Mémoires |
BULLETIN DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE
2002-2003
établi par Patrice CABAU & Maurice SCELLÈS
Les parties non reproduites dans lédition papier apparaissent en vert dans cette édition électronique.
Séances du 1er octobre 2002 au 21 janvier 2003 | Séances du 31 janvier 2003 au 11 mars 2003 |
Séances du 25 mars 2003 au 3 juin 2003 |
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 272
SÉANCE DU 25 MARS 2003
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire
général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mme Cazes, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM.
labbé Baccrabère, Bordes, Bruand, le Père Montagnes, MM. Nayrolles, Pradalier,
Prin, Peyrusse, membres titulaires ; Mmes Bayle, Bellin, Boussoutrot, Conan,
Czerniak, Fronton-Wessel, MM. Balagna, Manuel, Testard, membres correspondants.
Excusés : MM. Boudartchouk, Hermet.
Après avoir annoncé que la présentation du procès-verbal du 11 mars était reportée à la prochaine séance, la Présidente rend compte de la correspondance reçue. Me Viala nous communique copies des courriers quil a adressés à la Mairie de Toulouse et des réponses qui lui ont été faites à propos des incidents survenus dans le fonctionnement des ascenseurs, des stationnements abusifs devant lentrée du garage et des dégâts des eaux de février dernier.
Notre confrère M.
Manuel offre à la Société deux dossiers illustrés de photographies sur léglise
Saint-Michel de Cordes et les peintures de la chapelle Saint-Jean-de-Mordagne. La
Présidente remercie M. Manuel.
Nous avons encore reçu
louvrage de Gérard Veyries, De Montégut à LIsle en Albigeois. Remise en
question dun mythe historique, 2002, 240 p., offert par lauteur en
remerciement des recherches quil a pu effectuer dans notre bibliothèque.
Par ailleurs, Jean-Luc
Schenck, conservateur du musée de Saint-Bertrand-de-Comminges, nous adresse
louvrage de Jean-Pierre Bost et Clary Namin, Collections du Musée archéologique
départemental de Saint-Bertrand-de-Comminges. 5. Les monnaies, Conseil Général de
la Haute-Garonne, 2002, 240 p.
La correspondance imprimée comprend le programme des conférences organisées par les Pays dart et dhistoire des bastides du Rouergue et lannonce du colloque sur Le Moyen Âge dans les Pyrénées catalanes. Art, culture et société qui se déroulera du 23 au 25 mai prochain. On y ajoutera larticle paru dans lédition du Tarn de La Dépêche du Midi et repris dans lédition en ligne qui rend compte très amplement de létude de la tour de Palmata de Gaillac, réalisée par Anne-Laure Napoléone, Catherine Guiraud et Bertrand de Viviès.
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La parole est à Olivier Testard pour la communication du jour : La porte Miègeville de Saint-Sernin de Toulouse : proposition danalyse iconographique, qui sera publiée dans le tome LXIV (2004) de nos Mémoires.
La Présidente remercie Olivier Testard pour cette communication qui apporte beaucoup à la compréhension de la porte Miègeville et suscite sans doute tout autant dinterrogations. Des scènes qui restaient énigmatiques sont élucidées et du sens est rendu à dautres. Ces nouvelles interprétations sont tout à fait intéressantes et seront amplement débattues. La Présidente se dit convaincue par largument de la laideur du péché, mais elle réserve son opinion quant aux anges qui seraient représentés sur lune des consoles, promettant de vérifier sur place au plus tôt.
Pour Daniel Cazes, la
bibliographie très nombreuse témoigne quil y avait encore beaucoup à discuter,
tant liconographie de ce portail est riche. Linterprétation proposée du
relief de Simon est convaincante, le situant dans une perspective plus large que celle,
admise jusquà présent, qui le limitait à un récit anecdotique lié à
lhistoire du chapitre. En revanche, Daniel Cazes ne croit pas à une représentation
synthétique de saint Jacques, qui associerait le Majeur et le Mineur, cette
interprétation lui paraissant relever dune vision intellectuelle contemporaine. Les
chanoines de Saint-Sernin qui firent réaliser le portail devaient sans aucun doute savoir
lequel des deux apôtres y était figuré. Daniel Cazes rappelle que le chanoine
Delaruelle sétait prononcé en faveur du Mineur, mais linévitable
rapprochement avec la représentation de Saint-Jacques-de-Compostelle, où saint Jacques
est également accompagné de bâtons, a imposé dy reconnaître le Majeur. Du point
de vue de la méthode, et alors que les attributs sont nos repères principaux pour
identifier les personnages, il est peut-être risqué didentifier différemment deux
images semblables.
Après avoir rappelé
quil ne rejetait pas lidentification de saint Jacques le Majeur, Olivier
Testard assure avoir eu le même parcours, jusquà donner la préférence au Mineur.
Mais les études sur Jacques indiquent de manière récurrente la confusion à cette
époque entre les deux saints, tant et si bien que lon demande aux dominicains une
révision des récits hagiographiques et que lon insiste sur le fait quil ne
faut pas confondre Jacques le Majeur et Jacques le Mineur. La confusion semble donc bien
réelle, et il a fallu ladmettre.
Sur le second point,
Olivier Testard avoue quil lui faut encore approfondir la question de la conception
de liconographie au Moyen Âge, et il reconnaît que cela peut nous poser de
véritables problèmes de méthode.
Louis Peyrusse
sinterrogeant sur linterprétation proposée pour le relief placé sous celui
de saint Jacques, Henri Pradalier demande pourquoi lune des deux femmes a les pieds
nus, lautre les pieds chaussés. Après avoir fait remarquer que lune des
femmes na pas les pieds nus mais dans des sandales et que lautre porte des
chaussures fermées, Olivier Testard explique que les deux femmes dAbraham
pourraient représenter lAncien et le Nouveau Testament, cest-à-dire les
Écritures maîtrisant le mal qui apparaît sous la forme des lions.
Henri Pradalier est
prêt à suivre Olivier Testard quand il propose de voir dans Simon le Magicien le premier
des hérétiques et une image du peuple juif, mais il conserve un double sens,
lascension manquée de Simon sopposant à celle du Christ : cest
également ce que pense Olivier Testard. Pierre représente la papauté à un moment où
lon exalte à Rome la chaire de lapôtre, et il est celui qui a vaincu Simon
le Magicien. La lecture supplémentaire qui est proposée contribue effectivement à une
meilleure explication des reliefs. En poursuivant dans le même sens, il serait possible
de voir dans les figures dAgar et de Sarah, les deux femmes dAbraham, des
images de la Synagogue et de lÉglise, avec une question sous-jacente qui est celle
de savoir si les Juifs seront sauvés ou non. Sopposent en effet alors deux
tendances, lune rigoriste, lautre libérale. Suivant en cela saint Paul, le
tympan de Beaulieu relèverait de la tendance libérale qui voulait que chacun soit jugé
selon sa loi sil lavait lui-même appliquée. Si linterprétation du
relief est la bonne, Abraham oblige Agar et Sarah, cest-à-dire lÉglise et la
Synagogue, à se regarder alors que les animaux divergent, et lon aurait donc là
lexpression de la tendance libérale. Olivier Testard partage cette analyse. Henri
Pradalier ajoute quà Saint-Isidore de León, on trouve aussi Agar dun côté,
Sarah de lautre et Abraham au milieu, Abraham qui est encore représenté à
Saint-Jacques-de-Compostelle, mais seul et sans que lon connaisse sa provenance.
Henri Pradalier récuse
en revanche lhypothèse dune représentation à Miègeville de la Pentecôte
dont liconographie est bien fixée : les apôtres sont assis tandis que des
flammes descendent sur eux, et la Vierge est parmi eux. Pousser linterprétation des
figures du linteau jusque-là relève de la surinterprétation. Quant à lidée
selon laquelle lÉglise navait guère à afficher sur un portail des conflits
« internes », elle nest pas convaincante si lon considère que la
simonie nétait pas seulement une affaire interne puisquil sagissait de
la collusion entre le clergé et la noblesse. En rappelant que laccusation de Cluny
ne concerne que les chanoines, Olivier Testard dit quil a surtout considéré que
lallusion ne touchait quune petite partie de la société et quil
sagissait donc dun problème important mais particulier qui navait pas
sa place sur un portail à portée universelle.
Henri Pradalier
maintient son désaccord. Il relève ensuite que si lon sen tient à la grille
de lecture proposée, Simon se trouve dans la zone céleste. Olivier Testard en convient.
Henri Pradalier dit être prêt à admettre la confusion des deux saints Jacques, mais il
ne voit pas, lui non plus, quel rapport pourrait être établi entre lun ou
lautre des apôtres et Abraham. Olivier Testard ajoute quil na pas de
réponse satisfaisante à proposer pour les reliefs supérieurs. Les éléments dont il
dispose lui ont paru néanmoins assez probants pour être présentés. Il reconnaît une
autre faiblesse, quil na dailleurs fait quévoquer, au sujet de la
corniche dont il faut se demander si elle doit être intégrée au programme
iconographique du portail : on sait cependant que cinq des huit consoles ont été
refaites, et il est donc de toute façon bien difficile de raisonner sur seulement trois
dentre elles.
Henri Pradalier
poursuit lexposé de ses désaccords. La présence de David, sous le linteau, sur la
console de gauche, sexplique par deux versets du début du psaume 138 par lequel
commençait la journée des chanoines : « Je te chante en présence des anges,
je me prosterne vers ton Temple sacré ». Le lien iconographique avec saint Pierre
nest donc pas nécessaire, et lapôtre ne figure ni à Jaca ni à Compostelle
où David musicien est cependant représenté. Quant aux lions sur lesquels il est assis,
Henri
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Pradalier y voit la reprise du thème de
la chaise curule, dont les extrémités sont toujours ornées de têtes de lions, et non
une représentation du mal. Pour Olivier Testard il ny a là rien
dincompatible. Henri Pradalier se dit également sceptique sur
linterprétation du chapiteau à feuillage et animaux qui serait là pour
représenter la Création et il cite lexemple de Jaca, dans une série où le
chapiteau à feuillage na aucune signification particulière. Il pense, pour
conclure, que lenthousiasme de notre confrère le conduit parfois à la
surinterprétation, ce qui nenlève rien à lapport de sa communication pour
une meilleure compréhension du programme iconographique de la porte Miègeville.
Olivier Testard assure
prendre en compte les autres édifices, mais en considérant que la personnalité qui
fabrique intellectuellement le programme est ici et pas nécessairement ailleurs.
Patrice Cabau dit
sêtre intéressé aux éventuels commanditaires qui pourraient être derrière ce
qui est à lévidence la manifestation dune pensée, architecturale et
iconographique. On se situe à un moment où le flou est grand autour de ceux qui dirigent
le chapitre de Saint-Sernin. Par ailleurs, en scrutant le personnel, on ne trouve aucun
équivalent intellectuel à ce que lon connaît pour Moissac ou Saint-Victor de
Marseille. Le cartulaire ne contient que deux actes qui fassent preuve dune certaine
élévation de pensée, et ils sont dictés lun par le prévôt dAngoulême,
lautre par lévêque de Cahors. Jamais un écolâtre napparaît dans les
archives et le nom de capiscol que lon relève est un nom de famille. On
trouve bien un magister Odon en 1115-1120. Quant à Raymond Guillaume, prévôt
avant 1108, devenu abbé entre 1114 et 1117, décédé en 1140, on ignore à quelle
famille il pouvait appartenir et sa personnalité demeure inconnue. Henri Pradalier
réaffirme que, pour lui, la porte Miègeville est en place en 1096.
Au titre des questions diverses, Anne-Laure Napoléone présente les premiers résultats de lanalyse archéologique des bâtiments du collège de Périgord :
« À loccasion des travaux actuellement en cours au n° 56 de la rue du Taur, il a été possible dobserver une partie des vestiges du collège de Périgord. Lhistoire de cet édifice est assez bien connue. Il fut fondé par le Cardinal Hélie de Talleyrand Périgord en 1360 pour une vingtaine détudiants. Pour sa construction, il fallut acheter six hôtels longeant la rue du Taur et la rue de Périgord, en grande partie détruits à la fin du XIVe siècle pour édifier les bâtiments du collège (1). Ces bâtiments ont fait lobjet dune vaste campagne de modifications au cours du XIXe siècle. On connaissait jusque-là la tour Maurand, vestige dun grand hôtel du XIIe siècle englobé dans les constructions du collège, et laile ouest de celui-ci, la seule qui ait survécu aux destructions du XIXe siècle. Lobservation des maçonneries à loccasion des récents travaux ont permis de nombreuses constatations intéressantes.
En tout premier lieu, des informations complémentaires ont pu être recueillies sur lhôtel de la famille Maurand. On soupçonnait déjà lexistence dune aile longeant la rue de Périgord, sur une cinquantaine de mètres environ, à lest de la tour. Les maçonneries des caves, clairement lisibles au cours de ces travaux, ont confirmé ce fait. Dautres vestiges mis au jour récemment sur lélévation ouest sur la cour (correspondant à la seule aile du collège qui soit conservée) ont montré également quune seconde aile, plus restreinte, longeait la rue du Taur au nord donc de la tour. Cette portion de maçonnerie est particulièrement intéressante puisquelle montre clairement le mur du XIIe siècle éclairé au rez-de-chaussée par une fente de jour cassé sur deux niveaux, et la reprise des maçonneries effectuée à la fin du XIVe siècle, notamment pour aménager la grande porte en arc brisé destinée à ouvrir sur la chapelle du collège (cette partie est aujourdhui à nouveau enduite).
Alors que toute la façade donnant sur la rue du Taur avait été remontée au XIVe siècle, on conservait sur la cour un fragment de la maçonnerie de laile ouest de lhôtel Maurand relié aux vestiges dun autre hôtel (vraisemblablement celui de la famille Pechbonnieu) par ce même fragment de mur daté par la porte de la chapelle. Les vestiges de ce second hôtel sont donc antérieurs à la fin du XIVe siècle, mais aucun lien chronologique ne peut être établi avec ceux de lhôtel Maurand. Lemploi de briques de dimensions différentes indique seulement que ces deux constructions ne sont vraisemblablement pas contemporaines. Ces maçonneries conservent trois fenêtres en plein cintre ouvrant sur la cour qui ont pu être reprises au XIVe siècle puisquun arrachement de mur de direction est-ouest semble indiquer que cette partie se trouvait à lorigine à lintérieur. Sont également conservées les parties en sous-sol modifiées également au XIVe siècle par la construction darcs formerets sur le mur ouest et darcs diaphragmes au nord cantonnant une petite voûte destinée à soutenir le passage dentrée du collège.
Le collège a donc pris place à lintérieur de ces vestiges modifiés et réadaptés. Il faut lui restituer les trois autres ailes détruites au XIXe siècle, mais dont une série de plans levés en 1753 nous donne une image assez précise. Il se développait sur quatre ailes formant un trapèze autour dune cour bordée de galeries de bois. Lobservation du seul fragment de la galerie ouest aujourdhui conservé ne fait aucun doute quand à son authenticité, même si lon peut déceler une reprise importante datable du XVIIe siècle qui a entraîné le changement de certaines pièces de bois dans les parties hautes.
Anne-Laure NAPOLÉONE »
1. M. Meusnier, « Fondation et construction dun collège universitaire au XIVe siècle : le collège de Périgord à Toulouse », dans Annales du Midi, t. 63, 1951, p. 211-221.
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TOULOUSE, Hôtel Maurand-Collège de Périgord : plan du rez-de-chaussée avant travaux.
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TOULOUSE, Hôtel Maurand-Collège de Périgord : relevé de la façade ouest sur cour (derrière la galerie) avant la pose de lenduit au rez-de-chaussée.
TOULOUSE, Hôtel Maurand-Collège de Périgord : relevé de la galerie ouest sur cour.
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La Présidente
remercie Anne-Laure Napoléone de tout le travail accompli. Ce premier aperçu donne la
mesure des résultats que lon peut escompter de létude complète de
lédifice.
Louis Peyrusse ayant
remarqué que lescalier étudié naguère par Bruno Tollon napparaissait pas
sur le plan, Anne-Laure Napoléone précise quelle nen a présenté
volontairement quune copie simplifiée.
On rappelle quil nous faudra avoir un débat sur les travaux en cours et la manière dont laffaire a été conduite pour décider déventuelles actions à engager. Il sera pour cela nécessaire de prévoir un temps suffisant de discussion lors dune prochaine séance.
SÉANCE DU 1er AVRIL 2003
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Scellès, Secrétaire
général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Pousthomis-Dalle, Watin-Grandchamp, MM.
Boudartchouk, labbé Baccrabère, Bordes, Hermet, le Père Montagnes, membres
titulaires ; Mmes Bayle, Bellin, Blanc-Rouquette, Boussoutrot, Czerniak, Fournié,
Stutz, MM. Manuel, Molet, Rebière, Testard, membres correspondants.
Excusés : Mme Napoléone, MM. Lapart, Garland, Pradalier.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 25 mars, qui est adopté.
La Présidente rend compte de la correspondance manuscrite. M. Bernard Dumolard, Sous-Préfet honoraire, prie notre Société de bien vouloir excuser son absence à notre séance publique.
La parole est alors à Patrice Cabau, qui tient à protester par avance, et en dépit de la date, du parfait sérieux de sa communication : Saint Saturnin, premier évêque de Toulouse ?
La Présidente remercie Patrice Cabau pour cette recherche très érudite qui met bien en évidence les ambiguïtés de la tradition liée à saint Saturnin.
Henri Molet ayant
rappelé lattention sur lactivité organisatrice du pape Fabien (236-250),
Patrice Cabau précise quelle sest a priori limitée à Rome. Au début du IVe
siècle, lÉglise est encore dans une phase de transition, et son organisation est
très floue et nest pas celle que lon connaît pour lEmpire, aux
environs de 400, avec la Notitia.
Laction de Fabien à Rome permet dimaginer lenvoi dévêques dans
des régions des Gaules qui nauraient pas encore été organisées.
Henri Molet rappelle
que des tombes chrétiennes des années 180-200 ont été trouvées près des sites de
garnison du Rhin. Après avoir cité les autres exemples de Marseille et Mérida où le
christianisme simplante aussi avant 250, Patrice Cabau note que cest souvent
avec les persécutions que des noms apparaissent, témoignant dune organisation en
place. Vers 400, Sulpice Sévère déclare cependant que le christianisme fut reçu assez
tard en deçà des Alpes. Par ailleurs, en 314, au concile dArles, non seulement les
circonscriptions ecclésiastiques paraissent encore très floues mais encore un diocèse
est-il éventuellement représenté par un évêque, un diacre, un lecteur ou un
exorciste.
Daniel Cazes fait
observer que dans lEmpire du deuxième siècle, le réseau des villes est encore
très présent et quune diffusion précoce du christianisme naurait donc rien
de surprenant ; il ny a pas lieu de supposer un désert en dehors de Lyon.
Patrice Cabau affirme que cest tout à fait son opinion, et il ajoute que
labsence de traces archéologiques nest peut-être due quau fait
quelles nont pas été vues. On constate que dans le diocèse des Gaules (mais
peut-on lappeler ainsi ?) existe vers 170 une communauté orientale chrétienne
à Lyon et quen 250, Saturnin, qui est dit primus
ac summus, est accompagné dun diacre et dun prêtre, ce qui indique que
la communauté est structurée, mais rien ninterdit une diffusion du christianisme
à Toulouse dès le deuxième siècle.
Daniel Cazes dit ne pas
avoir bien compris pourquoi notre confrère remettait en cause le témoignage de Sidoine
Apollinaire. Pour Patrice Cabau, il sagit dun simple problème grammatical
quil explique à nouveau. Louis Latour relève quen effet la cinquième
strophe fait écho à la deuxième.
Henri Molet cite un
traité des années 1250, dont le manuscrit est conservé à la British Library et qui
na jamais été traduit en français hormis quelques extraits, dont lauteur,
Jean de Garlande, se moque de la prétention des Toulousains à avoir eu le premier
évêque des Gaules, et, qui plus est, directement envoyé par saint Pierre. Patrice Cabau
précise à ce propos quau Moyen Âge, lexpression « saint
Pierre » peut désigner lévêque de Rome, même si elle peut aussi être
prise à la lettre.
Relevant que Patrice
Cabau a beaucoup insisté sur le fait que le Moyen Âge invoquait le martyr avant
lévêque, Jean-Luc Boudartchouk dit quil est normal que soit mis en avant ce
qui est le titre de gloire de Saturnin. Patrice Cabau acquiesce en ajoutant que la mention
de lévêque apparaît surtout quand se fait jour un souci historique.
Mme Bayle demande si
lon peut imaginer chez les premiers chrétiens des évêques sans attribution
territoriale, comme on en connaît chez les cathares. Patrice Cabau explique que la
compétence géographique des évêques des premiers siècles est très incertaine et que
lon ne sait, quand on a mention dun évêque de Toulouse, sil faut
entendre « de la ville » ou « de la cité », au sens territorial
du mot.
Dominique
Watin-Grandchamp sétonne que la cathédrale de Toulouse ne réclame pas saint
Saturnin en tant que premier évêque de Toulouse. Michelle Fournié rappelle que les
premiers évêques sont habituellement enterrés hors les murs, dans des basiliques
funéraires. On peut parfois se demander si elles nont pas fait fonction de
cathédrale primitive : la question se pose à Agen, par exemple, où la basilique
est une étape obligatoire de lintronisation de tout nouvel évêque avant
quil ne gagne sa
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cathédrale. Patrice Cabau indique par ailleurs que les inhumations des évêques dans les cathédrales ne semblent pas se généraliser avant le XIIIe siècle, excepté à Lodève où lon en a mention avant lan mil, mais dans un contexte topographique très particulier. Pour Toulouse, notre ignorance est à peu près complète jusquà la première inhumation attestée à la cathédrale en 1286. Michelle Fournié ajoute que les évêques de Bourges ne sont jamais enterrés dans la cathédrale avant la fin du XIe siècle.
SÉANCE DU 15 AVRIL 2003
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Ahlsell de Toulza, Trésorier,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint ; Mmes Cazes, Napoléone,
M. labbé Baccrabère, membres titulaires ; Mmes Czerniak, Fronton-Wessel, MM.
Manuel, Salvan-Guillotin, membres correspondants.
Excusés : M. Latour, Bibliothécaire-Archiviste, Mme Bayle, MM. Bordes, Pradalier.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 1er avril, qui est adopté à lunanimité. La Présidente rend compte de la correspondance manuscrite. La Mairie de Toulouse confirme la subvention de fonctionnement quelle nous attribue chaque année.
Lordre du jour
appelle lélection dun membre correspondant. Le rapport de Mme Virginie
Czerniak entendu, M. Jean-Marc Stouffs, restaurateur, est élu membre correspondant de
notre Société.
La Présidente se
félicite de lélection de M. Jean-Marc Stouffs qui nous entretiendra sans doute de
ses chantiers de restauration et que nous aurons en particulier à cur de suivre
pour la deuxième tranche de travaux des peintures murales de Notre-Dame-du-Taur.
La parole est à Marie-Laure Fronton-Wessel pour une communication sur Les corbeaux peints de léglise de Trèbes (Aude), publiée dans ce volume (t. LXIII, 2003) de nos Mémoires.
La Présidente
remercie Marie-Laure Fronton-Wessel pour cette communication qui nous permet de voir enfin
les corbeaux de Trèbes, peu visibles du sol et dont la couverture photographique
navait encore jamais été diffusée. Lensemble constitue un matériel
dune très grande richesse, représentatif dun art populaire dont les
différences de qualité avec les décors de léglise dAragon, dans le
Cabardès, sont très perceptibles. On a en effet affaire à un phénomène de mode qui
concerne une aire assez réduite.
Quitterie Cazes se
demande sil faut vraiment parler de registres à propos de la répartition des
décors sur les corbeaux et sil ne vaudrait pas mieux sen tenir à la notion
de profil, auquel sadaptent les peintures. Par ailleurs, il est bien difficile de
considérer que lon est en présence dun programme iconographique devant ces
quelque trois cents corbeaux dont les motifs se succèdent sans ordre, tout au moins
apparent. Quant au changement de style qui apparaît avec la travée J, Quitterie Cazes
voudrait savoir sil peut être mis en relation avec une éventuelle césure dans
larchitecture. Marie-Laure Fronton-Wessel précise que les maçonneries ne montrent
aucune trace de rupture de chantier, mais quun changement apparaît à ce niveau
dans les bases des colonnes avec lapparition de griffes. Pour Maurice Scellès,
lapparition dune nouvelle forme de bases doit probablement être considérée
comme la marque dune nouvelle campagne de construction, même si les deux campagnes
sont très rapprochées dans le temps.
Quitterie Cazes demande
si les planches de la volige étaient peintes. Marie-Laure Fronton-Wessel ne le pense
pas : seuls les corbeaux et parfois les pannes sont décorés. Répondant à une
nouvelle question de Quitterie Cazes, Marie-Laure Fronton-Wessel indique quaucune
analyse de dendrochronologie na été réalisée à Trèbes et quaucune
nest actuellement prévue. Quitterie Cazes demande encore si lon peut imaginer
une production datelier en série sans lien direct avec le chantier. Marie-Laure
Fronton-Wessel explique que lhomogénéité du décor et la répartition en deux
séries sont plutôt en faveur dune réalisation sur place. La Présidente remarque
en outre que certains de ces décors occupent des emplacements précis dans
lédifice.
Pour ce qui est
de lidentification des figures, Daniel Cazes y voit la représentation de types
sociaux, avec un répertoire très général qui est celui des arts décoratifs. Des
modèles ou des comparaisons pourraient être recherchés dans les autres techniques
artistiques, par exemple la céramique. Les répertoires décoratifs des carreaux
émaillés utilisent aussi ces différents types de représentations : telle tête
masculine de Trèbes est semblable à celle qui figure sur un carreau émaillé retrouvé
par Maurice Prin aux Jacobins de Toulouse. Pour aller dans ce sens, Virginie Czerniak
évoque les animaux tout à fait semblables à ceux de Trèbes qui apparaissent sur un
plafond conservé au musée de Metz, et Marc Salvan-Guillotin cite les décors des
plafonds dAlbi.
Le fait que le décor
nait pas été complété une fois le corbeau mis en place ou, au contraire,
quune partie du décor soit engagé dans la maçonnerie des arcs diaphragmes sont
pour Maurice Scellès les marques dune mise en uvre rapide. On en a également
des exemples dans larchitecture civile, avec des ais dentrevous dont une
partie du décor peint est coupée au moment de la pose pour ajuster la planchette. De
fait, les décors peints des murs révèlent une identique rapidité dexécution.
Cest leffet densemble qui compte.
Maurice Scellès fait
en outre remarquer que les coiffures « à la saint Louis » identifient sans
ambiguïté des figures masculines. Marie-Laure Fronton-Wessel dit quen effet
lincertitude porte sur une seule figure.
Sur la question de
savoir sil faut parler de deux ateliers, ou dun maître et de ses compagnons,
Marie-Laure Fronton-Wessel rappelle que les notions d« atelier », de
« maître » ou de « main » sont toujours difficiles à définir
pour cette époque. Dans le cas de Trèbes, lintervention de deux peintres ne semble
pas devoir être mise en doute.
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Quitterie Cazes
observe que les photographies montrent assez que le ou les peintres ont un dessin très
alerte qui na rien de médiocre. Les murs étaient-ils également peints ?
Marie-Laure Fronton-Wessel indique que jamais on ne trouve simultanément des décors sur
les charpentes et sur les murs dans les édifices que lon connaît aujourdhui.
Dans le cas de Capestang, quévoque la Présidente, ce sont deux ateliers
différents qui sont intervenus sur la charpente et sur les murs.
Virginie Czerniak
signale quune figure à oreilles dâne existe dans le décor dun manoir
du Berry et quil sagit dune représentation carnavalesque, au même
titre que les lions de Trèbes. Marc Salvan-Guillotin en cite un exemple sculpté sur un
chapiteau du cloître des Augustins. La tête noire à hure de sanglier pourrait relever
de ce même répertoire.
Répondant à une
question de Patrice Cabau, Marie-Laure Fronton-Wessel précise que les corbeaux traversent
en effet toute la maçonnerie des arcs et forment donc des paires, sans quil y ait
pour autant aucune correspondance dans les thèmes représentés.
Patrice Cabau relève
que les joints de la volige sont fixés par-dessous et que leur pose a donc nécessité
linstallation dun échafaudage. Létat actuel reproduit-il les
dispositions antérieures ? Marie-Laure Fronton-Wessel avoue ne pas le savoir et elle
précise quil nexiste aucune photographie prise avant ou pendant les travaux
de 1977. Lédifice étant cependant inscrit à linventaire supplémentaire des
Monuments historiques, un dossier de travaux devrait exister chez le restaurateur.
Patrice Cabau se
demande si la volige, actuellement en pin semble-t-il, était laissée à létat
brut. On indique que jusquau XVIIe siècle les menuiseries des fenêtres
ne sont pas peintes. Maurice Scellès constate à son tour que les charpentes peintes des
bâtiments civils juxtaposent des éléments décorés et des pièces laissées au
naturel. La discussion se poursuit sur laire prise en compte, sur les grandes salles
de larchitecture civile, sur les salles épiscopales
Au titre des questions diverses, Daniel Cazes informe la Compagnie de louverture récente, au Musée dhistoire de la Catalogne à Barcelone, de lexposition Cathares et troubadours. LOccitanie et la Catalogne, renaissance et futur. Il en recommande chaleureusement la visite en précisant quelle est présentée jusquau 27 juillet prochain.
En préalable à la discussion sur les travaux en cours au collège de Périgord, la Compagnie examine une série de diapositives présentant les différentes parties de lédifice.
En guise de remarque liminaire, plusieurs membres déclarent ne pouvoir retenir leur colère devant le spectacle que donne un chantier aussi mal tenu, devant autant de ferraille et de béton Tout montre la plus totale absence de sensibilité au lieu et aux bâtiments existants.
Sans doute nous faut-il dabord nous-mêmes battre notre coulpe. En juin 2000, nous avons certes adressé au Conservateur régional des Monuments historiques une demande dextension de la protection au titre des Monuments historiques mais nous avons eu le tort den rester à lenregistrement du refus, laissant à lHistoire le soin de juger. Il fallait faire appel de la décision auprès du Directeur régional des Affaires culturelles, du Préfet voire si nécessaire auprès du Ministre de la Culture, dautant plus, nous le savons aujourdhui, que le Conservateur régional des Monuments historiques ne pouvait refuser dinstruire le dossier. Seule la délégation permanente peut décider linterruption dune instruction, que le Conservateur régional ne peut en aucun cas refuser de son propre chef. Celui-ci nest dailleurs pas habilité à prendre des décisions qui relèvent de la responsabilité du préfet. Nous devons en tirer la leçon pour les actions à entreprendre aujourdhui et à lavenir.
On fait par ailleurs observer que lindifférence générale avec laquelle lUniversité a traité les bâtiments du collège de Périgord est peut être révélatrice de létat dune société. Nous fustigeons souvent, et à juste titre, lenseignement de rupture qui est dispensé dans les écoles darchitecture, qui forment des architectes dont la culture commence au mieux avec Le Corbusier. Mais ne sommes-nous pas en présence dune culture de rupture quand, hormis quelques exceptions individuelles, lensemble du corps enseignant dune université et son président méconnaissent totalement un édifice majeur du patrimoine de leur ville et aussi emblématique de lhistoire de leur propre institution ? Quelle est donc aujourdhui la culture dune élite intellectuelle qui est censée appartenir à la frange la plus cultivée de la population ?
Faut-il croire que la conservation du patrimoine nest le souci que dune part réduite de la société, dont nous sommes ? Plusieurs membres réaffirment que ce qui se passe au collège de Périgord est inexcusable. Le problème nest certes pas spécifique à luniversité mais concerne lensemble de la société française. Il est bien difficile de ne pas faire le parallèle avec le sort promis aux fouilles archéologiques, rangées parmi les activités privées et qui devraient être à ce titre soumises à la concurrence : larchéologie nest plus dintérêt national dans un pays où lhistoire architecturale et le patrimoine en général ne sont plus reconnus comme des valeurs autres quéconomiques. On constate que lon assiste effectivement à une réduction très importante du champ de ce qui était considéré comme relevant de lintérêt public.
On relève le paradoxe dun intérêt touristique depuis longtemps reconnu et le massacre qui est opéré aujourdhui. Peut-on ignorer au début du XXIe siècle lintérêt historique, archéologique, artistique et touristique de la tour Maurand et des bâtiments adjacents dévolus au Moyen Âge au Collège de Périgord ? Comment concevoir que les bâtiments de la tour Maurand et adjacents à celle-ci aient pu être considérés comme une simple structure architecturale à réutiliser en en modifiant sans limite les ouvertures, les espaces intérieurs, les plafonds et planchers alors que lensemble a une véritable valeur archéologique, historique et artistique ? Peut-on imaginer un instant que lUniversité propriétaire des lieux, au sein de laquelle existe un puissant département dhistoire, dhistoire de lart et darchéologie, ait totalement ignoré cette valeur patrimoniale essentielle lorsque ses instances supérieures ont décidé daffecter ces lieux au département audiovisuel et dy réaliser des travaux conséquents ? Les historiens du Mirail pouvaient-ils ne pas savoir le rôle joué par la famille Maurand au XIIe siècle, dans lhistoire du catharisme toulousain ? Le sort de Pierre Maurand et de sa tour est connu très largement : toutes les histoires de Toulouse, tous les ouvrages sur le catharisme, savants ou de divulgation, lévoquent. Et lon sait la ferveur qui entoure aujourdhui tout ce qui touche au catharisme dans la culture
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historique des méridionaux et dans le
formidable développement touristique du Grand Sud-Ouest français. Ajoutons que la
littérature historique et touristique lui accorde une part prépondérante dans des
publications faites dans la majorité des langues étrangères. Quel paradoxe
incompréhensible ! LUniversité des Lettres de Toulouse, la Direction
régionale des Affaires culturelles, la Direction de la Culture et de lAudiovisuel
du Conseil régional de Midi-Pyrénées, le Comité départemental du Tourisme,
lOffice du Tourisme de Toulouse et Midi-Pyrénées, la Mairie de Toulouse
peuvent-ils être indifférents à la préservation et la mise en valeur dun tel
monument ?
Dès les années 1940,
le Syndicat dInitiative de Toulouse avait fait encastrer dans la façade sur la rue
du Taur de la tour Maurand une pierre gravée dune inscription mentionnant
lidentité et lintérêt du lieu pour les visiteurs de la ville. Depuis 1969,
lAssociation toulousaine dhistoire de lart (devenue aujourdhui
lassociation Arthémis) fait régulièrement étape à la tour Maurand, dans le
cadre de lorganisation de ses visites thématiques du patrimoine toulousain,
accompagne ses visiteurs dans la cour du 56 rue du Taur pour évoquer lhistoire,
présenter larchitecture dun haut-lieu de Toulouse où, à des demeures
aristocratiques des XIe, XIIe et XIIIe siècles, a
succédé un des collèges médiévaux les plus célèbres de Toulouse, celui de
Périgord, qui a laissé son nom à la rue voisine. Sa galerie de bois médiévale,
toujours admirée, est une rareté dans Toulouse. Alors quest sans cesse mise en
avant limportance économique du tourisme, on détruit le patrimoine qui en est le
support, et ladministration faite pour le protéger lui tourne le dos. Une nullité
et une incohérence totales.
Il paraît important de souligner lincapacité la plus généralement rencontrée à imaginer ce que peut être la qualité des vestiges des bâtiments anciens et ce que lon pourrait en faire. Limagination des maîtres duvre et maîtres douvrage relève le plus souvent de lesthétique de la salle de bains et de nombreux maires ne sont pas très contents si on ne leur livre pas une église rutilante à la fin des travaux. Il y a en effet un problème de références et en particulier pour les administrations. Quelles sont les références des administrations chargées du patrimoine ? Il semblerait naturel que la règle soit détudier lédifice dans un premier temps puis détablir ensuite le projet sur la base de létude archéologique.
Un membre affirme à son tour que lon fait les choses à lenvers. Un autre se demande encore sil faut toujours réutiliser un monument. On fait remarquer quà léchelle dune ville, tout peut être monument et quune ville ne vit que si elle est habitée. En fait, il y a rarement incompatibilité réelle, à la condition que létude soit bien menée en amont.
Il est précisé que larchitecte en chef des Monuments historiques est non seulement hors de cause mais quon lui doit davoir arrêté le projet dun ascenseur qui devait être installé dans la tour Maurand ! « En éventrant les voûtes ? » demande-t-on ? « Oui » est-il répondu en faisant remarquer quil y a là un point qui pourrait servir de levier : il faudrait vérifier si les avis ont été donnés sur un projet incluant linstallation dun ascenseur dans la tour. On rappelle que les deux ailes du collège de Périgord sont accolées à la tour Maurand, classée Monument historique, et quelles sont donc sous le contrôle de larchitecte des Bâtiments de France.
Un membre dit combien lui apparaît grave labsence de synthèse entre les différentes administrations qui ont en charge le patrimoine, carence quil dénonce systématiquement. Le système est beaucoup trop cloisonné et on aimerait voir se rencontrer les personnels de larchéologie, de lInventaire, des Monuments historiques et les chercheurs de lUniversité et du C.N.R.S. On peut finalement se demander à quoi servent une préfecture et une direction régionale des Affaires culturelles.
On fait remarquer que lon a beaucoup cité les exemples de lItalie et de lEspagne mais en oubliant que tout ny est pas non plus parfait et on rappelle les scandales dus aux travaux du Jubilé à Rome. Il faut cependant convenir que la différence, cest justement quil y a eu scandale, ce qui nest pas le cas à Toulouse.
Il semble que larchitecte aurait été disposé à modifier son projet si on le lui avait demandé. Pour certains, il ny a pas lieu de dédouaner larchitecte qui na pas su conseiller le maître douvrage. En outre, il paraît totalement inadmissible quune porte moderne ait été percée à côté dune porte médiévale qui, dans nimporte quel autre pays, aurait été mise en valeur. On fait valoir quil peut sagir dune erreur, mais que cest aussi lexpression dune idéologie, assez largement répandue dans ce milieu, selon laquelle il faut absolument inscrire larchitecture contemporaine dans les centres anciens.
Plusieurs membres pensent quil faut demander larrêt des travaux. On convient que des courriers en ce sens devront être adressés au Directeur régional des Affaires culturelles et au Président de lUniversité, mais également au Préfet et au Maire de Toulouse. On insiste sur la nécessité de préserver les peintures murales de lancienne chapelle.
La Présidente craint que les démarches quentreprendra notre Société ne nous interdisent désormais laccès au bâtiment. Il est décidé que le Bureau se réunira dès la semaine prochaine pour établir le courrier et le dossier qui seront envoyés pour demander larrêt des travaux et linstance de classement du collège de Périgord.
SÉANCE DU 6 MAI 2003
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Cazes, Directeur, Coppolani, Directeur honoraire,
Scellès, Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour,
Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Cazes, Napoléone, Watin-Grandchamp, MM.
labbé Baccrabère, Prin, membres titulaires ; Mmes Bayle, Bellin,
Félix-Kerbrat, Fournié, Galés, Merlet-Bagnéris, Stutz, MM. Bordes, Boudartchouk,
Garland, Manuel, Molet, Stouffs, Testard, Vézian, membres correspondants.
Excusés : M. Ahlsell de Toulza, Trésorier ; Mgr Rocacher, MM. Lapart,
Peyrusse.
Invitée : Mme Jacqueline Caille.
La Présidente ouvre la séance à 17 h. Après avoir souhaité la bienvenue à M. Jean-Marc Stouffs, élu membre correspondant le 15 avril dernier et qui prend séance, elle accueille notre invitée de ce soir, Mme Jacqueline Caille, auteur dune thèse de troisième cycle sur léglise de la Daurade à Toulouse, en voie de publication par le C.T.H.S.
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La parole est au Secrétaire général pour la lecture du procès-verbal de la séance du 15 avril, qui est adopté.
La Présidente rend compte ensuite de la correspondance manuscrite, qui comprend notamment lannonce de deux colloques intéressants, dont le premier est organisé par notre confrère Pascal Julien :
« Marbres de Rois, XVIIe et XVIIIe s. », à tenir les 23 et 24 mai 2003 dans la Galerie basse du château de Versailles ;
« Chrétiens et Musulmans, autour de 1100 », « Journées Romanes » à tenir du 8 au 15 juillet 2003 à labbaye Saint-Michel de Cuxa.
Puis elle présente une série douvrages anciens que Maurice Scellès offre à notre bibliothèque :
Fleury, Histoire ecclésiastique, nouvelle édition, Pierre Beaume, Nîmes, 1779, 4 volumes sur 24 : t. 7, Depuis lan 795, jusquà lan 878, 700 p. ; t. 8, 616 p. ; t. 10, Depuis lan 1129, jusquen 1298, 680 p. ; t. 11, Depuis lan 1197, jusquen 1243, 690 p.
Jean Calmon et René Prat, Les cadastres des XVIe et XVIIe siècles de la Ville de Cahors (1500-1606-1650), Cahors, première partie, 1947-1951 (372 p.) ; seconde partie, 1957-1958 (env. 240 p.).
Mme Pradalier-Schlumberger remercie vivement M. Scellès pour ces dons précieux.
La parole est à Emmanuel Garland pour la première communication du jour, intitulée La restauration de Notre-Dame de Cap dAran (Val dAran), publiée dans ce volume (t. LXIII, 2003) de nos Mémoires.
La Présidente remercie le conférencier, signalant le plaisir quelle a pris à entendre un exposé consacré à la monographie dune église romane, sujet devenu rare. Elle note que lédifice présenté sinscrit dans la lignée de ceux du Val de Boi. Pour toutes ces églises des Pyrénées, on ne peut sappuyer sur aucune date, de sorte que leur chronologie demeure problématique. Concernant Santa Maria de Cap dAran, à Tredos, il est effectivement fort probable que labside principale correspondait à une nef initiale unique. Emmanuel Garland souligne encore une fois que cette construction primitive, toute modeste, était bien proportionnée. Michèle Pradalier-Schlumberger sétant enquise de la nature des matériaux utilisés dans la construction, M. Garland précise que, comme pour les autres églises du Val dAran, on a mis dabord en uvre certaine pierre rousse, puis un calcaire froid de couleur grise, très majoritairement employé à partir du milieu du XIIe siècle. Daniel Cazes se demande si les portails et les baies nont pas fait lobjet de remaniements. M. Garland répond que les ouvertures pratiquées dans le mur nord paraissent cohérentes avec une datation de la seconde moitié du XIIe siècle, voire du début du XIIIe, la « rupture ogivale » ne sétant produite en Val dAran que dans les années 1225/1250.
Pour Quitterie Cazes, lanalyse architecturale de léglise de Tredos, « compliquée juste ce quil faut », représente un « rêve darchéologue ». Les photographies projetées montraient un nombre considérable de reprises de maçonnerie. Il faut donc pousser létude, laffiner par le relevé systématique des élévations, lidentification des matériaux et le repérage des éléments réutilisés. Mme Cazes note ainsi que le tympan du portail sud, qui porte un chrisme signé AT CENTVL ME FECIT, paraît bien être en remploi. M. Garland signale que ce chrisme est de la même main que celui de Salardú. Il ajoute que léglise du Cap-dAran a passablement souffert, sous leffet notamment de plusieurs tremblements de terre, et que la restauration de lédifice a eu lieu dans des circonstances peu orientées vers lobservation archéologique fine : il sagissait de rendre visitable un édifice situé sur les « routes romanes », et la remise en état sest faite sous la direction dun architecte du Pallars.
Michèle Pradalier-Schlumberger demande sil existe dans les constructions romanes des exemples de voûte en cul-de-four sous-tendue par une nervure centrale analogues à celui de la demi-crypte de Tredos. Emmanuel Garland déclare que ce type de voûte est rare, mais pas inconnu. On saccorde à considérer que la voûte en cause résulte dune reprise.
Un membre revient sur la question des arguments servant à justifier la datation du mur nord. M. Garland dit quil a essentiellement fondé sa proposition seconde moitié du XIIe siècle, sinon début du XIIIe sur létude de la mise en uvre des matériaux, du vocabulaire du décor sculpté, et une comparaison avec les autres églises du Val dAran, celle de Vilach par exemple. Dominique Watin-Grandchamp pose de nouveau le problème des remontages : les éléments formant lencadrement des baies du mur nord ont été manifestement remis en uvre. Emmanuel Garland convient que ces fenêtres ont été élargies.
La Présidente annonce les exposés de la deuxième partie de la séance, consacrée à Notre-Dame la Daurade.
Quitterie Cazes présente une communication courte intitulée Léglise médiévale de la Daurade à Toulouse, publiée dans ce volume (t. LXIII, 2003) de nos Mémoires.
Jean-Luc Boudartchouk et Quitterie Cazes rendent compte des observations faites tout récemment sur les vestiges de structures de la Daurade antique dégagés en 1961, que Michel Labrousse avait signalés dans Toulouse antique en 1968 :
« Les sondages de 1961 dans labside de lancienne église de la Daurade
En 1961, trois sondages archéologiques furent menés à lemplacement du sanctuaire de léglise de la Daurade démolie entre 1761 et 1763. Les deux responsables, É. Delaruelle et P. Fort, M. Labrousse, M. Durliat, R. Camboulives, G. Leblanc et M. Prin, tous membres de la Société Archéologique du Midi de la France, se succédèrent pour surveiller les fouilles effectuées par quatre à cinq ouvriers de lentreprise Sagné. Ils tinrent un journal de fouilles, aujourdhui conservé dans les Archives de la Société archéologique : cest le seul document qui
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nous transmet les résultats des travaux, qui sachevèrent le 31 mai de la même année. Les résultats leur semblèrent relativement décevants : Les dernières fouilles faites à la Daurade en 1960-61 nont pas permis de retrouver, comme il était espéré, les murs du décagone primitif, mais elles ont rencontré, au moins en remploi, quelques matériaux romains, en particulier des briques estampillées [1]. M. Labrousse demanda cependant, le 12 avril 1962, le classement des vestiges au titre des Monuments Historiques : un sol bétonné, et un mur qui, par son orientation, répond, semble-t-il, à lun des côtés de ce décagone et atteste le remploi de matériaux romains, dont des briques estampillées. S. Stym-Popper, architecte en chef, fit alors procéder à la remise en état des sols et, surtout, créa une crypte archéologique, de sorte que deux des trois sondages [2] sont toujours accessibles. Grâce à cela, nous avons pu procéder, du 22 au 24 avril 2003 [3], au réexamen des vestiges après un léger nettoyage (essentiellement à laspirateur) et, après relevés, à une nouvelle interprétation qui conduit à renouveler une part non négligeable des propositions faites jusquà présent.
Analyse des vestiges
Salle 1
Les éléments les plus anciens sont mis en place dans un remblai anthropisé (US 114) directement sur le substrat de graves. Il sagit dun petit mur (US 108) de direction est-ouest, de 0,35 m de largeur, conservé sur 0,95 m de longueur. Sur une fondation débordante de galets liés au mortier, cinq assises subsistent. Les briques, de 23 cm x 37 cm x 3,5 cm, sont homogènes et propres : il ne sagit pas de récupération. Perpendiculaire à lui, a subsisté un tronçon de caniveau (US 109), de pendage sud-nord. Deux assises de briques forment le conduit, large de 0,10 m, établi sur une fondation large de 0,35 m. La petite face des briques est systématiquement utilisée en parement. Ces deux éléments, mur et caniveau, sont détruits par une même fosse (US 106), et larase du mur est recouverte par deux remblais (US 104 et 105).
Un autre segment de mur de briques (US 112), de direction est-ouest, est recoupé à lest par une grande tranchée de fondation 110, à louest par un mur de liaison des piliers de la croisée du transept (US 101), et son parement nord est hors des limites du sondage. Sa direction est donnée par le seul bord visible de sa tranchée de fondation, côté sud, sur 0,50 m de longueur. Sa largeur observée est de 0,95 m et sa hauteur de 0,60 m.
Un énorme massif (US 111) na conservé quune partie de sa maçonnerie, dans langle sud-ouest de la tranchée creusée pour le construire (US 110). De celle-ci, on ne connaît quune partie de son bord sud, pas exactement rectiligne, dégagé sur 4,60 m de long, et de son bord ouest, visible sur 1,95 m. Elle vient recouper toutes les structures déjà citées. Ce massif est fait de galets non sélectionnés, jetés dans le mortier sans aucune organisation particulière. Un tout autre vestige peut être rapproché dun point de vue chronologique : il sagit des restes dun sol de mortier de tuileau (US 103), conservé sur une surface denviron 1 m2. Établi sur le remblai 105 et dune épaisseur de 0,15 m, il est composé de fragments de briques et éclats de galets liés par un mortier dune couleur rose pâle, posé sur un hérisson de petits galets. La surface, plus ou moins lissée, a été rechapée avec du mortier blanc.
Les coupes est et nord du sondage montrent de très grands remblais meubles (US 118), qui occupent toute la hauteur, depuis le fond de la tranchée de récupération du massif 111 jusquà quelques décimètres de la dalle de béton portant le sol de léglise actuelle : cela atteste dune part que le remblaiement sest fait en une seule fois, et dautre part que le niveau du sol à lépoque où lon effectuait ce comblement était à peu près le même que celui du sol actuel. Ils ne sont recoupés que par les tranchées de fondation des murs de chaînage 100 et 101 qui appartiennent à la construction de léglise actuelle.
Salle 2
Les structures antiques sont fondées à travers le substrat géologique en place : des graves de Garonne à petits galets (US 213). Lélément le plus ancien est langle dun mur est-ouest (US 212), formé dun hérisson de galets et fragments de brique, surmonté dune solide maçonnerie en opus caementicium, conservée sur une hauteur de 24 cm. Sa largeur est inconnue (il se trouve à la limite nord du sondage). Perpendiculaire à lui et appuyé contre sa face est, le mur 211 est formé dun opus caementicium (H. cons. : 35 cm) reposant sur un puissant hérisson de galets.
Le mur 212 est coupé lors de linstallation dune canalisation de briques orientée nord-sud (US 208). Sa base, non liée au mortier, est constituée de briques entières (23 x 30 x 3,4 cm) disposées dans leur largeur. Les montants comprennent quatre assises de demi-briques liées au mortier, se rapprochant de plus en plus pour former une fausse voûte, couronnée par une cinquième assise. Il en résulte une conduite de section pyramidale (17 x 13 cm), pour une emprise en coupe de 45/50 x 25cm. Plusieurs briques ont livré des estampilles. On peut y lire les timbres : SPARTACI ; (SPARTA)CI ; SPA(RTACI) ; Q?(PS ?). À lextrémité sud (point haut) paraît se trouver larrivée dun puisard : un empilement de briques remplace la base de la conduite. À lautre extrémité, le conduit sincurve vers le nord-ouest.
La canalisation est partiellement détruite par une fosse ou tranchée remplie de gros galets (US 207), qui paraissent disposés sur deux assises (?). Cette couche est recouverte par une chape de galets (US 206) liés par un mortier de chaux gris résistant. Le mur 211, arasé, ainsi que le sommet de 206 sont ensuite recouverts par un sol de mortier rosâtre (US 205) épais de 5 à 7 cm. La partie basse de ce sol de circulation est constituée de fragments de briques et de tuileaux grossiers inclus dans un mortier de chaux. Sa partie supérieure est un mortier de tuileau plus fin, rosâtre. Ce sol paraît exister sur lensemble de la salle 2.
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TOULOUSE, ANCIENNE ÉGLISE NOTRE-DAME LA
DAURADE,
plan des vestiges relevés dans la crypte archéologique (avril 2003).
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TOULOUSE, ANCIENNE ÉGLISE NOTRE-DAME LA DAURADE, |
Immédiatement sur le sol 205 sont épandus des matériaux de destruction qui correspondent à la destruction de léglise médiévale (US 204). À léglise moderne appartient le puissant mur de briques 203, fondation du premier pilier de la nef, contre lequel vient buter une nouvelle couche de démolition (US 202) contenant des débris pulvérulents provenant de matériaux divers. Enfin, un remblai limoneux noirâtre et meuble (H. reconnue : plus de 1,10 m) est mis en place ; il marque le sommet de la stratigraphie.
Chronologie relative des vestiges
Phase 1 - Antiquité I. Dans la salle 2, les deux murs antiques en opus caementicium marquent le début de loccupation. Le plus ancien est endommagé par la canalisation, qui est parallèle au plus récent. La datation de cette canalisation est suggérée par la répétition de lestampille SPARTACI et par lemploi de briques de première main qui incitent à rattacher cette canalisation à lAntiquité classique cette estampille est attestée entre 20 et 50 de notre ère [4]. Dans la salle 1, la première phase est représentée par le petit mur de briques 108, de direction est-ouest, et par le caniveau 109, qui a la même orientation et paraît avoir la même position stratigraphique que celui de la salle 2. Ces vestiges témoignent dune occupation légère, qui peut faire référence à de larchitecture domestique.
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TOULOUSE, ANCIENNE ÉGLISE NOTRE-DAME LA DAURADE,
vestiges conservés dans la crypte archéologique replacés par rapport à léglise actuelle et à léglise ancienne (daprès le plan de Franque, A.D. Haute-Garonne, PA 102, en gris).Phase 2 - Antiquité II. On placera le gros mur 112 de la salle 1 dans une phase suivante : son orientation diffère légèrement de celle de 108 ; ses prolongements vers lest et vers louest ont obligatoirement recoupé les caniveaux 109 et 208. La construction, toute de briques homogènes et liées avec un mortier de grande qualité, fait plutôt référence aux usages du bâti antique que du médiéval. Dune largeur de plus d1 m, ce mur appartient à un édifice beaucoup plus important que ce qui a existé précédemment. On pourra alors penser à une architecture publique.
Phase 3 - Fin de lAntiquité ? Le massif 111, dune longueur est-ouest minimale de 4,60 m pour une largeur minimale de 2 m, représente les restes dune énorme fondation. Au moment de sa construction, lextrémité orientale du mur 112 est soigneusement sectionnée, le mortier de 111 venant adhérer directement contre la tranche du mur de briques : il est vraisemblable que la partie conservée de 112 continue dêtre utilisée. Sans doute peut-on rattacher le sol 103 à cette phase. Dans la salle 2, les murs comme la canalisation sont mis hors service et arasés, recouverts par le sol de tuileau rosâtre. Ceci marque un changement radical du type doccupation ; on lattribuera, à cause de la documentation disponible par ailleurs, au sol de la nef de lancienne église.
La construction des murs de liaison de la croisée du transept, la démolition de lancienne église dans les années 1761-1763, et peut-être aussi les fouilles de 1961, ont fait apparemment disparaître tout remblai ou élément de construction appartenant à lépoque médiévale.
Phase 4 - Démolition de léglise (1761-1763) et construction de léglise actuelle. Larasement du massif 111, en réalité sa récupération presque totale, et celui du mur 112, sont directement recouverts par les masses de remblai 118. Ceux-ci apparaissent donc comme directement liés à la démolition de la maçonnerie. Le fait quils soient immédiatement antérieurs à la construction de léglise actuelle permet de penser quils correspondent à la démolition de lancienne église. La construction de léglise actuelle, à partir de 1771, est représentée dans les deux sondages par les gros murs qui lient en partie basse les piliers de la croisée du transept, et par les remblais 116 (salle 1) et 202 (salle 2) qui viennent égaliser les remblais antérieurs avant la mise en place du sol de léglise.
Interprétation
Le recalage des plans anciens et des sondages fait apparaître que le gros massif 111 se situe très exactement à lemplacement du piédroit nord de larc triomphal de lancienne église. On constate une limite très nette du massif vers le sud : il ny a donc jamais eu de prolongement de la maçonnerie vers le sud-ouest, qui aurait pu appartenir au décagone imaginé depuis le XVIIIe siècle, mais bien une abside à sept pans, les deux occidentaux refermant légèrement la forme. Il sagit donc dune forme architecturale cohérente qui doit être comprise comme une création originale. En second lieu, le caractère soigné de la rupture vers lest du mur 112 et le fait que le mortier du massif 111 vient se plaquer directement contre sa tranche indiquent que les actions de démolition dune partie du mur et de construction du massif sont contemporaines. Ils permettent aussi denvisager que la partie occidentale du mur 112 ait été conservée en élévation. Dans ce cas, nous sommes conduits à renverser la proposition généralement admise depuis Jean de Chabanel [5], qui veut que la nef soit postérieure à labside : au contraire, nous pourrions être en présence dune grande salle antique, dont lextrémité orientale aurait été démolie pour laisser place à labside à sept pans. Les sols conservés viennent à lemplacement de labside et de la nef. Celui reconnu dans lemprise de labside (en mortier de
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tuileau, dans la salle 1) peut être considéré comme celui de la crypte dont plusieurs auteurs et un plan des années 1640 portent témoignage (on ne sait toutefois si sa réalisation appartient au projet dorigine). Il faut donc imaginer que le sol surhaussé de labside se trouvait bien au-dessus, probablement à peu près à la hauteur du sol de léglise actuelle.
Jean-Luc BOUDARTCHOUK, Quitterie CAZES »
[1] M. LABROUSSE, Toulouse antique des origines à létablissement des Wisigoths, Paris, De Boccard, 1968, p. 416.
[2] La salle 1 correspond au sondage n° 2 de 1961, la salle 2 au sondage 3 (le sondage 1, au nord-est du croisillon sud du transept actuel, a été rebouché en 1962).
[3] Nettoyage des fouilles anciennes (1961-62) réalisé dans la crypte archéologique de léglise Notre-Dame la Daurade, du 22 au 24 avril 2003, par Jean-Luc Boudartchouk (INRAP), Quitterie Cazes (Université Paris I), Sophie Cornardeau (INRAP), Éric Tranier (INRAP), Catherine Viers (INRAP).
[4] Ch. RICO, « Lartisanat de la brique », dans J.-M. Pailler (dir.), Tolosa. Nouvelles recherches sur Toulouse et son territoire dans lAntiquité, Coll. École française de Rome, 281, 2001 p. 267.
[5] Jean de CHABANEL, De lAntiquité de lEglise Nostre Dame dite la Daurade, et autres antiquités de Tolose, Toulouse, 1625, p. 98-99 : « ces deux aisles ou murailles [qui forment les murs de la nef] surmontent le demy rond du vieux temple qui enuironne le grand autel, & paroissent auoir esté là comme cousuës et adioustées ».
Michèle Pradalier-Schlumberger remercie les deux intervenants, dont les contributions apportent une information majeure : léglise primitive de la Daurade nétait pas, comme on la cru depuis le XVIIIe siècle, un édifice à plan centré, mais une basilique pourvue dune abside polygonale.
Jean-Luc Boudartchouk ajoute quelques indications sur des tessons de céramiques remarquables recueillis récemment, dont lun peut être daté du Ve siècle. Quitterie Cazes précise quun sondage complémentaire devrait permettre daffiner stratigraphie et chronologie.
Maurice Prin se souvient que les fouilles de 1961 avaient mis au jour une source et demande si lon rencontre toujours de leau sur le site. M. Boudartchouk et Mme Cazes répondent par la négative.
Dominique Watin-Grandchamp fait observer que le massif occidental de léglise médiévale pourrait être assimilé à une tour symbolisant le pouvoir seigneurial du prieur de la Daurade. Quitterie Cazes rejette cette hypothèse en indiquant que ce massif nétait pas fortifié et quil sinscrit bien plutôt dans la tradition de larchitecture monastique, ainsi que le montre lexemple de labbaye de Jumièges. Michèle Pradalier-Schlumberger évoque à ce propos les édifices de lépoque carolingienne. Dominique Watin-Grandchamp appelle ensuite lattention sur loriginalité de la solution architecturale qui a permis la coexistence des moines de la Daurade et des habitants de la paroisse ou de la ville : les uns ont pu prolonger leur église jusquà la Garonne, et les autres disposer dun passage public longeant le fleuve.
Françoise Merlet-Bagnéris imagine que la chapelle haute du massif occidental, dédiée à saint Michel, ait pu servir pour les cérémonies du « Montement » de la Vierge, mais Quitterie Cazes objecte quaucun témoignage ne latteste. Mme Cazes signale quelle a trouvé des renseignements très éclairants sur la vie monastique à la Daurade dans louvrage que le curé de la paroisse, Jean de Chabanel, fit paraître en 1625.
Henri Molet intervient au sujet de la Daurade antique. À la fin du VIe siècle, Grégoire de Tours mentionne une basilique Sainte-Marie, qui paraît sêtre trouvée extra muros, mais que lon a traditionnellement identifiée avec la Daurade, située elle intra muros. Cette contradiction aurait déjà été relevée par May Vieillard-Troïekouroff dans sa thèse sur Les Monuments religieux de la Gaule daprès les uvres de Grégoire de Tours, publiée en 1977. Jean-Luc Boudartchouk abonde en ce sens : on ne possède pas dédition véritablement critique de lHistoria Francorum, Grégoire de Tours, qui nest jamais venu à Toulouse, a pu commettre une confusion Dans ces conditions, la première attestation vraiment assurée pour la Daurade ne remonterait quà 844, date du diplôme dimmunité confirmé par Charles le Chauve en faveur de lÉglise de Toulouse.
Au titre des questions diverses, la Présidente donne lecture des projets de cinq lettres que notre Société se propose dadresser aux autorités concernées par le chantier ouvert dans les bâtiments de lancien collège de Périgord à Toulouse : le Préfet de la Région Midi-Pyrénées, le Directeur régional des Affaires culturelles, le Président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, le Député-Maire de Toulouse et le Président de lUniversité de Toulouse-Le Mirail.
Le contenu de ces courriers est avalisé par la Compagnie. Il est précisé que des copies de ces divers courriers seront adressées à qui de droit. On sattend à ce que le Préfet réagisse vis-à-vis des Services placés sous son autorité, et on espère vivement que des réponses nous parviendront avant la date limite du délai légal de deux mois qui simpose à lAdministration.
SÉANCE DU 20 MAI 2003
Présents : Mme
Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. M. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès,
Secrétaire général, Cabau, Secrétaire-adjoint, Latour,
Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Cazes, Napoléone, Noé-Dufour, Watin-Grandchamp,
MM. Gérard, Peyrusse, membres titulaires ; Mmes Blanc-Rouquette, Czerniak,
Fronton-Wessel, Stutz, MM. Bordes, Manuel, membres correspondants.
Excusés : M. Cazes, Directeur, Mme Pujalte, M. Garland.
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 286
Le Secrétaire-adjoint donne lecture du procès-verbal de la séance du 6 mai dernier, qui est adopté.
En marge du procès-verbal et pour faire suite aux réserves exprimées à propos de la mention par Grégoire de Tours dune église Sainte-Marie, Patrice Cabau dit quaprès avoir revu les textes, la lecture quen a donnée May Vieillard-Troïekouroff lui paraît être la bonne :
« Grégoire de Tours et les basiliques de Toulouse
Dans son Histoire des Francs, lévêque de Tours Grégoire (538/9 - 573 - 594) mentionne incidemment, à propos dévénements survenus au début des années 580, deux des églises de Toulouse :
- à la fin de 581 ou au début de 582, la femme du duc Ragnovald, apprenant que son mari avait été mis en fuite par le duc Didier et que les cités de Périgueux et dAgen, possessions du roi de Bourgogne Gontran, étaient ainsi tombées au pouvoir du roi de Neustrie Chilpéric, se réfugia à Agen dans la basilique du saint martyr Caprais. Mais, expulsée de ce lieu et dépouillée de ses biens ainsi que du secours de ses serviteurs, après avoir donné des cautions, elle est dirigée sur Toulouse ; et là elle résidait à nouveau dans une basilique, celle de saint Saturnin (1) ;
- vers la fin de 584, Rigonthe, fille de Chilpéric et de Frédégonde, partie de Paris pour Tolède afin de rejoindre son fiancé Reccared, fils du roi wisigoth Léowigild, sarrêta à Toulouse, cité dépendant du royaume de Neustrie. À la nouvelle de lassassinat de Chilpéric ( vers le 20 décembre 584), le duc Didier entra dans la ville, sempara des trésors de la princesse, enferma celle-ci dans une maison quil fit placer sous scellés et sous une forte garde, puis il partit pour Avignon. À quelque temps de là, Rigonthe résidait dans la basilique de sainte Marie de Toulouse, où la femme de Ragnovald, de qui nous avons parlé plus haut, sétait réfugiée par crainte de Chilpéric (2) ; revenu dEspagne où Gontran lavait envoyé en ambassade, le duc Ragnovald fut rendu à son épouse et à ses biens.Les indications de lieux données dans les récits de ces épisodes pourraient à première vue sembler contradictoires. À relire de plus près les deux passages, on saperçoit que la narration est elliptique et quil ny a pas au fond dincompatibilité. Ainsi que dom Ruinart (1657-1709) la supposé (3), lépouse de Ragnovald dut séjourner dabord à Saint-Sernin, puis à Sainte-Marie (la Daurade), cest-à-dire que, dans un intervalle denviron trois années, elle passa dun premier refuge situé extra muros à un nouvel asile situé intra muros (4) et sans doute plus sûr. Aussi ny a-t-il guère lieu de conjecturer une confusion entre les deux basiliques toulousaines, ni de la part de lauteur, visiblement bien informé au sujet des faits relativement récents quil rapporte (5), ni de celle des transcripteurs de son ouvrage, dont les leçons sont concordantes (6).
Au demeurant, confusion ou pas, laccord de la tradition manuscrite prouve indubitablement que lévêque de Tours connaissait lexistence à Toulouse dune basilique Saint-Sernin et dune basilique Sainte-Marie. On sait dailleurs, par son Livre à la gloire des martyrs, quil connaissait aussi une basilique Saint-Vincent (7), ultérieurement assimilée à Saint-Sernin (8), pour laquelle il est notre seule source.
Patrice CABAU »
Notes
1. Sed extracta exinde et spoliata a facultate ac famolorum solatio, datis fideiussoribus, Tolosae dirigitur ; ibique iterum in basilica sancti Saturnini resedebat. Historia Francorum, livre VI, chapitre 12. Éditions : MOREL 1561, p. 323 RUINART 1699, c. 289 = MIGNE 1849, c. 385 ARNDT 1884, p. 257 (éd. citée) KRUSCH, LEVISON 1937-1951, p. 282. Traductions : GUADET, TARANNE 1836, p. 363 LATOUCHE 1965, p. 30.
2. Rigunthis vero in basilica sancte Mariae Tholosae, in qua Ragnoaldi uxor, cui supra meminimus, Chilpericum metuens confugerat, resedebat. Historia Francorum, livre VII, chapitre 10 (cf. livre V, chapitre 39, livre VI, chapitre 46, et livre VII, chapitres 9 et 15). Éditions : MOREL 1561, p. 382-383 RUINART 1699, c. 338 = MIGNE 1849, c. 422 ARNDT 1884, p. 296 (éd. citée) KRUSCH, LEVISON 1937-1951, p. 332. Traductions : GUADET, TARANNE 1838, p. 14 LATOUCHE 1965, p. 85-86.
3. « Dicitur in libro præced., cap. 12, in basilica sancti Saturnini resedisse. Forte post aliquam moram in basilica sancti Saturnini ad S. Mariam transierat. » RUINART 1699, c. 338, n. f = MIGNE 1849, c. 422, n. f.
4. VIEILLARD-TROÏEKOUROFF 1977, p. 300, n° 305 ; cf. p. 298, n° 303.
5. La rédaction du chapitre 12 du livre VI (chapitre figurant dans la version primitive de ce livre), doit se placer avant le milieu des années 580, et celle du chapitre 10 du livre VII (livre achevé avant 591 au plus tard), vers cette date ou peu après (LECLERCQ 1924, c. 1739-1740). Grégoire de Tours est un écrivain fondamentalement scrupuleux, à qui il arrive certes de commettre quelques (rares) inadvertances, mais dont le témoignage est le plus souvent tout à fait digne de foi (LECLERCQ 1924, c. 1750-1753).
6. Sagissant des noms des saints titulaires des basiliques, la tradition manuscrite est quasiment unanime : seul, le ms. du Mont-Cassin (XIe/XIIe s.), écrit en Italie et criblé de fautes, donne par erreur basilica sancti Martini au lieu de basilica sancti Saturnini (VI, 12 ARNDT 1884, p. 257, n. w) ; le ms. de Cambrai (VIIe/VIIIe s.) porte basilica sancti Mariae pour basilica sanct(a)e Mariae (VII, 10 ARNDT 1884, p. 296, n. w).
7. Apud urbem enim Tolosatium ferunt fuisse quemdam, Antoninum nomine, iniquum in Deum, et omnibus hominibus odibilem, eo quod multa perpetraret scelera. Factum est autem, ut, impletis diebus, migrans a sæculo in basilica beati Vincentii sepeliretur, in qua ipse sibi vivens vas deposuerat. Liber in gloria martyrum, chapitre 88 (ou 89) RUINART 1699, c. 821 = MIGNE 1849, c. 783 (éd. citée) KRUSCH 1969, p. 97 Cf. VIEILLARD-TROÏEKOUROFF 1977, p. 300, n° 304. Pour lidentification du saint Vincent titulaire de cette basilique, on peut avec vraisemblance hésiter entre le diacre de Saragosse martyrisé à Valence et le martyr dAgen.
8. In urbe tholosa fuit quidam nomine Anthonius / iniquus erga deum et propter suam vitam seueram odibilis hominibus : quo mortuo sepultum est corpus eius in basilica sancti Saturnini in vase quod ipse prius ibi apposuerat dum viuebat. BERTRAND 1515, f. xlv r° (daprès Bernard Guy, [De sanctis dyocesis Tholosane] - De beati Saturnini miraculis, qui a lui-même reproduit le De
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 287
mirabilibus sancti Saturnini composé vers la fin du VIIe siècle ou au début du VIIIe à partir des chapitres 47/48, 88/89, 103/104 du Liber in gloria martyrum et du chapitre 22 du Liber de passione et de virtutibus sancti Juliani martyris). « Gregoire de Tours au Chapitre quatre-vingts & neuf du liure premier des miracles, raporte vn miracle arriué en Tolose dans lEglise sainct Vincens dvn nommé Antoninus, lequel ayant mal vescu auoit fait construite son tumbeau dans ladite Eglise, & ayant esté enterré son Sepulchre se treuua auec le corps à lentrée de ladite Eglise ; mais cest Antonin nest point Antonius duquel est parlé en la vie de S. Sernin. Ie diray seulement, quau lieu quil est escrit dans Gregoire de Tours en lEglise S. Vincent, il est dit dans deux liures manuscrits que jay des miracles de S. Sernin, que ce miracle arriua à Tolose dans lEglise S. Sernin : aussi ny a il point dEglise S. Vincent que lon sçache dans Tolose. » CATEL 1633, p. 819.
Bibliographie
ARNDT (Wilhelm), Gregorii Turonensis opera - Historia Francorum, Monumenta Germaniae historica, Scriptores rerum Merovingicarum, Hahn, Hanovre, I-1, 1884 (et 1885) nouv. éd. : KRUSCH, LEVISON 1937-1951.
BERTRAND (Nicolas), Opus de Tholosanorum Gestis ab urbe condita [ ], Jean Grandjean, Toulouse, 1515.
CATEL (Guillaume de), Memoires de lHistoire du Languedoc [ ], Pierre Bosc, Arnaud Colomiez, Toulouse, [1626-] 1633.
GUADET (J.), TARANNE (N.-R.), Histoire ecclésiastique des Francs, par Georges Florent Grégoire, évêque de Tours, en dix livres, Publications de la Société de lHistoire de France, Jules Renouard et Cie, Paris, I, 1836 ; II, 1838.
KRUSCH (Bruno), Gregorii episcopi Turonensis miracula et opera minora, Monumenta Germaniae historica, Scriptores rerum Merovingicarum, Hahn, Hanovre, I-2, 1885 nouv. éd. : 1969.
KRUSCH (Bruno), LEVISON (Wilhelm), Gregorii Turonensis opera - Historiarum libri decem, Monumenta Germaniae historica, Scriptores rerum Merovingicarum, Hanovre, I-1, 1937-1951 nouv. éd. : 1965.
LATOUCHE (Robert), Grégoire de Tours - Histoire des Francs, Les classiques de lhistoire de France au Moyen Âge, 27e et 28e vol., Les Belles Lettres, Paris, I, 1963 ; II, 1965 nouv. éd. : I, 1975 ; II, 1979.
LECLERCQ (Dom Henri), Grégoire de Tours, dans Dictionnaire darchéologie chrétienne et de liturgie, Letouzey et Ané, Paris, VI-2, 1924, c. 1711-1753.
MIGNE (Jean-Paul), Patrologiæ cursus completus, Series Latina, LXXI, Jean-Paul Migne, Paris, 1849 nouv. éd. : Paris, 1858 ; Turnhout, 1968.
MOREL (Guillaume), Gregorii Turonensis historiae Francorum libri decem [ ], Guillaume Morel, Guillaume Guillard et Almaric Warancore, Paris, 1561.
RUINART (Dom Thierry), Sancti Georgii Florentii Gregorii Turonensis episcopi opera omnia [ ], Paris, 1699 nouv. éd. : MIGNE 1849, 1858, 1968.
VIEILLARD-TROÏEKOUROFF (May), Les monuments religieux de la Gaule daprès les uvres de Grégoire de Tours, thèse présentée devant lUniversité de Paris IV le 27 avril 1974, Service de reproduction des Thèses, Université de Lille III, 1977.
Notre bibliothèque senrichit dun don de François Bordes : Le Périgord roman. 1. La perception de lespace, numéro hors série de Reflets du Périgord, printemps 1996, 125 p. La Présidente remercie notre confrère au nom de notre Société.
Puis la Présidente annonce la décision prise par le Bureau de retrouver des règles plus strictes pour notre concours annuel. Les travaux présentés au concours de lannée académique devront être accompagnés dune lettre de candidature et avoir été adressés à la Société avant le 31 décembre ; ils seront examinés par les rapporteurs de janvier à mars ; sauf circonstance particulière, les candidats primés seront tenus dêtre présents à la séance publique au cours de laquelle les prix seront remis.
La parole est à M. Pierre Gérard pour la communication du jour : Un exemple de collège universitaire toulousain, le Collège de Foix :
« Fondé en 1457, le collège doit son nom à son fondateur : le cardinal Pierre de Foix, légat du pape, gouverneur du Comtat Venaissin. Tel quil nous est parvenu, il constitue un bon exemple darchitecture du XVe siècle toulousain. Implanté dans lancien centre universitaire de Toulouse, non loin des Cordeliers et des Dominicains, à lombre de Saint-Sernin, il plonge ses fondations dans un sol marqué par le souvenir de ce qui fut au Moyen âge le « Quartier latin » de la vieille cité raimondine.
Construit de 1455 à 1461 par le maître-maçon toulousain Jean Constantin, notre collège développe ses bâtiments tout près de léglise des Cordeliers. Le pivot en est le donjon, important édifice en brique flanqué de quatre tourelles dominant la rue des Lois. Adossé à cette forteresse, nous trouvons le cloître et son préau entouré de galeries à deux étages, où se trouvaient autrefois les chambres détudiants. Près du vestibule dentrée, rue Deville, à louest, se trouvait la chapelle, disparue, consacrée à saint Jérôme et à saint François dAssise.
Nous avons une bonne connaissance du collège de Foix grâce au rapport daté de 1464, que nous ont laissé des experts charpentiers et maçons peu après le grand incendie de Toulouse de mai 1463. »
La Présidente
remercie Pierre Gérard pour cette communication qui nous a fait assister au déroulement
du chantier, avec des informations très précieuses sur lorigine des matériaux de
construction, et nous a apporté des détails très concrets sur les aménagements
intérieurs grâce à lexpertise de 1464 qui savère être un document de
première importance. Pierre Gérard avoue nêtre quun archéologue amateur et
il explique que cest la passion pour cet édifice exceptionnel qui la conduit
à se lancer dans cette étude.
On souligne toute limportance de cette
description alors que des travaux sont actuellement prévus. Un projet très étonnant,
comprenant par exemple un ascenseur extérieur, a été présenté. Lune des
difficultés du réaménagement des bâtiments réside en
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 288
effet dans les circulations et le texte
analysé par notre confrère apporte des précisions importantes sur les dispositions
dorigine.
On rappelle que lédifice est inscrit à
linventaire supplémentaire des Monuments historiques. Pierre Gérard explique
comment il a été interpellé dans le cadre de ce dossier et les découvertes quil
a faites en revisitant les bâtiments. Il ajoute que des démarches ont été faites pour
le classement au titre des Monuments historiques, mais que la communauté propriétaire
des lieux ny a pas été favorable.
Maurice Scellès sétant interrogé sur lemplacement des escaliers en vis montant de fond, Dominique Watin-Grandchamp fait remarquer que le dessin du XVIIe siècle les montre au revers du corps de bâtiment sur rue.
Après avoir
rappelé que le collège de Foix se trouvait dans le secteur sauvegardé, on explique que
les chargés détude ont rendu leur travail mais que le règlement de secteur
sauvegardé na toujours pas été adopté par le Conseil municipal. On se trouve
donc dans la situation juridique dun secteur sauvegardé en cours
délaboration mais sans chargé détude, le contrôle revenant à
larchitecte des Bâtiments de France.
Plusieurs membres pensent quil faut
demander le classement doffice du collège de Foix, en préalable à létude
qui, sans cela, ne pourrait être légalement exigée. Un membre croit que létude
archéologique de lédifice pourrait être imposée dans le cadre du secteur
sauvegardé.
Un membre dit quil faut travailler en
collaboration avec larchitecte des Bâtiments de France et un autre rappelle que le
service régional de larchéologie est désormais compétent en matière
darchéologie du bâti. On annonce que le service régional de lInventaire
commencera prochainement linventaire du centre historique de Toulouse et quil
a été convenu daccompagner larchitecte des Bâtiments de France dans ses
visites à loccasion de linstruction des permis de démolir ou de construire ;
des chantiers ont ainsi fait tout récemment lobjet de visites en commun.
Il est proposé que nous nous rapprochions des Toulousains de Toulouse pour créer une association dont le but serait dagir en justice pour la défense du patrimoine. On évoque la dernière réunion du Conseil dadministration des Toulousains de Toulouse au cours de laquelle plusieurs dossiers ont été examinés. Le Président a en particulier souhaité que la Société Archéologique du Midi de la France transmette aux Toulousains de Toulouse le dossier qui a été constitué sur le collège de Périgord. On rappelle laction menée par les Toulousains de Toulouse contre le projet de passerelle le long de la façade sur Garonne de lHôtel-Dieu, avec succès.
Maurice Scellès lui ayant demandé si les « chambres » dont fait état le texte de 1464 étaient divisées par une cloison, Pierre Gérard rappelle que les experts qui visitent les bâtiments sont des techniciens qui ne donnent pas la fonction des espaces.
La parole est à M. Robert Manuel qui présente à la Compagnie Les anges peints de la chapelle Saint-Jean-de-Mordagne (dite des « pestiférés ») à Cordes-sur-Ciel :
« Cachée au fond dun vallon, la chapelle Saint-Jean est située à environ 1 km au sud de Cordes. Son existence est attestée en 1224, datation que ne contredit pas la présence dune petite baie en plein cintre aménagée dans le mur épais du chevet dans laxe de labside. Charles Portal, en 1902, dans son incontournable Histoire de la Ville de Cordes, mentionne que la chapelle aurait été refaite entièrement au XIXe siècle. Mais que faut-il entendre par cette affirmation? Sagit-il dune restauration, dune transformation, ou dune simple réfection de la charpente ?
M. Greslé-Bouignol, ancien directeur des Archives Départementales du Tarn, a relevé, lors dune visite extérieure faite en 1986, les caractères architecturaux qui correspondent à la typologie « déglises très anciennes à angles arrondis », comme il en existe dans le Quercy (préromanes ou romanes daprès les travaux de M. dAlauzier) et, daprès notre confrère, en Grésigne autour de Puycelsi. Par ailleurs, la présence dun arc outrepassé dans lentrée de labside confirme lancienneté et lintérêt architectural déjà attribués à cette modeste chapelle. Lhistoire de Saint-Jean-de-Mordagne est intimement liée à celle de Cordes, notamment au temps des grandes épidémies. Longtemps à labandon, elle a été confiée, vers 1975, par la Mairie de Cordes aux bons soins des membres de la Communauté du Lion de Juda (aujourdhui Communauté des Béatitudes). Dans les années 1980, un décor polychrome, peint dans lembrasure de la petite baie en plein cintre située au fond du chevet, aurait été découvert, dégagé discrètement du badigeon bleu qui le recouvrait et, tout aussi discrètement, « restauré » par les membres de la Communauté. Le Colonel Valat, Président en exercice de la Société des Amis du Vieux Cordes, et moi-même avons eu connaissance, en 2002, de ce décor suite aux indications de M. Greslé-Bouignol et avons aussitôt fait faire un relevé photographique.
Ce décor représente deux anges nimbés, porteurs chacun dun lourd candélabre. Les corps sont souples ainsi que les plis de leur robe. Les ailes sont faites de plumes en forme décailles, noires sur fond blanc, et se terminent par de longues plumes disjointes de couleur ocre-orangé. Les visages sont sobrement dessinés ainsi que les chevelures. Les paupières sont modestement baissées. Certains détails, comme la présence déléments de remplage gothique, permettraient-ils de dater lensemble du XIIIe ou du XIVe siècle ? Ce décor, de toute façon, enrichit linventaire, déjà riche, des peintures murales du Vieux Cordes et mériterait une protection officielle au titre des Monuments Historiques.
Robert MANUEL »
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 289
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 290
Virginie Czerniak précise que loxydation notée par Robert Manuel est celle du blanc de céruse de plomb, utilisé surtout du XIVe siècle à la fin du Moyen Âge ; la Présidente rappelle lexemple célèbre de Cimabue. Maurice Scellès note que le dessin des plumes des ailes diffère sensiblement du motif de la maison Gaugiran à Cordes, qui sapparente à une tenture de vair. Michèle Pradalier-Schlumberger dit que ces deux anges porte-cierges font songer aux représentations de la Vierge de la Chandeleur et que lon pourrait admettre une datation du début du XIVe siècle.
Robert Manuel regrette de ne pouvoir donner plus dinformations sur la découverte de ces peintures, qui remonte déjà à quelques années. Le Président des Amis du Vieux Cordes avait pris contact avec la communauté religieuse qui occupait lédifice et a réalisé les travaux. Notre confrère sait seulement quune couche de peinture uniformément bleue couvrait le décor auparavant. Pour Virginie Czerniak, on ne peut exclure une reprise au XIXe siècle. Dominique Watin-Grandchamp relève que certains traits semblent refaits et Louis Peyrusse remarque à son tour que le tracé est peut-être un peu trop régulier. Michèle Pradalier-Schlumberger se dit un peu gênée par le dessin des visages et des chevelures. Guy Ahlsell de Toulza pense que si la peinture avait été restaurée, elle aurait alors été complétée. En revoyant les photographies, des doutes de plus en plus nombreux saisissent néanmoins la Compagnie, tempérant lenthousiasme du début : on conclut quil est nécessaire daller voir les peintures sur place.
Au titre des questions diverses, la Présidente informe la Compagnie des suites de laffaire du collège de Périgord.
Aucune réponse
officielle ne nous est encore parvenue. La Présidente a néanmoins eu loccasion de
discuter, en présence de notre confrère Jean Nayrolles, avec le conservateur régional
des Monuments historiques et le conservateur des Monuments historiques lors de la C.R.P.S.
du 15 mai dernier. Elle a ainsi appris que, comme on pouvait sy attendre, le
courrier adressé au D.R.A.C. a été transmis au conservateur régional des Monuments
historiques.
Nous avions demandé au
préfet de région, par fax, la modification lordre du jour de la C.R.P.S. afin que
soit examiné le dossier de lancien collège de Périgord. Le conservateur régional
des Monuments historiques a dit que le délai était trop court, que cela ne se faisait
pas
sauf dans le cas exceptionnel dune instance de classement
La
discussion a ensuite montré que nos courriers avaient eu quelques effets. Des échanges
auraient eu lieu avec larchitecte des Bâtiments de France, lequel proposerait
denlever lenduit sous la galerie ; le conservateur des Monuments
historiques est néanmoins contre, arguant que lépiderme de la brique aurait été
par trop détérioré par le ciment. La Présidente a réaffirmé la demande de notre
Société en faveur de lenlèvement avant que le mortier ait fini de durcir.
Larchitecte des Bâtiments de France aurait prévu un retour en arrière pour les
fenêtres de la tour Maurand avec enlèvement des menuiseries métalliques et mise en
place de menuiseries en bois semblables à celles qui existaient jusque-là. Quant aux
peintures murales, la décision serait irrévocable selon le conservateur des Monuments
historiques : elles ne pourraient être ni restaurées ni mises en valeur. La
Présidente ajoute que lon considère à la Direction régionale des Affaires
culturelles que nos courriers font « désordre ».
Pour certains membres,
larchitecte paraît très sincère. On ajoute quil se conforme aux avis de
larchitecte des Bâtiments de France.
La Présidente donne
lecture des avis des deux inspecteurs généraux des Monuments historiques qui lui ont
été remis en main propre par le Conservateur régional des Monuments historiques le 15
mai. On relève les contradictions que contient lun des deux avis. On fait surtout
remarquer que nous avons, avec laffaire de lancien collège de Périgord, un
bel exemple de lévolution du vandalisme. Ladministration des Monuments
historiques se déclare surprise dans sa bonne foi dès lors que la procédure a été
respectée : le vandalisme se trouve aujourdhui au sein même de
linstitution.
Il faudra sans doute
saisir la presse de laffaire. Il est déjà prévu quun dossier soit publié
dans LAuta et il faudrait obtenir un article dans La Dépêche du Midi.
On souligne que des articles de presse seraient dautant plus intéressants que les
journalistes devraient tout naturellement interroger les différentes parties.
SÉANCE DU 3 JUIN 2003
Présents : MM. Cazes, Directeur,
Ahlsell de Toulza, Trésorier, Scellès, Secrétaire général, Cabau,
Secrétaire-adjoint, Latour, Bibliothécaire-Archiviste ; Mmes Cazes, Napoléone,
Noé-Dufour, Watin-Grandchamp, MM. labbé Baccrabère, Bordes, Prin, membres
titulaires ; Mmes Bayle, Bellin, Boussoutrot, Conan, Czerniak, Galés, Marin, Stutz,
MM. Geneviève, Manuel, Rebière, membres correspondants.
Excusés : Mme Pradalier-Schlumberger, Présidente, MM. Balagna, Burroni, Peyrusse,
Pradalier, Tollon.
Le Directeur ouvre la séance en priant la Compagnie de bien vouloir excuser labsence de notre Présidente, en voyage détude. Deux communications sont inscrites au programme daujourdhui, qui seront suivies dun apéritif pour fêter la clôture dune année académique particulièrement riche.
Le Secrétaire général nayant pu achever la rédaction du procès-verbal de la séance du 20 mai, sa présentation est reportée à la rentrée.
Le Directeur informe la Compagnie des suites de laffaire de lancien collège de Périgord. Cest en particulier un courrier qui attire notre attention sur le sort de la bibliothèque de lI.É.M. Notre Société ajoutera sans doute à sa démarche la question de la sauvegarde de la bibliothèque du 56 rue du Taur.
Le Secrétaire général donne lecture de la réponse que nous a faite le Président de lUniversité de Toulouse-Le Mirail le 15 mai.
M.S.A.M.F., t. LXIII, p. 291
On sétonne
quun historien de la qualité de M. Rémy Pech parle de « vieux
documents », expression tellement étrange et vague
Larchitecte des
Bâtiments de France avait utilisé ce même argument à propos du portail du collège de
lEsquile, il y a quelques années.
On fait observer
quil est curieux quune université qui comprend en son sein lun des plus
anciens instituts dart de France et qui a créé un D.E.S.S. Patrimoine
nassume pas elle-même, pour ses propres locaux, le contenu de ses enseignements. Il
est au moins du devoir de notre Société de le faire savoir. Les vacances académiques
commencent ce soir, mais le Bureau assurera pendant tout lété le suivi des
correspondances.
La parole est à Françoise Galés pour une communication sur Le château de Sauveterre-en-Béarn, publiée dans ce volume (t. LXIII, 2003) de nos Mémoires.
Le Directeur remercie
bien vivement Françoise Galés de nous avoir fait découvrir ce château de Sauveterre et
ses caractères architecturaux, et il sétonne quun ensemble de cet intérêt
ne bénéficie daucune protection au titre des Monuments historiques.
Jean-Louis Rebière
voudrait savoir quel était le matériau de couverture des toitures. Françoise Galés
répond quelle nen a aucune mention dans les textes mais que la documentation
fait état de bardeaux pour dautres châteaux de Gaston Phébus. Jean-Louis Rebière
lui ayant encore demandé sil subsistait des traces de scellement de poutres ou
darcs-diaphragmes, Françoise Galés indique que ce nest pas le cas.
Répondant à Agnès
Marin, Françoise Galés précise que la voûte pyramidale de la cuisine peut être
restituée par comparaison avec celle de Montaner qui est connue par une photographie du
début du XXe siècle. À propos de photographies, Dominique Watin-Grandchamp
croit avoir vu des clichés de Sauveterre pris par Mieusement dans les archives des
Monuments historiques.
Maurice Scellès
layant interrogée sur les embrasures de fenêtre en brique, Françoise Galés
indique quon les trouve surtout dans le bâtiment situé le long du gave. Quitterie
Cazes remarque quen revanche le mur à arases de brique correspond à une
reconstruction. Françoise Galés dit que cest aussi le cas du pigeonnier, à
lévidence tardif, et elle pense en effet que le mur est a été repris.
Après une question de
Maurice Scellès et Jean-Louis Rebière sur la forme des fenêtres, Françoise Galés
confirme quil sagissait de croisées mais elle ajoute que les encadrements
sont arrachés ou très abîmés ; quant à la demi-croisée, il sagit en fait
dune croisée en partie murée.
Maurice Scellès ne
croit pas que la position de la cheminée dans la salle doive être analysée en fonction
dune meilleure répartition de la chaleur dans la salle ; il faut plutôt se
demander si le fait quelle soit décentrée nest pas la marque dune
utilisation particulière de lespace, lors des réceptions ou dautres
événements. Françoise Galés ajoute que cette formule est employée dans tous les
châteaux de Gaston Phébus.
Le Directeur émet le vu que ladministration des Monuments historiques sintéresse au château de Sauveterre.
La parole est à Agnès Marin pour une communication complémentaire sur les peintures murales dune maison du XIIe siècle à Périgueux :
« La Maison dite des Dames de la Foi à Périgueux, 4-6 rue des Farges
Parmi les vestiges fragmentaires ou dénaturés de larchitecture domestique de la fin de lépoque romane à Périgueux [1], la maison des Dames de la Foi constitue un témoignage exceptionnel tant par son bon état de conservation que par sa qualité architecturale : celle-ci a été reconnue dès la première moitié du XIXe siècle par Félix de Verneuilh [2] qui présenta une précieuse restitution de la façade avant quelle ne soit altérée par les ouvertures modernes de la seconde moitié du siècle (fig. 1) [3]. Après une longue période de déshérence, un projet de réhabilitation globale [4] a suscité fin 2002 une étude archéologique préalable prescrite par le Service régional de larchéologie dAquitaine afin détendre lattention portée à cette demeure, jusque-là limitée à sa façade classée depuis 1913 [5], à lensemble de la construction : au-delà de sa qualité monumentale, cest donc loccasion de rendre à cet édifice préservé par les hasards des aménagements urbains, toute la richesse de son intérêt historique et documentaire.
La demeure est située à peu près à mi-parcours de la rive sud de la rue des Farges, axe considéré comme un des plus anciens du bourg médiéval du Puy-Saint-Front [6], reliant ce dernier à lancienne cité antique. Elle est située non loin de la Salle du comte qui contrôlait lextrémité ouest de la rue et autour de laquelle se sont groupées plusieurs demeures aristocratiques dont lidentité des possesseurs est bien connue à partir XIVe siècle [7]. A. Higounet-Nadal a pu démontrer par létude des confronts que cest bien cet édifice qui fut vendu en 1332 par le commandeur dAndrivaux, frère Arnault de Serres de lOrdre de Saint-Jean-de-Jérusalem, à un bourgeois de la ville, Hugo Peyroni [8]. Du même coup, la mention de 1247 dune maison du Temple sise rue des Farges [9] a pu lui être rapportée, attestant son appartenance à lOrdre des Templiers dAndrivaux au moins depuis cette date, mais selon des modalités qui restent à élucider [10].
La succession des propriétaires est ensuite bien établie : par jeux dalliances, elle échoit au début du XVIe siècle à la branche des Arnault de Golce, puis aux Arnaud de Laborie qui la conservent jusquà la fin du XVIIe siècle, avant den faire don à lOrdre des Dames de la Foi qui y établit un couvent. Après la fermeture de létablissement religieux en 1792, lédifice abrita un dépôt de mendicité, puis fut subdivisé en logements locatifs dans la deuxième moitié du XIXe siècle, affectation quelle gardera jusque dans les années 1985.
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PÉRIGUEUX, MAISON DITE DES DAMES DE LA FOI,
restitution de la façade (dessin F. de Verneuilh, Annales archéologiques, 1846, p. 164).
PÉRIGUEUX, MAISON DITE DES DAMES DE LA FOI, plan du 2e étage (salle).
Relevé E. du Chazaud, A. Marin.Cest une maison-bloc de plan trapézoïdal (fig. 2) qui semble être restée libre de toute mitoyenneté jusquau XVIIIe siècle [11]. À larrière lui est toujours associé un jardin qui ne semble jamais avoir été loti et qui, du fait de limportante rupture de pente qui affecte toute la rive sud de la rue des Farges, est à 3 m en contrebas du niveau de cette dernière. Cette conformation topographique a fortement conditionné la distribution spatiale de lédifice. La répartition des niveaux dorigine a été brouillée par la complète restructuration quil a connue à la fin du XVIe siècle, visant à conférer à lancienne demeure le lustre et la rigueur dordonnance qui sied à lhôtel particulier dune illustre famille dhumanistes [12] : un escalier rampe sur rampe à quart tournant a été implanté dans un espace autonome réservé dans langle nord-ouest afin de desservir, depuis la cave creusée à cette époque, les quatre niveaux installés dans le volume initial de lédifice, dont lélévation a été intégralement remaniée afin dinsérer létage supplémentaire. Dans le même temps, un épais refend nord-sud a été établi à la fois pour servir de relais aux solives des planchers et pour ménager les conduits des cheminées installées dans chacune des pièces. Des travées régulières de croisées et demi-croisées ont été percées dans les trois murs est, ouest et sud : soulignons que lordonnance dorigine de la façade a été épargnée par ces percements, signe probable de déférence à légard de ce frontispice dont la magnificence devait déjà inspirer le respect. Ces transformations très lisibles nont cependant guère affecté les quatre murs porteurs de lédifice médiéval : létude archéologique des élévations permet de décrypter les traces témoignant des dispositions dorigine et des quelques modifications apportées au cours du Moyen Âge.
Limportant dénivelé qui affecte lassiette de lédifice a déterminé une répartition spatiale du rez-de-chaussée nettement divisée en deux parties, opposant un espace nord largement ouvert sur la rue à celui tourné sur le jardin, 3 m en contrebas (fig. 3). Trois grandes arcades montrent que, malgré le prestige évident quaffiche le décor de la façade, la demeure nétait pas exclue des activités de production et déchange de la rue commerçante quelle bordait. Ces ouvertures étaient complétées par deux portes latérales pouvant desservir indépendamment létage ou la partie arrière de la maison [13]. À lopposé, côté jardin, un portail de 3 m de haut au centre de la façade sud (fig. 4) était le seul accès depuis lextérieur à cet espace semi-enterré dépourvu de toute autre ouverture, caractéristique suggérant une fonction de stockage. Le niveau du rez-de-chaussée côté rue coupant le portail à 1,50 m du sommet de son arrière-voussure (fig. 3), il est certain que ces deux parties étaient autonomes, séparées par un dispositif porteur est-ouest, peut-être simplement composé de piliers, et indispensable pour réduire la portée des poutres du plancher de létage [14]. Cest dans une deuxième phase daménagement quun niveau intermédiaire a été inséré dans les 7 m de lélévation initiale, complété par louverture de deux baies côté sud afin de desservir et éclairer cet entresol, dont on ignore comment il sarticulait par rapport au niveau du rez-de-chaussée, 1,20 m plus bas [15].
Le premier étage formait une vaste salle où aucune trace de cloisonnement na pu être repérée. Elle était abondamment ouverte sur la rue par quatre fenêtres à baies quadruples aux archivoltes sculptées, complétées aux angles par de hautes baies en plein cintre dont une au moins servait à coup sûr de porte [16]. Une fenêtre quadruple et une baie ternée de conception beaucoup plus sobre ménagées respectivement dans les murs sud et est complétaient
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PÉRIGUEUX, MAISON DITE DES DAMES DE LA FOI, coupe nord sud : essai de restitution des niveaux médiévaux.
Relevé A. Marin.PÉRIGUEUX, MAISON DITE DES DAMES DE LA FOI, façade sud.
Relevé A. Marin.léclairement de la salle. Une galerie couvrait toute lemprise du mur sud, accessible depuis la salle par au moins deux portes [17], la fonction dune troisième baie dune hauteur bien supérieure restant à déterminer. Les aménagements domestiques mis au jour se limitent à de simples placards muraux, aucun indice ne témoignant de la présence de cheminée, aménagement pourtant attesté dans plusieurs maisons du Périgord dès la fin du XIIe siècle [18].
Cest dans cette salle quun décor peint a fait lobjet de relevés détaillés lors de létude archéologique, mettant en évidence sa remarquable qualité et le caractère dexception de son iconographie.
La composition est structurée par un arrière-plan ornemental à plusieurs registres de motifs végétaux et géométriques séparés par des bandes jaunes et rouge sombre et sur lequel se déploie une théorie décus armoriés insérés dans des quadrilobes (fig. 5). Le registre inférieur [19] est couvert de trois bandes horizontales superposées alignant des motifs difficiles à caractériser : des carrés sont recoupés par leurs diagonales, chacun des triangles étant rempli de demi-cercles alternativement verts, jaunes, rouges et gris. Leurs bases sont soulignées par un contour de lobes noirs qui confèrent au motif une vague apparence végétale. Au-dessus, un bandeau est garni dun motif inspiré des grecques produisant un effet de profondeur par des dégradés de couleurs et des angles soulignés de triangles noirs. La partie médiane de lensemble, sur laquelle se déploient les écus armoriés, est tapissée dun thème répétitif où saffirme à nouveau le même goût du trompe-lil : des carrés noirs ornés de quadrilobes rouge brun rehaussés de blanc et dont les quatre pétales sétirent pour rejoindre les angles sont eux-mêmes inscrits dans langle inférieur gauche de grands carrés blancs ; les lignes obliques qui réunissent les angles supérieurs droits des deux carrés, ainsi que les bandes dépaisseur inégales qui garnissent la partie droite du carré extérieur génèrent une impression de profondeur, comme si le motif floral était logé au fond de cubes ouverts. Enfin, une frise de quadrilobes noirs sur fond blanc sépare ce large registre, qui sert darrière-plan à la théorie décus, du bandeau sommital occupant les 0,50 m immédiatement sous la corniche biseautée romane encore en grande partie conservée. Celui-ci est alternativement composé de carrés garnis de quatre motifs de rubans pliés dont la réunion forme une croix grecque vermillon aux extrémités empattées par des triangles noirs, et de panneaux figurés de 0,50 m de côté. Lensemble du décor est conçu comme un tapis et obéit à une rigueur implacable ne tenant aucun compte des aménagements divers qui perturbent la surface du mur : ainsi, les registres se prolongent dans lembrasure des baies comme si le décor venait se rabattre, en toute logique, sur le plan courbe des arrière-voussures.
Sur la trentaine décus armoriés que pouvait comporter la salle, sept seulement ont pour linstant été repérés et quatre sont à peu près lisibles [20]. Deux écus sont à champ uni, or, un autre est à lion rampant
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de sinople sur argent, et le dernier est fascé ondé enté de gueule sur argent [21]. Sous réserve quil ne sagisse que dun parti décoratif, lidentification de ces armoiries devra requérir une attention particulière dans la suite de létude.
De la frise qui couronnait lensemble, et qui pouvait comporter une quarantaine de panneaux historiés, neuf dentre eux, le plus souvent très lacunaires, ont pu être reconnus. Seul, pour linstant, un panneau du mur ouest est dans un état de conservation suffisant pour quon puisse identifier le Repas chez Simon le Pharisien (fig. 6). À larrière dune table abondamment garnie dobjets culinaires et de mets, quatre personnages se tiennent debout. Les visages nimbés des deux de gauche sont bien conservés. Celui du quatrième a été entièrement détruit par lencastrement dune solive du plancher moderne qui a heureusement épargné le nimbe crucifère du troisième personnage, ce qui permet didentifier avec certitude une représentation du Christ dont la main droite, maladroitement tracée, esquisse le geste de bénédiction. Devant lui et à lavant de la table, une forme blanche très dégradée nest plus guère reconnaissable que par lauréole de cheveux blonds aux boucles volontairement accentuées qui côtoient les pieds du Christ, désignant la pécheresse du Repas chez Simon tel que lépisode est rapporté par lÉvangile de Luc (7, 36-50). Le personnage non nimbé, vêtu dune tunique blanche et dun bonnet blanc occupant, à lavant de la table, la partie gauche du panneau peut alors figurer Simon le Pharisien dont les gestes éloquents expriment lindignation causée par lincursion de la pécheresse auprès du Christ, suscitant de celui-ci un sermon sur les vertus de la gratitude et du pardon.
Un autre panneau, au-dessus de la baie quadruple du mur sud, présente également une scène de repas dans un contexte religieux qui reste à définir [22]. Sept autres panneaux plus ou moins fragmentaires ont été reconnus, la plupart comportant des personnages nimbés qui confirment la dominante religieuse de liconographie [23].
Suite à cette découverte, la Conservation régionale des Monuments Historiques a prescrit une consolidation des peintures dégagées, réalisée par Jacqueline Laroche. Grâce aux nombreuses observations de détail complétées par des analyses de pigments, ce travail a permis de préciser plusieurs aspects techniques [24]. La couche picturale repose sur un simple badigeon de chaux [25], probablement apposé sur la pierre à létat liquide vu labondance des coulures : par sa finesse qui la rend par endroit presque imperceptible, cette préparation na aucune fonction daplanissement de la surface du parement, dont le traitement est pourtant le plus souvent très irrégulier. Du reste, on constate partout une indifférence évidente à légard de létat de la surface à peindre, les aménagements devenus caducs (ancrages divers ou cavités liées aux systèmes de fermeture des baies romanes modifiées par la suite) ayant reçu la couche picturale sans quon ait pris la peine de les boucher. Le décor comme les figures ont été tracés à locre rouge, révélant pour lesquisse des figures une réelle aisance du peintre, dautant plus frappante eu égard à la mauvaise qualité du support. La polychromie se limite à des ocres jaune et rouge dorigine minérale, à un noir utilisé systématiquement pour délimiter tant les figures que les motifs décoratifs, un vert bleuté à base de cuivre, et de deux sortes de rouge : un rouge orangé à base de jaune de chrome et un rouge vermillon très vif à base doxyde de fer. Tous ces pigments dorigine minérale sont liés avec du carbonate de calcium en faible teneur et un liant organique de type jaune duf.
PÉRIGUEUX, MAISON DITE DES DAMES DE LA FOI, mur ouest de la salle médiévale, panneau historié : le repas chez Simon de Béthanie.
Relevé A. Marin.Enfin, deux points sont maintenant assurés. Dune part, des sondages ponctuels réalisés sur la totalité des murs de létage prouvent que ce décor couvrait sans rupture lensemble de la salle. Dautre part, il a été apposé sans conteste dans une deuxième phase daménagement de lédifice : la preuve la plus manifeste en est le réaménagement de la baie ternée du mur oriental dont la partie basse a été obturée par des assises de pierres de taille après suppression des colonnettes qui devaient compartimenter la baie dans le prolongement des petits arcs cintrés échancrés dans le linteau monolithe. Louverture de ces derniers a néanmoins été épargnée, agrémentée à la base par un glacis taillé dans lassise supérieure du bouchage de la baie. La niche faiblement éclairée ainsi ménagée a ensuite été entièrement recouverte par le décor peint, les motifs développés sur les murs adjacents se prolongeant sur les montants de lancienne fenêtre, les assises du bouchage de louverture et lintrados de larrière-voussure [26].
Depuis le travail de nettoyage, les figures des panneaux historiés, bien que souvent lacunaires, se révèlent assez nombreuses et dans un état de conservation suffisant pour
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PÉRIGUEUX, MAISON DITE DES DAMES DE LA FOI, mur ouest de la salle médiévale, panneau historié : le repas chez Simon de Béthanie.
Cliché A. Marin.PÉRIGUEUX, MAISON DITE DES DAMES DE LA FOI, mur ouest de la salle médiévale, panneau historié : le repas chez Simon de Béthanie, détail.
Cliché A. Marin.autoriser une analyse stylistique qui devrait aider à terme à préciser la datation de ces peintures (fig. 7). Mais, dores et déjà, lensemble de la composition et en particulier la thématique héraldique du registre médian permettent dintégrer ces peintures dans la catégorie déjà abondamment représentée des décors de salles dapparat où dominent les frises décus armoriées, dont la faveur semble saffirmer à la fin du XIIIe siècle et samplifier dans toute la première moitié du siècle suivant [27]. Dautre part, le répertoire ornemental utilisé, et notamment la rigueur de lesprit de géométrie et les effets de perspective recherchés dans lordonnance des motifs nous incitent à rapprocher ces peintures des grandes compositions religieuses relativement bien datées de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle, telles celles des Jacobins de Toulouse et dAgen [28].
PÉRIGUEUX, MAISON DITE DES DAMES DE LA FOI, mur sud de la salle médiévale, panneau historié : scène de la vie du Christ.
Relevé A. Marin.Dans le corpus des décors peints de larchitecture civile urbaine médiévale, limportance de cet ensemble, par la qualité stylistique autant quiconographique de sa composition, nous paraît devoir être soulignée. En Aquitaine, actuellement, seul le décor de la maison aux musiciens de Mont-de-Marsan [29] soutient la comparaison par lampleur et la complexité de son développement, mais dans un registre
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PÉRIGUEUX, MAISON DITE DES DAMES DE LA FOI, mur sud de la salle médiévale, panneau historié : scène de la vie du Christ.
Relevé A. Marin.purement profane. Si le décor héraldique de la partie médiane nétonne guère dans le cadre dune demeure urbaine [30], sa conjonction avec liconographie religieuse savante déployée sur la frise sommitale na de cesse dintriguer. Bien que la portée de la thématique religieuse ne doive pas être surévaluée [31], force est de constater quaucun ensemble de cette ampleur nest encore attesté à ce jour dans le contexte dune simple demeure patricienne [32]. Lappartenance de la demeure à lOrdre du Temple au moins depuis le milieu du XIIIe siècle prend donc un relief particulier et pourrait expliquer ce trait dexception de liconographie. La confrontation des données de lanalyse archéologique, de celles de létude stylistique du décor et de celles que pourraient apporter déventuelles recherches historiques complémentaires devrait permettre de préciser la compréhension de ce site, dont on ne saurait trop souligner lintérêt.
Agnès MARIN »
PÉRIGUEUX, MAISON DITE DES DAMES DE LA FOI, décor peint de la salle médiévale.
Relevé et restitution A. Marin.
[1] P. GARRIGOU GRANDCHAMP, « Larchitecture domestique dans les agglomérations périgourdines aux XIIe et XIIIe s. », dans Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord (désormais cité B.S.H.A.P.), t. CXXII, 1995, p. 683-728 ; P. GARRIGOU GRANDCHAMP, « Habitat et topographie du Puy-Saint-Front à Périgueux aux XIIe et XIIIe s. », B.S.H.A.P., t. CXXIV, 1997, p. 499-523.
[2] F. de VERNEUILH, « Architecture civile au Moyen Âge dans le Périgord et le Limousin aux XIIe et XIIIe s. », Annales archéologiques, p. 162-166. Pour lhistoriographie du site, voir P. GARRIGOU GRANDCHAMP, « Le grenier du chapitre de Saint-Front et la Maison des Dames de la Foi », B.S.H.A.P., t. CXXI, 1994, note 15 et fig. 8 à 11.
[3] Concernant lanalyse de la façade, voir létude récente de P. GARRIGOU GRANCHAMP, op. cit., 1994, p. 192-202 et pour lensemble de lédifice : I. DOTTE-MESPOULÈDE, « Étude architecturale de quatre maisons romanes à Périgueux », B.S.H.A.P., t. CXIX, 1992, p. 233-264.
[4] Projet conçu par M. E. Du Chazaud, architecte du Patrimoine à La Tour Blanche (24).
[5] Lensemble de lédifice a en outre été inscrit à lInventaire supplémentaire en 1998.
[6] Ch. HIGOUNET, A. HIGOUNET-NADAL, « Les origines de la formation de la ville du Puy-Saint-Front de Périgueux », Annales du Midi, t. 90, n° 138-139, 1978, p. 270.
[7] A. HIGOUNET-NADAL, « Structure sociale et topographie à Périgueux aux XIVe et XVe s. », Lurbanisation de lAquitaine, Actes du XXVIIe Congrès détudes régionales, Pau, 1975, Sociétés des Sciences, Lettres et Arts de Pau et du Béarn, 1975, p. 35-48.
[8] A. HIGOUNET-NADAL, « Ce fut la maison des Templiers dAndrivaux », B.S.H.A.P., t. CXV, 1988, p. 153-156.
[9] Registre des rentes de la Charité, A.C. Périgueux, DD 5, f°5, A. HIGOUNET-NADAL, op. cit., 1988, p. 153.
[10] La commanderie du Temple dAndrivaux, située à quelques kilomètres à louest de Périgueux, a été fondée en 1139, suite au don de léglise du lieu par lévêque de Périgueux. Mais la documentation concernant les nombreux dons qui ont alimenté la richesse de lOrdre nest conservée quà partir du 2e quart du XIIIe siècle (S. GENDRY, « Andrivaux », B.S.H.A.P., t. XCVIII, 1971, p. 159-210).
[11] Cest lorganisation des percements du rez-de-chaussée qui latteste, les murs est et ouest ayant été dotés encore lors de la phase de remaniements de la fin du XVIe siècle de fenêtres à ce niveau.
[12] La demeure appartenait alors à Arnauld de La Borie, issu dune ancienne famille noble périgourdine son père fut maire de Périgueux et Conseiller au parlement de Bordeaux - sillustra par une brillante carrière ecclésiastique et par son uvre de
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traducteur et dhistorien (A. DUJARRIC-DESCOMBES, « Recherche sur les historiens du Périgord au XVIIe s. », B.S.H.A.P., t. IX, 1882, p. 162-188).
[13] Aucune trace des circulations verticales ne permet néanmoins de connaître la distribution dorigine et donc de savoir si une communication directe existait entre la partie de la maison côté rue et celle ouverte sur le jardin.
[14] Le système de piliers porteurs est attesté dans plusieurs maisons des XIIIe et XIVe siècles à Périgueux. P. GARRIGOU GRANCHAMP, Inventaire des édifices domestiques romans et gothiques des XIIe, XIIIe et XIVe s. dans le Périgord, 2002, www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/grmaison/geomm/France/24/perigueu.htm.
[15] Deux ouvertures percées après coup dans le mur sud et antérieures aux baies du XVIe siècle nous indiquent encore le niveau de circulation de ce niveau qui coupait la partie haute de lembrasure du portail central, peut-être alors en partie condamné.
[16] Les gonds dorigine insérés dans des logettes soigneusement taillées avant la pose du montant de la porte ainsi quun retrait de la maçonnerie ménagé également lors de la construction dans le mur oriental implanté dans le prolongement de la porte et destiné au logement de lhuis sont la preuve que cette ouverture, dont le seuil correspond bien au niveau de circulation du 1er étage, était destinée à servir de porte. En revanche, aucune trace na pu être mise en relation pour linstant avec cette baie pour expliquer avec quelle structure elle fonctionnait (balcon ou pontet ?).
[17] Cet aménagement est attesté par la présence dancrages traversants ménagés dès la construction et complétés par une ligne de corbeaux située environ 0,50 m plus bas destinés à porter une poutre muralière.
[18] À Périgueux même dans la maison Place Saint-Étienne, face à lancienne cathédrale, à Coulounieix, près de Périgueux, à lHôpital Charroux (I. DOTTE-MESPOULÈDE, op. cit., 1992, p. 249-264).
[19] On ignore tout de la nature du décor dans sa partie basse, qui actuellement se trouve dans la moitié supérieure des murs du 1er étage actuel : le dégagement des plâtres récents na laissé apparaître que des îlots extrêmement ponctuels de la couche picturale et des parties plus étendues de la couche préparatoire, permettant seulement de sassurer que le décor couvrait bien la totalité de lélévation des murs du 1er étage dorigine sur environ 5 m de haut.
[20] Ces écus nont pas la forme quasi triangulaire qui simpose à la fin du XIIIe siècle mais sont bien arrondis à la base, ce qui est peut-être un indice dancienneté.
[21] Cet écu peut-être rapproché des armes des Rochechouart, maison originaire du Poitou et du Limousin, qui a tenu à partir du milieu du XIIIe siècle plusieurs seigneuries et fiefs importants en nord Périgord, notamment la châtellenie de Nontron en 1258, de Coussière-Saint-Saud en 1283 (A. de FROIDEFOND DE BOULAZAC, Armorial de la Noblesse du Périgord, t. 1, Périgueux, 1891, p. 424-425).
[22] Un troisième panneau figurant une scène de repas na été que partiellement dégagé lors dun sondage limité.
[23] Un seul dentre eux figure un animal stylisé, dans un état trop fragmentaire pour être identifié.
[24] Nous tenons à remercier Jacqueline Laroche pour lesprit de collaboration étroite avec la recherche archéologique quelle a mis en uvre lors de son intervention. Les analyses ont été confiées au Centre National dÉvaluation de Photoprotection (CNEP), Université Blaise Pascal, Clermont II, UMR CNRS 6505.
[25] Sur les trois prélèvements effectués, le résultat des analyses de composition de cette couche sous-jacente varie : si on retrouve partout du carbonate de calcium en teneur largement prépondérante, un aluminosilicate de type ocre à létat de traces et de la matière organique de type jaune duf en très faible proportion, deux prélèvements ont également révélé la présence dun sulfate de calcium bihydraté de type plâtre ou gypse. Rapport détude par microspectrophotométrie IRTF du CNEP.
[26] Le dégagement en cours du ciment qui couvre le bouchage de la fenêtre à baies quadruples du mur sud semble révéler le même parti.
[27] Voir linventaire de ce type de décor aristocratique dans M.-P. SUBES-PICOT, « Découverte de peintures murales civiles du XIVe s. au manoir de Mesnil-sous-Jumièges », Bulletin Monumental, t. 152, 1994, p. 360.
[28] P. DUBOURG-NOVES, « Les Jacobins dAgen : histoire du couvent, restauration de léglise et de ses peintures », Bulletin archéologique du C.T.H.S., fasc. 29, Paris, 2002, p. 5-42.
[29] M.-D. et F. LAFARGUE, « Étude dune maison médiévale de Mont-de-Marsan », Bulletin de la Société de Borda, n° 445, 1997, p. 159-188.
[30] À Périgueux même, ce type de décor est attesté à lhôtel de Gamanson, daté des environs de 1300 : M. GABORIT, Des Hystoires et des couleurs. Peintures murales médiévales en Aquitaine (XIIIe et XIVe s.), 2002, p. 129-131. En Gironde, létage du logis du château de Rauzan conservait également les traces dun décor décus dans des quadrilobes, relevé au XIXe siècle.
[31] Les thèmes religieux ne sont pas exclus du décor de larchitecture civile urbaine, mais se limitent le plus souvent à des représentations de Saints ou thèmes moralisateurs, et abordent beaucoup plus rarement les scènes historiées : sur ce sujet voir Ch. de MÉRINDOL, « Murs et plafonds peints à la fin de lépoque médiévale. Létat de la question et première synthèse », Château et société castrale au Moyen Âge, Rouen, 1998, p. 95-96 et M.-C. LEONELLI, « Le décor de la maison », dans Cent maisons médiévales (du XIIe s. au XVIe s.). Un corpus, une esquisse, sous la dir. de Y. Esquieu et J.-M. Pesez, Paris, CNRS, 1998, p. 131.
[32] En Gironde, il faut néanmoins mentionner lexistence, dans un contexte castral, dun décor à liconographie religieuse savante dans la salle du 1er étage de la tour du château de Langoiran, dont létat de conservation très lacunaire est complété par les descriptions précises que Léo Drouyn en a faites au XIXe siècle (M. GABORIT, op. cit., 2002, p. 190-192).
Le Directeur remercie
Agnès Marin de nous avoir fait partager les progrès de cette passionnante recherche sur
une maison magnifique. Il souligne la qualité admirable des relevés et leur grand
intérêt pour un édifice comme celui-ci.
Après avoir fait
remarquer que les relevés étaient en outre très agréables à lil, Patrice
Cabau demande si les écus portent des armoiries exactes ou simplifiées. Agnès Marin dit
que la question reste à approfondir.
Maurice Scellès note
que la salle, dans létat qui correspond au décor peint, occupe tout létage.
Où se trouvaient donc les autres pièces : cuisine, chambres
nécessaires à
un édifice à vocation domestique, si cette hypothèse doit être retenue ? Pour
Dominique Watin-Grandchamp, la grande pièce de létage fait penser à une salle
seigneuriale ; la mise en place du décor peint pourrait avoir été réalisée par
les Templiers au moment où ce type de décor se multiplie dans de nombreuses
commanderies. Agnès Marin explique que la possession réelle de la maison doit être
encore précisée.
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Anne-Laure Napoléone demande si la galerie sur lélévation arrière et la porte qui la dessert supposent une division de létage dans létat dorigine. Agnès Marin indique quen effet la porte ne fonctionne plus avec la pièce unique créée lors de la réalisation du décor peint.
À propos de lopération daménagement en cours, Agnès Marin rappelle que la salle où ont été retrouvées les peintures devait être la première à être mise en location mais que larchitecte qui est aussi le propriétaire de lédifice a modifié son programme pour en garantir la conservation et la mise en valeur. Un membre demande si la maison est classée au titre des Monuments historiques. Agnès Marin précise que seule la façade sur la rue est protégée. On rappelle lexemple dune maison de Figeac où le propriétaire était tout à fait disposé à restaurer la façade mais pas lintérieur, de façon à y loger le maximum de mètres carrés ; la protection au titre des Monuments historiques attire souvent des gens qui sont intéressés par la défiscalisation et pas du tout par le patrimoine. Il est souligné que le propriétaire semble très attentif à létude de la maison et à la restauration des peintures et lon fait remarquer que lopération sest accompagnée dune étude archéologique alors quelle est conduite par un propriétaire privé, ce que lon na pas été capable de faire pour un bâtiment public comme lancien collège de Périgord. Cest en tout cas une affaire à suivre.
Le Directeur se félicite que cette séance commencée avec laffaire de lancien collège de Périgord sachève sur une note plus optimiste avec la maison des Dames de la Foi à Périgueux.
Le Directeur fait appel à communications pour la prochaine année académique. Afin de mieux organiser les séances, le Bureau souhaite que soient bien distinguées les communications longues, de trois quarts dheure à une heure, des communications courtes qui ne doivent pas excéder un quart dheure.
Le Directeur remercie tous les membres de leur assiduité et de leur participation aux séances et prononce la clôture de lannée académique 2002-2003.
ERRATUM
Page 240, à la Bibliographie, lire :
DU BOURG (M. Antoine), Histoire du Grand-Prieuré de Toulouse [...], Louis Sistac et Joseph Boubée, Toulouse, 1882 (et 1883).
C.I.F.M. = FAVREAU (Robert), MICHAUD (Jean), LEPLANT (Bernadette), Corpus des inscriptions de la France médiévale, 7, Ville de Toulouse, Éditions du C.N.R.S., Paris, 1982 ; 8, Ariège, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Tarn-et-Garonne, Éditions du C.N.R.S., Paris, 1982.
GILLES (Henri), Les Coutumes de Toulouse (1286) et leur premier commentaire (1296), Académie de Législation, Toulouse, 1969.
H.G.L.3 = DEVIC (dom Claude), VAISSETE (dom Claude), Histoire générale de Languedoc [...], 3e édition, Édouard Privat, Toulouse, VIII, 1879 ; X, 1885.
LAFAILLE (Germain de), Annales de la ville de Toulouse [...], Prémiére Partie, Guillaume-Louïs Colomyez, Jérôme Posuël, Toulouse, 1687.
LAHONDÈS (Jules de), « Une inscription sur pierre du treizième siècle », dans B.S.A.M.F., nouvelle série, fascicules nos 37-39 [séances du 27 novembre 1906 au 29 juin 1909], Édouard Privat, Toulouse, 1909, p. 534-536 [29 juin 1909].
MUNDY (John Hine), The Repression of Catharism at Toulouse -The Royal Diploma of 1279, Studies and texts, 74, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, Toronto, 1985.
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