B., Mémoire présenté au roi (lauteur cite les archives communales de Poitiers, reg. 11, liasse 42, copie du XVe siècle), dans Annales Historiques du Poitou, t. II, 1873, p. 260.
BEECH, Georges, « Une société rurale dans la France du Moyen-Âge. La Gâtine poitevine aux XIe et XIIe », Les Cahiers de la Recherche en Gâtine, tome 3, novembre 1997 (1ère édition en 1964).
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LEDAIN, Bélisaire, La Gâtine historique et Monumentale, Niort, Clouzot, 1877.
NAULEAU, Isabelle, Lîlot Saint-Jacques et les maisons des XVe et XVIe siècles de Parthenay (Deux-Sèvres), université de Poitiers, mémoire de maîtrise dirigé par N. Dieudonné-Glad, 1995.
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