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L'ANCIEN COLLÈGE DE PÉRIGORD
VICTIME DU VANDALISME OFFICIEL
« Sur la face de cette vieille reine de nos cathédrales, à côté dune ride on trouve toujours une cicatrice. Tempus edax, homo edacior ; ce que je traduirais volontiers ainsi : le temps est aveugle, lhomme est stupide. »
Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1832.« Massacre : 1640. Le fait dendommager par brutalité ou maladresse ; travail très mal exécuté. »
Paul Robert, Dictionnaire de la langue française.
Les bâtiments de lancien collège de Périgord ont été massacrés par les travaux qui se sont achevés à lautomne 2003, et ils lont été sous la responsabilité directe de lUniversité et des services du Ministère de la Culture qui ont pourtant en charge la protection et la mise en valeur de notre patrimoine. Si lon en croit les différentes institutions impliquées dans cette affaire, la procédure réglementaire a été respectée : il y a donc un vandalisme officiel et qui ne mobilise pas moins de deux conservateurs des Monuments historiques, un architecte des Bâtiments de France, un architecte en chef et deux inspecteurs généraux des Monuments historiques. Laffaire est malheureusement exemplaire et cest la raison pour laquelle la Société Archéologique du Midi de la France a décidé de lui consacrer ce dossier.
On pourra toujours
ergoter sur la qualification du massacre et sur son étendue. Certes la tour Maurand
na pas été détruite, ni la galerie en bois du collège médiéval, mais elles ont
été malmenées et on a détruit sans raison des pans entiers de maçonnerie médiévale.
Certes la nécropole sur laquelle sont installés les bâtiments na pas été
détruite, mais on a éventré des tombes et creusé la fosse de lascenseur sans
surveillance archéologique. En disant tout cela on na pas encore dit tout ce qui
fait le massacre, car on a aussi détruit les enduits et avec eux les traces de
lhistoire du lieu qui ont disparu sans être examinées et enregistrées. Le
massacre enfin, cest un monument banalisé, cest une occasion manquée de
donner à lancien collège de Périgord et à la tour Maurand leur complète
dimension patrimoniale.
La tour Maurand et le
collège de Périgord étaient pourtant loin dêtre des édifices inconnus. La tour
médiévale, classée Monument historique depuis 1913, fait figure de symbole de
lhistoire cathare de Toulouse et le site est depuis longtemps inscrit au programme
des visites touristiques du quartier Saint-Sernin. Une bibliographie déjà abondante
existe et lenjeu scientifique et patrimonial ne pouvait a priori être ignoré ni de
lUniversité ni des services du Ministère de la Culture. Ce qui est advenu est
proprement inconcevable.
Lobjet de ce
dossier est donc danalyser lensemble de laffaire pour essayer de
comprendre ce qui sest passé et en tirer des leçons. Le lecteur trouvera en annexe
toutes les pièces justificatives qui ont pu être rassemblées ; il pourra
également se reporter, dans le Bulletin de
lannée académique 2002-2003 publié dans ce même volume, aux comptes rendus
des séances du 17
décembre 2002, du 7 janvier 2003,
du 25 mars 2003, du 15 avril 2003, du 6 mai 2003, du 20 mai 2003 et du 3 juin 2003, au cours desquelles
laffaire de lancien collège de Périgord a été examinée par la Société
Archéologique du Midi de la France.
Tout le quartier autour de Saint-Sernin est bâti sur lemplacement de la nécropole de la fin de lAntiquité et du haut Moyen Âge qui entourait la basilique paléochrétienne élevée en lhonneur du premier évêque de Toulouse martyrisé en 250. Il sagit donc dune zone archéologique très sensible, dautant quelle est très mal connue, nayant fait lobjet que dobservations ponctuelles,
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excepté la fouille très récente, dans
les années 1994-1996, réalisée dans le sous-sol du musée Saint-Raymond et qui a permis
les exceptionnelles découvertes que lon sait. Dans le cadre dune politique
urbaine digne de ce nom, un tel site archéologique serait pris en compte dans des
perspectives dévolution et daménagement à court, moyen et long termes, et
une véritable politique archéologique se traduirait par un programme raisonné de
fouilles, mis en uvre à loccasion des travaux de rénovation, en particulier
lors dopérations conduites par des maîtres douvrage publics : il faut
bien constater que nous navons ni lune ni lautre.
Le quartier
sest urbanisé au Moyen Âge, en particulier le long du prolongement du grand axe
nord-sud de la ville, cest-à-dire le long de lactuelle rue du Taur qui mène
de la place du Capitole à la basilique Saint-Sernin. Cest là qua été bâti
au XIIe siècle lhôtel patricien connu comme celui de la famille
Maurand. Lemplacement privilégié que présentait langle formé par la
rencontre de la rue du Taur et de la rue de Périgord a été mis à profit pour élever
la massive tour de brique qui donnait à lhôtel une allure de maison forte. Sa
forte valeur symbolique lui valut dêtre arasée après la condamnation de Pierre
Maurand pour hérésie en 1178. Aujourdhui, tous les petits Toulousains connaissent
ou devraient connaître la fameuse « tour Maurand »,
illustration monumentale et ô combien pédagogique dun grand moment de
lhistoire de la ville.
PLAN DE SITUATION DE L'ANCIEN COLLÈGE DE PÉRIGORD
entre Saint-Sernin et la place du Capitole. Q. Cazes.
La tour Maurand conserve
deux niveaux voûtés de croisées dogives, les plus anciennes connues à Toulouse
et dont la structure pose encore question pour les archéologues et historiens de
lart. Sur la rue du Taur, on voit très bien les deux grands arcs qui couvraient les
baies géminées de létage et les cordons de brique bûchés qui en soulignaient le
niveau. La tour marquait larticulation de deux ailes en équerre qui se
développaient le long de la rue du Taur et de la rue de Périgord.
Lhôtel Maurand
fut acheté avec cinq autres maisons contiguës pour y installer le collège fondé en
1360 par le cardinal Hélie de Talleyrand Périgord. Excepté la tour Maurand qui fut
conservée pratiquement intacte, les constructions existantes furent détruites ou
remodelées pour aboutir à un grand édifice à quatre corps de bâtiments disposés
autour dune cour centrale entourée dune galerie à deux niveaux. Des
éléments de décor en pierre signalent encore aujourdhui la porte gothique de la
chapelle qui avait été aménagée dans laile longeant la rue du Taur. Au revers
subsiste un côté de la galerie en bois de la deuxième moitié du XIVe
siècle, exemplaire rarissime sinon unique dans Toulouse et dans toute la région.
Lancien collège
fut affecté en 1808 au Grand séminaire et alors agrandi vers le nord tandis que de
nouvelles façades étaient élevées sur la cour, à lexception du côté ouest où
fut conservée la galerie médiévale. Après la loi de séparation de lÉglise et
de lÉtat de 1905, lédifice accueillit la bibliothèque de
lUniversité, maintenant ainsi sans interruption la vocation universitaire du lieu
pendant plus de six siècles.
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Après le
réaménagement pour le Centre Régional des uvres Universitaires et Scolaires
(CROUS) de la moitié nord des bâtiments du n° 56 rue du Taur, la moitié sud restait
occupée par la Bibliothèque dÉtudes Méridionales, des laboratoires du C.N.R.S.,
de lUniversité et de lÉcole Pratique des Hautes Études et par la Direction
régionale des Affaires Culturelles (D.R.A.C.), locataire de lUniversité. Celle-ci
quitta ses locaux, que lUniversité souhaitait récupérer, au printemps 1999, alors
que le projet dinstallation de lÉcole Supérieure dAudio-Visuel (ESAV)
était déjà bien avancé. Les bâtiments nétaient donc pas en déshérence, même
sils étaient mal entretenus.
Les travaux étant
soumis aux avis et au contrôle des services du Ministère de la Culture, le projet
présenté par les architectes missionnés a été modifié à plusieurs reprises.
Le premier projet
proposait en particulier (voir la lettre du Président de lUniversité du 15 mai
2003) une surélévation de la tour Maurand, qui aurait sans aucun doute été traitée
dans un style contemporain puisquil sagissait de retrouver
« lesprit » du couronnement disparu. Sagissant du bâtiment
classé Monument historique, lArchitecte en chef pouvait sopposer à la
surélévation, ce qui est en effet advenu. Nayant pu examiner le projet, nous ne
pouvons juger de sa qualité. Il est néanmoins possible de remarquer que la
surélévation aurait parfaitement signalé lintervention de larchitecte sur
un édifice renommé dans un site majeur de la ville. Se pose aussi la question de savoir
si cette surélévation répondait à une nécessité technique : nous navons
pu vérifier sil était prévu dinstaller un ascenseur dans la tour Maurand.
Dans leur ensemble,
les élévations sur la cour nont pas été modifiées, ce qui correspond sans doute
à une clause du cahier des charges. Les seules modifications visibles depuis la cour
portent donc sur les murs de fond des galeries, en rez-de-chaussée pour la galerie sud,
au rez-de-chaussée et à létage pour la galerie ouest (en bois du XIVe
siècle). Pour la galerie sud, on peut sétonner que le palier du nouvel escalier
soit établi au-dessous du niveau du plafond de la galerie quil vient donc
entailler. Ce « chameau », selon lexpression des architectes, peut
résulter soit dune erreur de calcul dans le développement de lescalier, soit
dun choix délibéré pour affirmer lintervention de larchitecte. Dans
la galerie ouest, ce sont deux portes qui ont été créées. Nous nous intéresserons à
celle du rez-de-chaussée pour laquelle lInspecteur général des Monuments
historiques, à la suite de larchitecte en chef des Monuments historiques,
remarquait que le sas faisait malencontreusement saillie dans la perspective de la
galerie. Le dessin en a été revu puisque le sas fait lobjet de lautorisation
de travaux du 26 mai 2000. Il est fermé par des parois de verre et couvert par une dalle
de béton triangulaire établie en saillie dans le prolongement du couvrement de la porte
traitée en défoncement dans lépaisseur du mur. Lensemble paraît être une
citation de larchitecture des années 1950-1970 et fait figure en tout cas de marque
architecturale. La mise en uvre de la structure réalisée en béton et parpaings de
ciment supposait que le mur soit enduit. Remarquons que le sas, sil était vraiment
nécessaire, pouvait nêtre quune structure légère et démontable.
Les étages du
bâtiment sud ont été entièrement redistribués par des cloisons en couloirs et bureaux
dune grande banalité et nappellent pas de commentaires. Pour la partie du
rez-de-chaussée proche de la tour Maurand, il faut en revanche déplorer la destruction
dune partie du mur sur la cour de laile de lhôtel médiéval. En outre
une grande porte a été percée sur la rue de Périgord, et au droit de celle-ci la
voûte de la cave a été largement entaillée : la porte sur la rue du Périgord
avait dailleurs fait lobjet de réserves de la part de linspection
générale des Monuments historiques. Larchitecte a su tirer parti des caves dont le
principal volume a été conservé. Des toilettes ont été installées, sans toucher aux
maçonneries médiévales classées Monument historique, dans le sous-sol de la tour
Maurand.
La restructuration de
laile ouest sur la rue du Taur a impliqué des changements beaucoup plus importants.
Cest là que se trouvait, nous lavons vu, la chapelle du collège médiéval.
Les travaux ont dans un premier temps consisté en lenlèvement du plancher en bois
qui avait divisé le volume initial de la chapelle, immédiatement remplacé par une dalle
de béton ancrée dans les murs périphériques y compris celui de la tour Maurand,
classée Monument historique, faut-il le rappeler ? Une cabine de projection (?) est
venue recouper un grand arc qui mettait en communication la chapelle et un espace voisin
au nord. Les murs intérieurs sont uniformisés par des enduits au ciment ou des doublages
de plaques de plâtre, excepté dans la cave où sont laissés apparents les arcs
médiévaux et lappareil de brique. Enfin, une concession à la mémoire avec un
panneau denduit peint laissé visible dans la salle du rez-de-chaussée, qui
na été ni nettoyé, ni fixé, ni étudié.
Les travaux se sont
achevés à lautomne 2003 avec le nettoyage du portail dentrée sur la rue du
Taur, un portail néo-Renaissance datant du début du XXe siècle : on a
employé une technique très agressive qui a abrasé les vermiculures des bossages, ce qui
est strictement proscrit dans la restauration dun édifice ; la partie
supérieure na pas été nettoyée.
Les représentants de
lUniversité, de la Région et de la Direction régionale des Affaires culturelles
se sont déclarés très satisfaits des travaux réalisés.
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Nous sommes pour notre
part tentés de voir dans lépilogue du portail sur la rue du Taur la triste
expression du rapport que le chantier a entretenu avec le monument.
En mars 2000,
lArchitecte en chef inspecteur général des Monuments historiques ne doutait pas
que cette opération serait loccasion dune mise en valeur de la tour
Maurand : cela na pas été le cas.
Laménagement des
deux ailes a été conçu et exécuté en faisant abstraction autant que possible des
dispositions antérieures. Jamais il ne sert les bâtiments existants, tout au plus se
sert-il des structures les plus pittoresques (les deux caves). Le traitement de la galerie
du XIVe siècle, banalisée par lenduit appliqué sur le mur de façon à
faire apparaître la nouvelle porte, est particulièrement significatif. Significative
aussi la rigidité avec laquelle a été rejetée la mise en valeur des vestiges apparus
sur ce même mur : ainsi une porte médiévale en grande partie conservée est-elle
restée murée et a disparu sous le nouvel enduit.
Dautres solutions
étaient pourtant parfaitement réalisables.
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Il faut avant tout
faire un sort à ce faux débat qui veut opposer conservation des édifices anciens et
création contemporaine.
On rappellera en
premier lieu que les secteurs anciens ne représentent en moyenne en France que moins de 5
% de la superficie urbanisée : ainsi, le centre ancien de Toulouse couvre-t-il 150
ha pour un territoire communal de 12 000 ha qui ne représente quune partie de
lagglomération. On ne voit pas en quoi leur réserver un traitement particulier en
donnant la priorité à la conservation et la mise en valeur des architectures anciennes
serait une atteinte à la création architecturale contemporaine.
On rappellera encore
que la reconstitution à lidentique est exceptionnelle et quelle est
dailleurs rarement possible même quand elle serait souhaitable. La majeure partie
des édifices, immeubles, maisons et autres, qui constituent nos centres anciens
juxtaposent des états successifs et leur mise en valeur exige des solutions
contemporaines, tant techniques questhétiques. Pour en rester à Toulouse,
cest ce qui a été fait à lancienne église Saint-Pierre-des-Cuisines,
devenue auditorium du conservatoire, et des réhabilitations dues à des particuliers en
donnent également quelques exemples réussis, malheureusement encore trop rares. Le site
de lancien collège de Périgord était par excellence lun de ceux où les
conditions étaient réunies pour une belle réalisation contemporaine au service
dun monument prestigieux et de son histoire, mais cela supposait de le connaître
pour le respecter.
Toute réhabilitation dun édifice, et plus encore dun édifice ancien, suppose que celui-ci soit connu avant que ne soit établi le projet. Cette étude préalable comprend une recherche documentaire (bibliographie et sources) et surtout une analyse darchéologie du bâti qui, pour des raisons pratiques et déconomie, peut être souvent réalisée en deux phases : une phase de diagnostic et une phase détude complémentaire et de suivi menée en étroite collaboration avec les entreprises pendant toute la durée du chantier. La première phase doit permettre de dresser un état général et dadapter le programme aux contraintes proposées par lédifice, les découvertes faites au cours du chantier étant ensuite intégrées grâce au dialogue permanent entre le maître douvrage, le maître duvre et larchéologue.
Le degré
dadéquation entre le programme et lédifice à aménager est bien sûr
déterminant, et la Société Archéologique ne peut que regretter que lUniversité
nait pas choisi de faire de ce haut-lieu de son histoire un lieu de prestige où
lancienne chapelle du collège, restituée dans son volume initial, aurait
naturellement trouvé place.
Dautres
structures universitaires pouvaient encore prétendre à être installées au cur de
la ville ancienne, mais on ne discutera pas le fait que lESAV avait intérêt à
sétablir à proximité immédiate de la cinémathèque. Ce choix ne devait pas pour
autant signifier le massacre des bâtiments.
Sans insister sur ce
quaurait apporté une étude archéologique complète sur le plan scientifique, on
remarquera surtout quelle aurait permis déviter la destruction inutile de
pans entiers des maçonneries médiévales. Les deux nouvelles portes percées sur la
galerie à côté de portes médiévales quil suffisait de rouvrir et de restaurer
sont un exemple caractéristique dun chantier de rénovation mal conduit.
Lautre
règle dor de toute réhabilitation de bâtiments anciens devrait être le souci de
la plus grande réversibilité possible des interventions, ce qui na jamais été
appliqué dans les bâtiments de lancien collège de Périgord. Certaines techniques
sont bien connues, dautres sont à inventer, cest lun des intérêts de
tels chantiers où la qualité de larchitecte se mesure à sa capacité à les
mettre en uvre. Ainsi, même en admettant que lon nait pu éviter de
rediviser le volume de la chapelle médiévale, était-il possible de préférer une
structure autoportante à une dalle de béton ancrée dans les murs périphériques. Il
nétait pas non plus utile de couler un sol de béton en rez-de-chaussée alors
quun sol démontable aurait permis de réserver la possibilité dune fouille
ultérieure
En juillet 2000, le
projet était sans doute trop avancé pour être entièrement remis en cause, mais il
restait au moins une année avant louverture du chantier, qui pouvait être mise à
profit pour lamender. Létude archéologique aurait demandé un budget de
30 000 à 60 000 , quil nétait pas impossible de trouver à
la seule condition den avoir la volonté. Cela na pas été fait.
Trois ans plus tard,
quand ont été mis au jour les vestiges médiévaux sous la galerie du XIVe
siècle, la logique du chantier a conduit à les réenduire entièrement.
Nous considérons donc que les travaux qui viennent dêtre réalisés sont non seulement un massacre, mais en plus quils sont stupides.
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La Région Midi-Pyrénées a été le maître
douvrage de lopération, sans doute parce quelle est le principal
partenaire financier de lESAV et parce quelle conduit plus habituellement que
lUniversité ce type dopération. À ce titre, elle a exercé les
prérogatives du propriétaire, étant le donneur dordre et réceptionnant les
travaux. Théoriquement, la Région serait donc pleinement responsable de ce qui a été
fait dans les bâtiments de lancien collège de Périgord, mais elle ne dispose à
lévidence pas des services compétents : en témoigne la réponse qui nous a
été faite le 10 juin 2003, où les arguments techniques fournis par les services des
Monuments historiques sont reproduits sans être vraiment compris. En outre, la Région a
respecté la réglementation en vigueur qui plaçait le projet et les travaux sous le
contrôle des services compétents du Ministère de la Culture.
On remarquera
encore que la Région na sans doute pas été informée, ni par la Direction
régionale des Affaires culturelles, ni par lUniversité, de la demande
dextension de la protection au titre des Monuments historiques présentée par la
Société Archéologique du Midi de la France en juillet 2000, pas plus que de la demande
dune étude archéologique préalable. La Région na été saisie de la
question que par notre courrier du 6 mai 2003, complété par celui du 10 juin après que
nous avons appris quelle était maître douvrage.
On peut néanmoins
regretter que la Région nait pas pris la mesure de lenjeu patrimonial que
représentaient les bâtiments de lancien collège de Périgord, et surtout
quelle nait pas usé du pouvoir qui était le sien, en tant que maître
douvrage, pour organiser la réunion demandée. À ses yeux, la protestation de la
Société Archéologique du Midi de la France pesait sans doute bien peu face aux avis des
services de lÉtat réputés compétents. Alors quelle affiche la volonté
davoir une politique active en matière de patrimoine, il serait souhaitable que la
Région Midi-Pyrénées ne sen remette pas exclusivement aux services déconcentrés
de lÉtat, Conservation régionale des Monuments historiques et architecte des
Bâtiments de France. Rappelons que dailleurs nombre de lycées, dont les bâtiments
sont déjà à la charge de la Région, se trouvent dans des édifices anciens.
On constatera encore
que la Région ne nous a pas communiqué les copies des procès-verbaux de réunions de
chantier que nous demandions.
LUniversité est propriétaire des bâtiments de
lancien collège de Périgord et destinataire des locaux qui ont été réaménagés
pour lESAV.
Le Président de
lUniversité de Toulouse-Le Mirail a reçu copie de la demande dextension de
la protection au titre des Monuments historiques et détude des bâtiments adressée
à la Direction régionale des Affaires culturelles en juillet 2000. La réponse a été
claire : il était hors de question que lon vienne entraver une opération pour
laquelle venait dêtre obtenu le permis de construire.
En décembre 2002, le
nouveau Président de lUniversité a autorisé létude des deux bâtiments
alors en travaux, et en particulier de laile sur la rue du Taur où
lenlèvement de lenduit sous la galerie avait mis au jour les traces des
états successifs.
Interpellée par
deux courriers successifs en mai et juin 2003, lUniversité a dabord répondu
dès le 15 mai par un courrier très circonstancié, dont nous contestons néanmoins la
plupart des arguments mais surtout le parti retenu pour le traitement des bâtiments de
lancien collège de Périgord, qui est nettement réaffirmé. Il ne pouvait être
question que la mise en valeur des vestiges vienne perturber le parti
« contemporain » adopté par larchitecte, et lUniversité de
regretter que le projet de surélévation de la tour Maurand, dans
« lesprit » de son couronnement initial, ait été refusé par
lInspection générale des Monuments historiques. LUniversité a donc
finalement accepté létude des bâtiments réalisée bénévolement, il est
vrai , mais en refusant que celle-ci ait une incidence sur le chantier (la fenêtre
qui laisse voir un fragment du décor peint, appelé à se dégrader car non restauré,
dans lancienne chapelle est une concession dérisoire).
Notre second courrier
est resté sans réponse et lUniversité na transmis ni les deux
procès-verbaux de chantier demandés, ni le premier projet refusé par lInspection
générale de Monuments historiques. Elle na pas plus organisé la réunion que nous
demandions afin de débattre des éventuelles réorientations du chantier. Le débat a
désormais lieu par voie de presse : le dossier rassemblé ci-dessous permet au
lecteur de juger par lui-même de la qualité des contributions.
Il en ressort que lUniversité a été et reste parfaitement indifférente au monument et au lieu de mémoire que représentent les bâtiments de lancien collège de Périgord, ce qui est proprement désolant de la part dune institution dont on est en droit dattendre quelle soit un lieu de culture, dautant quelle comporte en son sein un groupe important darchéologues et dhistoriens de lart du Moyen Âge.
Les services du Ministère de la Culture qui ont eu à connaître du dossier de lancien collège de Périgord sont principalement la D.R.A.C. (Conservation régionale des Monuments historiques) et le Service Départemental de lArchitecture et du Patrimoine (architecte des Bâtiments de France).
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La Société
Archéologique du Midi de la France, informée que des travaux étaient projetés dans les
bâtiments de lancien collège de Périgord, a adressé en juillet 2000 une demande
dextension de la protection au titre des Monuments historiques et détude des
deux ailes de lancien collège de Périgord à la D.R.A.C. Le double refus a été
motivé dune part par le fait que les parties non protégées au titre des monuments
historiques létaient de fait puisque placées sous le contrôle de
lInspection générale des Monuments historiques et de larchitecte des
Bâtiments de France et que la mesure aurait été inopportune, dautre part parce
que létude archéologique ne relevait pas de la Conservation régionale des
Monuments historiques. Sur le premier point, il semble que le conservateur régional des
Monuments historiques ne pouvait en fait décider de son propre chef de ne pas instruire
le dossier qui devait obligatoirement être examiné par la délégation permanente :
ce qui na pas été fait. Sur le second point, il est pour le moins surprenant de
lire sous la signature du Directeur régional des Affaires culturelles quil
nest pas « dans la compétence du service des monuments historiques de
procéder à un relevé des maçonneries anciennes mais de celle dun archéologue
spécialement habilité » : la Conservation régionale des Monuments
historiques pouvait en fait demander un relevé et un suivi archéologique, et elle
pouvait au moins le recommander, mais surtout le Service régional de larchéologie
légalement compétent est, faut-il le rappeler, un service de la D.R.A.C. Et on se garde
bien de nous informer que la Région est maître douvrage de lopération.
Ce premier courrier
annonçait malheureusement très clairement ce que serait lattitude de la D.R.A.C.
tout au long de cette affaire. À lévidence, la Société Archéologique du Midi de
la France a eu tort den rester là. Théoriquement, les bâtiments de lancien
collège de Périgord bénéficiaient néanmoins de toutes les garanties puisque la tour
Maurand, classée Monument historique, était sous le contrôle de la Conservation
régionale des Monuments historiques et de lArchitecte en chef des Monuments
historiques, et que les travaux dans les deux ailes qui lui sont adossées étaient soumis
aux avis de deux inspecteurs des Monuments historiques et sous le contrôle de
lArchitecte des Bâtiments de France. La théorie doit être confrontée à la
réalité des faits.
Rappelons tout
dabord que le projet architectural modifié a été déposé le 7 décembre 1999. La
modification est intervenue après décision défavorable (dont nous ne connaissons pas la
date) du Préfet de région concernant la surélévation de la tour Maurand, en
conformité avec lavis défavorable donné par lArchitecte en chef. Les avis
des inspecteurs généraux des Monuments historiques donnés les 10 et 13 mars 2000 sont
suivis de nouvelles modifications et le dossier est alors transmis le 28 avril à la
Direction de lArchitecture et du Patrimoine qui autorise le 26 mai 2000 « le
percement du bâtiment qui longe la rue du Périgord » et émet un avis favorable au
« traitement du sas sous la galerie ». La première conclusion qui
simpose est que la demande adressée par la Société Archéologique du Midi de la
France le 12 juillet 2000 était inopportune alors que le dossier était enfin bouclé
dun point de vue administratif. La seconde est que lautorisation de travaux
donnée par la Direction de lArchitecture et du Patrimoine ne dit rien du traitement
densemble des bâtiments. Le plus surprenant est quaucun traitement
particulier nest, semble-t-il, jamais envisagé pour le bâtiment sur lequel
sappuie la galerie en bois du XIVe siècle et dont la façade sur la rue
du Taur présente des marques évidentes des états anciens de la chapelle qui en occupait
le rez-de-chaussée.
Nombre de pièces
manquent à notre dossier, dont nous navons pu obtenir copie malgré des demandes
réitérées, et notre analyse ne peut donc être que partielle. Il est cependant clair
que, jusquen décembre 2002, moment où a été enlevé lenduit sous la
galerie, la D.R.A.C. na jamais attiré lattention ni du propriétaire,
lUniversité, ni du maître douvrage, la Région, ni du maître
duvre, le cabinet darchitectes chargé des travaux, sur lintérêt
patrimonial propre que présentaient les deux ailes adossées à la tour Maurand. On
aimerait savoir quel dossier a été transmis aux Inspecteurs généraux des Monuments
historiques, mais il y a fort à parier quil ne comprenait pas la bibliographie
utile pour lédifice, ni même une note qui aurait pu mieux les éclairer. En
sen tenant à un traitement administratif du dossier, la D.R.A.C. a au moins manqué
à son devoir de conseil.
Trois courriers
successifs ont à nouveau été adressés au Directeur régional des Affaires culturelles
entre le 6 mai et le 15 juillet 2003. Seul le premier a obtenu une réponse. En substance,
la D.R.A.C. senferme dans une logique strictement réglementaire et refuse de fait
toute concertation ; sa seule politique semble alors être celle du fait accompli
(confirmée auprès du Conseil régional lors dune visite sur place le 10 juillet).
Le refus du dialogue se
double du refus de répondre aux questions posées et de communiquer les documents
demandés. La D.R.A.C. paraît considérer quelle na pas de comptes à rendre
et que sa compétence exclusive ne saurait être contestée daucune manière. On
notera que le Ministre de la Culture et le Directeur de lArchitecture et du
Patrimoine nont pas jugé non plus nécessaire de répondre à nos courriers.
Les différents courriers reçus attribuent à lArchitecte des Bâtiments de France la responsabilité du suivi des travaux, incluant semble-t-il le contrôle de leur conformité avec les avis des inspecteurs généraux et les prescriptions du traitement densemble et de détail. Bien que la procédure soit particulière puisque lautorisation de travaux est donnée par le Ministre de la Culture (par délégation, le Directeur de larchitecture et du patrimoine), lavis conforme de lArchitecte des Bâtiments de France paraît requis pour les façades et toitures en raison de la situation des bâtiments dans le périmètre de protection de plusieurs monuments classés (dont la tour Maurand et Saint-Sernin) et pour les travaux intérieurs parce quils sont inclus dans le périmètre du secteur sauvegardé. Le courrier du Directeur régional des Affaires culturelles en date du 31 août 2000 mentionne lavis de lArchitecte des Bâtiments de France, mais celui-ci nest en fait pas cité par lautorisation de travaux du 26 mai 2000.
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Quoi quil en soit, nous navons connaissance daucun avis donné par lArchitecte des Bâtiments de France, hormis celui rapporté par le courrier de la D.R.A.C. en date du 12 juin 2003 : la « proposition » de traiter et de laisser apparentes les ouvertures du mur du rez-de-chaussée sous la galerie na « malheureusement » pas été respectée mais les services sont intervenus pour que le mur ne soit pas enduit à létage ; une « prescription » a été donnée pour que reste visible une partie du décor peint à lintérieur. Le suivi effectif par lArchitecte des Bâtiments de France serait prouvé par les procès-verbaux des réunions de chantier, notamment celles des 6 et 9 décembre 2002, procès-verbaux dont nous avons demandé copie en vain. Force nous est donc den juger au vu de ce qui a été réalisé en constatant que lArchitecte des Bâtiments de France na pas assuré la mise en valeur des vestiges mis au jour sous la galerie du XIVe siècle. Par ailleurs, les recommandations des inspecteurs généraux des Monuments historiques sur les menuiseries de la tour Maurand nont pas été respectées.
Les services du Ministère de la Culture portent donc une lourde responsabilité. Une erreur dappréciation sur lintérêt patrimonial du site a été commise et elle a été aggravée par le refus de se remettre en cause et de prendre en compte les avis extérieurs compétents.
Changer lesprit et la pratique
Comptant au titre de membres quelque cent vingt historiens, historiens de lart, archéologues, architectes et restaurateurs, la Société Archéologique du Midi de la France pourrait prétendre à la prééminence. Elle na pas cette prétention ni la volonté dêtre un lieu de pouvoir. Elle a en revanche, et depuis 1831, la prétention duser de son autorité pour défendre le patrimoine historique, artistique et archéologique du Midi de la France et elle ne reconnaît pas le crime de lèse-majesté qui semble encore avoir des adeptes dans les lieux les plus inattendus. Nous savons que si la critique est aisée, lart est difficile, et nous reconnaissons volontiers lampleur et la qualité du travail accompli par les trois services patrimoniaux de la D.R.A.C. Laffaire de lancien collège de Périgord nenlève rien aux incontestables succès, mais elle met en lumière des lacunes et des errements qui demandent à être corrigés.
Le temps de la
recherche des responsabilités est maintenant passé. Cela ne signifie nullement que la
Société Archéologique du Midi de la France renonce à obtenir que soit réalisé ce qui
permettrait la mise en valeur minimale des bâtiments de lancien collège de
Périgord : enlèvement de lenduit sous la galerie, suppression des deux portes
en béton et restauration des deux portes médiévales, retour à létat antérieur
pour les menuiseries des fenêtres de la tour Maurand
Lenjeu va cependant bien
au-delà.
À lheure où
dautres dossiers se profilent (vente de lhôpital de la Grave par exemple), la
satisfaction conjointe affichée par les différents responsables sert à valider ce qui
pourrait faire référence, notamment pour les architectes et les élus, alors quil
convient de ne pas laisser accréditer quil sagit dun mode normal de
traitement du patrimoine et de ne pas renouveler cette triste expérience.
Il faut tirer les
leçons du massacre des bâtiments de lancien collège de Périgord : celui-ci
a eu lieu parce que le projet a été établi sans que lon se donne la peine
dune étude préalable des bâtiments, parce que ceux-ci ont été traités comme
une simple enveloppe à aménager et parce que les aménagements ont été réalisés sans
aucun souci de réversibilité. Cest toute notre pratique de la restauration et de
la réhabilitation des édifices anciens quil nous faut changer, quil
sagisse ou non de bâtiments protégés au titre des Monuments historiques.
Mieux informés par un
cahier des charges appuyé sur une bonne présentation de lédifice et de ses
enjeux, les architectes maître duvre auraient pu introduire plus de
subtilité dans leur projet, en se glissant par exemple dans lécrin qui leur était
proposé plutôt quen procédant par éventrations. Les architectes en chef et
inspecteurs généraux des Monuments historiques auraient alors été à même
daméliorer le projet en apportant dabord leur sensibilité patrimoniale.
Ce sont également dautres relations et dautres modes de fonctionnement qui doivent être trouvés entre les différents acteurs du patrimoine. La Société Archéologique du Midi de la France (1831), comme la Société des Antiquaires de Normandie (1824) ou la Société Française dArchéologie (1834), a été créée en même temps que le service des Monuments historiques et avec le même objectif : sauver de la destruction les témoins du passé et les transmettre aux générations futures. Les sociétés savantes et les associations de défense du patrimoine doivent être considérées comme des partenaires, ce qui suppose quelles soient informées et consultées. La Commission Régionale du Patrimoine et des Sites (C.R.P.S.) pourrait être le lieu privilégié de cette nécessaire collaboration : sans doute la réhabilitation des bâtiments de lancien collège de Périgord aurait-elle été très différente si la C.R.P.S. avait été appelée à en examiner lavant-projet.
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 309
ANNEXES
Joseph de Malafosse, « Les anciennes maisons de Toulouse », dans Association pour l'avancement des sciences, 16e session, Toulouse, 1887, p. 121.
Joseph de Malafosse, « Les anciennes maisons de Toulouse », dans M.S.A.M.F., 1894-96, p. 105.
E. Saint-Raymond, « Les façades de la tour Maurand et de l'ancien séminaire de Toulouse », dans B.S.A.M.F., 1911, p. 223-225.
Jules de Lahondès, Les monuments de Toulouse, Toulouse, 1920, p. 353.
Raymond Rey, L'art gothique dans le Midi de la France, Paris, 1934, p. 24-25.
M. Meusnier, « Le collège de Périgord à Toulouse », dans Annales du Midi, t. 63 (1951), p. 211-221.
Robert Mesuret, Évocation du vieux Toulouse, Paris, 1960, p. 508.
Roger Camboulives, « En visitant la tour Maurand, remarques et hypothèses », dans LAuta, n° 302, 1961, p. 106-111.
« Visites et promenades à la tour Maurand et à la chapelle des Carmélites », dans LAuta, n° 325, 1964, p. 87-94.
Philippe Wolff, Regards sur le Midi médiéval, "civitas et burgus", Toulouse, p. 202.
Philippe Wolff (dir.), Histoire de Toulouse, Toulouse, 1974, p. 71-72, 76, 99, 104-106, 126-127, 158-159, 164, 202, 213, 243.
Jean ROCACHER, Découvrir Toulouse. 2. Découvrir le quartier Saint-Sernin et le musée Saint-Raymond, Toulouse, 1986, p. 15-19.
Anne-Laure NAPOLÉONE, Les maisons romanes de Toulouse, dans A.M.M, t. 6 (1988) ; p. 123-138.
Bruno TOLLON, « Le grand degré du collège de Périgord à Toulouse (1367) », dans Bulletin de lannée académique 1999-2000, M.S.A.M.F., t. LX (2000), p. 236-238.
Guy AHLSELL DE TOULZA, Louis PEYRUSSE, Bruno TOLLON, Hôtels et demeures de Toulouse et du Midi toulousain, Toulouse, Éditions Daniel Briand [1997], p. 15.
Lettre au Directeur régional des Affaires culturelles, 12 juillet 2000
Monsieur le Directeur,
Depuis quelques mois, les bâtiments qui abritaient les Presses Universitaires du Mirail rue du Taur ont été désaffectés et des travaux devaient y être effectués. La tour Mauran mitoyenne de ces bâtiments est un édifice du XIIe siècle classé Monument Historique par arrêté du 12 septembre 1931.
Je voudrais attirer votre attention sur lincohérence de ce classement qui ne protège quune partie du bâtiment médiéval. En effet, il apparaît clairement, malgré les quelques reprises, que les constructions où siégeaient les PUM sont parfaitement liées à la tour et les vestiges intérieurs montrent que lhabitation se poursuivait dans cette aile. Ces bâtiments du palais ont été intégrés par la suite avec dautres au collège de Périgord dont une galerie reste visible sur la cour intérieure.
Je vous serais reconnaissant de saisir la Conservation Régionale des Monuments Historiques pour quelle instruise de toute
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urgence un dossier de protection pour ces bâtiments des XIIe et XIVe siècles, qui doit être soumis à la COREPHAE. Il est absolument nécessaire que lors des travaux soit exécuté un relevé précis des maçonneries anciennes de façon à compléter nos connaissances sur le bâtiment. Il serait assez scandaleux que lUniversité affectataire des locaux saccage par ignorance un des rares témoignages conservés de larchitecture civile romane et de larchitecture universitaire médiévale.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Directeur, lexpression de ma haute considération.
Copie à Monsieur le Président de l'Université.
Réponse du Directeur régional des Affaires culturelles, 31 août 2000
Monsieur le Président,
En réponse à votre lettre du 12 juillet, jai lhonneur de vous informer que les travaux envisagés sur le bâtiment des PUM ont fait lobjet dune instruction dans le cadre de la procédure des édifices adossés à un monument historique classé. Les avis de linspection générale des monuments historiques ont donc été requis de même celui de larchitecte des Bâtiments de France afin de fonder la décision prise par la Ministre. Cette procédure qui nest pas déconcentrée a pris de très longs mois.
Certes la protection de la Tour Morand est partielle comme dans le cas de nombreux monuments de la ville de Toulouse, mais son extension ne me paraît momentanément pas opportune. Elle pourrait en effet être interprétée comme un obstacle supplémentaire dans la gestion de ce délicat dossier. Cependant il sera tout à fait envisageable de la compléter à lissue des travaux.
Il nest en revanche pas dans la compétence du service des monuments historiques de procéder à un relevé des maçonneries anciennes mais de celle dun archéologue spécialement habilité.
Je vous prie dagréer, Monsieur le Président, lexpression de ma considération la plus distinguée.
Lettre au Directeur régional des Affaires Culturelles, 6 mai 2003
Monsieur le Directeur,
Dès le 6 juin 2000, la Société archéologique du Midi de la France sest inquiétée des travaux prévus dans les bâtiments de lancien collège de Périgord et elle sest alors adressée à vos services, par courrier du 12 juillet 2000, pour demander lextension à lensemble de lédifice de la protection au titre des Monuments historiques, seule la tour Maurand étant en effet classée Monument historique depuis le 12 septembre 1931. Nous demandions en même temps que les parties concernées par les travaux projetés fassent lobjet dune étude archéologique préalable qui aurait permis den mieux connaître les états successifs et dorienter au mieux les aménagements pour quils respectent les dispositions anciennes et en permettent la mise en valeur. En octobre 2000, le Conservateur régional des Monuments historiques nous signifiait son refus dinstruire le dossier dextension de la protection de lancien collège de Périgord ; aucune étude archéologique préalable ne fut non plus programmée.
Pourtant lancien collège de Périgord nétait certes pas un édifice inconnu. Au-delà même de la tour déjà protégée au titre des Monuments historiques, lintérêt des autres bâtiments avait depuis longtemps déjà été souligné, la bibliographie en témoigne assez. Les vestiges visibles sur lélévation de la rue du Taur et la galerie sur la cour ne laissaient dailleurs aucun doute sur le fait que lon avait là un bâtiment du collège fondé en 1360. Il nest pas pensable que vos services laient ignoré, alors même que trois dentre eux : le service départemental de larchitecture, le service de lInventaire et la conservation des Monuments historiques ont occupé des parties des bâtiments de lancien collège pendant au moins 30, 20 et 15 ans. Lenlèvement des enduits a bien sûr fait apparaître, comme on pouvait sy attendre, les vestiges cachés de constructions antérieures à linstallation du collège ainsi que les maçonneries de celui-ci et les traces archéologiques des modifications quil a connues : à notre connaissance rien na jusquà présent été fait pour les conserver visibles et les mettre en valeur.
Cest donc au moins une grave erreur dappréciation qui a été commise, dont la conséquence est le massacre des deux bâtiments par les travaux actuellement en cours. Elle pose en outre la question du fonctionnement des services chargés de la protection et de la mise en valeur de notre patrimoine : la Direction régionale des Affaires culturelles pouvait-elle refuser
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dinstruire la demande dextension de la protection au titre des Monuments historiques présentée par notre Société ? Au-delà de la question juridique, la Direction régionale des Affaires culturelles a-t-elle rempli sa mission de conseil auprès du propriétaire, lUniversité de Toulouse-Le Mirail, et de larchitecte chargé des travaux, et sous quelle forme ? Afin déclaircir ces différents points, nous vous demandons de bien vouloir nous communiquer copie des avis qui ont été donnés sur les travaux projetés.
Des rumeurs laissent par ailleurs entendre que des sépultures auraient été mises au jour à loccasion de creusements effectués dans le bâtiment ouest sur la rue du Taur. Il nest sans doute pas utile de rappeler que les bâtiments de lhôtel Maurand et du collège de Périgord sont situés sur une zone archéologique particulièrement sensible, qui nest rien moins que la nécropole antique et paléochrétienne de Saint-Sernin dont lintérêt scientifique et patrimonial nest plus à démontrer. Ces découvertes fortuites ont-elles effectivement eu lieu et, si tel est le cas, quelles ont été les prescriptions de la Direction régionale des Affaires culturelles ?
Sil est trop tard pour remettre en cause le programme architectural en cours de réalisation et la manière dont il sintègre dans des bâtiments anciens, il est encore temps de corriger au moins partiellement les conséquences des erreurs commises, sans retarder le chantier ni alourdir le coût au-delà du raisonnable.
Le compromis impose davoir le courage de prendre les quelques décisions quexigent la conservation et la mise en valeur minimale encore possible des bâtiments de lancien collège de Périgord :
Bâtiment ouest sur la rue du Taur :
- enlèvement de lenduit
récemment appliqué sur toute lélévation sous la galerie au niveau du
rez-de-chaussée, avant quil ne soit dur
- suppression de la
nouvelle porte en béton du rez-de-chaussée et restauration de la porte médiévale
voisine
- suppression de la
nouvelle porte de létage et restauration de la porte médiévale voisine
- sur lensemble
de lélévation sur cour du bâtiment ouest, mise en valeur des vestiges les plus
significatifs des états successifs du bâtiment
- nettoyage et
traitement conservatoire des peintures murales de la chapelle et recherche dune
solution pour quelles restent au moins en partie visibles
Bâtiments ouest et sud :
- restauration minimale des arcs et des maçonneries des sous-sols dont lensemble devra rester apparent
Tour Maurand .
- rétablissement de menuiseries à
lancienne
- réouverture des
jours médiévaux murés
- maintien en
létat de lensemble des parements intérieurs et extérieurs sauf si une
restauration Monuments historiques était programmée.
Nous sommes dans une situation durgence. Aussi la Société Archéologique du Midi de la France vous demande-t-elle instamment, Monsieur le Directeur, de faire suspendre les travaux en cours, en usant si nécessaire des moyens légaux dont dispose le Ministère de la Culture, le temps de définir les réorientations du chantier. Ce moratoire pourrait être très bref si les parties en présence acceptaient à lamiable la solution proposée. A cette fin, la Société Archéologique du Midi de la France adresse la même demande à Monsieur le Président de lUniversité de Toulouse-Le Mirail.
Vous remerciant par avance de lintérêt que vous voudrez bien porter à cette affaire, je vous prie de recevoir, Monsieur le Directeur, lexpression de mes salutations respectueuses.
Réponse du Directeur régional des Affaires culturelles, 12 juin 2003
Madame la Présidente,
Jai bien reçu votre correspondance en date du 6 mai 2003, par laquelle vous me faites part des inquiétudes de la Société archéologique du Midi de la France concernant les travaux actuellement en cours dans les bâtiments de lancien collège de Périgord, sis 56, rue du Taur à Toulouse.
Ainsi que vous le rappelez, seul le bâtiment dit Tour Maurand est actuellement protégé au titre des monuments historiques.
Les autres bâtiments, situés en bordure de la rue du Taur et de la rue du Périgord, ne bénéficient daucune mesure juridique directe de protection. Ils sont toutefois inclus dans le périmètre de protection de la basilique Saint-Sernin, et sont adossés à un monument classé (la tour Maurand), cela constituant de fait leur protection. A ce titre, je vous avais fait savoir, en réponse à une
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demande de votre société en date du 12 juillet 2000, que les travaux daménagement en cours devaient faire lobjet dune instruction par linspection générale des monuments historiques. Cette instruction avait pour objet de veiller à ce que le projet respecte le plus possible lintégrité du monument, tout en sachant par ailleurs que les contraintes obligatoires notamment sécuritaires pesant sur un établissement recevant du public sont lourdes. Cette instruction avait amené à sérieusement amender le projet initial.
Je vous avais fait aussi savoir quil ne paraissait pas opportun denvisager dans limmédiat une extension de la protection actuelle, dans la mesure où celle-ci pouvait paraître comme susceptible de remettre en cause le projet dinstallation de lESAV 56, rue du Taur, à un moment où celle-ci était déjà planifiée. Cette protection dans lurgence semblait dautant plus contestable que lédifice bénéficie des protections décrites plus haut.
En ce qui concerne le déroulement des travaux, M. [l']architecte des bâtiments de France, ainsi que mes services se sont rendus à de multiples reprises sur les lieux afin dassurer leur suivi. Il faut malgré cela déplorer que la partie basse du bâtiment ouest ait été intégralement enduite, alors que lABF avait proposé de traiter et laisser apparentes les baies anciennes. Suite à cela, mes services ont demandé de cesser ce travail denduits sur létage supérieur, ce à quoi les architectes se sont conformés. Il demeure que les travaux effectués sont difficilement réversibles, et quil me semble en ce sens irréaliste, sur le seul plan technique, de pouvoir accéder à votre demande de retirer des enduits, de supprimer des portes, opérations qui se traduiraient par un nouveau traumatisme apporté à ces parties de lédifice. Ces interventions seraient en tout état tributaires de la volonté du maître de louvrage.
En ce qui concerne les peintures murales, découvertes lors dune visite sur les lieux de personnels de la conservation régionale des monuments historiques et du service départemental de larchitecture et du patrimoine, elles ont fait lobjet dune prescription par larchitecte des bâtiments de France, prévoyant leur conservation grâce à une installation adaptée des panneaux acoustiques qui les recouvriront. Par ailleurs, le maître douvrage a souhaité quune partie des ces peintures demeure visible par le public, la vocation de la salle interdisant quelles ne le soient en totalité.
En espérant avoir répondu à vos interrogations et en vous remerciant de lattention que vous portez à la préservation du patrimoine toulousain, je vous prie dagréer, Madame la présidente, lexpression de mes salutations distinguées.
Copie à Monsieur le [...] Président de l'Université de Toulouse-Le Mirail.
Lettre au Président du Conseil Régional, 6 mai 2003
Monsieur le Président,
Le Conseil Régional de Midi-Pyrénées apporte un soutien important à lÉcole supérieure de lAudio-visuel dont les futurs locaux sont en cours daménagement dans les bâtiments de lancien collège de Périgord. Il en assure dailleurs la maîtrise douvrage.
Lintérêt historique et archéologique de lhôtel Maurand et des bâtiments subsistants du collège médiéval ont depuis longtemps été soulignés. Lensemble est une étape obligatoire de la visite de Toulouse, entre Saint-Sernin et la place du Capitole.
Informée que des travaux étaient projetés, la Société Archéologique du Midi de la France prenait la précaution, dès juillet 2000, de rappeler à la Direction régionale des Affaires culturelles et à lUniversité lintérêt de ce haut lieu de lhistoire de Toulouse, et elle demandait lextension de la protection au titre des Monuments historiques, dont seule la tour Maurand (classée en 1931) bénéficiait, et une étude archéologique préalable qui aurait en particulier permis une meilleure orientation des travaux projetés. Nous navons pas été entendus.
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On pouvait néanmoins espérer que les services du Ministère de la Culture garantiraient la sauvegarde et la mise en valeur des bâtiments : il nen a rien été. Les travaux ont été réalisés dans la plus totale indifférence vis-à-vis des structures existantes, aboutissant au massacre que lon constate aujourdhui. Il est triste que les crédits engagés par la Région dans cette opération contribuent à dénaturer un élément important du patrimoine méridional que, par ailleurs, le Conseil Régional défend et cherche à faire connaître dans le cadre dune politique active de développement touristique.
Devant lurgence de la situation, la Société Archéologique du Midi de la France prend linitiative de demander à Monsieur le Président de lUniversité de Toulouse-Le Mirail et à Monsieur le Directeur régional des Affaires culturelles darrêter le chantier le temps dadopter les quelques réorientations qui permettraient la conservation et la mise en valeur minimales encore possibles des bâtiments de lancien collège de Périgord. Elle accompagne sa demande de propositions concrètes et extrêmement raisonnables, comme vous pourrez en juger par vous-même ; elles ne concernent en outre quune part très limitée du chantier et ne demandent aucun changement daffectation des espaces : les décisions pourraient de ce fait être prises très rapidement.
Nous sollicitons votre appui, Monsieur le Président, qui sera sans aucun doute décisif dans cette affaire. Lintérêt que vous avez toujours manifesté pour létude, la restauration et la mise en valeur du patrimoine architectural de Figeac nous assure que vous saurez en apprécier les enjeux.
Vous en remerciant par avance et en vous renouvelant notre confiance pour votre action en faveur du patrimoine de notre région, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, lexpression de mes salutations respectueuses.
Réponse du Président du Conseil Régional, 11 juin 2003
Madame la Présidente,
Vous avez attiré mon attention sur le chantier en cours de réalisation relatif à lancien collège de Périgord, situé au n° 56 de la rue du Taur à Toulouse.
La Région, qui est maître douvrage dans cette opération destinée à accueillir lESAV, et inscrite initialement dans le Plan Université 2000, est particulièrement attentive au déroulement de ce chantier; Depuis le début de la procédure (instruction du permis de construire, ...) toutes les garanties ont été prises pour que cette opération de reconstruction et de réhabilitation de bâtiments en partie classés par les Monuments Historiques, soit menée selon les réglementations en vigueur, et dans le cadre de lenveloppe financière du Contrat de Plan.
Pour autant et afin de répondre à votre attente légitime, jai fait interroger les services de la Direction Régionale des Affaires Culturelles sur cette affaire. Ils mont confirmé la nature du dispositif spécifique dautorisation de travaux retenu pour ce chantier :
- le permis de construire, sagissant dune construction adossée à un monument historique classé, a été accordé par linspection Générale des Monuments Historiques du Ministère de la Culture,
- au titre des abords du monument historique, linspection Générale des Monuments Historiques a consulté larchitecte des Bâtiments de France.
Le service départemental dArchitecture et du Patrimoine de la Haute-Garonne a rappelé, à juste titre, le principe selon lequel la réutilisation dun édifice constitue une garantie de conservation de ce dernier. Aussi, afin de ne pas nuire à larchéologie du bâti, le choix retenu pour les travaux et les aménagements vise des interventions remédiables : enduit à la chaux pour la protection et la respiration des parements, panneaux acoustiques pour la salle audiovisuelle fixés de façon à ne pas dégrader le décor peint situé au-dessous...
Jajoute que les demandes et remarques de la DRAC, des Bâtiments de France et des Monuments Historiques ont été prises en compte régulièrement, tout au long de la réhabilitation, notamment lors de deux comptes-rendus de visite (6 et 9 décembre 2002).
Je souhaite vivement que ces éléments dinformation soient de nature à vous apporter un éclairage utile et je demeure à votre écoute pour y apporter les compléments nécessaires.
Je vous prie de croire, Madame la Présidente, à lassurance de mes sentiments distingués.
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Lettre au Préfet de la Région Midi-Pyrénées, 6 mai 2003
Monsieur le Préfet,
Dès le mois de juillet 2000, la Société Archéologique du Midi de la France sinquiétait des travaux projetés dans les bâtiments lancien collège de Périgord, affectés à lUniversité de Toulouse-Le Mirail. Elle adressait alors à la Direction régionale des Affaires culturelles une demande dextension de la protection au titre des Monuments historiques, seule la tour Maurand étant en effet classée depuis 1931 ; elle demandait en outre que soit réalisée une étude archéologique préalable qui aurait permis de mieux orienter les travaux projetés et dassurer la mise en valeur des bâtiments de lancien collège médiéval. Dune manière tout à fait incompréhensible eu égard à lintérêt historique et monumental depuis longtemps reconnu de lancien collège médiéval, linstruction de la demande dextension de la protection fut refusée et aucune étude archéologique préalable ne fut programmée.
On pouvait néanmoins légitimement espérer que la protection au titre des Monuments historiques dont bénéficiait la tour Maurand garantirait un minimum de suivi de la part des services concernés et au moins la sauvegarde et la mise en valeur des éléments essentiels des structures anciennes. Il nen a rien été et lon ne peut aujourdhui que constater le massacre.
Il aurait pourtant été de saine gestion de prendre le dossier en amont, au moment où nous le demandions. Lédifice était connu et son emplacement dans la ville, dans la rue du Taur, entre Saint-Sernin et la place du Capitole, justifiait plus encore, sil en était besoin, quil soit traité avec toute lattention requise. Il est en outre déplorable quun tel exemple vienne dun édifice appartenant à lÉtat.
Au-delà du jugement qui peut être porté sur la manière dont les services de lÉtat ont instruit ce dossier et en ont assuré le suivi, il importe surtout pour lheure de sauver ce qui peut encore lêtre des bâtiments de lancien collège de Périgord.
Cest la raison pour laquelle la Société Archéologique du Midi de la France vous demande instamment, Monsieur le Préfet, duser des pouvoirs qui sont les vôtres et de tout mettre en uvre pour que soit sauvé ce qui peut encore lêtre. Notre Société avance des propositions concrètes et raisonnables qui pourraient dautant plus facilement être adoptées quelles auraient votre appui.
En vous remerciant par avance de tout ce que vous pourrez faire en ce sens, je vous prie de recevoir, Monsieur le Préfet, lexpression de mes salutations respectueuses.
Restée sans réponse.
Lettre au Président de l'Université de Toulouse-Le Mirail, 6 mai 2003
Monsieur le Président,
Dès le mois de juillet 2000, la Société Archéologique du Midi de la France attirait lattention de lUniversité de Toulouse-Le Mirail sur lintérêt historique et archéologique des deux bâtiments de lancien collège de Périgord dans lesquels des travaux étaient projetés.
Aucune réponse na été donnée à notre courrier et lintervention directe de notre Président auprès de votre prédécesseur sest heurtée à une fin de non recevoir.
Après sêtre vu refuser linstruction de la demande dextension de la protection au titre des Monuments historiques quelle avait adressée à la Direction régionale des Affaires culturelles, notre Société pouvait au moins espérer que la présence de la tour Maurand, classée Monument historique depuis 1931, et lancienneté reconnue de laile sur la rue du Taur et de sa galerie garantirait un minimum de suivi du projet et des travaux de la part des services concernés du Ministère de la Culture. Il nen a, à lévidence, rien été.
Pus récemment, à notre demande, vous avez bien voulu autoriser une archéologue à accéder au chantier pour relever et analyser tout ce qui pouvait encore lêtre des maçonneries anciennes. Dimportantes informations sur le collège médiéval, son évolution et sur les bâtiments antérieurs à sa fondation ont ainsi été acquises.
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La Société Archéologique du Midi de la France ne peut cependant ni rester indifférente au massacre qui finit de saccomplir, ni se résoudre à laccepter. Sil est trop tard pour remettre en cause le programme architectural en cours de réalisation et la manière dont il sintègre dans des bâtiments anciens, il est encore temps de corriger au moins partiellement les conséquences des erreurs commises, sans retarder le chantier ni alourdir le coût au-delà du raisonnable.
Le compromis impose davoir le courage de prendre les quelques décisions quexigent la conservation et la mise en valeur minimale encore possible des bâtiments de lancien collège de Périgord :
Bâtiment ouest sur la rue du Taur :
- enlèvement de lenduit
récemment appliqué sur toute lélévation sous la galerie au niveau du
rez-de-chaussée, avant quil ne soit dur
- suppression de la
nouvelle porte en béton du rez-de-chaussée et restauration de la porte médiévale
voisine
- suppression de la
nouvelle porte de létage et restauration de la porte médiévale voisine
- sur lensemble
de lélévation sur cour du bâtiment ouest, mise en valeur des vestiges les plus
significatifs des états successifs du bâtiment
- nettoyage et
traitement conservatoire des peintures murales de la chapelle et recherche dune
solution pour quelles restent au moins en partie visibles
Bâtiments ouest et sud :
- restauration minimale des arcs et des maçonneries des sous-sols dont lensemble devra rester apparent
Tour Maurand :
- rétablissement de menuiseries à
lancienne
- réouverture des
jours médiévaux murés
- maintien en
létat de lensemble des parements intérieurs et extérieurs sauf si une
restauration Monuments historiques était programmée.
En raison de lurgence, nous vous demandons instamment, Monsieur le Président, de suspendre les travaux en cours, le temps de définir les réorientations du chantier. Les propositions présentées par notre Société ne concernent quune part très limitée du chantier et ne demandent aucun changement daffectation des espaces : les décisions pourraient de ce fait être prises très rapidement.
Ce sauvetage durgence est dabord affaire de volonté. Il vous appartient de saisir cette occasion de réaffirmer lintérêt de lUniversité de Toulouse-Le Mirail pour sa propre histoire et son inscription dans le patrimoine monumental de notre ville.
Vous en remerciant par avance, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, lexpression de mes salutations respectueuses.
Réponse du Président de l'Université de Toulouse-Le Mirail, 15 mai 2003
Madame la Présidente,
Je réponds sans attendre au courrier du 6 mai 2003, quau nom de la société archéologique du midi de la France, vous me faites parvenir.
Je me réjouis des éléments que notre collègue, a pu relever, concernant les traces du passé que ce bâtiment conserve et jespère que ses analyses pourront bientôt être portées à la connaissance de tous.
Je suis très étonné de la teneur densemble de votre courrier.
Tout dabord à ma connaissance il est parfaitement inexact quaucune réponse nait été donnée à une intervention du précédent président de votre société en juillet 2000. Luniversité a simplement reçu une copie pour information dun courrier adressé à la DRAC et notre ancien président a fait remarquer par une lettre personnelle à M. Louis Peyrusse ce quil pensait de cette façon de faire. Aussi, pour clore cet épisode et pour éviter tout malentendu sur cette affaire, je souhaite porter à votre connaissance « lhistoire récente » de cette opération.
Vous nignorez pas jimagine, que ce bâtiment dont luniversité a obtenu laffectation en 1998, après trente ans de déshérence, courait les plus graves dangers. Sans responsable chargé de la gestion collective, et sans maintenance, il nétait pas menacé par de simples gouttières, mais par de véritables torrents qui faisaient courir de graves dangers aux circuits électriques, ce dont sétaient émus à juste titre les personnels de la DRAC, alors concernés au premier chef et il était sous menace dun arrêté de péril du Maire de Toulouse (mise en demeure du Maire de Toulouse, adressée au recteur du 20 janvier 1998).
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 316
Le fait den prendre la responsabilité, de le reprendre pour le réutiliser, et pour cela dy faire affecter des moyens financiers considérables et abondés à la suite de plusieurs interventions de notre part, permettant deffectuer les travaux indispensables est sans doute, jespère que vous en conviendrez, le seul moyen de le maintenir durablement !
Quant aux travaux qui ont été lancés depuis, ils sont réalisés par la COGEMIP, qui est lopérateur attitré de la Région, à laquelle la maîtrise douvrage de lopération a été confiée par lEtat.
La première étape a été la désignation de larchitecte. Sagissant de la réhabilitation dun bâtiment de ce type, un simple passage en commission des marchés de la Région, avec examen du dossier des candidats était nécessaire. Nous y avions été invités à titre consultatif. Larchitecte retenu par cette commission est celui qui avait réalisé la restauration de la partie du bâtiment affecté au CROUS, à lentière satisfaction de lArchitecte des Bâtiments de France, et du maître douvrage. Il a été retenu dans un souci de cohérence quant à la remise en état de lensemble du bâtiment.
La préparation de lopération a suivi. Elle a été loccasion de plusieurs réunions entre léquipe de maîtrise duvre et luniversité représentant le futur utilisateur. A chaque étape, les dossiers ont été validés par un comité de suivi, présidé par un conseiller régional. Dans un premier temps, un premier projet darchitecture qui prévoyait dinstaller des installations techniques dans le sous-sol de la cour, ce qui aurait impliqué des fouilles importantes, a été refusé. Ainsi le substratum le plus ancien est conservé en létat, en attendant une possibilité de lexplorer ultérieurement.
Jen viens maintenant au projet, tel quil sest présenté dans les étapes suivantes. Sagissant dun bâtiment inscrit dans un secteur sauvegardé, et dont une partie est classée, vous nignorez pas que les procédures dinstruction des autorisations impliquent des avis, strictement « conformes », de la part des autorités compétentes et quil ne peut être question dy déroger. Je peux donc vous assurer que le dossier est tout à fait régulier.
À cet égard je vous signale que la proposition initiale de larchitecte était de retrouver lesprit du « couronnement » de la « Tour Maurand », telle quelle est représentée graphiquement dans de vieux documents et que nous avions transmis un dossier au Ministère de la Culture à Paris pour en solliciter lautorisation. Ce dossier avait été élaboré avec le concours dun de nos collègues, professeur dHistoire de lArt, Bruno Tollon, et était composé darticles scientifiques rédigés par Mme Anne-Laure Napoléone, et de plans anciens. Malgré le grand intérêt de la proposition architecturale et du dossier qui venait en appui, jai le regret de vous dire quune commission composée de responsables des Monuments Historiques na pas jugé souhaitable de lui donner son aval. En conséquence, les projets darchitecture ont été revus. Dans ces conditions, je ne vois pas en quoi luniversité peut revenir sur ce qui a été accepté sur dautres points par les spécialistes.
Quant au suivi de lexécution des travaux, notamment sur la Tour Maurand et ses abords, il est assuré régulièrement par lArchitecte des Bâtiments de France et bien des travaux (y compris sur des détails : enduits, calepinage, traitement des joints...) ne sont lancés quavec son autorisation expresse. Le compte rendu des réunions de chantier, que je tiens à votre disposition, en fait foi.
Vous nous posez des questions précises sur quelques points : je vous fais part des seuls éléments que je connais :
- Nettoyage et la conservation des peintures murales de la chapelle (bien peu visibles cependant...) : jai le plaisir de vous informer que larchitecte a écouté les suggestions de notre collègue archéologue, quil a modifié une partie du traitement acoustique des lieux pour en garder une partie visible, ainsi que vous le souhaitez.
- Mise en valeur des vestiges significatifs des étapes de la construction : larchitecte étudie, après en avoir discuté avec notre collègue Mme Napoléone, la façon de les signaler par des panneaux, la question du financement restant posée.
- Tour Maurand : on a simplement effectué des travaux a minima de remise en état (grattage etc) et dadjonction délectricité.
Par contre, les autres points que vous soulevez relèvent de la responsabilité du maître douvrage, notamment sur le plan financier. Je me limite donc à vous signaler les éléments dinformation en ma possession
- menuiseries de la Tour Maurand : les menuiseries neuves sont en place. Les remplacer en reprenant des dessins anciens poserait non seulement des questions de coût mais aussi des difficultés avec le service dincendie qui a imposé une solution dont larchitecte na pas été maître jusquau bout.
Dans cette affaire, je constate donc que, dans la limite des moyens dont il disposait, larchitecte a donc été particulièrement à lécoute de ce qui lui a été demandé, ce dont nous devons tous lui savoir gré, sans chercher pour autant à faire un « pastiche ».
Je ne vois pas pourquoi luniversité, qui a demandé et accepté ce projet, trancherait entre la volonté légitime de reproduire à lidentique, ce qui ressort de la lecture de votre courrier, et la possibilité dintroduire des éléments darchitecture contemporaine, dans un ouvrage dont le projet a été validé, qui a déjà connu de multiples transformations et en connaîtra sans doute dautres à lavenir. Ainsi que vous le remarquez, le collège du Périgord est un élément du patrimoine toulousain. Toutefois, il a été réintégré
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dans lensemble de bâtiments lors de la construction du « Grand Séminaire »... en 1828 et a connu de nouvelles transformations lorsquen 1908, cet ensemble de bâtiments a été affecté à lUniversité de Toulouse. Plus tard, en 1919, larchitecte J. Thillet, qui avait opéré une première transformation au début de ce siècle a rajouté les deux maisons acquises par le département de lautre côté du porche dentrée et a installé une « maison des étudiantes ». Enfin, en 1994-1995 la réorganisation de la partie Est par la même équipe qui opère aujourdhui au bénéfice de luniversité de Toulouse 2 qui sest traduite par des travaux lourds (restructuration des circulations verticales, ouverture sur la rue Bellegarde) nous semble remarquable et na pas fait lobjet à notre connaissance daucune contestation. Cest donc dun ensemble architectural complet et complexe quil sagit...
Jespère quil a été possible, dans lensemble des contraintes qui existaient, dapporter les meilleures réponses possibles au problème qui nous était posé, et avoir répondu à vos interrogations. Aujourdhui le chantier est pratiquement terminé : les peintres sont dans les lieux. LEcole Supérieure daudio visuel doit impérativement sy installer à la rentrée. Il ne mapparaît pas possible dinterrompre le chantier. Mais je reste évidemment attentif à toutes les observations ou mises en garde que vous pourriez madresser.
Je vous prie de croire, Madame la présidente et chère collègue, à lexpression de ma meilleure considération.
Lettre au Député-Maire de Toulouse, 6 mai 2003
Monsieur le Député-Maire,
Toulouse tire une légitime fierté de son long passé universitaire qui a vu en particulier se créer de nombreux collèges, fondés pour la plupart au Moyen Âge.
Le collège de Périgord, fondé en 1360, en fait partie. Ses bâtiments ont alors englobé ceux de lhôtel de la fameuse famille Maurand, dont la tour, classée Monument historique dès 1931, est le seul exemple darchitecture civile romane conservé dans notre ville.
Les bâtiments de lancien collège ont été affectés au Grand séminaire au XIXe siècle, puis à lUniversité, maintenant ainsi jusquaujourdhui, fait exceptionnel, la vocation première de létablissement. Si les bâtiments avaient connu nombre de réaménagements et de reconstructions, la galerie de bois gardait le souvenir du collège médiéval et un il un peu averti devinait aisément le volume de la chapelle construite le long de la rue du Taur (des peintures viennent dy être redécouvertes).
Le collège de Périgord est depuis longtemps connu des Toulousains et des touristes. LOffice du Tourisme de Toulouse la signalé dune plaque apposée sur la façade de la rue du Taur dès les années 1950 et il est au programme de nombre de visites de la ville qui mènent de Saint-Sernin à la place du Capitole.
Sil nétait guère mis en valeur depuis le transfert de lInstitut dart sur le site du Mirail, il avait en tout cas été épargné et lon pouvait espérer quun tel édifice, propriété de lUniversité et placé sous le contrôle de trois services du Ministère de la Culture, retrouverait un jour une affectation digne de son histoire et que lon aurait à cur de mettre en valeur ce qui subsistait des bâtiments du collège médiéval.
Il nen a rien été, en dépit de la demande dextension de la protection au titre des Monuments historiques adressée par la Société Archéologique du Midi de la France à la Direction régionale des Affaires culturelles en juillet 2000. Les travaux sont aujourdhui très avancés et lon ne peut que constater le massacre.
La Société Archéologique du Midi de la France demande au Président de lUniversité de Toulouse-Le Mirail et au Directeur régional des Affaires culturelles de suspendre les travaux pour un délai qui pourrait être très bref si la solution de compromis présentée par notre Société était adoptée. Comme vous pourrez en juger par vous-même, la proposition est plus que raisonnable. Cette mise en valeur minimum permettrait cependant de rendre aux deux bâtiments de lancien collège médiéval leur dimension historique et patrimoniale.
Sûrs de votre intérêt pour le patrimoine de notre ville, nous vous demandons, Monsieur le Député-Maire, de bien vouloir appuyer de toute votre autorité la proposition que nous faisons à Monsieur le Président de lUniversité de Toulouse-Le Mirail et à Monsieur le Directeur régional des Affaires culturelles.
Vous en remerciant par avance et en vous renouvelant notre confiance pour votre action en faveur du patrimoine toulousain, je vous prie de recevoir, Monsieur le Député-Maire, lexpression de mes salutations respectueuses.
Restée sans réponse.
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Lettre au Ministre de la Culture et de la communication, 30 mai 2003
Monsieur le Ministre,
Lancien collège de Périgord à Toulouse et la tour Maurand, seule classée Monument historique, sont deux hauts-lieux de lhistoire toulousaine. Le fait quil sagisse dun édifice appartenant à lEtat, quil soit affecté à lUniversité et quil ait en outre longtemps abrité les services de la Direction régionale des Affaires culturelles devait garantir quil serait traité avec toute lattention requise et que les parties anciennes feraient lobjet dune mise en valeur lorsque des travaux seraient programmés.
La Société Archéologique du Midi de la France sen est néanmoins inquiétée dès le mois de juin 2000 et a alors adressé une demande dextension de la protection au titre des Monuments historiques à la Direction régionale des Affaires culturelles de Midi-Pyrénées. En vain.
Devant le massacre opéré par les travaux réalisés pour linstallation de lEcole Supérieure dAudio Visuel, la Société Archéologique du Midi de la France a interpellé le 6 mai dernier les différentes institutions concernées et proposé une solution minimum de conservation et de mise en valeur, particulièrement raisonnable comme vous pourrez en juger par le dossier joint. Nous avons en outre demandé une modification de lordre du jour de la C.R.P.S. du 15 mai afin que le dossier soit évoqué, ce qui a été refusé sans raison valable. Lurgence de la situation demandait une réponse rapide qui aurait pu prendre la forme dune réunion sur place, mais rien na pour linstant été fait.
Les éléments de réponse en notre possession montrent pourtant quun accord est possible : le Président de lUniversité nous informe que larchitecte a modifié le traitement acoustique de lancienne chapelle pour garder visible une partie des peintures ; au cours dune conversation, le Conservateur régional des Monuments historiques nous a annoncé que lArchitecte des Bâtiments de France envisageait lenlèvement de lenduit récemment appliqué sous la galerie et le remplacement des menuiseries des fenêtres de la tour Maurand, avec retour aux formes antérieures en conformité avec lavis exprimé en mars 2000 par lInspecteur général des Monuments historiques. Il ne resterait donc en discussion que la suppression des deux portes récemment ouvertes sur la galerie ouest et leur remplacement par les portes médiévales voisines à restaurer. Cela peut être fait sans retarder le chantier et pour un surcoût très modeste.
Tergiverser et ne pas prendre immédiatement les décisions qui simposent revient, dans lextrême urgence actuelle, à adopter la politique du fait accompli.
La Société Archéologique du Midi de la France vous demande donc instamment, Monsieur le Ministre, de bien vouloir appuyer la proposition de la Société Archéologique du Midi de la France et de prendre, si nécessaire, la seule mesure qui puisse encore permettre le minimum de mise en valeur des bâtiments de lancien collège de Périgord en prononçant une instance de classement au titre des Monuments historiques.
Laffaire de lancien collège de Périgord est en passe de devenir un cas décole. Comment est-il possible aujourdhui que soit massacré un édifice appartenant à lEtat, partiellement classé au titre des Monuments historiques et parfaitement identifié, situé en outre au cur dun quartier historique, et placé sous le contrôle de deux inspecteurs généraux des Monuments historiques, dun architecte en chef, dun architecte des bâtiments de France et de deux services de la Direction régionale des Affaires culturelles ?
En vous remerciant par avance de tout ce que vous pourrez faire en faveur de cet élément majeur du patrimoine toulousain, je vous prie dagréer, Monsieur le Ministre, lexpression de mes salutations respectueuses.
Réponse du Chef de Cabinet du Ministre de la Culture, 23 juin 2003
Madame la Présidente,
Vous avez bien voulu faire part à Monsieur Jean-Jacques Aillagon, Ministre de la culture et de la communication, de votre demande dextension de la protection au titre des Monuments historiques des bâtiments de lancien collège de Périgord.
Le Ministre vous remercie de votre correspondance dont il a pris connaissance avec attention. Aussi ai-je transmis votre requête à Monsieur Michel Clément, Directeur de larchitecture et du patrimoine (...), qui ne manquera pas de vous tenir informée de la suite réservée à cette démarche.
Je vous prie dagréer, Madame la Présidente, lexpression de mes hommages respectueux.
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Lettre au Président de l'Université de Toulouse-Le Mirail, 10 juin 2003
Monsieur le Président,
La Société Archéologique du Midi de la France vous remercie davoir eu la courtoisie dune réponse rapide à notre courrier du 6 mai dernier.
Nous ne pouvons néanmoins que regretter que vous nayez pas cru devoir accéder à notre demande dune réunion sur le site même de lancien collège de Périgord, avec les autres parties concernées, pour décider dun commun accord des quelques réorientations nécessaires du chantier. Il ny a pas besoin pour cela dun arrêt des travaux et les informations dont nous disposons nous permettent daffirmer quune solution amiable est encore possible. Vous nous indiquez vous-même que larchitecte a modifié le traitement acoustique de lancienne chapelle pour garder visible une partie des peintures. Nous nous en réjouissons car le Conservateur régional des Monuments historiques nous affirmait oralement le 15 mai dernier que cela était impossible. Mais au cours du même entretien, il nous annonçait en revanche que lArchitecte des Bâtiments de France envisageait lenlèvement de lenduit récemment appliqué sous la galerie et le remplacement des menuiseries des fenêtres de la tour Maurand, avec retour aux formes antérieures. Sur ce dernier point, il faut rappeler que ce ne serait là quune remise en conformité avec lavis donné par lInspecteur général des Monuments historiques le 20 mars 2000 pour lequel la tour Maurand devait être traitée à lidentique et qui demandait que les menuiseries anciennes soient maintenues autant que possible en façade ; en outre nous ne voyons pas quelles peuvent être dans ce cas les exigences du service dincendie.
Il ne resterait donc en discussion que la suppression des deux portes récemment ouvertes sur la galerie ouest et leur remplacement par les portes médiévales voisines à restaurer. Celle du rez-de-chaussée en particulier fait très malencontreusement saillie dans la perspective de la galerie.
Nous renouvelons donc notre proposition dune réunion sur place dans les plus brefs délais pour décider de ces différents points. Nous avons bien noté que cela relevait de la responsabilité du maître douvrage et nous en adressons donc la demande à Monsieur le Président du Conseil régional en même temps quaux services du Ministère de la Culture qui ont en charge le suivi des travaux sur les monuments historiques. Nous vous demandons néanmoins une nouvelle fois dappuyer notre démarche : vous savez quel poids pourrait avoir votre appui moral. Il faut encore souligner que le surcoût à envisager est modeste et que les quelques modifications à apporter ne sauraient empêcher linstallation de lEcole Supérieure dAudio Visuel dans ses locaux dès la rentrée prochaine.
La réponse que nous fait lUniversité sous votre signature appelle par ailleurs quelques remarques et rectifications. Nous aurions certes dû nous attendre à un plaidoyer pro domo : celui-ci atteint les limites du genre.
Sur le premier point, nous réaffirmons quaucune réponse na été faite à notre Société par la présidence de lUniversité suite à la copie pour information qui lui avait été adressée en juillet 2000. Nous doutons que lancien président de lUniversité nait pas su faire la différence entre un courrier officiel et une lettre personnelle. La « lettre personnelle » à laquelle vous faites allusion nétait dailleurs quune note manuscrite qui ne portait nullement, comme vous le laissez entendre, sur labsence dune lettre pour accompagner la copie pour information mais bien sur le fond : il était hors de question pour le président de lUniversité quune quelconque contrainte patrimoniale supplémentaire vienne retarder le projet.
Nous réaffirmons donc que lUniversité a délibérément refusé toute idée dextension de la protection au titre des Monuments historiques.
Que le dossier soit tout à fait régulier, les informations dont nous disposons ne nous permettent pas den douter. Sur le plan réglementaire, lUniversité nest donc pas attaquable puisquelle na pas dans ses attributions létude, la conservation et la mise en valeur des bâtiments quelle occupe. Elle ne saurait néanmoins échapper à sa responsabilité morale, ayant été dûment avertie. Il faut en outre rappeler quelle possède en son sein lun des plus anciens instituts dart et darchéologie et quelle a créé un D.E.S.S. « Patrimoine » à Cahors. Faut-il en conclure que lUniversité ne se sent nullement gênée de ne pas mettre en pratique ce quelle enseigne quotidiennement ?
Vous exagérez quelque peu létat de déshérence des bâtiments : ils ont été constamment occupés par les services de la Direction régionale des Affaires culturelles et lUniversité. Il est néanmoins tout à fait exact quils nécessitaient des travaux et nous aurions pu en effet nous réjouir de voir lUniversité soucieuse den assurer la pérennité. Des moyens financiers considérables ont été mis en uvre : il est regrettable quils aient également servi à massacrer les bâtiments anciens. Létude et la mise en valeur de lancien collège de Périgord ne demandaient pas de moyens financiers supplémentaires mais seulement un peu de méthode, de sensibilité et dintelligence.
La Société Archéologique du Midi de la France na pas à se prononcer sur le choix de larchitecte et il est peu dans ses habitudes de prendre position sur des choix purement esthétiques. Il est en revanche de sa compétence dexaminer et de juger la manière dont sont traités les bâtiments relevant du patrimoine historique, artistique et archéologique. Nous réaffirmons que le
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projet architectural a été conçu et réalisé en ne tenant aucun compte des bâtiments de lancien collège de Périgord, considérés comme une simple enveloppe à aménager. Les interventions sont brutales : maçonneries détruites, plancher béton recoupant le volume de lancienne chapelle et ancré dans le mur de la tour Maurand À lévidence, jamais nont été envisagées des solutions réversibles qui existent pourtant. À la brutalité des interventions correspond une totale indifférence aux vestiges apparus au cours des travaux : lapplication dun nouvel enduit sous la galerie ouest le prouve assez Les procédures réglementaires ont été respectées ? Il conviendra maintenant de comprendre comment le vandalisme est devenu un vandalisme légal et le fait des institutions mêmes qui ont pour mission la protection et la mise en valeur du patrimoine. Vous nous indiquez que vous tenez à notre disposition le compte rendu des réunions de chantier : vous voudrez bien avoir lamabilité de nous en communiquer une copie.
Vous vous félicitez par ailleurs que le sous-sol de la cour ait été préservé pour des fouilles archéologiques futures, du fait que lon ait renoncé à y placer des installations techniques. Certes. La nécropole de Saint-Sernin est pourtant très mal connue et une fouille à cet endroit aurait sans aucun doute été dun très grand intérêt scientifique. On imagine dailleurs sans peine tout le prestige que lUniversité aurait pu retirer dune opération aussi exemplaire ! Plus sérieusement, admettons ensemble que lUniversité navait aucune envie de payer la fouille de sauvetage et que cela a au moins permis de réserver le potentiel archéologique du sous-sol de la cour. Vous voudrez bien cependant nous indiquer sil est exact que des sépultures aient été mises au jour à loccasion de creusements effectués dans le bâtiment ouest sur la rue du Taur et si le creusement réalisé pour la fosse de lascenseur, dans le bâtiment sud, a fait lobjet dune surveillance archéologique.
Vous considérez comme une « mise en valeur des vestiges significatifs des étapes de la construction » le fait de placer des panneaux explicatifs reprenant létude archéologique réalisée par notre collègue. Traduisons : vous ferez placer devant le mur nouvellement enduit un dessin de ce qui se trouve sous lenduit. Cela sappelle une mise en valeur de panneaux explicatifs, pas une mise en valeur des vestiges Lidée est intéressante : rasons la basilique Saint-Sernin pour agrandir le parking et élevons un panneau au centre de la place pour mettre en valeur léglise disparue !
Vous avez recours à un contresens analogue pour affirmer que nous sommes en faveur dun pastiche. Vous rappelez pourtant quun pastiche consiste en une « reproduction à lidentique ». Or nous demandons la mise en valeur des vestiges existants (quil ne sagit donc pas de reproduire !) et la restauration de deux portes en grande partie conservées.
Vous tirez argument des agrandissements et transformations de 1828 et 1908 pour justifier les modalités de lintervention actuelle : il nest évidemment pas question pour nous daccepter que les destructions passées justifient celles daujourdhui !
Vous regrettez enfin que le projet de surélévation de la tour Maurand, pour retrouver ce que vous appelez dune manière assez plaisante « lesprit de son couronnement », ait été refusé par « une commission composée de responsables des Monuments historiques ». Relevons que vous enrôlez au passage nos deux collègues, bien malgré eux, en confondant abusivement études scientifiques et avis sur un projet architectural. Sur le fond néanmoins, il est clair pour nous quil peut y avoir débat et que des solutions contemporaines ne sauraient être rejetées a priori. Vous voudrez bien nous communiquer copie de ce pré-projet afin que nous soyons en mesure davoir une information aussi complète que possible sur lensemble de ce dossier.
Voilà pour les quelques observations quappelait votre courrier du 15 mai dernier. Nous ne perdons pas de vue que lessentiel réside dans lorganisation dune réunion le plus rapidement possible, et nous comptons pour cela sur votre aide.
Vous en remerciant par avance, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, lexpression de mes salutations respectueuses.
Restée sans réponse.
Lettre au Directeur régional des Affaires culturelles, 10 juin 2003
Monsieur le Directeur,
La Société Archéologique du Midi de la France vous a adressé le 6 mai dernier un courrier qui attirait votre attention sur les travaux en cours dans les bâtiments de lancien collège de Périgord et vous demandait instamment dintervenir pour quune mise en valeur minimum des vestiges de cet élément important du patrimoine soit réalisée. En dépit de lurgence de la situation, nous navons eu que quelques informations orales données par le Conservateur régional et lInspecteur des Monuments historiques, qui, à notre connaissance, nont été suivies daucune décision.
Les informations dont nous disposons nous permettent pourtant daffirmer quune solution est possible. En effet, le Président de lUniversité nous indique que larchitecte a modifié le traitement acoustique de lancienne chapelle pour garder visible une partie des peintures. Par ailleurs, le Conservateur régional des Monuments historiques nous a annoncé oralement le 15 mai dernier que lArchitecte des Bâtiments de France envisageait lenlèvement de lenduit récemment appliqué sous la galerie
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et le remplacement des menuiseries des fenêtres de la tour Maurand, avec retour aux formes antérieures. Sur ce dernier point, il faut rappeler que ce ne serait là quune remise en conformité avec lavis donné par lInspecteur général des Monuments historiques le 20 mars 2000 pour lequel la tour Maurand devait être traitée à lidentique et qui demandait que les menuiseries anciennes soient maintenues autant que possible en façade. Pour lessentiel, il ne resterait donc en discussion que la suppression des deux portes récemment ouvertes sur la galerie ouest et leur remplacement par les portes médiévales voisines à restaurer. Celle du rez-de-chaussée en particulier fait très malencontreusement saillie dans la perspective de la galerie.
Il faut encore souligner que le surcoût à envisager est modeste et que les quelques modifications à apporter ne sauraient empêcher linstallation de lEcole Supérieure dAudio Visuel dans ses locaux dès la rentrée prochaine.
Nous vous demandons donc à nouveau, Monsieur le Directeur, de convoquer les différentes parties intéressées pour une réunion sur place, en y associant la Société Archéologique du Midi de la France. Cela relève de vos compétences et il ne serait guère acceptable que les services du Ministère de la Culture sen tiennent à la politique du fait accompli. Nous présentons la même demande au Président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, la Région étant maître douvrage de lopération.
Nous vous informons par ailleurs quen raison de lurgence de la situation, la Société Archéologique du Midi de la France a saisi le Ministre de la Culture dune demande dinstance de classement au titre des Monuments historiques.
En espérant que vous aurez à cur de régler cette affaire au mieux de lintérêt du patrimoine de notre ville, je vous prie dagréer, Monsieur le Directeur, lexpression de mes salutations respectueuses.
Restée sans réponse.
Lettre au Président du Conseil Régional, 10 juin 2003
Monsieur le Président,
La Société Archéologique du Midi de la France vous a adressé le 6 mai dernier un courrier pour attirer votre attention sur les travaux en cours dans les bâtiments de lancien collège de Périgord et vous demander dappuyer notre proposition de sauvegarde et de mise en valeur.
La réponse qui nous a été faite par le Président de lUniversité de Toulouse-Le Mirail nous précise quune part importante de la décision revient à la Région Midi-Pyrénées.
Nous vous demandons donc instamment, Monsieur le Président, en tant que maître douvrage, de convoquer les différentes parties intéressées pour une réunion sur place afin que soient clairement décidées les quelques réorientations nécessaires du chantier.
Notre proposition de compromis pour une mise en valeur minimum des bâtiments de lancien collège de Périgord porte sur les points suivants :
Bâtiment ouest sur la rue du Taur :
- enlèvement de lenduit
récemment appliqué sur toute lélévation sous la galerie au niveau du
rez-de-chaussée, avant quil ne soit dur
- suppression de la
nouvelle porte en béton du rez-de-chaussée et restauration de la porte médiévale
voisine
- suppression de la
nouvelle porte de létage et restauration de la porte médiévale voisine
- sur lensemble
de lélévation sur cour du bâtiment ouest, mise en valeur des vestiges les plus
significatifs des états successifs du bâtiment
- nettoyage et
traitement conservatoire des peintures murales de la chapelle et recherche dune
solution pour quelles restent au moins en partie visibles
Bâtiments ouest et sud :
- restauration minimale des arcs et des maçonneries des sous-sols dont lensemble devra rester apparent
Tour Maurand :
- rétablissement de menuiseries à
lancienne
- réouverture des
jours médiévaux murés
- maintien en
létat de lensemble des parements intérieurs et extérieurs sauf si une
restauration Monuments historiques était programmée.
Les informations dont nous disposons aujourdhui nous permettent daffirmer quun accord peut être trouvé. En effet, le Président de lUniversité nous indique que larchitecte a modifié le traitement acoustique de lancienne chapelle pour garder visible une partie des peintures. Par ailleurs le Conservateur régional des Monuments historiques nous a annoncé oralement le 15 mai dernier que lArchitecte des Bâtiments de France envisageait lenlèvement de lenduit récemment appliqué sous la galerie
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et le remplacement des menuiseries des fenêtres de la tour Maurand, avec retour aux formes antérieures. Sur ce dernier point, il faut rappeler que ce ne serait là quune remise en conformité avec lavis donné par lInspecteur général des Monuments historiques le 20 mars 2000 pour lequel la tour Maurand devait être traitée à lidentique et qui demandait que les menuiseries anciennes soient maintenues autant que possible en façade. Pour lessentiel, il ne resterait donc en discussion que la suppression des deux portes récemment ouvertes sur la galerie ouest et leur remplacement par les portes médiévales voisines à restaurer. Celle du rez-de-chaussée en particulier fait très malencontreusement saillie dans la perspective de la galerie.
Il faut encore souligner que le surcoût à envisager est modeste et que les quelques modifications à apporter ne sauraient empêcher linstallation de lEcole Supérieure dAudio Visuel dans ses locaux dès la rentrée prochaine.
En vous remerciant de lintérêt que vous manifesterez pour la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine de notre région, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, lexpression de mes salutations respectueuses.
Copies du dossier envoyées pour information à l'Architecte des Bâtiments de France, au Conservateur régional de l'archéologie, à la Conservatrice régionales de l'Inventaire, à l'Architecte en chef des Monuments historiques, à l'Architecte en chef des Monuments historiques chargé d'une mission d'inspection générale, au Conservateur général chargé d'une mission d'inspection générale, 10 juin 2003.
Restées sans réponse.
Lettre au Directeur régional des Affaires culturelles, 15 juillet 2003
Monsieur le Directeur,
La Société Archéologique du Midi de la France ne peut se satisfaire de la réponse que vous nous avez adressée le 12 juin dernier, ni sur la forme, ni sur le fond.
Nous vous avons en particulier proposé à deux reprises de provoquer durgence une réunion sur place, proposition que vous laissez sans réponse : nous ne pouvons que constater que la Direction régionale des Affaires culturelles sen tient délibérément à la politique du fait accompli, déjà manifesté par le refus dévoquer le dossier devant la C.R.P.S. du 13 mai dernier.
Ne pouvant admettre ce refus de la concertation, nous renouvelons une dernière fois notre proposition et vous demandons dinviter à une réunion sur le chantier de lancien collège de Périgord le Président du Conseil Régional, le Président de lUniversité de Toulouse-Le Mirail, le Conservateur régional des Monuments historiques, le Conservateur des Monuments historiques, lArchitecte des Bâtiments de France, larchitecte maître duvre en y associant la Société Archéologique du Midi de la France.
Nous navons ni le temps ni lenvie de faire lexplication de texte quexigerait pourtant votre courrier. Nous nous en tiendrons à quelques points particulièrement significatifs.
Vous affirmez « déplorer que la partie basse du bâtiment ouest ait été intégralement enduite, alors que lABF avait proposé de traiter et de laisser apparentes les baies anciennes » : dans le cadre de son contrôle, le rôle de larchitecte des Bâtiments de France est-il de proposer ou de prescrire ? Les particuliers qui se voient interdire ou imposer ceci ou cela seront sans aucun doute heureux dapprendre quil ne sagit que de propositions de la part de larchitecte des Bâtiments de France.
Vous écrivez encore quenlever lenduit de la partie basse de la galerie et supprimer les portes nouvellement créées serait un « nouveau traumatisme apporté à ces parties de lédifice ». Comment pouvez-vous oser un tel argument ? Mais vous reconnaissez au moins, au détour dune phrase, ce que vous appelez dans votre langage un « traumatisme » et que nous appelons pour notre part plus clairement un « massacre ». Il faut vous faire remarquer que vous indiquez que « les travaux effectués sont difficilement réversibles » alors que les renseignements communiqués par larchitecte des Bâtiments de France au Président du Conseil régional affirment sans ambages que « le choix retenu pour les travaux et les aménagements vise des interventions remédiables » dont un « enduit à la chaux pour la protection et la respiration des parements ». La réunion que nous demandons donnera peut-être loccasion aux services de lEtat de se mettre daccord.
Votre réponse du 12 juin à notre courrier du 6 mai est par ailleurs très partielle et elle ne prend pas en compte notre nouvelle lettre du 10 juin dont une copie vous a pourtant été adressée par mèl le même jour.
Vous voudrez donc bien répondre avec précision aux différentes questions qui se posent encore :
- la Direction régionale des Affaires culturelles pouvait-elle légalement refuser dinstruire la demande dextension de la protection au titre des Monuments historiques présentée par notre Société en juin 2000 ? Le dossier ne devait-il pas être examiné en délégation permanente ?
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- des découvertes archéologiques fortuites ont-elles effectivement eu lieu et, si tel est le cas, quelles ont été les prescriptions du Service régional de larchéologie ?
Vous voudrez bien nous préciser la composition de lenduit appliqué sur la partie basse de lélévation extérieure du bâtiment ouest sous la galerie : enduit de chaux aérienne, enduit à la chaux aérienne et dans ce cas pourcentage des autres composants (chaux hydraulique, ciment ?), enduit au ciment ? Nous tenons pour acquis que lenduit intérieur est un enduit au ciment : en cas de contestation, vous voudrez bien nous préciser sa composition.
Vous voudrez bien nous adresser copie du dossier qui a été transmis au printemps 2000 aux deux inspecteurs généraux des Monuments historiques et copie de leurs avis ainsi que de ceux de larchitecte en chef des Monuments historiques, de lArchitecte des Bâtiments de France, du Conservateur régional des Monuments historiques et du Conservateur des Monuments historiques.
Le plus grave dans cette affaire, Monsieur le Directeur, est que vos services senferment dans un formalisme administratif qui leur fait oublier la mission même qui les légitime : la protection et la mise en valeur du patrimoine dont nous avons tous la charge. Que la procédure ait été respectée (ce qui reste à vérifier) ne saurait justifier le massacre des bâtiments de lancien collège de Périgord : cela signifie par contre que le vandalisme est devenu institutionnel. Deux conservateurs du patrimoine, deux inspecteurs généraux des Monuments historiques, un architecte en chef des Monuments historiques et un architecte des Bâtiments de France, soit pas moins de six « spécialistes », cest beaucoup pour un pareil résultat et cela pose de la manière la plus crue la question du fonctionnement des services des Monuments historiques, alors que la réforme de lEtat est à lordre du jour.
Il est par ailleurs inadmissible quune administration sautorise des réponses aussi désinvoltes aux questions qui lui sont posées. Vos services abusent de la langue de bois et napportent que des informations tronquées voire fallacieuses. Personne nen est dupe. Les services de lEtat apparaissent comme autant de pouvoirs féodaux dont les intérêts particuliers se substituent à lintérêt général, qui confondent missions régaliennes et arbitraire et ne sentent surtout pas tenus de rendre des comptes. La démocratie de proximité suppose dautres modes de fonctionnement. La réponse dilatoire que vous nous faites ne respecte ni le patrimoine dont vous avez la charge ni les citoyens que sont vos interlocuteurs. Nous vous rappelons à ce propos que dans ce genre daffaires, notre Société publie lintégralité de la correspondance dans le volume annuel de ses Mémoires ; le dossier est en outre mis en ligne sur notre site Internet et un dossier de presse est en cours de préparation. Nous espérons pouvoir compter sur vous pour que saméliore la qualité de nos échanges.
Fondée en 1831 et reconnue dutilité publique en 1850, notre Société sest donnée pour mission la défense du patrimoine du Midi de la France et elle entend rester fidèle à sa raison dêtre.
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Directeur, lexpression de mes salutations respectueuses.
Copie à M. le Président du Conseil régional
Restée sans réponse.
Lettre au Président du Conseil Régional, 28 juillet 2003
Monsieur le Ministre,
Votre réponse à notre lettre du 6 mai 2003 a croisé notre deuxième courrier, du 10 juin, par lequel nous vous demandions de convoquer, la Région étant maître douvrage de lopération, toutes les parties intéressées pour une réunion de chantier sur le site de lancien collège de Périgord.
Nous vous renouvelons notre demande en insistant une nouvelle fois sur le fait que les modifications proposées par la Société Archéologique du Midi de la France nentraînent aucun changement daffectation des espaces et quelles ne devraient pas empêcher linstallation de lEcole Supérieure dAudio Visuel dans ses locaux dès la rentrée prochaine. Il y aura bien sûr un surcoût, que nous estimons peu important et qui sera en outre négligeable par rapport au budget global de lopération mais aussi au regard de lintérêt patrimonial de lédifice ; larchitecte maître duvre devrait pouvoir vous en donner sans difficulté une estimation.
Par ailleurs, comme vous nous proposez de compléter notre information, nous vous demandons de bien vouloir nous communiquer la copie des deux comptes rendus de visite du chantier des 6 et 9 décembre 2002.
Les réponses à nos courriers, quelles viennent de lUniversité ou de la Direction régionale des Affaires culturelles, en nous enfermant dans les seuls aspects technico-administratifs, finissent par faire oublier lessentiel, à savoir lenjeu patrimonial qui est en cause. Il faut le rappeler encore : les bâtiments de lancien collège de Périgord ne sont pas des éléments secondaires de notre patrimoine. Il sagit dun site majeur de lhistoire de Toulouse dont la tour du XIIe siècle nest que la partie la plus visible. Lhôtel
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de la famille Maurand, devenu lemblème du catharisme toulousain, comprenait également deux ailes, repérées depuis longtemps et dont des vestiges tout à fait significatifs sont apparus au cours des travaux. Des vestiges de maisons médiévales voisines, englobées dans le collège fondé en 1360, ont également été mis au jour : on sait à quel point le déchiffrage de ces « écritures » archéologiques intéresse le spécialiste comme le touriste le moins averti. Quant à la galerie en bois du collège du XIVe siècle, il sagit dun exemple unique à Toulouse et dans toute la région, qui a elle seule méritait dêtre classée au titre des Monuments historiques depuis longtemps.
Voilà en quelques mots lédifice qui a été traité avec aussi peu de scrupules. Car il nest pas besoin dêtre architecte ni archéologue pour se rendre compte que les travaux ont été projetés et conduits sans tenir aucun compte des bâtiments existants, considérés comme de simples volumes à remodeler. Il nest pas besoin non plus dêtre architecte ou archéologue pour constater le massacre.
Nous comprenons bien que, ne disposant pas des personnels compétents en matière de patrimoine, la Région fasse appel aux avis des services du Ministère de la Culture.
Vous nous indiquez que lArchitecte des Bâtiments de France a rappelé « le principe selon lequel la réutilisation dun édifice constitue une garantie de conservation de ce dernier » : largument est piquant venant de quelquun qui a construit ses propres bureaux, en béton, acier et verre, sur un portail de la Renaissance classé Monument historique Cela dit, notre Société na jamais demandé que les bâtiments de lancien collège de Périgord soient laissés à labandon, vous en conviendrez.
Nous regrettons en revanche que faute davoir pris en compte la dimension patrimoniale de ces bâtiments (hormis la tour Maurand), les aménagements naient pas différencié les parties qui pouvaient être éventuellement modifiées sans trop de risque de celles qui nécessitaient un traitement plus réfléchi pour en permettre la meilleure mise en valeur. Cest lune des raisons pour lesquelles la Société Archéologique du Midi de la France demandait, en juillet 2000, que soit réalisée une étude darchéologie du bâti. Il est dailleurs tout à fait dommage que, dans sa réponse du 31 août 2000, le Directeur régional des Affaires culturelles nait pas jugé utile de nous informer que la Région était maître douvrage de lopération, car nous vous aurions immédiatement saisi.
Vous nous indiquez encore que lArchitecte des Bâtiments de France vous assure que « le choix retenu pour les travaux et les aménagements vise des interventions remédiables », et de citer lenduit « à la chaux pour la protection et la respiration des parements » et les « panneaux acoustiques pour la salle audiovisuelle fixés de façon à ne pas dégrader le décor peint situé au-dessous ». Le Service départemental de larchitecture et du patrimoine de la Haute-Garonne ne semble pas vraiment savoir ce que sont des techniques garantissant la réversibilité des aménagements : pour ne prendre que deux exemples, la grande porte percée sur la rue de Périgord et le plancher en béton ancré dans les murs de lancienne chapelle, y compris celui de la tour Maurand, ne sont pas des aménagements réversibles. Pour ce qui est de lenduit intérieur, nous sommes sûrs quil est au ciment, quant à lenduit « à la chaux », nous ne saurions trop vous recommander une expertise pour en connaître la composition exacte. Il y a beaucoup à dire sur les informations partielles ou contradictoires, les fausses réponses, les demi-mensonges et les demi-vérités qui nous sont servis depuis que nous interrogeons les services de lÉtat.
La Direction régionale des Affaires culturelles et le Service départemental de larchitecture et du patrimoine sabritent derrière la régularité réglementaire du dossier pour dégager leur responsabilité, en oubliant cependant quune grave erreur dappréciation a été commise dès le début, que lon na pas voulu et que lon ne veut toujours pas corriger. Le « suivi » du chantier ne vaut pas mieux que la « conformité réglementaire » puisquil na pas permis de donner lalerte et na pas conduit à modifier le projet pour mettre en valeur ce qui devait lêtre des bâtiments anciens.
Pourtant les conditions dune réalisation exemplaire étaient a priori réunies. Il était possible de faire appel à des techniques assurant une véritable réversibilité des aménagements nécessaires à linstallation de lE.S.A.V., et pour le même coût. Nous ne prendrons quun exemple : la dalle de béton qui recoupe lancienne chapelle pouvait être établie sans ancrage dans les murs du bâtiment. Une telle démarche, qui serait normale dans le cadre de bâtiments anciens, suppose que lon prenne la peine, au préalable, de les étudier pour les connaître. Laffaire de lancien collège de Périgord pose de la manière la plus crue la question de la protection et la mise en valeur du patrimoine en ce début du XXIe siècle et du fonctionnement des institutions qui en ont la charge.
La Région peut-elle se satisfaire dun formalisme administratif qui justifie le vandalisme ? Ne rien faire reviendra à cautionner le massacre. La Région Midi-Pyrénées affiche pourtant sa volonté de mettre en uvre une politique du patrimoine ambitieuse, dont les enjeux sont autant culturels que touristiques. Laffaire de lancien collège de Périgord est loccasion de la mettre en actes.
Comme nous lavons rappelé au Directeur régional des Affaires culturelles, notre Société sest donné pour mission, depuis sa fondation en 1831, la défense du patrimoine du Midi de la France ; à ce titre, elle a été reconnue dutilité publique en 1850. Lhistoire, lhistoire de lart et larchéologie sont de sa compétence et ses Mémoires publiés annuellement sont appréciés aussi bien en Midi-Pyrénées quà Bordeaux ou Montpellier quà Saragosse ou Barcelone Sera-t-elle entendue à Toulouse ?
Dans cette attente, je vous prie de recevoir, Monsieur le Ministre, lexpression de mes salutations respectueuses.
P. J. Copie du courrier adressé au Directeur régional des Affaires culturelles le 15 juillet 2003.
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Réponse du Président du Conseil Régional, 23 septembre 2003
Madame la Présidente,
Par courrier en date du 6 mai 2003, vous aviez attiré mon attention sur le chantier en cours de réalisation relatif à lancien collège de Périgord, situé au n° 56 de la rue du Taur à Toulouse. Je vous ai adressé une réponse le 11 juin dernier qui sest croisée avec votre courrier du 10 juin rappelant les termes du précédent.
Vous renouvelez vos remarques sur le déroulement de cette opération dans une lettre du 28 juillet 2003.
La Région, qui assure la maîtrise douvrage de cette opération, soucieuse de mener à bien ce chantier dans le respect des réglementations en vigueur, a associé les services de la DRAC, des Bâtiments de France et des Monuments Historiques à cette réalisation. Leurs remarques et demandes ont été prises en compte régulièrement, tout au long de la réhabilitation.
Le 10 juillet 2003, M. Lagrange, Directeur Régional des Affaires Culturelles, est venu personnellement sur le site, accompagné de son architecte-conseil. Après une longue visite, il a confirmé son accord sur le traitement architectural de cet ouvrage en présence des deux architectes (Atelier 13) et de notre représentant de la SEMCOGEMIP.
Par ailleurs, je vous précise que louvrage vient dêtre réceptionné et sera remis prochainement à lESAV. Cette réception a été faite en présence des représentants de lUniversité de Toulouse-le-Mirail et de lESAV qui se sont réjouis des travaux réalisés.
Souhaitant que ces éléments soient de nature à vous apporter un éclairage utile sur ce dossier,
Je vous prie de croire, Madame la Présidente, à lassurance de mes sentiments distingués.
Lettre au Ministre de la Culture et de la communication, 14 août 2003
Monsieur le Ministre,
En sadressant à vous, la Société Archéologique du Midi de la France espérait mieux quune simple réponse de cabinet nous informant de la transmission du dossier au directeur de larchitecture et du patrimoine, dont nous sommes dailleurs sans nouvelles depuis votre courrier du 23 juin.
La Direction régionale des Affaires culturelles de Midi-Pyrénées sen tenant à la politique du fait accompli, nous vous demandons à nouveau, Monsieur le Ministre, de prendre un arrêté dinstance de classement pour les deux bâtiments de lancien collège de Périgord accolés à la tour Maurand. Cette mesure, par nature transitoire, apparaît désormais comme la seule possibilité dimposer le minimum de mise en valeur que lon est en droit dattendre pour un édifice de cette importance.
Au-delà de lenjeu pour le patrimoine toulousain et régional, cest la question de la politique du Ministère de la Culture en matière de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine qui est posée. La Société Archéologique du Midi de la France vous demande de dire, Monsieur le Ministre, si ce qui a été fait dans les bâtiments de lancien collège de Périgord doit être considéré ou non comme une expression de la politique de votre ministère. Ou bien faut-il considérer quil ny a pas en la matière de politique du ministère de la Culture et que la manière dont sont traités les bâtiments anciens et en particulier les centres urbains, y compris les secteurs sauvegardés, ne relève que de larbitraire des Services départementaux de larchitecture et des Conservations régionales des Monuments historiques.
Les destructions et les réhabilitations désastreuses se sont multipliées à Toulouse ces dernières années. Cela ne peut plus durer. Le massacre de lancien collège de Périgord est dautant plus inadmissible que toutes les conditions étaient réunies pour que sa réhabilitation saccompagne dune mise en valeur qui pouvait sans difficulté être exemplaire. Ne sagit-il pas dun édifice appartenant à lEtat, affecté à lUniversité et a priori parfaitement connu des services du Ministère de la Culture ? Laffaire de lancien collège de Périgord révèle des carences ou des dysfonctionnements quil faut analyser si lon veut éviter que pareilles situations ne se reproduisent. Nous vous demandons, Monsieur le Ministre, de saisir linspection générale des Monuments historiques afin quelle donne son avis sur la manière dont a été conduit le dossier et sur la manière dont ont été réalisés les travaux.
Il est un autre aspect qui ne saurait être négligé, surtout après que se sont tenues en Midi-Pyrénées les Assises de la Culture au cours desquelles tant de grands principes ont été énoncés et alors que sont affirmées la nécessité et la volonté de développer la démocratie de proximité.
Le patrimoine est laffaire de tous et la Société Archéologique du Midi de la France na dailleurs pas attendu le début du XXIe siècle pour penser quil nétait pas le domaine réservé de ladministration. Il serait opportun de rappeler à vos services que les associations de défense du patrimoine et les sociétés savantes sont des interlocuteurs et non des gêneurs à écarter dune façon ou dune autre. Le débat est légitime et il suppose une information précise et exacte quà lévidence les services du Ministère de la Culture se refusent à donner : les véritables questions sont sans cesse éludées et lon omet systématiquement de nous adresser
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les copies que nous demandons de documents qui nont pourtant rien de confidentiel. Il est de votre pouvoir, Monsieur le Ministre, dobliger la Direction régionale des Affaires culturelles à plus de transparence.
En vous remerciant par avance de lattention que vous porterez à cette affaire, je vous prie dagréer, Monsieur le Ministre, lexpression de mes salutations respectueuses.
P. J. Copie du courrier adressé au Directeur régional des Affaires culturelles le 15 juillet 2003.
Restée sans réponse.
Extrait de Patrimoine Midi-Pyrénées, n° 1, octobre 2003
Toulouse. Lancien collège de Périgord massacré
La Société Archéologique du Midi de la France interpelle les services de lÉtat pour navoir pas arrêté le « massacre » des bâtiments de lancien collège de Périgord (XIVe s.) aménagés pour accueillir lÉcole Supérieure dAudioVisuel.
Toulouse tire une légitime fierté
de son long passé universitaire qui a vu en particulier se créer de nombreux collèges,
pour la plupart dès le Moyen Âge.
Le collège de
Périgord, fondé en 1360, en fait partie. Ses bâtiments ont alors englobé ceux de
lhôtel de la fameuse famille Maurand, dont la tour, classée Monument historique
dès 1931, est le seul exemple darchitecture civile romane conservé dans notre
ville.
Les bâtiments de
lancien collège ont été affectés au Grand séminaire au XIXe siècle, puis à
lUniversité, maintenant ainsi jusquaujourdhui, fait exceptionnel, la
vocation première de létablissement. Si les bâtiments ont connu nombre de
réaménagements et de reconstructions, la galerie de bois du XIVe siècle garde le
souvenir du collège médiéval et un oeil un peu averti devine aisément le volume de la
chapelle construite le long de la rue du Taur (des peintures y ont été redécouvertes).
La tour Maurand est
depuis longtemps un symbole de lhistoire du catharisme à Toulouse et elle est, avec
le collège de Périgord, une étape obligatoire de la visite de la ville, entre
Saint-Sernin et la place du Capitole.
Cest cet
ensemble exceptionnel qui vient dêtre massacré pour aménager les locaux de
lEcole Supérieure dAudio Visuel, sous la houlette de lUniversité de
Toulouse-Le Mirail, la maîtrise douvrage du Conseil régional et avec laccord
de la Conservation régionale des Monuments historiques et de lArchitecte des
Bâtiments de France.
Ayant appris que des
travaux étaient projetés, la Société Archéologique du Midi de la France avait
pourtant, dès juillet 2000, attiré lattention de la Direction régionale des
Affaires culturelles (Drac) sur lintérêt de lédifice et demandé une
extension de la protection au titre des Monuments historiques et une étude archéologique
préalable. En vain.
Constatant le
massacre, la Société Archéologique a adressé ces derniers mois de nombreux courriers
aux différentes institutions concernées : Université, Conseil régional,
Préfecture, Direction régionale des Affaires culturelles, etc. Des propositions très
raisonnables ont été faites pour une mise en valeur minimale des éléments les plus
importants et une réunion sur place a été demandée. À nouveau en vain, tout le monde
sen tenant à la politique du fait accompli.
Les demandes
dexplications nont reçu que des réponses très partielles ou
contradictoires, faites de demi-mensonges et de demi-vérités, et lon a
systématiquement omis de fournir copie des documents demandés, nécessaires à
lanalyse de lensemble de la procédure.
Le traitement du
dossier révèle une incompréhensible incompétence ou de graves dysfonctionnements de la
part de services dont la mission est pourtant la sauvegarde et la mise en valeur de notre
patrimoine historique, archéologique et artistique. Après un tel exemple donné par un
édifice appartenant à lEtat, situé en secteur sauvegardé et partiellement
classé Monument historique, quelle autorité peuvent encore avoir les services des
Monuments historiques auprès des particuliers ?
Tout aussi grave est
la désinvolture avec laquelle la Drac répond ou plutôt ne répond pas aux courriers qui
lui sont adressés. La Drac ne semble voir dans les sociétés savantes et les
associations de défense du patrimoine que des gêneurs quil faut écarter à tout
prix, alors même que le ministre de la Culture déclare que les associations doivent
jouer un rôle accru dans la politique du patrimoine.
Laffaire de
lancien collège de Périgord nest pas close pour autant.
Il est encore possible
de mettre à exécution les propositions de la Société Archéologique : enlèvement de
lenduit de la galerie, restauration des portes médiévales, remplacement des
menuiseries de la tour Maurand avec retour à létat antérieur.
Il faut parvenir à
comprendre comment un édifice de cette importance, parfaitement identifié, a pu être
traité de la sorte. Il faut que ladministration des Monuments historiques accepte
de rendre des comptes à la société civile. Le patrimoine est en effet laffaire de
tous.
Ce qui sest
passé dans les bâtiments de lancien collège de Périgord ne doit pas se
reproduire ailleurs.
La Société Archéologique du Midi de la France
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 327
Extrait de Paroles, Le magazine dinformation de lUniversité de Toulouse-Le Mirail, n° 1, novembre 2003
LESAV au cur de Toulouse : ça tourne ! Tout vient à point, et le Taur est un bonheur qui rassemble le personnel et les étudiants de lÉcole Supérieure dAudiovisuel (ESAV) pour servir encore mieux lUniversitas. Au centre de Tolosa, au 56 rue du Taur, lécole interne de notre Université est désormais une belle restauration de 2500 m2 que caresse le parfum des vestiges de lancien collège universitaire. Y siègent déjà le Centre de Ressources Occitanes et Méridionales (CROM) et la Bibliothèque dÉtudes Méridionales (BEM). |
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Les formations théâtrales et lUniversité du temps libre y trouveront prochainement leur place. Il sagit donc moins dune arrivée que dun retour sur un lieu propice à lexpérience dautres limites. Singulier retour avec la complicité fidèle de toute la communauté et grâce aux nombreux étudiants qui ont donné un corps et une âme à lÉcole par la réalisation de plus de 5000 films. Certes, il y a bien un voisin den face peu ordinaire, mais la cinémathèque et lESAV ont déjà fait les 400 coups ensemble et ce rapprochement promet aux étudiant(e)s une autre manière de découvrir les films nécessaires à léclosion de leur style et à laccomplissement de leur personnalité. Il ne nous reste plus quà être dignes de ce voisinage, du lieu et de son histoire. |
Extrait de Patrimoine Midi-Pyrénées, n° 2, janvier 2004
La réhabilitation de lancien collège de Périgord
Pour Rémy Pech, Président de lUniversité de Toulouse-Le Mirail, lancien collège de Périgord « a été très habilement réhabilité » et non pas « massacré » comme laffirmait la Société archéologique du Midi de la France dans nos colonnes du numéro précédent.
La Société archéologique du Midi de la France décrit dune manière apocalyptique la réhabilitation de ancien collège de Périgord qui héberge désormais lÉcole supérieure dAudio-visuel, composante de lUniversité de Toulouse-Le Mirail que je préside. Sous couvert de défendre le patrimoine toulousain, la Société présente une attaque frontale et globale des « services de lÉtat », en loccurrence lUniversité et la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) qui représente en région le Ministère de la Culture, auxquels il faut ajouter la Conservation des Monuments historiques, les Bâtiments de France. Le Conseil régional, maître douvrage et financeur essentiel, est lui aussi incriminé. Il sagirait donc dun « massacre », dune dénaturation totale dun bâtiment effectivement important par son volume, sa situation au cur de la ville, par son histoire enfin.
Saisi bien tardivement (en mai dernier, alors que sachevaient les travaux préludant à linstallation de lESAV) de ces protestations, je me vis contraint de démentir toutes les allégations produites par mes collègues. Cette opération a été suivie de bout en bout par les architectes des Monuments historiques et par la DRAC, dont je naurai cure de suspecter la compétence, et ce dautant plus que les services de la DRAC avaient occupé ces locaux pendant deux décennies, ce qui leur conférait une connaissance intime du bâtiment. La très belle galerie XIVe siècle qui surplombe la cour, et dont les auteurs de larticle contestent un enduit protecteur dont on peut sans doute discuter la couleur mais non lutilité, était tout simplement menacée décroulement si les étayages nécessaires navaient pas été effectués. La tour Mauran, loin dêtre massacrée, a été très habilement réhabilitée et la suppression de superstructures largement post-médiévales la rapproche sans doute de son état originel.
La dévolution de ce bâtiment, aujourdhui sauvé dune ruine certaine à brève échéance, à une école au palmarès très brillant, dont lactivité et le prestige retentissent bien au-delà de notre région fait revenir la vie en des lieux à peu près délaissés depuis de longues années. Respecter les bâtiments anciens, ce nest pas contempler leurs blessures en les laissant se délabrer, mais bien au contraire les mettre en mesure de revivre en les adaptant à leur nouvelle destination, sans pour autant trahir lesprit des lieux. Cest, je le crois sincèrement, ce qui été accompli rue du Taur et tous les artisans de ce programme doivent en être remerciés.
Lettre adressée au Président du Conseil Régional, au Président de l'Université de Toulouse-Le Mirail, au Directeur régional des Affaires Culturelles, à l'Architecte des Bâtiments de France, à l'architecte maître d'uvre, 14 février 2004
Vous trouverez ci-joint le texte de larticle consacré aux travaux récemment réalisés dans les bâtiments de lancien collège de Périgord, qui sera publié dans le volume LXIII (2003) des Mémoires de notre Société.
Vous voudrez bien en prendre connaissance et nous faire éventuellement les observations que vous jugeriez utiles. Dans la mesure où vous êtes directement concerné par ce dossier, la Société Archéologique du Midi de la France vous propose, si vous le souhaitez, duser dun droit de réponse.
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 328
Si tel était le cas, votre réponse, pour être publiée intégralement dans le prochain volume de nos Mémoires, devrait nous parvenir avant le 10 mars 2004. La publication reste néanmoins soumise à lexamen préalable de notre Société.
Nous vous prions de croire, [...], à lexpression de nos salutations respectueuses.
Réponse du Président du Conseil régional, 26 février 2004
Madame la Présidente,
Jai bien reçu votre courrier du 14 février dernier par lequel vous me transmettez le texte de larticle consacré aux travaux réalisés dans les bâtiments de lancien collège de Périgord.
Soyez assurée que jen ai pris connaissance avec intérêt.
Vous le savez, jai souhaité que la Région, assurant la maîtrise douvrage de cette opération mène ce chantier dans le respect des réglementations en vigueur qui relèvent de la compétence des services de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, des Bâtiments de France et des Monuments Historiques.
Leurs remarques et demandes ont été prises en compte régulièrement, tout au long de la réhabilitation.
Jai par ailleurs demandé à Monsieur [le] Directeur Général Adjoint des Services, dêtre à votre disposition pour tout renseignement que vous jugerez utile de disposer sur ce dossier.
Je vous prie de croire, Madame la Présidente, à lassurance de mes sentiments distingués.
Réponse de la Direction régionale des Affaires culturelles, courriel du 24 avril 2004
[Le] Directeur des affaires culturelles [...] m'a fait parvenir le courrier que vous lui avez adressé, qui contient le texte consacré aux travaux menés sur l'ancien collège de Périgord.
Je crois effectivement nécessaire d'utiliser le droit de réponse que vous nous proposez. Le 10 mars, date limite de notre réponse, est cependant assez irréaliste quand votre courrier nous est arrivé le 19 février. Nous nous permettrons donc de vous solliciter en temps voulu pour exercer ce droit de réponse (qui paraîtra donc dans un an....), mais je regrette que la relation des travaux de l'ESAV apparaisse plus comme un acte polémique voire accusatoire que comme un débat contradictoire. Voilà aussi un terrain dont il convient à mon sens de « changer l'esprit et la pratique ».
Réponse d'Atelier 13, cabinet d'architectes, maître d'uvre, 10 mars 2004
LÉCOLE SUPÉRIEURE DAUDIO-VISUEL DANS LANCIEN COLLÈGE DU PÉRIGORD
Un droit de réponse soumis à contrôle
La Société Archéologique du Midi de la France publie un article sur la réalisation de lESAV, en accordant généreusement à ses auteurs un droit de réponse quelle sautorise à censurer. Si demblée le ton est donné, nous le contestons et revendiquons un droit de réponse « sans examen préalable ».
Des contre vérités
La liberté de parole est un bien précieux, toutefois pour mériter considération, cette parole doit être fondée. Reprenant les propos de la Sté Archéologie, quel crédit leur accorder devant une méconnaissance affichée de lhistoire du projet, de son contenu, de son déroulement ou devant lignorance des enjeux même de cette opération?
Cette situation
entraîne inévitablement des jugements a priori, des paris « il y a fort à parier
(sic) » quand ce ne sont pas des fantasmes.
Ainsi pouvons-nous
relever dans le texte « on a éventré des tombes » ou « des pans entiers de
maçonnerie ont été démolis... »
Or, il ny a pas
eu creusement, si ce nest la fosse de lascenseur, soit 2 m2
le sous sol existait, il ny a pas eu de tombes éventrées, et la démolition
se limite au percement de 2 portes.
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 329
Rappelons que dans la première esquisse, nous avions imaginé de faire un sous sol au niveau de la cour, cette idée avait été volontairement écartée par la Région et lUniversité, afin de ne rien toucher. Enfin, le chantier est resté libre daccès durant 18 mois, rien na été occulté. Aussi nous exigeons de la Sté dArchéologie le retrait de ces fausses déclarations, faute de quoi nous serions dans lobligation dengager une procédure.
La finalité de lopération
1. Le sauvetage dun patrimoine
Toulouse possède un
patrimoine important dont fait partie lancien collège du Périgord.
Son état dégradé
constaté au démarrage de lopération nécessitait une intervention
rapide.
La décision dy
installer lESAV a permis de le sauver, de laménager et par la même de le
protéger.
A titre dexemple
la réfection des toitures, des descentes deaux pluviales, le changement de poutres
ou leur consolidation ont évité leffondrement de la galerie.
Par ailleurs la
dimension patrimoniale du projet, puis sa réalisation, a fait lobjet de multiples
interventions de spécialistes dont on a suivi toutes les prescriptions.
2. Lenjeu dun programme
LESAV est
destiné à former des étudiants dans le domaine de laudio-visuel.
Vis à vis de
lenjeu dimportance que représente la formation de jeunes, le premier rôle de
larchitecture consiste à répondre à des attentes préalablement formulées dans un
programme.
Il sagissait ici
dun défi, celui dinstaller un équipement à fortes exigences techniques
(dont lacoustique) et pédagogiques dans un lieu patrimonial.
Classé établissement
recevant du public, lESAV répond par ailleurs à des contraintes réglementaires
fortes dans des domaines divers: accessibilité et en particulier sécurité
incendie vis à vis de tiers.
Cet impératif nous a
amenés à changer certaines menuiseries pour obtenir le classement au feu demandé, à
refaire des planchers, à traiter des plafonds ou des parois, nous lavons fait dans
le plus grand respect des lieux existants et avec le souci permanent dune
réversibilité.
3. La finalité de larchitecture
Larchitecture
est un tout, opérant une synthèse entre un programme, les capacités et les qualités
dun bâti existant, ses faiblesses, les contraintes réglementaires diverses.
Il convient de
connaître lensemble de ces dimensions pour juger une réalisation.
En tant quauteurs
nous avons eu lambition doffrir une qualité architecturale globale que ce
soit dans lorganisation des espaces, la fonctionnalité pour une bonne
intelligibilité du bâtiment, le traitement des volumes, des ambiances, de la lumière,
du choix des matériaux et des couleurs photos ci-jointes illustrant notre
intervention. Ceci afin dapporter, à travers larchitecture, du plaisir à
ceux qui vivent au quotidien lEtablissement et à tous ceux qui y viendront.
La Société
Archéologique reconnaît dans son texte une satisfaction générale de lensemble
des acteurs Conseil Régional, Direction Générale des Affaires Culturelles, Université.
Acteurs auxquels on
pourrait ajouter les utilisateurs.
Ny aurait-il donc
pas : « beaucoup de bruit pour rien » ?
Lettre à Atelier 13, cabinet d'architectes, maître d'uvre, 3 avril 2004
Madame, Monsieur,
Les règles de fonctionnement de notre Société imposent que tout texte publié dans nos Mémoires soit préalablement examiné en séance : il ny a là aucune volonté de censure. Votre texte a donc été présenté et nous pouvons vous assurer quil sera intégralement reproduit, comme tous les courriers échangés à propos de cette affaire et dont certains sont en ligne sur notre site Internet depuis plusieurs mois déjà.
Vous accompagnez votre propos de photographies. Pour quelles soient également reproduites, il est nécessaire que vous nous
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 330
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 331
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 332
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 333
fassiez parvenir des tirages papier de bonne qualité ou des fichiers numériques en haute définition. Il serait préférable quelles soient accompagnées chacune dune légende.
Nous vous prions de croire [ ] à lexpression de nos salutations respectueuses.
Lettre à la Direction régionale des Affaires culturelles, courriel du 9 mai 2004
Monsieur,
Nous avons bien reçu votre mail qui demandait pour la DRAC un droit de réponse reporté à notre prochain volume des Mémoires de la société archéologique du Midi de la France, en ce qui concerne le Collège de Périgord. Nous conserverons donc un espace pour ce droit de réponse l'année prochaine. Cependant, comme nous publions dans le dossier du volume qui va paraître tous les courriers reçus des différentes administrations avec lesquelles nous avons eu des échanges, nous voudrions savoir si vous souhaitez que votre courrier mail soit publié, au même titre que les autres courriers.
En vous remerciant pour votre réponse, je vous prie de croire, Monsieur, en mes sentiments les meilleurs.
Réponse de la Direction régionale des Affaires culturelles, courriel du 9 mai 2004
Chère Madame,
Le mail en question est sans nul doute très anecdotique, et nous éloigne bien du sujet patrimonial à proprement parler... Et d'ailleurs, pourquoi demander l'autorisation de sa publication alors que vous ne l'avez pas demandée pour les autres courriers ? Je vous laisse la décision de le publier, à condition que soit publié le courrier [ ] auquel il répondait. J'espère que vous publierez aussi, en complément des échanges que vous avez eus avec les administrations, ceux que vous avez eus avec les architectes. Leur courrier en date du 10.03.2004 me semble une réponse argumentée pour comprendre leur travail.
Le dossier n'étant visiblement pas sous presse, je me permets de vous demander de bien vouloir modifier le second paragraphe de l'avant dernière page de votre projet d'article, deuxième phrase : « Il est cependant clair que la DRAC n'a jamais attiré l'attention ni du propriétaire... sur l'intérêt patrimonial propre que représentaient les deux ailes adossées à la tour Morand ». Comment votre société peut elle écrire cela, alors que l'un de ses membres [ ] a assisté à la réunion où je l'avais convoqué, en présence des architectes et du SDAP, réunion au terme de laquelle il a été demandé d'arrêter d'enduire la galerie haute, pour des motifs patrimoniaux... Comment pouvez-vous dire cela alors que l'ABF a fait des prescriptions sur les traitements de ces ailes ? Il est donc plus juste de dire que malgré l'intérêt patrimonial de ces séquences, il n'a pas été prescrit de les conserver rigoureusement en l'état. Ce qui a l'avantage de laisser le débat ouvert sans proférer de contre vérité.
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