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Mémoires
de la Société Archéologique
du Midi de la France

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Tome LVI (1996)



LES FOURS DE POTIERS DU Ier SIÈCLE AV. J.-C.
À ANCELY (Commune de Toulouse)
 
 

par Georges BACCRABÈRE *

 


    Cette édition électronique respecte la mise en page de l'édition imprimée des Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LVI, 1996, dont nous indiquons la pagination.

Résumés en ...


M.S.A.M.F., T. LVI, page 11

 

    Le site d’Ancely, riche d’une présence toulousaine passée, s’appelait autrefois Saint-Michel-du-Touch. Ce quartier, situé à la jonction de la Garonne et de son affluent le Touch au nord-ouest de la ville, a livré une aire importante de structures de potiers. Découvertes lors de la construction d’un ensemble résidentiel, de 1964 à 1968, elles sont au nombre de dix (1) et datent du Ier siècle av. J.-C.
    Nous les étudierons selon leur ordre de découverte.
 

Four I

Situation et description

    Cette structure est aperçue, en novembre 1964, en Ardenne haute, lors de l’aménagement effectué pour un passage de camions. Elle se situe légèrement à l’angle est de l’avenue des Arènes-Romaines et au sud de l’ancien chemin de Casselardit (fig. 1).
    Ce four se compose de deux éléments principaux : le foyer et l’aire de chauffe (fig. 2) (2). Mais la majeure partie de sa structure a disparu avant la fouille (3). La chambre de chauffe, de forme circulaire et orientée nord-ouest (330° environ), a été échancrée par le bulldozer (fig. 2, a). Sur la paroi d’origine, il ne reste qu’un témoin d’argile brûlée à l’est. Cependant, le four possède des éléments de murets de soutènement de la sole et les supports de l’alandier. Contre ce dernier, nous remarquons, dans le sol, une saignée transversale ou rigole probablement destinée à recueillir l’eau de ruissellement. La chaufferie ou aire de chauffe d’allure ovalaire se termine par une rampe en pente douce jusqu’à la surface. L’ensemble de la structure (long. approximative : 4,50 m, larg. : 1,90 m, prof. : 0,60 m au niveau du radier de la chambre de chauffe) repose sur le cailloutis (fig. 2, b).

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    * Communication présentée le 7 novembre 1996, cf. infra « Bulletin de l’année académique 1995-1996 », p. 281. Nous ne donnons ici que les principaux résultats de ces fouilles. Le manuscrit de l’étude complète, comprenant en particulier la description des vestiges fauniques due à F. Crouzel et celle du matériel céramique, est déposé à la Société Archéologique du Midi de la France où il peut être consulté.

    1. Toutefois, le four VII est une construction destinée à la chaux, datant probablement du Bas Empire et située au nord de l’immeuble I ; aussi nous contenterons-nous présentement de la mentionner.
    2. Pour les termes techniques et les descriptions des fours, nous nous inspirons particulièrement des études suivantes : A. Vernhet, « Un four de la Graufesenque (Aveyron) : la cuisson des vases sigillés », Gallia, t. 39, 1981, p. 25-43 passim, p. 27, note 2 ; F. le Ny, « Les fours des tuiliers gallo-romains, méthodologie, étude technologique, typologie et statistiques, chronologie », Documents d’Archéologie française, 12, 1988, 142 pages.
    3. Ont participé à cette fouille Mlles Berdin, A. Izard, Lasserre et MM. G. Baccrabère, F. Izard, C. et J.-M. Lassure et A. Marigo. Nous exprimons également notre vive gratitude à Mme N. Tellier et M. P. Gavoille. Toutefois, l’ensemble de cette étude a surtout été réalisé grâce à l’aide de M. G. Villeval. Qu’il en soit vivement remercié.


M.S.A.M.F., T. LVI, page 12
 

FIG. 1. PLAN DE SITUATION DES FOURS.
1. Avenue des Arènes-Romaines. - 2. Ancien chemin de Casselardit. - 3. Le Touch. - 4. La Garonne. - 5. Avenue de Casselardit. - 6. Amphithéâtre. - 7. Ardenne Haute (plateau). - 8. Ardenne Basse (niveau alluvial)
.


M.S.A.M.F., T. LVI, page 13

Éléments de structure

    Malgré l’état de démolition très avancé du four, le remplissage conserve de nombreux nodules de terre plus ou moins cuite. Ceux-ci semblent appartenir à des parois de la chambre de chauffe ou de la sole, ainsi qu’à divers aménagements le constituant. Relevons, entre autres, des fragments d’amphores de type gréco-italique (fig. 2,c) et des estampilles (fig. 2, d, e).

Essai de datation

    La céramique de la structure étudiée est particulièrement abondante. Aussi nous permet-elle d’énoncer quelques jalons chronologiques.
    Les fragments de céramique commune, et particulièrement les urnes peignées, laissent supposer une poterie datant du Ier siècle av. J.-C. En effet, les décors toulousains se rapprochent de peignages trouvés dans la région comme, par exemple, à la Lagaste dans l’Aude (4).
    La poterie d’importation telle qu’entre autres, la campanienne A peut permettre de préciser davantage cette chronologie. En effet, les lèvres des coupes avec filets peints à l’intérieur peuvent convenir, grosso modo, au premier tiers du Ier siècle av. J.-C. (5). Enfin, l’arrêt des importations de la campanienne A semblerait se situer, selon l’affirmation de certains auteurs, aux environs des années 50/40 av. J.-C. (6). Toutefois, une remarque semble s’imposer au sujet de la précédente donnée chronologique. Celle-ci concerne l’abondance de la céramique de couleur brune, marron ou rougeâtre, comme les ovoïdes en général. Il s’agirait d’une poterie comparativement plus tardive que dans certaines productions, par exemple dans les puits funéraires situés au sud de la cité toulousaine (7). Dans ces gisements, la céramique de tradition indigène présenterait une proportion d’éléments gris ou noirs plus importants et donc peut-être relativement antérieurs. Quoi qu’il en soit, à la lumière de l’ensemble des précédentes données, il est raisonnable d’admettre que la structure étudiée appartiendrait aux alentours de la première moitié du siècle avant l’ère.

Fours II et III

Situation et description

    En janvier et février 1965, le long de l’avenue des Arènes romaines, entre le gisement précédemment étudié et l’amphithéâtre, nous remarquons, avec G. Simonnet, dans cette partie méridionale de l’Ardenne Haute (8), une poche de terre noire avec de la céramique (fig. 1).
    La chambre de chauffe du premier four (II), de forme probablement circulaire et orientée nord-nord-ouest (15°), est sectionnée au nord, dans sa partie avant, par un engin mécanique (fig. 3, a). La partie découverte de la structure aperçue avait une longueur de 1,25 m environ. Les parois, légèrement verticales au départ et obliques vers le fond, sont revêtues d’une couche d’argile cuite de couleur marron. Le fond, à 0,65 m du niveau du sol, repose sur le cailloutis rougi par l’action du feu. Dans le prolongement, au sud, nous avons l’alandier et plus loin la chaufferie, de forme probablement ovale. Ses parois ne possèdent pas de terre brûlée. Cette aire a été amputée, sur les deux tiers environ (9), à cause de la présence d’un autre four plus important. Reste enfin, au niveau de l’aire de chauffe, la présence d’une rigole perpendiculaire creusée dans le sol et destinée à recevoir les eaux de ruissellement ou d’infiltration.
    Le four III (pl. 1 en haut, fig. 3, b), situé au sud-ouest et orienté est-nord-est (65° environ ; longueur de l’ouvrage : 3,30 m environ), possède un foyer creusé, comme nous venons de le préciser, dans la chaufferie du four II. Cette partie antérieure, d’environ 1,20 m de diamètre et 0,70 m de profondeur, est circulaire et de diamètre légèrement

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    4. G. RANCOULE, « Ateliers de potiers indigène au  Ier siècle av. J.-C. », Revue archéologique de Narbonnaise, t. 3, 1970, p. 46, fig. 14.
    5. Y. SOLIER, « Les épaves de Gruissan (l’épave du grand Bassin B) », Archaeonautica, 3, 1981, p. 64, fig. 22, nos 6 et 7, et p. 85.
    6. J.-P. MOREL, « À propos des céramiques campaniennes de France et d’Espagne », Journées d’Études de Montpellier sur la céramique campanienne (17 au 18 décembre 1977), Revue de la Fédération Archéologique de l’Hérault, 1, 1978, p. 161.
    7. G. BACCRABÈRE, « Les puits et les fosses funéraires toulousains de Saint-Roch des IIe et  Ier siècles av. J.-C. », M.S.A.M.F., t. 53, 1993, p. 105.
    8. Au nord de la substruction V et à l’est de l’allée des Cévennes, cf. G. BACCRABÈRE, « Le sanctuaire antique d’Ancely (commune de Toulouse) », Supplément au Bull. de Litt. ecclésiastique, Chronique n° 1, 1988, p. 243.
    9. Largeur aperçue : 0,90 m ; profondeur : 0,56 m environ. Cette disposition générale pourrait rappeler le four présenté par G. RANCOULE, art. cit., p. 40, fig. 7, four 3.


M.S.A.M.F., T. LVI, page 14

 

FIG. 2. FOUR  I.
a. Plan. - b. Coupe. - c. Lèvre d’amphore. - d. - e. Estampilles.
1. Structure et paroi. - 2. Terre végétale. - 3. Cailloutis.


M.S.A.M.F., T. LVI, page 15
 

supérieur. Les parois sont tapissées d’une couche d’argile brûlée. Le fond, également recouvert de terre rouge, possède au centre un pilier relativement circulaire (diam. : 0,33-0,34 m), dont il ne reste que la partie inférieure (fig. 3, d). Entre ce pilier et la paroi latérale, nous remarquons, tout autour, un vide constituant l’un des éléments de la chambre de chauffe. Le côté ouest du four communique avec l’alandier, ce dernier faisant penser à un passage. Il est creusé, à une profondeur de 0,65 m, légèrement en arc de cercle, dans le cailloutis et la terre végétale (fig. 3, e). L’intérieur se trouve plaqué d’argile cuite fortement rougie et même noircie par le feu. La chaufferie, de forme ovalaire et située dans le prolongement de l’axe de la chambre de chauffe (long. : 1,85 m ; larg. : 1,25 m ; prof. maxi. : 0,65 m environ), est creusée dans la terre végétale et le cailloutis de couleur rouge (fig. 3, c). Elle se poursuit au sud-ouest par une légère montée facilitant l’accès à la structure. Ce dernier élément traverse un gisement néolithique, probablement un fond de cabane (fig. 3, b et e).

Éléments de structure

   Plusieurs gros fragments, probablement de poutrelles (10), semblent se rattacher à l’armature de la sole. Nous distinguons deux types de formes : les morceaux à section rectangulaire et les fragments de type hémisphérique. Les premiers sont au nombre de 4. L’un d’entre eux, entier mais cassé en deux, s’amenuise légèrement aux extrémités (fig. 3, f). Les seconds présentent 2 exemplaires. Le plus important est également brisé en deux parties (fig. 3, g). Nous relevons deux restes de briques assez grossières, provenant probablement de l’armature du foyer. Enfin mentionnons, entre autres, des lèvres de jarres (fig. 3, h, i).

Essai de datation

   Nous n’avons pas remarqué de poterie d’importation. Quant au reste de la céramique, il s’agit du même type de matériel que dans le four I. Les fours II et III sont vraisemblablement de la même époque que l’excavation I, c’est-à-dire au moins des environs de la moitié du Ier siècle av. J. -C. Toutefois, la structure II précéderait la construction III, puisque cette dernière est bâtie dans l’aire de chauffe du four II.

PL. 1. EN HAUT : FOURS DE POTIER II et III EN COURS DE FOUILLES, vue d’ensemble ; gros plans du four III ; en haut dans l’angle à gauche, vestige du four II ;
EN BAS : four IV, en cours de fouille. Au 1er plan, aire de chauffe ; à gauche en haut, chambre de chauffe avec pilier.

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    10. G. MANIÈRE, « Les fours de potiers gaulois de Saint-Cizy et leur production aux Aquae Siccae, Cazères (Haute-Garonne) », Gallia, t. 36, 1978, p. 25.


M.S.A.M.F., T. LVI, page 16

 

FIG. 3. FOURS II - III.
a. Plan four II. - b. Plan four III. - c. Coupes des deux fours. - d. Chambre de chauffe du four III (coupe AB).
e. Alandier du four III(coupe CD). f, g. Armatures de la sole. - h, i. lèvres de jarres.
1. Structure et paroi. - 2. Terre végétale. - 3. Couche néolithique. - 4. Cailloutis.


M.S.A.M.F., T. LVI, page 1

Four IV

Situation et description

    Cette cavité est découverte en avril 1966, en Ardenne Haute, au sud de l’aire située près de l’immeuble H (approx. à la jonction sud-ouest des bâtiments H2 et H3 (11), en bordure de l’avenue de Casselardit (fig. 1).
    La chambre de chauffe, de forme circulaire (diam. : 1,10 m), présente tout autour de la paroi deux couches de terre glaise brûlée, l’une marron et l’autre rouge d’une épaisseur de 0,02 m chacune (fig. 4, a). Creusée dans le sol, elle possède une paroi pénétrant légèrement dans le cailloutis à une profondeur totale de 1,35 m (fig. 4, c), avec une pente vers la chaufferie qui atteint 0,07 m à l’extrémité de l’aire de chauffe. Au centre du four devait se trouver un pilier supportant les éléments de la sole. Une pierre (long. : 0,29 m, diam. maxi. : 0,24 m), d’allure circulaire et couchée est remarquée sur le radier (fig. 4, a). L’alandier, au sud-ouest, est constitué par un couloir (long. : 0,35 m, larg. : 0,50 m ; hauteur : 0,40 m), sorte de pont ou voûte (fig. 4, b). La paroi intérieure possède une couche de terre glaise brûlée. L’aire de chauffe, (long. : 1,35 m ; larg. maximale : 0,85 m), aux côtés légèrement dissymétriques et de forme ovale (fig. 4, d), pénètre dans le cailloutis sur environ 0,30 m, puis remonte brusquement au sud-ouest (fig. 4, c). Au niveau du radier, nous avons surtout remarqué du charbon de bois.

Éléments de structure

    Nous relevons surtout un fragment d’armature, probablement de la sole, constitué par un « pain » d’argile dont la coupe possède une forme arrondie sur une face et légèrement concave sur l’autre (fig. 4, e). Nous avons également un morceau de marne rubéfiée provenant sans doute de la structure de la chambre de chauffe. Cette dernière structure a livré en outre des fragments de tegulae à rebords épais, comme dans le site de Vieille-Toulouse (12) (fig. 4, g) et d’imbrices (fig. 4, f) surcuits ; il peut s’agir d’une couverture ou d’une toiture effondrée.
 

 

   

PL. 2. EN HAUT : FOUR V, sole.
EN BAS : ossature de la sole.

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   11. Pour la situation des bâtiments, voir G. BACCRABÈRE, op. cit., p. 306 (fig. 57).
   12. G. BACCRABÈRE, « Habitat gallo-romain dans le Toulousain. À propos des réserves du Musée Archéologique de l’institut catholique », Supplément au Bull. de Litt. ecclésiastique, Chronique n° 1-2, 1983, p. 127, 129 (fig. 24).


M.S.A.M.F., T. LVI, page 18

 

FIG. 4. FOUR  IV.
a. Plan. - b. Forme intérieure de l’alandier (coupe A B). - c. Coupe du four. - d. Aire de chauffe (coupe C D).
e. Fragment de sole. - f. Imbrex. - g. Tegula.
1. Structure et paroi. - 2. Terre végétale. - 3. Charbon de bois. - 4. Cailloutis.


M.S.A.M.F., T. LVI, page 19

Essai de datation

   Sa céramique d’importation, telle que les fragments d’amphore gréco-italique, Dressel I B et Pascual I, permet de situer ce four dans une large période allant du IIIe siècle av. J.-C. jusqu’au quart du Ier siècle de notre ère (13). Toutefois, la poterie de type arétine préciserait cette chronologie. La structure pourrait en effet appartenir, soit à la fin du Ier siècle av. J.-C., soit au tout début du Ier siècle ap. J.-C. (14). En résumé, le four serait de l’époque augustéenne ou, mieux, des environs de notre ère.
 

Four V

Situation et description

    Cette structure, d’une longueur totale de 4,78 m, relevée en juillet 1966, se situe au sud du site, en Ardenne Haute (fig. 1), à l’endroit du pavillon 84 de l’allée des Cévennes. Elle est orientée au sud-ouest (230°).
    Son état de relative conservation permet de la décrire avec quelques détails. À la partie méridionale, la chambre de chauffe, de type circulaire (fig. 5, a), repose en grande partie sur le cailloutis. Au niveau de la sole, le diamètre semble être de 1,65 à 1,68 m ; la hauteur est de 1,28 m. Au niveau du radier, deux murets parallèles de soutènement sont séparés par un couloir (fig. 5, d). Ils sont composés de pierres blanches. Sur ces piliers repose, horizontalement, l’armature de la sole, essentiellement constituée de blocs de calcaire et de grès rouge (fig. 5, b). Ces derniers, d’assez bonne longueur, mais dont les dimensions peuvent varier (long. : 0,28-0,58 m ; larg. : 0,12-0,17 m) et parfois légèrement en tronc de cône, sont disposés en rayons convergents (fig. 5, c). Nous en avons relevé une dizaine. Leur base, plus volumineuse, prend appui dans la paroi latérale de la chambre de chauffe (pl. 2, en bas). Quelques fragments de brique, de céramique (tessons d’amphore), et, surtout, de terre argileuse comblent les interstices. Ils forment une plate-forme alors que la partie inférieure paraît voûtée. Cette sole, conservée en partie, est en outre perforée d’une bonne dizaine de carneaux (pl. 2, en haut), permettant la circulation de la chaleur de la chambre de chauffe vers le laboratoire. Il s’agit, le plus souvent, de petites ouvertures ovales et à parois verticales (long. : 0,10 m ; larg. : 0,07 m ; prof. : 0,19 à 0,20 m). Au niveau de ce plancher, nous avons remarqué des fragments d’argile rougie. Probablement doit-il s’agir d’éléments de voûte provenant de la partie supérieure dudit laboratoire. Le départ de cette voûte se remarque latéralement grâce à une épaisse couche d’argile en forme d’arc de cercle en élévation (fig. 5, b).
    À l’est, se trouve l’alandier. Il est constitué par un canal légèrement en pente d’environ 0,004 m par mètre, depuis l’extrémité de la chambre de chauffe. Les parois latérales du conduit et le radier sont essentiellement revêtues d’une première couche d’argile brûlée et d’une autre couche, couleur de terre rougie sur le cailloutis des côtés.
    La bouche de l’alandier donne accès à l’aire de chauffe avec une zone de terre argileuse particulièrement brûlée à l’entrée de la gueule (fig. 5, a). Le radier de la chaufferie remonte progressivement vers l’est en forme de légère courbe (approx. 0,03 m par mètre). Dans sa partie terminale, cette aire a été sectionnée en biais par une tranchée au niveau du mur du pavillon. Nous connaissons toutefois ses dimensions (long. : 2,30 m ; larg. maxi. : 1,62 m ; prof. : 1,10 m). Le sol, à la hauteur du cailloutis, est recouvert d’une épaisse couche de charbon de bois particulièrement dense dans la zone détruite.

Éléments de structure

    Nous avons un bloc de marbre en forme de colonnette et entouré d’une couche d’argile rubéfiée. Deux éléments jointifs forment une poutrelle de section hémisphérique, mais incomplète aux deux extrémités (long. conservée : 0,275 m ; larg. : 0,165 m). Nous avons enfin deux fragments de parois du four.
    Fait en outre partie de la structure du four, un fragment de panse d’ovoïde ayant servi de support à une poutrelle. De même, un pied d’amphore et deux lèvres d’amphores gréco-italiques sont utilisés comme appui ou soutien.

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   13. M. SCIALLONO, P. SIBELLA, Amphores. Comment les identifier ?, Aix-en-Provence, 1991, fiches 30, 33, 48.
    14. M. LABROUSSE, Toulouse antique, des origines à l’établissement des Wisigoths, Paris, 1968, p. 178, 180 ; Ch. GOUDINEAU, « La céramique arétine lisse », Fouilles de l’École Française à Bolsena, Paris, 1968, 4, p. 377.


M.S.A.M.F., T. LVI, page 20

 

FIG. 5. FOUR  V.
a. Vue de dessus (sole). - b. coupe. - c. Armature de la sole. - d. Chambre de chauffe (coupe A B).
1. Structure et paroi - 2. Terre végétale. - 3. Cailloutis. - 4. Sole et enduit argileux. - 5. Fragment de céramique. - 6. Carneau.
7. Périmètre de la zone brûlée à l’entrée de l’alandier. - 8. Charbon de bois. - 9. Tranchée.>
 


M.S.A.M.F., T. LVI, page 21 

Essai de datation

    La présente structure, avec ses éléments de récipients gréco-italiques et, surtout, de céramique campanienne A (coupes et coupelle) peut se rapprocher de l’époque du four I. Il est également loisible d’admettre, selon certains auteurs, que les importations de la campanienne A s’arrêtent aux environs des années 50/40 avant l’ère (15).
 

Four VI

Situation et description

    Cette structure est aperçue, en avril 1967, en Ardenne Haute, à l’extrémité sud de l’allée du Charolais. Elle se trouve à l’emplacement du mur mitoyen aux pavillons 26 et 27 et est orientée au nord-nord-est (15° environ). Une tranchée a sectionné dans sa longueur l’ensemble du four, foyer et aire de chauffe (fig. 6, a). Toutefois, la partie ouest de la structure a été particulièrement préservée.
    Le foyer présente une forme ovalaire (long. approximative 2 m ; larg. : 1,55 m). L’ensemble de la structure est aperçue sur 4,35 m, avec, dans la chambre de chauffe, le muret ouest en terre rouge très cuite et orienté nord-sud (long. vue : 0,76 m ; haut. : 0,40 m ; larg. remarquée : 0,12 m). L’armature de la sole se compose de poutrelles en grès rougeâtre, de pierres blanches et surtout de blocs de terre en forme de rondins. Ceux-ci, contrairement à ceux trouvés dans la sole de la structure V, semblent disposés côte à côte et parallèlement sur les piliers du centre.
    L’ensemble de la sole paraît légèrement incurvée pour remonter au niveau des parois latérales grâce à une couche de terre (fig. 6, b). Nous notons aussi que cette sole semble nettement circulaire (diam. : 1,75 m environ), alors que la chambre de chauffe est de forme ovale. Çà et là, en surface et sur les faces latérales, se remarquent quelques carneaux de 0,10 à 0,08 m de diamètre d’ouverture (pl. 3, en haut). Enfin, l’ensemble du foyer repose dans le cailloutis avec une couche de gravier rougi par le feu.
    Au sud, nous n’apercevons pas l’alandier, probablement disparu à la suite du tracé de la tranchée. Lui faisant suite, l’aire de chauffe de type ovalaire, vue sur une longueur de 1,60 m et 0,50 m seulement de large, semble se prolonger, en forme de « couloir », dans la partie méridionale afin de permettre un accès en pente.


 


PL. 3. EN HAUT : FOUR VI. Partie de la sole avec des carneaux, côté est.
EN BAS : FOUR VIII. fragment de muret de la chambre de chauffe.

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    15. J.-P. MOREL, art. cit., p. 161.


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FIG. 6. FOUR VI.
a. Vue de dessus (armature de la sole et carneaux). - b. Coupe avec la sole. c. Céramique indigène.
1. Structure et paroi. - 2. Terre végétale. - 3. Pilier. - 4. Périmètre de la sole. - 5. Sole. - 6. Carneau. - 7. Tranchée.


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Éléments de structure

    Ils sont essentiellement constitués par l’armature de la chambre de chauffe. Nous avons en premier lieu quatre fragments volumineux de poutrelles en argile mal cuite (0,24 x 0,145 x 0,085 m pour le plus important). Trois autres éléments de dimensions plus effilées présentent un aspect arrondi sur une face et plat sur l’autre. Un morceau important de marne dure, mais informe, a probablement fait partie du four (pilier central) ; (dimensions : 0,23 x 0,17 x 0,10 m). Enfin mentionnons une panse de vase cylindrique décoré d’une ligne de petits cercles (fig. 6, c).

Essai de datation

    La structure paraît nettement se rapprocher de la majorité des fours que nous avons décrits précédemment. La céramique indigène en particulier ressemble à celle trouvée, par exemple, dans les structures I et V. Somme toute, comme la plupart des constructions que nous venons d’étudier, ce four pourrait appartenir à la première moitié du Ier siècle avant notre ère ou aux environs de l’an 50 av. J.-C.
 

Four VIII

Situation et description

    Remarquée au début du mois de mars 1968, cette structure se situe à l’est en face du garage du pavillon 23 de l’allée du Charolais. Elle est orientée au nord-est (50° environ).
    Une tranchée creusée en biais pour le passage d’une canalisation de gaz a détruit la majeure partie de la chambre de chauffe (fig. 7, a). De forme probablement circulaire (diam. : 1,60 m environ), elle pénètre dans le cailloutis. Reposant sur une couche de gravier rouge, elle est recouverte d’une fine croûte noire en surface (fig. 7, c). Le radier n’est pas horizontal, mais présente une légère pente vers l’alandier (fig. 7, b). La paroi latérale forme un arrondi, de couleur également rouge, de cailloutis plus ou moins brûlé. À l’emplacement du pilier central, il reste une pierre (pl. 3, en bas), s’enfonçant dans le dit cailloutis en forme de pointe (haut. : 0,48 m ; larg. : 0,22 m et épais. : 0,12 m). La partie supérieure présente un léger arrondi. L’alandier aménagé dans le gravier possède un intrados (haut. : 0,39 m ; long. et larg. : 0,70 m) en anse de panier (fig. 7, d). Plus à l’ouest, l’aire de chauffe, sectionnée en biais pour le passage d’un tuyau d’eau, dessine un ovale d’une longueur de 2 m environ pour une largeur approximative de 1,40 m. Elle repose également dans le cailloutis, avec une zone très rougie près de la gueule. La pente de la chaufferie est fortement prononcée, d’environ 0,09 m pour un mètre, vers l’alandier. Ce dernier, au point le plus bas, côté chambre de chauffe, possède aussi un léger plat (long. 0,17 m ; larg. 0,13 m), lui permettant de recueillir l’eau d’infiltration et de ruissellement.

Éléments de structure

    Nous avons un bloc de marne dure légèrement surcuite (0,17 x 0,13 x 0,07 m) provenant de la chambre de chauffe ainsi que seize fragments relativement informes de terre plus ou moins cuite et ayant appartenu à la sole. De même, neuf autres morceaux aperçus dans l’aire de chauffe ont servi d’armature à ladite plate-forme.

Essai de datation

    Les éléments d’amphores gréco-italiques dont la plupart sont trouvés dans l’aire de chauffe permettraient de situer le four dans la période précédant l’ère. Un tesson de campanienne A, aperçu dans l’environnement de la structure, semblerait préciser cette époque et l’attribuer aux environs de la première moitié du Ier siècle av. J.-C.
 

Four IX

Situation et description

    Découverte en mai 1968, cette cavité se trouve en Ardenne Haute, devant l’entrée du garage du pavillon 18, allée du Charolais. La structure se trouve orientée à l’ouest (260° environ).


M.S.A.M.F., T. LVI, page 24

 

FIG. 7. FOUR  VIII.
a. Plan. - b. Coupe. - c. Chambre de chauffe (coupe AB). - d. Forme intérieure de l’alandier (coupe CD).
1. Structure et paroi. - 2. Terre végétale. - 3. Cailloutis. - 4. Tranchée. - 5. Sole.


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 Ce four, que nous avons relativement bien observé, se compose de l’ensemble de ses éléments (long. totale 5,25 m environ). La chambre de chauffe de type circulaire (diam. 1,80-1,85 m) (fig. 8, a) pénètre dans le cailloutis à une profondeur de 0,60 m. Du radier, le niveau du sol se trouve à 1,50 m de hauteur. Le dit radier et les parois sont brûlés par le feu. Ces dernières possèdent parfois plusieurs couches de terre glaise ou de recharges particulièrement intenses au nord et au sud. Contre le gravier, on distingue successivement une couche rouge (épais. : 0,025 m), au-dessus une couleur marron (0,03 m), enfin une zone noire (0,015 m). La partie située à proximité de l’alandier conserve des traces de feu formant une croûte. Sur l’ensemble du radier, nous remarquons une couche de charbon de bois. Nous notons en outre que les parois du foyer pénètrent légèrement en arrondi à l’intérieur du gravier, ce qui peut permettre une augmentation du volume de la chambre de chauffe, et donc augmenter l’intensité et l’efficacité du chauffage (fig. 8, b, c). Sur les côtés de la chambre de chauffe et en élévation, nous remarquons des appuis en forme de consoles. Il s’agit de cavités horizontales aménagées dans le sol où reposent les poutrelles de l’armature de la sole. À la partie médiane et dans le sens de l’alandier, se trouvent des piliers parallèles constitués de blocs de calcaire (pl. 4, en haut). Certains, au niveau du radier, pénètrent à l’intérieur du cailloutis et sont revêtus d’une pellicule de terre. La sole, d’une épaisseur moyenne de 0,10 m et dont nous ne connaissons que le côté est, est constituée de poutrelles de pierre. Toutefois, des éléments divers comme des fragments d’amphore, de meule ou de brique servent de consolidation pour cette plate-forme. Les interstices sont garnis de glaise. Quelques carneaux sont visibles le long de la paroi (pl. 4, en haut), espacés pour la plupart de 0,45 à 0,50 m.
    Il est particulièrement intéressant de noter, sur la paroi ouest de la chambre de chauffe, un tirage au niveau du radier. Il s’agit d’une cheminée percée en biais (long. : 0,20 m ; diam. : 0,05 m), avec un réduit d’aération horizontal (fig. 8, b) (long. : 0,70 m ; haut. : 0,10 m). Cette modification est probablement voulue pour accentuer le tirage au bas du foyer et permettre ainsi une meilleure répartition de la chaleur.
    Au côté opposé, se trouve l’alandier (long. et larg. extérieure : 0,60 m). Il est essentiellement constitué de deux pierres parallèles (dimensions : 0,60 x 0,21 x 0,15 x 0,21 m), parementées


 

PL. 4. EN HAUT : FOUR IX. Vue de la chambre de chauffe avec les murets ; éléments de la sole et carneaux ; fragments de brique (à droite).
EN BAS : FOUR X. Vue d’ensemble de l’aire de chauffe rectangulaire. Remarquer près de la mire, les trois cavités avec leurs petites rigoles.


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FIG. 8. FOUR  IX.
a. Plan. - b. Coupe. - c. Chambre de chauffe (coupe A B).
1. Structure et paroi. - 2. Terre végétale. - 3. Sole. - 4. Carneau. - 5. Appui. - 6. Console. - 7. Meule (fragment). 8. Limon. - 9. Charbon de bois, cendres. - 10. Cailloutis.
 

d’une couche de terre glaise dont la paroi intérieure forme une croûte brûlée. Ces blocs ne sont pas posés, mais enfoncés, sur une profondeur de 0,05 m environ, dans le gravier pour mieux les stabiliser. Il semble que le radier de l’alandier soit rechargé (fig. 8, b). En effet, à l’origine, nous avions un dénivellement important avec un apport de limon. Par la suite, l’ensemble paraît surélevé grâce à une surcharge de terre glaise, complétée, à l’usage, par une couche de brûlé. Ce four aurait donc servi à deux périodes successives. On en trouverait la confirmation dans l’aménagement ouest de la chambre de chauffe avec la petite cheminée et son espace d’aération.
    L’aire de chauffe, creusée dans le cailloutis, présente une forme de quadrilatère avec deux grands côtés parallèles (fig. 8, a) d’une longueur de 2,20 m et de 1,60 m de largeur. La face est se termine par un arrondi de 0,60 m de rayon, en plan incliné aboutissant à une marche aménagée dans le gravier (prof. : 0,30 m ; larg. : 0,40 m) (fig. 8, b). Nous avons, en outre, une pente progressive depuis la surcharge de l’alandier d’environ 0,15 m pour un mètre, le point le plus bas étant à l’ouest, dans l’arrondi de l’aire de chauffe. Il faut reconnaître que cette chaufferie n’est observée que partiellement : une tranchée effectuée pour la pose d’un tuyau d’eau l’a endommagée dans sa largeur.


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Éléments de structure

    Nous relevons des fragments de terre cuite provenant probablement de l’armature de la sole. Deux morceaux se raccordent et forment l’extrémité d’un « pain » allongé (0,38 x 0,22 x 0,10 m d’épaisseur maxi.). Ils possèdent une forme arrondie sur un côté et plate sur l’autre. Nous notons plus particulièrement un grand élément de forme circulaire dont il manque une partie ; il est légèrement courbe sur une grande face et plat sur l’autre. Il pourrait s’agir de la partie centrale de ladite plate-forme (diam. : 0,42 m ; épaisseur : 0,11 m). Dans le remplissage de la chambre de chauffe, nous remarquons, en outre, deux restes circulaires de meule à grain. Le plus gros est une meta (16) ; l’autre morceau, nettement plus petit, semble avoir eu la même fonction (17). Par la suite, ces fragments peuvent avoir été utilisés comme moellons.

Essai de datation

    Le matériel d’importation de même que la présence de fragments d’amphore permettent de supposer une période antérieure à l’ère. La présence, ici encore, de tessons de Campanienne A nous autorise à préciser cette chronologie. Ainsi, les tessons de coupe pourraient-ils indiquer une période située aux alentours de l’an 50 du Ier siècle av. J.-C. (18).
 

Four X

Situation et description

    Cette cavité est découverte, en mars 1968, antérieurement à la structure IX. Comme l’ensemble des autres substructions, elle se situe en Ardenne haute. Aperçue au nord du pavillon 35 de l’allée du Charolais, elle se trouve dans l’environnement des constructions VI, VIII et IX. Parmi ces dernières, le four X demeure relativement avancé dans cette partie septentrionale et à proximité de l’avenue de Casselardit. Orienté au sud-ouest (230° environ), il possède un excellent emplacement sur le plateau.
    La longueur totale de la structure est de 5,30 m environ. Nous avons particulièrement observé la chambre et l’aire de chauffe. La chambre de chauffe de type circulaire (pl. 5, en haut) (diam. : 1,78 m nord-sud et 1,65 m est-ouest), pénètre dans le cailloutis. Son radier, avec, à son départ, une légère pente (approx. de 0,03 m) de l’ouest vers l’est, descend brusquement (de 0,08 m) vers l’alandier. L’ensemble est recouvert, à la surface du gravier, par une pellicule de brûlé. Contrairement à d’autres structures, comme par exemple la cavité IX, ses parois sont évasées et recouvertes d’une couche de terre glaise. Une tranchée, creusée pour les travaux à l’ouest, a détruit un bord de la chambre de chauffe. Deux murets parallèles en terre cuite et distants de 0,26 m (long. : 0,75 m ; haut. : 0,52 m ; épais. : 0,09 m), disposés dans le sens de l’alandier et de la chaufferie, pénètrent à l’intérieur du cailloutis (fig. 9, a). À la base, l’un des piliers est renforcé par de petits contreforts de terre glaise (fig. 9, b). Au niveau de la sole, nous remarquons six cavités (prof. : 0,12 m ; larg. : 0,15 et 0,20 m). Leur distance se situe aux environs de 0,30 m. Elles sont aménagées sur les côtés et pénètrent dans le sol pour supporter les poutrelles de l’armature (fig. 9, a). Des fragments d’amphore servaient à renforcer cette plate-forme. L’alandier est en grande partie détruit (principales dimensions : longueur 0,60 m environ et largeur approximative de 0,50 m). Il ne reste que le radier où la couche de brûlé se trouve relativement épaisse (environ 0,06 m). La pente vers l’aire de chauffe devient importante : approximativement 0,03 m pour une longueur de près de 0,80 m. À cette sortie, et disposées en forme de triangle, se trouvent trois cuvettes circulaires (diamètres : 0,20 m ; profondeurs : 0,10 et 0,20 m ; à 0,40 m les unes des autres), creusées dans le gravier et reliées entre elles par deux rigoles d’une largueur de 0,10 m et d’une profondeur moyenne de 0,05 m, (pl. 4, en bas ; fig. 9, a). Il devait s’agir de conduits chargés de recueillir les eaux d’infiltration ou de ruissellement pour le foyer et l’aire de chauffe. Celle-ci se compose d’une cuvette de forme rectangulaire et d’une longueur de 2,70 m, comme celle du four IX. Toutefois, les petits côtés latéraux sont dissymétriques. Au milieu du radier, nous remarquons la

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    16. Dimensions : 0,29 x 0,09 x 0,13 m. Il s’agit d’une roche composée, peu métamorphisée et provenant de la décomposition de granit, car les micas sont en général conservés. Elle a surtout été transformée par la pression et possède quelques inclusions argileuses ocres. La schistosité est imparfaite, en surfaces ondulées. L’origine exacte est difficile à préciser.
    17. Dimensions : 0,15 x 0,01 x 0,07 m. La roche est massive, métamorphisée, donc recuite en profondeur. C’est une lave ophitique avec des vacuoles de refroidissement et quelques inclusions argileuses et argilo-calcaires. L’origine est difficile à préciser. Ces deux fragments de meule ont été identifiés par F. Crouzel.
    18. J.-P. MOREL, art. cit., p. 161.


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FIG. 9. FOUR  X.
a. Plan. - b. Coupe. - c. Décors de jarre.
1. Structure et paroi. - 2. Terre végétale. - 3. Sole. - 4. Appui. - 5. Limon. - 6. Charbon de bois. - 7. Caillebotis.
 

présence d’une couche de limon sur lequel reposait une fine pellicule de charbon de bois et de cendres. À l’extrémité est, une petite dénivellation faisant fonction de marche permet de pénétrer à l’intérieur de l’aire de chauffe.

Éléments de structure

    Nous avons une série d’exemplaires de terre cuite provenant probablement de l’armature de la sole. Un premier « pain » complet de forme allongée, mais en argile peu cuite, présente une face plate sur un côté et légèrement convexe sur l’autre. Les extrémités sont arrondies (long. : 0,74 m ; larg. max. : 0,16 m ; épaisseur moy. : 0,125 m) (pl. 5, en bas, à droite). Cet élément provient de la chambre de chauffe. Nous avons encore deux autres fragments de


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type triangulaire dont les bouts ont été taillés au couteau. L’un appartient à la chambre de chauffe et l’autre à son aire. À proximité, nous relevons un fragment de jarre décoré de cupules (fig. 9, c).

Essai de datation

    L’abondante céramique d’importation se caractérise, d’une part, par de nombreux fragments d’amphores de type gréco-italique qui pourraient indiquer une période antérieure à l’ère. D’autre part, les tessons de campanienne A, répartis dans les différentes sections du four, permettraient de dater ce four plus précisément aux environs de la moitié du Ier siècle av. J.-C. (19).
 

Conclusion générale

    Les fours de Saint-Michel-du-Touch se situent dans la partie médiane du plateau, d’une part près de l’eau (La Garonne et le Touch, son affluent) et, d’autre part, à proximité du bois (forêt de Lardenne). Ces excavations sont placées également dans l’environnement d’axes de passage (20) qui peuvent avoir facilité l’écoulement de la céramique fabriquée sur le site.
    Les emplacements des fours semblent disposés sur deux orientations cardinales, principalement le nord-nord-est et le sud-ouest. Pour la plupart d’entre elles, les structures de cuisson se composent essentiellement de deux excavations : la chambre de chauffe généralement circulaire et son aire de chauffe plus ou moins ovale creusées dans le limon. Toutefois, ces excavations pénètrent à l’intérieur de la couche graveleuse. Aussi, en raison de leurs profondeurs, certaines parties inférieures, comme dans les fours V et IX, sont relativement conservées. Cela expliquerait la présence de la céramique qui a été préservée des bouleversements de surface.
    Il est possible, en outre, de distinguer deux types d’aménagements concernant en particulier les chambres de chauffe. Pour certains fours, la sole repose sur deux murets parallèles qui forment un conduit intérieur, comme dans les structures V, IX, X. Dans ce cas, l’armature de la plate-forme se

 

PL. 5. EN HAUT : FOUR X. Vue de la chambre de chauffe avec les murets et une cavité latérale sur la paroi. Remise en place d’une partie de l’armature de la sole à la suite de l’effondrement.
EN BAS : FOUR X. Éléments de poutrelles et de structure.

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    19. J.-P. MOREL, art. cit., p. 161.
    20. G. BACCRABÈRE, « Le sanctuaire antique… », op. cit., p. 46, fig. 5.


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compose de poutrelles disposées parallèlement de chaque côté des deux supports. L’arrangement semble consister également en un pilier central de type circulaire ou, peut même être légèrement ovale comme dans les cavités III et IV. Ici, les barreaux de terre cuite sont posés selon une forme rayonnante. Dans les deux cas, nous avons affaire à la même technique, mais avec une disposition ou un agencement partiellement différents.
    Les éléments en élévation, au-dessus du sol, n’ont pas été conservés. Il est difficile, dès lors, d’affirmer si les laboratoires étaient en forme de cloche avec une ouverture d’enfournement latérale en surface. Il est également possible d’imaginer une couverture de forme cylindrique avec une fermeture provisoire et amovible sur le dessus.
    Les quelques clous trouvés dans le four I et les tuiles de la structure IV pouvaient provenir d’une toiture relativement légère, établie au-dessus de la construction et permettant de poursuivre la cuisson par temps incertain.
    Le matériel ordinaire est constitué par deux catégories de vases. Les urnes peignées sont des céramiques montées à la main, présentant, sur la panse, des traces de peignage et de raclage. Le col étant généralement lissé, la jonction entre la panse et la partie rétrécie est marquée ou soulignée sur le haut du galbe par un décor assez grossier et rapide : lignes ondées, dents de scie, pointillés… Ce travail est en général effectué à l’aide d’un outil assez grossier : morceau de bois ou fragment d’os.
    Une deuxième catégorie de poterie se compose de jarres, d’ovoïdes, montés généralement au tour. L’extérieur est parfois agrémenté de zones polies couvrant plus ou moins la partie du col et de la panse.
    Un troisième type de céramique est constitué par la poterie d’importation : amphores et tessons de campanienne. La présence de cette dernière aurait révélé, entre autres, l’existence d’habitat sur le site. Bien plus encore, elle contribue, avec les fragments d’amphores de type gréco-italique, à préciser la chronologie des structures.
    Enfin, la plupart des fours de Saint-Michel-du-Touch sont légèrement contemporains ; ils appartiendraient, soit à la première moitié du Ier siècle av. J.-C., soit au milieu de ce même siècle. Toutefois, l’un d’entre eux, le four IV, serait probablement contemporain des environs de l’ère.

 


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